Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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JUDEE SILL
- Par asbl-creabulles
- Le 27/04/2023
Scénario : Juan DIAZ CANALES
Dessin : Jesús ALONSO
Couleurs : Jesús ALONSO
Dépot légal : avril 2023
Editeur :
Collection : Aire Libre
Grand format
EAN/ISBN : 979-10-34751-02-0
Nombre de planches : 96Un ouvrage complètement psychédélique retraçant la vie de l’immense Judee Sill. La bande dessinée reprend les grands moments, de gloires et de déchéances, de cette chanteuse oubliée.
Judee Sill connaît une enfance que l’on peut qualifier de normale. Son papa vend des animaux exotiques à Los Angeles pour le cinéma mais aussi aux riches de la région. Elle a un frère, Dennis.Le premier virage important est certainement la mort de son père, dont elle a du mal à se remettre. Une partie d’elle est morte avec lui. Elle plonge alors dans une dépression. Judee n’a pas de projet et son avenir ne semble pas la perturber outre mesure.
Le second est probablement la tentative de meurtre sur sa mère et son nouveau beau-père. Judee n’était pas dans son état normal. L’alcool et la vengeance contre cet homme qu’elle accuse d’attouchements font d’elle une personne vivant dans un autre monde. La descente aux enfers commence…
C’est en maison de détention pour jeunes filles que Judee va d’une part se sevrer mais aussi découvrir ce talent pour la musique grâce au docteur Carrara.
Malheureusement Judee va faire de mauvaises rencontres. Elle va se marier plusieurs fois mais ses maris sont plus intéressés par les drogues dures que par l’envie de fonder une famille ou avoir une vie "normale". La drogue fera le reste. Elle est douée mais trop libre. Elle refuse de rentrer dans des carcans, dans des schémas, elle refuse de faire les premières parties. C’est elle la star ! De plus, les deux premiers albums reçoivent de bonnes critiques ! Pourquoi faire des premières parties !?
Judee Sill s’est elle-même sabotée. Un ange qui se brûle les ailes, une étoile filante ou une chandelle que l’on brûle par les deux bouts. C’était ça, Judee Sill !
Elle sera retrouvée morte dans son appartement, en 1979, à l’âge de 35 ans.Mon avis: Un livre bien construit avec une trame centrale et des épisodes de vie qui s’intercalent. Les dessins sont agréables et plutôt bien construits mais la vraie originalité vient des couleurs. J’ai plusieurs fois eu l’impression de regarder un vieux film en Super 8. Les images ne sont pas parfaitement claires ni bien apposées. On se prend les années 70 en pleine figure !
De plus, l’idée d’associer les pages à une playlist est un véritable atout. Je l’avais déjà vu dans d’autres ouvrages mais ici, concernant la vie d’une véritable chanteuse, cela prend tout son sens! J’ai adoré cette expérience auditive !
Les planches où on suit Judee Sill sous drogue sont absolument fabuleuses et psychédéliques. Je tire mon chapeau au dessinateur car on y perçoit plusieurs styles bien distincts.
Pour finir, une lecture agréable, un excellent moment de passé et une bande dessinée que je vous conseille ne fut-ce que pour la découverte de l’univers de cette chanteuse !Jordan Maenhout
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WOODROW T1
- Par asbl-creabulles
- Le 27/04/2023
Tome 1 - Réunion de famille
Scénario : COURTY
Dessin : Arnü WEST
Couleurs : Albertine RALENTI
Dépot légal : février 2023
Editeur :
Format normal
EAN/ISBN : 978-2-380-75858-0
Nombre de pages : 56S'ils ne sont pas très nets, les membres de la famille Woodrow sont heureusement peu convaincants dans leur comportement pourtant condamnable: vols à la tire, braquages de banque, bagarres, escroqueries et j'en passe qui, la plupart du temps, se terminent de manière piteuse. Trois frères et une sœur plus un oncle se réunissent pour la première fois depuis bien longtemps. Et s'ils le font c'est pour retrouver un autre membre de la famille. Jusqu'ici tout semble normal. Mais là où ça dérape c'est qu'ils s'acharnent à tout faire pour être jetés en prison. En fait, ils doivent y retrouver le patriarche de la famille, Nathanaël Woodrow. Mais qu'est-ce qui peut bien pousser toute une famille à se réunir en prison ?
Mon avis : D'inspiration western, voici un album complètement déjanté. Le scénario écrit par Courty ne laisse aucun moment de répit au lecteur.
