Créabulles, Expositions, Dédicaces, Rencontres.

Chroniques

Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture. 

  • LE DERNIER WEEK-END DE JANVIER

    Dernier week end de janvier couvertureScénario : Bastien VIVÈS
    Dessin : Bastien VIVÈS
    Couleurs : <N&B>
    Lettrage : Jean-François REY
    Dépot légal : août 2022
    Editeur : Casterman

    Autre format
    ISBN : 978-2-203-24320-0
    Nombre de pages : 172

    Dessinateur de la série Opération Hitler, Denis Choupin est un auteur habitué des festivals. Comme chaque dernier week-end de janvier, il se rend à Angoulême. Cette année pourtant il va devoir écourter son séjour pour rentrer le samedi soir car son fils célèbre ses fiançailles le dimanche. Son passage à Angoulême est toujours chargé, mais cette année il l’est bien davantage. Il doit passer déposer ses originaux chez un galeriste, changer son billet de retour, assurer des séances de dédicaces, sans oublier les échanges, rencontres, et même repas avec des copains et/ou collègues. Bref il est un peu submergé. L’inattendu va se produire pendant une séance de dédicaces. Une jeune femme nommée Vanessa, à laquelle il n’est pas insensible, se présente devant lui pour faire dédicacer l’album de son mari Marc, amateur et collectionneur de BD. Il n’en faut pas plus pour chambouler la vie de Denis. Surtout quand le destin s’en mêle et mène Vanessa et son époux sur son chemin un peu plus tard. Le couple sympathise avec l’auteur et décide de partager un verre. Marc ne se doute pas un seul instant que c’est lui qui va indirectement rapprocher Denis et Vanessa.Dernier week end de janvierMon avis : Bastien Vivés nous propose une tranche de vie d'un auteur venu participer à l'un des plus gros festivals européens. Un auteur qui ressent une certaine lassitude et qui essaye de se motiver sachant qu'il est de nouveau venu presque par habitude. Mais cette fois il a comme un flash quand cette belle femme se présente devant lui pour une dédicace destinée à son mari. Il ressent même une attirance qui va engendrer une situation un rien embarrassante pour les deux personnes impliquées.
    Bastien Vivès nous la raconte avec beaucoup de naturel, égrenant les diverses étapes de la rencontre, de la relation naissante jusqu'à aller bien au-delà des habitudes de l’auteur Denis Choupin… surtout qu'il y a énormément de monde à ce festival.
    Le récit se déroule doucement, au rythme de la rencontre et on se prend d’affection pour ces personnages du quotidien.
    On devient vite témoin d’une aventure des plus naturelles, sans excès. On suit et on accompagne pas à pas ses acteurs en se demandant jusqu'où cela peut mener. On s’interroge sur ce qu'on aurait fait à la place de ce père de famille qui en donnant la préférence à cette femme va rater un événement familial important.
    Et au passage on respire l’atmosphère d’un grand événement comme le festival d’Angoulême.
    Les dessins accompagnent parfaitement la narration, soulignant bien la morosité qui s’est abattue sur le personnage principal jusqu'à l'arrivée de cette femme plutôt charmante mais qui ne fait rien de particulier pour inciter l'auteur à sauter le pas. Et là, subitement tout devient plus enjoué.
    Un excellent moment de lecture.

    SDJuan

  • JEREMIAH 39

    Jeremiah 39Tome 39 . Rancune
    Scénario : HERMANN
    Dessin : HERMANN
    Couleurs : HERMANN
    Dépot légal :  Septembre 2022
    Editeur :
    Dupuis
    Format normal
    ISBN : 979-10-34757-38-1
    Nombre de pages : 46

