Créabulles, Expositions, Dédicaces, Rencontres.

Chroniques

Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture. 

  • LA FAUNE SYMBOLIQUE T1

    Faune symbolique 1Tome 1 . Renard rusé
    Scénario : Jean-Claude SERVAIS
    Dessin : Jean-Claude SERVAIS

    Couleurs : RAIVES
    Préface : Tanguy DUMORTIER
    Dépot légal : Octobre 2023
    Editeur : Dupuis
    Grand format
    EAN/ISBN : 978-2-8085-0273-3
    Nombre de pages : 80

    Comme le Beaujolais qui arrive, le Servais nouveau, lui est déjà là.
    Ce Renard Rusé est le premier album d’un nouveau cycle qui sera consacré aux animaux sauvages proches de nous.
    Ce n’est pas un long récit mais plusieurs histoires courtes.
    12 exactement de pagination différente, de 2 à 11 pages.Faune symbolique renard ruse plache animal totemFaune symbolique 1 le renardElles ont pour acteur principal, le renard évidemment qui parcourt des récits légendaires, des contes de fée, des comptines…
    Juliette est aussi plus longuement présente dans des rôles différents ainsi qu’Arnaud le vagabond qui vit en symbiose avec la nature.
    Certaines de ces histoires mises en images sont nées en Afrique, en terre amérindienne, au Japon, en Chine et plus près, en France.
    Ce qui les pare d’une universalité bienvenue.
    Évidemment, les personnages n’ont pas le temps d’émouvoir le lecteur comme dans les longs récits habituels de Jean-Claude Servais.
    Mais dans ce livre, la nature y est si belle.
    La forêt, les sous-bois, les clairières sont si réels qu’ils donnent envie de s’y promener et de s’enivrer de leurs senteurs.Faune symbolique renard ruse plancheQue dire de la faune? Servais se serait-il encore surpassé?
    Mais les yeux de son (ses) renard(s) sont si vivants, si pénétrants.
    Les autres animaux ne sont pas en reste. Quelle beauté ils dégagent. Leur plumage, leur pelage semblent réels.
    Un regret quand même, que s’est-il passé à la page 47? Une distraction?
    Je pense qu’à la case 7, les oreilles du renard devaient rester droites. Ici elles tombent trop et on dirait un chien.
    J’avoue aussi que je n’ai pas pu lire le texte d’Adrien de Prémorel (trop daté pour moi) qui termine en postface ce magnifique album.
     

    MDestrée

  • ARROWSMITH Intégrale cycle 1

    Arrowsmith 1 couvArrowsmith tome 1 edition collectorCoup de coeurTome 1 - Si élégants dans leurs jolis uniformes
    Scénario : Kurt BUSIEK
    Dessin : Carlos PACHECO
    Couleurs : Alex SINCLAIR
    Encrage : Jesús MERINO
    Couverture : Carlos PACHECO, Rafa FONTERIZ et José VILLARUBIA
    Dépot légal : Novembre 2023
    Editeur : Delcourt
    Collection : Contrebande
    Format comics
    EAN/ISBN : 978-2-413-08028-2
    Nombre de pages : 210

    L’assassinat de François-Ferdinand à Sarajevo en juin 1914 va enclencher la Première Guerre mondiale. Très vite, l'Europe va se retrouver à feu et à sang et l'Amérique finira par s’engager dans le conflit. En avril 1915, à Herbertsville dans le Connecticut, États-Unis de Columbia, le jeune Fletcher Arrowsmith ne rêve que d’une chose, aller se battre aux côtés des Alliés. Il est littéralement fasciné par les affiches placardées par l’Unité d’élite aérienne. Un jour, il croise des soldats de l'Unité avec qui il échange quelques mots qui le confortent dans sa décision. Il n'en démord plus. Il veut, il doit s'engager dans cette unité d'élite basée dans la ville voisine d’Acadia quel qu’en soit le prix, contre la volonté de son père Martin Arrowsmith, forgeron de métier, qui a des idées bien arrêtées à propos de la guerre, et contre l'avis de son ami Rocky, un troll de pierre, qui ne cesse de lui dire qu'il n'y a rien de noble dans la guerre. Fletcher quitte le domicile familial en vue de rejoindre Acadia avec son ami Jonathan Kerry. Leur but : apprendre à voler, apprendre la magie, se battre pour une bonne cause. Au départ, Fletcher se réjouit d'apprendre à voler avec les dragons grâce à la magie. C’est un élève sérieux, concentré et prometteur. Il rencontre la jeune Grace avec qui il compte bien faire sa vie. Elle, en tant que conductrice d’ambulance volontaire, et lui en tant que combattant aérien iront sur le champ de bataille où ils seront assez vite confrontés à la dure réalité de la guerre et au coût humain à payer pour aider les amis de Gallia et de Lotharingia contre les agressions de l’ennemi de Prussia, Bavaria, Swabia et Tyrolia Hungary. Arrowsmith comicraft

