Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
-
BLACKSAD 7
- Par asbl-creabulles
- Le 02/12/2023
Tome 7 . Alors, tout tombe - Seconde partie
Scénario : Juan DÍAZ CANALÉS
Dessin : Juanjo GUARNIDO
Couleurs : Juanjo GUARNIDO
Traduction : Christilla VASSEROT
Dépot légal : Novembre 2023
Editeur :
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-205-08533-4
Nombre de pages : 54Deux ans après la sortie du premier tome presque inespéré, voici donc la suite et fin des dernières aventures de Blacksad, le félin détective le plus cool et le plus humain de tous les animaux de BD, celui qui m’a redonné envie d’écrire du polar pulp.
Il aura fallu dix longues années après le tome 5 pour que les fans puissent enfin pousser un soupir de soulagement. Nous l’avions laissé dans une aventure que personnellement j’ai jugé en demi-teinte, ce qui est un comble pour un titre comme Amarillo, un épisode telle une ballade champêtre et doucereuse, bien loin des épisodes plus noirs précédents.
La question était : est-ce que John Blacksad va revenir un jour, ou le célèbre félin va-t-il laisser sa place à un non moins célèbre marin maltais à l’oreille percée ? Ou alors les deux auteurs avaient-ils fait leur la citation d’Henri-Georges Clouzot, "Pour faire un film, premièrement, une bonne histoire, deuxièmement, une bonne histoire, troisièmement, une bonne histoire"? Et puis, comme les félins qui ont sept vies, le revoilà, au meilleur de sa forme, dans une histoire très sombre rappelant les tout premiers opus.
Pour rappel, dans la première partie, Blacksad se voit proposer par Kenneth Clarke, le président du syndicat des travailleurs du métro, d’enquêter sur un tueur à gages qui en veut à sa peau. Lewis Salomon, le tout-puissant industriel, veut mettre à plat tous les transports urbains et construire des kilomètres de routes et de tunnel, avec l’aide de la mafia des belettes. Il n’arrive malheureusement pas à le protéger puisque Clarke tombe sous les roues du métro, assassiné par un mystérieux agresseur. Dans le même temps, Weekly, le reporter ami de Blacksad, la fouine un peu Jimmy Olsen/Peter Parker dans tout ce qu’ils ont de maladroit, est laissé en mauvaise posture, accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis.
Le tome 2 commence par la découverte d’un squelette sur un chantier de construction de Solomon. Les morts se succèdent, Blacksad cherche toujours à faire sortir son ami de prison, quitte à se mettre la police à dos, renoue avec son passé (cf. Âme Rouge, tome 3) Qui est ce mystérieux goéland qui semble être l’homme de main de l’industriel et son exécuteur des basses œuvres ?
Un scénario complexe et dense, qui n’aurait pas suffi à un seul opus tant les rebondissements sont nombreux et imprévus, et l’on sent la jubilation de Diaz Canales à nous balader d’une page à l’autre.
Par rapport à Quelque part entre les Ombres, on mesure aussi l’impressionnant travail mené par Guarnido au dessin, avec des traits encore plus fouillés, des cases touffues, des arrière-plans qu’il faut voir et revoir pour en mesurer toute la profondeur. Jamais animal n’aura eu d’expression aussi humaine, jamais animal ne se sera comporté comme un humain. C’est ce qui en fait sans doute l’une des meilleures histoires du détective.
Blacksad, parfois imité, mais impossible à égaler. J’aurais tendance à dire que le résultat est largement à la hauteur de l’attente, Les sept tomes constituant une œuvre unique, une des meilleures jamais conçues de ses vingt dernières années. Finalement, je n’ai qu’une crainte : devrons-nous patienter aussi longtemps pour le suivant, ou le chat a-t-il définitivement usé ses sept vies ?
Richard Colombo
-
BOUNCER 12
- Par asbl-creabulles
- Le 28/11/2023
Tome 12 - Hécatombe
Scénario : Alejandro JODOROWSKY & François BOUCQ
Dessin : François BOUCQ
Couleurs : Alexandre et François BOUCQ
Dépot légal : Novembre 2023
Editeur :
Cycle : 6
Grand format 24 x 32 cm
EAN/ISBN : 978-2-344-03014-1
Nombre de pages : 144Ce western de papier fait 138 pages.
