Créabulles, Expositions, Dédicaces, Rencontres.

Chroniques

Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture. 

  • CONAN LE CIMMÉRIEN 9

    Conan le cimmerien 9Tome 9 : Les mangeurs d'hommes de Zamboula
    Scénario : GESS
    Dessin : GESS
    Couleurs : GESS
    Adaptation de: Robert E. Howard
    Cahier explicatif de:  : Patrice Louinet
    Dépot légal : Mars 2020
    Editeur : 
    Editions glenat logo
    ISBN : 978-2-344-03345-6​
    Nombre de pages : 60

    Zamboula, aux confins du désert. Conan a trouvé une chambre à l’auberge d’Aram Baskh. La riche et réputée cité fondée par les Stygiens est désormais aux mains des Hyrkaniens du royaume de Turan et gouvernée par le satrape Jungir Khan manipulé, dit-on, par sa maîtresse Nafertari. La cité qui affiche une longue tradition marchande est fréquentée par de nombreux étrangers venus acheter ou vendre des marchandises, se reposer, s’amuser, boire et … profiter des filles. Un vieil homme met en garde Conan sur la disparition de voyageurs dans l’auberge d’Aram Baksh, en réalité le piège d’un démon: des voyageurs y seraient enlevés durant la nuit et conduits dans le désert en un lieu peuplé d’autres créatures démoniaques. Et de fait, cette nuit-là, le guerrier cimmérien est confronté à une créature qui s’est introduite dans sa chambre. L’ayant transpercée de son épée, Conan découvre qu’il s’agit d’un esclave cannibale du Darfar aux dents pointues. Alors qu’il se met en quête d’Aram Baksh pour en découdre directement avec lui, il entend les cris d’une femme sur laquelle s’acharnent trois autres monstres qui, à leur tour, vont périr transpercés par son épée. A peine sauvée, la femme demande à Conan de l’aider à sauver son mari que le grand prêtre Totrasmek d’Hanuman a ensorcelé avec du poison. Elle lui promet de s’offrir à lui s’il tue le prêtre. Conan accepte.Conan le cimmerien 9 plancheMon avis: Même si Howard confie lui-même que cette nouvelle a été un complément à but alimentaire et qu’il a cédé aux sirènes commerciales en intégrant une femme entièrement dévêtue pour être publié dans la revue Weird Tales, l’histoire n’en demeure pas moins captivante dans le genre et constitue un agréable moment de lecture. D’autant que l’adaptation qu’en fait Gess est bien pensée et préserve tout à fait l’esprit du personnage. Les mangeurs d’homme côtoient cette femme intrigante qui use de ses charmes pour manipuler Conan tout au long d’un récit dynamique, riche en rebondissements et bien rythmé par des scènes d’action spectaculaires et quelques surprises. Conan le cimmerien 9 planche autreAuteur complet, Gess (Carmen McCallum, L’Œil de la nuit, La Brigade chimérique, etc.) nous régale de superbes illustrations. Le soin apporté au cadre, aux décors, aux combats et au côté héroic-fantasy est saisissant, le tout est souligné par une mise en couleurs audacieuse dans des tonalités monochromes mettant bien son trait, plus nerveux qu'à son habitude, en valeur. A noter en fin d’album un cahier bonus de 12 pages (réservé à la première édition) comprenant une notice documentaire, deux planches (noir et blanc et couleurs) montrant le travail de Gess, et une galerie d’illustrations hommage signées Sylvain Ferret, Boris Beuzelin, Stéphane Brangier, Lionel Marty, Benoît Blary et Danijel Zezelj.

    SDJuan

  • EN FALSH

    En falshScénario : OZ
    Dessin : Bastien SANCHEZ
    Couleurs : N&B
    Dépot légal : Mars 2020
    Editeur : 
    Delcourt
    ISBN : 978-2-7560-7985-1​
    Nombre de pages : 152