    Mon avis : Disons-le tout de suite, voilà une magnifique série même s’il aura fallu attendre 20 ans pour en connaître la suite puisqu’elle a été publiée (en VF) en 2004 par les Éditions USA dans deux albums regroupant chacun trois épisodes de la version US (une "intégrale" regroupant ces deux albums a également été publiée en 2005 par les Éditions USA).
    Aujourd’hui, c’est Delcourt qui nous propose une réédition enrichie de cette même intégrale contenant les 6 épisodes d’Arrowsmith plus un récit de 8 planches paru initialement dans Astro City / Arrowsmith flipbook. L’album contient également une postface de Kurt Busiek, un cahier de 28 pages présentant le monde et les protagonistes de l’aventure, une galerie de couvertures (7 pages) et enfin 4 pages montrant les différentes étapes de la réalisation des dessins. Pour être complet, notons que Delcourt propose une édition spéciale limitée, avec couverture variante, de cette même intégrale en collaboration avec Central Comics et Excalibur Comics.Arrowsmith int page 2Je me rappelle qu'à l'époque j'avais adoré cette histoire. À sa relecture aujourd'hui, la BD n'a vraiment rien perdu de sa superbe. Le récit s’appuie sur un scénario solide et l’intrigue est superbement bien amenée. Le mélange histoire, fiction et magie fonctionne à merveille. Dans cette uchronie, la magie remplace en quelque sorte notre évolution mécanique, technologique et nucléaire, le tout très naturellement, tout comme la présence des créatures de nos mythes et légendes. Fletcher, notre sympathique héros, va découvrir la discipline, l'entraide, la solidarité, l'amitié et même l'amour mais aussi les horreurs de la Grande Guerre qui nous sont rapidement dévoilées au fil du récit.
    La qualité de l’écriture est bien au rendez-vous et il n’y a rien d'étonnant à cela puisque le scénariste n'est autre que le grand Kurt Busiek, l’un des meilleurs scénaristes US. Busiek a déjà travaillé avec Carlos Pacheco sur "Avengers Forever", un autre petit chef-d'œuvre de ces deux auteurs, mais aussi avec Alex Ross pour nous offrir "Marvels", et il nous a régalé avec bien d'autres séries, notamment Astro City. Autant de preuves du talent du scénariste et d’un travail largement documenté.
    Arrowsmith1 pageLes dessins de Carlos Pacheco font mouche, clairs, limpides, élégants, fluides et en même temps bourrés d'énergie… et bien qu'on le connaisse davantage par son travail sur l'univers des comics de super héros, avec Arrowsmith Carlos Pacheco est au sommet de son art. Les décors sont somptueux et bien détaillés, tout comme les différents costumes d'époque.
    Le travail sur la mise en scène des apprentissages des futurs "aériens" est de toute beauté. La dureté et les horreurs de la guerre sont également bien exprimées graphiquement ainsi que la folie humaine.
    Bien qu'ils n'aient jamais arrêté de travailler pour le marché américain du comics, Busiek et Pacheco avaient à cœur de terminer cette magnifique série, encore plus après avoir entendu dans un épisode de la série télévisée The Big Bang Theory un libraire et Neil Gayman en dire beaucoup de bien.
    Cette création personnelle va donc (enfin) connaître son dénouement en français dans les mois qui viennent (à noter qu’en Espagne, l’intégrale 2 en castillan est déjà disponible).
    Fait marquant, le regretté Carlos Pacheco, dans son testament, a demandé que ses cendres soient incorporées à l’encre ayant servi à imprimer cette seconde intégrale (oui, c’est possible en Espagne !).

