Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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SARA LONE INTÉGRALE
- Par asbl-creabulles
- Le 25/06/2025
Edition Intégrale en espagnol
Scénario : Érik ARNOUX
Dessin : David MORANCHO
Couleurs : David MORANCHO
Dépot légal : mai 2025
Editeur : Norma
Grand format
EAN/ISBN : 978-84-679-7629-8
Nombre de pages : 264Avec cette intégrale espagnole publiée par Norma Editorial, Sara Lone trouve un nouvel impact, hors des frontières francophones, dans une version élégante et fidèle à l’œuvre originale avec une multitude de suppléments (+ de 60 pages !).
Le duo Arnoux–Morancho nous offre un polar noir, tendu, dense et superbement illustré, qui respecte les contours d’un thriller politique autant que ceux d’un récit initiatique au féminin.
L’action se déroule dans l’Amérique des années 1950, et dès les premières planches, le ton est donné : atmosphère étouffante, ségrégation omniprésente, institutions troubles autour d'une héroïne singulière, Sara Lone. De son vrai nom Joy Carruthers, Sara est une jeune serveuse au passé lourd dont la trajectoire va croiser les bas-fonds du crime organisé, les services secrets américains et des cercles de pouvoir impitoyables.
Erik Arnoux signe un scénario parfaitement rythmé, documenté, qui mêle habilement drame intime et machinations d’État. Le destin de Sara, tiraillée entre vengeance, survie et émancipation, devient le fil rouge d’un récit qui ne cède jamais à la facilité ni au manichéisme.
Graphiquement, David Morancho impressionne. Son trait réaliste, précis et cinématographique colle parfaitement au genre. Le soin accordé aux décors, aux voitures, aux vêtements ou aux expressions contribuent à l'authenticité de cette Amérique d’après-guerre. La mise en scène, très fluide, renforce l’immersion dans ce thriller sombre mais toujours humain.
Avec cette édition intégrale, Norma Editorial offre aux lecteurs hispanophones une plongée complète dans les quatre actes d’un récit palpitant et puissant. Sara Lone n’est pas qu’un polar noir réussi, c’est aussi le portrait nuancé d’une femme qui refuse de se soumettre, dans un monde d’hommes où chaque erreur peut coûter la vie.
Une réussite graphique et narrative mêlant élégance d'antan, tension dramatique et justesse émotionnelle.
Je suis vraiment très heureux de voir cette série renaître de ses cendres puisque la disparition en 2019 des éditions Sandawe ne présumait rien de bon en matière de droits d'auteur. Mais heureusement la voici de retour avec cette superbe intégrale complète, augmentée d'un dossier richement documenté et d'un portfolio spectaculaire de David Morancho. Créabulles a eu le privilège et le plaisir de présenter plusieurs de ses illustrations lors de son expo. Une intégrale en français est prévue chez Glénat. Espérons qu'elle sera aussi riche en suppléments.
SDJuan
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WILD WEST T5
- Par asbl-creabulles
- Le 24/06/2025
Tome 5 - Rédemption
Scénario : Thierry GLORIS
Dessin : Jacques LAMONTAGNE
Couleurs : Jacques LAMONTAGNE
Dépot légal : mai 2025
Editeur : Dupuis
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-8085-0661-8
Nombre de pages : 48Je l’ai déjà écrit, je continue à lire des BD : intégrales, vieilles séries, beaux albums mais je ne les chronique pas toutes. De toute façon, pour le peu que ça intéresse.
Voici la meilleure BD western du moment.
Ses deux auteurs nous ont fait l’honneur de quitter leur belle région canadienne pour un périple franco-belge qui s’est déroulé en mai.
Je n’ai pas pu les rencontrer hélas pour incompatibilité d’horaires.
Dans mes chroniques précédentes, je vous ai déjà écrit tout le bien que je pensais de WILD WEST.
J’ajouterai que le scénariste Thierry Gloris nous offre des récits intenses, âpres, violents avec des personnages si forts qu’on pourrait croire qu’ils ont vraiment existé dans ce Far West plus cru que dans les premiers films d’Hollywood.
