Créabulles, Expositions, Dédicaces, Rencontres.

Chroniques

Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture. 

  • Sara Lone 2

    Sara lone 2Coup de coeur 1Tome 2 - Carcano girl.
    Scénariste: Erik Arnoux.
    Dessinateur: David Morancho.
    Coloriste: David Morancho.
    Editions: Logo sandawe
    Dépot légal: Février 2015.
    ISBN :
    978-2-930623-29-0
    Nombre de pages : 46

    Histoire:

    Mai 1561 au Yutacan. Ce n'est pas si simple d'être conquistador, de piller les richesses des autochtones puis de repartir comme si de rien n'était. Il faut également être capable de commander un équipage expérimenté et espérer qu’il se montrera loyal jusqu’à accepter que le capitaine se remplisse les poches sans le menacer d’une mutinerie, et encore plus quand la tempête menace ! L’expérience va s’avérer amère pour Montijo, le capitaine du Galion "El Santa Madalena", qui va connaître une énorme déconvenue. Nous voici à présent en avril 1961 dans le golfe du Mexique. Après l’assassinat sanglant de son père, Sara Lone – comme elle tient à se faire appeler poar son nom de scène – a pris l’habitude de partir au large chaque jour à bord du Pinky Princess pour tenter de retrouver l’épave du Santa Madalena et surtout son trésor, ce qui lui permettrait de renflouer la pêcherie Carruthers que son père lui a léguée. Mais sans les coordonnées exactes que celui-ci n’a pu lui laisser avant de mourir, la tâche s'annonce ardue et très compliquée. Et il lui reste seulement 30 jours pour payer les dettes de son père au syndicat que dirige Leroy Chapman, un homme à la réputation plus que douteuse, auquel le père de Sara aurait parlé du trésor un soir où il avait bu et qui est désormais prêt à tout pour s'en emparer. Membre du Ku Klux Klan, Leroy Chapman est un homme bien plus dangereux qu’elle ne peut l'imaginer. Quant à Sara, elle doit agir au plus vite car elle est toujours accusée de meurtre dans l'affaire du "Blue" et du coup soumise à un certain chantage par un mystérieux organisme fédéral, et ce d’autant plus que le complot politique et la Mafia ne sont jamais loin.

    Sara lone double planche


    Mon avis:

    Tous les ingrédients d'un très bon polar sont au menu de cette nouvelle, Sara Lone, série à ne rater sous aucun prétexte: meurtres sanglants, complots politiques, mafia, chasse au trésor, trahison, sexe, conspiration, etc. Un récit haletant méticuleusement orchestré par Erik Arnoux (Ava Dream, Les Aigles Décapitées, Celadon Run, Sophaletta, etc.) qui frappe fort, avec Carcano Girl, le deuxième tome de ce nouveau thriller, dont on attend la suite avec impatience. Les dessins de David Morancho sont de qualité comparable, détaillés, clairs, aérés, avec un découpage en plans de style cinématographique et des personnages hauts en couleurs. Les paysages sont également de bonne facture et les scènes d'action bien rendues. La belle Sara Lone paraît avoir un avenir bien tracé dans le monde très encombré de la BD franco-belge.

    Sara lone 2 planche n b

    L'album couleur de la main même de David Morancho est superbe. Dommage que l'éditeur ne pense à publier une version noir et blanc vu la qualité du dessin, comme en témoigne l'illustration ci-dessus.

    SDJuan

  • Le pouvoir des innocents

    Pouvoir des innocents cycle 2 tome 3Cycle 2 Tome 3: 4 millions de voix.

    Scénariste: Luc Brunschwig.
    Dessinateur: Laurent Hirn et David Nouhaud.
    Coloriste: Laurent Hirn.
    Editions: Futuropolis. 
    Dépot légal: Février 2015.

