Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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TOURS DE BOIS-MAURY 16
- Par asbl-creabulles
- Le 11/11/2021
Tome 16 : L'Homme à la hache
Scénario : HERMANN
Dessin : HERMANN
Couleurs : HERMANN
Dépot légal : Septembre 2021
Editeur :
Format normal
ISBN : 978-2-344-04731-6
Nombre de pages : 44À gauche, l’édition dans un format un peu plus grand que la version normale à droite.
La différence de prix est minime.
L’éditeur aurait pu mettre une note d’introduction.
En effet, dans la série principale, Aymar de Bois-Maury est tué lors du combat pour récupérer ses terres.
Et ici, il semble vivre dans un monde parallèle.Chez messire Baudran qui a laissé batifoler sa femme avec le chevalier. Mais il semble le regretter et vouloir se venger.
Aymar qui traîne sur les terres (les siennes?) voisines de messire Guibert va rencontrer Ulrik, une bête humaine défigurée par la nature qui passe son temps à terroriser les manants avec sa hache.
Laissé pour mort par cet ignoble individu, il sera sauvé par Gaspard.
Le fidèle Olivier assez effacé dans ce récit le retrouvera vivant en convalescence chez les manants.
Aymar assez hésitant de prendre sa revanche va-t-il se décider et tuer la bête qui terrorise les pauvres gens que les deux messires laissent vivre dans la fange?Hermann est assez laconique dans son scénario et le lecteur doit remplir les trous.
On pourrait croire que Jeremiah et Kurdy (oups…Aymar et Olivier) sont de passage dans cette région et observent tous ces pauvres hères vivant dans la boue et la crasse et la crainte de la violence sanglante d’Ulrik.
Mais l’effet de terreur et de misère de cette fragile humanité au service de seigneurs égoïstes est très bien rendu par les gammes de couleurs et les coups de pinceaux décharnés et torturés de l’artiste.
Hermann a définitivement abandonné le trait précis et riche d’il y a quelques années pour étaler sa hargne et son ressenti dans un art plus brut, excepté quelques éclaircies comme ce chevreuil surpris dans une clairière.
Un récit qui ne laisse pas indifférent.M. Destrée
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IRIACYNTHE N&B
- Par asbl-creabulles
- Le 11/11/2021
Scénario : Jean-Claude SERVAIS
Dessin : Jean-Claude SERVAIS
Couleurs : <N&B>
Autres : Jean-Luc DUVIVIER DE FORTEMPS
Dépot légal : Août 2021
Editeur :
Grand format
ISBN : 979-10-34760-60-2
Planches : 56Jean-Claude Servais continue à nous faire redécouvrir ses beaux récits dans la belle collection de l’intégrale en noir et blanc.
Cette fois, c’est son tout premier récit paru aux Éditions Bedescope en 1982.
Un court récit servant de prologue nous conte l’origine de cette fée maudite et dangereuse qui va hanter éternellement la forêt.
Et un jour, un jeune noble va tomber dans ses filets.
Est-ce parce que le baron préfère les gens simples à la bourgeoisie prétentieuse de sa famille mais une sorcière et ses deux nièces vivant dans la forêt vont l’aider à vaincre son envoûtement.
Tous les ingrédients des légendes ardennaises sont présents dans ce premier récit…Servais, comme Comès et René Hausman nous ont offert de magnifiques récits sur ce sujet dans les années 80.
Le trait de Jean-Claude Servais est déjà très maîtrisé dans sa façon de représenter la forêt ou les traits si purs d’une fée et l’intense concentration d’une vieille sorcière, tout comme la méchanceté, l’orgueil de la mère et la tante du jeune amoureux.
Et cette version en noir et blanc convient mieux.
Elle magnifie la perception du rendu des traits dans leur mouvance et leur épaisseur.
Ce qui n’est plus le cas depuis plusieurs années où les traits sont plus enlevés, légers et ont besoin de couleurs pour s’exprimer.
Ce sera avec Tendre Violette que le dessin de Servais atteindra sa maturité.
La nouvelle illustration de couverture est de toute beauté.
