Créabulles, Expositions, Dédicaces, Rencontres.

Chroniques

Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture. 

  • GAGNER LA GUERRE T5

    Gagner la guerre t5Gagner la guerre t5 tl n bTome 5 - Retour en grâce
    Scénario : Frédéric GENÊT
    Dessin : Frédéric GENËT
    Couleurs : Frédéric GENÊT & Hugo POUPELIN
    Adapté de : Jean-Philippe JAWORSKI
    Dépot légal : février 2025
    Editeur : Le lombard
    ISBN :
     978-2-8082-1097-3

    Planches : 72

    Après un exil largement semé d'embûches, suite aux révélations concernant ses agissements criminels pour le compte de Leonide Ducatore, le podestat de la République de Ciudalia, Benvenuto Gesufal a décidé de rentrer. Mais l'accueil qui l'attend est incertain. Sera-t-il perçu comme un traître ou un héros ? Sa route vers Ciudalia est longue et difficile. En pleine forêt, Benvenuto croise un borgne qui lui déclare être connu comme Melanchter le capitaine. L’homme le surprend car il connaît tout ou presque de sa vie, de ses agissements, de l’avis de recherche lancé par Ciudalia. En fait, il sollicite l’aide de Benvenuto pour retrouver le "rempailleur", un malfaiteur notoirement connu pour ses nombreux méfaits. Benvenuto est le seul à pouvoir l’identifier car il l’a déjà affronté. Mais cette rencontre va l'entraîner dans une série d'événements révélant des complots et des trahisons au sein même du pouvoir ciudalien. Benvenuto découvre que ses anciens alliés pourraient être impliqués dans des machinations visant à déstabiliser la République, le plaçant au cœur d'une toile d'intrigues où sa survie dépend de sa capacité à naviguer entre loyautés et trahisons. Gagner la guerre t5 plancheMon avis : Frédéric Genêt met Benvenuto Gesufal face à son destin et nous offre une conclusion parfaite à cette saga. Un récit dense et rythmé pour ce cinquième tome, avec une pagination étendue à 72 pages pour permettre un développement narratif approfondi. Ce dernier tome clôture avec panache l'adaptation du roman Gagner la guerre, en restant fidèle à l'esprit de l'œuvre originale tout en exploitant pleinement les possibilités qu’offre la bande dessinée. On retrouve avec plaisir la verve de Benvenuto et les intrigues politiques complexes largement entremêlées d’innombrables scènes d’action. Les dialogues ciselés et les scènes d'action dynamiques renforcent la tension dramatique du récit. De ce point de vue, "Retour en grâce" s'adresse aux lecteurs appréciant les récits de fantasy mêlant magie, action, politique et psychologie des personnages.

    Côté image, Frédéric Genêt nous régale une fois encore d’un dessin précis et très expressif. Il restitue avec brio de superbes décors ainsi que les costumes et tenues d’époque en jouant avec l'atmosphère sombre et complexe de l'univers de Jaworski. L’ensemble est soutenu par la très agréable mise en couleurs réalisée conjointement par Frédéric Genêt et Hugo Poupelin.

    Cette conclusion satisfera tant les fans de la première heure que de nouveaux lecteurs désireux de découvrir une série surprenante de bout en bout.

    Gagner la guerre t5 planche n bComme pour les précédents tomes, cet album est également disponible en version N&B avec couverture inédite et dos toilé rouge.

    SDJuan

  • THORGAL SAGA 4

    Thorgal saga 4 givreThorgal saga 4 feuTome 4 . De givre et de feu
    Scénario : Olivier LEGRAND, Jean-Blaise DJIAN
    Dessin : David ETIEN
    Couleurs : Bruno TATTI
    Dépot légal : avril 2025
    Editeur : Le lombard
    Grand format
    EAN/ISBN : 978-2-8082-1527-5
    Nombre de pages : 96

