Chroniques

Janardana
Scénario : Antoine ETTORI
Dessin : Antoine ETTORI
Couleurs : Antoine ETTORI
Dépot légal : avril 2022
Editeur :
Collection : Terres De Legendes
Format : 20.1 x 26.4 x 2 cm
ISBN : 978-2-413-03870-2
Nombre de pages : 146

Marcel Piton pensait en avoir fini avec son passé depuis son installation dans le sud-ouest de la France dans le petit port de San Peioburu... Jusqu’à ce jour où le nouveau facteur du village cherche à lui remettre une lettre venant d’Inde. A l’intérieur, Marcel va trouver une photo de lui en uniforme à côté d’un jeune garçon indien. Énorme surprise pour Marcel car c’est quasiment un appel à l’aide de son ami Dev Singh installé à Pondipur. Marcel n’a plus qu’une idée en tête, partir le rejoindre au plus vite. Sur place, l’accueil le replonge tout de suite dans cette atmosphère qui lui rappelle sa jeunesse et ses aventures en Inde. Et tout comme il avait aidé le jeune Dev à l’époque, cette fois il vient en aide à une gamine qui semble avoir des ennuis avec deux gaillards qu’il va vite remettre à leur place. La gamine, n’aura pourtant pas hésité à lui chaparder son bagage au passage. Marcel ne se démonte pas pour autant et se met en quête de son ami Dev aujourd’hui professeur travaillant avec sa collègue Jacqueline de Méharon, Comtesse de Hégoa, à des recherches archéologiques. Dev a disparu depuis trois jours alors qu’il était parti sur les traces d’un temple qui pourrait bien regorger de trésors.Mon avis : Voici un album plein de vie et d’énergie dont l’histoire nous captive dès les premières cases.
Ciblée jeunesse sans doute mais un adulte prendra tout autant de plaisir à découvrir cette aventure au scénario bien construit, plutôt vivante et dynamique.
Les personnages croisés en Inde sont attachants et forts, drôles et/ou attendrissants, impressionnants et/ou inquiétants parfois, selon les moments et les contextes.
Tous animés par l’aventure, les uns davantage par le sauvetage d’un ami ou d’un père disparu, les autres par la chasse au trésor et l’appât du gain mais pas seulement...
Cette équipe hétéroclite ne va cesser de nous surprendre et même d’en charmer certains.Une narration fluide et agréable pour un résultat tout à fait surprenant d’efficacité.
Un très bon moment de lecture vivement conseillé.
Je pense aussitôt à Heidi et son grand-père en pleine aventure à la Indiana Jones voire aussi au "Lancer Spécial" quand Colossus (ici Marcel Piton), projette Wolverine (ici Omisha) vers sa cible (ici l’ouverture dans le toit du Temple d’Hanumân).
Très beau one shot de 146 pages enrichi d’un carnet de croquis en fin d’album.

SDJuan

Tome 3 - Les trois lois du monde
Scénario : Zhang XIAOYU
Dessin : Zhang XIAOYU
Couleurs : Pan ZHIMING
Adapté de : Cixin LIU
Dépot légal : juin 2022
Editeur :
Format : Format normal
ISBN : 978-2-413-03799-6
Planches : 99

