Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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GOLGOTHA T1
- Par asbl-creabulles
- Le 28/04/2021
Tome 1 . L'arène des maudits
Scénario :ALCANTE et Laurent-Frédéric BOLLÉE
Dessin : Enrique BRECCIA
Couleurs : Sébastien GÉRARD
Dépot légal : mars 2021
Editeur :
ISBN : 978-2-302-09208-2
Nombre de pages : 56Cité de Pompéi en 64 ap. J.-C. Meilleur combattant de l’école (ludus) de gladiateurs de Claudius Scipio Caper, l’une des plus réputées de l’empire, le gladiateur Lucius est l’homme le plus acclamé et le plus populaire de Pompéi. Malgré tout, il a pris la décision de se retirer des arènes, de se marier et de fonder une famille. Sa notoriété a poussé Julius Actorius, un riche propriétaire terrien, à le contacter et à lui promettre la main de sa fille Julia en échange de son soutien pour se faire élire tribun. Mais avant d’entamer sa nouvelle vie, Lucius tient à soigner sa sortie par un ultime grand combat. Ce qu’il ignore, c’est que Claudius, qui s’estime trahi par ce combattant qui lui doit tout, lui a réservé un adversaire de taille, un guerrier numide véritable force de la nature. Dans le même temps, un étrange naufragé fait son apparition. On dit même qu’il serait mort pour la seconde fois et, pourtant, il est bien vivant pour raconter son histoire.
Mon avis: Sur un scénario pensé et écrit pendant la rédaction de celui de "La Bombe", Golgotha (premier tome d’une trilogie) se présente comme un péplum mettant en scène des personnages fictifs mais inscrits dans un contexte historique réaliste, comme le chantier de l'amphithéatre Flavien (mieux connu depuis sous le nom de Colisée).
L'histoire se situant durant la seconde partie du premier siècle de notre ère, on trouve évidemment des références directes à la Bible mais Alcante et Laurent-Frédéric Bollée font de leur récit une évocation soignée des différentes classes de la société romaine et du rôle des femmes en y ajoutant une bonne dose de fantastique et de surnaturel.
Un gladiateur ayant connu la gloire va vivre l'enfer au cours de multiples rebondissements plus qu'inattendus ayant un impact direct sur sa survie, en lien avec les nombreux enjeux politiques associés.
Un récit bourré d'énergie de par son sujet mais aussi grâce au dessin soigné et travaillé d'Enrique Breccia. Le dessinateur maîtrise parfaitement les scènes de combat, puissantes voire dévastatrices avec un trait bien reconnaissable.
Il est également à l’aise dans la restitution de la haute société romaine dans des décors majestueux, mais aussi dans l’illustration de la pauvreté, de la misère, des laissés-pour-compte de la société romaine et de tous ces "monstres", soldats ou gladiateurs, blessés, estropiés, défigurés.
Même si la version couleurs (réalisée par Sébastien Gérard) colle parfaitement à l’ambiance romaine, je recommande la version noir et blanc pour encore mieux apprécier et se rendre compte de la qualité du travail du dessinateur.Un premier tome prometteur.
SDJuan
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MARQUÉS T1
- Par asbl-creabulles
- Le 27/04/2021
Tome 1
Scénario : David HINE & Brian HABERLIN
Dessin : Brian HABERLIN
Couleurs : Geirrod VAN DYKE
Couverture : Jay ANACLETO, Brian HABERLIN et Geirrod VAN DYKE
Dépot légal : mars 2021
Editeur :
Collection : Contrebande
Format : Format comics
ISBN :978-2-413-03782-8
Nombre de pages: 180Saskia est une jeune fille douée pour le dessin. Elle ignore encore que ce don, en l’entraînant dans une aventure extraordinaire, sera le révélateur de ses pouvoirs. Pour le moment, son amie Cyreese qui connaît sa passion pour les arts graphiques, l’encourage à répondre à l'annonce d’une école d’art promettant une inscription assortie d’une allocation de 20000 dollars. C’est simple, il suffit à chaque candidat(e) d’envoyer un dessin illustrant ce qu’il(elle) a perçu en regardant le portrait de la femme représenté sur le prospectus publicitaire. Au grand étonnement des deux amies, Saskia a dessiné un phénix qu’elle envoie à l’adresse indiquée. Elle est rapidement invitée à rejoindre l'école d'art qui est en fait une organisation secrète appelée "Ordre des Sorciers". Chargés de protéger la Terre des forces du mal, ses membres sont "Marqués" car tatoués de glyphes magiques tous plus puissants les uns que les autres. Saskia est aussitôt prise en main par les plus anciens sorciers qui lui enseignent de manière rigoureuse les pratiques magiques les plus traditionnelles. Elle se révèle une très bonne élève. Saskia fait la connaissance de Liza qui a des idées plus avant-gardistes de la magie. Celle-ci invite Saskia à l’une de ses expériences de magie hybride malgré l’interdiction en vigueur à l’école. Mais la manipulation tourne mal et Saskia y perd la vue. Pour avoir enfreint les règles, Liza est condamnée à être dépossédée de ses pouvoirs et expulsée de l’Ordre des Sorciers. En réalité, grâce à une connaissance au sein de l’école elle va les conserver. Désormais seule, sa magie hybride va attirer bien des convoitises et atteindre un point de non-retour...