    Thorgal a beau tout faire pour vivre une vie calme auprès de sa famille, le destin ne cesse d'en décider autrement. Alors qu’il est en route pour rejoindre les siens, accompagné cette fois par son ami le scalde Ottar, une tempête menaçante approche. Son navire se retrouve rapidement balloté par d’immenses vagues et des vents violents et de manière inexplicable dérive vers une immense banquise. Le froid intense aurait vite pris le dessus sur Thorgal et Ottar si soudain des loups blancs n’étaient venus les protéger accompagnés d’une jeune fille qui se présente à eux comme la princesse Vakva, fille de la Reine des terres givrées de Niflheim. En réalité, ce sont elles qui les ont attirés jusqu’ici car elles ont besoin de Thorgal pour sauver le monde du Flimbulvinter, ce grand hiver annonciateur d'un Ragnarök imminent. Pour empêcher que leur monde soit inexorablement condamné à périr, Thorgal devra, accompagné de Vakva, aller jusqu'au cœur du royaume de Muspelheim dérober la flamme du géant Surtur pour rallumer la flamme de givre…. Thorgal saga 4 plancheMon avis : Si l’on pensait tout connaître de Thorgal, de ses errances solitaires et de ses dilemmes moraux entre devoir et liberté, ce nouvel album nous rappelle que les légendes, comme les hommes, peuvent encore surprendre
    a collection Thorgal Saga offre une relecture moderne, mais toujours respectueuse de l’esprit "Thorgalien" en proposant de nouveaux récits indépendants de la trame principale, en explorant d’autres pans du mythe du personnage. Quatrième tome de la série, De givre et de feu s’inscrit pleinement dans la lignée de la collection et est une réussite narrative et graphique qui mêle mythe nordique, aventure épique et introspection. Si l’album s’adresse avant tout aux amateurs de la série, on y retrouve d’ailleurs des personnages de la série-mère, il peut aussi séduire un nouveau lectorat curieux d’un récit d’aventure nourri de mythologie nordique mais aussi d’un héros à hauteur d’homme. De givre et de feu retrouve un ton plus introspectif et symbolique, proche des premiers tomes comme Les Trois Vieillards du Pays d’Aran ou La Galère Noire.Thorgal saga 4 planche 2Olivier Legrand et Jean-Blaise Djian évitent la simple répétition d’événements de nature mythologique. Ils injectent une densité émotionnelle à l’histoire. La relation entre Thorgal et la jeune magicienne Vakva, fille de la Reine-Sorcière de l’île du Givre, n’est pas qu’un simple duo constitué pour l’occasion. Non seulement ils vont devoir se battre mais également sauver leurs âmes.
    Côté illustration, David Etien nous offre un travail impressionnant. Son dessin, d’une grande lisibilité, combine le souffle épique des grands espaces glacés à l’intensité des combats. Les séquences dans le royaume de feu Muspelheim sont visuellement spectaculaires, mais c’est dans les moments de silence et dans les regards que son trait révèle toute sa subtilité. Grâce à un découpage dynamique, on oublie vite que l’album fait près de 96 pages. David Etien donne à chaque personnage une gestuelle précise qui soulignent les émotions. Son Thorgal y gagne en humanité. On le découvre fatigué, pensif, en retrait parfois, mais toujours tendu vers une vérité intérieure. Très belles couleurs de Bruno Tatti qui, entre autre, renforce encore un peu plus l'impression de ressentir les changements les deux pôles, le givre et le feu. 

    Thorgal saga 4 planche 2 en n bAlbum disponible en trois éditions : couverture version givre, couverture version feu et en édition prestige N&B tirée à 3000 exemplaires avec supplément de 9 pages.

