Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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GELUCK - TOUT EST VRAI
- Par asbl-creabulles
- Le 11/10/2024
Tout est vrai
Scénario : Philippe GELUCK
Dessin : Philippe GELUCK
Couleurs : Serge DEHAES
Dépot légal : Octobre 2024
Editeur :
Format : 17 x 22.5 cm
EAN/ISBN : 9782203280847
Nombre de pages : 144En ce mois d’octobre 2024, Philippe Geluck nous propose un nouvel album, petit par son format mais riche par son contenu qui se déroule sur près de 144 pages sous le titre Tout est vrai (je le jure).
À travers plus de 150 anecdotes, agrémentées de nombreux dessins de presse couvrant plus d’une vingtaine d’années, l’auteur du Chat nous raconte de manière amusante, drôle et optimiste quelques-unes de ses innombrables rencontres avec des personnalités du monde de la chanson, du théâtre, du cinéma, de la danse, de la musique, de la littérature mais aussi de la télévision, de la radio et du monde politique bien sûr.Il faut dire que Philippe Geluck a de très nombreuses facettes : dessinateur de BD mais aussi de presse, concepteur de statues monumentales (rappelez-vous l’exposition Le Chat déambule admirée par plusieurs millions de visiteurs), comédien, chroniqueur en radio et télé, etc. C’est un touche-à-tout et cela lui a donné l’occasion de croiser et rencontrer beaucoup de monde. Il avait donc énormément de matière à sa disposition pour nous conter diverses aventures drôles de sa vie, en tout cas largement assez pour faire ce livre illustré de scènes toujours aussi drôles et cocasses mais principalement constitués de textes courts bien trouvés, souvent décalés, savoureusement piquants ou satiriques mais toujours amusants et tendres, et plein de cette autodérision qui le caractérise si bien. Et si parfois c’est de mauvais goût, c’est totalement assumé.
Si Geluck donne libre cours à son imagination, tout est vrai comme le confirme le titre de l’ouvrage. Pour preuve, il y évoque aussi sa vie privée, dont certaines scènes tout droit inspirées de son enfance et de son adolescence, de ses proches et de ses connaissances plus familières.
Quant aux fans du Chat, rassurez-vous, il est partout et on le retrouve souvent dans l'album, d’ailleurs il partage même l’affiche de l’album.Un excellent moment de détente, de plaisir et de rire. Geluck n’est jamais en manque d’inspiration. On se réjouit de sa vivacité d’esprit à travers les innombrables réflexions pertinentes qui agrémentent ses récits.
SDJuan
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LA PISTE DE L'OREGON
- Par asbl-creabulles
- Le 22/09/2024
La piste de l'Oregon
Scénario : Eric CORBEYRAN
Dessin : Jean-Marc KRINGS
Couleurs : Vera DAVIET
Dépot légal : Septembre 2024
Editeur : Kennes
Format normal
EAN/ISBN : 978-2-380-75862-7
Nombre de pages : 801843. Impatients d’entamer une nouvelle vie, un groupe de pionniers est en route pour Oregon City, à l’ouest des Montagnes Rocheuses, sur les rives de la rivière Willamette. Ils s’apprêtent à traverser le Nouveau Monde d’Est en Ouest depuis la ville d’Independence dans le Missouri en bravant toutes sortes de dangers : tribus indiennes, animaux sauvages, maladies, rigueurs de la météo, voleurs, etc. Leur convoi est des plus hétéroclites même si l’homme blanc y est majoritaire. Il est placé sous la responsabilité du capitaine Patterson qui s’assure que les colons ont une bonne conduite. Patterson est largement secondé par Wakanda, une femme d’origine Sioux, et son mari Pierre Charbonnier, un trappeur français, qui veillent au bon déroulement du voyage. Leur aide va s’avérer indispensable car il peut prendre jusqu’à six mois.
Mon avis : Les étals des librairies sont largement remplis de BD western en ce moment. Le genre est indémodable et ne cesse de s’adapter à l’air du temps. Le cow-boy y est parfois remplacé par un croque-mort ou par un journaliste et parfois aussi par une femme…
La Piste de l'Orégon, avec Eric Corbeyran au scénario, relate la grande traversée d'Est en Ouest de personnes que l’on peut qualifier d’aventuriers laissant derrière eux une vie qu'ils fuient en espérant vivre ensuite des jours meilleurs.
