Créabulles, Expositions, Dédicaces, Rencontres.

Chroniques

Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture. 

  • Le Combat d’Henry Fleming

    Le combat d henry fleming version n bLe combat d henry flemingSteve CUZOR (scénario et dessin)
    Meephe Versaevel pour la version couleur

    D’après le roman de Stephen Crane (The Red Badge of Courage)
    Préface : José-Louis Bocquet

    Illustrations d’ouverture des chapitres, Tom CUZOR
    Éditions DUPUIS
    Collection Aire Libre.
    Dépot légal : février 2024
    Grand format
    ISBN : 9791034752485
    Nombre de pages : 124

    J’ai préféré la version noir et blanc n’aimant pas la teinte verdâtre couvrant la majorité des pages de l’édition normale.

    Le combat d henry fleming planche 1Steve CUZOR est un génie du noir et blanc.
    Il suffit de feuilleter ce livre.
    Chaque page montre son talent.
    La lumière qui ressort de cette confrontation des noirs de l’encre et des blancs de la page est éclatante, tranchante, percutante.
    La fumée des explosions, l’obscurité des sous-bois, les traits si expressifs des visages… tout concourt à rendre ce récit tellement noir, dramatique.

    Le combat d’Henry Fleming relate un épisode de cette sanglante Guerre de Sécession.
    Le lecteur accompagne Henry, jeune nordiste dans la tourmente des combats.
    Les nordistes doivent repousser les sudistes.
    C’est un ordre !
    Henry passe par tous les sentiments, l’indécision, la crainte, la peur, la lâcheté, le remords.
    Quand il comprend que son général se planque et qu’il sacrifie les péquenots pour que les vrais soldats triomphent, la bravoure et la colère envahissent le jeune homme qui veut se venger en fonçant vers l’ennemi en porte-drapeau héroïque et inconscient.

    Le combat d henry fleming planche autreJ’aime le travail artistique (scénario et dessin) de Steve CUZOR pour cette adaptation parfaite.
    J’aime la réflexion qu’elle apporte sur la stupidité des guerres, la boucherie, la cruauté qu’elles engendrent.
    Comment tous ces hommes (enfants, pères, maris, frères) peuvent-ils être si conditionnés pour en perdre leur libre arbitre et aller, enragés, tuer leurs semblables ?
    Et tous ces hommes devenus pions sont écrasés, broyés, démantibulés pour les idées de leurs chefs avides de pouvoir et de richesses.

    Merci Stephen Crane, merci Steve Cuzor de susciter cette réflexion.
    Et pourtant certains lecteurs se délecteront des scènes de bataille.
    Moi pas, je n’ai ressenti que du dégoût.

    M.Destrée

  • LA NEIGE ÉTAIT SALE

    Neige etait sale couvLa neige était sale
    Scénario : Jean-Luc FROMENTAL
    Dessin : YSLAIRE
    Couleurs : YSLAIRE
    AdapGeorges SIMENON
    Dépot légal : Janvier 2024 
    Editeur : Dargaud
    Collection : Simenon, Les Romans.
    EAN/ISBN : 978-2-505-11580-9
    Nombre de pages : 97

    Je n’ai pas lu ce roman de Simenon.
    Je n’ai lu qu’un Maigret.
    Et aussi Le Chat, reçu un jour lointain de Guy (aventurier qui a disparu comme il a vécu).
    Pourtant, je devrais aimer mais je lis déjà tellement d’autres auteurs…

    Mais Bernard Hislaire (Yslaire), je l’ai bien connu et lu mais perdu hélas aux détours des fils de la toile du XXe Ciel. J’ai essayé puis j’ai abandonné et pour ne pas le peiner je n’ai jamais osé lui avouer.
    Et voilà que je le fais ici…

    Mais depuis, il a repris Sambre puis nous a offert Baudelaire en cahiers, en récit et en illustrations des Fleurs du Mal.
    Cadeau des Dieux ou son Art atteint un niveau supérieur mais pas encore ultime.
    Et il ne m’en voudra pas de ma confession car maintenant il est devenu fort.

    La neige était sale est un nouveau pas dans son ascension artistique. Et un grand !