    SDJuan

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  • ALIX LE ROYAUME INTERDIT

    Alix le royaume interdit couvTome 44 - Le royaume interdit
    Scénario : Roger SEITER
    Dessin : Marc JAILLOUX
    Couleurs : Florence FANTINI
    Adapté de : Jacques MARTIN
    Dépot légal : mars 2025
    Editeur : Casterman
    Format : 22.5 x 30.4 cm
    EAN/ISBN : 978-2-203-25569-2
    Nombre de pages : 48

    Alix et Enak qui ne rateraient pour rien au monde un spectacle d’animaux sauvages sont enfin arrivés à Ostie pour assister à la grande représentation de cirque organisée à la gloire de César. Attiré par le taureau sauvage, Enak s’approche du rebord de la fosse dans laquelle il tombe par imprudence. Il est sauvé in extremis de la charge de l’animal par Iphis, une belle servante que Publius Virius Draco, l’organisateur du spectacle, vient d’acheter. D’après lui, son esclave viendrait de Lusitanie ou peut-être de Galice. Iphis, par ses multiples acrobaties autour du taureau, attire aussitôt l’attention d’Alix. Mais surtout, comme elle a sauvé la vie à Enak, Alix décide de la racheter pour trois mille sesterces. De retour à Rome, Alix et Enak proposent à Iphis de l’affranchir à condition qu’elle leur dise la vérité sur ses origines. Elle ne vient pas de Lusitanie. En réalité, elle est de sang royal, princesse de Kamarès, un royaume dirigé par le roi Tisias constitué d’un chapelet d’îles situées à l’ouest des colonnes d’Hercule. Vivant en autarcie et évitant tout contact avec d’autres mondes, le royaume en proie à des difficultés de surpopulation et d’épuisement des ressources naturelles a finalement choisi de s’ouvrir au monde extérieur. Iphis était l’ambassadrice chargée de nouer les premiers contacts avec l’extérieur mais sa mission ne s’est pas déroulée comme prévu…Alix le royaume interdit plancheMon avis : 44e tome de la série et malgré tout Alix ne prend pas une ride. Une fois de plus, grâce à notre héros, nous partons à l’aventure. C’est l’occasion de découvrir une civilisation antique sur les îles de mer Égée, Crète et Santorin, où la civilisation minoenne s’est développée vers 2000 avant J-C. Et bien que vivant recluse sur elle-même, isolée du monde et sous un modèle de didacture, elle avait instaurée la parité homme/femme au sein de la population. C’est un cataclysme volcanique qui aurait tout bouleversé à Santorin comme en Crète. Pour survivre au désastre, beaucoup d’habitants auraient fui vers l’Ouest à bord de bateaux et débarqué sur un archipel caché en plein océan, sans aucun doute le royaume de Kamarès d’où est originaire Iphis. Roger Seiter nous fait (re)vivre ces événements ainsi que le long séjour romain d’Iphis puis le retour vers Zakros, la principale île du royaume kamarien dominée comme l’archipel de Santorin par un immense volcan. À travers un scénario soigné et riche en événements, Seiter nous raconte comment ces populations vivaient et si elles avaient malgré tout des relations avec le monde extérieur. Derrière l’aventure, le récit est l’occasion d’aborder des problèmes actuels comme l'épuisement des ressources naturelles ou le manque de nourriture mais aussi les rivalités politiques inévitables et les choix surprenants de certains dirigeants extrémistes de recourir à des solutions radicales que la morale réprouve.Alix le royaume interdit planche suite Au dessin, si Marc Jailloux a pu s’appuyer sur de nombreux documents archéologiques et même des fresques de la civilisation minoenne, il n'empêche que le travail de reconstitution n’a pas dû être des plus faciles. Mais le résultat est là et il nous régale d’illustrations détaillées et lumineuses, tant en ce qui concerne les décors et paysages que les costumes et les diverses ambiances. On aurait souhaité pour l’album un format plus grand pour bien apprécier autant de détails.
    Très belle mise en couleurs de Florence Fantini qui met en valeur un album riche en décors et personnages tout en conservant le style propre de la collection. 

    Alix le royaume interdit rCasterman propose sur son site internet un dossier pédagogique pour compléter la lecture de l’album (https://www.casterman.com/Bande-dessinee/Actualite-Agenda/Alix-au-coeur-d-une-civilisation-oubliee-et-en-danger).

