Créabulles, Expositions, Dédicaces, Rencontres.

CARLOS GIMENEZ MONUMENT DE LA BD

Carlos Gimenez Photo tirée de la vidéo de Javier Mesón

Carlos GIMÉNEZ est l'un des grands maîtres de la bande dessinée espagnole reconnu pour ses albums d’inspiration autobiographique publiés à partir de la seconde moitié des années 1970 retraçant son enfance en internat de l’assistance publique, notamment dans son chef-d’œuvre Paracuellos, du nom de l’institution phalangiste où Carlos a séjourné après la fin de la guerre d’Espagne, mais aussi son adolescence madrilène dans Barrio – en quelque sorte la suite de Paracuellos – et à la suite de son installation à Barcelone, sa jeunesse au milieu des auteurs barcelonais dans Los Profesionales. Il est aussi l’auteur de plusieurs albums ou séries marquantes comme Gringo, Dani Futuro, España Una, Grande, Libre, 36-39 Malos Tiempos, Pepe et d’innombrables productions en particulier pour le jeune public.Paracuellos illu de la couvCarlos avec ibanezCarlos Giménez est l’un des quatre auteurs avec Victor de la Fuente (voir notre article ici), Ibañez (Mortadelo y Filemón) et Pasqual Ferry (comics) qui m’ont incité à faire le déplacement jusqu’en Espagne dans l’espoir de les voir en chair et en os, de les rencontrer, d’échanger qDebout suso pena adolfo maroto victor de la fuente y luis garcia assis gimenez y pilaruelques mots aimables avec eux étant moi-même bilingue. Ces déplacements ont été l’occasion de découvrir les festivals espagnols, en particulier celui de Barcelone, mais aussi la BD espagnole dont beaucoup de titres n’étaient pas traduits ni distribués sur le marché franco-belge. Ces voyages ont été source de fabuleuses découvertes pour moi, notamment ces grands auteurs que sont Paco RocaJordi BernetMiguelanxo Prado, Alfonso Font, Daniel TorresCarlos Pacheco et bien d’autres. Ils m’ont aussi permis d’en revoir beaucoup d’autres avec plaisir et dans une tout autre ambiance comme Juanjo Guarnido, Jaime CalderónAna MirallèsRubén Pellejero, etc… Je n’oublie pas non plus la découverte de cette nouvelle génération de jeunes auteurs espagnols dont plusieurs sont à présent connus par leur travail sur des titres et séries désormais traduits et non plus seulement limités au seul marché hispanophone, ainsi que ceux travaillant pour le marché du comics US et/ou ceux travaillant directement pour le marché francophone. Ces voyages ont également été l’occasion de prendre beaucoup de contacts qui m’ont ensuite permis d’organiser à Bruxelles des rencontres (BDTrip) avec des auteurs espagnols et ensuite italiens et serbes m’ayant à leur tour donné la possibilité de collaborer en tant que contact auteurs avec les organisateurs des très regrettées Jornadas Comiqueras de Barcelone et de Madrid qui m'ont permis de nouer des amitiés sincères… Jornadas comiqerasMais revenons à notre propos.

Carlos Giménez est un auteur des plus fascinants, mais peut-être pas aussi familier ni connu du grand public qu’il le mériterait en dépit de la très longue liste de ses ouvrages lui ayant valu autant de prix et récompenses du milieu de la bande dessinée. J’avais à cœur de lui consacrer un dossier depuis pas mal de temps déjà et je suis particulièrement heureux de pouvoir concrétiser ce projet aujourd’hui d’autant que 2021 est l’année de ses 80 ans et des 45 ans de Paracuellos, sa série-phare. Carlos gimenez art