    Pour Jeremiah, rien ne va comme il voudrait. Son ami Kurdy est en taule et hormis lui rendre visite il ne sait pas trop comment l’aider. A peine a-t-il pris le temps d’y réfléchir qu’à son tour il se retrouve impliqué dans une bagarre de rue. La police intervient rapidement mais il n’est pas embarqué avec les autres pour désordre sur la voie publique. Il se rend compte qu’il a été kidnappé et emmené dans un entrepôt par des membres de cette même police agissant aux ordres d’une certaine "Madame", de son vrai nom Candice qui travaille avec son frère Aloïs, un gros homme gras et difforme qu’elle ne cesse de maltraiter et d’appeler gros porc, motte de saindoux, orang-outan… Aloïs est bavard et a révélé être également à l’origine de l’arrestation de Kurdy. En fait, les hommes de Candice et Aloïs ont exécuté un contrat pour un mystérieux commanditaire auquel ils doivent livrer les deux amis. À présent, tout semble reposer sur Kurdy qui, de son côté, est en train d’organiser son évasion de la prison avec son codétenu dont l’aide va s'avérer bien plus précieuse qu'il n'y paraissait de prime abord.Jeremiah 39 planche 1Mon avis : Avec ce récit prévu en deux tomes, Hermann poursuit son exploration, entamée depuis un petit temps déjà dans la série, des aspects plus sombres de l'humain. On sent venir le retour du vieil ennemi Stone-B (d'où le titre "Rancune" de l’album), qui semble avoir mis au point sa vengeance par le biais de ce clan de bras cassés hyper violents. 
    Une fois de plus, Kurdy va s’efforcer de tout arranger d’une façon dont Hermann a le secret. D’abord, ce qui constitue une grande nouveauté pour Kurdy mais aussi pour Hermann, le héros se déguise pour se faire passer pour un apache (à prononcer apatchi selon Hermann pour éviter toute confusion). Autre surprise, Kurdy qui nous a habitué à être totalement autonome pour aider Jeremiah va trouver de l'aide auprès de cet autre prisonnier qui s’est échappé de prison avec lui et qui est bien plus futé que prévu.
    Si j’ai parfois eu un petit souci avec certains enchaînements de cases, la narration permet très rapidement de s'y retrouver. Il est vrai qu’en toute fin d'album, l’indication "à suivre" aurait peut-être facilité la compréhension des dernières pages. Pas de spoiler ici. Jeremiah 39 planche 5
    En ce qui concerne les dessins réalisés en couleur directe par Hermann, ils ne cessent de nous surprendre : la composition et l’enchaînement des cases, grandes, moyennes jusqu’aux plus petites, toutes bien efficaces dont certaines très belles et le choix des couleurs utilisées. Un très bon travail des couleurs, composant autant de décors et d’ambiances saisissants.
    Tout l'album n'est pas à ce même niveau mais cela se comprend aisément pour assurer une narration fluide d’autant qu’Hermann est un conteur d'histoires avant d'être illustrateur. C'est raconter des histoires qui le stimule le plus. Et de fait, l’histoire prend le dessus sur quelques rares hics d’enchaînements de cases. D’ailleurs, en refeuilletant l’album, on y découvre plusieurs cases spectaculaires comme aux pages 13, 15 et 17 pour ne citer que celles-ci.Jeremiah 39 caseJ'attends donc avec impatience la suite de cette histoire prévue en dyptique pour voir jusqu'où la "sombritude" d'Hermann va bien pouvoir nous mener.

    SDJuan

     

  • SANGOMA

    SangomaSangoma, les damnés de Cape Town
    Scénario : Caryl FÉREY
    Dessin : Corentin ROUGE
    Couleurs : Corentin ROUGE et Alexandre BOUCQ
    Dépot légal : octobre 2021 
    Editeur : Editions glenat logo
    Grand format
    ISBN : 978-2-344-03420-0
    Nombre de pages : 144

    Afrique du Sud. Shane Shepperd, lieutenant de la police du Cap, apparemment plus intéressé par la plastique de sa maîtresse (accessoirement celle d’un leader d’extrême droite) que par son métier, est appelé sur un meurtre et une disparition d’un nourrisson dans une des immenses fermes agricoles du pays appartenant aux Pienaar. Comme beaucoup d’Afrikaners, ceux-ci se considèrent comme les maîtres du pays. Le tout, alors qu’éclatent des manifestations sur le retour des terres au peuple noir qui s’estime spolié par les blancs. Sur fond de racisme, de croyances ancestrales, de pratiques occultes exercées par les traditionnels Sangoma, Shepperd se retrouve à devoir démêler une affaire bien plus compliquée qu’il n’y parait…Sangoma plancheBande dessinée chaudement été recommandée par Jean-Edgar Cassel de la griffe Noire BD, à juste titre: il est difficile de ne pas se retrouver immédiatement plongé dans le bain, dès les premières pages, comme tout excellent roman qui se respecte et qui n’a pas besoin de cent pages pour instaurer le climat. Au scénario, Caryl Ferry, que les amateurs de romans noirs connaissent parfaitement, distille une atmosphère pesante, sur laquelle Corentin Rouge vient greffer des dessins aux traits réalistes qui ne sont pas sans rappeler les dernières productions de Jean Giraud pour Blueberry, mais aussi la série Undertaker de Meyer et Dorison.Sangoma planchesUne excellente réalisation dans les lignée des Deon Meyer qu’il faut à tout prix découvrir.