Je n’avais plus cet album. Ce fut un véritable plaisir de le relireM.Destrée
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LES SCHTROUMPFS 38
- Par asbl-creabulles
- Le 08/11/2021
Tome 38. Les Schtroumpfs et le vol des cigognes
Scénario : Alain JOST et Thierry CULLIFORD
Dessin : Miguel DIAZ VIZOSO
Couleurs : <Quadrichromie>
Dépot légal : Avril 2020
Editeur : Le Lombard
ISBN : 978-2-8036-7715-3
Nombre de pages : 46Eh oui, je lis toujours les histoires des Schtroumpfs…
En fait, je les achète pour ma fille et quand elle a fini de les lire, elle me les prête .
Cette dernière histoire est parue en avril 2020.
Au scénario : Alain Jost et Thierry Culliford.
Aux couleurs : Nine Culliford.
Et cette fois Miguel Diaz Vizoso est seul au dessin.
On croirait vraiment lire un album de Peyo.
Le dessin est remarquable. Même tout petits, les schtroumpfs sont bien dessinés (p. 14, case 4).
Il y a des grandes cases splendides (pages 19, 21, 23, 34…).
De jolies couleurs (pages 20, 32, 45).
Et le scénario est bien dans l’esprit de la série.
Évidemment avec Peyo, il y avait aussi une leçon à tirer pour les adultes, ici on reste dans l’univers enfantin.
Les schtroumpfs ont été averti de l’anniversaire du mage Homnibus par son assistant Olivier.
Ils décident de lui faire la surprise en venant à la fête.
Mais ils ne peuvent pas y aller tous sur le dos des cigognes.
Un tirage au sort est effectué. C’est si amusant de voir les réactions des schtroumpfs gagnants ou perdants comme le schtroumpf à lunettes (p. 6 case 2).
Après la fête, notre petit monde attend les cigognes… qui ne viennent pas les rechercher.
Il y en a une qui finira par arriver en état de choc !
Elle emmènera le schtroumpf coquet, la schtroumpfette, le grand schtroumpf et un quatrième.
Ils trouveront les nids vides, des indices puis reviendront au village.
Pendant ce temps-là, ceux restés chez le mage sont dorlotés par Olivier.
Le grand schtroumpf, le schtroumpf à lunettes (pour son sens aigu de l’observation) et le schtroumpf costaud repartent en cigogne (rétablie) pour trouver des traces de ce qui s’est passé.
Mais je ne vais pas vous raconter toute l’histoire quand même.
Où sont les cigognes ?
Vont-ils les retrouver ?
Qui les a capturées ? Comment ? Pourquoi ?
Je dois quand même souligner une petite erreur. Nos petits amis trouveront des cigognes noires pour les aider. Deux les accompagneront dans l’opération de sauvetage et elles seront trois à repartir.
Vous voyez, on ne s’ennuie pas dans cette histoire pleine de péripéties, d’action et d’humour.
Un beau moment de plaisir simple.
Et en cherchant bien, vous y verrez même Robin DuboisM.Destrée
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CHINA LI 3
- Par asbl-creabulles
- Le 04/11/2021
Tome 3 : La Fille de l'eunuque
Scénario :Charles, Maryse & Jean-François CHARLES
Dessin : Jean-François CHARLES
Couleurs : Jean-François CHARLES
Dépot légal : Octobre 2021
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-203-21864-2
Planches : 72Monsieur Zhang n’est pas tombé par hasard dans le milieu des gangs et triades. Son intelligence lui a certes permis de satisfaire son amour des arts mais aussi de se hisser jusqu’au sommet d’une triade à Shanghai. L’exploration de son enfance nous éclaire sur ce parcours peu commun. Son père, Hio-Chu, est un homme bourru et violent avec sa mère, Reflets de Lune, que le petit Zhang surnomme affectueusement "Maman Lune". Il est violent avec elle et la viole régulièrement sous les yeux du gamin. Surtout, il la méprise car, à ses yeux, elle effémine son fils en l’élevant dans l’amour des arts et des choses raffinées comme la poésie, la calligraphie, la musique, la peinture… À l’âge de sept ans, après une nouvelle violence à l’égard de sa mère, Zhang n’hésitera pas à faire chuter cet homme qu’il déteste dans l’escalier. Quelques années plus tard, c’est un Hio-Chu guéri qui réapparaît. Sa concubine Tiu lui ayant donné deux jumeaux il décide d’en faire sa seconde épouse, une épouse plus docile et soumise. Mais surtout, il est revenu chercher Zhang. Ayant pris conscience de sa valeur, il part à Pékin pour le faire châtrer et le "vendre" comme eunuque à la Cité Impériale. C’est là que Zhang va mettre en œuvre son intelligence. Prenant confiance, il va se rapprocher d’un caïd trop inculte pour gravir seul les échelons ... et l’un comme l’autre vont aller de plus en plus loin pour leur profit personnel.