Carlos Giménez est un auteur incontournable de la BD espagnole comme internationale. Lorsqu’on évoque son nom, on pense aussitôt à des titres comme España Una, España Grande, España Libre, Los Profesionales mais surtout Paracuellos, Barrio et, plus récemment 36-39 Malos Tiempos, autant d’albums qui ont construit sa réputation de chroniqueur de l’après-guerre civile et du franquisme, dans lesquels il raconte les expériences qu’il a personnellement vécues, les moments difficiles bien sûr mais aussi ceux plus légers où il décrit son quotidien avec un certain humour.Todo paracuellosIl a passé huit longues années au milieu d’autres enfants dans les centres de l'Auxilio Social, l’assistance sociale phalangiste. Parmi la dizaine de centres, il y a celui de Paracuellos, en fait un surnom donné au Centre de Batalla del Jarama. Les premiers lecteurs des histoires courtes de 2 pages publiées dans la revue "Yes" ont principalement retenu, parmi tous les centres mentionnés par Giménez, celui de Paracuellos. L’auteur adoptera finalement ce nom pour la série initiale de six albums compilant tous ces récits courts. Aujourd’hui c’est sous forme d’intégrale que l’on trouve plus communément l’œuvre de Giménez qui constitue un témoignage documentaire fort sur les années Franco.Terreur 1Escola femartTrès tôt, le jeune Carlos a aimé dessiner. Il a toujours gardé cet amour du dessin même pendant les années vécues en internat, un dessin qui lui permettait en quelque sorte de s’évader. L’enseignement des beaux-arts (dessin, peinture, sculpture, architecture, musique, poésie, théâtre, danse) existait bien mais il n'y avait pas d'école de Escola josobande dessinée en tant que telle comme c’est le cas aujourd’hui avec l’Escola femART (où enseigne Jaime Calderon et d'où est sorti Sergio Dávila) ou Joso (où enseignent plusieurs auteurs de BD ou comics)pour ne citer que celles de Barcelone. Il fallait se "faire la main" en travaillant auprès de dessinateurs expérimentés. Après tant d’années de galère y compris après avoir quitté l’internat, il a enfin eu la chance grâce à une connaissance de pouvoir rencontrer à l'âge de 17 ans le dessinateur López Blanco. Cet apprentissage puis des années de pratique ont permis à son talent de s’épanouir.

Carlos Giménez est l’un des premiers, si pas LE premier, à réaliser une "mémoire historique" et à la raconter sous forme de BD. Et s’il a pu le faire avec autant de précision et de réalisme c’est surtout parce qu’il en a été l’un des protagonistes. Carlos Giménez raconte des événements qu’il a vécus personnellement ou qui lui ont été rapportés par d'autres enfants ayant fréquenté les mêmes foyers. Les faits sont réels mais les noms et prénoms des personnes citées y sont modifiés. Pour son travail, il utilise ses propres souvenirs mais aussi de nombreux documents, des lettres envoyées par les enfants ayant vécu dans les internats, des photos, etc. Cela se ressent dans ses pages. Des réunions ont été organisées durant lesquelles les témoins racontaient ce qu’ils avaient vécu. Tout a été enregistré pour constituer une mémoire cohérente et la plus complète possible. Il y a matière à écrire bien d’autres récits.
Il lui aura fallu du temps pour surmonter ces difficiles années d’enfermement avant de pouvoir les raconter. De même, après avoir quitté l’internat, il fera le récit de son retour à la vie "normale" dans Barrio, une nouvelle et longue période d’adaptation à sa nouvelle vie.Carlos gimenez memoire historique
Carlos Giménez témoigne de l’époque noire de l’Espagne franquiste et de tous les abus commis, tel un porte-parole des sans voix.
On ne ressort pas indemne de la lecture de Paracuellos. Certes, il y a de l'humour et l’on se surprend à esquisser un sourire à la fin de chaque histoire, mais on ne peut s’empêcher d’avoir de la compassion pour la souffrance et les contraintes endurées par l’auteur.
L’innocence des enfants est mise à l’épreuve par les mesures disciplinaires en vigueur qu’il s’agisse de violence verbale, morale ou physique, typique de l’époque franquiste, une violence présente au sein des familles mais aussi dans la rue où elle accompagne une pauvreté généralisée.Paracuellos page
Carlos Giménez nous fait vivre son récit avec un découpage serré multipliant les petites cases où dominent les visages des enfants. Sous une forme plus dure encore où l’humour ne trouve plus sa place, il nous raconte les années terribles de la Guerre civile sous le titre 36-39 Malos Tiempos, mettant en jeu des personnages aussi bien républicains que nationalistes.Todo malos tiemposPar leur contenu, leur trait, leur encrage, leur découpage, tous les ouvrages cités portent la griffe personnelle de Carlos Giménez, un monument de la BD encore bien vivant et plein d'énergie (biographie détaillée ci-après).Carlos gimenez signatureA noter en 2003 la sortie en Espagne d'une étude approfondie sur Carlos Giménez à laquelle ont participé de nombreux auteurs dont Alfonso Azpiri, Sergio Bleda, Antonio Busquets, Fernando Fernandez, Rafael Lopez Espí, Victor Mora, Paco Najera, Victor Sanchez Abulí, Victor Santos... Guillermo del Toro et ... Carlos Giménez, parue aux éditions Flash-Back Presenta. Flashback homenaje a carlos gimenez

