Chroniques

1 . Jusqu'au printemps
Scénario : Charles MASSON
Dessin : Charles MASSON
Couleurs : Charles MASSON
Dépot légal : Mars 2021
Editeur :
ISBN : 978-2-413-03750-7
Nombre de pages : ljrergh

Amies depuis toujours, Marie et Louise ont projeté de partir ensemble comme monitrices dans une colonie de vacances en Corse. Mais pour cela, elles vont devoir grandement améliorer leur pratique de la natation comme l’exige ce job d’été. Toutes deux aiment les enfants mais d’une manière diamétralement opposée. Louise, ouvrière dans une usine, rêve de fonder une famille et d’avoir des enfants. Quant à Marie l’institutrice de CP, si elle adore les enfants, elle tient à préserver son indépendance. Côtoyer des bambins lui suffit amplement. Elle mène une vie simple et a pris l’habitude, une fois par an, d’aller se régaler de son mets favori toujours au même restaurant : des andouillettes à la moutarde sur lit de gratin dauphinois. Mais cette année, elle ressent une gêne dans la gorge depuis quelque temps et décide de prendre rendez-vous chez un ORL.Mon avis : Belle découverte que l’histoire, à la fois simple, drôle et émouvante, de cette femme bien décidée à vivre sa vie comme elle l’entend, entourée d'enfants mais qui ne veut pas en avoir, jusqu'au jour où son médecin lui annonce une terrible nouvelle. Et Marie décide alors de donner du temps au temps… jusqu'au printemps.
Charles Masson, auteur de BD et médecin, nous raconte son histoire (réelle) avec beaucoup de tact, de tendresse et d'empathie. Devant son refus si lumineux et plein d’optimisme de vivre "encore un printemps", il n’insistera pas et ne cherchera pas à faire subir à Marie une batterie de tests ou à lui administrer des médicaments lourds. Il sera à son service et l’accompagnera pour lui épargner les douleurs. Les dessins sont tout aussi lumineux, sans jamais tomber dans la caricature ou le larmoyant. Masson nous fait partager l’existence de Marie au quotidien, avec ses joies et ses plaisirs, à travers une multitude de petites cases où on la voit souriante et joyeuse, entourée de tout ce qu'elle aime tout simplement, toujours positive y compris dans les moments plus sombres qu'elle aborde de la même manière, sereinement.
Les couleurs alternant les tons chauds et lumineux et plus froids mais toujours positives accompagnent parfaitement le récit.

SDJuan

Scénario : Étienne LE ROUX
Dessin : Vincent FROISSARD
Couleurs : Vincent FROISSARD
Dépot légal : Mars 2021
Editeur :
Collection : Métamorphose
ISBN : 978-2-302-09313-3
Nombre de pages : 76En cette année 1215, près de Venise, un vieil homme étrangement vêtu s’est mis en route vers l'Orient accompagné d’un porteur tirant une charrette à bras contenant ses affaires. Ce dernier se plaint à voix haute de sa charge et du maigre salaire – une misère en vérité – qu’il reçoit, au point de menacer de tuer le vieil homme qui décide aussitôt de s’en débarrasser et de le chasser. Presque aussitôt un jeune vagabond affamé que le vieillard avait aperçu s’approche pour proposer ses services. Un accord est vite trouvé car il ne demande qu'un peu de nourriture et de compagnie en échange. Lorsque le vieil homme se présente à lui comme étant le célèbre marchand-explorateur Marco Polo, le gamin qui ne demande qu’à le croire, se déclare prêt à le suivre partout où il décidera d’aller mais à condition qu’il continue de lui raconter ses voyages.Mon avis : Ce récit librement adapté des récits de Marco Polo connus sous plusieurs noms, Devisement du Monde, Livre des Merveilles du Monde, Livre de Marco Polo, nous fait voyager en Perse, en Asie centrale dans le désert de Gobi et en Chine.
Le héros raconte sa vie au jeune vagabond, on apprend comment Marco Polo a fréquenté les plus grands et est même devenu un disciple personnel de l'Empereur Kubilai Khan en personne qui régnait sur l’immense empire mongol fondé par Gengis Khan.
Alternant les récitatifs et les dialogues, Étienne Le Roux nous fait vivre cet incroyable voyage qui nous procure un dépaysement total, et en cette période de confinement, cela fait le plus grand bien.
Une belle complicité mais aussi un grand respect vont peu à peu s'installer entre les deux hommes.
Aventure, voyage, exotisme, quiétude et beaucoup d’émerveillement aussi. Une sorte de voyage initiatique pour ce garçon dont l’esprit va commencer à s’ouvrir et qui va avoir envie, à son tour, de découvrir le monde.
Une belle histoire, très agréable à lire.Vincent Froissard, coloriste et dessinateur, accompagne ce récit de la plus belle des manières avec ses illustrations douces aux couleurs pastel invitant au voyage.
De très beaux paysages dont beaucoup semblent sortis d’un rêve.
Des personnages frêles d’aspect que nous voyons se rapprocher tout au long de cette aventure.
En définitive, ce Livre des Merveilles porte très bien son nom.