    SDJuan

  • LE DIABLE ET CORAL

    Diable et coralCoup de coeurScénario : Josep HOMS
    Dessin : Josep HOMS
    Couleurs : Josep HOMS
    Dépot légal : avril 2025
    Editeur :
    Dargaud logo
    Format : 225 x 298 mm
    ISBN : 9782505130963
    Nombre de pages : 112

    Prague, 1938. Jeune fille de confession juive, Coral soigne du mieux qu’elle peut son père, le rabbin Loew, dans un contexte plutôt défavorable, montée du nazisme, haine des juifs, menace imminente d’une nouvelle guerre mondiale. À 19 ans, Coral est intelligente et ingénieuse mais elle vit en dissimulant à tous que le diable en personne se tient à ses côtés. Elle est la seule à le voir et à communiquer avec lui. Un lien indéfectible semble exister entre eux. Coral ignore pourquoi et comment mais ce dont elle est sûre c’est qu'au premier péché, elle sera condamnée à rejoindre l’enfer. Ses priorités sont de comprendre pourquoi il est là et si cela a un rapport avec son père, rabbin exorciste, mais surtout de trouver un moyen de s'en défaire sans perdre son âme, sans oublier que le diable lui aussi est prêt à toute les ruses pour se défaire de ce lien qui le maintient prisonnier sur Terre alors qu’il devrait régner en maître absolu dans le Royaume des Enfers. Diable et coral premiere plancheMon avis : Sommes-nous prêts à lire ce genre de BD ? 
    Josep Homs a fait le grand saut en devenant auteur complet et pour son premier essai il nous offre une histoire forte et marquante.
    Que peut bien espérer une gamine face au Diable en personne malgré son intelligence exceptionnelle et son esprit inventif ? Homs maintient le suspense de bout en bout avec un savoir-faire déconcertant.
    Tout au long de l’album, l’auteur glisse des clins d’œil, des allusions à des scènes célèbres de films ou à des personnages du genre. Il parsème son récit en tête de chapitre d’épigraphes de poètes, cinéastes, romanciers célèbres ayant tous traité de thèmes existentiels et spirituels ou abordé la question du bien et du mal.Diable et coral planche 2
    Et comme à son habitude, il nous régale avec son dessin, sa griffe, incroyable de beauté et de finesse. De superbes décors de Prague d’entre les deux guerres et autant de personnages, à commencer par Coral, son père le rabbin ou le diable, tous plus expressifs et hauts en couleurs les uns que les autres.
    Un dessin dynamique aux prises de vues bluffantes, des cadrages soignés, des couleurs étudiées pour tout mettre en valeur y compris dans les scènes les plus sombres.
    Autant d’ingrédients qui font une narration aussi bien scénaristique que visuelle réussie et captivante.Diable et coral planche autre
    Josep Homs aurait-il conclu un pacte avec qui vous savez pour atteindre un résultat aussi bluffant dès son premier album personnel et de faire partie indéniablement à présent des grands de la BD ?!?
    À vous de le découvrir mais, un conseil, ne prononcez jamais le nom du malin en croyant être plus fort que lui car il gagne toujours ! À moins que…

    Un album à ne rater sous aucun prétexte sauf si vous craignez de ne pas en sortir indemne !
     
    SDJuan

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  • LES PAPILLONS NE MEURENT PAS DE VIEILLESSE

    Papillons ne meurent pas de vieillesse couvScénario : MATZ
    Dessin : Frédéric BÉZIAN
    Couleurs : Frédéric BÉZIAN
    Dépot légal : avril 2025
    Editeur :
    Casterman
    Grand format
    ISBN : 9782203237827
    Nombre de pages : 78