    Je laisse de côté le scénario. Adaptation maîtrisée du grand scénariste qu’est Jean-Luc Fromental. Il est parfait.

    Je m’attache uniquement au côté artistique de l’œuvre.

    La neige etait sale page 5Première planche page 5 : une grande case grise riche de détails qui montre un quartier détruit par une guerre. Un bâtiment est intact. Le rez-de-chaussée est un bar d’où perce une lumière rose qui éclaire une jambe gainée d’un bas dans la dernière case.
    C’est un lieu de perdition.
    La troisième planche montre des vilains aux habits épais où le rose traversant la fenêtre teinte la noirceur de la nuit.
    Deux des personnages importants de l’histoire entrent en scène observés par Simenon lui-même.La neige etait sale page 8Yslaire utilise des techniques différentes dans certaines cases et l’effet obtenu est parfait comme dans la troisième case page 11. Le personnage à l’avant-plan dans l’ombre est dessiné avec des traits épais et précis puis le dessin devient de plus en plus léger mais toujours précis au fur et à mesure que le regard avance dans la pièce.
    Le jeu des lumières, des couleurs et le trait rendent cette scène si réelle dans le vécu de ces personnages de papier.
    Les deux pages suivantes sont de l’expressionnisme, du fantastique, du roman noir.
    Après, nous voilà dans une bonbonnière. Quel contraste!
    Ce vieux rose chair est parfait.
    Il faut saluer et remercier Lola Hislaire pour son assistance précieuse à la réalisation des fichiers couleurs (extrait des notes en fin de volume).
    On passe d’ambiances rosâtres à des touches de vert ou bleu passé du plus bel effet.
    Parfois le dessin est si réaliste qu’on s’extasie.
    Les pages 30 à 34 d’un brun-jaune inquiétant montrent une des scènes les plus noires de l’album.
    Jusqu’à présent, aucune onomatopée ne s’affiche dans les cases.
    Et pourtant, on entend les bruits dans les silences.
    Le dessin est si fort qu’on les imagine.La neige etait sale page 11Regardez le gros plan sur le visage de la 4e case page 49 et comparez avec celui de la dernière case page 51.
    Deux techniques différentes mais si expressives.

    Il y aura encore quelques cases très sombres, chargées d’obscurité mais à partir de la page 66, elles deviennent plus claires, le trait est souvent plus fin.
    Jusqu’à la grisaille finale ou bizarrement le rose réapparaît dans une case. D’où vient-il ?

    Le lecteur peut lire ce beau livre en regardant des cases si riches d’ambiance, en admirant les couleurs, en analysant les gestes, les expressions de tous ces personnages si bien représentés puis enfin accéder à la lecture d’une adaptation si adulte et si réussie d’un roman de Georges Simenon.

    Je dois avouer que pendant ma lecture j’ai pensé à une ville belge ou française pendant l’occupation. J’ai même pensé que le personnage principal était juif. J’avais tout faux.
    Aucun lieu n’est nommé, aucune nation n’est citée, aucun uniforme n’est typé.
    Et la croix rose n’est pas juive. Honte sur moi, l’ignorant !

    Je ne sais pas pourquoi mais cette noirceur fantastique observée dans certaines cases me fait rêver à Bernard Hislaire donnant vie au Docteur Jekyll et Mr Hyde ou à Nosferatu ou pourquoi pas à certains contes de Poe qui ne l’oublions pas a été traduit par Baudelaire.

    Voir aussi l'expo à la Galerie Champaka du 29-02 au 23-03Expo Yslaire à Champaka

    M. Destree

  • BATMAN & JOKER

    Coup de coeurBatman joker deadly duoBatman & Joker - Deadly duo
    Scénario : Marc SILVESTRI
    Dessin : Marc SILVESTRI
    Couleurs : Arif PRIANTO
    Encrage : Marc SILVESTRI
    Couverture :S Marc SILVESTRI & Arif PRIANTO
    Traduction : Julien DI GIACOMO
    Dépot légal : Novembre 2023
    Editeur : Urban comics
    Collection : DC Black Label
    Format comics cartonné
    ISBN : 9791026823285
    Nombre de pages : 208