    Banlieue parisienne. Pour les filles, la vie n’est pas évidente dans certains quartiers. À tout moment, elles peuvent se faire siffler, insulter voire molester par des garçons qui traînent dans la rue. Et justement, Sam est très énervé depuis que sa copine a été sifflée. Les coups vont pleuvoir mais lui aussi risque gros. De son côté, Modi poursuit ses études en sciences politiques tout en s’efforçant avec son ami Gregory de contrôler ses activités dans le quartier. Sauf que son frère Youssouf est le premier à empiéter sur ses affaires en dealant sa came à quelques blocs de là… Quant à Samir, entre deux petits boulots il enregistre des morceaux de rap et aimerait bien faire des clips. Adélaïde, de son côté, rêve de changer les choses dans le quartier par le biais de la politique… C'est ça la vie dans la banlieue. Ça grouille d'activités de toutes sortes, officielles, officieuses, souterraines, etc. qui toutes se côtoient, se croisent et parfois s'entrechoquent.En falsh 1 plancheMon avis: Belle immersion dans la banlieue avec tous ses dangers, ses trafics, ses codes, son langage parlé et corporel et ses relations avec le "système". Le scénariste Patrick Wong, alias Oz, l’a bien connue et peut ainsi nous fait vivre de l'intérieur cette vie communautaire de quartier, de groupe, mais aussi de jeunes isolés ainsi que leurs rapports avec le monde politique qui semble les oublier et ne se manifester çà et là que pendant les périodes électorales. Le récit s’apparente à une docufiction nous expliquant le fonctionnement des classes sociales et la hiérarchie des trafics de drogue notamment l’importance du rôle de chacun. Si le vocabulaire des jeunes de banlieue avec ses expressions si particulières peut parfois déconcerter, le verlan est plus facile à déchiffrer avec un petit effort. Le tout donne un récit tout à fait crédible et plutôt impressionnant dans lequel les personnages sonnent juste. Après un premier tome consacré au trafic de drogue et la présentation des personnages, le deuxième sera consacré aux habitants des immeubles, le troisième au système judiciaire, le quatrième au milieu hospitalier et le cinquième à l'éducation. Vous l'aurez compris, tel un journaliste de terrain, Oz a entrepris cette étude sociologique visant à nous présenter tous les niveaux sociaux d’une banlieue dont les habitants sont condamnés à se débrouiller avec les moyens du bord. En falsh 1 planche autre

    Au dessin, Bastien Sanchez utilise un trait réaliste et fin qui va à l’essentiel. Il restitue parfaitement l’ambiance et les moments de calme, de tension ou de rage. On apprécie la crédibilité des situations illustrées, les rivalités, les bagarres bien sûr, mais aussi les longues périodes d’attente dans les escaliers, le tout donnant à l’ensemble un dynamisme bienvenu, que renforce encore l’utilisation de plans et cadrages variés, dont certains viennent accentuer les tensions à point nommé, mais aussi du noir et blanc et de toutes les nuances de gris qui collent parfaitement à des banlieues parfois sombres et inquiétantes. La lecture de ce premier tome tout à fait prometteur est très agréable et attise notre curiosité. A suivre donc.

    SDJuan

  • RENCONTRES MALÉFIQUES

    Rencontres malefiquesScénario : Mike MIGNOLA & Warwick JOHNSON-CADWELL
    Dessin : Warwick JOHNSON-CADWELL
    Couleurs : Warwick JOHNSON-CADWELL
    Dépot légal : Mars 2020
    Collection : Contrebande
    Editeur : 
    Delcourt
    ISBN : 978-2-413-01022-7​
    Nombre de planches : 144