Aussi fort qu’un film !
Plus que certains même !
Percutant, sanglant, bouleversant, émouvant…
Le lecteur tourne les pages de garde et se trouve au milieu de rochers immenses assombris par un ciel de plomb déversant une pluie diluvienne.
Ensuite, une grande case verticale montrant un cimetière assailli par un torrent de boue.
Torrent qui tourne autour de "L’Infierno", fief du Bouncer comme autour d’une épave à la dérive.
Serait-ce prémonitoire ?
À côté des tombes de la grande case, le titre : HÉCATOMBEPas de page de titre, ni de mention de l’éditeur.
Tout de suite dans le vif.
Ceux par qui le Mal arrivera entrent dans la ville de Barro-City où le Bouncer et ses amis ont mis l’or à l’abri.
Je ne sais pas quelle est encore la part de Jodorowski dans l’écriture du scénario comme François Boucq a déjà réalisé seul quelques albums ?
C’est vrai que le prestidigitateur semble sortir tout droit de son univers.
Mais je peux affirmer qu’ils ont réussi un tour de force incroyable avec ce livre qui fait vivre au lecteur une aventure humaine absolument extraordinaire.
Ce n’est peut-être pas le plus fort de la série car je me souviens d’un récit qui m’avait littéralement scotché mais celui-ci a l’honneur de décrire des relations directes et indirectes entre tous les intervenants d’une manière si réelle et si vivante que c’en est étourdissant.
L’action est partout présente mais des cases de contemplation offrant des paysages abruptes et rocheux permettent au lecteur de souffler et de réfléchir.Les surprises sont nombreuses et jubilatoires.
Mais le titre funeste sera malheureusement le grand vainqueur.
Faire vivre à tous ces personnages de papier les actes décrits dans cette BD demande une prouesse et une maitrise diaboliques.
Un chef d’œuvre !
Vers la fin de ma lecture, j’ai pensé que cette longue aventure impitoyable du Bouncer prenait fin avec cette Hécatombe.
Puis en découvrant la dernière page, il semblerait qu’un nouvel horizon reste encore à découvrir…
Par contre, je ne comprends pas la raison de cette dernière case illustrant le dos des mentions d’éditions.M.Destrée
-
XIII Trilogy 1
- Par asbl-creabulles
- Le 27/11/2023
XIII Trilogy - Jones -1- Azur noir:
Scénario : YANN
Dessin : TADUC
Couleurs : Bruno TATTI et Angelina RODRIGUES
Décors : Erik JUSZEZAK
Dépot légal : Octobre 2023
Editeur : Dargaud
Format normal
ISBN : 9782505113614
Nombre de pages : 46Il y a eu XIII de Vance et Van Hamme qui continue d’une belle manière avec Jigounov et Sente.
Dans la BD d’action, il y a aussi Largo Winch évidemment.
Deux Best Sellers sans le moindre doute !
Il est temps de vous présenter le troisième : Jones dans la collection XIII Trilogy !
J’ai essayé les XIII Mystery, 2 ou 3, et je n’en ai gardé aucun. Ces récits alternatifs sur des personnages de la série mère n’avaient pour moi aucun intérêt.
Et le style de certains dessinateurs ne cadrait pas du tout.
Bluff commercial pour moi et pourtant de grandes pointures y ont participé même TaDuc
Mais ici, c’est tout différent. C’est du sérieux.
Yann a mis de côté ses tics et nous offre un scénario digne des meilleurs XIII.
Oui, Môssieur Van Hamme! (Je me permets ce ton car un jour lointain, lui apprenant que nous étions presque voisins de rue, il m’avait répondu : "Oui mais vous, vous habitez où passe le tram…").Première page, nous sommes dans une prison.
Les gardiens très attentifs observent l’écran de télévision où se déroulent les péripéties d’Apollo XIII .
Pendant ce temps, Marcus, le frère de Jones mène une évasion.
Page 5 (03), un avion de chasse atterrit.
Mais c’est elle, vraiment elle!
Jones!
Elle enlève son casque.
Elle est plus jeune mais déjà aussi jolie, la sous-lieutenant Jones.
D’autres personnages entrent en jeu, la charmante Lakota, pilote de chasse et McKaa l’instructeur, marqué par le Vietnam.
Page 9 (07) scènes de combats.