    Plusieurs meurtres sanguinaires ont été commis à Gotham. À priori, cela n’a rien de nouveau ni de surprenant hormis l’extrême violence et la cruauté des faits. Le commissaire Gordon étant introuvable, c’est l’inspecteur Bullock qui mène l’enquête. Sur les lieux, gît le cadavre d’un policier dont la tête a été tranchée. Difficile de savoir ce qu’il s’est passé. Des témoins auraient aperçu un homme au visage plutôt pâlot et aux cheveux verts, autrement dit le Joker. Le coupable semble donc tout désigné. Accouru sur les lieux, Batman a vite fait de découvrir des indices et de conclure qu’avant d’être abattu le policier a réussi à tirer sur son agresseur et à le toucher en pleine tête. Rien de bien compliqué pour Batman sauf que lorsqu’il rattrape le suspect, s’il a bien les cheveux verts en réalité il a un corps beaucoup plus décharné mais il est bien plus fort, plus rapide et plus violent que le Joker. Batman va rapidement découvrir que cette créature n'est pas isolée. Elles sont nombreuses à errer et tuer dans les rues de Gotham et sont le résultat d’un virus qui en a fait des sortes de goules. Quant au Joker, s’il semble avoir des points communs avec ces étranges créatures, il n’est nullement impliqué dans les attaques survenues. Il en serait même la victime et il se dit prêt à prêter main forte à Batman pour les neutraliser. Le duo Batman-Joker est en route d’autant que le commissaire Gordon et Harley Quinn sont en réalité séquestrés et torturés. Et s’ils n’arrivent pas au plus vite pour les sauver, ils ne donnent pas cher de leur peau.Batman joker deadly duo planche 1 harley quinn Mon avis : C’est un réel bonheur de retrouver Marc Silvestri non seulement au dessin mais aussi au scénario dans cette aventure qui se déroule à une allure folle et multiplie les rebondissements. Le duo improbable Batman-Joker que tout le monde espérait secrètement est enfin une réalité mais il fallait un scénario solide pour qu’il se concrétise. Et c’est bien le cas ici grâce à Marc Silvestri qui nous revient en force avec un récit qui décoiffe tant à l’écriture qu’à l’illustration. Tout part d'un événement tragique, un simple mariage qui a mal tourné. Le talent de Marc Silvestri fait le reste. Le nouvel ennemi est de taille, tout droit sorti de ce qui ressemble à un cauchemar éveillé, mais tout est plausible et cohérent. Cela devient hyper violent et il fallait un dessinateur de la trempe de Silvestri pour rendre le récit visuellement réaliste mais aussi et surtout efficace dans toute sa cruauté et sa puissance narrative. Un petit bijou.  

    Silvestri nous régale de scènes d'action époustouflantes dans des décors sombres mais superbement dessinés afin d’en souligner l'ambiance noire et glauque. Si les décors sont très variés, les cadrages et angles de vue le sont tout autant dans le genre dramatique avec une intensité bien marquée sur les visages mais aussi cinématographique pour tout ce qui touche aux attitudes et aux mouvements surtout lors des combats où la vitesse de l’action, la puissance et la violence des coups sont toujours bien présents.Batman joker deadly duo plancheLes traits fins de Marc Silvestri tombent juste pour la représentation des formes et lignes des corps, tant pour le Chevalier Noir que pour celle plus rachitique et nerveuse du Joker mais aussi des goules, sans oublier l’image de la beauté et de la séduction chez Catwoman ou Batgirl. Il excelle aussi dans l’art d’exprimer les émotions de tous ses personnages à commencer par la nature fêlée d’Harley Quinn. Et quel talent pour restituer l’environnement urbain de Gotham, cette ville du crime qui devient sous son crayon un personnage à part entière, particulièrement dans cet album où le danger peut surgir de chaque coin de rue, de chaque recoin sombre.
    Les couleurs d'Arif Prianto donnent encore plus de caractère aux personnages, plus de relief à l'ensemble en soulignant l'aspect sombre de la ville sans pour autant effacer ou écraser le dessin de Marc Silvestri. Au contraire, elles lui donnent du volume et dirigent notre regard là où il faut. 
    L’album est également proposé dans une version noir et blanc qui permet d’être impressionné par son dessin et surtout d’admirer son talent.