CARLOS GIMÉNEZ est né à Madrid le 16 mars 1941, deux ans après la fin de la guerre civile. Son père décède avant même que Carlos ait atteint l’âge d’un an. Non sans difficulté, sa mère Marcelina se charge seule de l’élever ainsi que ses frères aînés Vicente et Antonio dans le quartier madrilène de Lavapiés. Frappée par la tuberculose, sa mère devra être hospitalisée. Encore jeunes et ne pouvant rester à la maison, Carlos et Antonio sont alors placés dans des centres d’aide sociale tandis que le plus grand est recueilli par la famille. Gamin âgé d’à peine 5 ans, Carlos va ainsi connaître les centres de Paracuellos de Jarama et de Barajas (aujourd’hui site de l’aéroport de Madrid), situés à une vingtaine de kilomètres au nord-est du cœur de Madrid. Là, il va vivre des moments très durs marqués par le fanatisme religieux et une discipline de fer, connaître la faim mais surtout la soif, devoir supporter le froid en hiver…

Paracuellos auxilio social 2El cachorroParacuellos témoigne de cette période pénible et décrit les moments difficiles et douloureux de son enfance mais dans un style toujours très pudique et largement teinté d’humour. C’est là tout le talent de Carlos Giménez. Le jeune Carlos va y forger son caractère et comprendre qu’il doit utiliser les moyens à sa disposition. Il gagne la confiance de certains professeurs et met à profit ses talents de dessinateur qu’il utilise comme monnaie d’échange. Il dessine pour l’un, décore une armoire pour l’autre et obtient des dispenses de prière ou d’instruction paramilitaire. Il commence à prendre conscience que sa vie en dépend. Il lit El Cachorro, une série d’aventures de Juan García Iranzo (publiée en format broché par Bruguera entre 1951 et 1960) et s’amuse à en redessiner des scènes. Désormais, il est clair qu’il sera dessinateur…Carlos avec el cachorro en manoEn 1955, Carlos a 14 ans. Il peut enfin retourner chez lui dans son quartier (barrio). Ce retour à la vie "normale" ne sera pas des plus faciles car il retrouve sa mère malade et doit travailler. Il décroche un travail d’apprenti dans l'atelier Sarmentero de restauration et de décoration de porcelaine au cœur du quartier du Rastro de Madrid et fait souvent office de coursier à travers la ville. Heureusement, son amour du dessin est toujours bien vivant. À présent, il lit El Capitán Trueno, des aventures de pirates créées par Victor Alcázar et dessinées par Ambros pour Bruguera et, à son habitude, s’amuse à en reproduire des vignettes.El capitan truenoAventuras del fbiCuriosidadesSon premier contact avec le milieu des dessinateurs se produit en 1959 à l'âge de 17 ans. Il découvre enfin l’atelier d’un professionnel après avoir fait la connaissance de Manuel López Blanco qui dessine Las Aventuras del F.B.I., une série d'aventures d'un agent du FBI nommé Jack Hope, accompagné par Bill Boy et Sam dans ses missions qui vont les mener des rues malfamées des villes vers des lieux plus exotiques où ils affronteront mille dangers. C'est à ses côtés, en tant qu'assistant réalisant des arrière-plans ou des éléments de paysage et encrant des vignettes, que Carlos Gimenez va entrer dans le monde magique de la BD. Il y apprendra le métier pendant près d’une année puis commencera à se faire la main sur Curiosidades aux éditions Ibergraf (1960), une série d’illustrations sur des sujets insolites tirés d’encyclopédies, avant de se voir confier, en 1961, la réalisation de quelques épisodes de Drake & Drake pour la presse quotidienne.