Les SPADS à l’exercice sous les ordres de Carrington.
Page 14 (12) Chinatown SAN FRANCISCO.
Des militants amérindiens se préparent à une action d’envergure.
La suite dans l’album…
Vous y verrez aussi Jones à l’exercice.
Exercice très dangereux…
Des flashbacks tirés de Little Jones pour mettre en évidence les liens qu’elle a avec son frère.
Vous apprendrez si Marcus a réussi son évasion…
Vous apprécierez le repas chargé de tension entre Jones et Oncle Ben (le Général Carrington)…
Et tant d’autres choses… des éléments déchaînés, de la romance…des personnages crédibles qui expriment leurs sentiments.
Et encore une fois, j’insiste mais vous retrouverez vraiment la Jones qui vous a enchanté dans XIII.
Yann a vraiment rencontré Jones avant ses aventures avec l’amnésique.
Il montre si bien sa force de caractère.TaDuc nous la montre si jolie, si vivante.
Il a affuté ses crayons pour atteindre la grâce du trait qui donne vie à cette si jolie créature féminine.
En effet, ils sont tous tangibles les anciens comme les nouveaux, tous ces personnages.
Tout de suite sympathiques ou antipathiques.
Olivier Taduc réussit un tour de force inouï aussi bien pour les ambiances, l’action, les engins que pour les traits humains qui expriment tant d’émotions.
L’agencement des cases et leur enchaînement est parfait.
J’aime moins les cases pleines pages ou hors cadre mais elles sont nécessaires à l’action et pas très nombreuses.
Oui, il s’est fait aider par Erik Juszezak pour le dessin des véhicules et des décors mais c’est seulement pour les pages 4, 5 et 6.
Cet album est superbe de maîtrise et de dextérité dans le dessin.
Toujours en progrès ! BRAVO !
Si vous aimez XIII.
Si vous aimez la très bonne BD d’action alors VOUS DEVEZ LIRE CETTE BD !!!
C’est un ordre !
Et vous ne le regretterez pas.M.Destrée
-
KATHLEEN 5 : Berlin 61
- Par asbl-creabulles
- Le 27/11/2023
Tome 5 . Berlin 61
Scénario : Patrick WEBER
Dessin : Baudouin DEVILLE
Couleurs : Bérengère MARQUEBREUCQ
Dépot légal : Novembre 2023
Editeur : Anspach
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-931105-19-1
Nombre de pages : 64Quand le premier récit de cette collection devenue série est paru, j’étais intrigué.
Le dessin précis, élégant aux couleurs agréables me plaisait mais quid du scénario ?
Je m’interrogeais également sur le nom des éditions : Editions Anspach.
Était-il lié à une des librairies du Boulevard ?
Puis pour un anniversaire, un ami m’offre Innovation 67.
Me voilà conquis.L’anniversaire suivant, Léopoldville 60 mais en N/B hélas. La couleur est trop indispensable pour rendre ce dessin plus vivant.
Un an plus tard, c’est-à-dire voilà trois semaines, je complète la collection et me délecte de sa lecture.
Déjà 5 volumes paraissant en dépit de l’ordre chronologique.
Ce sera très intéressant de les relire dans l’ordre.
Le 5e, présenté ici, se passe à Berlin pendant la construction du mur et est paru ce 2 novembre.
Kathleen la jolie hôtesse, personnage récurrent de la série, après avoir rencontré une jeune femme apeurée dans le train de retour de la Côte d’Azur
veut aller à Berlin pour comprendre qui est cette femme, pour l’aider peut-être…
Elle se servira de ses relations dont un inspecteur bien connu des lecteurs et aussi d’un diplomate aux traits de Paul Meurisse.
Mais sans le savoir, elle leur rendra aussi un immense service…
Sur fond d’espionnage, de guerre froide voilà Kathleen, femme moderne, libre, de nouveau amenée à jouer au détective dans des lieux, des villes d’une époque hélas disparue (qui doivent raviver des souvenirs pour les plus âgés) si parfaitement représentée par Baudouin Deville qui me semble plus à l’aise pour les matières que pour les personnages.
Mais ce n’est qu’un avis personnel.Les rencontres de Kathleen sont nombreuses et toutes intéressantes et amènent de la variété pour le lecteur.
Le suspense comme d’habitude est parfait.