On est proche de ceux de Sergio Leone mais avec plus de psychologie.Jacques Lamontagne, le dessinateur dont je vous invite vivement à chercher et lire ses œuvres précédentes (ce que j’ai fait avec un réel plaisir - encore merci Numa Sadoul pour ta publication sur Druides et Jacques pour les précisions), nous introduit directement dans l’ambiance avec cette locomotive à charbon si réaliste.
Une attaque de train pleine d’intensité où l’angle de vision change à chaque case pour cerner toutes les phases de l’action. Du grand art.
Ensuite le lecteur retrouve les héros des récits précédents, vivant dans ce village où la vie est rude pour certains.
Observez bien les décors, les rues, les maisons, les intérieurs, les personnages, leurs vêtements, leurs poses.
Une foultitude de détails réjouissants.
On y est vraiment.
Et c’est là qu’arrive cette famille de voleurs de train.
C’est aussi là que vit un révérend à la voix tonitruante et qui semble ne pas avoir toujours prêché que la bonne parole.
Bill aura fort à faire surtout que Jane se noie dans l’alcool et la fange.
Tout ce poids des problèmes semble l’assombrir de plus en plus. Est-ce pour les oublier qu’il se réfugie dans les cartes?
Un régal de lecture je vous dis.
Il y avait Blueberry, Bouncer et maintenant il y a Wild West !
Durango s’est perdu et Red Dust n’a brillé que dans 6-7 albums.
Et les autres ne sont pour moi que du divertissement.M. Destrée
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BATMAN DARK CITY 6
- Par asbl-creabulles
- Le 15/06/2025
Tome 6/6 . Cité mourante
Scénario : Chip ZDARSKY
Dessin : Jorge JIMENEZ, Tony DANIEL Carmine DI GIANDOMENICO, Jorge FORNÉS
Couleurs : Tomeu MOREY
Traduction : Jérôme WICKY
Dépot légal : mai 2025
Editeur : Urban Comics
Collection : DC Infinite
Format comics
EAN/ISBN : 979-10-26824-59-6
Nombre de pages : 156Bruce Wayne est enfin rentré à Gotham bien décidé à agir et à reprendre les choses en main après avoir perdu presque tous ses moyens et affronté l’arme ultime qu’il avait créée inconsciemment. Et avec lui, Batman est donc lui aussi de retour dans son rôle de justicier. Mais après une aussi longue absence, d’autres ont comblé les vides laissés par Bruce Wayne / Batman, autant de nouveaux personnages qui voudraient faire croire qu’ils veulent le bien de Gotham comme Edward Nygma dit le Sphinx qui prétend être le nouveau bienfaiteur, Vandal Savage à la tête de la police, Leonid Kull au sommet de la Cour des Hiboux sans parler du Commandant Star, ce nouveau justicier qui enflamme les foules…
Mon avis : Après les événements des tomes précédents, Bruce Wayne, coupé de ses alliés traditionnels, s’est retrouvé contraint de repenser entièrement sa manière d’être Batman. Avec Cité mourante, sixième et dernier volet de la saga Batman Dark City, Chip Zdarsky poursuit sa déconstruction de la figure du Chevalier Noir dans une Gotham City au bord de l’effondrement, rongée par la criminalité. Le titre est tout à fait approprié car plus qu’un décor, la ville apparaît ici comme un organisme malade, empoisonné par ses propres mythes. En tant que détective et justicier, Batman ne va pas avoir une seconde pour digérer tout ça car il va devoir faire face simultanément aux différents ennemis qui petit à petit ont fait sombrer la ville sous leur influence néfaste, le Commandant Star, Edward Nygma, le maire Chris Nakano et Vandal Savage. Beaucoup d’action, de retournements de situations inattendus et surtout de révélations pour cette conclusion qui est vraiment une réussite narrative et visuelle.