L’album met l'accent sur l’aspect "road movie" d’une histoire dans laquelle les personnages, héros comme anti-héros, se côtoient du mieux qu'ils peuvent, en tout cas pour certains. Car il y avait de tout parmi les colons, du bon comme ces jeunes couples pour qui le but est de bâtir leur vie dans cette nouvelle Amérique, mais aussi du moins bon comme des truands, des arnaqueurs, des violeurs, etc. qui partaient sans doute aussi vers de nouveaux horizons mais sans réelle volonté de changer de mode de vie. Le Capitaine Patterson, épaulé par le trappeur français Pierre Charbonnier et l'indienne Wakanda, est chargé de mener à bien cette mission où les guettent bien des dangers.
Un récit avec beaucoup de matière donc, au point que l’on a vraiment l'impression de faire le voyage avec les colons, de s’émerveiller devant la beauté de certains paysages mais aussi de s’inquiéter au moindre danger. L’album en évoque quelques-uns comme les attaques de brigands ou de bandits de grand chemin mais aussi de groupes d’indiens belliqueux ainsi que le harcèlement sexuel et les tentatives de viol au sein même du convoi ou les propos racistes de certains colons…
Heureusement, il y a aussi du positif comme les élans de solidarité entre membres du groupe en cas de difficultés, de la persévérance et beaucoup de courage.Les dessins de Jean-Marc Krings illustrent parfaitement la réalité d’une telle aventure. On notera toutefois que le dessinateur avec son trait bien à lui y souligne plutôt l’aspect positif et agréable en laissant au second plan le côté trop sombre de certains événements. Les personnages charismatiques évoluent dans de beaux décors et paysages. Le découpage très dynamique accompagne une belle narration visuelle.
Les couleurs de Vera Daviet donnent aussi de l'énergie et mettent encore un peu plus en valeur le dessin de Jean-Marc Krings. Même si on peut regretter, sans doute à cause de l'impression, que les couleurs sont parfois un rien trop sombres sur les scènes de nuit, elles n'enlèvent en rien la bonne énergie qui se dégage de l'album.Existe aussi en version luxe des éditions BDMust à tirage limité sous la forme d’un album cartonné N&B à dos toilé brun, avec une couverture couleur inédite, un cahier graphique de 8 pages et trois ex-libris.
SDJuan
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WESTERN LOVE 2
- Par asbl-creabulles
- Le 19/09/2024
Tome 2 - Noël en famille
Scénario : Augustin LEBON
Dessin : Augustin LEBON
Couleurs : Augustin LEBON
Dépot légal : août 2024
Editeur : Soleil Productions
Collection : Aventure
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-302-09976-0
Nombre de pages : 56Profitant d’une vie pleine d’insouciance, Molly et Gentil rêvent de partir s’installer en Californie. Mais pour le moment, ils n'ont qu'une idée en tête : profiter au maximum de l'agent de leurs braquages. Arrive alors ce qui devait arriver. Ils finissent par être rattrapés par les représentants de la loi et ne doivent leur salut qu’en soudoyant les hommes du shérif. La fuite est leur seule issue. Sur leur route, à l’orée d’un bois, ils entendent les cris d'un bébé et décident d'aller jeter un coup d'œil. Ils tombent sur une scène horrible, un bébé en pleurs, seul près de sa mère étendue au sol dans la neige, tuée par balle. Ils récupèrent le bébé et alors que Molly vient de trouver une photo laissant supposer qu’il aurait de la famille à Kingston, quatre cavaliers surgissent annonçant que l’enfant est à eux. La réaction est immédiate. Ils abattent trois des hommes tandis que le dernier prend la fuite. Si le danger reste bien réel, Molly et Gentil décident malgré tout de se mettre en route vers Kingston pour retrouver la famille du bébé. Alors que les problèmes vont de nouveau les rattraper, mettant (provisoirement) fin à leur rêve de Californie, la question d'avoir ou non des enfants va vite prendre le dessus.
Mon avis : Comme dans le premier tome, les événements s’enchaînent rapidement et la tension va crescendo donnant au récit un rythme soutenu. Augustin Lebon alterne les passages plus durs ou violents comme la découverte du bébé près du cadavre de sa mère ou l’arrivée des bandits sanguinaires avec des moments plus drôles ou tendres voire de réflexion durant lesquels nos deux amoureux se posent bien des questions.