Des éléments réels côtoient la fiction, ainsi le lecteur en lisant avec plaisir un beau récit enrichit sa culture historique.
Je ne peux pas vous quitter sans parler des amours de Kathleen.
Là aussi, c’est une femme forte, adepte du féminisme, très en avance sur son temps et les hommes qu’elle rencontre sont bien faibles devant son
déterminisme, son esprit lucide et son génie d’investigation.
Même les blonds aryens, les Roméo formés pour trouver leurs Juliette sont transparents devant son entrain et son esprit vif. (À découvrir pendant votre lecture )
Le dossier habituel et bienvenu du scénariste Patrick Weber apporte tous les éléments historiques et intéressants liés à l’album.M.Destrée
-
LA MAISON USHER
- Par asbl-creabulles
- Le 26/11/2023
La maison Usher
Scénario : Jean DUFAUX
Dessin : Jaime CALDERÓN
Couleurs : Jaime CALDERÓN
Adapté de La Chute de la Maison Usher par Edgar Allan POE
Dépot légal : 22 novembre 2023
Editeur :
Format : 25,6 x 34 x 1,4 cm
EAN/ISBN : 978-2-413-03818-4
Nombre de pages : 72Damon Price est joueur professionnel de poker. S’il adore le jeu, ces derniers temps la chance semble l'avoir abandonné. Battu à plate couture par King Leon en personne, il sait qu’il aura fort à faire pour s’en sortir. Cette fois, on dirait bien qu’il va devoir rembourser ses dettes. King Leon ne lui laisse que 24 heures pour trouver l'argent. Damon ne voit pas d’autre échappatoire que d’emprunter l’argent que Nina, sa petite amie qui travaille pour une certaine Madame Michelle, a mis de côté pour qu’ils puissent s’enfuir ensemble. Si Nina sensible à sa détresse accepte de l'aider, ses économies ne suffiront pas. Pour combler le manque, elle propose d’honorer un contrat avec M. Findler, un riche client de Madame Michelle… Soulagé et rassuré, Damon la quitte. À peine dehors, une berline noire tirée par deux chevaux surgit. Damon s’en approche mais dès qu’il ouvre la portière une puanteur épouvantable s’en dégage et il remarque comme des trainées de sang sur les parois du véhicule. Troublé par cette rencontre, Damon se dirige vers un troquet où un homme se disant écrivain l’interpelle, semblant connaître son avenir. Lorsque Damon se présente chez Madame Michelle pour voir Nina, il apprend qu’elle a subi les pires atrocités de la part de M. Findler. Se sentant désemparé, Damon pense trouver de l’aide auprès d’Olaf Fergusson, le prêteur sur gages. Mais dans sa boutique, il retrouve cette même odeur nauséabonde jusqu’au moment où il découvre le cadavre d’Olaf. Et en sortant, il tombe sur King Leon et ses hommes. Sa seule issue est de fuir mais soudain la berline qu’il avait croisée auparavant surgit à point nommé. Le cocher l’invite à monter. L’odeur putride est toujours bien présente. Avec Damon pour seul passager, la berline va poursuivre son chemin pendant deux jours… le menant tout droit à la Maison Usher alors qu’il est bien loin d’imaginer les horreurs qui l'attendent.
Mon avis: Il fallait oser adapter en BD l’une des plus célèbres nouvelles d'Edgar Allan Poe. Jean Dufaux se l'est parfaitement appropriée.
La première chose que l'on ressent en lisant cet album, c'est la tension qui s’installe dès les premières pages, une certaine mélancolie et qui s’intensifie avec l’arrivée de cette berline noire. Ensuite, l’impressionnante Maison Usher, sorte de manoir sombre et sinistre, semble nous observer et installe une pression constante. L’atmosphère est oppressante. À l'intérieur ce sera encore pire !
Adaptant le texte d’Allan Poe, Jean Dufaux procède à quelques aménagements dont il a le secret. Poe fait partie du récit en la personne de cet écrivain, de cette histoire, qui nous raconte tout ce qui arrive à Damon comme une fatalité. Dufaux ajoute également une touche d’action imprévue avec King Leon et ses hommes.