De son côté Li devenue journaliste a quitté Paris et rejoint la Chine où elle porte désormais la tenue de révolutionnaire du Parti communiste. Cela fait déjà trois mois qu’elle espère réaliser une interview de Mao en personne…Mon avis : Au fil de leur travail, Maryse et Jean-François Charles se sont attachés au personnage de Zhang. Ce troisième tome lui est donc en grande partie consacré car il fallait surtout expliquer pourquoi le fils aîné d’une famille de notables qui aurait dû être mandarin ou placé dans l’administration, comme ils l’étaient tous normalement, va devenir eunuque puis chef de triade. Les deux auteurs reviennent sur son enfance, son amour maternel sans faille, les conflits permanents avec son père, les tragédies qui ont marqué son adolescence.
L’album nous aide à comprendre l'ascension de ce jeune eunuque, grâce à son intelligence et sa culture, son approche des caïds, puis son arrivée à la tête d’une triade, autant de péripéties découvertes dans les tomes précédents. Mais l’héroïne Li n’est pas oubliée… Elle a choisi de revenir au pays où nous allons suivre sa route pour se rapprocher du jeune Mao.Maryse et Jean-François Charles se sont appropriés ces deux parcours en s’appuyant sur une solide recherche documentaire complémentaire de leur voyage en Chine qui leur a permis de vraiment s'imprégner du pays, de ses paysages ruraux et urbains et surtout de ses us et coutumes.
Leur besoin de découverte transpire dans cette série envisagée comme une trilogie mais qui au final comptera quatre tomes, amplement justifiés puisque cette épopée ne cesse de nous proposer des faits importants, des rebondissements inattendus, des parcours totalement différents qui vont finalement se rejoindre… d’une manière à découvrir dans le quatrième et dernier tome de la série.Jean-François Charles nous offre comme à son habitude de très belles pages de BD, pour la plupart sous forme de planches classiques découpées en plusieurs cases, mais pas seulement… L’artiste se fait plaisir et du même coup nous fait plaisir en dessinant de superbes pleines pages sous forme d'illustrations évoquant les grands moments, les grands événements de l'histoire de nos héros mais aussi de la Chine. Et il l’exprime avec talent et une maîtrise de toute beauté des couleurs qui font désormais sa griffe, reconnaissable entre toutes.
On retrouve avec plaisir les principaux personnages, la belle et attachante Li bien sûr, Reflets de Lune, la non moins belle maman de Zhang, mais aussi le vieux Zhu surnommé "grand-père Zhu" par le jeune Zhang, pour lesquels on ressent instantanément de l’empathie. Mais le récit abonde en personnages marquants, certains cruels par nature, d’autres qui le sont devenus par la force des choses ou par habileté et intelligence. C’est ainsi qu’au fil des albums et des pages on finit par s’attacher au terrible et non moins captivant Monsieur Zhang.