Depuis des siècles, la guerre fait rage entre la Fédération galactique des Civilisations carbonées et les envahisseurs de l’Empire de Silicium provenant de l’extérieur de la Voie lactée. L’affrontement a déjà détruit de nombreuses planètes et étoiles comme Océan vert, une planète entièrement couverte d’océans que l’Empire a littéralement vaporisés et asséchés en sacrifiant ses cinq milliards d’habitants. La Fédération elle aussi détruit des planètes ou étoiles qu’elle utilise comme source d’énergie pour effectuer des sauts spatio-temporels. Mais elle se targue de respecter une règle : avant d’entreprendre un saut, la zone est étudiée afin d’y déceler toute forme d’intelligence, auquel cas elle sera épargnée. La menace ne cesse de croître surtout depuis que l’Empire a lui aussi développé la technologie des sauts stellaires. La Fédération choisit de répliquer en créant une zone d’exclusion où toutes les étoiles et planètes seront détruites pour faire barrage aux sauts de l’armée impériale… sauf qu’il faudra enfreindre la règle de sauvegarde jusque-là appliquée en sacrifiant des formes de vie… Or, dans la zone envisagée pour ce cordon protecteur au sein de la Voie lactée se trouve la Terre. C’est là, dans une province chinoise isolée et pauvre, qu’un vieux professeur nommé Li se bat contre les autres villageois pour transmettre des connaissances à une dizaine d’élèves, les aider à s’éduquer pour espérer plus tard mener une vie plus heureuse. Mais cette école arrivera-t-elle à changer le destin funeste qui s’annonce à grands pas intergalactiques ?!?Mon avis : Un troisième titre adapté des récits de Liu Cixi par l’auteur chinois Zhang Xiaoyu qui a travaillé comme coloriste et/ou dessinateur sur une vingtaine d’albums, parmi lesquels 
Au fond du rêve, L’envol, Sombre futur, Le Clown, Le temple flottant…
Avec Les trois lois du monde, il nous entraîne dans un univers de science-fiction sans précédent où se déroule la plus terrible des guerres entre extraterrestres menaçant l’univers tout entier.
Cette guerre sera à l’origine de la découverte de la civilisation humaine qui, malgré son  "archaïsme", a atteint un niveau de connaissances élevé sans l’aide d’une civilisation supérieure comme celle de la Fédération.
Le professeur Li et ses élèves dans cette petite école d’un coin perdu de la Chine en sont le symbole bien réel. Ses élèves si studieux que l’on pensait voués à la pauvreté et à une mort horrible vont ainsi jouer un rôle essentiel pour l’humanité face au danger venu de l’espace. 
De l’immensité de l’univers à cette petite école, l’auteur réalise une transition spectaculaire et efficace. Son dessin réaliste explose littéralement sur les pages évoquant l’espace intergalactique notamment dans les scènes de combat.
Ses personnages, extraterrestres comme humains, ont tous des physionomies très expressives, cette expressivité étant souvent accentuée par l’exagération de certains traits physiques des visages, à la manière du manga.
On retrouve un peu la démesure qui caractérise son style. Tout comme le précédent album, une belle histoire humaniste pleine d’espoir pour cette collection qui nous réserve encore, gageons-le, pas mal de surprises.

SDJuan

Thor Love and thunder
Film de  : Taika WAITITI
Par Stan LEE et Taika WAITITI
Avec Chris HEMSWORTH, Natalie PORTMAN, Christian BALE
Date de sortie : 13 juillet 2022
Genre : Aventure, Action, Science fiction, Fantastique
Durée : 1h 59min

Je n’avais guère envie d’aller voir ce film après avoir vu les chaînes et le marteau en plastique de la bande-annonce  .
Le Thor pansu du précédent film m’avait déçu mais c’est comme ça dans les comics m’a dit un ami. 
Alors pour les comics que j’ai tant aimé de 14 à 22 ans, j’y suis allé quand même. 
Et j’ai bien fait car ce film m’a plu.On retrouve Thor au milieu des Gardiens de la Galaxie. Il sort de sa crise existentielle pour leur donner un coup de main et libérer un peuple sur une planète lointaine. 
Son action sera courte, explosive et efficace. 
Il peut retourner à ses pensées. 
Non, car une effroyable créature veut tuer tous les Dieux. Avec son ancienne compagne, Jane Foster (et non Jane Fonda ou Jodie Foster) devenue Mighty Thor grâce à l’ancien marteau, son fidèle Korg et Valkyrie, ils vont demander de l’aide aux Dieux d’Omnipotence City.
Les voilà devant Zeus empâté et en jupette (Russel Crowe!)… qui préfère faire quelques pas de danse que d’aller se battre. 
Dans un décor kitch, va-t-il se battre contre Thor? Mais il n’est plus Gladia(Thor)!Nos héros devront combattre Gorr, le Boucher des Dieux sans l’aide de personne.
Il est devenu le maître des Ombres qui deviennent des créatures très impressionnantes et difficiles à vaincre. 
Comme le joueur de flûte d’Hamelin, il a emmené tous les enfants de New Asgard avec lui pour le Territoire des Ombres où on n‘entre pas facilement. 
Nos héros vivront des aventures passionnantes dans des endroits très dépaysants.
Ils découvriront que Gorr comme le joueur de flûte, a ses raisons d’agir ainsi. Oui, ce film est plus réfléchi et les amateurs trouveront sûrement intéressant de reconnaître tous les personnages de leurs comics préférés. Moi je suis dépassé. 
Mais j’apprécie quand même toujours cet univers même si je n’en suis plus un lecteur. 
Le final est intense et justifie le titre. 
D’écrire cette chronique, j’ai envie de le revoir surtout après avoir lu des commentaires qui énoncent toutes les astuces cachées pour les amateurs du genre.