    Vous l'aurez compris, cette série est un incontournable de la BD, et le fait d’avoir dû patienter vingt ans pour lire la suite ne change rien à mon jugement.Arrowsmith decorsC'est vraiment du très bon et c’est une chance pour nous lecteurs que Carlos Pacheco ait pu la terminer avant de s'en aller vers d'autres cieux le 9 novembre 2022. J'espère qu'il repose en paix.
    Depuis sa mort, plusieurs hommages lui ont été rendus à travers toute l'Espagne. Créabulles a tenu également à saluer ce grand dessinateur et lui témoigner son admiration en présentant à la Galerie Passerelle Louise du 27 octobre au 11 novembre une vingtaine de dessins hommages réalisés par des auteurs amis ou confrères l’ayant côtoyé ou appréciant beaucoup son travail (voir le lien en cliquant sur l'image ci-dessous). 
    À noter que le bénéfice de ces ventes sera versé à l’Association européenne contre les leucodystrophies, des maladies génétiques rares comme la maladie de Charcot qui a emporté Carlos Pacheco bien trop tôt. 

    SDJuan

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  • Sigi

    SigiCoup de coeurTome 1 - Opération Brünnhilde
    Scénario : Erik ARNOUX
    Dessin : David MORANCHO
    Couleurs : David MORANCHO
    Storyboard : Erik ARNOUX
    Dépot légal : Août 2023
    Editeur :
    Editions glenat logo
    Grand format
    EAN/ISBN : 978-2-344-03550-4
    Nombre de pages : 62

    Allemagne, fin des années 20. Sigi, de son vrai nom Sigrid Hässler, est pilote de course professionnelle, métier alors quasi réservé aux hommes. Malheureusement pour elle, lors d’une course sur le circuit du Nürburgring, un accident coûte la vie à un pilote. Non seulement elle se retrouve accusée et exclue à vie des courses automobiles, mais tous ceux qui la soutenaient jusque-là vont lui tourner le dos. Qu’à cela ne tienne ! Elle annonce sa décision d’entreprendre un tour du monde en voiture, moyen pour elle de démontrer que les femmes sont capables de faire aussi bien que les hommes. Mais là encore un obstacle va se dresser sur son chemin. Sa famille pourtant fortunée lui refuse tout soutien financier jugeant son idée totalement folle. Les semaines d’échecs et de désillusions se succèdent et Sigi est au bord du découragement quand, enfin, une ancienne copine d’école lui propose de rencontrer son amant, un certain Herr Geyer qui va rapidement financer son projet avec ses associés. L’expédition Sigrid Hässler est désormais sur les rails. Elle doit démarrer aux États-Unis. L’équipe a présent constituée rejoint le port du Havre pour embarquer à bord du paquebot Île-de-France pour une traversée de cinq jours à destination de New York. Toute à son bonheur de réaliser son projet, Sigi ne voit pas ce qui  se trame dans son dos. Geyer s’efforce de prendre en main l’expédition allant même jusqu’à éliminer le mécanicien qui devait faire partie du voyage. À quelles fins ? Le temps le dira mais bien d’autres problèmes, souvent de taille, vont se poser mettant des bâtons dans les roues de Sigi alors même qu’elle ignore que son mécène occupe un poste important dans la hiérarchie du parti nazi.Sigi 1 plancheMon avis : L’idée est née du reportage que David Morancho a vu sur la première femme pilote, Clärenore Stinnes, à avoir réalisé un tour du monde en 1927.
    Après avoir soumis une ébauche à Érik Arnoux, le projet a rapidement pris forme, les deux auteurs ayant choisi de modifier les dates et le décor pour nous raconter sous la forme d’une fiction un peu romancée l’histoire d’une femme forte face à un monde sexiste jusque dans sa propre famille.
    Le récit fait la part belle à Sigi, au récit de son aventure et de ses rencontres sur fond d’émancipation féminine mais pas vraiment féministe. Car bien que forte, Sigi s’attire tout un lot de soucis et même de catastrophes mais n’a pas vraiment conscience des véritables motivations d’un nazisme émergeant.
    Un album plein de surprises et de rebondissements bien pensés et bien amenés qui nous fait voyager de Berlin aux States mais qui nous plonge aussi dans la période de la Grande Dépression économique des années 30. Un récit à suspense plutôt captivant… et ce n’est que le premier tome !Sigi planche 2Une nouvelle fois David Morancho nous gâte par son dessin tout en finesse et précision. Déjà dans sa série Sara Lone coproduite avec Érik Arnoux, il nous avait offert une belle immersion dans l’Amérique des années 50-60 avec ses voitures si typiques et ses décors fascinants.
    vec Sigi, il nous entraîne dans les années 20-30 d’une manière tout aussi spectaculaire.
    Sa narration visuelle est riche et efficace.
    Pour les personnages dont certains sont de vraies figures historiques, tous bien mis en situation mais et surtout pour les regards, autant chez Sigi et son amie que chez les autres personnages qu’ils soient importants ou secondaires.
    Pour les ambiances bien sûr, pour les décors aussi et ils sont nombreux, bateaux, voitures, environnements urbains d’époque, paysages naturels des lieux évoqués (Berlin et États-Unis).
    Tout est précis, détaillé, efficace.
    On sent que les illustrations s’appuient sur un immense travail de recherche documentaire.
    Le tout bénéficiant d’une très belle mise en couleurs. Si la couverture accroche le regard, le contenu de l’album vaut tout autant le détour. Encore une série à ne pas rater. Sigi planche 4À noter l’initiative très louable et intéressante de Glénat qui publie en parallèle un tirage N&B grand format avec dos toilé et dossier de 16 pages limité à 1000 exemplaires qui donne vraiment l’occasion d’apprécier tout le talent de David Morancho.Couv gd format n b
    SDJuan