    Au village de Brudka, quelque part en Roumanie entre les Carpates et la Mer Noire, le professeur J. T. Meinhardt et son assistant M. Knox sont surpris en pleine nuit par un vampire. Cela n'arrange pas du tout leurs affaires car ils étaient venus dans l'espoir de lancer une attaque surprise sur les vampires lors de la fête de Walpurgis – la nuit du diable – afin d’en tuer un maximum. Malgré tout, ils décident de s'y rendre mais auparavant ils prennent contact avec M. Higgins qui a perdu son épouse, devenue vampire elle aussi. M. Higgins constitue un atout majeur et leur sera d’un grand soutien contre les vampires puisque c'est un loup-garou. Dans le récit suivant, nos deux associés sont à la recherche de Kurtz, le duc oublié. Cela fait bientôt 400 ans qu'il ne fait plus parler de lui, mais le professeur Meinhardt et M. Knox sont persuadés qu'un être aussi sanguinaire qui semait le chaos et la destruction et allait même jusqu'à tuer ses propres hommes après avoir massacré tous ses ennemis, est bel et bien vivant. Enfin, dans les premières pages d’un troisième récit (à suivre), outre les vampires, nos deux chasseurs vont apprendre qu’ils doivent aussi se méfier de bien d’autres monstres tout aussi terrifiants.Rencontres malefiques page 6Mon avis: Voici un album de récits de l'étrange et du surnaturel comme Mike Mignola sait si bien nous les conter seul ("Monsieur Higgins rentre au bercail") ou avec la complicité du britannique Warwick Johnson-Cadwell au scénario de "Nos rencontres avec le mal" et "Siegfried" (et également au dessin de l’ensemble des histoires). Si tous les ingrédients du genre sont bien là, vampires, loup-garous, monstres hybrides, etc., on apprécie l’humour présent tout au long des aventures de nos deux chasseurs de monstres si atypiques, souvent audacieux et parfois même téméraires mais en tout cas toujours déterminés. Les récits bien construits et riches en surprises et rebondissements constituent un agréable moment de lecture dans un coin sombre à la seule lueur d'une bougie pour avoir un maximum d'effet… Mdr ! Rencontres malefiques autre pageAu dessin, Warwick Johnson-Cadwell se démarque du style habituel des illustrateurs US de Mignola en apportant sa touche. On est plus proche de l’univers BD franco-belge, du moins du style fortement typé et minimaliste de Lewis Trondheim, Christophe Blain ou Manu Larcenet par exemple, ce qui n’est pas du tout dérangeant. Au contraire, cela s’accorde bien avec la nature des aventures. Les héros sont du coup très charismatiques. En mélangeant des scènes drôles et violentes, il ne déroge pas à la règle du genre fantastique que Mignola sait si bien raconter. Des cases claires, un dessin énergique, un bon choix de couleurs servent parfaitement ces récits de monstres et de vampires en tous genres. A noter à la fin de cet album proposé au format comics un carnet de croquis annotés par W. Johnson-Cadwell.

    SDJuan

  • LE DRAGON NE DORT JAMAIS

    Dragon ne dort jamais leScénario : Vojtech MASEK et Dzian BABAN 
    Dessin : Jiri GRUS
    Couleurs : Jiri GRUS
    Dépot légal : Mars 2020
    Editeur : 
    Casterman 1
    ISBN : 978-2-203-19909-5
    Nombre de pages : 152

    Quelque part en Bohême, au début du 11e siècle. Pavel et Mikulas, tous deux serfs au service du chevalier Albrecht Trautenbergu, ont reçu pour mission de trouver une nouvelle carrière de pierres. Mais force est de constater qu’ils rentrent bredouilles. Sur la route du retour, Pavel affamé préfère pêcher la truite et passer la nuit dans les bois. Au matin, il aperçoit une jeune fille jouant de la flûte et se lance à sa poursuite. Alerté par les cris de Pavel, Mikulas se jette à sa poursuite et le rattrape in extremis, l’empêchant de tomber dans un ravin au moment où la jeune fille, qui s’est transformée en corbeau, prend son envol. Alors qu’ils constatent que ce ravin est précisément l’endroit rêvé pour extraire de la pierre, un dragon surgit pour les attaquer. Leur seule issue est de prendre leurs jambes à leur cou. En route vers la tour où réside le chevalier Albrecht, ils s’interrogent sur l’apparition de cette jeune fille. Un piège pour faire tomber Pavel dans le ravin ? Pour le moment, ils racontent leur aventure à messire Albrecht et, surtout, lui laissent le soin de décider ce qu'il y a de mieux à faire: chasser le dragon pour exploiter la carrière ou chercher un autre lieu d'extraction de pierres. Dragon ne dort jamais le plancheMon avis: Aux commandes de cet album, trois artistes tchèques qui travaillent chacun dans d'autres domaines artistiques: la peinture pour le dessinateur Jiri Grus ; l’écriture, la musique et la réalisation pour le scénariste Dzian Baban ; quant au second scénariste, Vojtech Masek, il est aussi écrivain et a collaboré à différentes performances théâtrales. A eux trois, ils nous entraînent dans un récit médiéval fantastique de toute beauté. On se laisse porter par l'aventure que vivent les différents personnages à la fois touchants et drôles par leurs tempéraments et leurs contradictions. On admire la bravoure des uns et le désir des plus petits de quitter leur statut de simple serf pour enfin vivre décemment et profiter de la vie. Ils sont prêts à mentir, à se trahir mais au final prêts aussi à mourir pour atteindre leur but. Quant au valeureux chevalier pourfendeur de gens malhonnêtes, c'est une tout autre histoire… Dragon ne dort jamais le planche suiteLes illustrations à l’aquarelle de Jiri Grus restituent bien l’atmosphère étrange et magique du récit grâce à l’emploi de couleurs chaudes mêlant le rouge, l’orange et le jaune, atmosphère que l’auteur souligne aussi en utilisant des plans larges pour les paysages, en accentuant parfois les traits des personnages et en insérant des illustrations symboliques (la scène du repas à la page 39, la sorcière à la page 125 ou le dragon à la page 137). Certaines pages pourraient faire office d'illustrations à elles toutes seules. L’emploi de cases et cadrages de différentes tailles sert parfaitement le rythme de cette aventure originale. Très belle surprise que cet album au format à l’italienne, visuellement réussi et animé d’une belle énergie.

