Créabulles, Expositions, Dédicaces, Rencontres.

Chroniques

Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture. 

  • THORGAL SAGA T2

    Thorgal saga t2Tome 2 - Wendigo
    Scénario : Fred DUVAL
    Dessin: Corentin ROUGE
    Couleurs : WALTER et Corentin ROUGE
    Dépot légal : janvier 2024
    Editeur : Le lombard
    Grand format
    EAN/ISBN : 978-2-8082-0591-7
    Nombre de pages : 120

    Quittant le Pays Qâ, Thorgal, Aaricia et Jolan sont en chemin vers leurs terres du Nord. Alors qu’ils naviguent depuis un certain temps, le bateau sur lequel ils ont embarqué est soudainement attaqué par un serpent géant des mers et d’autres poissons volants. Il est gravement endommagé, l’équipage quasi décimé et ils trouvent leur salut en fuyant à bord d’une petite embarcation de sauvetage. Malgré tout Thorgal comprend vite que lui et sa famille ont été épargnés même s’il en ignore la raison d’autant que le serpent semble les guider vers une nouvelle destinée. Mais Aaricia a été blessée à l’abdomen et a besoin de soins. À l’approche d’une terre, ils sont secourus par un homme nommé Tonnerre qui se présente comme membre du Peuple de l’Eau. Il propose son aide d’autant plus urgente qu’Aaricia est enceinte. Thorgal tombe de haut en apprenant l’état de son épouse mais se retrouve piégé. Pour la sauver, il doit s’engager aux côtés du Peuple de l’Eau alors en conflit ouvert avec le Peuple de la Forêt. Il devra récupérer une plante médicinale auprès de l’Arbre de Vie mais surtout y prendre une branche qui une fois transformée en flèche lui permettra de tuer le Wendigo, ce monstre que le peuple de la Forêt a invoqué, persuadé qu’il est de leur côté et les épargnera. Thorgal saga t2 plancheMon avis : Fred Duval, qui travaille déjà avec Brada sur un autre album portant sur les Amérindiens du Nord, nous offre ici un récit d’aventure dans le plus pur style de Thorgal : tout faire pour ne pas prendre position mais s’il faut malgré tout s’impliquer, s’efforcer d’agir en toute justice. Toutefois avec Aaricia devenue une monnaie d’échange et de surcroît enceinte, Thorgal va devoir faire preuve d’habileté et de ruse même s’il ne connaît pas encore les enjeux.
    Duval gère habilement le suspense nous permettant petit à petit de mieux comprendre le rôle du Wendigo mais aussi celui de cet énorme serpent des mers qui va réserver quelques surprises à Thorgal.

    Un récit somme toute simple mais bien construit et passionnant nous donnant l’occasion de retrouver un Thorgal nous montrant sa maîtrise exceptionnelle de son arc à flèche mais aussi nous confirmant sa soif de justice et de paix. Thoragl saga t2 avec la familleAu dessin, Corentin Rouge s'est parfaitement approprié le personnage et nous offre de superbes illustrations de paysages, tant en mer qu’en forêt. Le mouvement est particulièrement bien restitué principalement dans les scènes d’action grâce à un traitement plutôt cinématographique des différents plans et par l’utilisation très efficace de vues en plongée et/ou contre-plongée. 
    Une très belle narration visuelle avec une couverture impressionnante. 

    Après XIII Mystery, c’est un réel plaisir de retrouver ces deux auteurs et, qui plus est, sur une série aussi mythique que Thorgal. 
    Thorgal Saga est déjà une série à succès qui en offrant la possibilité à d’autres auteurs de nous proposer leur interprétation de l’univers de Thorgal tout en respectant l’esprit de la série-mère a sans aucun doute relancé l’intérêt pour Thorgal.
    Les couleurs de qualité vont dans le même sens.
    On sent bien que pour lancer cette nouvelle série on a pris des auteurs à la hauteur du défi à relever. 