Mon avis: Un scénario original, mélange de magie et de sorcellerie situé dans un contexte plutôt actuel.
On est fasciné par ces "tatouages", la marque de chaque sorcier/sorcière et, surtout, de son pouvoir, que nous voyons se métamorphoser à la surface de la peau.
Le récit évoque d’abord une magie ancestrale désormais assagie faute de desseins à accomplir ou de menaces à contrer mais rapidement va apparaître une magie hybride incarnée par le personnage de Liza qui se croit capable de la contrôler. En fait, une organisation secrète va la recruter et des expériences faisant appel à l’occulte seront menées pour créer une sorte d’armée de super soldats. Dès lors, le récit est entièrement dédié à l’affrontement entre l’école de magie traditionnelle et les nouveaux tenants d’un occultisme s’appuyant sur des technologies modernes.
Le mystère reste donc bien présent mais l’action a pris le dessus nous régalant de nombreuses scènes de combat.La partie dessin est due à Brian Haberlin et Jay Anacieto.
Si les pages où les tatouages prennent forme sont de véritables œuvres d’art, en partie grâce au très bon travail des couleurs de Gierrod Van Dyke, le reste de l’album nous offre de belles pages au dessin soigné et travaillé, riches en décors (intérieurs et extérieurs) et globalement dynamiques grâce à des cadrages et un découpage bien agencés et maîtrisés.
Les nombreux personnages sont tous bien reconnaissables ce qui sert parfaitement la bonne fluidité de lecture.
Du beau et bon travail.SDJuan
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CONTRAPASO Les enfants des autres
- Par asbl-creabulles
- Le 26/04/2021
Tome 1 . Les enfants des autres
Scénario : Teresa VALERO
Dessin : Teresa VALERO
Couleurs : Teresa VALERO
Traduction : Anne-Marie RUIZ et Marie ESTRIPEAUT-BOURJAC
Dépot légal : Avril 2021
Editeur :
Format :Grand format
ISBN :979-10-34731-41-1
Bombre de pages : 152Madrid, 1956. Emilio Sanz est journaliste affecté à la rubrique faits divers au sein de la rédaction du journal "La Capital". Il y est entré en 1939 peu avant le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale. C’est à cette même époque qu'un tueur en série a commencé à sévir mais, 17 ans plus tard, les meurtres non pas vraiment été élucidés. Il faut dire que sous Franco, ce genre d'affaire ne devait pas traîner, la police devait rapidement trouver un coupable et l’exécuter. Animé par une exigence de vérité, Emilio a eu beau soutenir que l’homme arrêté, condamné et exécuté n’était pas le coupable idéal qu’on prétendait et qu’il était innocent, cela n’a pas changé grand-chose à l'affaire. Il supporte de plus en plus difficilement de devoir écrire des articles donnant à penser que tout va bien. C'est à ce moment que débarque un jeune journaliste du grand journal parisien L’Express, Léon Lenoir, engagé pour le seconder. Né à Madrid, Léon y a été élevé par son oncle, le général Rios, après la mort de son père, avant de fuir l’Espagne pour des raisons personnelles alors qu’il entrait à peine dans l’âge adulte. En arrivant, il retrouve sa cousine Paloma Rios, illustratrice pour les pages féminines du journal. Les premiers contacts entre Emilio et son nouvel assistant sont plutôt distants jusqu’à ce que survienne ce meurtre d’une infirmière. Contrairement à Emilio, le commissaire Casado est persuadé qu'il s'agit d'un nouveau crime du tueur en série. En fait, ce crime va être l’élément déclencheur qui va rapprocher Emilio et Léon et même les unir bien au-delà de ce qu’ils pouvaient imaginer à mesure que leur enquête va progresser.
