Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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BARBE ROUGE Les nouvelles aventures de... T2
- Par asbl-creabulles
- Le 28/09/2021
Tome 2 : Les chiens de mer
Scénario : Jean-Charles KRAEHN
Dessin : Stefano CARLONI
Couleurs : Stefano CARLONI
Dépot légal : août 2021
Editeur : Dargaud
Cycle : 1
Grand format
ISBN : 978-2-205-08902-8
Pages : 56Les Espagnols ont capturé le Faucon Noir comme prise de guerre, Barbe-Rouge est désormais leur prisonnier. Le navire fait route vers Santo Domingo quand, soudain, il fait une embardée. L’équipage alerté découvre le timonier solidement attaché à la barre. Pire, Barbe-Rouge a profité de la nuit pour s’échapper. Ses gardes sont retrouvés morts et il manque un canot à bord. Persuadés qu’il n’ira pas bien loin car il s’est enfui à bord d’une chaloupe à rames, les Espagnols décident de le prendre en chasse avec le Faucon Noir. De leur côté, Éric, Triple-patte et Baba sont eux aussi retenus prisonniers dans une cabane en bois sur l’île où Morgan Le Spectre a installé sa plantation. Encore assoupi, Éric est tout étonné de voir Concha apparaître devant lui. Bien que devenue la petite amie attitrée du Spectre, elle propose de les aider... sauf qu’Éric a la rancune facile et ne lui laisse pas le temps de s’expliquer. Dans le même temps, les choses vont en s’accélérant. Profitant d’un garde peu concentré sur sa mission de surveillance, Edward Hornigold et sa troupe ont débarqué de nuit, n’hésitant pas à massacrer les hommes du Spectre et les femmes qui les accompagnaient. Sur le Faucon Noir, le jeune Rico est sur le point d’achever sa mission et d’enclencher un retournement de situation des plus importants pour la suite des événements…
Mon avis : Poursuite passionnante et mouvementée des "Nouvelles Aventures de Barbe-Rouge" grâce au duo Jean-Charles Kraehn et Stefano Carloni.
S’inscrivant dans un contexte historique bien géré, Kraehn nous offre un scénario rythmé pour cette seconde partie du diptyque inaugurant la série. La grande aventure de pirates est de retour, le célèbre Barbe-Rouge en tête, et gageons que ce soit pour un bon moment.
Le scénariste réussit à nous accrocher et nous tenir en haleine sur la longueur en multipliant les surprises et les rebondissements, souvent inattendus.
Si les personnages sont nombreux, tous et toutes jouent un rôle important.
La narration est rythmée et maîtrisée avec des cliffhangers judicieusement placés.Côté dessin, Stefano Carloni s'est emparé avec talent du personnage pour faire de cette reprise une réussite.
Des cadrages bien maîtrisés, un déroulement efficace de l'action, une belle mise en page pour un ensemble bien équilibré et surtout un très bon dessin comme déjà noté sur le premier tome.
Un trait précis, soigné, agréable tant sur les personnages connus et reconnus de tous que sur les scènes d'action, à terre comme en mer, ou sur les nombreux décors.
Une belle maîtrise des illustrations mais également des couleurs de la part de Stefano Carloni.Tirage de Tête du tome 2Tirage de Tête du tome 2
Un deuxième tome qui confirme le retour réussi de Barbe-Rouge.
SDJuan
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UN ÉTÉ CRUEL
- Par asbl-creabulles
- Le 27/09/2021
Scénario : Ed BRUBAKER
Dessin : Sean PHILPS
Couleurs : Jacob PHILIPS
Couverture : Sean PHILIPS
Traduction : Alex NIKOLAVITCH
Dépot légal : juin 2021
Editeur :
Collection : Contrebande
Format comics
ISBN : 978-2-413-02709-6
Planches : 236Été 1988. Rick, alias Ricky, le fils de Teeg Lawless vient de cambrioler un truand bien connu, "Mack le monstre". Il n’a pas hésité à le tuer pour dérober un collier de diamants afin de payer la caution de son père emprisonné. Sauf que c’est le genre de conneries à ne surtout pas faire dans ce milieu. À présent, Ricky va devoir rendre ce qu’il a volé et en prime son père Teeg va devoir payer 25000 $ sous quinze jours. Teeg vient d’apprendre la mort de son compère Arvin avec qui il a fait les 400 coups et ses meilleurs braquages. La petite amie d’Arvin lui apprend qu’il surveillait une boutique non loin de là. Après avoir fait un repérage des lieux, Teeg comprend qu’Arvin préparait un gros coup. Ça tombe à pic pour lui. Il va s'en occuper. Mais c’était sans compter avec un imprévu de taille, Jane … ou Marina… ou …
Mon avis : Si Ed Brubaker est sans aucun doute devenu l’un des grands auteurs de polars bien noirs, il le doit en grande partie à son binôme, Sean Phillips.