  • CHRONIQUES DIPLOMATIQUES 2

    Chroniques diplomatiques 2Tome 2 - Birmanie 1954
    Scénario : Tristan ROULOT
    Dessin : Christophe SIMON
    Couleurs : Alexandre CARPENTIER
    Dépot légal : septembre 2023
    Editeur :
    Le lombard
    Grand format
    EAN/ISBN : 978-2-8082-0263-3
    Nombre de pages : 54

    Depuis l’album de Corentin dessiné par Christophe Simon, je ne rate plus un seul de ses albums.
    En effet, ce dessinateur a du talent et c’est avec plaisir que j’ai lu ce deuxième volume des Chroniques diplomatiques.
    Après l’Iran pour le premier, le lecteur va découvrir la Birmanie en 1954 au travers des aventures de l’ambassadeur de France, Jean d’Arven et de son ami Jacques.
    Nous les retrouvons à Paris où Jacques essaye de convaincre Jean de remplacer avec satisfaction un ambassadeur malade à Rangoon.
    Sur place, ils rencontreront l’énigmatique Damien Vayssier, un attaché militaire dont ils ne se méfient pas suffisamment.
    Également le premier ministre et le ministre des armées.
    Ainsi qu’une ancienne propriétaire terrienne dépouillée de ses biens depuis l’invasion japonaise et qui veut les récupérer.
    Sans oublier le père Bazin, représentant de l’église catholique et d’autres encore…Chroniques diplomatiques 2 plancheTous ces personnages prennent vie sous la plume du scénariste Tristan Roulot et le pinceau de Christophe Simon pour nous offrir un récit passionnant dans cette Birmanie à la merci de tous.
    En plus de la tournure politique et historique du récit, nos deux auteurs y ajoutent une recherche de coffres chargés de jade et cachés en 1945 par un capitaine japonais sur le sol birman.
    Mais peut-être n’est-ce qu’une histoire enjolivée… qui donne un côté aventurier à ce récit sérieux.
    Christophe Simon est un dessinateur classique dans le bon sens du terme, j’en veux pour preuve ces deux cartes représentées aux pages 6 et 7.
    Pas de numérique ici et le lecteur ainsi est bien ancré dans les années du récit.Chroniques diplomatiques pageMerci.
    Quelle évolution depuis l’écurie Martin.
    Bravo !
    Avant de vous laisser partir trouver une librairie pour vous offrir ce beau livre, j’ajouterai que vous aurez la surprise d’y voir Charlotte Rampling et Noël Roquevert (mais lui je ne peux pas le certifier).
    Bonne lecture.
    Merci Tristan et Christophe, grâce à vous je connais l’histoire de la Birmanie.
    Dans ma chronique, je n’ai pas voulu entrer dans des considérations politiques, militaires et économiques.
    C’est un autre débat dont l’actualité nous prouve sans arrêt que quelques ignobles individus décident de la mort de peuples entiers au nom de leur idéologie, soif de pouvoir, appât du gain et religion.