SDJuan

Scénario : Frantz DUCHAZEAU
Dessin :Duchazeau, Frantz DUCHAZEAU
Couleurs : DRAC
Dépot légal : Mars 2021
Editeur :
ISBN : 978-2-203-20277-1
Nombre de pages : 94

Ce 21 janvier 1793, le roi Louis XVI est guillotiné. La foule amassée exulte mais la Révolution en cours a créé le chaos, annonçant la Terreur. Si Paris est à feu et à sang, en réalité c’est tout le pays qui est gagné par la guerre civile. Peintre de son état, Lazare Bruandet perd pied. Nerveux, il sort pour peindre, croise quelques connaissances dans la rue et finit au bistrot avec son ami Bertaux. Connu pour être un homme violent sachant manier l'épée et le pistolet, Lazare fait parfois peur, avec raison surtout lorsqu’il a bu. Ce jour-là, rentrant chez lui complètement ivre après un détour chez sa maîtresse, il aperçoit sa femme avec un homme. Pris d'une crise de jalousie, il la tue. Devenu un hors-la-loi, il ne lui reste plus qu’à fuir Paris et sa folie et c’est son ami Bertaux qui va l’aider. Car sa passion l’obsède. Il veut à tout prix peindre et peindre encore, d’abord et surtout la nature. Il trouve alors refuge dans la forêt de Fontainebleau au sud de Paris.Mon avis : Frantz Duchazeau nous offre un album plein d'une énergie parfois débordante comme dans ces cases nerveuses, violentes et colériques ou plus simplement quand Bruandet est soudainement animé par une bouffée de création qui le pousse à joindre en quelque sorte le geste à sa voix intérieure.
Cette énergie se retrouve également tout au long de l’album dans ces cases d’apparence plus tranquille et pourtant elles aussi pleines de vie (l’agitation urbaine, le vent dans les arbres, la pluie, les innombrables physionomies particulièrement expressives …), dans le découpage des planches et dans la succession sur plusieurs pages d’une multitude de petites cases… qui cèdent alors la place à d’autres presque pleine page que l’on admire comme des tableaux.
Le tout bénéficie d’une très agréable mise en couleurs.Avec la peinture comme fil rouge, mais pas n’importe laquelle, la peinture en pleine nature, Duchazeau nous propose un récit fait d’une multitude d’événements, grands et petits, jalonnant la vie de Lazare Bruandet qui en sera tour à tour l’acteur et le spectateur.
La narration est tout aussi fluide que le dessin, multipliant les péripéties et les rebondissements, à l’image du héros. Car on sent bien dans le scénario que tout est prêt à basculer à tout moment et que Bruandet doit faire face à ses propres démons. Reste qu’il a ce besoin obsédant de dessiner, de peindre la beauté mais et surtout la vérité.
Un très bon moment de lecture.

SDJuan

Tome 2 : Wonderland
Scénario : Christophe BEC et Giles DAOUST
Dessin : Stefano RAFFAELE
Couleurs : Marcelo MAIOLO
Couverture : Pierre LOYVET
Dépot légal : Février 2021
Editeur :
ISBN : 978-2-302-08972-3
Nombre de pages : 56