On ne compte plus le nombre d’opus de qualité qu’ils ont réalisés ensemble. Un été cruel en est un bel exemple.
Brubaker nous plonge dans des univers de personnages cassés, brisés, déjantés et/ou sanguinaires mis toujours en situation, comme dans ces films policiers de la grande époque quelle que soit leur déclinaison, polar, film noir, film de gangsters, de braquage, thriller, etc.
Chaque personnage est approfondi et ne cesse de nous surprendre par son évolution dans le récit ou par de nouvelles révélations à son sujet.
Les intrigues, les rebondissements s’entremêlent pour créer la magie et faire en sorte que la lecture nous tienne en haleine. Un opus épais de près de 300 pages qui retient notre attention et éveille notre curiosité de bout en bout.
Côté dessin, Sean Philips construit, découpe, met le tout en scène de manière à ne rien laisser au hasard.
Chaque case est savamment pensée et dessinée pour nous immerger dans chacune des situations, chacun des moments de cette aventure, nous les faire ressentir et partager.
Son trait, son encrage sont puissants avec des personnages hauts en couleurs et une galerie de gueules très expressives.
Sans oublier ces très belles femmes déterminées qui ajoutent du piquant et du mystère et le très beau travail réalisé sur les ambiances.
Un polar haletant géré de mains de maîtres comme d’habitude par ce duo des plus convaincants.SDJuan
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FLIC À LA PJ
- Par asbl-creabulles
- Le 17/09/2021
T
ome 1 : Go fast !
Scénario : Éric CORBEYRAN
Dessin : Luca MALISAN
Couleurs : Chiara ZEPPEGNO
D'après le vécu de Ludovic ARMOËT
Dépot légal : août 2021
Editeur : Delcourt
Grand Format
ISBN : 978-2-413-03679-1
Nombre de pages : 62Au village d’Hell-Bourg sur l’île de la Réunion, Ludovic, 8 ans, sert la messe comme enfant de chœur auprès de son oncle, le curé de la paroisse. Mais au fond de lui, la seule idée qui l’anime est de devenir flic. C’est là aussi, sur les hauts de l’île au pied du piton d’Anchaing qu’il va connaître et vivre son premier grand amour non sans mal face à sa famille, mais il tiendra bon. Des années plus tard, son rêve s’est concrétisé. Il est enfin flic. Qui plus est, il a même rejoint la métropole comme lieutenant à l’antenne d’Evry du SRPJ de Versailles. Aujourd’hui, le voici chargé d’un vol de voiture. Pas n’importe laquelle, la BMW cabriolet de Pierre Perret. C’est l’élément déclencheur d’une enquête sur l’une des plus grosses prises de drogue qui aboutira au démantèlement d’un réseau de transport par "Go Fast" entre l’Espagne et la France …
Mon avis : Éric Corbeyran et Ludovic Armoët (ancien inspecteur de la PJ) sont devenus amis lors de l’écriture de ce premier tome dans lequel on retrouve ce dernier comme personnage principal. Nous découvrons sa jeunesse à la Réunion au milieu de sa famille et ses premières enquêtes en métropole. On sent parfaitement le vécu derrière le scénario bien calibré, bien construit, bref très efficace, de Corbeyran qui utilise tous les moyens narratifs à sa disposition (descriptifs, narratifs, dialogues, pensées et/ou réflexions des protagonistes). Cette belle collaboration nous offre une narration fluide et limpide évoluant sur un rythme bien plus calme que la couverture ne le laisse supposer. Ce récit policier largement documenté s’appuie sur les affaires traitées par Ludovic, nous plongeant dans les coulisses du SRPJ (Service régional de Police judiciaire), un service assez mal connu voire mal perçu par certains. On en découvre le fonctionnement, comment les "coups" se préparent largement en amont et, comme le montre cette aventure, comment la police doit faire face à des enquêtes de longue haleine, menées en partenariat avec les "stups" et parfois les polices étrangères. Le quotidien de la Brigade fait aussi partie du récit, les relations de travail et les liens entre collègues, mais aussi la personnalité de l’homme qu’est Ludovic, ses buts voire son idéal dans la vie, sa vie intime, son côté poète, sa sensibilité.