Une ambiance agréable se dégage de l’album faisant passer au second plan la dureté et la noirceur de l'époque.Pareil côté dessin et couleurs, c'est bourré d'énergie !
L’album mélange habilement les pages pleines de tendresse ou drôles de nos deux tourtereaux, les paysages bien fournis et décors de toutes sortes d’où ressortent plusieurs cases ou pages beaucoup plus spectaculaires en particulier sur les scènes d'action bien maîtrisées.Western Love, un titre que l'on va aimer.
SDJuan
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G.I. GAY
- Par asbl-creabulles
- Le 14/09/2024
Scénario : ALCANTE
Dessin : Juan Bernardo MUÑOZ SERRANO
Couleurs : MUÑOZ SERRANO
Dépot légal : septembre 2024
Editeur : DUPUIS
Collection : Air Libre
Grand format
EAN/ISBN : 979-10-34747-38-2
Nombre de pages : 130En réponse à l'attaque surprise de l'armée japonaise contre la base américaine de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, le président Franklin Delano Roosevelt engage les États-Unis dans la Deuxième guerre mondiale. À l'hôpital de San Diego, le psychiatre Alan Cole, qui bénéficie pourtant d'une exemption de conscription, a choisit sous la pression de son futur beau-père de s'engager dans l'armée américaine. Il sera cependant à l'abri du front car son rôle se limitera à "filtrer" les nouvelles recrues. Il devra écarter tous ceux qui pourraient poser des problèmes ou avoir un comportement inadéquat dans l'armée, les délinquants de toutes sortes, les criminels, les alcooliques, les dépressifs mais aussi les homosexuels au prétexte que ce sont des malades mentaux et que leur différence pourrait être contagieuse et se propager parmi les soldats. Mais alors qu'il examine Merle Gore, un jeune homme enthousiaste à l'idée de combattre pour son pays, quelque chose se déclenche chez le psy. Il découvre qu'il ressent une attirance pour ce futur jeune soldat. Alan Cole va devoir accepter son attirance pour les hommes. Il va découvrir progressivement un autre monde qu'il ignorait complètement et doit accepter que sa vie qu'il pensait toute tracée en sera totalement bouleversée.
Mon avis : Alcante, après son succès avec La Bombe en 2020 aux côtés de Laurent-Frédéric Bollée au scénario et Denis Rodier au dessin, nous revient aujourd'hui avec un sujet peu traité en BD qu'il aborde de manière simple et naturelle sans tomber dans le militantisme.
L'approche des faits et la narration s'appuient sur un gros travail de recherche documentaire. Jusqu'à l'abrogation de la loi « Don't Ask, Don't Tell » par le président Barack Obama en 2011, révéler son homosexualité dans les rangs de l'armée américaine était proscrit. Outre le rejet, tout soldat pouvait même être emprisonné comme un criminel ou être victime de lynchage puisque considéré comme un moins que rien, comme une personne méprisable, comme un malade mental voire un monstre dont il faut se débarrasser au plus vite afin d'éviter qu'une armée virile, forte, saine, obéissante et disciplinée par définition ne soit contaminée.
Le personnage du jeune psy est au centre du récit, en particulier son évolution et sa prise de conscience de sa différence sur une question qui demeure pour beaucoup une grande difficulté à assumer. Aujourd'hui encore, l'homosexualité reste un sujet polémique. Elle n'est pas aussi bien perçue qu'on voudrait le faire croire comme en témoignent les faits graves relatés aux infos mais aussi certaines réflexions ou remarques homophobes entendues dans la rue ou véhiculées par les réseaux sociaux et, surtout, qui demeurent bien ancrées dans nos mœursCôté dessin, Juan Bernardo Muñoz Serrano illustre cet album de manière très agréable.
Un trait plutôt réaliste, précis, soigné et élégant qui va à l'essentiel. Il transmet par les visages et les regards juste ce qu'il faut des émotions des personnages mais aussi de la froideur ou de la dureté des événements qui, ne l'oublions pas, se déroulent en période de guerre.
Le découpage se révèle efficace avec des cases sans contour, simplement délimitées par la couleur.
À noter diverses pauses visuelles sur certaines scènes où il arrive à capter le regard du lecteur.