    Nous voici en cette toute fin du XXe siècle après l'attentat qui a coûté la vie à 508 personnes. A New York, le procès de Joshua Patrick Logan, un ancien marine, va débuter. Entamant une nouvelle carrière politique, le conseiller Mc Arthur, un ancien avocat, pressent qu'il va perdre les élections au poste de gouverneur de New York car il s’est déclaré en faveur de l’abolition de la peine de mort et s’opposera à la condamnation à mort du tant détesté Joshua. Jessica Rupert, l'actuelle gouverneure, qui lui apporte son soutien, s’efforce toujours de donner une vie convenable à Amy, une enfant qui n'a pas connu une vie très heureuse jusqu'ici, mais la politique sociale qu’elle mène ne lui attire pas que des amis tant en politique qu’ailleurs. Elle aussi s’inquiète car tout donne à penser que l’abolition de la peine de mort que réclame Mc Arthur fera basculer les votes vers une opposition adepte d’une politique de répression de la délinquance beaucoup plus sévère. Qui va l’emporter, les Démocrates ou les Républicains ? New York risque bien de connaître un bouleversement quel que soit le résultat. 

    Pouvoir des innocents c2 t3 planche

    Mon avis:

    Cette mini-série avait déjà remporté un franc succès mérité chez Delcourt, qui pourrait bien se répéter avec cette suite qui lui donne un second souffle plus politique mais tout aussi intéressant. Luc Brunschwig décortique les clivages politiques de cette fin du second millénaire aux States avec comme fond le terrible attentat du 4 novembre 1997 et l'arrivée de la gauche au pouvoir. Laurent Hirn qui nous avait offert un premier cycle hors du commun n'est pas tout à fait absent de celui-ci puisqu'il s'occupe de la mise en scène, des dessins additionnels et de la couleur même s’il a confié le dessin à Nouhaud, lequel réussit à maintenir un niveau de qualité élevé, ce qui n'était pas une mince affaire après Hirn. Nouhaud laisse transparaître les émotions sur chaque visage rendant du même coup les personnages très attachants. Je suis certain que ce trio va nous concocter une fin de deuxième cycle mémorable.

    A noter et surtout à souligner une belle stratégie de qualité/prix (13€ pour un album de 56 pages) car cela devient de plus en plus rare.

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  • Les 3 FRUITS.

    Les 3 fruitsLes 3 Fruits.
    Scénariste: Zidrou.
    Dessinateur: Oriol.
    Coloriste: Oriol.
    Editions: Dargaud dans la collection Autre Regard. 
    Dépot légal: Janvier 2015.

    Histoire:

    Bien que la vie lui ait toujours souri tout au long des quarante années de son règne, le roi s'affaiblit. Une femme aimante et quatre enfants, trois fils et une fille – Hubert, Vernon, Martin et Estelle – auraient dû le combler, mais non, rien n’y fait. Terrifié à l'idée de mourir, il n'arrive plus à ressentir la moindre émotion pour personne. Pressé par son fou d’apprendre à connaître la mort pour ne plus en avoir peur, il fait venir à lui les trois plus grands savants et pose à chacun la même question: "Comment ne pas mourir ?". Incapables de lui fournir la réponse escomptée, tous trois auront la tête coupée par le roi en personne, ainsi que le bouffon après qu’il eut avoué que lui n’avait pas peur de la mort. Peu de temps après ces événements tragiques, un mage se présente assurant pouvoir répondre à la question qui obsède le roi. Toutefois, en échange du secret de l'immortalité ce dernier devra lui donner la main de sa fille Estelle. Avant même d'entendre les termes précis du marché, le roi, après une courte hésitation, signe le pacte. C'est à ce moment que le mage lui délivre le secret: il doit manger la chair du plus valeureux de ses fils. Alors engagés dans des actions contre des créatures et monstres plus diaboliques les uns que les autres, les fils ignorent tout du pacte signé par leur père et surtout ne savent pas que c'est le plus valeureux d’entre eux, certainement le seul survivant, qui sera dévoré par leur père.

    Les 3 fruits planche

    Mon avis: Après "Dans la peau de l'Ours", le duo Oriol et Zidrou nous revient avec un récit noir, plus sombre et plus terrible, démontrant que ces deux auteurs ne sont pas cloisonnés dans un genre ou un style. Oriol fait impression par sa maîtrise des couleurs, jouant avec brio de l'ombre et de la lumière, alternant les tons sombres et les couleurs flamboyantes qu'il utilise à la perfection. Plusieurs cases s’apparentent à de véritables tableaux de maître.