Les dessins de Luca Malisan nous font vivre l'aventure avec savoir-faire. La vie policière est illustrée avec réalisme. Les visages des nombreux personnages sont bien reconnaissables au profit de la lecture. Les décors urbains sont plutôt réussis et les paysages réunionnais magnifiques. Beaucoup de soin donné aux courses-poursuites survitaminées entre les luxueux bolides des malfrats et les véhicules de la police.
La mise en couleurs digitale de Chiara Zepegno se révèle agréable et bien adaptée à l’histoire.
Début prometteur pour cette série policière inspirée de faits réels.SDJuan
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COUP DE SANG
- Par asbl-creabulles
- Le 17/09/2021
Intégrale
Scénario : Enki BILAL
Dessin : Enki BILAL
Couleurs : Enki BILAL
Dépot légal : Novembre 2020
Editeur : Casterman
Grand format
ISBN : 2-203-20839-2
Planches : 265L’exposition DéconstruKt de Bilal chez Artcurial a déclenché chez moi, l’envie de relire ANIMAL’Z et JULIA & ROEM que j’avais lus respectivement à leur parution en 2009 et 2011 et que je n’avais pas aimés.
J’avais pu voir les originaux du premier et les cases de papier gris de toutes dimensions avec les personnages et les décors dans les mêmes teintes, à part quelques exceptions, n’avaient éveillé aucun intérêt chez moi si ce n’est le prix demandé pour en acquérir une (quelques milliers d’euros).
Je n’avais évidemment pas, après deux déceptions, acheté le troisième : LA COULEUR DE L’AIR.
Et voilà que ce 22 juillet, je sors du prestigieux bâtiment avec en main l’album de la trilogie COUP DE SANG en plus petit format et paru en 2020.
Oui, je l’avais aperçu à sa parution, peut-être hésité à l’acheter puis vite oublié.
Je l’ai terminé, je l’ai dégusté.
Je suis content car j’apprécie le dessin et les histoires d’Enki BILAL depuis ses tout débuts, j’ai même vu ses films imprégnés de son univers.
Et enfin, voilà que j’apprécie les albums qui pour moi étaient maudits.
Depuis LE SOMMEIL DU MONSTRE en 1998, les scénarios de Bilal sont montés d’un cran dans la complexité et l’originalité. Son dessin a suivi la même progression. Je me trompe peut-être mais ses albums sont destinés à un autre public que celui des amateurs d’une BD traditionnelle dans son récit et son exécution.
Ce dessinateur a dû voir un changement dans ses lecteurs.
Les récits SF dessinés sur scénario de Pierre Christin étaient déjà teintés de réflexions et d’actions politiques mais maintenant, les récits de Bilal ont une dimension universelle, humaniste, mondialiste. Ils se projettent dans un avenir complètement bouleversé par une technologie galopante et une planète à bout de souffle mais aux réactions imprévisibles.
Son dessin, son travail sur les couleurs, les matières expriment d’une façon extraordinaire tout ce qu’il imagine.Voici une courte introduction pour chaque livre de cette intégrale.
Avec ANIMAL’Z, le lecteur découvre la Terre complètement désorientée, dévastée, morcelée par des catastrophes naturelles hors normes.
Le COUP DE SANG est le nom de ce dérèglement climatique brutal.
Bilal choisit de rappeler que notre planète est un être vivant et qu’elle peut s’énerver.
C’est assez parlant en cette année 2021!