    Richard Colombo

  • BUONAPARTE 2

    Buonaparte 2Tome 2 . Trésor de guerre
    Scénario : Fabienne PIGIÈRE et Rudi MIEL
    Dessin : Iván GIL
    Couleurs : 1ver2ânes
    Dépot légal : juin 2022
    Editeur :
    Delcourt
    Collection : Histoire & Histoires
    Grand format
    ISBN : 978-2-413-04361-4

    Après avoir abdiqué en juin 1815 puis s’être livré aux Anglais en juillet dans l’espoir d’obtenir l’asile en Angleterre, Napoléon est finalement déporté et emprisonné en octobre 1815 sur l’Île de Sainte-Hélène, un îlot volcanique de 122 km² en plein Atlantique Sud à environ 1900 km des côtés de la Namibie en Afrique australe. Son geôlier, le gouverneur Hudson Lowe, lui a certifié que l’Angleterre avait tout mis en œuvre pour que cet exil lui soit agréable. Mais rien n’y fait, l’empereur déchu s’ennuie dans sa résidence de Longwood House et ne pense qu’à une chose, s’enfuir de cette île-prison. C’est alors qu’en ce mois de juillet 1816, il va se produire un événement tout à fait inattendu. Un groupe d’hommes armés débarque sur l’île et se lance à l’assaut de la résidence de Napoléon dans le but de lui arracher des informations sur un trésor perdu qu’il aurait découvert durant la campagne d’Égypte entre 1798 et 1801. Si les agresseurs sont rapidement repoussés, le mystère persiste et intrigue fortement Lowe. D’autant que durant la traversée depuis l’Angleterre en octobre 1815 une mutinerie avait éclatée et une pièce d’or à l’effigie d’Alexandre le Grand retrouvée dans la main de l’un des mutins. Les Anglais avaient également intercepté une lettre codée de Napoléon prouvant l’intérêt qu’il portait à Alexandre le Grand. Hudson Lowe a notamment pour mission de tout faire pour obtenir ce code en perçant le mystère qui entoure la passion de Napoléon pour Alexandre le Grand et qui sait, pourvoir mettre la main sur le fabuleux trésor qu’il aurait découvert… Buonaparte 2 plancheMon avis : Dans ce deuxième tome, Rudi Miel et Fabienne Pigière ont souhaité mettre en avant l’environnement, l’ambiance générale et le ressenti de chacun à Sainte-Hélène. Même si l’espace est vaste, il est impossible d’échapper à l’atmosphère pesante de cette île-prison. Chacun s’efforce d’y vivre au mieux en faisant avec les moyens du bord. On ressent bien l'isolement voulu par les Anglais et les forces alliées. Le temps s’écoule inexorablement, chacun ressassant le passé. Notre attention se focalise sur le face à face – ou plutôt le bras de fer – entre Napoléon et Hudson Lowe qui cherche à obtenir des informations et confidences à propos du mythique trésor d'Alexandre Le Grand que l’empereur aurait acquis lors de sa campagne en Égypte.
    Fiction et histoire se mêlent et se complètent dans un scénario qui maintient le suspense.
    On a envie de savoir comment les choses vont évoluer même si on se doute bien de la fin.Buonaparte 2 planche autreIvan Gil nous offre de nouveau un très beau travail d’illustration, en particulier sur les décors qui restituent bien la proximité des lieux et les limites de l’île, et sur différents événements du passé comme ces batailles évoquées dans le récit.
    On retrouve son trait fin, précis et réaliste sur les décors, les scènes d’action mais aussi les personnages qui confime s'il en était besoin le gros travail de documentation effectué.
    Les couleurs d'1ver2ânes accompagnent parfaitement le récit lui donnant encore plus de vie et de profondeur. 
    Comme le précédent album, ce tome s’achève sur un très intéressant dossier documentaire préparé par Rudi Miel qui nous permet de découvrir les divers éléments historiques ayant inspiré le récit
    .