Suite de cette très belle fresque sur la Chine des années 20, à lire et à relire sans modération.SDJuan
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DERNIER SOUFFLE
- Par asbl-creabulles
- Le 03/11/2021
Dernier souffle
Scénario : Thierry MARTIN
Dessin : Thierry MARTIN
Couleurs : bichromie
Dépot légal : octobre 2021
Editeur :
Collection : Noctambule
Format à l'italienne
ISBN : 978-2-302-09090-3
Nombre de pages : 214Un homme marche dans les bois. Il est armé et progresse d’un pas feutré dans la neige vers une cabane isolée. On le sent déterminé tel un chasseur sur la piste de sa proie. En fait, c’est l’esprit de vengeance qui l’anime. Son passé va lui revenir par images successives et le pousser encore un peu plus vers l’inévitable. À peine a-t-il poussé la porte qu’un homme se jette sur lui et le poignarde. Il s’écroule pendant que son agresseur s’enfuit. Il réussit à rentrer pour se soigner et là découvre le corps inanimé de l’indien qui l’a adopté et élevé. Sa vengeance n’en sera que plus terrible. Mais il n’est pas seul dans cette forêt. D’autres prédateurs rôdent. Il ne faudrait pas qu’il devienne à son tour une proie. Malgré tout, rien ne semble pouvoir l’arrêter !
Mon avis : Voici un album exceptionnel à double titre, dans sa conception audacieuse et par son graphisme original et de qualité.
Thierry Martin l’a créé sous forme d’illustrations postées quasi quotidiennement pendant plusieurs mois sur sa page instagram entre 2018 et 2019. Tel est le début de l’aventure de cet album muet ensuite publié (juin 2019) par les Éditions Black & White dans le cadre d’une campagne Ulule, puis (octobre 2021) par Noctambule dans une édition remaniée (en bichromie bleu-gris, enrichie d’une dizaine de pages).
Le format est resté à l’italienne, chaque page correspondant à une illustration.De page en page, de retouches en modifications, de rebondissement en rebondissement, l’histoire se développe sous nos yeux en attirant un peu plus notre attention et en répondant à nos interrogations. Que va-t-il se passer à présent ? Que vient faire cette image ? Ah oui, un flash-back !
Un travail parfaitement maîtrisé jusqu’au bout. Ça marche, ça intrigue, ça interpelle.
Au fil des pages, on a envie de savoir ce qu’il va se passer et surtout de savoir comment l’auteur va s’y prendre ?De belles illustrations réalisées dans un noir et blanc aux diverses nuances de gris et bleu bien adaptées à ce western atypique.
Un trait efficace car tout est dans les gestes et les postures, sur les visages, dans les ambiances… et on se prend à refeuilleter l’album dès la lecture terminée pour s’assurer de n’avoir rien raté.
Ce dark western muet a existé en version tirage de tête Black&White tirée à 300 exemplaires enrichie de nombreux suppléments aujourd’hui épuisée chez l’éditeur.SDJuan
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LA HONTE ET L'OUBLI 1 & 2
- Par asbl-creabulles
- Le 28/10/2021
Tome 2 :
. Génocide (Tome 1 à droite)
Scénario : Gregorio HARRIET
Dessin : Alex MACHO
Couleurs : Garluk AGUIRRE
Lettrage : Fanny HURTREL
Traduction : Aurore SCHMID
Dépot légal : Octobre 2019
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-344-03655-6
Planches : 541897, Ortuella, dans le nord de l’Espagne, cité minière de la province de Biscaye, capitale Bilbao. Félix Esparza vient d’apprendre que son père a dû être amputé à la suite d’un grave accident survenu dans la mine. Il ne pourra plus travailler. Félix va devoir subvenir aux besoins de la famille, son frère José étant parti, après avoir été tiré au sort, faire son service militaire aux Philippines où des indépendantistes mènent une guérilla contre l’Espagne. Moyennant une rétribution qui aidera sa famille, Félix accepte de remplacer le fils de Don Servando. Il part donc à sa place lui aussi aux Philippines. Ce faisant, il espère y retrouver son frère José dont la famille est sans nouvelles depuis des mois. Sur place, la situation est grave et dangereuse et va rapidement s’aggraver, l’Amérique ayant déclaré la guerre à l’Espagne déjà confrontée à des révoltes dans ses colonies de Cuba et des Philippines. L’archipel philippin va devenir le terrain de combats sans merci pendant plusieurs mois durant lesquels les deux frères, chacun de son côté, vont se retrouver directement impliqué dans ces conflits.