    SDJuan

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  • SEULE L'OMBRE

    Seule l ombreScénario : Éric CORBEYRAN et Rurik SALLÉ
    Dessin : Paskal MILLET
    Couleurs : Paskal MILLET
    Dépot légal : juillet 2023
    Editeur : Komics Initiative
    Collection : Mavericks
    ISBN : 2491374773
    Planches :144

    Les plus nostalgiques d’entre nous se souviennent avec émotion des épisodes de la Quatrième Dimension, des Contes de la Crypte, mais aussi des magazines de BD tels que Ère Comprimée. Pour moi en tout cas, ce fut la révélation et la découverte d’auteurs comme Wrightson, Ortiz, mais surtout Corben, le maître du Comics. Ce fut aussi l’époque où je découvrais Lovecraft, Hodgson, Ray/Flanders. De cette période je garde le plaisir d’histoires courtes et ténébreuses, avec une chute brutale et imprévue. Des histoires que l’on ne voit plus guère aujourd’hui, la faute sans doute à des éditeurs français devenus frileux à éditer des nouvelles contrairement à leurs homologues anglo-saxons.

    Et puis, arrive le trio "infernal", Corbeyran - Sallé - Millet. Leur volonté, on le sent immédiatement, c’est de restaurer cette ambiance particulière, à nulle autre pareille. Dès les premières pages, on replonge dans les Comics de Corben, dans les horreurs des Contes, avec une jouissance extrême. Et bon sang ce que ça fait du bien ! Je n’avais pas pris un tel plaisir depuis la relecture de RatGod de Corben !Seule l ombre plancheDix histoires courtes, c’est la règle, mais que l’on prend plaisir à relire, surtout le soir. Comme disait Stephen King, ne laissez jamais trainer vos pieds hors du lit… Un trio qui fonctionne parfaitement, parce que les deux premiers, conteurs, ont trouvé chez le troisième, dessinateur, le crayon pour coucher, "apprivoiser" même, leurs cauchemars. Difficile de représenter l’indicible comme le nommait Lovecraft. Les couleurs volontiers monochromes sur fond de gris-bleu, ne s’égaillent que parfois, lors de la conclusion des histoires, comme lors d’un réveil après une nuit agitée. Mais est-on sûr d’être parfaitement réveillé ?

    On le devinera aisément, je suis fan du travail des trois compères, fan au point d’espérer que les ombres autour d’eux ne se soient pas complètement dissipées pour qu’ils aient encore matière à en faire sortir quelques horreurs pour notre plus grand plaisir. Mes préférées me demanderez-vous ? indiscutablement la pâtée, et surtout, peut-être par sadisme ou parce que je suis un grand malade, la mélodie du supplice. Merci à Éric Corbeyran, Rurik Sallé et Paskal Millet pour ce recueil, et merci à Komics Initiative de l’avoir rendu possible.

    Richard Colombo

  • BRIGANTUS T1

    BrigantusTome 1/2 - Banni
    Scénario : Yves H.
    Dessin : HERMANN
    Couleurs : HERMANN
    Dépot légal : Janvier 2024
    Editeur : Le lombard
    Grand format
    ISBN : 9782808212878
    Nombre de pages : 56

    En l’an 84 après J.-C., actuelle Écosse. Appelée en renfort, une légion romaine doit absolument atteindre un fort isolé au nord de la région. Pour y arriver, elle doit traverser le territoire des Pictes, un terrain difficile pour l’armée romaine à cause des marécages et du brouillard intense. Dans ses rangs, la légion compte un homme surnommé "le picte", Melonius Brigantus, véritable force de la nature et guerrier sauvage vu comme un monstre par les autres membres de sa centurie mais surtout objet de leurs railleries et autres coups fourrés et rejeté par eux pour être né d’un soldat romain et d’une mère picte. Sauf que Brigantus est fidèle à Rome et tous savent bien que sans lui ils ne pourront pas survivre aux assauts répétés des guerriers pictes.Brigantus planche 1Mon avis: D'emblée, dès la couverture on sait que l’on entre dans un univers des plus sombres, des plus sanguinaires, comme Hermann et son fils Yves H. aiment nous en offrir. L’album est particulièrement violent mais comment pourrait-il en être autrement avec un légionnaire aussi dur et impitoyable que Brigantus et une action se déroulant en plein territoire picte.