    M.Destrée

  • LE NOM DE LA ROSE

    Le nom de la roseLivre premier
    Scénario : Milo MANARA
    Dessin : Milo MANARA
    Couleurs : Simona MANARA
    Adaption d'Umberto ECO
    Dépot légal : septembre 2023
    Editeur :
    Editions glenat logo
    Grand format
    EAN/ISBN : 978-2-344-04975-4
    Nombre de pages : 60

    Très belle adaptation par Manara de ce roman très connu depuis le film de Jean-Jacques Annaud.
    Le dessinateur a voulu aussi montrer au travers de ce qui ne semble être qu’une enquête toute la symbolique du roman d’Umberto Ecco.Le nom de la rose plancheLes trois premières pages présentent les recherches de l’écrivain qui l’amèneront à l’élaboration de son œuvre.
    Vient une grande case dans le style gravure puis des dessins didactiques qui situent l’époque avant d’entrer réellement dans la BD.
    La plupart des planches ont des teintes pâles comme effacées par le temps.
    Nous commençons avec des gris et des bruns.
    Guillaume et Adso (l’enquêteur et son assistant), à dos de mulets, sont écrasés par la masse gigantesque qui soutient le monastère, tout aussi impressionnant.
    C’est le moine cellérier tout dodu qui sera le premier présenté.
    Il y en aura d’autres tout aussi inquiétants et impressionnants dans leurs traits, leur allure et leur physique.
    Vue magnifique du domaine sous la neige et protégé par une muraille.Le nom de la rose p12

    Manara tant pour les personnages et les décors a soigné son travail. On perçoit tout le plaisir qu’il a eu à réaliser tous ces dessins.
    Un peu de couleurs dans le cloître.
    Ce travail sur la couleur est vraiment lié aux ambiances et aux lieux visités.
    L’homme est souvent tout petit devant de grands espaces, de grands bâtiments. L’absence des couleurs gaies est un véritable langage signifiant une vie monotone, de privations et de recueillement, écrasée par la grandeur des espaces.
    L’infiniment grand règne dans le monastère.
    Le diable aussi.
    La perversion, la tentation…Le nom de la rose p13Et Manara parvient à installer un climat trouble et inquiétant.
    Le lecteur accompagne vraiment les personnages et souvent, est tout aussi impressionné en tournant les pages.
    Si l’enquête sur les meurtres est le fil conducteur, il se perd dans les phylactères énonçant des paroles ambiguës ou amenant les héros dans des endroits plus interpellants les uns que les autres.
    Mais tout aussi passionnants pour le lecteur qui tout à sa réflexion oublie le fil.
    Il admire, contemple, tressaille, s’interroge…
    Manara utilise d’autres procédés de dessin pour les chromos historiques et les enluminures qui elles sont bien colorées.
    Il a employé également l’outil numérique pour certains effets lumineux.
    Le fantastique semble aussi présent au travers des couloirs sombres et des escaliers menant vers l’inconnu ou des passages secrets aboutissant à la bibliothèque labyrinthique.
    Mais ce monastère si froid, si sombre et peuplé par des êtres voués à Dieu mais marqués par une vie solitaire et rituelle cache aussi d’innommables secrets qui semblent vouloir montrer leurs faces diaboliques au grand jour.
    Guillaume de Baskerville et Adso bravent les interdits pour essayer de comprendre ce qui se cache dans les écrits des moines copistes et les amène à ces actes cruels.
    Ce premier tome se referme sur une apparition dont la nudité divine (sic) subjugue Adso tellement sa beauté est éblouissante.

    M.Destrée

  • BELLATRIX T1

    BellatrixTome 1 - Épisode 1
    Scénario : LEO
    Dessin : LEO
    Couleurs : LEO
    Dépot légal : septembre 2023
    Editeur :
    Dargaud logo
    Collection : Les mondes d'Aldébaran
    Format normal
    EAN/ISBN : 978-2-205-20617-3
    Nombre de pages : 46