    SDJuan

  • WEST LEGENDS

    West legends 2Coup de coeur 1Tome 2 - Billy The Kid, The Lincoln County War
    Scénario : Christophe BEC
    Dessin : Emmanuela NEGRIN, Lucio LEONI
    Couleurs : NANJAN J.
    Dépot légal : Mars 2020
    Editeur : 
    Soleil
    ISBN : 978-2-302-08168-0​
    Nombre de planches : 70

    Nouveau-Mexique, fin de l’hiver 1878. Buckshot Roberts arrive enfin à Blazer’s Mille en bordure de la Tularosa Creek pour le passage de la diligence postale. Il compte bien récupérer le chèque de la vente de son ranch même si les "Regulators" aux ordres de Tunstall et McSween sont à ses trousses puisqu’il est accusé d’un meurtre dont il se dit innocent. Accueilli chez son ami Blazer pour la nuit, il se met en route à l’aube comme promis mais en apercevant la diligence décide de revenir en ville. Sauf que les Regulators y sont déjà. L’affrontement s’annonce violent. Fin tireur, Buckshot en tue la moitié malgré la présence parmi eux de William Bonney dit "the Kid", réputé impétueux et doué mais surtout as de la gâchette. La tuerie pousse les Regulators survivants à réclamer une trêve pour enterrer leurs morts avant de quitter Blazer’s Mille. Buckshot accepte mais, gravement blessé lors de la fusillade, décède dans la nuit. Pour le Kid, les choses ne vont pas s’arrêter là car il est bien décidé à venger Tunstall, celui-là même qui lui avait fait confiance en le recrutant parmi les Regulators. Ce sont les hommes de la "Maison" – la faction rivale des Regulators – dirigée par Murphy et Dolan, qui l’ont abattu peu de temps auparavant. Désormais, c’est dans les rues de Lincoln que la guerre entre les deux factions va avoir lieu et même l’armée va devoir choisir son camp. West legends page 1Mon avis: Rappelons que la série West Legends est prévue en six récits complets dont voici le deuxième, après un premier album consacré à Wyatt Earp’s réalisé par Olivier Peru au scénario et Giovanni Lorusso au dessin. Avec Billy The Kid, Christophe Bec nous régale d’un western dans la plus pure tradition du genre: cavaliers, cow-boys, chasseurs de primes, pistoleros, shérif aux ordres des puissants, courses poursuites, règlements de comptes, carabines Winchester, Armée des Confédérés, saloon … bref tout y est et les Indiens ne sont pas loin même si on ne les voit pas. C’est dans ce pur décor de Far West qu’évolue un certain Billy The Kid tout au long d’un récit qui s’attarde sur une période essentielle de sa courte vie. Les flashes-back utilisés pour mettre en place les personnages et développer leur caractère déroutent un peu au début mais on s’y fait très vite et l’aventure devient captivante à souhait. Christophe Bec souligne ainsi combien chaque décision que prend ou chaque choix que fait chacun des personnages va influer sur sa (sur)vie et celles des autres. Précisément, le jeune Billy à qui la chance sourit, prend de plus en plus de décisions opportunes qui vont progressivement porter leurs fruits et en faire le personnage de légende que l’on connaît.West legends page autreLes dessins réalistes riches et détaillés de Lucio Leoni et Emanuela Negrin sont époustouflants en particulier pour tous ceux qui aiment le genre: des pages et des cases pleines de personnages, cavaliers, cow-boys hauts en couleurs, mais aussi de décors gigantesques et typiques de l’Ouest américain, au point d’avoir le tournis. La mise en couleurs de J. Nanjan est du plus bel effet, à l’exception peut-être de quelques cases un rien trop foncées.