    C'est un plaisir de retrouver Hermann dans un univers totalement différent, sur un scénario de son fils Yves H. évoquant un épisode parmi tant d’autres des cinq siècles d’existence de l’Empire romain, sachant que l'Écosse n’a jamais été conquise par les envahisseurs romains.Brigantus planche suiteCôté dessin, le talent d’Hermann est bien sûr au rendez-vous, toujours ce dessin si particulier à la couleur directe dont on ne se lasse pas. La plupart des cases proposent des paysages et décors plongés dans une brume très bien rendue d’où les Pictes peuvent surgir à tout moment pour décimer les soldats romains.
    On ressent l'humidité, on baigne dans la boue, la saleté, on devine la mousse et les lichens puis soudain le sang gicle et le rouge envahit les scènes d’action.
    Comme toujours, Hermann s’attache aux détails et à l'expression de ses personnages. On sent alors la peur, la terreur, la sauvagerie. Puis de temps à autre, il nous régale de très beaux paysages comme lui peut nous les offrir, des moments de calme et de clarté de toute beauté comme Melonius Brigantus aimerait en profiter durant cette expédition sans fin au cours de laquelle la centurie sera presque décimée. Il n'en restera pas beaucoup à la fin du voyage.
    La tactique romaine a trouvé ses limites dans ces territoires marécageux et constamment embrumés.
    Le héros, ou anti-héros façonné par Rome pour le combat, semble être le dernier espoir de cette légion, alors que lui n'attend que la lumière au fond du tunnel, un peu de paix. 
    On espère case après case, page après page que quelque chose ou quelqu’un va lui venir en aide. On attend du coup le tome 2 avec impatience. 

    Brigantus jeremiahPetit clin d’œil d’Hermann à la page 7 (planche 5) qui nous permet de retrouver son héros Jeremiah ayant apparemment disparu de sa série.

    SDJuan

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  • LA PETITE FILLE ET LE POSTMAN

    Petite fille et le postmanScénario : Bertrand GALIC
    Dessin : Roger VIDAL
    Couleurs : Roger VIDAL
    Dépot légal : août 2023
    Editeur : Vents d ouest logo
    Format normal
    EAN/ISBN : 978-2-7493-0983-5
    Nombre de pages : 104