    Comme il en a l’habitude, Candido, chasseur de papillons dans la forêt amazonienne pour l’entomologiste Camille Simon, achève d’emballer sa dernière collecte de lépidoptères. Quelle n’est pas la surprise du célèbre spécialiste français de découvrir dans ce nouveau colis un papillon de l’espèce Parides Ascanius Nolentus au point de penser que c’est sa cousine Géraldine qui travaille avec lui qui a voulu lui faire une blague ou peut-être même Candido... En effet, ce papillon aujourd’hui disparu ne vivait que dans une zone bien précise, les marais de Rio de Janeiro, à des milliers de kilomètres de l’État de Roraima où Candido est supposé l’avoir attrapé. Cette découverte pourrait bouleverser quelques certitudes scientifiques. Le doute assaille Camille Simon qui décide de se rendre au Brésil avec Géraldine afin de vérifier lui-même les faits. Sur place, il rencontre enfin Candido et dès le lendemain le trio part à la découverte des insectes. Deux jours plus tard, Camille publie dans la revue National Geographic un article sur sa découverte en réclamant de sanctuariser 2500 hectares de forêt pour protéger l’espèce. La nouvelle fait le tour du monde mais sur place au Brésil, les multinationales qui exploitent la région n’ont guère l’intention de stopper la déforestation.Papillons ne meurent pas de vieillesse page autreMatz, reconnu pour ses récits noirs (Le Tueur, Mexicana), s'associe ici à Frédéric Bézian, dont le trait expressionniste et les ambiances graphiques singulières − choix du noir et blanc à l’exception des papillons et trait fin stylisé − confèrent à l'album une atmosphère oppressante et immersive. La BD aborde des thèmes contemporains tels que la déforestation, la biodiversité et les conflits d'intérêts entre science et économie. L’Amazonie le plus grand réservoir de biodiversité au monde en est le champ d’action idéal car la découverte de ce papillon "rare" se heurte aux intérêts des multinationales mais aussi des éleveurs en quête de nouvelles terres et même des orpailleurs clandestins. L’affrontement est inévitable et la violence qui l’accompagne apporte la haine et la destruction. L’histoire qui mêle habilement suspense et thriller écologique nous interroge sur la place de l'humain dans la nature mais surtout sur les conséquences de ses actions sur l'environnement.Papillons ne meurent pas de vieillesse page autres Un album qui séduira les amateurs de narration engagée et de récits graphiques très forts.

    SDJuan

  • ON NE PARLE PAS DE CES CHOSES-LÀ

    On ne parle pas de ces choses la couvCoup de coeurScénario : Marine COURTADE
    Dessin :Alexandra PETIT
    Couleur : Alexandra PETIT
    Dépôt légal : Avril 2025
    Editeur :
    Casterman
    Format : 19 x 26 cm
    ISBN : 9782203292871
    Nombre de pages : 224

    Aujourd'hui journaliste indépendante, Marine Courtade gère son existence au mieux compte tenu des graves événements qui ont marqué son enfance. Il lui faut comprendre pourquoi cela a pu lui arriver. Elle a un besoin intense de clarification pour mettre de l’ordre dans sa tête.
    Petite, elle a été abusée par son grand-père et n'arrive pas à croire que personne n'était au courant. A-t-elle été la seule victime de son grand-père paternel ? Mais briser le silence autour de l'inceste n'est pas facile. Un silence qui l'a entouré bien trop longtemps et qu'elle ne supporte plus.
    Elle a besoin de se confronter à ce mur du silence. Elle décide de contacter ses oncles et tantes pour en parler. Sans leur annoncer dans un premier temps que l'inceste va être le sujet de ses visites évidemment. Tous acceptent et l’échange se révèle fructueux.On ne parle pas de ces choses la planchePetit à petit les mécanismes du mutisme s’entrouvent. Les non-dits se dissolvent. Chacun à son tour explique pourquoi il ou elle a gardé le silence. Certains savaient, d'autres ne pouvaient y croire et fermaient les yeux. D'autres s'en doutaient mais n'osaient rien dire. Pire enfin, Marine Courtade découvre que d’autres enfants de la famille ont été victime d’inceste.
    Mais alors ? Marine aurait-elle pu échapper à ce calvaire, vivre son enfance comme une enfant qui vit pour de vrai. Entre rage, incompréhension et tristesse, Marine explique qu'elle veut en faire une bande dessinée, mettre le tout en images. Quel courage ! Le livre est aussi l’occasion d’évoquer le déroulement de sa carrière de journaliste en s’interrogeant sur l’influence du choc qu’elle a subi enfant sur ses choix professionnels d’adulte. Elle privilégie inconsciemment ou pas les reportages concernant les violences faites aux femmes y compris sexuelles dans tous les territoires où elle a enquêté notamment au Kurdistan Irakien, en Centrafrique, au Tchad, en Ukraine, au Cap-Vert, en Afghanistan pour Arte, France 24 ou Canal Plus.
    On ne parle pas de ces choses la planche autreMarine Courtade transpose ces événements avec tact tant textuellement que visuellement grâce au trait doux et juste d'Alexandra Petit qui a été émue par son récit, parfois au moyen d’un voile pour faire comprendre sans voyeurisme ce qui a pu se passer.
    On ne sait pas encore comment la presse et les collègues de Marine vont recevoir cette BD mais une chose est sûre, c'est qu'elle devrait être lue dans les écoles et par le plus grand nombre pour enfin casser un sujet tabou, briser les mécanismes de ce silence insupportable qui entoure les violences faites aux femmes, violence intrafamiliale comme l’inceste mais aussi violence conjugale et, qui sait, éviter qu’elles se reproduisent dans les familles. Marine aurait aimé que ce silence soit brisé plus tôt...
    Ce gros album de 244 pages est enrichi de nombreux suppléments : statistiques, infos utiles sur les violences sexuelles, réflexes à adopter en cas d’agression, coordonnées d’associations…