    SDJuan

  • CORTO MALTESE 16

    Corto maltese 16Corto maltese 16 n bCoup de coeurTome 16 . Nocturnes berlinois
    Scénario :Díaz Canalès, Juan DIAZ CANALES
    Dessin : Rubén PELLEJERO
    Couleurs : Rubén PELLEJERO
    Traduction : Hélène DAUNIOL-REMAUD
    Dépôt légal : le 7 septembre 2022
    Editeur : Casterman
    Grand format
    ISBN : 978-2-203-22168-0
    Nombre de pages : 72

    1924. Corto est à Berlin où il doit retrouver son vieil ami Jeremiah Steiner. Avec le journaliste et romancier Joseph Roth, ils se rendent au commissariat pour obtenir leurs permis de séjour. Tout à fait par hasard, Corto reconnaît la photo de Steiner sur le tableau des victimes anonymes. Il demande à en informer directement le commissaire Kahr qui, dès son départ, s’empresse de passer l’info au Doktor Eichwald. Plus tard dans la journée, Roth rejoint Corto et lui apprend que ces deux hommes font partie de l’organisation "Consul", un groupe clandestin qui œuvre pour renverser la République de Weimar. Son ami Steiner aurait été vu pour la dernière fois en compagnie de membres de la société hermétique Stella Matutina, à son retour de Suisse où il était parti assister au congrès des alchimistes de Sion. Retrouver cette société secrète est le point de départ idéal pour l’enquête de Corto. Rien de plus facile pour lui. Il débarque en plein rituel et est aussitôt pris pour Makropoulos, le magister templi, le maître du temple, fondateur de Stella Matutina, par tous les adeptes réunis pour une séance de transe hypnotique au cours de laquelle l’un des membres déclare être Steiner et savoir que son assassin se cache au panopticum, l’ancien musée de cire. C'est au cœur d’un Berlin au bord de la guerre civile entre républicains, communistes et extrémistes de droite que Corto va chercher à venger son ami. Il va faire d’étranges découvertes qui posent questions, notamment à propos d’une carte du jeu de tarot le plus vieux au monde, le Visconti-Sforza, à l’origine de l’assassinat de Steiner, et qui vont même le mener jusqu’à Prague…Corto maltese 16 plancheMon avis : D’entrée de jeu, on découvre un album à teneur plus sombre, plus noire comme dès la première page avec un acteur à la ressemblance bluffante avec Hitler et à l’encrage puissant sur fond rouge. Le ton est donné. Ensuite, les événements vont s’enchaîner à un rythme soutenu jusqu’à la dernière case, servant de champ d’action à notre héros toujours aussi fidèle aux principes qui ont fait sa réputation.
    Sans rien perdre de son charme naturel, de la curiosité qui l’anime et sans crainte, Corto va parvenir à ses fins en bravant tous les dangers et en ne se fiant à personne. 
    L’album est bourré de références historiques, culturelles et/ou politiques de l’époque et donne envie d’en savoir davantage à propos du cinéma, du théâtre, de la littérature allemande mais aussi autrichienne des années folles de l’entre-deux-guerres.
    Les auteurs, Juan Diaz Canales et Ruben Pellejero, maîtrisent clairement le sujet grâce à un gros travail de recherche documentaire et marient à la perfection la fiction et l’histoire avec un grand H dans cette nouvelle aventure de Corto.
    Une performance qui en ravira plus d’un, c’est certain.Corto maltese 16 planche autre
    Au dessin, Ruben Pellejero nous régale d’un subtil mélange de traits fins et/ou achurés pour la plupart des décors et d’encrage noir et puissant tout à fait approprié aux nombreux passages sombres du récit et venant en souligner le côté polar dont il maîtrise parfaitement les codes.
    Loin d’imiter ou de copier Pratt, Ruben Pellejero s’en est imprégné pour ne pas le dénaturer tout en nous offrant son traitement graphique très expressionniste dans ses planches. Encore une belle performance de sa part.
    Le découpage et la mise en page de même que le choix des couleurs viennent non seulement diriger notre regard et notre attention vers les (nombreux) points d’intérêt de l’histoire mais également souligner les différentes ambiances qui la caractérisent.
    Un album à ne rater sous aucun prétexte.