    En ce tout début de 20e siècle, la petite Jenny vit désormais seule avec son beau-père. Elle a perdu sa mère morte dans le terrible tremblement de terre survenu à San Francisco en 1906. Estimant que la fillette serait plus heureuse auprès de ses parents qui tiennent un ranch dans la région de Chicago, le beau-père décide de l’expédier par la poste en s’appuyant sur le nouveau règlement qui autorise désormais l’envoi de colis sur tout le territoire des États-Unis sans en préciser la nature. Comme rien dans ce règlement ne précise s’il peut être vivant ou non, quelle n’est pas la surprise d’Enyeto, le facteur d’origine amérindienne venu récupérer le colis à domicile, lorsqu’il découvre qu’il s’agit d’une fillette. Malgré ses doutes et hésitations, Enyeto installe Jenny sur son cheval pour rejoindre le port et traverser la baie jusqu’à la gare d’Oakland, persuadé qu’il aura vite fait ensuite de lui trouver une place dans le train qui doit la mener à destination et qu’il pourra enfin rentrer chez lui… Sauf qu’il semble avoir oublié qu’en tant qu’amérindien se déplaçant à cheval en compagnie d’une petite fille blanche il va au-devant de toutes sortes d’ennuis sur sa route…Jeune fille et le postman plancheMon avis : La lecture de cet album a été une surprise du début à la fin.
    Déjà, le sujet traité interpelle et intéresse: l’envoi par la poste d’un être humain et ce dans les règles les plus folles fixées par la loi de l’époque. Et du coup, les relations entre les deux personnages principaux occupent le devant de la scène: Enyeto le postman, un gars costaud d’origine amérindienne, qui s’efforce de garder le contrôle quelle que soit la situation pour préserver Jenny, une gamine mais au caractère bien trempé. Il ne faut surtout pas faire de vagues car cela pourrait lui coûter très cher dans le contexte de l’époque.
    Enfin, Bertrand Galic nous offre un récit riche en rebondissements, rythmé et bien construit tout au long de la traversée d’une Amérique en pleine mutation avec ses multiples merveilles mais aussi ses nombreux dangers.
    On suit avec plaisir la relation entre cet homme et cette fillette qui évolue vers une véritable complicité et petit à petit vers une belle amitié malgré les dangers incessants qui les entourent.
    L’album s’achève nous laissant quelque peu sur notre faim.Jeune fille et le postman planche autre 1L’ensemble est plaisamment illustré et mis en couleurs par Roger Vidal.
    Son dessin est très agréable, on y sent un habile mélange d’influence manga et franco-belge donnant des regards pleins d’émotion, de très beaux décors et de multiples scènes d’action efficaces.
    Il a développé un style de narration visuelle très personnel.
    Les couleurs sont bien en harmonie avec le dessin, donnant de la vie à l’histoire et rendant la lecture de ce gros album de près de 100 pages plutôt attrayante.

    SDJuan

  • LA MORT DES INHUMAINS

    Mort des inhumainsScénario : Donny CATES
    Dessin : Ariel OLIVETTI
    Couleurs : Jordie BELLAIRE
    Encrage : Ariel OLIVETTI
    Couverture : Kaare ANDREWS
    Dépot légal : Juin 2019
    Editeur : Panini Comics
    Collection : 100% Marvel
    Format comics
    EAN/ISBN : 978-2-8094-7730-6
    Nombre de planches : 120

    Depuis la nuit des temps, les Krees ont toujours voulu soumettre les Inhumains à leur volonté et en faire des armes vivantes. Après les avoir d’abord laissés évoluer seuls de leur côté, les Krees sont revenus à la charge à diverses reprises mais sans jamais réussir à les faire plier, les dominer, les soumettre. Cette fois, les Krees leur ont adressé un ultimatum : se rallier ou périr. Et pour prouver leur détermination, ils viennent accompagnés de Vox, un être qui concentre la plupart des super pouvoirs de la famille royale des  Inhumains. Cet être surpuissant après avoir massacré un grand nombre des peuples inhumains va éliminer un à un les membres de cette famille, en commençant par Triton. Et ce n’est que le début… Même Flèche Noire le souverain de la famille royale des Inhumains va devoir s’exposer directement. Mort des inhumains originesMon avis : Cela fait pas mal de temps déjà que les Inhumains ne faisaient plus partie des priorités de la Maison des Idées.
    Sauf erreur, c’est depuis que Marvel a récupéré les droits cinématographiques de l’équipe des Mutants, les X-Men. Et n’ayant plus vraiment besoin des "mutants" Inhumains, Marvel donnait l’impression de ne plus trop savoir qu’en faire.
    Heureusement, cet album vient remettre les pendules à l’heure et balayer un peu tout l’embrouillamini entourant la série durant ces dernières années.
    On retrouve la famille royale, qui se fait malmener, violenter voire trucider je vous l’accorde, mais le principal revient sur le devant de la scène.
    Le scénariste, Donny Cates, est connu pour ne pas y aller par le dos de la cuillère. Dans La Mort des Inhumains, il n’a aucune modération en évoquant le génocide de la race des Inhumains par un ennemi sans pitié qui nous fait penser par son look à Blackbolt d’Earth X.Mort des inhumains vox
    Voici donc un album qui se déroule à 100 à l’heure avec des rebondissement qui n’en finissent pas de nous en mettre plein la vue.
    J’aurais aimé que le récit développe un peu plus le drame qui se joue (rejoins-nous ou meurt !) ainsi que le personnage dévastateur de Vox, mais l’histoire a été prévue en 5 numéros. Et pour une mini-série évoquant autant d’événements dévastateurs, il faut reconnaître que c’est bien écrit.Mort des inhumains planche meddusa
    Côté dessin, j’avais longtemps apprécié le travail d’Ariel Olivetti sur ses impressionnantes illustrations couleurs qu'il partage sur les réseaux sociaux. Ici, on le retrouve avec plaisir comme dessinateur-encreur même si la mise en couleurs confiée à Jordie Bellaire n’offre pas vraiment les mêmes effets.
    Le résultat est certes différent mais c’est plutôt agréable et efficace.
    À noter que le dessin est davantage concentré sur les personnages que sur les décors et du coup l’action est bien présente et se suffit souvent à elle-même. Notre attention est centrée sur le principal.
    Dès la prise en main, l’illustration de couverture de Kaare Andrews en impose.