Dans cet album marqué par un bel équilibre des planches, le dessinateur transcrit bien la discrétion qui était alors le maître mot pour passer inaperçu ou le soutien des uns et des autres pour ne pas éveiller l'attention au risque d'être rejeté voire lynché par ses propres camarades ou amis de guerre.
De belles couleurs ajoutent encore plus de lisibilité à la narration visuelle déjà bien réussie. Un album fort et efficace qui a toute sa place dans la belle collection Aire Libre des éditions Dupuis. Voir aussi l'album avec Jacquette et Ex-Libris encarté du tirage limité.
SDJuan
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DEADPOOL & WOLVERINE
- Par asbl-creabulles
- Le 03/08/2024
Synopsis officiel : Après avoir échoué à rejoindre l’équipe des Avengers, Wade Wilson passe d’un petit boulot à un autre sans vraiment trouver sa voie. Jusqu’au jour où un haut gradé du Tribunal des Variations Anachroniques lui propose une mission digne de lui… à condition de voir son monde et tous ceux qu’il aime être anéantis.
Refusant catégoriquement, Wade endosse de nouveau le costume de Deadpool et tente de convaincre Wolverine de l’aider à sauver son univers…Mon avis : Même s'il ne faut pas trop s'attendre à un scénario compliqué et obscur qui perd le spectateur, le film vise un public déjà familier avec l’univers Marvel. En effet, sans en avoir l’air il évoque au tournant d'un monologue, d'une image ou d'une scène plusieurs films des Studios Marvel ou d’autres franchises ayant utilisé les personnages Marvel. On y retrouve pas mal de références aux séries proposées sur Disney+ (cf. Loki…) et il mentionne différentes étapes importantes et marquantes de la vie de Wolverine tels que Age of Apocalypse, Les Maraudeurs, Weapon X, etc.. Il fait allusion à plusieurs couvertures mythiques ainsi qu’aux problèmes entre Marvel Studios et la 20th century Fox, et notamment la récupération par la franchise Disney de tous les droits sur les X-Men et autres personnages. Les noms de certains créateurs originaux apparaissent furtivement sur l’enseigne d’un magasin, etc., etc. Le film est aussi l’occasion de revoir des personnages de cinéma un peu tombés dans l’oubli comme Blade, Wesley Snipes qui n'avait plus revêtu le costume du chasseur de vampire depuis 20 ans, ou Elektra, disparue du grand écran depuis 19 ans, etc.
Tout cela a été rendu possible grâce aux nombreux monologues de Deadpool (Ryan Reynolds) et au Tribunal des Variations Anachroniques qui lui a permis de voyager à travers le multivers en nous donnant l’occasion de voir les différentes versions de Wolverine. A souligner que c'est la onzième apparition du personnage interprêté par Hugh Jackman.
En fait, les deux personnages s’étaient déjà rencontrés dans le film X-Men: Origines : Wolverine sorti en 2009 où on avait pu voir ou apercevoir une pauvre, pour ne pas dire insignifiante, copie de Deadpool ce personnage créé en 1991 par le scénariste Fabian Nicieza et le dessinateur Rob Liefeld.
En revanche, dès l’arrivée sur les écrans du premier volet cinématographique de Deadpool en 2016 tout a changé. On est passé à du 100 % déjanté.
Ce troisième volet est le meilleur à mes yeux. On rigole, on est surpris certains diront choqué car l’humour potache est plutôt sarcastique, souvent salace voire trivial… mais on est là pour s’amuser. Si l’ensemble est délirant, il offre toutefois quelques moments plus captivants. À noter que si le film est interdit aux moins de 12 ans en France, il monte à 16 ans en Belgique !!!
e troisième volet ne peut que faire plaisir aux véritables lecteurs de comics rien que par les costumes de Deadpool évidemment, mais aussi celui de Wolverine bien plus classique que celui des précédents films. Cela dit, il plaira aussi à ceux qui ne connaissent le personnage qu’à travers ses films. Et c’est peut-être l’occasion de le découvrir car il y a (peut-être ?) bien plus de Deadpool dans le comics (cf. Deadpool Corps et autres récits déjantés).