L’œil d’un dauphin remplit la première case.
Plus loin, un étrange capitaine avec son robot hippocampe pilote un bateau.
Sur un autre bateau, une femme parle dans un micro et se fait servir une boisson par son homard robot appelé Omar.
Du dauphin entré dans ce bateau par le lance-torpilles, s’extrait un homme qui exécutera la femme accidentellement. Il lui placera un pack d’hybridation et la lancera dans l’océan.
Les deux bateaux vont se heurter et deux des acteurs principaux vont ainsi se rencontrer.
Ensuite apparaissent encore trois personnages. Le professeur qui a créé les packs d’hybridation, son épouse et Kim sa fille aux étranges pouvoirs.
Il y a aussi deux cow-boys qui errent sur cette terre dévastée assis sur leur zèbre et qui se cherchent pour terminer leur duel.
Oui, je sais que cela paraît compliqué, fou et incohérent mais à la lecture, ça fonctionne et tout s’emboîte. Rien n’est laissé au hasard.
Bilal a dessiné toutes les cases une par une comme des petits tableaux dans une teinte dominante d’un gris légèrement bleuté avec du noir et blanc et les touches de couleur appropriées.
Le tout sur du papier gris.JULIA & ROEM se passe sur la même Terre dévastée, morcelée mais dans un autre endroit.
Et les quelques êtres humains survivants semblent se réorganiser.
Cette fois, la teinte générale est l’ocre foncé du papier.
Les huit personnages de ce récit sont Lawrence dans sa voiture qui roule sur une route dans un désert, Merkt et Roem qu’il va croiser.
Ils s’arrêteront devant un immeuble où vivent Kyle, Tybb, Julia, Roem, Parrish et Helda.Tous les acteurs sont en place et Bilal avec maestria va pouvoir leur faire interpréter la pièce de Shakespeare intitulée vous vous en doutez : Juliette et Roméo.
Évidemment dans la pièce originale, il n’y avait pas Jojo le milan, Lawrence qui possède des médicaments miraculeux.
Le décor ici est aussi très différent car le sol s’ouvre pour laisser sortir des animaux et le ciel est de plus en plus épais.
Quelle force dans ce récit inouï, extraordinaire !LA COULEUR DE L’AIR commence sur fond mauve pour présenter les nouveaux protagonistes naviguant dans un zeppelin, Garbage ! (Ça ne s’invente pas).
Un fond bleu verdâtre nous fait retrouver les héros du premier livre et un gris aux traits charbonneux, ceux du deuxième pendant que Julius et Roem ont été capturés par un cannibale mutant.
La fin du voyage est proche.
Tous ces personnages vont finir par se rencontrer.
La Terre prend les choses en main. Elle transforme les pays et les continents. Enfouit au plus profond les créations nocives et meurtrières, aspire le noir de l’horreur et rend ses couleurs au monde. Une harmonie s’établît entre les humains restant et les animaux qui leur viennent en aide.
Les intervenants retrouveront leurs couleurs et verront un nouveau monde se reconstruire.
Intérieurement, ils auront oublié progressivement leur vie antérieure et découvriront la nouvelle qui s’offre à eux.
Les surprises sont nombreuses dans ce reset total.
Quel tour de force a accompli Bilal en créant ce récit de 280 pages en 6 ans.
Une œuvre de toute beauté, si réfléchie, si aboutie qui se termine dans une apothéose de couleurs, de sentiments sur une planète neuve et virginale.
Et j’ai failli passer à côté.
Comme quoi, il ne faut jamais avoir peur de revenir sur sa première impression.
J’ai vécu la même expérience avec les Cités obscures de Peeters et Schuiten.
Regrettant les premières BD SF de Schuiten, je m’étais vite lassé des Cités. Mais après la visite d’une extraordinaire exposition je devenais fan absolu de cette série.
