Décès de Marc Michetz

Passionné de culture japonaise, fasciné par les traditions ancestrales du Japon, ses paysages mais aussi ses arts martiaux − il a pratiqué le judo mais aussi les arts du sabre japonais kendo et iaïdo ou iaï jutsu −  Michetz , de son vrai nom Marc Degroide, s’est éteint ce 7 janvier 2024 à l’âge de 73 ans.  Né à Ixelles le 15 octobre 1951, cet homme discret passe sa jeunesse au Congo avant de revenir en Belgique où il suit les cours de l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles. 
Michetz fait ses débuts dans la BD en 1975 dans le studio Jean Graton et publie ses premiers personnages japonais, Mutsuro dans le journal Tintin et Hito le Banni dans la série Spatial publiée chez Michel Deligne (à noter que les aventures de Hito le Banni ont été publiées dans leur entièreté aux éditions "La Vache qui Médite" en 2011). C'est à partir de 1983 avec la série Kogaratsu prépubliée dans Spirou, sur un scénario de Bosse avec lequel il pratique le kendo, qu'il va vraiment débuter sa carrière. Michetz popularise la tradition artistique japonaise avant la vague manga actuelle. C’est bien cette série qui lui a ouvert les portes vers le succès. Si elle a largement retenu toute mon attention, j’ai également découvert et apprécié par la suite sa série Tako à l’atmosphère beaucoup plus sereine (deux tomes scénarisés par Yann parus chez Glénat en 1990 et 1996), sans oublier la série Gang Mazda chez Dupuis à partir de 1988 avec Bernard Hislaire puis Tome au scénario et Christian Darasse au dessin qui raconte la vie de trois auteurs partageant un même studio, dans laquelle Michetz apparaît dans son propre rôle dans les nombreux gags de la série sous le pseudo de Marc toujours accompagné de son sabre.Parallèlement aux 14 albums de Kogaratsu dont la parution couvre la période 1991- 2014, Michetz publie plusieurs artbooks chez Fugu, des portfolios sur le Japon notamment celui édité par Ansaldi, ainsi que de nombreuses sérigraphies dont beaucoup réalisées par Claire Beaino. En 1997, il publie chez Pyramides L’exorcisme, un album broché bicolore avec Robert D. au scénario et en 1998 s'amuse en évoquant "Le repos du samouraï", sur un scénario de Yann, dans le second volume des Sales petits contes consacré au rajeunissement des contes de Charles Perrault.Samouraïs et Ronin sont quasi omniprésents dans ses portefolios et sérigraphies mais on y trouve aussi des jeunes filles pratiquant le bondage japonais, le Kinbaku ou l'art du cordage japonais. Ma première rencontre avec Michetz et son scénariste s’est déroulée au festival de Ganshoren sur la place Guido Gezelle. C’était toujours passionnant de discuter avec lui et il aimait découvrir de nouvelles choses. Il s’y intéressait rapidement y compris en faisant des recherches pour mieux les connaître. En revanche, on ne pouvait pas faire semblant d’être calé dans un sujet avec Michetz car il le sentait immédiatement et n’hésitait pas à mettre fin brutalement à la conversation. C’était quelqu’un d’entier, franc et direct. 
J’ai eu la chance et le privilège de le recevoir en dédicace lors de l'un de mes premiers festivals et par la suite d'exposer plusieurs planches de Kogaratsu à la Galerie Passerelle Louise lors de l'une des premières expos Créabulles consacrée …  au Japon évidemment, intitulée  Louise Japan Night, avec des œuvres de Michetz, Hub et Frédéric Genêt. Je me souviens même avoir fait une visite commentée de l’exposition à l’Ambassadeur du Japon de l’époque, Son Excellence Monsieur Masafumi Ishii.Le monde de la BD a perdu un grand auteur, qui s’était mis en retrait depuis trop longtemps. Il nous reste son dessin mêlant avec talent narration, contemplation et action, si typique de l'esprit nippon, mais on ne le croisera plus à la boulangerie/salon de thé de la chaussée de Waterloo où il se rendait souvent pour prendre une consommation et lire. 
Nos pensées vont à sa famille et ses proches.​​​​​​​
Repose en paix.

SDJuan