À chaque page, on peut s'attendre vraiment à tout de la part d'une famille vraiment unique et atypique qui multiplie les actions et prend tous les risques sous nos yeux… même si le résultat n'est pas toujours concluant.
La galerie de personnages est impressionnante. Chacun dans son genre est représentatif d'un mauvais penchant ou d'une vertu, le tout étant enrobé d'une bonne dose d'humour.
S'ils ont des caractères bien trempés, leurs maladresses les rend attachants.
Côté dessin, l'ardéchois Arnu West nous donne le ton dès la couverture. On est bien au Far West mais dans un style plutôt burlesque. Une belle qualité du trait y compris pour représenter des personnages un peu fous, parfois violents et n'ayant aucune limite. Des bouilles pas possibles, des expressions exagérées et drôles pour cet album classé en catégorie "jeunesse" mais pouvant très bien afficher le label "tous publics".
Les couleurs d'Albertine Ralenti assurent l'ambiance du Far West en soulignant le dynamisme de l'aventure.Une belle surprise. On en redemande.
SDJuan
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LES PETITS VOYAGEURS DE L'ART
- Par asbl-creabulles
- Le 27/04/2023
Tome 1 - La Joconde de Léonard de Vinci
Scénario : CARBONE
Dessin : MOON LI
Couleurs : VERA
Dépot légal février 2023
Editeur :
Format normal
EAN/ISBN : 978-2-380-75852-8
Nombre de pages : 40Jade et Lucas possèdent un pouvoir mais personne ne doit connaître ce secret, comme ne cesse de leur répéter leur mère. Ils ont la faculté d'entrer dans les tableaux et de se retrouver dans l'atelier des artistes à l'époque de la création des œuvres. Difficile pour Jade et Lucas de résister à une telle tentation lorsque leur école organise une visite scolaire au musée du Louvre. Ils n'ont qu'une envie, plonger dans chaque tableau qu'ils aperçoivent. Et à présent, les voici devant le célèbre tableau de La Joconde. Mais il y a vraiment trop de monde. La chance leur sourit car une alarme sonore retentit provoquant une bousculade. Il n'en faut pas plus pour qu'ils se précipitent dans le tableau. Aussitôt, ils se retrouvent au 16e siècle dans l'atelier de Leonardo da Vinci où ils font la connaissance de Lisa Gherardini, la célébrissime Mona Lisa. Surpris de trouver des enfants dans son atelier, le peintre accepte, à la demande de Lisa, qu'ils restent avec eux. La situation se complique avec l'arrivée de Francesco di Giocondo, le mari de Lisa. Découvrant le portrait qu'il a commandé, il semble stupéfait et avoue ne pas aimer le résultat. Le regard de sa femme l'intrigue car il semble le poursuivre où qu'il soit. Furieux, il refuse le tableau et quitte l'atelier. Totalement désemparé et redoutant que Francesco ruine sa réputation, Leonardo da Vinci est à deux doigts de détruire sa peinture mais l'intervention des enfants l'en empêchera in extremis. Il s'en est fallu de peu, mais tout n'est pas joué...
Mon avis : Tout le monde connaît La Joconde, la célèbre peinture de Léonard de Vinci, qui attire des visiteurs du monde entier à Paris. Mais comment a-t-elle été réalisée ? Qui n'aimerait pas avoir la capacité de voyager dans le temps pour rencontrer Léonard De Vinci... Nos deux jeunes héros d'un nouveau genre en ont le pouvoir.
C'est Carbone aux manettes de cette aventure qui nous propose une belle aventure certes fantastique avec le voyage dans le temps mais se situant dans le cadre historique d'un passé précis.
L'apparition de Jade et Lucas surprend à peine − ils sont peut-être un peu trop vite acceptés − malgré tout on se laisse porter par un récit bien construit qui retient notre attention et se déroule avec une belle énergie. Sans négliger son côté instructif, juste ce qu'il faut pour rendre l'album très agréable, en contribuant à la découverte et l'apprentissage de l'Art. On se surprend à côtoyer le seul, unique et génial Léonard De Vinci en présence de son modèle. La BD est enrichie d'un dossier pédagogique riche en informations et anecdotes qui permet d'en apprendre davantage sur le peintre et son histoire ainsi que d'un quizz permettant à chacun(e) de tester ses connaissances après avoir lu l'album. Clairement ciblés jeunesse,
les dessins de Moon Li sont très agréables à regarder. Les personnages sont bien reconnaissables et on sent le souci du détail, tant en ce qui concerne les décors que les costumes.