À présent, il a le pied à l’étrier mais continue d’améliorer sa technique à force de travail acharné et d’application, de volonté mais aussi d’envie. Il travaille sur la série western Buck John publiée chez Impéria (1962-63) pour les marchés extérieurs mais c’est surtout avec Gringo (1963) qu’il éprouve un sentiment de satisfaction même s’il estime ne pas encore avoir atteint le niveau de qualité qu’il souhaiterait. Le protagoniste, Syd Viking, est un jeune américain à l'esprit vif qui, sous le nom de Gringo, se consacre à la défense des Mexicains et des Indiens opprimés. Sur un scénario de Manuel Medina, la série est produite pour le marché extérieur par l'agence Selecciones Ilustradas de Barcelone. Carlos continue d’y travailler pendant son service militaire, époque où son talent de dessinateur lui facilitera souvent la vie. Gringo est certainement l’une de ses meilleures séries. Elle sera également publiée en Espagne mais de manière partielle et irrégulière.GringoAprès l’armée, Carlos se marie (1964) et poursuit la série Gringo mais comme beaucoup d’autres auteurs, il constate qu’il mène une vie de misère et de fatigue, et encore plus après la naissance d’un premier enfant. C’est à cette époque (1967) qu’il décide de partir s’installer à Barcelone qui pour beaucoup semble un eldorado. Il poursuit sa collaboration avec le studio de l’agence Selectiones Ilustradas mais ici aussi la vie est dure, l’obligeant à accepter pas mal de petits boulots. Avec d’autres dessinateurs, dont Esteban Maroto venu lui aussi de Madrid, il décide de regrouper leurs maigres moyens pour s’installer dans une petite maison (La Floresta) qui leur servira aussi d’atelier. La maison devient un lieu de vie, de travail, de rencontre, de création, un lieu ouvert où l’on se retrouve en famille, entre amis, où l’on se ressource, où l’on se cultive, où l’on discute, etc. C’est là que Carlos Gimenez et ses collègues du "Grupo de la Floresta" prennent conscience que leur travail est exploité et qu'ils n'ont droit à rien en tant que dessinateurs.

Delta 99 carlos gimenezBarcelone marque un tournant dans sa carrière. Carlos prend la décision de tout laisser tomber, y compris Gringo, pour travailler sur Delta 99, une histoire policière pour un public adulte ayant pour héros un extraterrestre doté de super-pouvoirs venu sur Terre pour combattre le Mal, imaginée par José Toutain et scénarisée par Jesús Flores Thies (auquel succèdera Víctor Mora) publiée chez Selecciones Ilustradas en 1967. Pour le marché allemand, il dessine aussi des histoires humoristiques comme Tom Berry et Kiko 2000.

Dani futuroAvec Victor Mora, il crée en 1969 dans la revue Gaceta Júnior le personnage de Dani Futuro mais la maison d'édition vend les droits de cette série de science-fiction à la maison d'édition belge Le Lombard pour publication dans le Journal Tintin sans même les en informer. Sa collaboration avec Victor Mora l’incite à s’essayer en tant qu’auteur complet. En parallèle avec Dani Futuro, il produira dès 1969 la trilogie El Mensajero, El Miserere et El extraño caso del Sr. Valdemar.El mensajeroEn 1973, dans la ville de Premiá del Mar (au nord de Barcelone), Luis García, Adolfo Usero (lui aussi ancien pensionnaire des internats de l’aide sociale) et Carlos Giménez décident de créer un studio qu’ils baptisent "Premiá 3" où ils travaillent sur des adaptations de l’Odyssée d’Homère sous le titre espagnol Ulysses ou du roman de Robert L. Stevenson, La Isla del Tesoro, et une histoire dans la série Los 4 amigos sur un scénario de Mariano Hispano, une série incitant ses jeunes lecteurs à réfléchir sur l'empathie, la diversité, la tolérance, la justice et le respect. Cantonné jusqu’ici à un public jeune, Carlos rêve de travailler sur des sujets plus graves. À l’approche de la fin du franquisme, il projette même avec Luis García de créer sa propre revue, Banda Negra, qui au final ne verra jamais le jour.El extrano caso del sr valdemar d edgar allan poeLa mort de Franco en novembre 1975 ayant mis fin aux mesures de censure, les ouvrages d’auteurs comme Hugo Pratt, Moebius, Mézières, Bilal, Corben, etc. mais aussi de l’underground américain commencent à être diffusés en Espagne. Carlos Giménez va alors découvrir des styles et contenus totalement nouveaux. L’Espagne s’ouvre à la démocratie et le monde de l’édition s’enrichit de nouvelles publications, y compris des revues comme Totem, El Vibora, 1984, Comix Internacional, Rambla.Hom pageHomEn 1975, Carlos s’inspire d’une nouvelle de Brian Aldiss "The Long Afternoon of Earth" (Le Monde Vert) pour écrire et dessiner Hom, un album avec lequel il va prendre énormément de risques financiers car il a abandonné tous ses autres travaux pour se consacrer entièrement à cette histoire. Bien qu’il s’agisse de science-fiction, l’histoire est connectée à la réalité politique espagnole en décrivant un monde dans lequel une minorité domine la population et l’empêche d'acquérir la culture et une conscience de classe.Espana una grande y libreEspana unaSur un thème qui lui tient le plus à cœur, il dessine aussi pour le magazine satirique et humoristique El Papus plusieurs histoires satiriques sociales et politiques qui seront plus tard réunies dans "España Una", "España Grande" et "España Libre" (réédité en 1999 par Glénat España sous le titre España Una, Grande y Libre).