    SDJuan

  • AU COEUR DE DÉSERT

    Au coeur du desertAu cœur du désert
    Scénario : Maryse & Jean-François CHARLES
    Dessin : Jean-François CHARLES
    Couleurs : Jean-François CHARLES
    Adaptation du roman de Joseph CONRAD
    Dépot légal : mars 2025
    Editeur :
    Le lombard
    Collection : Signé
    Grand format
    EAN/ISBN : 978-2-8082-1159-8
    Nombre de pages : 90

    Kansas, 1870. Arrivant de Saint-Louis, le jeune lieutenant Norman Pyle récemment formé à l’académie militaire du Missouri a rendez-vous à Fort Leavenworth avec les plus hautes autorités du Fort. Il reçoit pour mission de retrouver son frère aîné, le colonel Adam Pyle, et de le ramener à la raison. Militaire émérite, habile stratège, Adam Pyle s’est illustré pendant la guerre civile par son courage. Respecté par tous pour ses exploits et ses victoires, il a reçu la médaille d’honneur de l’US Army pour ses mérites. Mais à présent il est recherché pour des faits graves. Se cachant dans les mesas de Monument Valley, il a pris la tête d’un groupe de Navajos, des renégats apaches avec qui il sème la terreur dans plusieurs États du Sud, l’Arizona, l’Utah et le Nouveau-Mexique. L’honneur de l’armée est en jeu car le scandale commence à ternir la réputation des Nordistes. La route s’annonce longue jusqu’à Santa Fe par la montagne puis le long de l’Old Spanish Trailer jusqu’à Fort Defiance en Arizona mais elle offrira la protection de l’armée aux pionniers en route vers Fort Larned au Kansas.

    Au coeur du desert plancheMon avis : Avec Au cœur du désert, Maryse et Jean-François Charles nous proposent une adaptation libre du roman de Joseph Conrad Au Cœur des Ténèbres publié en 1899. Ils réalisent enfin leur rêve de créer un "western", rêve qui leur tenait à cœur depuis leur premier voyage en Amérique à la fin des années 1970 comme ils le confirment en interview.  L’action se déroule dans l’Ouest américain après la Guerre de Sécession qui a vu les États de l’Union l’emporter sur les États confédérés du Sud hostiles à l’abolition de l’esclavage. Les Charles nous régalent d’une traversée périlleuse mais dans un style moins hollywoodien et stéréotypé où les héros sont tous propres et les vilains toujours monstrueux. Ici, tout le monde a sa part d’ombre et de lumière. Ce sont les événements qui vont finir par dévoiler ce que l’homme est capable de faire ou de supporter.
    Au coeur du desert autre suiteOn retrouve avec plaisir les tuniques bleues, les indiens, les Buffalo Soldiers du Fort Leafenworth, les afro-américains sans oublier les pionniers et les éleveurs de moutons. Tout le monde essaye d’y trouver sa place et de réaliser le rêve américain.
    Cet album a été l’occasion pour les auteurs de réaliser leur rêve après un second voyage aux États-Unis en 2023. Il s’appuie sur tous les souvenirs et la richesse documentaire (livres, textes, photos, vidéos) qu’ils ont ramenés de leurs deux aventures au Far West. L’occasion aussi pour Jean-Francois de nous régaler de son dessin toujours aussi magnifique, tant les superbes paysages de l’Ouest américain que les villes western avec leur saloon, leur église, leur école, leurs magasins, leurs écuries, ou que les nombreux décors d’intérieur de l’époque, sans parler des innombrables cavaliers et des mythiques et ravissantes saloon girls. Les Charles se sont fait plaisir avec ce one shot … pour notre plus grand plaisir aussi. 
    L’album est enrichi d’un dossier graphique de 14 pages présenté par les auteurs en fin d'album.