    Un bon moment de lecture et un achat sans regret.

    SDJuan

  • Les inédits de Dany

    Inedits de danyLes inédits de Dany
    Scénario :
    Dany, Christian Godard, Brouhns, Hubuc, conte de Willy Soleil, Pierre Step, Greg, Cauvin, Duval, Jean-Claude Pasquiez,

    Dessin : Dany
    Couleurs : Collectif
    Dépot légal : septembre 2023
    Editeur : BD Must
    Format normal
    EAN/ISBN : 978-2-87535-894-3
    Nombre de pages : 120

    Merci à BD Must d’avoir édité ce beau livre.
    Ainsi j’ai pu lire, relire et découvrir pour la première fois ces courts récits dessinés par DANY de 1966 à 2012.
    Tous ces récits et illustrations proviennent du Journal Tintin et ses dérivés, excepté Rêve d’Istanbul paru dans une revue turque et pour la première fois publié en français.
    J’avais découvert les planches en couleurs directes de cette si belle histoire lors d’une rétrospective Dany au Rouge-Cloître.
    Et je désespérais de ne pas pouvoir la lire dans un livre.
    Mon souhait est enfin réalisé.
    Une des plus belles histoires de Dany. Si romantique.Inedits de dany planche
    Le livre présente 5 chapitres :
    1. Avant Olivier Rameau 1966 - huit histoires et illustrations.
    2. Avant Olivier Rameau 1967- deux histoires.
    3. Avant Olivier Rameau 1968 - trois histoires. Vous y découvrirez une ancêtre de Colombe.
    4. Les inédits d’Olivier Rameau 1972-2004 - huit histoires et illustrations.
    5. Après Olivier Rameau 1975-2012 - Aïe ce chapitre contient une histoire de 1969  et six autres histoires.
    120 pages de plaisir !
    Du bonheur !Inedits dany planche
    Il y en a pour tous les goûts.
    Des récits humoristiques, historiques, didactiques, poétiques et romantiques.
    En 1, 2, 3, 4…13 pages.
    Elvis, Colombe, Roland Garros… Ayça
    Les débuts de Dany, inspiré par Greg, Franquin, Kiraz
    Bonne lecture.

    M. Destrée

  • Une Aventure de Blake et Mortimer à New York

    Une aventure de blake et mortimer a new yorkHS5 . L'Art de la Guerre
    Scénario : José-Louis BOCQUET et Jean-Luc FROMENTAL
    Dessin : FLOC'H
    Couleurs : FLOC'H
    Dépot légal : octobre 2023
    Editeur : Blake et Mortimer
    Grand format
    EAN/ISBN : 978-2-87097-301-1
    Nombre de pages : 120

    Ce hors-série de Blake et Mortimer n’a pas plu à beaucoup de lecteurs qui se sont manifestés par des critiques indélicates.