En effet, côté illustration, Jorge Jimenez, Di Giandomenico et Tony S. Daniel nous régalent d’un dessin toujours aussi nerveux et spectaculaire, avec des scènes d’action bien maîtrisées, qui joue intelligemment avec la verticalité, les ombres et les espaces confinés pour renforcer la sensation d’étouffement. Jorge Fornés souligne bien cette impression par un dessin plus noir, plus polar. Tomeu Morey réalise une mise en couleurs bien contrastée et adaptée aux différents contextes et styles.
Concluant le cycle Batman Dark City, Cité mourante constitue bien une plongée dans la psyché d’un justicier au bord de la rupture dans une ville qui reflète ses failles mais l’album est un rien trop gentillet par rapport aux cinq tomes précédents qui, eux, étaient de l’adrénaline pure.SDJuan
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WONDER WOMAN Hors-la-loi t3
- Par asbl-creabulles
- Le 07/06/2025
Tome 3
Scénario : Tom KING
Dessin : Daniel SAMPERE, Khary RANDOLPH, Bruno REDONDO et Belén ORTEGA
Couleurs : Tomeu MOREY, Adriano LUCAS, Tamra BONVILLAIN et Alex GUIMARÃES
Encrage : Daniel SAMPERE, Caio FILIPE, Belén ORTEGA et Khary RANDOLPH
Couverture : Daniel SAMPERE et Tomeu MOREY
Traduction : Thomas DAVIER
Dépot légal : mai 2025
Editeur : Urban Comics
Collection : DC Infinite
Format comics cartonné
EAN/ISBN : 979-10-26824-54-1
Nombre de pages : 216Rien ne va plus depuis que les Amazones ne sont plus les bienvenues aux États-Unis où elles sont considérées comme des hors-la-loi. Wonder Woman s’est déchaînée et elle a été emprisonnée durant plusieurs mois, soumise, torturée physiquement mais aussi psychologiquement voire psychiquement et son amour de toujours, Steve Trevor, a été assassiné.
Une fois libérée, elle s’est retirée pour rassembler ses idées et se ressourcer, laissant à ses sœurs le soin d’accomplir ce qu’elle aurait fait de toute manière : réduire à néant la menace que représente le Souverain, celui-là même qui s’est secrètement autoproclamé Roi de l’Amérique. Mais vont-elles y parvenir et Wonder Woman pourra-t-elle longtemps rester à l’écart après tout ce qu’il lui a fait subir ?Mon avis: Ce cycle Wonder Woman écrit par Tom King est vraiment ce qui se fait de mieux pour moi en ce moment en matière de "comics" avec une telle qualité de récit mêlant présent et futur et surtout une telle qualité de narration tant scénaristique que visuelle. Tout y est fort, la trame, l’émotion, la violence des combats mais aussi le contrôle de soi dont fait preuve Wonder Woman devenue mère malgré les nombreuses épreuves qu’elle a subies ainsi que l’union des Wonder Girls: Donna, Yara et Cassie fermement décidées à venir en aide à Diana.
Un scénario surprenant, intense et engagé où plusieurs thèmes récurrents s’entremêlent, la politique, la suprématie de l’homme, la xénophobie, la condition de la femme et j’en passe. Un récit en trois tomes déjà avec 19 épisodes qui se lisent d’une traite à chaque sortie car il est quasiment impossible d’arrêter avant la dernière page. Ça faisait longtemps que ça ne m’était plus arrivé !
Il faut dire aussi que les dessins surtout de Daniel Sampere mais aussi de Bruno Redondo y contribuent beaucoup en nous régalant d’un spectacle visuel saisissant, très cinématographique. DC ne pouvait trouver mieux en matière de dessinateurs pour accompagner ce récit sur la longueur avec une telle qualité de narration visuelle.
Un album captivant et incroyable avec des combats de haut niveau mais aussi des introspections qui surprennent dans le deuxième tome mais qui apportent de la profondeur au récit. Les couleurs de Tomeu Moret sont également de toute beauté, bien contrastées contribuant à la visibilité lors de la lecture.La suite de Back-ups avec Belén Ortega avec son style bien à elle nous fait passer des moments de bonne humeur avec un Damian surprenant et une Trinity en admiration devant une tout aussi surprenante Black Canary. Je ne vous en dit pas plus. Allez ok, je vous vois impatient... un indice: Dazzler chez Marvel.