Merci Enki BILAL pour cette expo qui m’a permis de revenir sur votre œuvre et de mieux comprendre et enfin d’admirer LE COUP DE SANG.M.Destrée
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ÉSOPE LE LOUP
- Par asbl-creabulles
- Le 15/09/2021
Tome 2 : Touti rikiki maousse costo
Scénario : LIROY
Dessin : LIROY
Couleurs : LIROY
Dépot légal : juin 2021
Editeur :
Petit format
ISBN : 978-2-380-75410-0Ésope le Loup est en vacances à la plage. Lorsqu’il aperçoit l’ours et le phacochère qui s’apprêtent à jouer au rugby, il n’hésite pas une seconde pour se joindre à eux… mais les deux amis l’accueillent par des moqueries. Ils le jugent bien trop petit et chétif pour jouer avec eux. Vexé, Ésope décide de leur montrer qu’il est aussi fort qu’eux et les défie au bras de fer… sauf que l’ours accepte de relever le défi le soir même. Ésope va devoir trouver un moyen de se sortir de ce mauvais pas et le temps lui est compté… Dans la deuxième histoire, Ésope regarde un oiseau planter des graines pour faire pousser des arbustes qui assureront sa nourriture. Lui vient alors l’idée de planter un os pour faire pousser un arbre à jambons …
Mon avis : Bien que passionné de dessin et de BD depuis son enfance, ce n’est que récemment (2019) que Rémi Leroy, alias Liroy, a franchi le pas.
Sa passion et sa persévérance ont enfin payé.
Le voici à présent édité avec cet album adapté de fables d’Ésope, un écrivain grec ayant vécu 500 ans avant Jésus-Christ et dont le célèbre La Fontaine s’est lui aussi beaucoup inspiré. D’où le nom donné à son héros dans l’album Ésope le Loup.
Destinées à un très jeune public, ces deux histoires sans dialogues s’appuient essentiellement sur l’image.
Les dessins sont clairs, simples, très parlants et très agréables à suivre grâce aussi à de belles couleurs.
Ils sont pensés pour être facilement compris par des enfants tout en leur transmettant les premières bases d’une vision réaliste de la vie.
La lecture est fluide et se veut intuitive.
Le loup ne réfléchit pas aux conséquences de ses décisions mais en même temps il est ingénieux, ce qui ne l’empêche pas d’être encore crédule et même un peu bêta parfois.
Les jeunes enfants apprécieront sans aucun doute ces sympathiques personnages animaux.SDJuan
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LEWIS & CLARK
- Par asbl-creabulles
- Le 15/09/2021
Scénario : Philippe THIRAULT
Dessin : SANDRO
Couleurs : Laurent TRUSSARDI
Dépot légal : août 2021
Editeur :
Collection : Explora
Grand format
ISBN : 978-2-344-03034-9
Nombre de pages : 541803. Thomas Jefferson, troisième président des États-Unis, se réjouit de la récente acquisition de la province de Louisiane. [Pour rappel, les futurs États-Unis viennent de l’acheter à Napoléon Bonaparte alors Premier Consul pour la somme de 15 millions de dollars de l’époque (environ 12,2 millions d’euros). La Louisiane correspond alors à une vaste zone couvrant 22% du territoire US actuel, depuis le Golfe du Mexique au sud jusqu’à la frontière canadienne au nord.] Jefferson peut donc mettre en œuvre son projet d’expédition à travers le continent, d'est en ouest, pour découvrir une voie de communication avec l’océan Pacifique via le Missouri, depuis la ville de Saint-Louis située au confluent des fleuves Mississippi et Missouri, en remontant ce dernier pour arriver au fleuve Columbia jusqu’au Pacifique. L’objectif est de topographier et lever des cartes et plans des zones traversées mais aussi d’inventorier toutes les ressources potentielles, aussi bien géologiques en surface et en sous-sol, qu’animales ou végétales, etc. Il est également prévu d'entrer en contact de manière totalement pacifique et si possible amicale avec les tribus amérindiennes et de négocier et conclure des traités avec eux pour faciliter les échanges et le commerce. Grand érudit, Jefferson va réussir à convaincre le Congrès de constituer cette expédition pour laquelle est alloué un budget total de… 2500 dollars. La mission est confiée au capitaine Meriwether LEWIS, chargé de constituer son équipe. Il demandera au président de faire appel à son ami le lieutenant William CLARK, son compagnon d'arme durant les guerres indiennes, et de le nommer également capitaine d'expédition pour mettre à profit ses connaissances en matière de navigation fluviale et de géographie. Au total, une quarantaine d’homme sûrs et rudes seront recrutés et plusieurs mois nécessaires pour démarrer la mission "Corps of Discovery", deux années d’exploration et de découvertes aussi bien humaines que scientifiques. Une fois mise en route, les obstacles ne vont pas manquer et il faudra souvent gagner la confiance des tribus rencontrées tout au long du chemin et négocier des traités qui, parfois, ne seront pas vraiment tenus. Il faudra aussi tout faire pour respecter les délais et fournir le travail d’études des lieux aussi approfondi que possible, malgré des conditions climatiques et géologiques difficiles. L’équipe recevra le renfort du trappeur canadien Toussaint Charbonneau et de ses deux squaws "Petite loutre" et surtout "Sacagawea" (femme oiseau), de la tribu des Shoshones. Sacagawea sera la bienvenue en apportant son aide comme guide-interprète.