    Un récit à ne rater sous aucun prétexte !

    SDJuan

  • WILD WEST T4

    Wild west 4Tome 4 - La boue et le sang
    Scénario : Thierry GLORIS
    Dessin : Jacques LAMONTAGNE
    Couleurs : Jacques LAMONTAGNE
    Dépot légal : Janvier 2024
    Editeur :
    Dupuis
    Grand format
    EAN/ISBN : 979-10-34768-70-7
    Nombre de pages : 48

    Déjà le quatrième récit pour cette série western.
    Lamontagne et Gloris pourront bientôt être fiers d’aligner leurs albums à côté de ceux des maîtres de la BD western.

    Thierry Gloris a conçu un scénario riche en rebondissements avec des acteurs mis continuellement à l’épreuve dans des situations très périlleuses.
    Le dessin de Jacques Lamontagne progresse encore en précision et en beauté du trait.
    Ses couleurs sont impressionnantes et donnent une épaisseur qui rend les matières et les chairs tellement réelles.

    Pas de résumé car La boue et le sang est la suite de Scalps dans une série que je devrais relire.
    Et chaque paire d’albums ajoute ses aventures à la trame générale.

    Mais voici quelques scènes qui vous donneront une idée de ce qui se passe.

    Lamontagne utilise d’une façon ingénieuse la disposition et la place de ses cases de toutes dimensions pour insuffler un plaisir de lecture qui ravit l’œil et vous plonge instantanément dans le lieu où se situe l’action.
    Vous êtes littéralement à côté des personnages.

    Wild west p4Page 4 : les chevaux de la diligence figés dans un mouvement de chute vous frappent en plein regard… vous imaginez encore leur déplacement brusquement arrêté.

    Pages 10 et 11 : un cimetière indien mis à nu par une explosion sur une double demi-planche.
    Les échafaudages en bois où pourrissent les cadavres nourrissant les vautours sont accrochés au flanc des falaises.
    La fumée de l’explosion approche, précédée par les ombres noires des hommes.
    Ambiance de désolation inquiétante.Wild west p11Page 16 : tension, violence, ce regard central tout en longueur dégageant un magnétisme d’une belle intensité.

    Page 17 : vue imprenable sur le chantier de l’Union Pacific.

    Page 31 : la danse des Indiens la nuit.

    Pages 32 et 33 : de nouveau une grande case sur deux pages montrant avec une profusion de détails le chargement du train. Admirez l’arrière de la locomotive.Wild west 4 le train sur deux pages dans l album 2La voici toute entière, la belle machine de fer et bois page 34.

    Pages 40 et 41 : une composition inouïe avec en apothéose : l’envol de la locomotive et du tender.

    Les pages suivantes : l’antre du tueur psychopathe (âmes sensibles s’abstenir).

    Je reviens aux pages 12 et 13 où vous découvrirez une fumerie d’opium d’un tout autre genre que celle du Lotus bleu.

    Cette année 2024 s’annonce bien… en BD du moins.

    M.Destrée

  • THORGAL SAGA T2

    Thorgal saga t2Tome 2 - Wendigo
    Scénario : Fred DUVAL
    Dessin: Corentin ROUGE
    Couleurs : WALTER et Corentin ROUGE
    Dépot légal : janvier 2024
    Editeur : Le lombard
    Grand format
    EAN/ISBN : 978-2-8082-0591-7
    Nombre de pages : 120