Deadpool & Wolverine
Directeur: Shawn Levy
Scénariste Shawn Levy, Paul Wrnick, Zeb Wells et Ryan Reynold
D'après les personnages créés par Fabian Nicieza et Rob Liefeld
Durée: 127
Genre: Action, Comédie, Science Fiction, Super Héros
Date de sortie: 24 juillet 2024
Deadpool & Wolverine est un film réalisé par Shawn Levy avec Ryan Reynolds, Hugh Jackman, Emma Corrin, Morena Baccarin, Stefan Kapicic, ...SDJuan
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MP - Police Militaire
- Par asbl-creabulles
- Le 29/07/2024
Scénario : CHACMA
Dessin : Iñaki HOLGADO
Couleurs : Léa CHRÉTIEN
Storyboard : MARKO
Dépot légal : mai 2024
Editeur :
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-8082-1122-2
Nombre de pages : 72Juin 1944, le débarquement allié en Normandie est un succès et se poursuit après la phase d’assaut du 6 juin. Les Français accueillent leurs libérateurs avec joie… mais dans les jours qui suivent plusieurs femmes sont retrouvées mortes, souvent violées, parfois victimes de massacres d’une cruauté inouïe. Sur base des informations remontées, le quartier général ordonne une enquête. Le sergent Howard Cox, ex-policier new yorkais alors aux arrêts, est appelé par son capitaine. Il va reprendre du service en tant que MP. Il est chargé d’enquêter sur des meurtres de femmes qui, d’après les premiers indices, seraient l'œuvre de GI. Cette hypothèse est vite confirmée car certains bataillons du débarquement étaient composés d’anciens détenus utilisés en première ligne. Pour cette mission, il sera assisté par le lieutenant Sarah Baynes des affaires civiles qui assurera la liaison avec les autorités françaises et secondé par l’officier allemand Wilhelm Reiter qui était en charge de la région pendant l’occupation nazie. Du coup, le danger peut surgir de toute part et plus seulement du camp ennemi allemand.
Mon avis : L’année 2024 a commémoré le 80e anniversaire du débarquement des forces alliées venues sauver l'Europe continentale de l'invasion nazie, occasion pour nous, lecteurs, de découvrir ou redécouvrir diverses séries et/ou albums traitant de la Seconde Guerre mondiale, de l’Opération Overlord, du massacre d’Oradour-sur-Glane, des Compagnons de la Libération, de l’Armée de l’Ombre, du général de Gaulle, de l’aviation lors du D-Day, etc. Ce moment crucial de notre histoire a été décisif pour notre avenir et ne doit pas tomber dans l’oubli. En revanche, certains événements graves et actes de cruauté ont été passés sous silence. En effet, on sait moins que certains soldats US ont abusé de jeunes françaises, les ont violées ou tuées. Mais d’autres crimes plus sauvages ont également été perpétrés. Mêlant faits historiques et fiction, Chacma (également scénariste de Deuxième Bureau illustré par Brice Goepfert chez Kennes) a choisi de nous raconter ces faits. Il nous explique comment un membre de la Police Militaire alliée va devoir faire équipe avec un sous-officier allemand pour mener l’enquête, alliance improbable mais nécessaire pour des raisons d’efficacité. Sachant que l'armée américaine avait recruté des crapules et autres condamnés à de lourdes peines de prison pour débarquer en tête de peloton, le pire pouvait donc être prévisible de la part de survivants au débarquement.
Au fil du récit nos deux soldats vont réussir à s’entendre pour mener à bien leur mission et même nouer une certaine amitié.
Chacma maintient l’intérêt en introduisant divers événements imprévus ou inattendus jusqu’à un final insoupçonné.
Si l’enquête constitue une intrigue bien menée, l’album comporte aussi un volet documentaire très intéressant dans ses 7 pages de suppléments.Pour la partie graphique, le dessinateur basque espagnol Iñaki Holgado nous offre, sur un storyboard de Marko, un album bien construit avec une belle narration visuelle et des personnages charismatiques, qui servent bien le scénario.
La mise en scène est agréable et l’abondance de détails tant sur les décors, les uniformes et costumes, les divers véhicules que sur les armes témoigne d’un gros travail de recherche documentaire. Soyez attentifs car certains de ces détails qui pourraient sembler mineurs, voire insignifiants, sont expliqués dans les suppléments et prennent du coup tout leur sens.