    Les 3 fruits planche 6

    Au scénario, Zidrou nous plonge dans la quête de l'immortalité avec toutes ses dérives et ses folies poussées à l'extrême: une épouse et des enfants dévoués qui ne serviront qu'à assouvir la promesse d'immortalité quitte à pactiser avec le démon. Une belle histoire qui nous réserve une fin surprenante, à lire aussi et surtout pour sa magnifique illustration, de celles qu'on voit trop rarement dans la BD.

    Un album qui vaut tous les détours. 

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  • Complot

    ComplotTome 3 - La bataille de Hamburger Hill.
    Scénariste: Gihef.
    Dessinateur: Stéphane Perger.
    Coloriste: Stéphane Perger.
    Couverture d'Alexis Sentenac.
    Editions: Delcourt.
    Dépot légal: Janvier 2015.

    Histoire:

    Paul Duke est journaliste à Newsweek. En ce 5 juin 1968, il couvre la fin de la campagne du parti démocrate pour les élections primaires en Californie. En fait, il est dans un bar en train de draguer l’une des serveuses quand le sénateur Robert Kennedy est assassiné. Peu de temps avant, un homme au comportement bizarre l’avait bousculé et à présent il a la certitude qu’il s’agissait du tueur. Officiellement, l’auteur de l'assassinat est un certain Sirhan. D’ailleurs, il aurait avoué lors de son arrestation. Mais Duke n’en démord pas, Sirhan était de face et la balle est venue se loger dans la nuque de Kennedy. Comment le prouver? Kennedy avait pas mal de détracteurs notamment à la suite de ses prises de position sur la guerre du Vietnam, mais de là à soupçonner qu’un complice aurait tiré sur le sénateur !  À qui aurait profité ce crime? À Nixon? Le destin va fournir à Duke une occasion inespérée d’établir la vérité. Dans un dossier top secret comme les journaux en reçoivent chaque semaine, il découvre une photo de soldats engagés au Vietnam. Parmi eux, il en est certain, se trouve le tueur qui accompagnait Sirhan. C’est l’homme qui l'a bousculé dans sa fuite et qu'il a eu le temps de photographier juste après l'assassinat. Son enquête va finalement le mener jusqu’à une Section Attila, dépendant de la C.I.A., qui bientôt passera à l'offensive au Vietnam dans le cadre de l’Opération Apache Snow. Duke va tout faire pour se rendre sur place comme simple journaliste couvrant une opération militaire afin de démontrer qu’il peut fournir des preuves de ce qu’il avance, soutenu dans son action par le conseiller Fowler, un proche du défunt sénateur. Mais Duke ignore encore ce qui l'attend dans la vallée d'A Shau sur la colline 937 !

    Complot la bataille de hamburger hill planche

    Mon avis:

    Une guerre insoutenable au Vietnam, l'assassinat du plus haut responsable du parti démocrate de Californie, des complots dans les plus hautes sphères du gouvernement, des organisations secrètes soutenues par l'opposition et un simple journaliste qui en venant mettre son grain de sel va enrayer une machine bien huilée. Scénariste sur cet album, Gihef n'y va pas avec le dos de la cuillère. Il nous propose une histoire bien écrite, bien construite de bout en bout parvenant à nous tenir en haleine du début à la fin car même s’il nous met la pression dès les premières cases, il maintient le suspense jusqu’au dénouement final. Cet album est certainement l’un de ses meilleurs sinon le meilleur. Au dessin, Stéphane Perger que j'avais déjà remarqué dans "Sir Arthur Benton" avec Tarek au scénario, "Scotland Yard" avec Dobbs au scénario mais et surtout dans "Avengers Origins" avec Kyle Higgins au scénario, en particulier pour son personnage de la Vision, m'a une fois de plus bluffé. Perger n'a peur de rien. Il est à l’aise aussi bien dans les scènes d'action quel que soit l'angle de vue ou les engins de guerre qu'il représente à merveille, à voir par exemple cet hélicoptère qui m'a fait immédiatement penser aux scènes mythiques d'Apocalypse Now. Une illustration éclatante, alternant couleurs magnifiques et pages en noir et blanc, et organisée de manière extraordinaire. Un album à mettre entre toutes les mains d'autant plus que la couverture d'Alexis Sentenac est très réussie et accrocheuse.