    SDJuan

  • KHORGAN T1

    KhorganKhorgan n bTome 1 . La Cité d’Ampaar
    Scénario : Éric CORBEYRAN
    Dessin : Dejan NENADOV
    Couleurs :Seure- Erwan SEURE-LE-BIHAN
    Dépot légal : février 2025 
    Editeur : Kalopsia
    Collection : Fantasy
    Grand format
    ISBN : 9782931205129
    Nombre de pages : 60

    Réduit à l’esclavage et maltraité durant des années, Khorgan Moorlanh a enfin pu s’affranchir du joug d’un cruel marchand pour rentrer chez lui. Mais ce retour tant espéré se transforme en cauchemar. Obligé de combattre un guerrier de son ancien clan, il en réchappe par miracle mais se voit condamné à l’exil. Khorgan trouve alors refuge dans la Cité de fer. Pour prouver qu’il est digne de confiance, il accepte la mission confiée par le margrave, descendre à l’intérieur des failles de la montagne afin de vérifier si aucun danger ne s’y trouve. En effet, depuis, quelques temps, des secousses sismiques inquiètent les habitants. Est-ce le signe du retour des monstrueuses créatures qui par le passé ont entièrement détruit la Cité d’Ampaar et tous ses habitants ? Sous la terre, les adeptes du prophète Akon se préparent au cataclysme…

    Khorgan plancheC’est toujours avec un réel plaisir que je découvre une BD signée par Corbeyran. Parce que nous avons été biberonnés dans la même culture, celle de Lovecraft, de Hodgson, de Ray ou de Howard. Son univers fantasmagorique peuplé de monstres, de guerriers farouches et d’envoutantes jeunes femmes, fait écho aux aventures de Conan le barbare.

    Khorgan planche autreKhorgan, c’est le fils spirituel de Conan, de Rahan, mais aussi de Karga de Vernes et André Beautemps et de Thorgal de Rosinski et Van Hamme. J’y ai même retrouvé l’ombre de Den de Corben au détour de certaines pages. Un héros comme ceux qui firent les beaux jours de la Golan/Globus ou de la De Laurentiis Company. Et Corbeyran est le meilleur représentant de cette imaginaire trop souvent délaissé ou mal considéré.

    Khorgan planche n bPour mettre en image ce bouillonnement d’idées, il s’associe à Dejan Nenadov, un auteur serbe dont le trait est tout à la fois rugueux dans la représentation des protagonistes, ample et précis dans ses paysages, et plein de fureur dans celle des monstruosités. un trait que n’aurait pas renié Lovecraft, lui qui ne cessait de dépeindre l’Indicible… C’est sans aucun doute pour cela que j’ai préféré la version en noir et blanc afin d’apprécier toute la subtilité des cases. Et que j’ai hâte de pouvoir tenir la suite entre mes mains. Car oui, je suis nostalgique de ces héros bruts qui ont bercés mon enfance et continuent à me fasciner. Remarquable travail comme d’habitude de Kalopsia qui aime sortir ses lecteurs de leur confort en offrant une autre palette. 

    Richard Colombo