Mon avis : Fidèle aux objectifs de la collection Explora de nous "plonger au cœur de la véritable histoire des Grands Explorateurs et de leurs expéditions extraordinaires, dans tous les milieux du globe", Philippe Thirault nous propose sous la forme d’un one shot d’une cinquantaine de pages un condensé de la fabuleuse expédition Lewis & Clark qui constitue l’une des plus importantes explorations effectuées dans le monde.
Véritables découvreurs et explorateurs, les membres de cette mission ont vécu des moments difficiles et marquants en devant affronter la traversée de rivières parfois tumultueuses ou le franchissement de montagnes escarpées, les moustiques ou les animaux sauvages, des conditions météo difficiles, la maladie… et les rencontres avec les différentes tribus indiennes.
Le scénario nous les fait vivre de façon dynamique et pittoresque, typique du récit d’aventure sauf qu’ici il s’agit de faits réels bien documentés.Côté dessin, la tâche s’annonçait délicate pour Sandro. Clairement, il a relevé le défi.
Son trait réaliste exprime bien et rend même palpables les difficultés, la douleur, la fatigue des hommes dans des décors naturels majestueux.
Il faut prendre le temps de s'arrêter et de se concentrer sur les images, sur les cases pour se rendre compte de la pénibilité de ce voyage, de chaque difficulté vécue par les explorateurs.
Des drames sont évités de justesse, des chemins sont impraticables, des montagnes paraissent infranchissables, l’humain a une taille ridicule dans ces grands espaces naturels mais il y a aussi des passages palpitants lors des nombreux échanges avec les différents Amérindiens, les chevauchées dans les plaines, etc.
Un seul tome pour décrire un univers aussi dense, une aventure aussi riche faite de longs mois de galères et d’imprévus, c’est un peu juste. Heureusement, Sandro a réussi par la qualité de son dessin, le détail et la richesse de ses cases, sa mise en page dynamique à nous en montrer un maximum. Il n'y a pas de temps mort.
Un conseil, prenez le temps de contempler le dessin, de vous en imprégner pendant la lecture pour réellement imaginer quelle a été la tâche de ces explorateurs et apprécier le fabuleux travail réalisé par le dessinateur pour nous dérouler le film de leur expédition et nous faire vivre le récit de leurs aventures avec une telle intensité.
Quand verrons-nous enfin Sandro sur son sujet de prédilection : le western ?
Les couleurs viennent donner de la profondeur, de la clarté. Du bon travail de Trussardi.
L’album s’achève sur un dossier historique largement documenté et illustré dû à Stéphane Dugast, secrétaire général de la société des explorateurs français, qui fait le point sur l’expédition de Lewis et Clark.SDJuan
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LA BANDE A JULIO
- Par asbl-creabulles
- Le 15/09/2021
Tome 1 : Prêts pour el Día de los muertos
Scénario : Tony EMERIAU
Dessin : Mickaël ROUX
Couleurs : Mickaël ROUX
Dépot légal : JUIN 2021 (Parution le 16/06/2021)
Editeur :
Format à l'italienne
ISBN : 978-2-380-75331-8
Nombre de pages : 36Voici venu le Jour des Morts. Julio Biscoto s’est levé tôt pour l’occasion. Il sort tout excité mais sur la route percute Pablito, le squelette ambulant. Le temps de rassembler tous ses os, Pablito demande l’aide de son ami Julio pour retrouver son chat Abelito, la vedette du spectacle qui doit avoir lieu le soir même car il est introuvable. Julio lui propose de faire appel au flair infaillible du chien Fernando… sauf que Fernando semble davantage intéressé par les os de Pablito… Finalement, les choses s’arrangent. Tous ensemble, Julio sur le dos de Fernando tenant la main de Pablito, accompagnés de Rosita et Chiquito, ils partent à la recherche d’Abelito… inconscients des "dangers" qui les attendent.