    Floc’h est un dandy. 
    Sa vision de ce classique de la BD devait être personnelle ou ne pas être.

    Et elle l’est.
    Et elle ne plaira pas aux lecteurs lambda.
    Le dessinateur ne s’en offusquera pas, ne se gênant pas lui-même pour dénigrer les différentes reprises.
    Personnellement, je regretterai toujours qu’un dessinateur de talent comme André Juillard ait figé son talent dans ces albums où son trait si souple devient rigide.

    Chaque case de cet album scénarisé par Fromental et Bocquet s’admire pour elle-même.
    Tout y est précis, souple, bien défini.
    Admirez sur la couverture, les plis des pantalons qui indiquent la légèreté, l’ampleur et le mouvement.

    En commençant la lecture, j’ai eu l’agréable impression de retrouver vraiment les deux héros d’Edgar P. JACOBS.
    Leur attitude, leurs gestes, leurs paroles… c’est presque ça. Enfin!

    Le trait bien épais donne de la consistance à ce style ligne claire aux aplats de couleurs si marquants.
    Le regard aime s’attarder sur les détails des décors intérieurs et extérieurs.Blake mortimer art de la guerre planche
    L’histoire maintenant :
    Blake et Mortimer se rendent à New-York pour une conférence sur la paix au nouveau siège des Nations Unies.
    Si Mortimer est enthousiaste, Blake ronchonne.
    Pendant ce temps, dans la salle des antiquités du Metropolitan Museum, un individu rôde et vandalise la stèle d’Horus.Cet acte permet à Floc’h de nous offrir quelques cases de toute beauté.
    Mais… mais… on dirait Olrik...
    L’agent spécial O’Rourke du FBI emmène nos deux amis dans une clinique psychiatrique à Westchester County.
    Celle-ci est dirigée par l’élégante docteur Rosalind Shapiro d’une beauté sévère.
    Elle soigne un patient qui n’est autre que le vandale du musée.
    Les personnages intéressants seront encore nombreux sur le chemin de nos deux anglais.
    Lord Bolton, le colonel Evgueni Stok du renseignement militaire soviétique, l’inspecteur Quinlan, le professeur Miller légèrement ressemblant au professeur Septimus, l’agent Simmers, Paul Grunberg, Ronald Fairbanks…
    Sans oublier Sun Tzu auteur de cet Art of War qui dès le début donne la solution de cette histoire si passionnante et si intriguante où Olrik est plus énigmatique que jamais et parvient encore à exceller dans un rôle inattendu.Une aventure de blake et mortimer a new york planche
    J’ai vraiment pris plaisir à me promener avec le capitaine et le professeur dans ces jolies cases proches parfois d’un tableau d’Edward Hopper et d’avancer pas à pas dans ce suspense intriguant où chaque personnage semble suspect.
    Ces grandes cases où le dessin a de la place pour s’exprimer donne une impression de lenteur appréciable dans la lecture et le lecteur pourrait se croire plutôt au théâtre que dans un cinéma.

    M.Destrée

  • GOLDEN WEST

    Golden west 1Golden west canal bdScénario : Christian ROSSI
    Dessin : Christian ROSSI
    Couleurs : Christian ROSSI
    Dépot légal : octobre 2023 
    Editeur :
    Casterman
    Grand format
    EAN/ISBN : 978-2-203-22669-2
    Nombre de pages : 168

    Christian ROSSI offre à ses lecteurs un très bel écrin grâce aux éditions Casterman pour sa nouvelle BD où pour la première fois il est son propre scénariste.

    Bercé, charmé, hanté par le dessin du Blueberry de Giraud avec qui il a affûté ses premières armes, il ne pouvait… un jour que se retrouver seul dans ce désert du Sonora où vivent encore quelques tribus indiennes avant d’être parquées par l’homme blanc.