À ne rater sous aucun prétexte que vous soyez fan de comics ou amateur de bonnes histoires.SDJuan
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WONDER WOMAN Hors-la-loi 2
- Par asbl-creabulles
- Le 06/06/2025
Scénario : Tom KING
Dessin : Daniel SAMPERE, Guillem MARCH et Belén ORTEGA
Couleurs : Tomeu MOREY, Arif PRIANTO et Alejandro SANCHEZ
Couverture : Tomeu MOREY, Alejandro SANCHEZ et Arif PRIANTO
Traduction : Thomas DAVIER
Dépot légal : novembre 2024
Editeur : Urban Comics
Collection : DC Infinite
Format comics cartonné
EAN/ISBN : 979-10-26812-16-6
Nombre de pages : 152Dans ce second tome, Diana est capturée par le Souverain, un dirigeant occulte des États-Unis, qui utilise le "lasso des mensonges" pour tenter de briser sa volonté. Isolée et soumise à une torture psychologique intense, Wonder Woman doit affronter des illusions manipulatrices et des épreuves mentales visant à ébranler ses convictions les plus profondes. ---
Mon avis Tom King explore brillamment la résilience mentale de Wonder Woman face à la manipulation et au doute. Les chapitres présentent des styles narratifs variés, offrant une introspection profonde sur la psyché de l'héroïne. La torture si elle est physique, elle est bien plus profonde encore psychiquement.
Le dessin de Daniel Sampere, soutenu par les couleurs de Tomeu Morey, accentue l'intensité émotionnelle du récit. On passe de combats hyper vioents à des relations amoureuses ou tortueuses. Tous les cas de figure sont fabuleusement bien représentés par un dessin somptueux de Sampere mais aussi de Guillem March. Ce tome se distingue par son approche psychologique et sa critique des manipulations de la vérité, offrant une lecture captivante et pertinente. Des épisodes plus légers, comme la quête d'un cadeau pour Batman par Diana et Superman, apportent une pause bienvenue dans la tension ambiante.
Les back-ups de Belén Ortega au dessin centrés sur Trinity, la fille de Wonder Woman, offrent une perspective rafraîchissante et humoristique.
SDJuan
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DAWN OF TITANS T3/3
- Par asbl-creabulles
- Le 02/06/2025
Tome 3 . La Reine aux ailes noires
Scénario : Tom TAYLOR
Dessin : Lucas MEYER, Daniele DI NICUOLO
Couleurs : Adriano LUCAS
Couverture : Mattia DE IULIS
Traduction : Thomas DAVIER
Dépot légal : Mars 2025
Editeur : Urban Comics
Collection : DC Infinite
Format comics
ISBN : 9791026829140
Planches : 142Comme si être pointés du doigt en tant qu’ennemi numéro un ne suffisait pas à la suite des ravages causés par le virus accidentellement propagé par Beast Boy, les Titans doivent à présent affronter Amanda Waller et sa clique. Mais il y a pire à venir… car le plus grand danger provient une nouvelle fois de l'intérieur, de l'un des membres de l’équipe. L'arrivée de la Reine aux Ailes Noires risque de démanteler le groupe déjà bien malmené jusqu'ici, laissant du coup le monde sans réelle défense face à une autre menace qui arrive à grands pas…
Mon avis: Bien que ce thème ait été utilisé épisodiquement dans les aventures passées de nos jeunes super-héros, il fait tout de même son effet dans ce tome 3 de la série Dawn of Titans, et ce, même si on le voyait arriver à grands pas. Tom Taylor continue d'approfondir la psychologie des personnages en mettant en lumière leurs luttes internes et en explorant deux thèmes majeurs, la notion de responsabilité, tant individuelle que collective, et la quête de rédemption face aux erreurs passées. La dynamique entre les membres des Titans est largement mise à l'épreuve, révélant la force qui les unit mais aussi la complexité de leurs relations.