Mon avis : Belle réédition proposée par Kennes pour cet album jeunesse au rythme trépidant.
Tony Emeriau à qui l’on doit aussi "Papi Génial et sa bulle qui va partout" (voir chronique ici) nous propose un album bourré d'énergie, drôle et accrocheur. Et pourtant, il aborde un sujet "grave", la mort. Mais ici, elle est présentée dans sa tradition mexicaine d’une journée spéciale dédiée aux disparus, la Fête des Morts – "El dia de los muertos" – un événement beaucoup plus joyeux que notre Jour des Morts souvent associé à la Toussaint et sa traditionnelle visite au cimetière pour fleurir la tombe des défunts. Un bon moyen de rendre la mort moins effrayante.
Une lecture amusante et utile qui peut être complétée par le visionnage du très beau film d’animation "Coco" sorti en 2017 abordant lui aussi la Fête des Morts au long d’un voyage extraordinaire mêlant lui aussi humour et mélancolie.
Côté dessin, c'est tout aussi fou et délirant. Mickaël Roux nous régale d’une multitude de cases amusantes alternant avec de plus grandes vignettes dont il faut suivre le dessin à l’aide d’un plan. Les personnages et les animaux sont truculents et pittoresques, l’ensemble fait preuve d’une énergie débordante et proposé dans une mise en couleurs en phase avec le sujet.
Un deuxième tome de la série est paru en juillet intitulé "La pyramide de Chupacabra" qui s’annonce lui aussi très animé et plein de surprises pour Julio et sa bande d’amis.SDJuan
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PAPI GÉNIAL ET SA BULLE QUI VA PARTOUT
- Par asbl-creabulles
- Le 15/09/2021
Tome 1 : Le gros robot de l'espace pas gentil du tout
Scénario : Tony EMERIAU
Dessin : Tony EMERIAU
Couleurs : Tony EMERIAU
Dépot légal : juin 2021
Editeur :
Petit normal
ISBN : 978-2-380-75411-7
Nombre de pages : 34Papi est un véritable génie. Parmi ses inventions, il y a surtout cette "bulle qui va partout", un moyen de transport fantastique capable de trouver seul son chemin. Il suffit d’y insérer un dessin ou une photo du lieu où l’on souhaite aller pour y être transporté. Accompagné de son robot-chien, Papi montre la carte postale envoyée par Ninon et Oscar, ses petits-enfants, et aussitôt la bulle les transporte auprès d’eux. Ils sont littéralement fascinés par cette bulle magique, ce qui donne une idée à Oscar. Il file récupérer son livre d’aventures spatiales où il se souvient avoir lu l’histoire d’une planète où vit un méchant robot. Papi décide de les accompagner pour ce voyage intersidéral qui va leur réserver bien des surprises!
Mon avis. Dès les premiers dessins, on se rend vite compte que le texte aurait été superflu d’autant que l’album cible les très jeunes "lecteurs" n’ayant pas encore commencé l’apprentissage de la lecture…
Tout est fait pour que le visuel soit parlant comme cet extraterrestre impressionnant et fasse passer et si possible comprendre un message d’humanité, de bonté et même de tolérance.
Le dessin est agréable, coloré, expressif, explicite et explicatif, il se suffit à lui-même, il a un sens complet. La narration est claire.
Parallèlement, Tony Emeriau scénarise aussi d’autres BD dites "jeunesse" (avec dialogues), par exemple La Bande à Julio ou Lola (presque) super, ainsi que des histoires d’humour, mais attention car c’est un genre qu’il ne destine pas uniquement aux plus jeunes lecteurs…