Véra en assure la mise en couleurs dans des teintes plutôt tendres parfaitement adaptées au style de l'album.SDJuan
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CHAMPIGNAC t3
- Par asbl-creabulles
- Le 18/04/2023
Tome 3 - Quelques atomes de carbone
Scénario : BéKa
Dessin : David ETIEN
Couleurs : David ETIEN et Celine OLIVE pour les aplats
Dépot légal : avril 2023
Editeur :
Grand format
EAN/ISBN : 979-10-34768-48-6
Planches : 56Été 1941. Malgré toutes les précautions prises avec Pacôme, Blair est tombée enceinte. Mais ce bébé n'est pas désiré. Elle veut être libre de choisir quand et comment elle aura un enfant. Elle décide donc, avec l'accord de Pacôme, d'avorter. Officiellement, c'est interdit et le simple fait d'en parler vaut la prison. Pacôme tente en vain d'obtenir l'aide de ses amis. Pour ne pas les mettre en danger, Blair qui sent qu'elle a un rôle à jouer pour que le monde aille un petit peu mieux, décide de se débrouiller seule. À l'insu de Pacôme, elle part se faire avorter clandestinement. Mais cela tourne mal, très mal pour Blair qui y laisse la vie.
Dix ans plus tard, Pacôme reçoit la visite de Margaret Sanger dans son château de Champignac. Cette femme d'exception, totalement indépendante, passionnée voire rebelle, s'est engagée à défendre la cause de l'émancipation féminine. Elle a entendu parler de cette pilule contraceptive inventée par Pacôme. Elle est prête à faire tout ce qui est en son pouvoir pour le faire venir à Boston afin d'y rencontrer les personnes militant en faveur de la contraception et de l'autonomie sexuelle des femmes.
Mon avis: Changement de ton pour ce troisième tome. En évoquant de manière concrète l'émancipation de la femme grâce, entre autres, à la mise au point d'une pilule contraceptive, BéKa aborde un sujet personnel concernant directement nos héros. En des temps pas si lointains, il n'était pas évident dans nos contrées, voire imprudent de parler d'avortement en cas de grossesse non désirée.
Si cette pratique ancienne reste encore répandue bien que clandestine et illégale, l'interruption volontaire de grossesse (indépendamment de l'avortement thérapeutique justifié par des raisons médicales) tend à se légaliser dans de nombreux pays. Mais c'est un acquis fragile risquant même d'être remis en question comme vient de nous le montrer une actualité récente. Parallèlement, la contraception sous toutes ses formes a permis une véritable révolution sexuelle pour les femmes.
Une nouvelle fois, Béka nous permet de vivre à travers Pacôme et ses amis des événements importants de l'histoire avec un grand H.
L'album évoque le drame particulièrement douloureux que vit Pacôme qui va passer par une période très noire avant de reprendre le dessus (représenté par des pages noires et ce thème sera évoqué dans un prochain album). Dix longues années durant lesquelles ses cheveux ont blanchi pour retrouver ceux de la série-mère. Et c'est à Boston que Pacôme et Margaret Sanger vont devoir prendre toutes les précautions nécessaires pour que la découverte de cette pilule qui va bouleverser le monde entier devienne réalité.Cette nouvelle aventure est parfaitement illustrée par David Etien, qui réussit à rendre Pacôme attendrissant et bouleversant tout en ne perdant pas une goutte de son énergie dans les scènes d'action et de poursuite que ce soit en voiture, en train, en avion ou même en… carrosse !
Cette même énergie se ressent dans la physionomie des personnages, dont les traits et émotions sont nettement marqués (jusqu'à la dernière page), et plus généralement dans le rythme du récit.
Un album au dessin fluide, vif, expressif, plein de vitalité grâce aussi à un découpage cinématographique et ses très belles couleurs.Vivement la suite !