Il se décide alors à écrire sa propre histoire, celle de son enfance partagée avec d’autres enfants dans les centres de l’Assistance sociale durant les années 50. Ces récits d’abord proposés aux magazines Muchas Gracias et El Papus seront finalement publiés dans la revue Yes des éditions Amaika qui les regroupera dans un premier album paru en 1977 sous le titre Paracuellos.ParacuellesKoolau le lepreuxDurant toutes ces années, Carlos se révèle très prolifique et travaille sur diverses publications ayant pour thématique la critique politique et sociale ou l’histoire de l’Espagne mais aussi sur d’autres thèmes comme l’adaptation sous le titre Koolau, El Leproso d’une nouvelle de Jack London intitulée Koolau The Leper (Le lépreux) ou celle du roman d’anticipation de Robert Merle Un animal doué de raison en 1979, tout en poursuivant l’histoire de sa vie. Il travaille également au récit de son retour dans son ancien quartier à l’âge de 14 ans, qui sera d’abord publié sous forme d’épisodes dans la revueErase una vez en el futuro El Papus, ensuite réunis dans un album intitulé Barrio publié aux Ediciones de la Torre en 1978. Entre 1979 et 1980, il réalise une série de bandes dessinées de science-fiction sous le titre générique Érase una vez en el Futuro (Il était une fois dans le futur), basée sur des adaptations de nouvelles de Jack London et Stanislaw Lem. Elles seront d’abord publiées dans la revue 1984 (Toutain Editorial) puis sous la forme d’un album par Ediciones de la Torre en 1980 dans sa collection Papel Vivo.Paracuellos 2Los profesionales gente tiernaLe succès rencontré par Paracuellos incite Carlos Giménez à poursuivre son travail d’écriture autobiographique. En 1981, il publie dans la revue Comix Internacional (Toutain Ediciones) une suite dont les épisodes seront ensuite édités sous le titre Paracuellos 2 - Auxilio Social par Ediciones de la Torre en 1982. Cette même année, le premier numéro de la nouvelle revue Rambla (dont il est l’un des membres fondateurs) publie les premières pages de Los Profesionales, un nouveau récit dans lequel il raconte son parcours professionnel d’auteur de BD, dont la publication se poursuivra dans la revue Comix Internacional qui publiera également une histoire courte émouvante empreinte de chagrin et de déception intitulée Un día, un lugar, una cita considérée comme l'une des plus importantes de la bande dessinée espagnole. La version française de ce titre paraîtra en épisodes dans la revue Fluide glacial puis en albums sous le titre Les Professionnels.Los profesionales