Le mélange du fantastique avec l’horrifique fonctionne et la maison omniprésente en devient un acteur à part entière.La deuxième chose qui frappe à la lecture de l’album, c'est la symbiose qui existe entre le récit de Jean Dufaux et le dessin extraordinaire de Jaime Calderón.
Connaissant le dessin fouillé jusqu’au moindre détail de Jaime Calderón, je pensais être ralenti dans ma lecture. Pas du tout. Au contraire, c’est d’une fluidité déconcertante, on vit le récit, on ressent chaque émotion, chaque peur à chaque page, à chaque instant.
Les deux narrations, tant écrite que visuelle, sont étroitement mêlées. C'est exceptionnel.
Cela faisait longtemps que je n'avais plus ressenti un tel effet. Cela remonte aux épisodes des Uncanny X-Men magnifiquement écrits et dessinés par Chris Claremont et John Byrne. J'espère que d'autres lecteurs auront ce même sentiment de narration quasi parfaite !
Encore une fois le dessin de Jaime Calderon est d'une beauté rare. Une beauté sombre, inquiétante dès la couverture. Devant la silhouette d’une maison plongée dans la pénombre, à peine éclairée par un rayon de lune, une femme descend un escalier en tenant un chandelier qui projette son ombre fantomatique sur le mur/la façade. On est bien dans l'épouvante, l'horrifique comme le confirme la vision de la maison dès la première page. Ensuite, chaque case est un tableau qui transmet son lot d'émotions et de surprises.
Le récit se poursuit largement agrémenté d’ellipses qui assurent une lecture visuelle des plus fluides.Jaime Calderón comme à son habitude a travaillé chaque détail avec soin et minutie mais cette fois il a volontairement conservé la majeure partie de son trait de crayon et de ses ombrages.
Maîtrisant (enfin) son travail du début à la fin, il a lui-même réalisé la mise en couleurs par ordinateur sans écraser ses propres crayonnés mais en leur donnant encore plus de volume, de clarté, de lumière même dans les cases les plus sombres.[NB : Un tirage de tête N&B en nombre très limité au format 40x30 cm et sans les bulles de texte, avec couverture inédite et suppléments a été réalisé par Les Corsaires de la BD qui permet d’apprécier à sa juste valeur la performance graphique que constitue le travail de Jaime.]
L’album est enrichi du texte de la traduction originale de Charles Baudelaire de la nouvelle La Chute de la Maison Usher d'Edgar Allan Poe agrémenté d’illustrations de Jaime Calderón au crayon.
Un bijou !
SDJuan
-
GUNMEN OF THE WEST
- Par asbl-creabulles
- Le 20/11/2023
Scénario : Tiburce OGER,
Dessin : Dominique BERTAIL, Benjamin BLASCO-MARTINEZ, Stefano CARLONI, Jef & Nicolas DUMONTHEUIL, Eric HÉRENGUEL, Laurent HIRN, Paul GASTINE, Hugues LABIANO, Félix MEYNET, Christian ROSSI, Ronan, TOULHOAT, Olivier VATINE
Couleurs : Emilie BEAUD, Dominique BERTAIL, Stefano CARLONI, Laurent HIRN, Paul GASTINE, JEF, Jérôme MAFFRE, Jack MANINI, Isabelle MERLET, Félix MEYNET, Christian ROSSI, Jean-Jacques ROUGER, Olivier VATINE
Couverture : Laurent HIRN
Dépot légal : Novembre 2023
Editeur : Bamboo Édition
Collection : Grand Angle
Grand format 244 x 320 mm
EAN/ISBN :979-10-41103-98-0
Nombre de pages : 112Un jeune homme dissimulant le bas de son visage sous un foulard pénètre dans une armurerie pour la dévaliser. Gardant son calme, l’armurier n’hésite pas à l’interpeller en lui déclarant que rien ne vaut la peine de braquer quelqu’un. Il entreprend alors de lui raconter l’histoire des armes présentées dans ses vitrines, de lui dire à quels hors-la-loi elles ont appartenu et de quels crimes, tueries ou massacres elles ont été responsables, autant de témoignages de l’histoire violente et sans pitié de l’Ouest. Par exemple, ce fusil Kentucky à silex propriété des sanguinaires frères Harpe ou ce Colt 1851 ayant appartenu au célèbre bandit californien Tiburcio Vasquez condamné et exécuté en mars 1875… Au fil du récit, l’armurier devenu notre "conteur" va réussir à s’attirer la confiance du jeune voyou et le remettre dans le droit chemin.