M.Destrée

Tome 3 . The No War Man
Scénario : Luc BRUNSCHWIG
Dessin : Stéphane PERGER
Couleurs : Stéphane PERGER
Dépot légal : mai 2022
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-344-04532-9
Nombre de pages : 121

Le FBI planque devant la maison des McKinley. Une récompense de dix mille dollars est offerte pour toute info permettant d’arrêter Darby, principal suspect de l’assassinat du président Jimmy Carter. C’est également le début du procès de Gabriel King, le leader de la Black Liberation Army. Ce procès doit permettre d’alimenter les pages du journal No War Man qui était passé d’une centaine de lecteurs à plus de vingt-cinq mille à la suite de la publication des photos de guerre prises au Vietnam par Ramsey, le demi-frère de Darby,  au début des seventies. Revenu de cette guerre amputé des deux jambes, Ramsey a délaissé la photographie. Et pourtant, ce matin-là, il demande à son père de l’installer dans leur combi Volkswagen et de suivre au plus vite la voiture du FBI qui vient de quitter sa planque devant leur maison. Il ne sera pas déçu. Il sera le seul à photographier une violente intervention des services de police et de l’armée qui n’hésitent pas à tirer au lance-roquette sans sommation sur l’homme lumière Darby, son demi-frère, trouvé en compagnie de Billy, un jeune black qui communique avec les animaux, et de madame Paolita. S’ils s’en sortent sains et saufs, la tension est à son comble lorsque tombe la sentence pour Gabriel King : coupable. Le gouvernement américain déjà bien impliqué ne va certainement pas en rester là d’autant que Mila, l’alter ego de Darby, est toujours entre ses mains.

Mon avis : Luc Brunschwig fait indéniablement partie de mes scénaristes préférés.
Au fil de mes lectures j’en ai découvert qui sont très bons pour des one shot, ou des romans graphiques, d'autres sur des mini-séries et bien d’autres qui demeurent très bons voire excellents sur la durée. Avec Luc Brunschwig, toutes les cases sont cochées. Je ne me rappelle pas, ne serait-ce qu’une fois, avoir été déçu par l’un de ses scénarios. Ou alors, je ne l'ai pas encore lu ... En tout cas, ce n'est pas avec Luminary que cela risque d'arriver. D’autant que cette BD me rappelle de très bons souvenirs avec le personnage quasi super-héros français Photonik des années 80 créé par Ciro Tota dont est inspiré Luminary. Il ne s'agit pas d'un reboot ou d'une continuation mais bien d’une adaptation moderne plus dure, plus politique, plus violente dans laquelle les personnages sont magnifiquement travaillés et décrits avec sensibilité comme Luc Brunschwig sait le faire avec brio, des personnages hauts en couleurs, aux traits de caractère déjà bien affirmés ou en devenir.
Le scénario, ses différents arcs narratifs sont développés sur la longueur pour au final ne faire qu'un tout parfaitement cohérent et crédible, tant le contenu que son évolution.
On vit intensément le déroulement de ces différentes histoires qui ne cessent de s'entrecroiser, de se séparer ou de fusionner, d’exploser et même de s'illuminer ! Stéphane Perger qui s'y connait aussi en super-héros donne libre court à son talent en nous offrant un excellent travail sur les couleurs, l'énergie, la lumière.
Il s’est approprié les personnages pour les représenter à sa manière tantôt attendrissants, tantôt inquiétants ou terrifiants et cela fonctionne parfaitement.
Ses pages sont pleines de vie, de clarté, de tonus. Les décors, les symboles, les personnages, les animaux petits ou grands, le pouvoir institutionnel ou militaire, le cirque, chaque détail, chaque expression, chaque élément ainsi que la mise en page, tout est soigné et parfait. Seul bémol : l'aventure s'arrête en si bon chemin. Snif. 
Une très belle série en trois tomes en prise avec l’actualité à ne rater sous aucun prétexte que l'on soit fan du genre ou non. 