La Reine aux Ailes Noires est un épisode plus intense et émotionnellement plus chargé que les précédents dans la collection "Dawn of". Il m'a plus accroché car il combine habilement action, drame et réflexion. Ce sont les clés d’une lecture captivante qui devrait séduire les fans de l'univers DC et surtout d’une équipe qui a marqué la génération de Marv Wolffman et George Perez. Les amateurs de récits de super-héros plus nuancés devraient également y trouver leur compte.
Côté dessin, bien que l’alternance de dessinateurs et de coloristes soit de mise dans les comics elle ne gène en rien la lecture de l'album car les niveaux sont +/- de même niveau et offrent une narration de qualité. Lucas Meyer, accompagné de Daniele Di Nicuolo pour ce troisième tome, offrent des illustrations dynamiques comme les comics peuvent en offrir, multipliant des scènes d’action fluides mais pas que car l’album nous propose bien d’autres dessins expressifs bien plus détaillés qui restituent l'intensité émotionnelle du récit. Les moments plus introspectifs bénéficient d’ailleurs d'une mise en page très soignée. Ce troisième et dernier tome renforce l'impression d'immersion du lecteur dans cet univers qui n'en finit plus d'être en crise.
SDJuan
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REMINGTON 1885
- Par asbl-creabulles
- Le 26/05/2025
Scénario : Josep Maria POLLS
Dessin : SAGAR
Couleurs : SAGAR
Dépot légal : avril 2025
Editeur :
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-505-12778-9
Nombre de pages : 112Frederic Remington, jeune illustrateur ambitieux originaire de New York, a tenté en vain de reprendre les activités de la bergerie familiale du Kansas. Constatant son échec, il s’est décidé à la revendre car en vérité ce passionné d’aventure, d’art et de dessin espère plutôt devenir reporter-illustrateur capturant l'essence même de l'Ouest sauvage pour la prestigieuse revue Harper's Weekly où il compte bien décrocher un contrat de travail. Pour le moment, il accompagne un trio de prospecteurs d’or en route vers le nord. À leur côté, il va même vivre une première rencontre avec des indiens apaches venus quémander de la nourriture. Cette vision de misère l’interpelle. Malgré tout, il persiste dans son choix de dessiner les indiens dans leur environnement naturel pour devenir célèbre. Il abandonne ses compagnons d’un jour et sa route le mène jusqu’au bureau des affaires indiennes de la réserve de San Carlos. Là, il dessine des indiens mais aussi des soldats, des chevaux, tout ce qui l’entoure mais c’est encore une nouvelle déception devant une réserve qui pour lui ressemble plus à un cimetière qu’à un village. À l’été 1885, son rêve va enfin se concrétiser lorsqu’il a l’occasion de se joindre à un détachement de cavalerie qui doit se rendre à Fort Grant, au sud-ouest de l’Arizona. Bien décidé à en apprendre davantage sur les rebelles apaches et le célèbre Geronimo, son voyage va prendre une tournure inattendue lorsqu'il est capturé par un groupe d'apaches mené par …. Geronimo en personne. Au lieu de le tuer, ce dernier lui propose un marché : dessiner son portrait. Remington sera-t-il à la hauteur pour rester en vie ?
Mon avis : Josep Maria Polls nous propose un récit mêlant habilement faits historiques et fiction. Si Frederic Remington est l’un des plus célèbres dessinateurs et peintres du Far West, le vaillant guerrier Geronimo à la tête de la rébellion apache contre les États-Unis et le Mexique pour les droits des Amérindiens l’est tout autant. Polls nous fait vivre une rencontre fictive mais tout à fait plausible avec une narration parfaitement équilibrée entre fiction et réalité. Mais ce récit va bien au-delà. Il nous propose une nouvelle perspective sur l'Ouest américain à travers une réflexion sur l'art, la culture, leur importance dans la documentation historique mais aussi sur l'histoire en évoquant les tensions culturelles de l’époque. Il pousse aussi à la réflexion sur le contact avec les peuples autochtones, la colonisation, la résistance et la manière dont l'histoire est racontée par ses divers acteurs ou témoins, indiens, soldats américains, soldats mexicains, cowboys, prospecteurs ou reporters comme Frederic Remington justement.