    Après Jim Cutlass de Charlier au scénario, western repris des mains de Giraud justement où il peut déjà montrer toute sa dextérité flamboyante dans une gamme plus classique et où certaines planches prouvent un talent égal au maître…

    Après W.E.S.T., western plus moderne de Dorison et Nury où la tournure prise par le scénario et une technique de dessin plus expérimentale m’ont fait perdre l’enthousiasme que j’avais au début de la série…

    Voici Golden West, raconté par un apache nommé Woan.
    Au travers de son récit, prendra vie également Geronimo qui croisera souvent sa route.
    Rossi a repris les traits donnés par Giraud dans "Geronimo l’Apache" pour dessiner ce redoutable chef qui ne se rendra jamais et tiendra tête à la suprématie blanche.  
    Pour Woan, il sera l’exemple à suivre et un modèle de vie.

    Golden west premiere pagePremière page, un désert de roches, écrasé par une lumière blanche, aveuglante.
    Deux cavaliers mexicains sont tués par Geronimo et Woan.

    Le récit n’est pas linéaire et il faut être attentif pour suivre tous ces flashbacks sans aucune marque graphique.
    Seuls les récitatifs les soulignent.

    Ainsi dans les pages suivantes où le ciel est d’un bleu étonnant et tranchant sans aucune nuance, Woan nous apprend l’origine du nom Geronimo adopté par le chef indien lors d’un raid contre des soldats mexicains qui avaient massacré des familles indiennes dont la sienne.

    Inès, 9 ans y sera capturée et ne laissera pas Woan, enfant à cette époque, indifférent.
    Elle vivra au milieu des indiens avec lui et Chatto son ami.
    Qui mourra par sa faute et aura pour conséquence que Woan verra partir la tribu et vivra seul dans le désert.
    Christian Rossi le fera grandir rapidement.
    Adolescent, il aura la surprise de revoir Inès qui lui apporte un chiot comme compagnon puis repart rejoindre la tribu où elle va se marier.
    Le jeune garçon se sentira moins seul, deviendra un jeune homme capable de fabriquer des flèches redoutables qui plus tard seront son signe de reconnaissance.
    Il vit seul encore 3 ans dans le désert puis rencontre Lozen, l’indomptable guerrière chihenne, qui seule se défend contre trois mexicains avec l’aide de Woan et ses flèches.
    Ils vivront un moment ensemble avant de se séparer puis se retrouver.
    Les rencontres seront encore nombreuses.
    Les mexicains, les tribus indiennes, la bande de Geronimo, les soldats, les chercheurs d’or, les colons… la tribu de Woan.
    Pendant plus de 100 pages, vous aurez un aperçu de l’histoire de l’Ouest vue par Rossi, Woan et Geronimo.
    Elle se terminera avec un réalisateur, John Ford tournant Stagecoach [La Chevauchée fantastique] et conversant avec Woan devenu un vieillard aux traits d’un certain Jean Giraud à l’avant-dernière case.
    Intervention venue d’ailleurs car le dessinateur déclare ne pas s’en être rendu compte…

    Golden west planches​​​​​​​Cette grande fresque est servie par un dessin de toute beauté aux gammes chromatiques assez semblables compte tenu du décor minéral.
    Mais la teinte dominante varie suivant l’endroit, l’heure de la journée, la saison et l’orientation de la lumière.Parfois des couleurs tranchantes offrent des contrastes soutenus.
    Les éléments naturels et les décors sont impressionnants (pages 54, 71, 72, 105, 108, 109, 112, 132…)
    La dynamique des cases, l’alternance des silences, des scènes d’actions donnent au récit, une densité remarquable.
    Rossi utilise aussi deux techniques dans sa représentation, ainsi il peut se contenter seulement de la couleur ou il la délimite de nombreux traits.
    Les points de vue sont très cinématographiques.

    Christian Rossi a apporté une nouvelle pierre à l’histoire du western en BD.
    Un seul petit reproche dû sans doute au début scénaristique de l’auteur. Il est parfois difficile de comprendre à quel moment de sa vie se trouve le narrateur, d’où il vient et comment il est arrivé là.

    M.Destrée