SDJuan

Tome 2 - Pour que respire le désert
Scénario : Valérie MANGIN
Dessin : Steven DUPRÉ
Couleurs : Cyril SAINT-BLANCAT
Adapté de : Cixin LIU
Dépot légal : Mai 2022
Editeur :
Format normal
ISBN : 978-2-302-09276-1
Nombre de pages : 64

Quelque part dans l’ouest de la Chine, la Cité de la Route de la Soie, une ville nouvelle créée en pleine zone aride où la sécheresse ne cesse de s’aggraver. Les parents de la jeune Yuanyuan se sont fixés comme objectif de trouver une solution durable pour contrer le réchauffement climatique et faire revivre la végétation coûte que coûte. De son côté, depuis sa plus tendre enfance la gamine n’est heureuse que lorsqu’elle joue avec des bulles de savons. En grandissant, cette fascination ne va jamais la quitter. Pas même après la disparition de sa mère morte dans un accident d’avion alors qu’elle tentait une expérience de réimplantation de végétation dans le désert. Les graines contenues dans des bombes de glace de sa création avaient bien donné naissance à des arbrisseaux mais la sécheresse avait ensuite tout fait dépérir. Dotée d’un esprit créatif exceptionnel Yuanyuan va rapidement réussir dans la vie mais sa passion des bulles ne la quittera pas. Désormais, elle n’a qu’une seule chose en tête, concevoir des bulles d’une taille inimaginable jusqu’alors et en renforcer la résistance afin de les rendre quasiment indestructibles… au désespoir de son père qui n’en peut plus de cette obstination. Mais au final, il sera le premier surpris par les découvertes et avancées révolutionnaires de sa fille… sur le point de trouver la solution tant espérée depuis tant d’années. Mon avis : Deuxième tome d’une série d’adaptations de nouvelles de l’écrivain chinois de science-fiction Liu Cixin présenté grâce à ses chiffres incroyables de vente de livres et ses nombreuses adaptations télévisuelles ou cinématographiques dans le monde entier comme le plus grand auteur contemporain de SF. Les éditions Delcourt poursuivent la parution d’une quinzaine de titres annoncés, tous adaptés des textes de l’auteur dans le cadre d’une nouvelle collection intitulée Les Futurs de Liu Cixin. Ce n’est pas moins de 32 auteurs originaires de 11 pays tels que d’Espagne, la France, la Belgique, le Japon, l’Argentine, les États-unis, la Serbie, la Bosnie-Herzégovie, l’Uruguay, etc. qui vont ainsi mettre en lumière l’étonnante et surprenante adaptation des hommes confrontés à toutes sortes de situations extrêmes mettant en jeu leur survie. Après La Terre vagabonde, premier tome paru en mars dû à Christophe Bec (scénario) et Stefano Raffaele (dessin), voici en mai ce deuxième titre (Pour que respire le désert) dû à Valérie Mangin (scénario) et Steven Dupré (dessin) qui précède en juin la parution du troisième intitulé Les trois lois du monde entièrement adapté, scénario et dessin, par l’auteur chinois Zhang Xiaoyu.L’album Pour que respire le désert aborde sous un angle différent, quasi humoristique via les bulles de savon, le grave sujet d’actualité de la question de l’eau. Il nous relate l’histoire de ce père inquiet que sa fille ne soit atteinte d’un retard intellectuel et de cette gamine que nous voyons devenir adolescente puis jeune scientifique déterminée qui va mettre à profit sa passion des bulles de savon dans son travail de recherche et d’innovation.
Qui aurait pu penser que Yuanyuan et son père allaient pouvoir autant se rapprocher ?
Le scénario de Valérie Mangin nous fait vivre cette tension et arrive à nous surprendre également en matière de science-fiction avec l’évocation du projet développé par Yuanyuan de système d’irrigation géant tel une grande muraille de bulles…​​​​​​​​​​​​​​
Steven Dupré nous propose un dessin soigné, expressif et dynamique. ​​​​​​​
Les ambiances chaudes sont largement soulignées par les couleurs lumineuses à dominante ocre et ses multiples nuances de jaune, beige, terre de sienne, terre brûlée, etc. de Cyril Saint-Blancat. ​​​​​​​
​​​​​​​Des décors variés et travaillés, un découpage efficace où nous voyons grandir Yuanyuan mais aussi les bulles jusqu’à cette belle triple page panoramique presque en fin d’album.

