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Kill or be killed

KILL OR BE KILLED

Kill or be killedCoup de coeur 1Tome 1
Scénario: Ed Brubaker 
Dessin: Sean Philips 
Couleurs: Elizabeth Breitweiser
Editeur:
Delcourt
Collection : Contrebande
Planches :125
Dépot légal: Janvier 2018

Malgré son jeune âge, Dylan ne voit rien de positif dans la vie. Voir tout en noir est la seule forme de pensée qu’il connaît. Son mal-être existentiel l’a même déjà poussé au suicide, comme son père lorsqu’il était tout jeune. Ayant raté sa prépa, aujourd’hui à 28 ans, il est encore scolarisé. Depuis quelque temps rien ne va plus car même son amie et confidente Kira dont il est éperdument amoureux mais qui ne s’est guère intéressée à lui jusqu’ici est courtisée par son colocataire Mason. Tout comme son père, il ne ressent plus aucune envie de continuer à vivre. Sans hésiter, un soir il se jette du toit de son immeuble. Mais, dans sa chute, il réalise que sa vie n'était pas si mal finalement et comme par miracle il survit au saut dans le vide qui devait lui être fatal. Il ne le sait pas encore mais sa survie n'est pas tout à fait naturelle et évidemment, il y a un prix à payer. Ce prix, c'est un démon qui le lui annonce: il va devoir assassiner un salaud par mois, pas moins! Au début, Dylan se demande s'il n'a pas rêvé ou cauchemardé après une telle chute, mais quand ses forces commencent à diminuer et qu’il tombe malade, de plus en plus malade, il comprend assez vite que ce n'était pas une vision et que s'il n'accepte pas le deal, il risque bien de mourir. Toute la difficulté à présent ne se limite pas à trouver le courage de passer à l'acte mais aussi de trouver le premier salopard car qui mérite réellement de mourir ou pas? 

Kill or be killed planche 1Mon avis: Sans aucun doute, Ed Brubaker est devenu un maître du polar noir. On accroche dès les premières cases. On a même l'impression de s'imprégner de ses personnages tous plus déjantés les uns que les autres. Il réussit à nous faire vivre le grain de folie qui les anime jusqu'à nous glacer le sang, non seulement à nous faire vivre ce que le héros ou anti-héros est en train de vivre, d’autant plus que "Kill or be killed" est narré sous forme de livre intime, mais aussi à nous poser la question "Mais pourquoi fait-il ceci ou cela ?" comme si le personnage était réel. Pire et encore plus "flippant", on se demande parfois ce qu'on aurait fait à sa place. Dylan se présente à nous en combinant dans un mélange savant le minable devenu tueur dans "Wanted", le héros revenu de l'enfer, Spawn, et, bien sûr, le nettoyeur de la lie humaine qu'est le Punisher. C’est l’occasion pour le scénariste d’aborder la délicate question de savoir si l’homme a le pouvoir de se faire justice soi-même, quand bien même il s’agirait d’éliminer des criminels qualifiés de barbare. Cette légitimité de la violence en agissant à la fois comme juge et bourreau me dérange un peu, d’autant que les auteurs nous font penser qu'il n’y a aucune raison de s'en priver puisqu’après tout il ne s’agit que de salopards et de malfrats de la pire espèce. Mais Ed Brubaker connaît bien son domaine de prédilection et ça fonctionne à merveille. L'escalade dans la violence du jeune Dylan, personnage au départ plutôt non-violent et discret voire suicidaire, puis pris au piège du pacte conclu avec le démon va en surprendre plus d'un car ce secret va lui poser bien d'autres problèmes.

Kill or be killed planche suiteLe dessin de Sean Philips est d'une efficacité incroyable. Rien n'est laissé au hasard, tout est savamment encré et utilisé à bon escient, atteignant un bel équilibre des cases, des pages, du récit. On ressent la tension sur chaque case, la violence est rendue presque palpable. La présence du mal se concrétise sous nos yeux et finit petit à petit par arriver à ses fins. Au même titre que Brubaker, Sean Philips est passé maître dans le polar bien noir, voire infernal dans le cas présent. À ses côtés, on retrouve la coloriste Elizabeth Breitweizer dont le travail est tout à fait en symbiose. Ses couleurs rendent parfaitement l’atmosphère de terreur et de froid hivernal qui prévaut. Brubaker, Philips et Breitweiser forment un trio parfait et efficace qui décoiffe. Compte tenu de sa qualité graphique, cet album aurait certainement et largement mérité une version N&B, voire un tirage spécial Angoulême.

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Ce thriller sombre est des plus captivant et le tandem Ed Brubaker Sean Philips fonctionne à merveille. Collaborant depuis un certain temps déjà, ils savent parfaitement où ils vont et cela se ressent dans la qualité du travail fourni. À ne rater sous aucun prétexte !

A noter: un superbe cahier d'illustrations des couvertures originales en fin d'album.

SDJuan

 

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