Mon avis : Après Go West Young Man en 2021, Indians en 2022, Tiburce Oger que l’on sait connaisseur et amoureux du Far West et du genre western nous propose Gun Men of the West couvrant la période 1799-1916. Ce troisième album sur l’Ouest américain composé de plusieurs histoires dessinées par autant d’auteurs se développe selon une même trame, une sorte de fil conducteur pour chaque album, une montre passant de main en main dans le premier, un aigle survolant les terres indiennes dans le deuxième et, cette fois, en guise de point commun les armes utilisées par des hors-la-loi animés par la violence, la révolte ou la vengeance. Quoi de mieux pour nous conter toutes ces histoires qu’un armurier ! Excellente idée de Tiburce Oger. Un album très riche et captivant, abondement documenté autour d’une douzaine de récits durs et violents, sans transition, basés sur des faits réels.
Tous reflètent bien ce qu’était la vie à l’époque du vrai Far West, avec un danger pouvant surgir à tout moment et de n’importe où et une impunité ou quasi-impunité de tous ces bandits et criminels tant qu’ils échappaient à la justice ou qu’ils n’hésitaient pas à en abattre les représentants.
Une belle collection de récits courts, peut-être trop courts pour certains, qui en tout cas s’inscrivent bien dans l’esprit recherché.Côté dessin, Tiburce Oger s’est entouré de dessinateurs de talent pour illustrer ses récits depuis le premier tome.
Des virtuoses qui se sont déjà frottés au genre western comme Rossi, Bertail, Labiano, Meyer, Meynet, Herenguel, Blasco-Martinez, Vatine, Dumontheuil, etc. mais aussi la belle surprise d’y trouver depuis le tome 2 un certain Laurent Hirn (à qui l’on doit la couverture) mais aussi pour ce nouvel album Stefano Carloni, autant de dessinateurs qui sont des champions de la narration visuelle et de la mise en scène cinématographique.
Un très bon choix une fois encore d’illustrateurs ayant pour la plupart réalisé eux-mêmes la mise en couleurs de ces 11 portraits de hors-la-loi.
Les trois albums de la série sont déjà, pour moi, des incontournables de la BD.En fin d'album : 4 pages de portraits et d'archives. À noter qu'il existe deux autres versions de cet album, la première de luxe N&B avec une couverture de Gastine et la seconde avec une couverture variante de Toulhoat en exclusivité Fnac.
SDJuan
-
COMPLAINTE DES LANDES PERDUES - CYCLE 4 - T3
- Par asbl-creabulles
- Le 19/11/2023
Tome 3 . La folie Seamus
Scénario : Jean DUFAUX
Dessin : Paul TENG
Couleurs : Bérengère MARQUEBREUCQ
Dépot légal : Octobre 2023
Editeur :
Cycle 4 - Les Sudenne
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-505-11360-7
Nombre de pages : 56J’ai déjà écrit ici tout le bien que je pensais du cycle Les Sudenne dessiné par Teng pour La Complainte des Landes perdues scénarisée par Dufaux.
Ce n’est pas ce 3e volume qui va me faire changer d’avis.
Tout y est parfait.
Les traits si purs, si attirants d’Aylissa ou de Sioban.
La force de leurs regards, leurs yeux véhiculant tant d’émotions diverses.
Les ambiances sombres.
Les couleurs et les éclairages de Bérengère Marquebreucq.
Les éléments fantastiques.Une arme terrible, le Fitchell aux ordres du mental d’Aylissa.
Elle a envoûté Seamus mais ça ne suffit pas.
Elle veut la mort de ce Chevalier du Pardon.
Sioban parviendra-t-elle à le sauver?
L’aide du Cryblood annihilera-t-elle la Magie Noire utilisée par Aylissa?
Teng est vraiment à l’aise dans cet univers.
Son dessin a tellement de force dans les scènes inquiétantes nimbées de magie térébrante, dans les scènes d’action.
Comme pour les traits et les positions des personnages qui vivent, souffrent, espèrent… devant nos yeux.