Mon avis : Avec ce dyptique, Gregorio Harriet nous fait découvrir un pan de l’histoire de l’Espagne mais aussi des États-Unis, peu ou mal connu car peu ou pas enseigné dans nos écoles.
Si on a une vague idée de ce qu’a été la colonisation espagnole grâce aux pays hispanophones actuels on en sait peu sur son histoire, en particulier aux Philippines, cet archipel que l’Espagne a progressivement colonisé au XVIe siècle après sa découverte en 1521 par le navigateur et explorateur portugais Fernand de Magellan [Fernando de Magellanes] au nom du roi d’Espagne. Et encore moins sur les conflits qui ont ravagé le pays, les guérillas contre le colonisateur espagnol tant aux Philippines qu’à Cuba, élément déclencheur d’une guerre hispano-américaine de courte durée aux Philippines qui, après la proclamation de l’indépendance et de la Première République philippine, sera suivie de la guerre dite américano-philippine, aussi nommée "insurrection des Philippines", un conflit d’une rare violence ayant coûté la vie à près d’un million de civils (d’où le titre Génocide du second tome).
Les albums sont construits comme un long drame, d’abord purement familial, puis inter)national. Harriet capte notre attention dès les premières pages et nous entraîne aux côtés des deux frères dans un long voyage à travers l’histoire.
Il nous expose les enjeux de chaque camp, les traîtrises, les mauvais coups, la personnalité des divers protagonistes sur un rythme soutenu faisant appel à la fiction pour la narration tout en s’appuyant sur des faits historiques avérés, largement documentés.
Un récit captivant qui revêt un caractère didactique évident confirmé par les nombreux renvois et notes de bas de page insérés par l’auteur à l’usage des lecteurs désirant en savoir plus.Le récit est superbement illustré par Alex Macho qui, sans aucun doute, a dû y consacrer de très nombreuses heures de travail vu la quantité de personnages et de décors présents sur chaque page.
Le dessin se veut réaliste, très réaliste même sur certaines scènes de guerre.
Alex Macho manifeste une grande vitalité sur les scènes de bataille et d’affrontement, souvent impressionnantes et encore plus en plan large.
Un travail soigné, détaillé, largement documenté correspondant à sa volonté de rendre l’histoire palpable et vivante.
La mise en couleurs de Garluk Aguirre est de même qualité.
Une très belle mise en avant du dessin.
Clarté, luminosité même dans certains plans sombres où chaque détail est très bien accompagné et mis en valeur.
Un rendu très cinématographique.
Une équipe à suivre de près et que l’on peut déjà retrouver sur leur nouvel album "Féroce" (lire chronique ici).SDJuan
Si vous avez aimé ces auteurs ou que vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas à cliquer sur leur interviews ci-dessous
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LA CROIX SANGLANTE 1 & 2
- Par asbl-creabulles
- Le 28/10/2021
T
ome 2 . Terre sainte; Tome 1 : Guerre sainte
Scénario : Marko STOJANOVIC
Dessin : Dan Ianos CATALIN
Storyboard : Drazen KOVACEVIC
Couleurs : DESKO
Dépot légal : Tome 2 : Août 2021; Tome 1 : Mars 2019
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-413-02190-2; Tome 1 : 978-2-7560-9612-4
Planches : 54Le pape Innocent III a appelé à la quatrième croisade afin de reprendre les terres chrétiennes d’Egypte tombées aux mains des Sarrasins. Pour ce faire, les croisés vont avoir besoin de navires, un très grand nombre de navires. Ils doivent passer un marché avec les dirigeants de Venise pour leur construction la plus rapide possible. Mais rien ne va se dérouler comme prévu.