SDJuan

Tome 3 - Le Crotoy
Scénario : YANN
Dessin : Alain HENRIET
Couleurs : USAGI
Dépot légal : juin 2022
Editeur :
Grand format
ISBN : 979-10-34761-16-6
Planches : 48

Un véhicule fonce à la poursuite de membres du KKK. Bessie s’agrippe au mieux mais dans un virage serré elle est littéralement éjectée et se retrouve au sol. Pire, elle a atterri dans une mare où pataugent des cochons. Ayant perdu connaissance, Bessie est submergée par ses souvenirs, notamment lorsque dépitée d’être sans cesse refusée dans les centres US d’instruction de pilotage pour aviateurs militaires, elle avait pris la décision de partir en France. C’est ainsi qu’elle s’était retrouvée à l’école de pilotage Caudron du port du Crotoy en baie de Somme. Sous les ordres de l’adjudant Maxime Paringo réputé dur et sans concession, Bessie va devenir la meilleure de son équipe. Elle se verra même confier les commandes d’un Nieuport 82-E2 plus connu comme "La Grosse Julie", un appareil d’entraînement réputé des plus difficiles à piloter en raison de son comportement plutôt capricieux. Et pour couronner le tout, elle se rappelle même avoir réussi à atterrir avec un vent de travers. Ayant obtenu le précieux brevet en à peine 7 mois de formation alors qu’il en faut généralement dix, Bessie Coleman est fière d’être la première femme noire à piloter… Pour le moment, alors qu’elle revient enfin à elle, Bessie apprend qu’elle était sur la bonne route menant au repaire des dragons, un groupuscule de membres du KKK. Mais elle va vite se rendre compte que seule elle ne fera pas le poids. Mon avis: Preuve qu’on ne change pas une équipe qui gagne (depuis Dent d’Ours), ce nouvel album de Black Squaw se révèle tout aussi agréable et captivant que les précédents. Inspiré de la vie d'une héroïne hors normes et intégrant une bonne part de fiction, ce récit ne peut que donner une histoire plaisante à lire, revenant sur l’école de pilotage française où Bessie va obtenir son brevet et évoquant ses relations plutôt difficiles avec l’équipe d’Al Capone pour le transport d’alcools de contrebande et son désir de se venger des actions du Ku Klux Klan.
Je dois l'avouer à la lecture de ce troisième tome je m'attendais à une histoire plus dure, plus violente compte tenu des origines de l'héroïne née, rappelons-le, d’une mère noire et d’un père cherokee et sachant qu’elle se frotte à des milieux plus que dangereux, le KKK d’une part, le gang d’Al Capone et son trafic d’alcool de contrebande d’autre part.
L’habileté de Yann est de nous captiver avec l’aventure toute en douceur de sa très belle héroïne, de sa détermination à devenir pilote, de son ascension vers un métier qu'elle a toujours voulu pratiquer dans un monde très macho à l’époque sans pour autant renier ou tourner le dos à ses origines amérindiennes et afro-américaines. Si d’un côté, Bessie va nous révéler ses capacités à apprendre et même à dépasser ses collègues masculins, sera-t-elle capable – aussi déterminée qu’elle soit – de déjouer les plans du KKK ?
Cet album est aussi l’occasion de faire la connaissance de l'agent "T-Man" qui va contraindre Bessie à faire des choix, et des "Secret Six", amorce du prochain et dernier album de la série.Au dessin, Alain Henriet nous livre des pages toujours aussi agréables visuellement.
On retrouve son souci du détail pour être au plus proche de la vérité, sur l’architecture des bâtiments, sur les motos ou les avions d’époque tel ce superbe hydravion Bernard H.V-220 mais aussi sur les costumes ou les lieux évoqués.
Il s’est largement documenté comme à son habitude, n’ayant pas hésité à se rendre sur place au Crotoy où il a pu découvrir "en vrai" des lieux ou des édifices vus sur des cartes postales comme l’hôtel Bonne Maman ou le restaurant Belles bacchantes.
En fin d'album, un supplément de 6 pages relate son périple en baie de Somme, photos à l'appui.
De superbes scènes d'action, une héroïne séduisante et belle, de nombreuses pages d’avions en vol, un découpage dynamique, bref Alain Henriet nous embarque dans une aventure très plaisante bénéficiant du très beau travail de mise en couleurs réalisé par Usagi.On va donc attendre avec impatience la suite et fin dans le tome 4. 

