LES JUSTES - T1 - Carl Lutz
- Par asbl-creabulles
- Le 04/09/2025
Tome 1/2 - Carl Lutz
Scénario : Jean-Yves LE NAOUR
Dessin : Brice GOEPFERT
Couleurs : Tanja CINNA-WENISCH
Dépot légal : août 2025
Editeur : Bamboo Édition
Grand format
EAN/ISBN : 979-10-41107-34-6
Nombre de plages : 80
Au terme d’un long et pénible voyage en train, Carl Lutz et son épouse Gertrud sont enfin arrivés à Budapest ce 2 janvier 1942. Carl doit prendre ses fonctions en qualité de vice-consul de Suisse, représentant également les intérêts de la Grande-Bretagne, des États-Unis et d’une dizaine d’autres pays désormais en guerre avec la Hongrie. En effet, si depuis 1919, le pays est gouverné par un régent, l’amiral Horthy, en 1939 celui-ci a opté pour une alliance avec l’Allemagne nazie. Désormais sous la botte allemande, le pays va même participer aux discriminations ciblant les Juifs et contribuer à remplir les trains vers les camps dits de travail. Peu à peu, la peur va devenir le quotidien des Juifs. C’est là que Carl Lutz entre en scène en tant que représentant consulaire mais surtout en tant qu’homme d’un calme inébranlable face à l’horreur. Grâce à des plans d’action administrative audacieux et un réseau de collaborateurs engagés, il va orchestrer la résistance diplomatique, sauvant ainsi des milliers de vies à travers des "lettres de protection" et des abris sous juridiction suisse.
Mon avis : Nouvelle série historique, Les Justes nous propose de découvrir deux albums bouleversant sur la mémoire de la Shoah, l’un évoquant le rôle d’Émilie et Oskar Schindler et l’autre celui de Carl Lutz. L’album consacré à Carl Lutz est un ouvrage marquant, poignant et surtout nécessaire qui donne corps à une figure oubliée de la résistance civile, un hommage digne, porté par des auteurs en pleine maîtrise de leur sujet. Jean-Yves Le Naour, historien aguerri, s’est associé à Brice Goepfert, également passionné d'histoire avec un grand H, pour faire revivre l’histoire d’un homme resté trop longtemps dans l’ombre des manuels, Carl Lutz, ce diplomate suisse en poste à Budapest durant la Seconde Guerre mondiale qui y sauvera des dizaines de milliers de Juifs.
Le Naour signe un scénario d’une grande clarté, très fluide tout en étant richement documenté. Il ne cède ni au larmoyant ni au spectaculaire, préférant mettre en lumière l’engagement discret mais héroïque d’un homme seul face à la mécanique bien rodée des nazis. Le récit est aussi l’occasion de nous faire découvrir les tensions politiques, les jeux d’alliances, les hésitations d’un monde qui, à de rares exceptions, détourne les yeux.
Brice Goepfert illustre ce récit avec une justesse rare. Son trait réaliste restitue à merveille l’ambiance sombre et oppressante de Budapest en guerre. La mise en scène, sobre mais expressive, suggère de l’émotion sans jamais la forcer. Bien souvent les regards parlent autant que les dialogues et les attitudes hésitent entre espoir et désespoir. Tout est réfléchi pour servir le récit historique en évitant les artifices inutiles.
Les couleurs de Tanja Cinna-Wenisch mettent bien en valeur le travail du dessinateur et renforcent le réalisme historique du récit.
À ne pas rater, le dossier en fin d'album des plus intéressants
Un devoir de mémoire en bande dessinée, mais surtout une magnifique leçon de courage.
SDJuan