Detroit, Michigan. Charlène Dubowski, dite Charlie, cette jeune policière fraîchement sortie de l’école de police, a réussi à infiltrer La Toile, l’organisation qui distribue la fameuse "drogue Spider", l’une des plus addictives du marché mais surtout à l’origine de nombreux décès. Par souci de crédibilité et pour dissiper tout soupçon, elle a cédé sans effort à ses anciens penchants. Elle ressent même déjà les premiers effets dévastateurs de la drogue. Mais elle se sent trop proche du but pour faire machine arrière et entame même une relation avec la dealeuse. De son côté, John Brandt se remet peu à peu de l'agression qui a failli lui coûter la vie. Lors de leur enquête, ils apprennent que le produit s’inspire de la légende selon laquelle le Dieu-Araignée Anansi procurerait une vision plus vraie que nature. De fait, le puissant psychotrope a été conçu à partir de matière vivante provenant d’une variété de tarentule ayant un taux élevé d'arachnide provoquant des visions hallucinogènes. L’homme qui contrôle tout le trafic, lui-même consommateur, se fait même appeler Anansi. Charlie sait déjà que les effets vont bien au-delà… car elle-même vit une descente aux enfers qui semble irrémédiable.Mon avis: Passé maître du genre, Christophe Bec entraîne le lecteur dans l’univers sombre et glaçant de la drogue, mais pas n’importe quelle drogue, aux côtés de Charlie, cette jeune policière dont nous partageons déjà les aventures depuis quelque temps. Cette suite et fin prend véritablement une tournure des plus insolites et inquiétantes. La mystérieuse organisation n’a aucune limite, hormis vendre et vendre encore un produit qui bien que dangereux attire pourtant de plus en plus d'accrocs.
Pour cette fiction tellement proche de la réalité, Christophe Bec nous offre une intrigue prenante, soutenue par un scénario efficace faisant monter la tension jusqu’à la découverte d’une réalité impressionnante qui crée un profond malaise. Cet univers repoussant prend forme sous le crayon de Stefano Raffaele qui nous propose de belles pages tout à fait crédibles, des ruelles sombres et inquiétantes, des rassemblements dans des boîtes et clubs où tout le monde semble s'éclater sous des lumières flashy, mais aussi une impressionnante évocation du mythe du Dieu-Araignée. Presque un film d’horreur.
Les couleurs de Marcelo Maiolo jouent un rôle important pour restituer les différentes ambiances avec une dominante pour les illustrations sombres et angoissantes, soulignant bien la violence du récit.
Couverture donnant le ton, des plus inquiétantes, réalisée par Pierre Loyvet.
Un diptyque réussi et gageons que Bec et Raffaele ne tarderont pas à nous offrir de nouvelles aventures bien noires, je suppose.  

SDJuan

Scénario : Sylvie ROGE
Dessin : Olivier GRENSON
Couleurs : Olivier GRENSON
Dépot légal : Février 2021
Editeur :
ISBN : 978-2-8036-7620-0
Nombre de pages : 194

Fanny va préparer un repas de noël inoubliable... elle n'a pas idée à quel point il le sera !

Fanny invite sa soeur jumelle Tania et sa maman pour le repas du 24 décembre. Tout est réuni pour passer un bon moment : champagne, dinde, vin, foie gras et cadeaux. Le problème est qu'elle n'en a pas envie. Toute une soirée avec sa mère, c'est trop mais elle fera un effort.Fanny a une relation spéciale avec sa sœur, comme beaucoup de jumelles, mais la relation avec sa maman n'est pas bonne et c'est un euphémisme. Sa mère, si elle peut porter ce titre, vit dans le passé et ce passé la bouffe. Elle était heureuse, elle riait, elle était amoureuse d'un bel homme, elle profitait de la vie puis l'homme qu'elle adulait est parti. Comment a-t-il pu !? Ca ne peut pas être de sa faute, elle a toujours tout donné à cet homme. Mais si ce n'est pas elle, qui est responsable? Qui ? Les filles? Oui, ça se tient, les jumelles sont responsables. Fanny et sa sœur jumelle vont alors vivre l'enfer avec une mère nostalgique, aigrie et qui va tout faire pour qu'elles paient... surtout Fanny.

Les seules joies des deux sœurs étaient les vacances avec l'oncle Louis et sa femme Pauline. Qu'est-ce qu'elles aimaient les vacances... loin de leur mère. Puis il fallait bien rentrer et les cris, les pleurs revenaient...

En cette nuit du 24 décembre 2006 les choses vont sortir : la haine, les cris, les pleurs... Maman sort les crochets remplis de venin. Tout sort, même ce qui ne devait pas. Un secret très lourd, trop peut-être...

Mon avis: Une première pour Sylvie Roge et c'est une réussite. Le scénario et le découpage sont bons et donnent envie de tourner la page. La pagination est importante (190 pages) mais le livre se laisse lire et vous arrivez à la fin en en redemandant ! Le dessin d'Olivier Grenson est toujours aussi bon et sert agréablement l'histoire. Les couleurs jouent beaucoup. En effet, le gris est dominant et nous fait très bien ressentir l'atmosphère pesante du livre.  