    Quittant le Pays Qâ, Thorgal, Aaricia et Jolan sont en chemin vers leurs terres du Nord. Alors qu’ils naviguent depuis un certain temps, le bateau sur lequel ils ont embarqué est soudainement attaqué par un serpent géant des mers et d’autres poissons volants. Il est gravement endommagé, l’équipage quasi décimé et ils trouvent leur salut en fuyant à bord d’une petite embarcation de sauvetage. Malgré tout Thorgal comprend vite que lui et sa famille ont été épargnés même s’il en ignore la raison d’autant que le serpent semble les guider vers une nouvelle destinée. Mais Aaricia a été blessée à l’abdomen et a besoin de soins. À l’approche d’une terre, ils sont secourus par un homme nommé Tonnerre qui se présente comme membre du Peuple de l’Eau. Il propose son aide d’autant plus urgente qu’Aaricia est enceinte. Thorgal tombe de haut en apprenant l’état de son épouse mais se retrouve piégé. Pour la sauver, il doit s’engager aux côtés du Peuple de l’Eau alors en conflit ouvert avec le Peuple de la Forêt. Il devra récupérer une plante médicinale auprès de l’Arbre de Vie mais surtout y prendre une branche qui une fois transformée en flèche lui permettra de tuer le Wendigo, ce monstre que le peuple de la Forêt a invoqué, persuadé qu’il est de leur côté et les épargnera. Thorgal saga t2 plancheMon avis : Fred Duval, qui travaille déjà avec Brada sur un autre album portant sur les Amérindiens du Nord, nous offre ici un récit d’aventure dans le plus pur style de Thorgal : tout faire pour ne pas prendre position mais s’il faut malgré tout s’impliquer, s’efforcer d’agir en toute justice. Toutefois avec Aaricia devenue une monnaie d’échange et de surcroît enceinte, Thorgal va devoir faire preuve d’habileté et de ruse même s’il ne connaît pas encore les enjeux.
    Duval gère habilement le suspense nous permettant petit à petit de mieux comprendre le rôle du Wendigo mais aussi celui de cet énorme serpent des mers qui va réserver quelques surprises à Thorgal.

    Un récit somme toute simple mais bien construit et passionnant nous donnant l’occasion de retrouver un Thorgal nous montrant sa maîtrise exceptionnelle de son arc à flèche mais aussi nous confirmant sa soif de justice et de paix. Thoragl saga t2 avec la familleAu dessin, Corentin Rouge s'est parfaitement approprié le personnage et nous offre de superbes illustrations de paysages, tant en mer qu’en forêt. Le mouvement est particulièrement bien restitué principalement dans les scènes d’action grâce à un traitement plutôt cinématographique des différents plans et par l’utilisation très efficace de vues en plongée et/ou contre-plongée. 
    Une très belle narration visuelle avec une couverture impressionnante. 

    Après XIII Mystery, c’est un réel plaisir de retrouver ces deux auteurs et, qui plus est, sur une série aussi mythique que Thorgal. 
    Thorgal Saga est déjà une série à succès qui en offrant la possibilité à d’autres auteurs de nous proposer leur interprétation de l’univers de Thorgal tout en respectant l’esprit de la série-mère a sans aucun doute relancé l’intérêt pour Thorgal.
    Les couleurs de qualité vont dans le même sens.
    On sent bien que pour lancer cette nouvelle série on a pris des auteurs à la hauteur du défi à relever. 

    SDJuan

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  • SEULE L'OMBRE

    Seule l ombreScénario : Éric CORBEYRAN et Rurik SALLÉ
    Dessin : Paskal MILLET
    Couleurs : Paskal MILLET
    Dépot légal : juillet 2023
    Editeur : Komics Initiative
    Collection : Mavericks
    ISBN : 2491374773
    Planches :144

    Les plus nostalgiques d’entre nous se souviennent avec émotion des épisodes de la Quatrième Dimension, des Contes de la Crypte, mais aussi des magazines de BD tels que Ère Comprimée. Pour moi en tout cas, ce fut la révélation et la découverte d’auteurs comme Wrightson, Ortiz, mais surtout Corben, le maître du Comics. Ce fut aussi l’époque où je découvrais Lovecraft, Hodgson, Ray/Flanders. De cette période je garde le plaisir d’histoires courtes et ténébreuses, avec une chute brutale et imprévue. Des histoires que l’on ne voit plus guère aujourd’hui, la faute sans doute à des éditeurs français devenus frileux à éditer des nouvelles contrairement à leurs homologues anglo-saxons.