En 1983, Carlos Giménez quitte Barcelone pour se réinstaller à Madrid où il va désormais poursuivre son travail sur ses principaux titres sans cesser d’écrire et/ou de dessiner pour la publicité, pour le cinéma où son nom est associé à des storyboards de films, mais aussi pour la BD où il aborde un large éventail de thèmes comme l’amour, l’histoire, la science-fiction, l’humour, les aventures jeunesse et même l’érotisme…Rambla arriba rambla abajoEn 1985, il publie le troisième album de Los Profesionales intitulé Gente tierna ainsi que Rambla arriba, Rambla abajo qui paraît d’abord en épisodes dans la revue Comix Internacional de Toutain Editorial puis en album dans la collection Papel Vivo de Ediciones de la Torre. Précédemment incluses dans la future série Los Profesionales, avec laquelle elle partage certains protagonistes, il s’agit plutôt d’une chronique sociale de l'Espagne franquiste située à La Rambla à Barcelone, 25 ans après la fin de la guerre civile.BandoleroEn 1986, il travaille également sur Bandolero, Historia verdadera y real de la vida y hechos notables de Juan Caballero, l’adaptation en BD de l’histoire du célèbre bandit espagnol du XIXe siècle, Juan Caballero Pérez, qui sera publiée en français chez Dargaud sous le titre Bandolero - Histoire véritable et réaliste des faits remarquables de la vie de Juan Caballero en 1989.Historias de sexo y chapuzaJonasEn 1989, Giménez commence à dessiner la série Historias de sexo y chapuza (Sexe et bagatelle), qui sera publiée simultanément en Espagne (revue Totem) et en France (Fluide Glacial). Au début des années 1990, il travaille sur les premières pages de Jonás, un récit d’aventure mettant en scène un jeune garçon. Mar de luna sbEn 1993, il réalise le story-board du film Mar de Luna de Manolo Matji, un drame qui relate l’histoire d'amour impossible entre un chevalier et sa sœur dont naîtra un fils qui sera répudié par le gentilhomme. Interné dans un monastère, le garçon réussira à s’en échapper pour découvrir le monde et surtout la mer après avoir fait la rencontre d’un colporteur. Outre la poursuite de Sexo y Chapuza et divers travaux pour des institutions et la publicité ainsi que l’écriture d’histoires courtes pour la presse quotidienne ainsi que pour Totem El Comix en Espagne et Fluide Glacial en France, Carlos décide en 1999 de reprendre sa série Paracuellos. Il s’attelle au troisième album dont les récits seront publiés en France dans Fluide Glacial et en Espagne par Glénat España.Jonas la isla que nunca existioEl espinazo del diabloEl espinazo del diablo storyboardEn 2000, Carlos achève l’écriture de Jonás en la isla que nunca existió, un album d’aventure et de science-fiction de 62 pages destiné à un jeune public qu’il décide de publier en version numérique sur son site internet et qui sera édité chez Glénat en 2003. Il collabore à l’élaboration du storyboard du film El espinazo del diablo (L’échine du diable) réalisé par Guillermo del Toro sur un scénario d'Antonio Trashorras et David Muñoz dont l’histoire se situe après la guerre civile espagnole, lorsque le héros nommé Carlos est envoyé dans un orphelinat mais l'établissement est hanté et il doit découvrir les secrets de ses habitants.

​​​​​​​Carlos gimenez 36 39 malos tiemposParmi ses plus récents travaux, dans les quatre albums de 36-39 Malos Tiempos parus entre 2007 et 2009, Carlos Giménez nous donne sa vision personnelle de la guerre civile espagnole. Il se concentre sur la vie quotidienne des "petites" gens des villes et des campagnes, victimes du froid, de la faim, du manque de médicaments, mais aussi des bombardements, des violences et autres atrocités de la guerre. À partir de 2012, avec la série Pepe, Carlos aborde de nouveau le sujet des agences de dessinateurs à travers la biographie du dessinateur-illustrateur Pepe González, quatre albums publiés par Panini España (version française parue chez Charlie Hebdo-Éditions Les Échappés).Pepe

Carlos Giménez a été multi-récompensé dans son pays comme à l’étranger en tant que dessinateur et scénariste. Tout au long de sa carrière, son travail et son talent ont été salués par la communauté des passionnés et/ou des professionnels de la bande dessinée qui lui a décerné de très nombreux prix et distinctions honorifiques (liste non exhaustive) :