    Ce deuxième tome d’une série de six consacrée à des personnages de légende du Far West constitue réellement une lecture passionnante.

    SDJuan

  • QUATORZE JUILLET

    Quatorze juilletScénario : Martin QUENEHEN & Bastien VIVÈS
    Dessin : Bastien VIVÈS
    Couleurs : N&B
    Préface : Guy VANTHEMESCHE
    Dépot légal : mars 2020
    Editeur : 
    Casterman 1
    ISBN : 978-2-203-19683-4
    Nombre de pages : 246

    En poste dans un village près de Grenoble, Jimmy Girard est un jeune gendarme qui continue à suivre des cours pour devenir officier. Il vient de perdre son père. Lors d'un banal contrôle routier, il arrête Vincent, accompagné de sa fille Lisa, pour excès de vitesse. Le lendemain, il décide d’aller faire un tour à Poncharette suite à des rumeurs d’existence d’une plantation de cannabis. En arrivant sur les lieux, il voit surgir un cheval monté à cru par une fille. Ayant eu le temps de reconnaître la fille de Vincent, il les convoque tous les deux au poste de gendarmerie pour élucider l’affaire. C’est là qu’il apprend que l’épouse de Vincent et mère de Lisa fait partie des victimes de l'attentat du Leroy-Merlin survenu à Paris. Quelque chose se produit entre Jimmy et cette famille éplorée. Il tient absolument à les aider à remonter la pente mais pas seulement.Quatorze juillet plancheMon avis: Par le biais des rapports entre un jeune gendarme qui vient de perdre son père et ces parisiens qui ont perdu une épouse et mère lors d’un attentat à Paris, le récit pensé par Martin Quenehen et Bastien Vivès est humainement interpellant car la douleur ne laisse pas indifférent. Si les relations entre les héros vont s’entremêler sans pour autant être sur la même longueur d’onde, les questions de fond que soulève leur histoire vont bien au-delà d’une simple douleur puisque le récit aborde des sujets aussi graves que le racisme, le terrorisme, la vengeance en nous forçant à prendre position. Quatorze juillet planche parisiensL’ensemble se déroule comme un polar réussi qui ne cesse de nous surprendre et dont la fin en surprendra plus d’un. Les dessins noir et blanc de Bastien Vives restituent parfaitement l’ambiance sombre, inquiétante, presque morbide qui se dégage du récit. Les visages sans yeux dans plusieurs cases sont parfois déroutants.  Si le trait est sobre, on suit bien chaque personnage notamment dans son approche des moments les plus difficiles car Vivès réussit parfaitement à rendre les émotions et les réactions de chacun. L'ambiance est parfaitement rendue.

    Un très bon moment de lecture. 

    SDJuan

  • JULIE DOOHAN

    Julie doohanTome 1 - Spirit of Bourbon
    Scénario : Thierry CAILLETEAU
    Dessin : Luc BRAHY
    Couleurs : Simon CHAMPELOVIER
    Dépot légal : Mars 2020
    Editeur : 
    Delcourt
    ISBN : 978-2-7560-9494-6​
    Nombre de planches : 48