Mon avis : Je connaissais déjà Teresa Valero par ses autres travaux, en tant que scénariste sur "Curiosity Shop" illustrée par Montse Martin et sur "Sorcelleries" avec Juanjo Guarnido au dessin, dessinatrice et coloriste sur l'album "We are family" scénarisé par Marie Pavlenko, et enfin tout dernièrement scénariste aux côtés de Juan Diaz Canales sur "Gentlemind" avec Antonio Lapone au dessin. Cette fois c'est en tant qu'auteure complète que Teresa Valero nous revient avec ce superbe album de 144 pages, également publié en Espagne sous le titre "Contrapaso - Los Hijos de los Otros" chez Norma Editorial.
Il est clair que Teresa Valero a effectué un énorme travail de recherche documentaire pour cet album, certes de fiction mais profondément ancré dans l'histoire de l’Espagne, du moins la période très sombre du franquisme. Les faits divers tragiques évoqués constituent le fil rouge autour duquel l’auteure greffe tout ce qu’elle a souhaité faire connaître de la situation de l’Espagne sous la dictature de Franco.
Emilio, pourtant ancien militant phalangiste, se sent muselé, du moins frustré de ne pouvoir exercer son métier de journaliste comme il le voudrait. De fait, la censure politique et le poids de la religion étaient les clés de voûte du système, dissimulant tout le reste. L'arrivée de Léon, jeune idéaliste, bouscule un peu les choses. Malgré leurs différences de points de vue et leurs désaccords, qui donnent lieu à de très intéressants dialogues, nos deux héros vont se compléter et former un duo d'enquêteurs – chevronné et expérimenté pour l’un, plein de fougue pour l’autre – qui va fonctionner à merveille et qui bénéficiera même du soutien actif de Paloma.
Leur longue enquête va être prétexte à évoquer d’autres aspects sombres du franquisme, la misère, la situation des femmes, les travaux de certains médecins sur l’eugénisme ou d’autres pratiquant des traitements musclés à base d’électrochocs ou de douches glacées pour venir à bout de certaines maladies mentales mais aussi de l’homosexualité.
Le sous-titre "Les enfants des autres" fait également allusion aux bébés volés, enfants d’opposants et/ou de familles pauvres confiés à des familles d’adoption plus aisées et favorables au régime avec la complicité d’institutions religieuses, de cliniques et de certains fonctionnaires, mais aussi au souhait de beaucoup d’Espagnols, surtout parmi la jeunesse, de réconcilier une société brisée depuis la Guerre civile.
Quant au titre "Contrapaso" (difficile à traduire en français – voir la définition proposée au début de l’album), il s’applique aux différents sujets dont traite l’album – et ils sont nombreux – et évoque la singularité de cette Espagne franquiste où des journalistes, des écrivains, des dessinateurs ont réussi à se jouer de la censure et/ou à faire passer des messages subtils dans leurs articles, leurs écrits ou leurs dessins.
Teresa Valero en dévoile un peu plus à chaque page sur la personnalité des acteurs de cette enquête. Des caractères marqués, différents mais compatibles, très humains, très intéressants et l’empathie opère entre le lecteur et les héros. On s’attache aussi à Charo, la fille du médecin légiste, une fillette de 14 ans particulièrement douée et intelligente qui examine les corps en compagnie de son père.Teresa Valero explique en fin d’album qu’elle s’est inspirée de personnes ayant réellement existé pour certains personnages de son récit. Ce supplément fournit aussi d’autres révélations et explications sur l’époque franquiste et nous éclaire sur la manière dont Teresa a conçu et écrit son histoire.
Préfacé par Pierre Christin, voici un album soigné, travaillé et documenté sur les moindres détails, qui sous forme de polar avec ce qu’il faut de suspense et de tension, incite à la réflexion sur cette période tragique de l'histoire de l'Espagne. Teresa Valero le fait d’une manière neutre en nous présentant les différents points de vue. Elle relate la vie au quotidien avec ses moments durs, mais aussi ses bons moments, ses joies et ses espoirs.
Après le superbe Paracuellos et autres récits de Carlos Gimenez, témoin vivant de l’époque franquiste, le superbe album de Teresa Valero est bien le seul à m’avoir autant touché.Et lorsque je dis "superbe album", je ne parle pas seulement du scénario ou de l'histoire mais aussi du dessin et des couleurs qui sont de toute beauté.