Philippe de Crécy, le fils d’un héros de la troisième croisade est déterminé à rejoindre la troupe des croisés. Mais un rien novice et maladroit, il ne va cesser de multiplier les maladresses et d’accumuler les boulettes sur sa route vers Venise et, une fois incorporé, ne devra son salut qu’au comte Martin de Blois, l’un des commandants de cette nouvelle guerre sainte. La croisade semble bien compromise pour le moment car les navires n’ont pas été livrés, faute d’avoir versé l’argent promis aux Vénitiens qui s’opposent dès lors à laisser les croisés poursuivre leur chemin. Ils sont même contraints d’agir en mercenaires pour le compte du doge… et, du coup, la prise de la ville de Zara sur l’autre rive de la mer Adriatique (actuelle Croatie) au prix de beaucoup de sang versé va leur valoir d’être excommuniés par le pape. La tension ne cesse de monter avec les Vénitiens ainsi qu’au sein des croisés, certains complotant même contre Martin de Blois pour le discréditer. Si l’objectif égyptien s’éloigne, une porte de sortie semble s’ouvrir pour les croisés à condition qu’ils acceptent qu’Alexis Ange le quatrième souverain légitime de l’Empire d’Orient les accompagne jusqu’à Constantinople pour revendiquer le trésor qui lui revient de droit par naissance… au risque d’entrer en conflit avec les Byzantins, autrement dit leurs frères chrétiens d’Orient…Mon avis : La série La croix sanglante, portée par plusieurs auteurs originaires de pays des Balkans, nous plonge dans un récit historique sur fond de croisade, en l’occurrence la 4e croisade qui, à l’appel du pape Innocent III, devait faire oublier l’échec de la précédente.
Le récit se déroule au tout début du XIIIe siècle principalement sur les terres de la très puissante et riche République de Venise qui s’impose comme capitale du commerce maritime entre l’Orient et l’Occident. Héros de l’histoire, les croisés ne sont pas des saints irréprochables non plus, ni aucun d’ailleurs des autres protagonistes de l’aventure. Certes les obstacles sont nombreux mais ne sont pas toujours le fruit du hasard (les riches marchands de Venise sont prêts à toutes les compromissions pour asseoir leur pouvoir et accroître leur richesse). Tout est question de négociations ou de rivalités, de jeux de pouvoir, d’égos démesurés y compris de la part de certains hommes d’église, d’affrontements et de fréquentes trahisons. Il est clair que les objectifs initiaux ne résistent pas longtemps à toutes ces rivalités et aux différents enjeux en présence.
Le serbe Marko Stojanovic développe une histoire basée sur des faits réels, décrivant un Moyen-Âge très dur et violent (mais l’est-il plus que notre époque ?) pleine de revirements de situations, de rebondissements et de surprises qui nous tiennent en haleine. Le récit est dense, les protagonistes nombreux, le tout bien rythmé par les nombreux combats et affrontements qui les opposent.
La partie graphique a été confiée au dessinateur roumain Dan Ianos Catalin assisté par le serbe Drazen Kovacevic pour le story-board.
Le dessin est clairement réaliste. Un trait soigné bien mis en valeur par le travail réalisé sur les couleurs par le bosnien Desko qui apporte de la clarté à l’ensemble et restitue bien les ambiances.
Beau travail de précision sur les nombreux décors naturels et urbains, ainsi que sur les costumes des nombreux personnages sans oublier des scènes de combat et/ou de bataille (plus présentes il faut le dire dans le deuxième tome) souvent (très) explicites et sanglantes.
Un récit prenant et bien documenté à suivre dans le prochain tome.SDJuan
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LES TUNIQUES BLEUES 64
- Par asbl-creabulles
- Le 22/10/2021
Tome 64 : Où est donc Arabesque ?