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  • Undertaker

    UndertakerTome 1 - Le mangeur d'or.
    Scénariste: Xavier Dorison.
    Dessinateur: Ralph Meyer.
    Coloriste: Caroline Delabie et Ralph Meyer.
    Editions: Dargaud. 
    Dépot légal: Janvier 2015.

    Histoire:

    Anoki City a besoin d’un croque-mort. Une aubaine pour Jonas Crow, "undertaker" de métier, autrement dit croque-mort que tout le monde tente d’éviter le plus longtemps possible. A l’époque, il faut faire vite dans ce métier car la concurrence est rude. Lorsqu’il arrive sur place pour s’occuper du corps d’un certain Cusco, la situation est inhabituelle. Cusco n’est pas mort. Il lui manque bien une jambe mais de là à être mort, non ! Chose plus étrange encore, Cusco négocie lui-même son enterrement avant sa mort qu’il a lui-même programmée. Tout en menant la négociation à son avantage, Jonas n’oublie pas qu’il n’a rien mangé depuis longtemps ; il meurt de faim. Il accepte d’enterrer un gamin pour un steak de 5$. Et pour un second steak, il accepte de faire un sermon, second steak qui va aller tout droit dans la gueule de son vautour de compagnie, non sans susciter de la grogne qui tournera vite à la bagarre chez ceux qui s’étaient cotisés pour lui offrir son premier steak car eux doivent se contenter d’un morceau de porc aux haricots. Le côté sombre de Jonas est soudain dévoilé, ce qui incite le shérif à enquêter sur lui et à découvrir qui il est réellement. A présent, Cusco est mort. Très vite, tout le monde va savoir qu’il s’est suicidé en avalant la totalité de l’or qu’il possédait. Un sacrilège pour des orpailleurs à la recherche de la moindre poussière d’or à longueur de journée et pour un shérif bien décidé à récupérer la totalité du magot pour lui et ses hommes ! Une nouvelle ruée vers l’or est ouverte !

    Undertaker planche

    Mon avis :

    Les westerns ne sont pas légion dans le monde de la BD et l’on ne peut que se réjouir lorsqu’en paraît un de très bonne facture. Xavier Dorison (Asgard, Prophet, Long John Silver, W.E.S.T., etc.)  est fidèle à sa réputation avec cet album qui se révèle très bon et captivant de la première à la dernière page, grâce aussi au talent indéniable de Ralph Meyer qui, après "Page Noire" et "Asgard", nous offre sur "Undertaker" des illustrations dignes des meilleurs westerns hollywoodiens. Son trait noir et bien encré est parfaitement adapté à l’univers sec des plaines et des petites villes à l’image d’Anoki City. Tout y est, shérif véreux, avis de recherche, mines et gisements d’or, plaines superbes, saloons, colts, fusils, sans oublier Rose Prairie, la belle briseuse de cœurs, et même la cavalerie. 

    Undertaker planche s

    Les illustrations et croquis en fin d'album sont bluffants.  Non, rien ne manque à cet album western à ne rater sous aucun prétexte !

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  • Au fil de l'Art

    Au fil de l artTome 2.
    Scénaristes: Ivana et Gradimir Smudja.
    Dessinateur: Gradimir Smudja.
    Coloriste: Gradimir Smudja.
    Editions: Delcourt. 
    Dépot légal: Janvier 2015.

    Contenu:

    L'histoire de l'art comme on a rarement la possibilité de la découvrir. Gradimir Smudja (Le Bordel des Muses / Le Cabaret des Muses, Vincent et Van Gogh, etc.) nous livre avec ces deux tomes "Au fil de l'Art" les secrets les plus fous des peintres qui ont modelé l'histoire à leur façon, d’Antoine Watteau (1684-1721) à Pablo Picasso (1991-1973) en passant par Francisco de Goya (1746-1828), Jacques Louis-David (1748-1825) ou Joseph Mallord William Turner (1775-1851) pour n’en citer que quelques-uns. Gradimir Smudja nous invite à découvrir leur parcours de vie, leurs périodes de doutes et de difficultés, leurs grandes périodes de succès et de réussite, tout au long d’un récit truffé d'informations plus intéressantes les unes que les autres, le tout avec humour et finesse comme lui seul peut le faire étant lui-même un peintre hors pair. Qui mieux que lui pouvait se lancer dans cette grande et fabuleuse aventure qu'est la peinture à travers les âges ? Chaque case est une petite merveille, chaque peintre est somptueusement présenté, chaque période savamment illustrée. Il n'y pas de doute, père et fils chez les Smudja doivent aimer au plus profond de leurs âme l'art et en particulier la peinture pour nous offrir, et je pèse le mot, un chef-d’œuvre, ce qui me permet de dire ici que le neuvième art avec Gradimir Smudja n'est pas aussi éloigné que cela de celui des grands peintres.

    Au fil de l art 2 planche

    Mon avis :

    Pour son premier album BD, Ivana Smudja, accompagnée de son père dans cette aventure, nous livre un scénario dédié aussi bien aux novices qu'aux amateurs éclairés. L’album est truffé d'anecdotes, d'histoires drôles, fortes, parfois dures ; il propose pour chaque peintre une brève biographie largement documentée sous forme d’exposés didactiques qui nous donnent vraiment envie de nous replonger dans ce monde de pure beauté. Ivana et Gradimir Smudja nous font découvrir leur vision de la peinture dans un album passionnant et instructif dont les illustrations, où plutôt les peintures, réalisées par Gradimir sont d’un esthétisme incomparable et un vrai régal pour les yeux. Un album de bande dessinée de toute beauté à partager, glisser entre toutes les mains et à faire connaître aux plus petits mais aussi aux plus grands. La formule "de 7 à 77 ans" inventée pour le Journal de Tintin n'a jamais aussi bien mérité son nom.

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  • Ulysse 1781

    Ulysse 1781Tome 1 - Le Cyclope.
    Scénariste: Xavier Dorison.
    Dessinateur: Eric Hérenguel.
    Coloriste: Sébastien Lamirand.
    Editions: Delcourt. 
    Dépot légal: Décembre 2014.

    Histoire:

    1781, Annapolis dans la colonie anglaise du Maryland. Depuis la fin de la guerre d’Indépendance et malgré la confusion qu’elle a pu créer, Ulysse McHendricks a enfin pris ses repères jusqu’à ce jour où il reçoit la visite de son fils Mack en plein combat, plus ou moins magouillé comme tous ceux auxquels il participe. Mack lui apprend que sa mère, qui est à la tête de la distillerie McHendricks, se trouve en grand danger et qu’elle a besoin de lui au plus vite à New Itakee car les Anglais viennent de débarquer et font régner la terreur sous les ordres du colonel Montrose. En compagnie de McClusky, du Doc, de son fils Mack et des Minutemen – membres des milices des treize colonies – Ulysse décide de rentrer à bord du Galion l’Achéron. Mais c’était sans compter avec un voyage de près de trois semaines en passant à travers plaines et forêts pour atteindre enfin l’eau. C’est lors de ce périple qu’ils vont subir l’attaque des indiens Iroquois. Au bord de la défaite et sur le point de succomber à la seconde salve indienne, ils fuient jusqu’à un étroit passage dans la falaise, seule issue qu’ils n’hésitent pas à emprunter. À leur grand étonnement, les Iroquois stoppent net leur charge. Ils ne les suivent pas. Pourquoi ont-ils l’air terrifié comme s’ils craignaient quelque chose de plus terrible que la mort ?