Si l’on pense parfois aux illustrations de Juanjo Guarnido ou aux couleurs de Miguelanxo Prado, c’est bien la griffe Teresa Valero qui s’exprime ici.
Avec beaucoup d’aisance et d’une manière très fluide, la dessinatrice passe d’un style très réaliste à une atmosphère digne des meilleurs polars, aux visages et expressions souvent en gros plan qui frôlent parfois la caricature, tristes ou drôles, faisant penser aux grands classiques du dessin animé Disney.
Un grand soin est apporté aux décors avec toujours autant de réalisme et un foisonnement de détails impressionnant !
Le découpage est dynamique, les cases nombreuses, le rythme intense. Il faut prendre le temps de s'arrêter sur chaque case pour en dévorer chaque trait, indice ou atmosphère si typiques du polar noir de l’époque.
L’album est dense à tous points de vue (texte et images confondus) et mérite largement que l’on s’y attarde et que l’on y revienne plusieurs fois pour apprécier à sa juste valeur le travail fourni.
Et bien qu'il ait été pensé en one shot, une suite est d’ores et déjà prévue.Sanz Diaz Juan
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TARZAN Tome 1
- Par asbl-creabulles
- Le 26/04/2021
Tome 1 : Tarzan
Scénario : Christophe BEC
Dessin : Stevan SUBIC
Couleurs : Hugo FACIO
Couverture : Éric BOURGIER
Adapté de : Edgar Rice BURROUGHS
Dépot légal : Mars 2021
Editeur :
ISBN : 978-2-302-09179-5
Planches : 80Lord John et Lady Alice Greystoke sont les deux seuls survivants du naufrage de leur navire sur les côtes d’une des colonies britanniques d’Afrique équatoriale où ils se rendaient pour mener une mission contre la "traite des Noirs", autrement dit l’esclavage. Pour se protéger au mieux des nombreux prédateurs de la zone, Lord John entreprend de construire une cabane perchée dans un arbre pour lui et son épouse Alice, alors enceinte. Alice mettra au monde leur fils, prénommé Johnny, mais tombera rapidement malade et finira par décéder. Sans cet enfant, Lord John aurait lui aussi mit fin à ses jours mais il décide de s’en occupe du mieux possible. Un soir, une troupe de grands singes attaque leur refuge. Lord John est tué et le bébé aurait dû subir le même sort si une femelle n’avait eu l’idée de le prendre sous sa protection. Elle va l'élever comme elle peut car le mâle alpha lui fera comprendre à plusieurs reprises qu'il n'est pas d'accord avec son choix. La guenon tiendra bon et le bébé finira par prospérer et devenir un gamin puis un ado robuste, prouvant à maintes reprises sa loyauté et son utilité au sein du groupe même si le mâle dominant cherchera souvent à se débarrasser de lui. Arrive ce jour où il trouve la cabane de ses parents. Il y découvre deux squelettes qui lui sont inconnus mais aussi des livres sur lesquels il peut voir des images d’homme, de femme, de singe… Petit à petit, il parvient à déchiffrer les textes, à lire, à s’instruire. Il s’attribue le nom de "Tarzan" et donne celui de Kala à la guenon qui a été sa mère nourricière. Il comprend sa différence avec les singes et n'essaye plus de leur ressembler à tout prix en se mettant de la boue sur le corps pour cacher son manque de fourrure et la blancheur de sa peau. Chaque jour, il gagne en résistance, en vitesse, en souplesse, en puissance mais a compris que ses plus grands combats ne vont plus tarder.
Mon avis : Auteur prolifique (voir la longue liste de ses travaux – qu’il signe comme scénariste et/ou dessinateur – et de ses multiples collaborations sur les sites de référencement BD), Christophe Bec reprend le célèbre roman d'Edgar Rice Burroughs paru en 1912 "Tarzan seigneur de la jungle". Les droits étant tombés dans le domaine public, c’est Jean Wacquet, directeur éditorial des éditions Soleil, qui lui a proposé de reprendre le personnage tel quel.
Avec ce premier volume, Christophe Bec et Stevan Subic nous proposent une vision plus sombre, plus violente, assurément plus proche du roman, de ce qu’a pu être la (sur)vie de cet enfant "sauvage" en pleine jungle au milieu des grands singes, des panthères, serpents et autre animaux féroces ou dangereux mais pas seulement… puisque les premiers contacts avec des humains ne seront pas des plus tendres non plus.