    Et puis, arrive le trio "infernal", Corbeyran - Sallé - Millet. Leur volonté, on le sent immédiatement, c’est de restaurer cette ambiance particulière, à nulle autre pareille. Dès les premières pages, on replonge dans les Comics de Corben, dans les horreurs des Contes, avec une jouissance extrême. Et bon sang ce que ça fait du bien ! Je n’avais pas pris un tel plaisir depuis la relecture de RatGod de Corben !Seule l ombre plancheDix histoires courtes, c’est la règle, mais que l’on prend plaisir à relire, surtout le soir. Comme disait Stephen King, ne laissez jamais trainer vos pieds hors du lit… Un trio qui fonctionne parfaitement, parce que les deux premiers, conteurs, ont trouvé chez le troisième, dessinateur, le crayon pour coucher, "apprivoiser" même, leurs cauchemars. Difficile de représenter l’indicible comme le nommait Lovecraft. Les couleurs volontiers monochromes sur fond de gris-bleu, ne s’égaillent que parfois, lors de la conclusion des histoires, comme lors d’un réveil après une nuit agitée. Mais est-on sûr d’être parfaitement réveillé ?

    On le devinera aisément, je suis fan du travail des trois compères, fan au point d’espérer que les ombres autour d’eux ne se soient pas complètement dissipées pour qu’ils aient encore matière à en faire sortir quelques horreurs pour notre plus grand plaisir. Mes préférées me demanderez-vous ? indiscutablement la pâtée, et surtout, peut-être par sadisme ou parce que je suis un grand malade, la mélodie du supplice. Merci à Éric Corbeyran, Rurik Sallé et Paskal Millet pour ce recueil, et merci à Komics Initiative de l’avoir rendu possible.

    Richard Colombo

  • BRIGANTUS T1

    BrigantusTome 1/2 - Banni
    Scénario : Yves H.
    Dessin : HERMANN
    Couleurs : HERMANN
    Dépot légal : Janvier 2024
    Editeur : Le lombard
    Grand format
    ISBN : 9782808212878
    Nombre de pages : 56

    En l’an 84 après J.-C., actuelle Écosse. Appelée en renfort, une légion romaine doit absolument atteindre un fort isolé au nord de la région. Pour y arriver, elle doit traverser le territoire des Pictes, un terrain difficile pour l’armée romaine à cause des marécages et du brouillard intense. Dans ses rangs, la légion compte un homme surnommé "le picte", Melonius Brigantus, véritable force de la nature et guerrier sauvage vu comme un monstre par les autres membres de sa centurie mais surtout objet de leurs railleries et autres coups fourrés et rejeté par eux pour être né d’un soldat romain et d’une mère picte. Sauf que Brigantus est fidèle à Rome et tous savent bien que sans lui ils ne pourront pas survivre aux assauts répétés des guerriers pictes.Brigantus planche 1Mon avis: D'emblée, dès la couverture on sait que l’on entre dans un univers des plus sombres, des plus sanguinaires, comme Hermann et son fils Yves H. aiment nous en offrir. L’album est particulièrement violent mais comment pourrait-il en être autrement avec un légionnaire aussi dur et impitoyable que Brigantus et une action se déroulant en plein territoire picte.

    C'est un plaisir de retrouver Hermann dans un univers totalement différent, sur un scénario de son fils Yves H. évoquant un épisode parmi tant d’autres des cinq siècles d’existence de l’Empire romain, sachant que l'Écosse n’a jamais été conquise par les envahisseurs romains.Brigantus planche suiteCôté dessin, le talent d’Hermann est bien sûr au rendez-vous, toujours ce dessin si particulier à la couleur directe dont on ne se lasse pas. La plupart des cases proposent des paysages et décors plongés dans une brume très bien rendue d’où les Pictes peuvent surgir à tout moment pour décimer les soldats romains.
    On ressent l'humidité, on baigne dans la boue, la saleté, on devine la mousse et les lichens puis soudain le sang gicle et le rouge envahit les scènes d’action.
    Comme toujours, Hermann s’attache aux détails et à l'expression de ses personnages. On sent alors la peur, la terreur, la sauvagerie. Puis de temps à autre, il nous régale de très beaux paysages comme lui peut nous les offrir, des moments de calme et de clarté de toute beauté comme Melonius Brigantus aimerait en profiter durant cette expédition sans fin au cours de laquelle la centurie sera presque décimée. Il n'en restera pas beaucoup à la fin du voyage.
    La tactique romaine a trouvé ses limites dans ces territoires marécageux et constamment embrumés.
    Le héros, ou anti-héros façonné par Rome pour le combat, semble être le dernier espoir de cette légion, alors que lui n'attend que la lumière au fond du tunnel, un peu de paix. 
    On espère case après case, page après page que quelque chose ou quelqu’un va lui venir en aide. On attend du coup le tome 2 avec impatience. 