    Après nous avoir offert des cycles de 5 ou 6 volumes, Léo se contente de 2 ou 3.
    C’est pourquoi après Neptune voici déjà Bellatrix.
    Manon et Kim sont envoyées sur cette planète par la secrétaire de l’ONU et des représentants d’un peuple d’extra-terrestres pour observer le mode de vie de ses habitants qui semblent vivre comme les premiers colons en Amérique au XIXe siècle… et surveiller cette partie de la population prête à obliger tous les habitants à suivre ses idées rétrogrades.Bellatrix planche 1Comme toujours Leo installe une intrigue captivante et même si elle n’est plus aussi forte que dans les longs cycles, l’envie de découvrir ce qu’il a mijoté est toujours là.
    Et encore une fois, il parvient à ce que le lecteur s’interroge.
    Qui sont ces créatures mystérieuses qui vivent dans les grottes et qui sont totalement indécelables malgré les techniques de surveillance haut de gamme utilisées par les extra- terrestres alliés à l’ONU ?Bellatrix plancheAttention, lecture réservée aux amateurs des Mondes d’Aldébaran.
    Et si vous n’en avez encore lu aucun et que vous aimez la SF, sachez que cette série de 27 albums est une des meilleures en BD.
    Même la meilleure actuellement car il n’y en a plus aucune de ce niveau.
    Aucun film également n’arrive à sa hauteur.
    Elle est tellement riche en jamais vu.
    Quel bonheur de la découvrir seulement aujourd’hui et d’avoir le plaisir de lire ces livres l’un à la suite de l’autre sans devoir subir un suspense intenable.

    M.Destrée

  • WESTERN LOVE T1

    Coup de coeurLebon western loveTome 1 - La teigne et le gentil
    Scénario : Augustin LEBON
    Dessin : Augustin LEBON
    Couleurs : Augustin LEBON
    Dépot légal :  septembre 2023
    Editeur : Soleil
    Grand format
    ISBN : 9782302091641
    Nombre de pages : 56

    Gentil a trouvé refuge au sein d’une bande de hors-la-loi devenue en quelque sorte sa famille vu son passé. Ce jour-là, il est supposé faire du repérage dans la ville de Tucumcari en prévision d'un futur braquage. En réalité, il a surtout remarqué une fille et a tôt fait de la suivre jusqu'au restaurant "La belle irlandaise". Là, il s'installe à table et commence plutôt maladroitement son jeu de séduction. Gentil aimerait changer de vie et se voit même déjà la partager avec Molly quelque part bien loin, le plus loin possible de ses comparses. Il ne cesse de revenir à la charge de manière de plus en plus lourde. Molly qui a du mal à croire qu'il puisse être cow-boy comme il le prétend finit par le chasser du restaurant même si elle n'est pas totalement insensible à son charme. Plus tard, lorsqu'elle recroise le chemin de Gentil elle est même prête à accepter une ballade à cheval… Mais la vérité ne va pas tarder à éclater et cela risque bien de chauffer. Tout commence avec l'arrivée inopinée de Teresa, la fille du chef de la bande, qui s'inquiète de ne pas avoir reçu d'infos de la part de Gentil. Les surprises ne vont pas s'arrêter là dont plusieurs seront de taille !Western love planche 1

    Mon avis : Pour cette nouvelle aventure, Augustin Lebon nous revient en auteur complet : scénariste, dessinateur et coloriste… et on sent qu'il y a pris du plaisir ! 
    Les premières pages sont accrocheuses grâce au héros qui nous fait partager en voix off ses idées, ses envies, son humeur… Cela assure une narration agréable et sympathique d'autant que l'on sent assez vite que les choses ne vont pas se passer comme il l'aurait souhaité : une drague un rien maladroite qui finit par déraper et du coup, on attend de savoir comment Molly va réagir. Mais il y a aussi son passé qui va lui revenir à la figure plus vite que prévu.
    Les deux personnages sont tout de suite attachants : Gentil plutôt maladroit et gaffeur et Molly qui porte bien son surnom de "teigne" mais qui sous son extérieur rugueux a un cœur tendre et honnête… sans oublier des "méchants" bien déterminés à le rester.Western lovre planche autre

    Un premier tome d'une nouvelle série plutôt prometteur.
    Il y a de l'action, de la castagne, des règlements de compte mais on n'est pas à O.K. Corral ni à Tombstone mais plutôt dans un bled poussiéreux où par chance une certaine Molly prépare de bons petits plats.
    Le récit est bien épicé d'un humour piquant, le scénario réserve de nombreux rebondissements, les personnages sont tous charismatiques − certains étant plus attachants que d'autres − avec une belle galerie de gueules westerniennes, l'intrigue est bien ficelée.
    De belles scènes d'action dosées comme il en faut pour réussir un western certes romancé mais fidèle aux codes du genre.
    Les dessins sont dynamiques, parfois décapants, romanesques ou même sexy mais ni trop ni trop peu…
    Et pour un premier essai de mise en couleurs, je n'ai qu'un mot : bravo ! L'ensemble est réussi et donne de l'énergie au récit.