1969- Prix de l’image par le CLA (Círculo de Lectores de Anticipación [Cercle des lecteurs d’anticipation])
1977- Prix du meilleur dessinateur par le Journal de Ténérife Diario de Avisos
1977- Prix du meilleur dessinateur par le CAH (Club Amigos de la Historieta [Club des Amis de la BD])
1977- Prix de la meilleure œuvre par le CAH
1978- Prix de la meilleure œuvre par le CAH
1980- Prix du meilleur dessinateur et 2e Prix du meilleur scénariste par le magasin Casa del Libro de Madrid
1980- Prix de la critique "Meilleure BD espagnole" par la Revue 1984
1980- Prix du meilleur scénario par le journal de Ténérife Diario de Avisos
1980- Prix "Betty Boop" des meilleurs scénario et dialogues au Festival BD d’Hyères (France)
1980- Prix "Emilio Freixas" (dessinateur pionnier de la BD espagnole)
1980- Prix Saint-Michel (Bruxelles) du meilleur dessinateur étranger pour Koolau Le lépreux
1981- Prix (ex-Alfred) du meilleur album pour Paracuellos au Festival BD d’Angoulême
1983- Prix du meilleur scénario réaliste par le journal de Ténérife Diario de Avisos
1983- Prix de la meilleure œuvre par le CAH
1984- Prix du meilleur dessinateur lors de la 1ère édition de la Semaine de la BD de Madrid
1985- Prix Haxtur de la meilleure histoire courte pour Primer Amor au Salon international de la BD de la Principauté des Asturies
1986- Prix du meilleur dessinateur, meilleur scénariste, meilleur auteur et meilleur album (vote du public) lors de la 3e édition de la Semaine de la BD de Madrid
1986- Prix du meilleur "commentateur" par le journal de Ténérife Diario de Avisos
1991- Prix Haxtur du meilleur scénario et de la meilleure histoire courte pour Sabor a menta au Salon international de la BD de la Principauté des Asturies (15e édition)
1999- Prix du meilleur scénario réaliste par le journal de Ténérife Diario de Avisos
2000- Grand Prix "El Oso" au Salon de la BD de Madrid
2000- Prix de la meilleure œuvre et Prix du meilleur scénario au Salon international de la BD de Barcelone pour Paracuellos
2001- Prix du meilleur dessinateur par la Municipalité d’Estepona
2001- Prix Haxtur du Meilleur scénariste au Salon international de la BD de la Principauté des Asturies (25e édition) pour l’histoire "Garde à vous !" de Paracuellos tome 4
2001- Prix de la Critique de la Meilleure œuvre espagnole
2001- Prix Ivá (Ramón Tosas Fuentes) du meilleur auteur professionnel par la Municipalité de Cornellà de Llobregat
2002- Prix Yellow Kid pour l’ensemble de sa carrière au Festival International de la BD de Lucques (organisé à Rome)
2002- Prix de la meilleure BD espagnole pour Paracuellos 5 au Forum de la BD européenne
2003- Médaille d’Or du mérite des Beaux-Art (prix artistique décerné par le Ministre espagnol de l’Éducation, de la Culture et des Sports)
2004- Prix Haxtur "Spécial John Buscema" lors du Salon international de la BD de la Principauté des Asturies
2005- Grand Prix du Salon international de la bande dessinée de Barcelone
2007- Prix Haxtur de la Meilleure histoire courte pour Ese Día de Barrio T4 et Prix du Finaliste ayant reçu le plus de votes du public prix lors du Salon international de la BD de la Principauté des Asturies
2009- Sélectionné pour le Prix "Príncipe de Asturias de las Artes"
2010- Prix du Patrimoine du Festival de la BD d’Angoulême pour Paracuellos
2016- Prix de la Guilde des Librairies de Madrid pour Crisálida
2017- Prix Acier de la Fondation Domingo Malagón (association à but non lucratif participant parmi d’autres institutions aux cérémonies d’hommage aux 13 jeunes femmes (Trece Rosas) du mouvement des Jeunesses socialistes unifiées (JSU) fusillées sur décision du régime franquiste le 5 août 1939).
2021- Sélectionné pour le Fauve d’Or au Festival de la BD d’Angoulême pour Paracuellos T2

SDJuan & FPatrick

Date de dernière mise à jour : 10/09/2021

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