Ce premier tome est construit d’une manière originale et plutôt séduisante. Après le naufrage, la naissance, les drames qui entourent la petite enfance du futur Tarzan auprès de la guenon Kala évoqués sur une dizaine de pages sans texte, la narration se poursuit sous forme d’encadrés récitatifs nous relatant sa survie au sein du groupe de singes, son passage non sans mal à l’adolescence marqué par l'attention et la tendresse que lui porte sa mère adoptive, la découverte de sa véritable nature à travers les livres et écrits de son père qu’il a retrouvés dans la cabane… avant le choc de la rencontre avec les Occidentaux, les Blancs incarnés par l’expédition du Professeur Porter.
Christophe Bec réussit à capter toute notre attention dès les premières pages d’un récit qui confirme la puissance du personnage de Tarzan, symbole d’innocence mais aussi de force et de courage, créé par Edgar Rice Burroughs. J'avoue avoir pris du plaisir en lisant ce premier tome.Au dessin, le dessinateur serbe Stevan Subic nous propose une illustration plutôt réaliste, restituant parfaitement l'atmosphère d’une jungle humide, à la végétation épaisse et menaçante où les multiples dangers tapis dans l'ombre peuvent surgir à tout moment.
On voit grandir le héros : bébé, gamin curieux de tout, adolescent agile et enfin jeune adulte au corps de plus en plus sculpté.
Le trait est marqué, la mise en page dynamique multipliant les cases de tous formats, les scènes de combat nombreuses et spectaculaires.
Une version N&B aurait été un plus si elle n'est pas déjà prévue.
Les couleurs réalisées par Hugo Facio sont plutôt sombres et froides soulignant les nombreuses ambiances oppressantes mais elles assurent une bonne lisibilité tout au long de l’album.
A noter aussi la très belle couverture dessinée par Éric Bourgier à qui l’on doit la magnifique série d’heroic fantasy Servitude.SDJuan
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AIRBORNE 44 Tome 9
- Par asbl-creabulles
- Le 26/04/2021
Tome 9 . Black Boys
Scénario : Philippe JARBINET
Dessin : Philippe JARBINET
Couleurs : PhilippeJARBINET
Dépot légal : Avril 2021
Editeur :
Cycle : 5
ISBN : 978-2-203-21144-5
Planches : 64Nice, août 1944. Noir américain et fils de guitariste, le soldat Virgil Burdette reçoit une lettre dans laquelle il apprend qu'il a une demi-sœur vivant à Paris. Alors que Nice vient d'être libérée, Virgil compte bien s’amuser un peu car la fête bat son plein dans les rues de la ville. Malheureusement tout le monde, y compris au sein des soldats, ne conçoit pas la fête de la même manière. Lorsque Virgil est vu se promenant et discutant avec une femme blanche, cela déplaît en particulier au soldat Jared Webb, que tout le monde surnomme Jay, d’autant qu’il vient de se faire plaquer par la jeune femme. Virgil se retrouve pris à partie dans une bagarre à trois contre un et tombe au sol. Lorsque les MPs arrivent, ils lui demandent de ne pas faire d'histoire. Militaire expérimenté et bien noté, Virgil est muté en Bretagne dans son unité d'origine, le 333e bataillon d’artillerie (333rd F.A.B.). Virgil et ses compagnons d'armes se retrouvent pendant deux mois en première ligne. Quand ils reçoivent l’ordre de se diriger vers Paris via Dreux, Virgil se dit qu'il pourrait bien s’échapper une journée pour rencontrer sa demi-sœur quitte à en payer le prix et passer trois jours au trou. Il ignore encore qu’il va ensuite être envoyé sur le front de l’Est, dans les Ardennes belges, et que son chemin va recroiser celui de Jay.
Mon avis : Pour ce cinquième cycle, fidèle à sa thématique "Deuxième Guerre mondiale", Philippe Jarbinet aborde dans cet album le sujet délicat de la ségrégation raciale en faisant bien attention de le replacer dans le contexte de l'époque.
C’est l'actualité américaine récente (la présidence de Donald Trump et surtout la mort de George Floyd ayant donné naissance au mouvement Black Live Matters), dit-il, qui l’ont influencé dans ses choix.