Les flashbacks sont bien différenciés par la coloriste Léa Chrétien qui réalise une mise en couleur sobre tout à fait appropriée.SDJuan
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TITANS
- Par asbl-creabulles
- Le 18/07/2024
Tome 1 - Iris
Scénario : Olivier PERU
Dessin : LACI
Couleurs : Arif PRIANTO
Dépot légal : mai 2024
Editeur : Oxymore éditions
Collection : Gene
Grand format
ISBN : 9782385610456
Nombre de pages : 56Fille du roi Dienekes, Iris est une guerrière toutes catégories, admirée et reconnue pour sa force et sa bravoure. Pour tous les Spartiates, elle est Iris, l’invaincue. Une nouvelle fois, les Spartiates s'apprêtent à participer aux jeux isthmiques à Corinthe, des olympiades qui constituent une sorte d'affrontement pacifique, bien loin de la guerre. Cette rivalité avec les Athéniens ne date pas d'hier. Durant le trajet vers Corinthe, Iris sent qu'il se passe quelque chose d’anormal. Sur place, leurs rois Dienekes et Astinos annoncent aux compétiteurs que cette année il a été convenu avec les Athéniens que l’épreuve du pancrace décidera de l’avenir de l’île d’Hydrea. Si Iris perd, l’île sera rendue à Athènes. Mais pour le moment, Iris est surtout préoccupée par la présence d’un guerrier hors normes dans l’équipe des Athéniens. Pas seulement par sa taille mais surtout par sa force. Elle sait qu’aucune défaite de sa part ne sera admise et si cela devait arriver elle serait aussitôt rejetée et exilée. Après avoir vu le colosse combattre, elle pense encore être en mesure de le vaincre non pas par la force, mais par la précision de ses coups, l’agilité et la ruse. Et pourtant...
Mon avis: Qui n’a pas souvenir de la venue de Zeus parmi les mortels ? Fils des titans Chronos et Rhéa, celui qui va devenir le roi des dieux, est omniprésent dans la mythologie gréco-romaine mais plus proche de nous, le cinéma a mis en scène sa venue chez les mortels dans des films comme Le Choc des Titans (2010) et La Colère des Titans (2012), sans oublier ses innombrables apparitions dans les comics Marvel, DC et autres éditeurs, ainsi que dans la BD franco-belge. Sur un sujet maintes fois raconté ou adapté, Olivier Peru parvient grâce à une approche originale à nous proposer un récit agréable, rythmé et ponctué de divers rebondissements. Il situe l’action dans l’univers des Spartiates, réputés guerriers puissants, terribles et impitoyables, mais aussi dans le cadre de leur entraînement au combat et, cette fois, c’est une guerrière, Iris, qui va se trouver au centre de l’aventure. À ses côtés, nous allons vivre son apogée puis sa descente aux enfers. Olivier Peru introduit habilement diverses péripéties inattendues pour faire durer le plaisir jusqu’à la dernière page même si on devine rapidement que l’affrontement aura bien lieu. Il réussit à nous tenir en haleine même si je trouve que cette puissante guerrière au mental d’acier s’est momentanément laissée trop facilement abattre psychologiquement. L’histoire d’Iris avait assez de matière pour être développée en deux tomes.
Désormais passé à la tablette graphique, le dessinateur serbe Laci nous régale d’un dessin toujours aussi bon. Il n’a pas perdu la main pour donner autant d’énergie à ses pages, à ses cases. Les personnages sont bien trouvés et clairement identifiables, les décors bien travaillés, les combats titanesques et très musclés.Les couleurs d’Arif Prianto donnent une belle visibilité à l’album. Recherches graphiques et explicativess des principaux personnages en fin d'album.
Premier tome réussi d’une mini-série annoncée en quatre tomes parue chez Oxymore, la nouvelle maison d’édition créée par l’homme d’affaires Mourad Boudjellal, fondateur des éditions Soleil en 1989 et acteur de la relance des éditions Futuropolis en 2004. Un univers fascinant dû à Jean-Luc Istin et Sébastien Grenier à qui on souhaite la même longévité que les séries Elfes, Orcs et Gobelins, Nains ou Mages, etc.