    SDJuan

  • ASTERIX, Le Bouclier Arverne

    Asterix le bouclier arverneTome 11- Le bouclier Arverne Astérix (albums Luxe en très grand format) 
    Scénario : René GOSCINY
    Dessin : Albert UDERZO
    Dépot légal : juin 2022 
    Editeur : Hachette
    Album Luxe très grand format
    ISBN : 978-2-01-400127-3
    Nombre de pages : 88

    Déjà le 10e titre avec Uderzo au dessin dans cette belle collection (moins belle cette fois-ci).
    En 2007, les mercantiles éditions Hachette (en ce qui concernent la BD en tout cas) rééditaient déjà les Asterix en grand format avec des nouvelles couleurs.
    Je les achetais, appréciant le grand format et le petit dossier très intéressant. 
    Quelques albums plus tard, fini le dossier !
    J’arrête évidemment !
    Et il doit y avoir 5 ou 6 ans, arrive cette réédition luxueuse. 
    Dos toilé, même impression couleur que la réédition précédente, dossier plus conséquent et les planches originales en noir et blanc. 
    Attention aucune comparaison avec les beaux livres présentant des fac-similés, mais pour le prix démocratique, c’est honnête ou plutôt c’était car dans celui-ci, l’impression est médiocre, pâle. Les noirs sont gris (voir photo 1.)
    Asterix le bouclier arverne planche
    Il suffit de feuilleter les collections Hachette d’intégrales BD pour constater que la qualité n’est pas toujours au rendez-vous mais les dossiers sont souvent intéressants. 
    Une autre souci ici, le fameux bouclier a ses couleurs inversées dans deux cases pour les nouvelles couleurs (bravo le ou la coloriste mais c’est sûrement une application numérique!). Voir photos 2 et 3.Asterix le bouclier arverne case 2Asterix le bouclier arverne double case 2Dans la version originale (j’ai vérifié), les couleurs sont correctes. 
    Sinon, cette histoire est un bijou d’humour et de composition. 
    La verve scénaristique et le talent d‘Uderzo y atteignent des sommets et pour longtemps encore. 
    L’intrigue? Je vous laisse la relire, la lire peut-être… Comment ? Oui ? Pas possible !
    En tout cas, je ne dirai rien. NA! PAR TOUTATIS!
    J’espère quand même que le jour où toute la collection sera passée par cette édition, ils ne vont pas oser la rééditer dans leurs fameuses collections d’intégrales…

    M. Destrée

  • SPIROU et FANTASIO 56 LA MORT DE SPIROU

    Spirou et fantasio une aventure de 56 la mort de spirouCoup de coeurTome 56 - La mort de Spirou
    Scénario : Sophie GUERRIVE et Benjamin ABITAN
    Dessin : Olivier SCHWARTZ
    Couleurs : Alex DOUCET
    Dépot légal : Août 2022
    Editeur : Dupuis
    Format normal
    ISBN : 978-2-8001-7383-2
    Nombre de pages : 57