M.Destrée
-
Astérix - L’iris blanc
- Par asbl-creabulles
- Le 19/11/2023
Tome 40 - L'Iris blanc
Scénario : FABCARO
Dessin : Didier CONRAD
Couleurs : Thierry MEBARKY
Dépot légal : 26 octobre 2023
Editeur : Hachette
Format normal 228 x 294
EAN/ISBN : 978-2-01-400133-4
Nombre de pages : 48Comme tous les deux ans désormais semble-t-il, le nouvel album des aventures d’Astérix, "L’iris blanc", vient de sortir, toujours avec Didier Conrad aux dessins, mais cette fois, après 5 albums, Jean-Yves Ferri cède la place à Fabcaro au scénario. Fabcaro, c’est un peu le touche à tout de la culture, à la fois scénariste de BD, auteur de romans, musicien et même illustrateur de jeux de société. Pas forcément celui qu’on attendait pour prendre en charge les tribulations du petit gaulois et de son village. Il s’en tire cependant relativement mieux et aurait même tendance à rehausser le niveau général de la série. Mais nous y reviendrons.
Alerte à Rome ! Les légions de César n’ont plus de motivation pour combattre, en particulier les irréductibles ! César ne sait plus à quel saint se vouer. Intervient alors le médecin-chef des armées, Vicévertus, qui prône la méthode de l’iris blanc, censée lutter contre le négativisme ambiant à grands coups de maximes et de sentences, et en favorisant le bien-être personnel. Mal convaincu, César donne sa chance à son médecin en l’envoyant au camp de Babaorum, pour soumettre le village gaulois. L’entreprise semble sur le point de réussir, les gaulois prompts à se battre se laissent mollir, ils trouvent même des circonstances atténuantes à Assurancetourix le barde. Il trouve en particulier une oreille attentive en la personne de Bonnemine, la femme du chef. Heureusement, Astérix veille au grain… Un peu comme dans le Devin ou la Zizanie, l’Iris Blanc met en scène une forme de péril pour le village gaulois, un péril intérieur venu de l’extérieur. Mais ici, ce n’est pas la bagarre qui fait loi, plutôt la pensée positive. Vicevertus, bien plus malin et sympathique que celui dont il est inspiré, BHL, montre aussi les limites de son enseignement.
Didier Conrad est parfaitement à l’aise dans la reprise des personnages au point qu’il devient difficile désormais de faire la différence entre ses traits et ceux du Maître Uderzo. À noter cependant que son César m’a semblé un peu différent des précédents, les traits plus ascétiques, un petit quelque chose en moins ou en plus.
Nouveau venu dans l’univers des Gaulois, Fabcaro s’en tire admirablement malgré un cahier des charges que l’on imagine très lourd au vu de cette BD au tirage gargantuesque, 5 millions d’exemplaires. On y trouve donc quelques scènes savoureuses, comme cette Société Nouvelle des Chars et du Foin, toujours en retard de plusieurs sabliers en raison d’incidents sur la voie, la clarinette et le charri’lib, clin d’oeil au vélib, le musée de Kébranlix, le pot-pourri des chansons d’Assurancetourix, mais aussi quelques citations cinématographiques ou politiques qui ont fait date, comme les sesterces de dingue (un pognon de dingue), on ne peut pas tremper mille fois mille personnes (clin d’oeil à la Cité de la peur), Que la force soit avec vous, et l’esprit sain dans un porcin… Il y en a bien d’autres à découvrir. Une des scènes les plus savoureuses reste sans doute celle où les sangliers deviennent eux aussi adeptes de la pensée positive et se comportent comme des chats devant Obélix au point que celui-ci en perd presque le goût de la chasse, ou les Romains qui se félicitent presque de se faire taper dessus. Depuis le combat des chefs, on n’avait également pas vu Abraracourcix prendre une telle place dans un album. La conclusion reviendra à Panoramix qui, sans condamner la méthode, pense qu’elle conviendra peut-être aux générations futures…
L’Iris Blanc se referme avec la satisfaction d’avoir pu lire un bon album d’Astérix, une histoire originale, qui sort un peu des classiques sans vouloir diminuer le mérite de Ferri. Fabacro réussit son entrée en jouant parfaitement sur les thèmes imposés et en y apportant une touche personnelle dans la réflexion et la modernité. Quatre ans après la mort d’Uderzo, et 46 ans après celle de Goscinny, Astérix n’a donc pas dit son dernier mot.
Richard Colombo