    À lire pour tous les amateurs de western mais pas seulement !

    SDJuan

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  • SPIROU ET FANTASIO PAR ... Yann et Dany

    Spirou et la gorgone bleueSpirou et la Gorgone bleue
    Scénario : YANN
    Dessin : DANY
    Couleurs : DANY
    Dépot légal : Septembre 2023
    Dupuis
    Grand format
    EAN/ISBN : 978-2-8001-6780-0
    Nombre de pages : 86

    Au cinéma, il y a le prix citron pour les nanars.
    Il faudrait le créer pour cet album.
    Attention, certains nanars deviennent cultes.
    Celui-ci le deviendra certainement.
    Ça commence comme une pub.
    Une île paradisiaque.
    Une naïade.
    C’est bien une pub… pour la malbouffe.
    Le réalisateur est vautré au milieu de ses canettes vides.
    La star !
    Lara, enlevée par la Gorgone bleue !Spirou et la gorgone bleue planche 1

    Changement de décor !
    Une plage belge, on dirait… une fois.
    Encore des nénettes.
    Et Spirou, et Fantasio qui attrapera des taches de rousseur à la page 8 et dont le nez va grossir de page en page, et Spip.
    Je vous laisse découvrir le poulpito, créature génétiquement modifiée qui se nourrit de l’emballage des hamburgers Mac Burgy.
    Le gang des Gorgones très en formes (ce n’est pas une faute) de partout entre en scène dans un Mac Burgy où se régalent nos deux héros.

    Le pitch: les Gorgones bleues ont kidnappé Lara, la star de la pub pour les Mac Burgy et petite amie de Trump. Oups Simon Santo plutôt à qui elles réclament 1 milliard de dollars.
    Voilà le thème : protéger notre planète et agir contre tous ces milliardaires pollueurs.
    Les surprises sont nombreuses :
    Vous découvrirez le grand Marsupilami blanc.
    Le boostignac qui vous fait bander votre arc aisément (tel quel dans la BD).
    Le château du comte.
    Des bolides.
    Kay Mc Cloud, non pas Jo Nuage.
    Seccotine, sexy en diable. Elle n’a jamais été aussi jolie. Franquin l’aurait appréciée.
    Un porte-avions furtif grâce à son revêtement de caoutchouc noir.
    Le lieutenant Jones.
    Le 7e continent.
    Un suspense intolérable pour enfin découvrir le vrai visage du chef des Gorgones.
    J’allais oublier les amanites phallusoïdes.Spirou et la gorgone bleue planche autre

    De l’action, oui Spirou agit quand même. Fantasio lui, il photographie.
    Du sexe…oui ! Enfin presque… sous-tendu (non ce n’est pas une faute) en tout cas.
    Même que franchement, toutes ces allusions si évidentes m’ont ennuyé dans cette BD grand public surtout que ce n’est pas toujours de l’humour ou alors mal placé. J’en profite pour ajouter que j’ai constaté la même dérive dans la suite de La Bête de Frank Pé et Zidrou et je ne comprends pas la nécessité d’en arriver là.
    Sinon le monde moderne et ses folies névrotiques est bien représenté.Spirou et la gorgone bleue planche autre poulpito

    DANY a eu la pêche pour cet album.
    Son dessin est toujours époustouflant.
    Parfois très réaliste ou humoristique.
    Des rendus impressionnants dans les couleurs ou les ombres.
    Des scènes d’action d’anthologie.
    Et surtout des pin-up, des pin-up, des pin-up mais il n’y en a pas encore assez car Spirou et Fantasio ne semblent pas les voir.
    Ce qui n’est pas le cas de Boostignac, heu pardon je voulais dire Champignac !
    La preuve ? Voyez la dernière page.
    Et Spip ?
    Le véritable héros finalement avec ses réflexions intéressantes, philosophiques et hilarantes.
    Une pinaillerie pour terminer, je me trompe ou il manque une jambe à Spirou dans l’avant-dernière dernière case ?
    Sacré nanar !
    Culte ?

    MDestrée