    Spirou, Fantasio et Spip remballent leurs affaires après avoir passé une nuit dans un camping situé à Champignac, non loin du domaine du comte, sous une tente inventée par Fantasio. Ils décident de passer saluer le comte avant de rentrer chez Dupuis où se poursuivent les préparatifs de la fête devant commémorer en grandes pompes le 100e anniversaire des éditions Dupuis. Sur la route, Spirou décide de lire la presse sur sa tablette et tombe sur l’enquête spéciale réalisée par Seccotine sur la cité sous-marine de Korallion. Rapidement, Spirou soupçonne qu’il se passe quelque chose d’étrange. Seccotine n’aurait jamais écrit un texte de cette nature. Il s’agit clairement d’une pub pour attirer les touristes. Ce n’est pas du tout son genre. De plus, Fantasio croit reconnaître Zorglub sur une photo. En fait il s’agit d’un certain Buzz Lorg, présenté comme consultant en technologies émergentes. Et même si Zorglub est censé être parti à la conquête de l’espace, Spirou n’en démord pas, c’est bien lui sur la photo. Avec l’aide inopinée de Champignac et surtout de certaines de ses inventions, Spirou et Fantasio décident de se rendre au plus vite à Korallion pour tirer l’affaire au clair… Spirou et fantasio 56 la mort de spirou plancheMon avis : Si dans le comics US, les auteurs ont pris l’habitude de faire (et les lecteurs de voir) mourir les super-héros – par exemple Superman ou le Phénix, mais aussi Wolverine et même dernièrement Wonder Woman – puis de les faire (les voir) revenir à la vie plusieurs mois ou années plus tard, c’est vraiment un grand coup que Benjamin Abitan et Sophie Guerrive ont voulu marquer en proposant aux lecteurs de Spirou un récit s’inspirant de la mort de Superman. En outre, il est tout à fait en phase avec notre époque : préoccupations écologiques, impact des réseaux sociaux, fausses informations, etc. mais aussi présence de la plupart des objets et outils modernes, smartphone, tablette, voiture électrique, etc.
    Pour leur première aventure de Spirou et Fantasio, le nouveau duo Abitan et Guerrive s’en sort plutôt bien.
    Très énergique, sans aucun temps mort, le récit nous transporte avec une légèreté déconcertante dans l’aventure avec un grand A.
    Certains diront peut-être qu’il est ciblé jeunesse/ados mais je pense que les "jeunes" adultes… et certainement bien au-delà n’en perdront pas une miette.
    Il fallait oser écrire une histoire où le héros principal va mourir alors qu’il s’agit d’une nouvelle équipe d’auteurs supposés avoir une démarche cohérente avec le style de la série et ses personnages pour ne pas les dénaturer, en réussissant à assimiler l’énorme cahier des charges légué par Franquin. Ils ont relevé le défi et ont même réussi à rendre hommage à leurs prédécesseurs.
    Pour le moment, ils font le tri des idées qui ont germé dans leurs têtes pour nous proposer rapidement la fin de ce diptyque et qui sait... d'autres aventures !. Spirou et fantasio 56 la mort de spirou planche autre
    Côté dessin, Olivier Schwartz déjà sollicité pour illustrer trois tomes de la collection "Spirou vu par..." (connue aussi sous les titres Une aventure de Spirou et Fantasio par…  puis Le Spirou de …) se retrouve propulsé à la réalisation de son premier album dans la série-mère. Un album qu’il fallait terminer cette année, car c’est le centenaire de Dupuis !
    Pour la ville sous-marine, Schwartz disposait de deux références dans les albums de Franquin: "Le repaire de la murène" (1957) et "Spirou et les Hommes-Bulles" (1964).
    Ses illustrations allient modernisme et respect de la tradition.
    On apprécie l’aisance de Schwartz à réaliser ce mélange particulièrement bien dosé entre le style traditionnel de l’école de Marcinelle de Franquin et autres Hergé, etc. comme cet uniforme de groom (même si Spirou ne l’est plus depuis longtemps) et un environnement, des décors, une atmosphère générale colorés et modernes si typiques de notre quotidien.
    N'oublions pas l’écureuil Spip lui aussi bien présent. 
    J’apprécie beaucoup ce que fait Schwartz, son style de dessin, sa façon d’encrer, son trait souple et surtout l’énergie qu’il dégage.
    Même si je l’attendais sur le troisième tome d’Atom Agency (avec Yann), ou sur un Spirou vu par … avec ce même Yann et si je pensais plutôt retrouver le duo Vehlmann et Yoann sur la série-mère, je suis enchanté et séduit par son travail sur cet épisode de la longue série des Aventures de Spirou et Fantasio.Spirou et fantasio une aventure de 56 la mort de spirou planche zorglub
    Un récit bien construit, une intrigue captivante, des scènes d’action efficaces et beaucoup d’idées neuves tant à l’écriture qu’au dessin et une très belle couverture qui accroche l’œil.
    Cette série mythique de chez Dupuis a de beaux jours devant elle.

    Suite et fin de cette mort de Spirou dans le prochain tome !!!

    SDJuan

  • LES BÂTISSEURS Tome 1 Viollet-Le-Duc

    Viollet le ducTome 1 - Viollet-le-duc - L'homme qui ressuscita Notre-dame
    Scénario : Salva RUBIO
    Dessin : Eduardo OCAÑA
    Couleurs : Mazi
    Lettrage : Philémon CHAILLEUX
    Dépot légal : avril 2022
    Editeur : Delcourt
    Grand format
    ISBN : 978-2-413-03773-6
    Nombre de pages : 62