Mêlant histoire et fiction, Philippe Jarbinet arrive toujours malgré la dureté et le pessimisme des sujets traités à nous proposer un récit positif, émaillé de notes d’espoir, évoquant et rendant hommage à des personnes ayant réellement existé, même si cela ne l’empêche pas de mettre en avant les choses qui fâchent.
Faisant s’entrecroiser plusieurs histoires, son récit est bien construit, riche en rebondissements et scènes d’action spectaculaires pour un résultat captivant.Et comme toujours, il nous propose un dessin réaliste soigné, des cadrages et une mise en page de très bonne qualité, d’aspect presque cinématographique. Beaucoup de travail, à n’en pas douter, sur les décors, les militaires, leurs uniformes, leurs véhicules, etc.
J’ai l’impression, et j'espère que d'autres pensent comme moi, que son dessin se bonifie d’album en album.
Son travail sur la couleur directe est de toute beauté. Je ne parle pas seulement des couleurs vives sous un soleil radieux donnant de la clarté et de la vie au dessin, mais aussi des passages (nombreux) sous la neige ou même de nuit où il a travaillé avec beaucoup de savoir-faire uniquement dans des tons gris bleuté avec des touches de noir, de blanc et même d’argenté, jouant avec les dégradés, sans jamais perdre une once de détail.
Je conseille de prendre le temps, aussitôt la lecture achevée, de reprendre l’album au début et de le feuilleter pour apprécier pleinement son travail.
Peu d'auteurs que je ne vais pas citer (Philippe et pas mal de lecteurs savent à qui je pense !) sont en mesure de travailler en couleur directe à ce niveau de qualité.
Très intéressant dossier explicatif de 4 pages en fin d'album.SDJuan
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LA FORTUNE DES WINCZLAV
- Par asbl-creabulles
- Le 26/04/2021
Tome 1 : Vanko 1848
Scénario : Jean VAN HAMME
Dessin : Philippe BERTHET
Couleurs : Meephe VERSAEVEL
Collaboration graphique : Dominique DAVID
Dépot légal : Mars 2021
Editeur :
Format :Grand format
ISBN :979-10-34751-76-1
Nombre de pages : 56Monténégro, 1848. Vanko Winczlav est un jeune médecin mais aussi l’un des meneurs de la révolte des paysans monténégrins contre les séides (adeptes) du prince-évêque Nicolas Pietrovic lui-même aux ordres de l’occupant turc. Comme beaucoup, Vanko choisit de fuir pour survivre. Le voici désormais dans un village de Serbie où il vient en aide aux malades et aux blessés. Mais alors qu’il se croyait bien caché, le chef du village le dénonce aux Turcs contre de l’argent et la promesse d’épargner les habitants. Lorsque l’ennemi arrive pour l’arrêter, Vanko choisit de se rendre pour empêcher le malheur de s’abattre sur le village. C’est alors que sa jeune et fougueuse assistante Danila fait feu sur le chef du détachement turc, vite rejointe par d’autres villageois qui se dressent contre les soldats. Dans la confusion, Danila tue le chef du village, récupère la récompense et tente de convaincre Vanko de partir avec elle à Dubrovnik en Croatie mais elle est mortellement blessée... Vanko se décide à partir seul, ignorant qu’il est recherché et sa tête mise à prix dans tous les territoires occupés par les Ottomans. Il réussira à s’en sortir grâce à Veska Stojanova, la fille d’un chef de la résistance bulgare que Vanko a bien connu, Ivar Stojanov qui lui aussi a été trahi dans son exil mais, surtout, qui y a laissé la vie. Ensemble, ils se rendent en Albanie où ils payent un pêcheur pour passer en Italie puis en France et, après bien des péripéties, arrivent enfin aux États-Unis. Mais Veska n'a pas de papiers. Vanko décide de l'épouser pour qu'elle puisse s’installer dans ce Nouveau Monde d’autant qu’elle est enceinte de l'homme qui la tenait comme esclave. Mais les choses ne vont pas se dérouler tout à fait comme ils l’espéraient. Le diplôme de médecin de Vanko n’étant pas reconnu, il va devoir accepter un travail d'infirmier mal rémunéré puis son couple va se briser, mais ce n’est que le début d’une longue série de péripéties…
Mon avis : En 1990, Jean Van Hamme, accompagné par Philippe Francq au dessin, nous présentait le héros d’une nouvelle série dont on connaît le succès, Largo Winch.