Maenhout Jordan

Scénario : Jean-Christophe DEVENEY
Dessin : Christian ROSSI
Couleurs :  Ariane BORRA, Élise FOLLIN
Dépot légal : Mars 2021
Editeur :
Collection : 1000 Feuilles
ISBN : 978-2-344-03404-0
Nombre de pages : 56

Quelle surprise en découvrant en librairie cet album qui a tant fait parler de lui avant sa parution.
Le dessin de Christian Rossi si merveilleux dans sa réalisation précédente (Le Cœur des Amazones) est ici plus sommaire, plus humoristique.
Deuxième surprise pendant la lecture. Je pensais lire les aventures d’une jolie sauvageonne, d’une mignonne tarzanne aux prises avec des blancs sanguinaires voulant capturer la faune qu’elle protège au sein de son habitat naturel, la jungle.
Pas du tout !
Niala(h) est l’Esprit de la forêt. Une jeune femme qui ne vit que pour son plaisir et le plaisir des autres (je vous laisse découvrir de quel plaisir il s’agit).
Après une introduction où un jeune homme de la tribu des hommes-totems doit vivre son rituel de la Longue Nuit, trouver son animal-totem, entre en scène Niala(h) qui va l’aider dans sa quête avant de s’élancer de liane en liane au sein de la jungle luxuriante.
Ensuite Christian Rossi et le scénariste Jean-Christophe Deveney s’amusent en six courts récits paillards et érotiques à décrire les faits et gestes (surtout) de cet Esprit de la forêt voué au désir et au plaisir dont les maximes sont : ne jamais avoir honte de ses désirs et résoudre ses conflits par le plaisir.
Elle ne fait qu’appliquer le comportement des singes Bonobos parmi lesquels elle vit.
Le dessin et l’humour effacent toute idée malsaine de ces récits sans pudeur.Voici une petite introduction pour chacun.
1. La chorale des novices : Niala(h) va initier de jeunes novices venues pour évangéliser, au plaisir des sens, ce qui ne les fera que mieux chanter.
2. Gordon Mc Liard, photographe ethnologue va révéler son véritable amour de la photo grâce à Niala(h).
3. Carlotta und Friedrich, deux jeunes explorateurs en ballon vont tomber sur Niala(h) et ses bonobos. Ils ne pourront plus attendre leur nuit de noce pour découvrir le plaisir de leur amour.
4. Lord Edgar qui rêvait de devenir un tarzan chasseur de fauves va être dépucelé par Niala(h) et protéger les animaux.
5. Le Père Rigor est chaste et veut remettre de l’ordre au sein de la communauté des missionnaires mais sa rencontre avec Niala(h) va lui faire découvrir sa vraie nature.
6. Le Maître des fétiches capture le désir des habitants de la jungle pour le revendre sous forme de fétiches.
Mais Niala(h) avec l’aide du sorcier Mayi benga et de Adama l’Esprit du Volcan lui opposeront leur force sexuelle.
L’air de rien, ces 6 histoires sont un hymne à l’Afrique noire, ses tribus, sa flore, sa faune et se moquent des blancs seuls porteurs de la vérité par l’entremise du progrès et de leur religion.
Quand je pense qu’une pétition a été lancée contre ce livre qui, je cite : "reprenait les principes des bandes dessinées racistes des années 1950" ou était qualifié de "récit raciste, qui appelle à la fétichisation et au sexisme".
J’en tombe de mon fauteuil.
Quel petit esprit! Quelle ignorance! Quelle inculture!
Ces petites gens n’ont lu que les titres.
Et ceux qui ont signé sans lire (je les vomis de ma bouche).
Sans aller jusqu’à affirmer que ce livre est tout le contraire quoique, je dis que c’est plutôt proche d’un recueil de blagues coquines qui détendent l’atmosphère bien morose de ces derniers mois. Et à prendre au deuxième degré évidemment.
Réservé aux adultes non influençables.