SDJuan
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LA FEMME À L'ÉTOILE
- Par asbl-creabulles
- Le 17/04/2023
Scénario : Anthony PASTOR
Dessin : Anthony PASTOR
Couleurs : Anthony PASTOR
Dépot légal : avril 2023
Editeur : Casterman
Format normal
EAN/ISBN : 978-2-203-23884-8
Nombre de pages : 260Zachary progresse lentement sur le dos de son cheval Boots, lui aussi à bout de force, vers ce qu'il pense être son dernier espoir, Promesa, la vallée promise. Le chemin que lui ont indiqué deux trappeurs est accidenté et rendu difficile à cause du froid et de la neige. Épuisé et se sentant poursuivi, Zachary n'est pas sûr de réussir. Malgré tout il avance car il veut se prouver à lui-même qu'il n'est pas un enfant faible et pleurnichard comme son père le lui répétait sans cesse en hurlant, devant sa mère. Enfin, il aperçoit une église et quelques maisons de bois en piteux état. Tout semble abandonné, mais en furetant Zachary sent une présence. Il découvre un cheval dans une écurie et une maison qui semble habitée. Alors qu'il inspecte les lieux, une femme surgit d'un placard et le plaque au sol. Il pense que ça va aller et qu'il va pouvoir rester au village car elle porte une étoile de shérif. Mais la jeune femme ne pense pas du tout la même chose. Elle le désarme en lui ordonnant de rebrousser chemin et de quitter le village. Zachary sait que ce sera impossible. Comme elle ne semble pas prête à tirer, il décide de rester et part s'installer dans la maison la moins délabrée.
Mon avis : Les premières pages soulignent le froid, les difficultés d'une nature enneigée, la dureté du moment et l'on comprend très vite qu'il en va de la survie du cow-boy et de sa monture. En même temps, on sent que son but n'est pas d'atteindre un endroit idyllique comme on pourrait l'imaginer mais bien un lieu de mise à l'épreuve et de rédemption. À tout instant tout peut arriver et les événements ne vont cesser de nous surprendre après avoir appris que nos deux héros ont de lourds secrets et qu'ils s'efforcent d'échapper à leurs poursuivants. Belle mise en place d'Anthony Pastor, suivie d'un très bon suspense qu'on ne peut lâcher tout au long d'un récit western tout à fait inédit.
Ce scénario bien construit ne donnerait pas l'effet escompté sans un dessin à la hauteur. Là aussi, Anthony Pastor nous régale.
La neige et le froid omniprésents, la dureté de la vie en pleine montagne, la violence présente tout au long de l'album sont très bien rendus par l'utilisation des multiples nuances de bleu. Si les humains et les animaux ont des physionomies très expressives, la montagne et la forêt sont traités comme des personnages à part entière. L'affrontement se profile et le dénouement respecte la rigueur installée dès le début du récit.
Un gros volume glaçant qui vaut largement le détour de préférence dans un lieu confortable et chaud.SDJuan
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COMPLAINTE DES LANDES PERDUES Cycle 3 T3
- Par asbl-creabulles
- Le 14/04/2023
Cycle 3 T3 . Regina Obscura
Scénario : Jean DUFAUX
Dessin : Béatrice TILLIER
Couleurs : Béatrice TILLIER
Lettrage : Jean-Marie MINGUEZ
Dépot légal : mars 2023
Editeur :
Cycle 3 - Les Sorcières
Format : Grand format
ISBN : 9782505078197
Nombre de pages : 56Résumé de l'éditeur
Après sa défaite contre les Sorcières commandées par Sanctus, et les Aguries menées par son demi-frère Vivien, Elgar brûle de retrouver sa place légitime !
Il décide d'évincer le nouveau champion de la reine Jamaniel, sa mère, en la personne de Tête Noire, le démon qu'elle a ramené à la vie pour s'assurer la victoire.
Mais Tête Noire a d'autres desseins, dont celui de régler ses comptes avec son passé.
Oriane, quant à elle, compte bien retrouver son père en suivant la piste des cadavres qui jonchent son ténébreux chemin...Notre avis:
4 ans d’attente…
Pour lire la suite du combat des sorcières, des créatures vouées au mal ou au bien et des hommes dans ce monde d’Heroic Fantasy imaginé par Dufaux.
Béatrice Tillier dans sa représentation de cet univers de magie, de forces et d’errances semble hantée par un pouvoir qui lui permet de représenter des lieux plus étranges les uns que les autres.
La richesse des décors, des habits, des ambiances explique sans doute les quatre années depuis le tome 2.
Elle donne vie d’une façon admirable, fantastique et merveilleuse à cette histoire si cruelle et tourmentée.
La violence est atténuée par une technique qui adoucit les scènes.
Ses personnages ont des regards si humains pour des êtres de papier.
Une œuvre de toute beauté.