Aujourd’hui, il revient sur les origines plutôt complexes de son personnage en commençant par Vanko Winczlav ce jeune médecin arrière-grand-père de Nerio Winch, le fondateur de l’empire financier du même nom, dont il nous relate l’existence dans le premier tome de cette trilogie.
Fidèle à sa manière de faire, Van Hamme s’appuie sur un contexte historique solide, en Europe où l’année 1848 correspond à des révolutions dans de nombreux pays (qui seront à l’origine du paysage politico-socio-économique moderne), mais aussi au Nouveau Monde.
Chaque album cible une époque bien particulière. Sur un scénario rigoureux, le premier nous relate les raisons ayant poussé Vanko à fuir sa terre natale, occasion d’évoquer les conditions de vies dans les Balkans alors ottomans et les révoltes de peuples ne craignant plus d’exprimer leurs aspirations à l’émancipation. La fuite de Vanko en est un bon exemple.
Et bien sûr, le mythe du Nouveau Monde, de New York où chacun espère commencer une nouvelle vie même si la réalité peut s’y révéler plus complexe et éprouvante que prévu comme le vivront Vanko et ses fils.
Le style est dynamique, les effets multiples et réussis pour un résultat captivant.
Avec ce triptyque, nous allons comprendre comment sont nés le nom et l’empire des Winch.Pour sa part, Philippe Berthet nous régale de son dessin pur et élégant, clairement reconnaissable, très "Ligne Claire" avec des cases riches en décors variés et soignés.
On passe ainsi des assauts et charges de cavaliers turcs sanguinaires à de belles représentations de villages, de villes, de décors urbains, de maisons mais aussi d’intérieurs d'époque.
Les personnages sont expressifs, bien reconnaissables et servent parfaitement le récit.
Un gros travail de recherche graphique de la part de Dominique David et une mise en couleurs claire et précise de Meephe Versaevel restituant bien les différentes ambiances et atmosphères.Une mini-série à découvrir, qui peut se lire séparément sans avoir lu au préalable les Largo Winch mais qui pourrait en revanche leur amener de nouveaux lecteurs.
SDJuan
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VALOIS Tome 3
- Par asbl-creabulles
- Le 26/04/2021
Tome 3 . Furia Francese
Scénario : Thierry GLORIS
Dessin : Jaime CALDERÓN
Couleurs : Angelo IOZZA
Dépot légal : Mars 2021
Editeur :
Collection : Histoire & Histoires
ISBN : 978-2-413-01969-5
Nombre de pages : 48Rome, janvier 1495. Depuis la fin août 1494, Charles VIII et son armée ont entrepris depuis le Piémont leur marche vers le sud de l’Italie en menaçant les États de l’Église. A Rome, le pape s’inquiète. Au final, un arrangement sera trouvé. Alexandre VI Borgia sauve sa couronne en accordant à Charles de Valois, descendant de Saint-Louis, l’investiture du Royaume de Naples. La cérémonie de couronnement est à peine terminée qu’une bagarre éclate impliquant Blasco et un homme qui vient de gifler Lucrèce, la fille du pape dont Blasco est tombé amoureux. Il faudra l’intervention de Vitelli pour calmer les ardeurs de chacun. Le plus dur pour Blasco n’est pas la bagarre mais plutôt d’apprendre qu’il vient de se battre contre Giovanni Sforza, le mari de Lucrèce. Justement, du côté de la famille Borgia, des difficultés sont apparues entre les deux frères, César et Juan, depuis l'annonce d'une nouvelle naissance. César devra même partir contre son gré et sera intégré à la cour de Charles VIII, sous la protection de Blasco et d’Henri. La route de Naples est désormais ouverte. Dès lors, les événements se précipitent. Le roi Alphonse II de Naples abdique en faveur de son fils Ferdinand II qui devra lui-même fuir Naples devant l'offensive écrasante des Français menés par Charles VIII, dont l’horizon napolitain va finalement se révéler éphémère. Peu à peu, les pièces maîtresse se mettent en place sur l’échiquier politique européen.
Mon avis: Thierry Gloris poursuit de main de maître cette épopée historique valoisienne particulièrement riche en péripéties.
Il en rajoute même en rendant la vie très difficile pour nos deux héros fictifs, Blasco de Villalonga et Henri Guivre de Tersac, que nous suivons dans cette aventure à travers leurs espoirs, leurs "amours" mais aussi leurs déboires et leurs déceptions.