SDJuan

Tome 1 - Mission bosphore
Scénario : Jean-Claude BARTOLL
Dessin : Gabriel GUZMAN
Couleurs : Silvia FABRIS
Dépot légal : Mai 2022
Editeur : Soleil Productions
Grand format
ISBN : 978-2-302-09362-1
Nombre de pages : 56

La DGSE s’apprête à porter un coup dur à Daesh en Turquie en détruisant au port d’Ambarli dans le quartier Avcilar d’Istanbul un conteneur appartenant à un chinois dénommé Li, l’un des gros fournisseurs d’armes de l’État islamique. Mais l’opération vire au drame, l’unité d’intervention secrète se retrouve piégée et ses membres sont froidement abattus par des terroristes djihadistes sur place.
A Weisbaden en Allemagne, des combattants de l’Armée syrienne libre réunis au sein de la "Cellule Raqaya" rencontrent un certain "Professeur". Ils lui réaffirment leur volonté d’aider les pays occidentaux à débusquer en Europe les anciens membres de Daesh. Ils lui annoncent avoir retrouvé la piste d’Abou Franza, le chimiste de l’état islamique qui sous le nom d’Abbas Kouffhir poursuit des études dans le département chimie appliquée de l’université de Wiesbaden.
De passage à Paris, l’agent Renard bien décidé à venger la mort de ses compagnons parmi lesquels son ami Vulcain constate qu’un certain Nicolas Tharaud, dit Omar El-Franki, a subitement réapparu en Allemagne. Est-ce l’annonce de nouveaux attentats ?
Dans cette lutte contre le terrorisme, les États ont développé un ensemble de tactiques et de stratégies de défense et de sécurité. La France a désormais sa "kill-list" des terroristes à abattre. Pour cela, elle fait appel à l’unité Gamma, unité ultra secrète de la DGSE dont les missions ne peuvent être approuvées que par le chef de l’État en personne.Mon avis: Un album réaliste et violent, à l’image de ce à quoi peut être confrontée une section secrète de la DGSE dans la réalité.
On est happé dès les premières pages par le piège mortel qui s’est refermé sur l’unité Gamma.
Au scénario, Jean-Claude Bartoll réussit à capter notre attention pour ne plus nous lâcher jusqu’au bout de l’histoire, multipliant les allers-retours entre les divers lieux où se déroulent les événements.
Ancien grand reporter d’investigation, le scénariste connaît son sujet et pour nous tenir en haleine jusqu'à la dernière case, il nous propose un récit d’action et d’espionnage rigoureux, largement inspiré du réel, auquel il donne un aspect documentaire très instructif.
L’extrême dangerosité des situations et des adversaires oblige à agir et intervenir de manière rapide pour le bien du plus grand nombre et ce genre d’unité secrète doit débusquer l’ennemi en faisant appel aux techniques les plus modernes pour l’éliminer.La partie graphique confiée à Gabriel Guzman contribue largement à nous immerger dans une action omniprésente tant dans les coulisses de la haute sécurité nationale française que sur les différents terrains d’opération.
Le trait est soigné, plutôt réaliste, très clair et dynamique, assurant la fluidité d’un scénario riche en rebondissements à la lecture duquel on ne s’ennuie pas une minute.
Malgré un nombre important de personnages, le dessin expressif de Gabriel Guzman nous permet de suivre aisément une intrigue qui bénéficie d’une belle mise en couleurs de Silvia Fabris restituant bien les différentes ambiances. 
Le premier tome de cette nouvelle série est enrichi d’un dossier de 4 pages présentant des documents de la DGSE : une note de lecture, un rapport d'écoute, une note de synthèse.