Si riche dans le trait, les détails, l’utilisation des couleurs et les scènes fantastiques de sorcellerie.M.Destrée
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FEROCE 2
- Par asbl-creabulles
- Le 11/04/2023
Tome 2 . Carnage
Scénario : Gregorio HARRIET
Dessin : Alex MACHO
Couleurs : Garluk AGUIRRE
Dépot légal : mars 2023
Editeur :
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-344-04815-3
Nombre de planches : 56Quelque part dans la taïga de l'Extrême-Orient russe. D'un côté, les membres de l'équipe de tournage de la journaliste Sabine Kôditz à la recherche de ce prédateur de toute beauté qu'est le Tigre de Sibérie, de l'autre la mafia sino-russe poursuivant son trafic de bois d'essences rares avec la complicité de gardes forestiers corrompus. Ces deux mondes n'auraient pas dû être amenés à se croiser ou se gêner l'un l'autre, mais en fait c'est ce qu'il va se produire. Les gardes ont même été chargés d'éliminer cette journaliste trop curieuse, tâche aisée car son équipe ne fait pas le poids… sauf qu'entre eux à présent un tigre blessé par un braconnier s'est mué en chasseur d'hommes...
Après "Taïga de sang", Gregorio Harriet ne laisse aucune place au doute dans ce deuxième tome intitulé "Carnage". Son récit inspiré de faits réels, loin d'être cousu de fil blanc, nous entraîne sur un chemin inattendu et surprenant où les méchants et les mafieux ne sont plus aussi fiers et sûrs d'eux mais sont devenus les proies d'un tueur sans merci. Autour de personnages bien campés, Harriet ménage parfaitement le suspense jusqu'au final.
Quand aux dessins d'Alex Macho, ils sont incroyables de clarté, de dynamisme, d'efficacité aussi bien dans les scènes d'action que dans les postures des personnages ou les très nombreux décors naturels. Le tigre et la nature prennent une telle ampleur qu'ils en deviennent des personnages à part entière. Garluk Aguirre nous régale d'une mise en couleurs de toute beauté qui offre encore plus de vie, de lumière, de profondeur à tout l'ensemble ! .
Très beau dyptique réalisé par ces trois auteurs basques espagnols qui vivent leur passion à fond et cela se ressent vraiment. Bravo !
SDJuan
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THORGAL SAGA 1
- Par asbl-creabulles
- Le 19/03/2023
Tome 1 . Adieu Aaricia
Scénario : Robin RECHT
Dessin : Robin RECHT
Couleurs : Gaétan GEORGES
Adapté de : Jean Van Hamme & Grzegorz Rosinski
Dépot légal : février 2023
Editeur : Le Lombard
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-8036-7906-5
Nombre de pages : 110Ce merveilleux livre mérite que je le feuillette avec vous.
Mais avant laissez-moi écrire quelques lignes d’introduction.
Il y a trois ans, il est proposé à Robin Recht d'écrire et de dessiner une aventure de Thorgal en dehors des chemins de la série classique (continuée par Yann et Vignaux, dont le dernier récit m’a décidé à arrêter la série… ça veut tout dire).
Aaricia sera donc le premier album à inaugurer cette nouvelle collection au Lombard, intitulée Thorgal Saga !
Quel honneur pour Robin !
Honneur autant mérité que cet album est de toute beauté.
Il a mis tout son talent d’auteur complet pour faire vivre un récit adulte où les personnages prennent une dimension plus humaine que de simples créatures de papier malmenées dans des récits guerriers, de vengeance, de quête dans un univers de légendes, de contes, de fantastique ou de SF habilement concocté par l’imagination sans fin de Van Hamme et si magnifiquement dessiné par Rosinski.
Une des meilleures BD d’aventures épiques sans aucun doute avec des personnages inoubliables et si attachants.
Robin Recht en s’inspirant du trait de Rosinski (et non en le copiant comme j’ai pu lire) met tout de suite le lecteur à l’aise.
Nous sommes bien dans le monde de Thorgal.
Mais ici (avis personnel), c’est plus qu’une aventure divertissante ou inquiétante.
Il y a une dimension intérieure plus riche.
Les tourments vécus par les personnages nous semblent plus proches.
Dans les derniers récits de Van Hamme et Rosinski, Thorgal est souvent éloigné d'Aaricia et n’aspire qu’à la retrouver mais il doit vivre ses aventures avant…
Ici aussi, Thorgal veut retrouver Aaricia mais le lecteur sait que ce sera plus dramatique qu’une simple aventure…
Robin Recht, humble et modeste, dit dans les interviews qu’il ne fait que prendre des personnages emblématiques et qu’il les fait vivre en attendant que d’autres prennent la suite dans cette Thorgal Saga.