    Brigantus jeremiahPetit clin d’œil d’Hermann à la page 7 (planche 5) qui nous permet de retrouver son héros Jeremiah ayant apparemment disparu de sa série.

    SDJuan

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  • LA PETITE FILLE ET LE POSTMAN

    Petite fille et le postmanScénario : Bertrand GALIC
    Dessin : Roger VIDAL
    Couleurs : Roger VIDAL
    Dépot légal : août 2023
    Editeur : Vents d ouest logo
    Format normal
    EAN/ISBN : 978-2-7493-0983-5
    Nombre de pages : 104

    En ce tout début de 20e siècle, la petite Jenny vit désormais seule avec son beau-père. Elle a perdu sa mère morte dans le terrible tremblement de terre survenu à San Francisco en 1906. Estimant que la fillette serait plus heureuse auprès de ses parents qui tiennent un ranch dans la région de Chicago, le beau-père décide de l’expédier par la poste en s’appuyant sur le nouveau règlement qui autorise désormais l’envoi de colis sur tout le territoire des États-Unis sans en préciser la nature. Comme rien dans ce règlement ne précise s’il peut être vivant ou non, quelle n’est pas la surprise d’Enyeto, le facteur d’origine amérindienne venu récupérer le colis à domicile, lorsqu’il découvre qu’il s’agit d’une fillette. Malgré ses doutes et hésitations, Enyeto installe Jenny sur son cheval pour rejoindre le port et traverser la baie jusqu’à la gare d’Oakland, persuadé qu’il aura vite fait ensuite de lui trouver une place dans le train qui doit la mener à destination et qu’il pourra enfin rentrer chez lui… Sauf qu’il semble avoir oublié qu’en tant qu’amérindien se déplaçant à cheval en compagnie d’une petite fille blanche il va au-devant de toutes sortes d’ennuis sur sa route…Jeune fille et le postman plancheMon avis : La lecture de cet album a été une surprise du début à la fin.
    Déjà, le sujet traité interpelle et intéresse: l’envoi par la poste d’un être humain et ce dans les règles les plus folles fixées par la loi de l’époque. Et du coup, les relations entre les deux personnages principaux occupent le devant de la scène: Enyeto le postman, un gars costaud d’origine amérindienne, qui s’efforce de garder le contrôle quelle que soit la situation pour préserver Jenny, une gamine mais au caractère bien trempé. Il ne faut surtout pas faire de vagues car cela pourrait lui coûter très cher dans le contexte de l’époque.
    Enfin, Bertrand Galic nous offre un récit riche en rebondissements, rythmé et bien construit tout au long de la traversée d’une Amérique en pleine mutation avec ses multiples merveilles mais aussi ses nombreux dangers.
    On suit avec plaisir la relation entre cet homme et cette fillette qui évolue vers une véritable complicité et petit à petit vers une belle amitié malgré les dangers incessants qui les entourent.
    L’album s’achève nous laissant quelque peu sur notre faim.Jeune fille et le postman planche autre 1L’ensemble est plaisamment illustré et mis en couleurs par Roger Vidal.
    Son dessin est très agréable, on y sent un habile mélange d’influence manga et franco-belge donnant des regards pleins d’émotion, de très beaux décors et de multiples scènes d’action efficaces.
    Il a développé un style de narration visuelle très personnel.
    Les couleurs sont bien en harmonie avec le dessin, donnant de la vie à l’histoire et rendant la lecture de ce gros album de près de 100 pages plutôt attrayante.

    SDJuan