Les Borgia ont du mal à mener à bien leurs plans mais ils ne sont pas les seuls.
Un récit captivant fait de retrouvailles bonnes ou mauvaises, de folies des grandeurs, d'egos surdimensionnés, de trahisons, de manigances, de manœuvres à caractère religieux et surtout politique sur fond de conquêtes territoriales.
Le scénariste, grâce à de nombreux rebondissements et retournements de situation, réussit une nouvelle fois à captiver toute notre attention.Côté dessin, par son travail de qualité et de précision, Jaime Calderón nous fait vivre les événements comme si nous y étions.
Les vues sont grandioses, les cadrages inventifs et parfois spectaculaires. Le soin apporté au cadre, aux décors et aux costumes est toujours aussi saisissant.
On se régale d’intérieurs riches en détails mais aussi de nombreux décors extérieurs soignés, rues, ruelles, demeures seigneuriales, ainsi que de magnifiques scènes de chasse, de combat, de charge de cavaliers ou de soldats.
Quant aux personnages, ils sont toujours aussi expressifs. Beaucoup de travail sur les visages, les regards et autres mimiques.
C’est sûr, Jaime Calderon n'est pas avare de son temps pour peaufiner toutes ces superbes planches (comme on a pu le constater lors des différentes expos Créabulles présentant son travail).
Un petit regret sur cet album en ce qui concerne les couleurs car sur quelques scènes de nuit ou dans l'ombre, dû certainement en grosse partie à l'imprimerie trop foncées, elles écrasent un peu trop à mon goût le travail minutieux, fin et précis du dessinateur. Nouveau coloriste de la série, Angelo Iozza, s’en sort par contre très bien sur les scènes en extérieur où ses couleurs donnent une imprimession de clarté et de profondeur.Poursuite de cette belle fresque historique superbement illustrée dont on attend avec impatience le quatrième et dernier tome.
SDJuan
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IRA DEI 4
- Par asbl-creabulles
- Le 26/04/2021
Tome 4 : Mon nom est Tancrède
Scénario : Vincent BRUGEAS
Dessin : Ronan TOULHOAT
Couleurs : Ronan TOULHOAT & Rémy PENNARUN
Dépot légal : Février 2021
Editeur :
Cycle : Cycle Italien
ISBN :978-2-505-07561-5
Nombre de pages : 56Hugues, le bras droit de Guillaume de Hauteville, a préféré abandonner le champ de bataille afin de poursuivre un plus gros gibier, notre bon vieux Tancrède, ennemi juré de Guillaume et accompagné de deux jolies jeunes filles répondant aux doux noms de Marie, sœur du petit moinillon Etienne, et Eudoxie, sœur d'Harald. J'imagine vos yeux interrogatifs. Je vous préviens, relisez les trois tomes précédents mais sachez que: Guillaume + Etienne = coeur et Maniakés + Harald = coeur coeur.
Une véritable chasse à l'homme débute et le chat Hugues arrive à attraper la souris Tancrède. Ce dernier va bien évidemment vendre très cher sa peau. Les deux demoiselles – loin d'être – en détresse arrivent à prendre la fuite grâce au courage de notre héros. Tancrède est fait prisonnier et arrive en piteux état devant Guillaume.
Guillaume, accompagné d'Etienne, fait alors route vers Melfi. Il est plus confiant que jamais et se croit en position de force. En effet, la ville sera parfaite pour se défendre des assauts de Maniakés et Harald. Il ne le sait pas encore mais ils se jettent littéralement dans la gueule du loup.
Trahisons, coups dans le dos, double-jeu... les masques tombent dans ce final haletant que nous offrent Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat. Vous n'oublierez plus jamais son nom: Tancrède.
Mon avis: Je vous préviens directement: il faut relire les tomes précédents. En effet, le scénario étant très bien ficelé, il serait dommage de ne pas en percevoir toutes les subtilités, les finesses et les détails que nous offre le génial Vincent Brugeas (Le Roy des Ribauds, Nottingham). Ensuite passons aux dessins du non moins génial Ronan Toulhoat (non je ne suis pas payé par ces derniers pour les complimenter). Rien que pour les scènes de batailles, son dessin vaut le détour ! La vitesse, l'angle, le trait...TOUT est magnifique. Si vous avez raté l'exposition du génial duo chez Huberty & Breyne, veuillez-vous autoflageller sans modération. Sur ces belles paroles, bonne lecture !
Jordan Maenhout