SDJuan
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ZORRO d'entre les morts
- Par asbl-creabulles
- Le 12/07/2024
Zorro : d'entre les morts
Scénario : Sean MURPHY
Dessin : Sean MURPHY
Couleurs : Simon GOUGH
Encrage : Sean MURPHY
Préface de Mathieu LAUFFRAY
Dépot légal : Juin 2024
Editeur : Urban Comics
Collection : Urban Indies
Grand format
ISBN : 9791026826101
Nombre de pages : 95Si la ville mexicaine de La Vega célèbre El Dia de los Muertos en l’honneur de tous les défunts, elle honore aussi la mémoire du sauveur de ce lieu mythique, le célèbre justicier masqué qui signe son nom à la pointe de l’épée d’un Z qui veut dire Zorro. Les temps ont bien changé depuis lors. Désormais, c’est un cartel dirigé par El Rojo qui tient la ville tout entière. Pire, lors des célébrations du 180e anniversaire du héros disparu, El Rojo et ses hommes de main qui n’apprécient pas du tout ces manifestations populaires n’ont pas hésité à assassiner l’acteur jouant le rôle d’El Zorro devant les yeux de ses enfants, Diego et sa petite sœur Rosa qui depuis ce jour funeste ont vécu un destin séparé. Tandis que Rosa a travaillé pour le cartel, Diego qui à la suite de ce choc psychologique n’a plus parlé a été recueilli par Alejandro qui lui a appris l'escrime. Mais vingt ans plus tard, c’est au tour d'Alejandro d'être tué par le cartel. Cette mort va agir comme un révélateur pour Diego. Alors qu’Alejandro a juste eu le temps de lui transmettre la véritable épée de Zorro qui, dit-on, contiendrait son esprit, Diego décide de reprendre le flambeau et la personnalité d’El Zorro afin d'instaurer la justice et l'espoir à La Vega. Mais face au cartel, il va avoir besoin de toute l'aide qu’il peut obtenir, celle de Tornado son destrier, celle de Bandido un renard qu'il a élevé, celle d’El Cementerio un ancien tueur, celle d’un prêtre, et évidemment celle de sa sœur Rosa.
Mon avis : Créé par Johnston McCulley, le personnage de Zorro qui a inspiré Batman a fêté ses 100 ans en 2019. Aujourd’hui, c’est le scénariste, dessinateur et encreur Sean Murphy qui s’attaque à ce mythe. Auteur très apprécié, Sean Murphy a travaillé avec les plus grands scénaristes comme Grant Morrison, Mark Millar ou Scott Snyder notamment sur "American Vampire" ou "The Wake". Il a aussi porté seul avec talent "Off Road" et "Punk Rock Jesus" et a relevé le défi d’écrire la série "Batman White Knight" dans laquelle il n’hésite pas à inverser les rôles du Joker et du Batman.
Passionné d'histoire, élevé dans la religion catholique avant de devenir athée, Murphy reprend le flambeau pour nous proposer sa version 21e siècle d’El Zorro et de son héritage. Il s'est approprié avec brio le personnage de Zorro et nous propose un récit crédible bien qu’opposant deux époques très différentes, le temps de la cape et de l'épée et l’époque moderne des armes à feu du Cartel. Soulignant leurs points communs − la religion et la spiritualité, la quête de justice ou l’espoir d’un avenir meilleur − Sean Murphy peut dès lors développer les thèmes qui lui sont chers, la vengeance, la justice, l’espérance des pauvres et des opprimés ici confrontés aux tueurs sanguinaires du cartel mexicain, en somme tout ce que Zorro symbolise. Tout est réuni pour raviver les passions autour de ce personnage de la pop culture au point qu’on pourrait penser qu’il attendait que l'auteur le prenne en main.
Côté dessin, on est frappé par la dynamique du trait, les mises en scènes de toute beauté, l’aspect cinématographique du récit grâce à un encrage fort qui met en valeur la lumière. Un travail soigné et détaillé, riche en personnages et décors, dans un style qui puise dans le comics évidemment, mais dans lequel on sent une influence franco-belge et même du manga. Un subtil mélange qui sert parfaitement la narration. Les splashs (pleines pages) sont de toute beauté. Beau travail sur les couleurs qui servent parfaitement l'atmosphère de l'album en préservant la luminosité du dessin. La version N&B souligne la finesse des détails et permet d’apprécier le travail du dessinateur (également disponible en version Librairie Pulp’s sans les textes avec print exclusif signé par l’auteur).
Ne pas rater les bonus en fin d'album dont une postface de Mathieu Lauffray et 18 pages de variant covers réalisées entre autres par Adam Hugues, Joe Quesada, Lee Bermejo, Matteo Scalera, Dan Brereton, Dustin Nguyen, Walt Simonson…
Un récit en 4 chapitres à dévorer… pendant les vacances d’été.
SDJuan