    Ulysse 1781 planche 2

    Mon avis :

    Xavier Dorison (Asgard, Prophet, Long John Silver, W.E.S.T., etc.) n'en finit plus de nous surprendre et de nous émerveiller avec la parution quasi simultanée (à un mois près) d'Undertaker, en collaboration avec Ralph Meyer, et d’Ulysse 1781 avec Eric Hérenguel. De toute évidence, cet album devrait rapidement faire parler de lui. Nous voici plongés dans l'Amérique cruelle de l'après-guerre d'Indépendance mais aussi dans cette Amérique des légendes terrifiantes. Un récit haletant et fantastique dessiné par Eric Herenguel (Balade au bout du monde, Edward John Trelawnay, Krän, Lune d'Argent sur Providence, Nuit Safran, etc.) manifestement au top de sa forme. Combats à mains nues, courses effrénées, cavalcades à travers plaines et forêts, bref des scènes d'action à couper le souffle sur fond de drame familial et dans un contexte général mêlant faits historiques, mythes et légendes. Un menu bien chargé par conséquent mais savamment maîtrisé par Dorison au scénario, qui n’hésite pas à transposer la légende de l'Odyssée d'Homère dans l’Amérique de l’après-guerre d'Indépendance (Ulysse et son fils Télémaque/Mack progressant vers le domaine des dieux), et par Hérenguel dont le dessin fait parfois penser à ceux de Marini ou de Lauffray, des références en la matière, avec l’appui talentueux de Lamirand aux couleurs.

    Ulysse 1781 planche

    Coup de cœur chaudement recommandé.

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  • Sans pardon

    Sans pardonScénario : Yves H..
    Dessin: Hermann.
    Couleurs : Hermann.
    Edition : Le Lombard.
    Dépot légal : Janvier 2015.

    Contenu:

    Carter est de retour auprès des siens. Ce n’est pas pour revoir une famille qui lui manque mais plutôt pour se planquer et se faire oublier. En réalité, sa femme, son beau-père et son fils ne le voient que lorsqu'il est en cavale ou lorsqu’il a de gros problèmes. Sinon, ils le croient mort, abattu lors d’une attaque à main armée. Alors qu’ils rechignent à l’accueillir, Carter ne leur laisse pas vraiment le choix car cette fois c’est le Marshal et ses hommes qui viennent en découdre avec lui. Les choses vont rapidement tourner au vinaigre lorsque le Marshal décide d’incendier la maison pour obliger Carter à sortir. Mais rien n’y fait, Carter refuse obstinément d’obtempérer même lorsque le Marshal prend sa femme en otage pour l’obliger à se rendre. Une fusillade s’ensuit au cours de laquelle elle est tuée ainsi que le grand-père sous les yeux du fils de Carter. Profitant de la confusion, Carter et son fils vont néanmoins réussir à s’enfuir de la maison mais chacun par une route différente. En proie aux remords et poursuivi par sa mauvaise conscience, Carter va très rapidement entreprendre de retrouver son fils pour lui venir en aide. Les années passant, celui-ci va grandir seul et s’enfoncer dans cet univers cruel en devenant aussi violent que son père. Leurs retrouvailles ne vont pas vraiment se passer de la meilleure manière qui soit.

    Sans pardon planche 5Mon avis: Dès la couverture, on est plongé dans une atmosphère sombre et violente qui annonce une histoire sans concession, dure et sans pitié comme Yves H a pris l'habitude de nous en livrer ces derniers temps. Voici un western bien noir et réaliste comme le Far West a pu en connaître avec ses hors-la-loi, ses tueurs à gage, ses chasseurs de primes, son marshal corrompu et ses familles détruites par une brutalité et une violence omniprésentes. Un western où seuls les colts font la loi, où le héros n'en n'est pas vraiment un, où la noirceur règne en maître et où la justice n'a plus vraiment sa place.

    Sans pardon planche 13Au dessin, Hermann nous livre un travail de maître. Les textes et dialogues semblent souvent inutiles tellement ses illustrations sont explicites et traduisent en ce que Yves H voulait exprimer. Une réelle symbiose s'est installée entre les deux auteurs et on ne peut que s'en réjouir. Mais le danger n'est-il pas que la symbiose soit trop possessive et que Yves H ne puisse plus travailler avec d'autres dessinateurs. Hermann n'a plus besoin de nous démontrer sa maîtrise du dessin tant il s'applique à toujours vouloir faire mieux. On ne peut qu’admirer l’efficacité et la fluidité de son trait, le choix et la beauté de ses couleurs. Cette narration imagée se déroule dans un style cinématographique comme on en voit rarement. Que dire de plus sinon qu’Hermann a amplement mérité le Grand Prix du Festival d’Angoulême 2016.