    Monument prestigieux, la cathédrale Notre-Dame a pourtant connu bien des vicissitudes. Dans les premières décennies du 19e siècle, elle sera même vouée à l’oubli, à l’abandon voire à la démolition vu son état de délabrement. Heureusement, Victor Hugo (dont le roman historique Notre-Dame de Paris paru en 1831 va la remettre sur le devant de la scène) est déterminé à sauver la cathédrale coûte que coûte. Il en discute avec Prosper Mérimée qui, outre la littérature, s’intéresse beaucoup à l’histoire. Ils sont tous deux résolus à sauver le monument parisien mais encore faut-il trouver l’homme de la situation et, surtout, batailler contre tous les opposants et détracteurs du style gothique jugé démodé et dépassé... Nommé inspecteur général des monuments historiques en 1834, Mérimée a bien quelqu’un en vue. Il faut agir vite car le gothique est en danger de mort partout en France. En 1838, à Narbonne, Eugène Viollet-le-Duc s’affaire sur le chantier de restauration de l’église. C’est son oncle, Étienne-Jean Delécluze, peintre et historien de l’art, qui lui a permis d’obtenir ce travail. Rentré chez lui à Paris, c’est son oncle, une nouvelle fois, qui va mettre Eugène en contact avec Mérimée, l’un de ses amis, qui a un emploi à lui proposer. Au cours de la rencontre, Mérimée qui a suivi les travaux d’Eugène depuis longtemps déjà, lui propose de diriger la restauration de l’église La Madeleine de Vézelay, joyau d’art roman et gothique qui, elle aussi, tombe en ruine. Eugène aura à sa disposition une équipe de tailleurs de pierres, des maîtres d’œuvre et des architectes. Mais avant toute chose, ils vont devoir convaincre ceux-là même qui haïssent le gothique et se déclarent prêts à détruire les monuments mais dont l’approbation est indispensable pour obtenir les financements nécessaires. C’est à une église de Vézelay en ruine et prête à s’écrouler qu’Eugène va faire face à partir de 1840. Un travail titanesque l’attend et sa carrière est en jeu avant même d’avoir débutée. Convaincu par cette restauration réussie qui frôle le miracle, Mérimée lui propose de restaurer Notre-Dame de Paris. Mais avant toute chose, il va devoir, s’il accepte, se mesurer à des architectes de renom comme Danjoy et Arveuf, en présentant un projet solide et moins coûteux. Rien n’est encore joué. Au final, sa détermination, sa persuasion, son amour du gothique vont être favorables à son projet et lui donner la victoire lors du concours. Avec l’architecte Jean-Baptiste Lassus et les sculpteurs Victor Geoffroy-Dechaume et Jean-Baptiste Millet qui partagent le même amour du gothique, Eugène Viollet-le-Duc peut se lancer dans le gigantesque projet de restauration de Notre-Dame. Vingt ans de sacrifices pour Viollet-le-Duc, dont le projet sera confronté à pas mal d’écueils et de difficultés, mais qui aura le bonheur de vivre la nouvelle consécration de la cathédrale le 31 mai 1864 par l’archevêque de Paris, Mgr Georges Darboy, cette date commémorant également le 8e centenaire de la cathédrale dont la première pierre fut posée en 1163.Viollet le duc planche 1Mon avis : Un scénario d’une grande richesse, certainement pas aisé à bâtir pour éviter l’écueil d’un récit trop lourd à digérer compte tenu de l’abondance d’éléments disponibles. On peut dire que Salva Rubio s’en sort très bien en allant à l’essentiel, en évitant un aspect trop pédagogique risquant de décourager certains lecteurs tout en soulignant les difficultés de tous ordres, y compris financier, rencontrées et surmontées, bref en rendant le récit attractif et plaisant à lire. Viollet le duc pageCôté dessin, Eduardo Ocaña a lui aussi réalisé un gros travail sur les décors vu le nombre de bâtiments évoqués sans oublier les innombrables chantiers de rénovation. Des décors très travaillés, avec un soin tout particulier apporté aux sculptures, à l’architecture, au travail de la pierre. Costumes, décors urbains, accessoires témoignent aussi d’un gros travail de recherche documentaire. La mise en page, les cadrages, les perspectives soulignent bien, là où il le faut, la nature titanesque des travaux.
    Belle mise en couleurs de Mazi.Viollet le duc planches
    Un premier tome prometteur pour cette série historique qui devrait séduire les passionnés d’architecture.
    L’album est enrichi d’un dossier de 6 pages intitulé "Objectif : Sauver Notre-Dame... À nouveau !" écrit par Salva Rubio évoquant les nombreuses autres restaurations dues à Viollet-le-Duc et, bien sûr, le terrible incendie de 2019.

    SDJuan