Peut-être mais j’ajouterai qu’il est digne et mérite de redonner vie à Thorgal et sa famille afin que ce héros ne disparaisse dans des scénarios et des traits confus…
Ce livre est plus qu’une BD, qu’une aventure. C’est un jalon dans la vie d’un personnage de papier emblématique.
C’est une œuvre ! Simplement…
Merci Robin Recht.Maintenant, feuilletons-le ensemble.
Je devine que vous allez relire cette chronique en ayant le livre en main
Sur la couverture, les tons bleu nuit indiquent le moment où Thorgal, les épaules affaissées, observe la combustion d’un drakkar.
Des flammes, s’échappe une fumée donnant naissance à une Aaricia jeune aux yeux inquiets.
Tous les éléments portent le regard vers le feu. Les collines à gauche et à droite. Le personnage vêtu d’un manteau sombre et bien campé dans la neige accroche nos yeux qui deviennent les siens. La couleur des lettres proche de celle du feu.
Quel équilibre parfait pour cette couverture !
Et les trois flèches plantées, celles qui dépassent du carquois, l’arc sont des symboles dans l’histoire de Thorgal et dans ce récit (mais le lecteur ne le sait pas encore), elles auront une valeur significative.
Les pages de gardes montrent une rive ou une ombre seule est en attente.
10 pages de prologue s’ouvrant par 4 cases dont la grande d’ouverture montre le rocher où tout a commencé.
Je vous laisse contempler ses vignettes quasi muettes où la douleur de Thorgal est tellement sensible.
Apparait le serpent Nidhogg sublimé par le dessinateur.
Les deux dernières planches du prologue avec l’anneau dans la neige et la destruction du drakkar attestent de la réflexion de l’auteur devant ses brouillons avant la composition de ses planches au langage parfait.Le titre.
Le récit commence sur la plage puis au village où nous allons revivre un instant passé avec Aaricia et Thorgal enfants.
Mais il y a des modifications importantes et de nouveaux personnages.
Les skraenlingar et Skraeling-la-noire, race de très haute taille.
C’est une évidence, Rosinski est un maître pour dessiner la beauté féminine mais Robin Recht le sait et ne s’y frotte pas. Toutefois Skraeling-la-noire est impressionnante et dégage une force mesurable.
L’intrigue en quelques mots : Solveig, la fille du roi Gandalf est blessée et Aaricia a disparu.
Je n’aime pas raconter l’histoire dans mes chroniques.
Je vous laisse tourner les pages aux teintes connues, voir pages 32 à 37.
La confrontation entre les deux Thorgal. Quelle richesse de sentiments !
Puis on dirait le grand-père et son petit-fils mais c’est le passé sage et expérimenté avec le présent fougueux et enthousiaste.
La rencontre avec l’ennemi, d’une violence bien marquée.
Un moment de répit dans un autre village éprouvé par une attaque.
Robin Recht soigne les personnages qui mènent l’action et les figurants sont esquissés. Comme au cinéma, ils remplissent l’espace mais sont sitôt oubliés par le spectateur. Ici évidemment, les traits plus succincts seront remarqués mais seulement si on arrête sa lecture.
Arrêtez-vous plutôt au langage des cases. Tellement parfait qu’il en est jubilatoire.
Ces compositions entraînent le lecteur dans un récit si beau, si profond, si humain.
La traversée du fleuve sera un nouveau moment inoubliable pour le jeune Thorgal.
Quand le vieux sera encore tourmenté par le serpent.
Le final sera terrible.
Après des pages dans les tons froids (70 à 73) viennent le feu et le sang de l’affrontement sanglant et barbare.
Suivez les flèches de Thorgal !
Gandalf, Skraeling et ses guerriers, les deux Thorgal sont d’une bravoure extrême.
Et le talent du dessinateur nous fait vivre aussi des sensations extrêmes.
Et sans limite de pages !
Cette liberté est aussi dans la réussite de l’album et de son ensemble.
Page 90, un drame qui se termine par un dernier affrontement d’une force jamais ressentie dans la saga surtout que le lecteur est confronté par toutes les réflexions des pages antérieures.
Page 100, quelle souffrance pour les Thorgal…
Page 102, l’épilogue en 7 pages.
Le rouge domine.
Le serpent aussi
Et le jeune Thorgal est devenu un autre qui ne peut plus vivre les aventures que nous connaissons…Un chef d’œuvre !
M. Destrée