SDJuan

Tome 13 - L'Antre du Minotaure
Scénario : Valérie MANGIN
Dessin : Thierry DÉMAREZ
Couleurs : Jean-Jacques CHAGNAUD
Autres : Denis BAJRAM
Dépot légal : Avril 2022 
Editeur : 
Cycle : 5
Grand format
ISBN : 978-2-203-22418-6
Nombre de pages : 48
Édition de luxe à dos toilé, avec un cahier historique supplémentaire de 8 pages "Les îles du Minotaure" (voir ci-dessus à droite).

Sur les traces de l’Atlantide grâce aux indications du Disque d’Osiris, Alix, Enak et ses amis parmi lesquels des savants égyptiens sont de retour en Crète pour aller explorer le temple du Minotaure sur l’île de Théra. À Héraklion, Alix retrouve une ancienne connaissance, Deucalion, aujourd’hui prospère marchand d’esclaves, qui lui avait fait découvrir le temple. Alix sollicite son aide pour se rendre sur l’île de Théra. Durant la traversée, leur bateau se retrouve pris dans une violente tempête. Le voyage aurait pu mal se terminer s’il n’y avait eu ces lueurs au loin vers lesquelles Deucalion décide de se détourner. Sains et saufs, ils sont accueillis par une peuplade d’éleveurs qui se vantent d’avoir souvent sauvé des voyageurs de la mort en allumant des bûchers sur la plage. Mais leurs sauveteurs sont en fait des pirates qui ne vont pas hésiter à les droguer pendant le repas avant de les enfermer dans des cages à esclaves dans le but de les vendre. Les pirates ayant découvert le Disque d’Osiris à bord du bateau, Alix en usant de persuasion et de diplomatie va malgré tout réussir à retourner la situation en sa faveur et obtient qu’ils l’aident à rejoindre Théra sur les traces de ce premier temple du Minotaure pour en percer les secrets.Mon avis : Avec ce treizième tome, paru peu après Le Disque d’Osiris, tome 12 de la série, Valérie Mangin continue de faire voyager Alix vers de nouvelles aventures sur le chemin de l’Atlantide en le faisant revenir vers des contrées qu’il a déjà connues par le passé, il y a 30 ans de cela pour être exact. Retour plus que justifié puisqu’il est à la recherche des traces des Atlantes et plus précisément, avec les nouveaux indices dont il dispose à présent, du légendaire temple du Minotaure.
La série n’en finit pas de nous surprendre mêlant de nouveaux personnages comme Astérion, le chef des pirates ou Milétos, celui des Thérins aux personnages-clés de la série. En incluant dans son récit des scientifiques égyptiens évoquant des matières décrites comme radioactives, la scénariste donne également à la série un côté très actuel qui la rend attractive et captivante, sans oublier l’évocation d’êtres et/ou de faits légendaires comme ce monstre marin à l’entrée du temple ou ces billes d’orichalque…
Un excellent récit d’aventure largement agrémenté de développements nouveaux et inattendus.Comme toujours, Thierry Démarez nous régale d’un dessin réaliste de haute qualité.
Un grand souci du détail, des architectures, des bateaux, des tenues et costumes.
Si les héros sont toujours aussi élégants, les nombreux autres personnages ne sont pas en reste et particulièrement reconnaissables assurant la lisibilité et la fluidité du récit.
On apprécie à intervalles réguliers de très belles scènes d’action dans des environnements (mer ou temple par exemple) magnifiquement restitués.
Respectueuse du travail du dessinateur, la mise en couleurs réalisée par Jean-Jacques Chagnaud restitue à merveille les différentes ambiances tout en apportant clarté et profondeur à l’album.
Une série qui ne s’essouffle pas.

SDJuan