Le dessin de Sagar Fornies est magnifique. Ses illustrations capturent avec précision les divers paysages évoqués, notamment les terres arides de l'Arizona, les expressions des nombreux personnages qui traversent l’album en particulier les apaches mais pas seulement, et surtout l'atmosphère tendue de l'époque. Un beau travail sur les détails et la composition des planches pour un résultat visuellement optimal, avec une mise en couleurs tout à fait appropriée.
Une lecture incontournable pour les amateurs de récits historiques, de westerns et de bandes dessinées bien documentées évoquant une période difficile de l'histoire américaine récente.
L’album de près d’une centaine de pages inclut également un très riche cahier graphique d’une quinzaine de pages ainsi qu’une bibliographie complète.
SDJuan
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CORBEYRAN'S CLASSIC FANTASTIC
- Par asbl-creabulles
- Le 24/05/2025
Les classiques du Fantastique
Scénario : Corbeyran, Éric CORBEYRAN
Dessin : Jovan UKROPINA, Aleksa GAJIC, Nicolas GUENET, LACI, Bojan VUKIC, Gianluca MACONI, Andrea CUNEO, Andrea BORGIOLI,
Couleurs : Tamara KRSTIC, Aleksa GAJIC, Nicolas GUENET, TENTACLE EYE, Erwan SEURE-LE BIHAN, Jovan UKROPINA
Couverture : Gwendal LEMERCIER
Dépot légal : avril 2025
Editeur : Kalopsia
Format normal
ISBN : 9782931205174
Nombre de pages : 64Lorsque Corbeyran s’attaque aux auteurs spécialistes du genre, ça nous donne ce recueil d’histoires fantastiques, huit nouvelles d’effroi, où tout à tour se succèdent Poe, Lovecraft, Howard, Hodgson, James, Le Fanu… brillamment illustrées par des auteurs de talent qui prêtent leurs pinceaux au scénariste touche à tout.
Car oui, j’avoue, je suis rarement impartial lorsqu’il s’agit de parler de Corbeyran, sans doute parce qu’il est capable de m’emporter à peu près n’importe où, et que bien sûr chaque fois j’en redemande. Nous avons la chance d’avoir été bercés par les mêmes écrivains, ceux qui étaient capables de nous faire dresser les cheveux sur la tête ou de vérifier qu’il n’y avait rien sous le lit avant d’éteindre la lumière.
Il m’a procuré l’insigne honneur de préfacer son Carnacki, les spectres de Venise, de l’immense William Hope Hodgson. Hodgson que l’on retrouve ici dans l’horreur tropicale, que j’ai découvert dans la fameuse collection Néo et ses couvertures de Jean-Michel Nicollet. Hodgson qui avec ses histoires était un des rares, gamin, qui m’empêchait de sortir dehors le soir même avec une lampe-torche à la main…Il est évidemment difficile de dire dans ces huit nouvelles qu’elle est ma préférée (Oui, bien sûr, Hodgson, je me répète…) que ce soit dans le choix et l’adaptation du texte que par sa représentation dessinée, car rien n’est plus difficile que d’exprimer ce que Lovecraft appelait l’Indicible. D’ailleurs, je les aime toutes, de la plus classique très « ligne claire » à la plus torturée. Mais si malgré tout je devais choisir, je pense qu’Éric Corbeyran me connaissant ne sera pas surpris si j’évoque Vladimir Laci et surtout Nicolas Guénet, dont les traits et le parti-pris des tons grisés me rappellent un dessinateur que je place au panthéon des créateurs, Richard Corben. Sans oublier la couverture de Gwendal Lemercier, très… Hodgsonnienne… Hasard ?
Classic Fantastic est la représentation rêvée de ces histoires d’horreur d’auteurs parfois injustement oubliés ou relégués à un classicisme désuet. Il est temps de les redécouvrir, et quelle meilleure façon que de les retrouver dans ces pages ! Et merci à Kalopsia pour nous offrir ces 80 pages d’épouvante !
Richard Colombo