M. Destrée

Scénario : Gilles ROCHIER
Dessin : DELOUPY
Couleurs : DELOUPY
Dépot légal : avril 2021
Editeur :
Format : Format comics
ISBN : 978-2-203-04797-6
Nombre de pages : 100

Deux hommes qui de prime abord n'ont rien en commun vont voir leur destin se croiser de manière inattendue. Dany, la quarantaine, qui a eu une jeunesse difficile et une vie chaotique, est un homme plutôt agressif. Il a souvent fréquenté les tribunaux et même fait de la prison. Aujourd’hui, il doit consulter une psychologue et suivre un traitement pour éviter d’y retourner après une affaire de violence qui aurait dû l'y renvoyer puisqu’il est en conditionnelle. Bien que persuadé que cela ne sert à rien, il va malgré tout finir par se dévoiler bien plus que prévu et, en évoquant son passé, raviver des plaies qu’il pensait oubliées. Le second, Jean Pasquier, atteint d’un cancer est aujourd’hui en maison de repos et de soins au terme d’une longue carrière d’ouvrier dans des conditions de travail souvent difficiles. Lui aussi va nous raconter son histoire. Il pense souvent aux injustices dont il se sent victime, comme cette fois où à la suite d’une erreur ayant causé un accident d’épandeuse chez un de leurs meilleurs clients, son patron l’a accusé de faute grave sur la foi d’une fausse déclaration de son chef d’atelier. Mais surtout il a un lourd secret à porter. C’est là que leurs deux existences vont se rejoindre et se recouper…Mon avis: Gilles Rochier nous propose deux histoires en parallèle qui vont s'enchevêtrer avec un rien de confusion au début lorsqu’on passe de l’une à l’autre mais grâce à une habile construction s’appuyant sur les révélations de chacun, il nous amène à comprendre peu à peu comment ces deux personnages sont reliés.
Un scénario intelligent qui maintient un bon suspense et une tension permanente.​​​​​​​
Les dessins de Deloupy, d’origine stéphanoise et diplômé des Beaux-Arts d’Angoulême, servent parfaitement l'intrigue donnant aux différents personnages de la profondeur, du charisme. Un joli trait soigné et des couleurs bien pensées pour une lecture aisée, monochromes pour les souvenirs, dans les tons bleus pour l’évocation de Dany, beige pour Jean et multicolores pour illustrer le présent des deux protagonistes.
Bref, un récit intense et divertissant.

SDJuan

Scénario : Wilfrid LUPANO
Dessin : RELOM
Couleurs : DEGREFF
Dépot légal : Février 2021
Editeur : 
Collection : Machination
ISBN :978-2-413-01581-9
Planches : 62

Jacques Berdemol est à la tête d'une usine de transformation de restes de nourriture peu ragoûtants en aliments pour chat, apparemment très appréciés, vendus en boîtes à 13 € le kilo sous la marque... Maharadchat ! Jusqu'ici, il en a toujours été plutôt fier. Mais voilà, alors qu'il a pris les chats en horreur, son affaire n’est plus aussi florissante aujourd'hui et il risque même la mise en faillite. Qu'à cela ne tienne ! Il en est même très heureux car il espère pouvoir réaliser un rêve. En effet, il vient secrètement d'acheter des côteaux de vignes dans le Sud et se réjouit déjà d’entamer sa nouvelle vie de vigneron. Ce qu'il n'avait pas prévu lorsqu’il rentre à la fabrique, c'est d’y trouver Jessica, une jeune et jolie fille qui a succédé à son ancienne secrétaire Micheline, partie à la retraite pendant son absence. Et en si peu de temps, elle a même réussi à faire visiter l'usine à des investisseurs venus de l'étranger, compromettant ses projets futurs…Mon avis: Cet album se révèle être une belle surprise.
Wilfrid Lupano s’acharne à y dénoncer toute une série de manquements au fil d’un récit incorrect, décalé, déjanté… mais tellement révélateur de notre société.
Cela pourrait être pitoyable mais, heureusement, on s’amuse beaucoup.
Car si la dénonciation est féroce, elle est aussi très drôle.
Le récit est bien mené, riches en surprises, multipliant les scènes comiques et cocasses voire salaces.
Bizarrement, on aurait presque de l’empathie pour ce gérant farfelu. Côté dessin, Relom, auteur complet sur Andy & Gina, Cité d’la balle, Les contre-experts à Brooklyn, Dirty Karl, dont la biographie précise qu’il fait preuve d’un humour sans pitié, est parfait pour illustrer cette aventure.
Son dessin sert à merveille les nombreuses situations du récit avec un trait nerveux, souvent moqueur – à juste titre – mais lui aussi tellement naturel et sincère.
Une lecture qui devrait procurer un réel plaisir à beaucoup d’entre nous et en cette période, ça fait le plus grand bien.

SDJuan