    Virginie, 1922. Ancien boxeur d’exception surnommé "scarecrow" (l’épouvantail), l’irlandais Doyle Doohan s’est reconverti en "bootlegger" (contrebandier d’alcool). Ce matin-là, il ne s’attendait pas à recevoir la visite des hommes d’un certain Mozza, de la mafia italienne de New York, qui s’est récemment installé dans la région. Mojo, son employé d’origine indienne qu’il considère comme son fils, part aussitôt chercher de l’aide auprès des autres irlandais. Mais il est déjà trop tard, Mojo entend des coups de feu et une forte explosion. Doyle vient d’être assassiné et sa grange détruite. Venue à Stanwood pour les obsèques, sa fille Julie qui vient de terminer son année universitaire, fait la connaissance d’une communauté qui a toujours apprécié son père car, grâce à lui, l’argent de la vente d’alcool a permis d’améliorer les conditions de vie de beaucoup de personnes. Elle retrouve même son ancien petit ami Woody devenu l’adjoint du Shérif. Rapidement, elle décide de reprendre l’activité de son père pour fournir les "speakeasies" (bars secrets) de M. Rourke mais avant toute chose elle veut venger la mort d’un père lâchement assassiné. Julie doohan plancheMon avis: Ce premier tome est une belle surprise. Thierry Cailletau n’y va pas par quatre chemins au point de nous donner l’impression qu’il s’agit d’un one shot. Et en effet les événements s’enchaînent rapidement et tout se met en place jusqu’à un dénouement que l’on découvre avec un certain étonnement. Ce n’est d’ailleurs pas plus mal à condition que le deuxième tome offre une suite à la hauteur peut-être en exploitant la rivalité avec les cousins de Julie. Sur le fond, l’histoire est le prétexte à nous montrer qu’au plan local nombreux sont ceux, y compris parmi les autorités, qui sont prêts à fermer les yeux sur des activités prohibées du moment qu’elles profitent à toute la communauté et combien ce genre de communauté peut se révéler inhospitalière et repliée sur soi. A suivre donc.Julie doohan planche autre Les dessins de Luc Brahy nous gâte en respectant bien les codes du western pour les décors et ambiances, chevaux, saloon, prison, colts et fusils et de nombreuses scènes d’action qui rythment l’intrigue. A noter également plusieurs belles voitures d’époque. Les couleurs de Champelovier rendent bien l'ambiance et offrent une belle énergie à l'ensemble.

    SDJuan

  • ROXELANE la Joyeuse

    Roxelane la joyeuse 1Volume 1
    Scénario : Virginie GREINER
    Dessin : Olivier ROMAN
    Couleurs : Filippo RIZZU
    Dépot légal : Janvier 2020
    Collection : Histoire et Histoire
    Editeur : 
    Delcourt
    ISBN : 978-2-413-01030-2
    Nombre de planches : 56

    Istanbul, harem du grand sérail, novembre 1520. Venant de Manisa accompagnée du prince Mustafa, la sultane hasséki Gulbahar, favorite du Padichah, autrement dit le sultan Soliman, Lumière d'Allah, arrive au Palais Topkapi. C'est validé sultane, la mère du Padichah qui, en tant que responsable du harem, orchestre de main de maître la cérémonie d’accueil afin que tout soit parfait pour la recevoir. Toutes les femmes du harem que dirige la grande gouvernante Dayé Hatoum sont présentes. Parmi ces beautés, Roxelane se fait remarquer par son rire peu discret mais si agréable à entendre offrant ainsi la joie et la bonne humeur autour d'elle. Pleine d'ambition, cette ancienne esclave ukrainienne s’efforce de lire et lire encore pour s'instruire, distraire et plaire au Padichah afin de gravir les échelons et, qui sait, devenir la favorite du sultan.   Roxelane la joyeuse planche 1Mon avis: Au scénario, Virginie Greiner nous surprend en nous engageant d’abord sur bien d’autres voies que celle de Roxalane, l’héroïne de la série. Mais rapidement on comprend que la jeune joyeuse et, pour le moment, meilleure novice, va prendre ses marques. De fait, cette jeune femme ambitieuse va tout faire pour se mettre en avant et accéder au rang des meilleures. Très vite, elle se fait remarquer par son attitude sérieuse et disciplinée surtout dans sa volonté de se cultiver au point d’intégrer le harem sous le nom de "Hurrem la joyeuse". Les rebondissements ne manquent pas et laissent entrevoir une suite des plus captivantes.Roxelane la joyeuse planche autre 1Le dessin confié à Olivier Roman restitue bien l’atmosphère générale d’un harem grandiose. Les illustrations bien documentées se reflètent dans les multiples décors extérieurs et surtout intérieurs d’une grande richesse architecturale et la variété des tenues et costumes. Beaucoup de très belles cases qui fourmillent de personnages parmi lesquels les très nombreuses et belles représentantes du sexe féminin, à commencer par la très belle et intelligente Roxalane. Olivier Roman donne du dynamisme au récit en jouant avec la mise en page et le découpage des cases. Enfin, l’ensemble bénéficie de la part de Filippo Rizzu d’une mise en couleurs agréable dans des tons plutôt vifs mais sans exagération.

    SDJuan