Scénario : Raoul CAUVIN
Dessin : Willy LAMBIL
Couleurs : Vittorio LEONARDO
Dépot légal : Octobre 2021
Editeur :
Format normal
ISBN : 979-10-34753-89-5
Pages : 46De retour d’une mission de ravitaillement en vivres qui les a éloignés du camp, Blutch et Chesterfield ont droit à un repos bien mérité mais, avant toute chose, Blutch tient à passer voir Arabesque, son cheval de toujours. C’est alors que le général Alexander leur apprend que tous les chevaux disponibles, parmi lesquels Arabesque, ont été réquisitionnés par les hommes de Grant afin d’être acheminés au front. La réaction de notre ami Blutch est immédiate et violente. Piquant une colère folle, il n’hésite pas à s’en prendre violemment à ses supérieurs et à leur cracher dessus et se dit prêt à tirer au canon sur tous les généraux… ce qui lui vaudra d’être aussitôt arrêté et écroué. Compréhensif, le colonel Stilman suggère au sergent Chesterfield de tout faire pour que le caporal Blutch soit libéré. Il les encourage à rejoindre au plus vite le QG du général Grant s’ils veulent retrouver la trace d’Arabesque…
Mon avis : Voici donc l'album tant attendu par les fans de la série. Il est né dans des circonstances plutôt exceptionnelles. D’abord, Raoul Cauvin avait annoncé qu’il s’agirait de son dernier scénario sur la série. Puis, l’indisponibilité passagère de Lambil a poussé la maison Dupuis à faire paraître le tome 65 (L’Envoyé spécial), confié au quatuor BéKa (Bertrand et Caroline), José-Luis Munuera et Sedyas… avant le tome 64. Willy Lambil ayant pu achever sa part de boulot, l’album 64 pouvait enfin être le couronnement de la carrière de Raoul Cauvin sur les Tuniques Bleues… mais il a surpris tout le monde ce 19 août 2021. Sa mort à l’âge de 82 ans a tout bouleversé… On ne compte plus les hommages, très largement mérités, qui lui ont été rendus et sa disparition laissera un grand vide dans le domaine de la BD. Créabulles lui a réservé un espace dans le cadre de l'expo "De Napoléon à Lewis & Clark vers le Far West" (voir ici).
On retrouve dans ce dernier album signé Cauvin les principaux personnages de la série, Blutch et Chesterfield évidemment mais aussi, pour ne citer qu’eux, le général Alexander, le capitaine Stilman ou le capitaine Stark, même si cette fois il chevauche une bourrique et, du coup, devient beaucoup moins impressionnant… Mais la véritable surprise est de retrouver un Blutch dans tous ses états car sa jument adorée n’est plus là. Elle a été envoyée au front. Le duo inséparable que forment Blutch et Chesterfield va se mettre en route pour la retrouver au plus vite, nous faisant vivre une nouvelle aventure qui nous amène son lot de joutes verbales, de gaffes, de provocations mais aussi de nombreux témoignages de solidarité et d'amitié. Pour ce dernier tome, Raoul Cauvin, n'a pas modifié sa manière de travailler le scénario pour en faire un album "spécial". Il est resté fidèle à l'esprit de la série et c'est donc avec plaisir que l’on retrouve nos deux héros toujours enclins à se chamailler mais demeurant unis face à l'adversité et l'injustice.Côté dessin, Willy Lambil nous offre de belles illustrations riches en décors soignés et en représentations d'animaux de toutes tailles alternant les différents types de plans (général, large, resserré et même premier plan... pour un canard et d’autres représentants de la gent volatile). Certains fans de la série et de Lambil jugeront la qualité du trait un cran en-dessous mais l’ensemble reste globalement excellent. On peut aisément comprendre l’impact d’une baisse de motivation quand le scénariste vous annonce sa décision d’arrêter et de prendre sa pension car la maladie l’a (trop vite) rattrapé… Pour cette dernière aventure avec Cauvin, Lambil nous aura donc offert un album réunissant tous les personnages fétiches de la série que son ami et complice durant un demi-siècle avait créée en 1971. Des scènes drôles ou parfois tristes mais toujours agrémentées de ces disputes et titillations incessantes qui en ont fait le succès. On est très heureux d’avoir partagé un agréable moment de lecture avec ce duo quasi légendaire. L’album intermédiaire BeKa-Munuera aura révélé la nécessité d’un passage de relais ne serait-ce que pour l’écriture des scénarios puisque Lambil a exprimé le souhait de continuer à dessiner les Tuniques Bleues. Et j’espère que la série se poursuivra pour notre plus grand plaisir.
SDJuan