Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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SUPERGROOM 1
- Par asbl-creabulles
- Le 24/03/2020
Tome 1 - Justicier malgré lui
Scénario : Fabien VEHLMANN
Dessin : YOANN
Couleurs : Fabien ALQUIER
Dépot légal : Février 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-8001-7472-3
Nombre de planches : 82Même s’il s’efforce par tous les moyens de se persuader que le succès des "comics" auprès des jeunes n'est qu'une mode et un moment difficile à passer, très vite Spirou va devoir admettre que la BD franco-belge bat de l'aile devant l'ampleur de cette déferlante américaine. Il décide donc de réagir et de monter un canular avec l'aide de son ami Champignac qui lui confectionne un costume de superhéros ou plutôt de "Supergroom". Mais si tout se déroule bien au début, rapidement la situation commence à échapper à notre Spirou qui provoque sans le vouloir de plus en plus de catastrophes. Pour éviter le pire, il décide même de raccrocher provisoirement et part en Palombie aider son ami Marsupilami. Mais le public en redemande et une pétition circule afin que le Supergroom remette son costume pour sauver le pauvre et l'orphelin. Le superhéros finit donc par réapparaître à Bruxelles mais ses actions sont devenues désordonnées et il semble ne plus avoir de limites. Spirou serait-il devenu fou ? En fait, un imposteur a pris sa place et Spirou, le vrai, va devoir réendosser son costume et raisonner ce nouveau venu avant qu'il ne soit trop tard.
Mon avis: Déjà en charge de la série "originale" dédiée aux Aventures de Spirou et Fantasio, Fabien Vehlmann et Yoann ont trouvé du temps pour nous concocter cet album volontairement différent, à coup sûr pour s’en démarquer mais sans en perdre l’essentiel: l'aventure, la justice, etc. Il est clair que Supergroom vise à "récupérer" en partie le jeune lectorat qui délaisse, comme l'album y fait allusion, la BD franco-belge au profit du manga mais aussi des super-héros du comics en lien avec la déferlante cinématographique que l'on connaît depuis des années (Batman, Superman, Iron Man, Thor, Avengers, Gardiens de la Galaxie, Wonder Woman, Black Panther, Captain Marvel, Joker, etc.) et qui se poursuit allègrement (Harley Quinn, New Mutants, Black Widow, Morbius, Eternals, Shang-Chi, Dr Strange, Suicide Squad, Flash, etc.). D’ailleurs, le format "comics" semble avoir été pensé pour s'en rapprocher. Le scénario plutôt déjanté met en scène un Spirou désespéré qui devant cette déferlante comics décide de monter un canular sans imaginer les conséquences qu’il aura. A la base, il se déguise en super-héros pour attirer l’attention sur lui et enfin dévoiler qui se cache derrière ce costume de super groom. Ce premier tome plutôt original et rythmé contient une bonne dose d'humour, d'autodérision et de remise en question par rapport à tous les principes et idéaux de Spirou. Une très belle surprise, bien plus proche du Spirou et Fantasio que l'on connaît tous.
Au moment où la série-mère est en perte de vitesse, Supergroom devrait plaire aux esprits les plus ouverts (au risque de déconcerter quelques puristes) mais aussi au public jeune puisque c’est bien là le but visé. La série-mère serait ainsi mise entre parenthèses le temps de bien lancer cette nouveauté car les auteurs aimeraient coucher sur papier les milliers d'idées qui foisonnent dans leur tête. D’autres personnages de la série vont également apporter leur lot de surprises mais n'en dévoilons pas trop et laissons chacun se faire une idée de la série par soi-même. Le dessin diffère lui aussi légèrement du style général de la série-mère. Avec Supergroom, Yoann accentue davantage l’action et les scènes spectaculaires sans négliger pour autant les passages plus drôles. L’ensemble est dynamique et colle parfaitement au scénario. Des cases bien fournies, riches en décors et un foisonnement de détails largement mis en valeur par le travail précis de Fabien Alquier aux couleurs.Du beau travail et une belle surprise de la part d’auteurs qui n'ont pas choisi la facilité compte tenu des préjugés qui entourent très voire trop souvent les comics version US.
SDJuan
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UN COEUR EN COMMUN - La belge histoire de la sécurité sociale
- Par asbl-creabulles
- Le 20/03/2020
Scénario : HARALD
Dessin : HARALD
Couleurs : Karl-Frédéric, Geoffroy DUSSART,
Préface : Guy VANTHEMESCHE
Dépot légal : janvier 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-413-02830-7
Nombre de pages : 123La petite Louise à peine âgée d’un mois doit être opérée du cœur. C’est grâce à la sécurité sociale que l’opération va pouvoir avoir lieu. Louise va vous raconter son histoire, pas la sienne mais bien celle du système d’assurance et de protection qui est né il y a 75 ans. La sécurité sociale est née en Belgique pendant la seconde guerre mondiale lors de réunions secrètes du Comité ouvrier et patronal (COP). Elles vont aboutir après-guerre, en décembre 1944, lorsque le "Pacte social" sera adopté par le gouvernement belge. Mais c'est bien en amont que tout a commencé....
Mon avis: Une BD sur la Sécurité sociale, cela peut sembler bizarre et étrange... et le fait qu’un auteur se lance dans un tel projet, une tâche compliquée à réaliser. Et pourtant, le défi est gagné haut la main par Harald Franssen grâce à un récit qui loin d’être rébarbatif se révèle captivant dès les premières pages. Faire de la petite Louise la narratrice de cette aventure est astucieux. Enfin, les nombreux allers-retours dans l'histoire de la Belgique pour remonter aux prémices de la "sécu" sans que le lecteur perde pied est aussi un exploit. L’album est découpé en trois récits situés à trois époques différentes: l’époque actuelle, celle de Louise et de sa maladie; les difficiles conditions d’existence de la classe ouvrière et les premières grèves de la fin du 19e siècle jusqu’à la deuxième guerre mondiale; enfin, le travail secret du COP et la naissance de la sécurité sociale après-guerre. C’est à la fois intéressant, instructif et agréable à lire. L’auteur aborde la question de manière ludique, alternant les aspects plus durs et émouvants avec des séquences plus drôles et on n'a plus qu'une envie, continuer à lire cette BD jusqu'au bout.
Le dessin contribue beaucoup à rendre sa lecture attrayante, les périodes difficiles et/ou de guerre sont illustrées par des têtes d’animaux tandis que notre époque présente des personnages au trait plus dynamique et sympathique. En évitant qu’il arrive malheur à Louise dont la petite bouille si mignonne nous bouleverse, on ne peut que prendre conscience de l’importance que revêt cette protection sociale que nous devons absolument préserver. Un album anniversaire au contenu peut-être surprenant, mais fort bien fait à mettre entre les mains du plus grand nombre sans hésiter.SDJuan
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DE L'AUTRE CÔTÉ DE LA FRONTIÈRE
- Par asbl-creabulles
- Le 18/03/2020

Scénario : Jean-Luc FROMENTAL
Dessin : Philippe BERTHET
Couleurs : Dominique DAVID
Dépot légal : Mars 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-505-08464-8
Nombre de pages : 62Auteur de romans policiers, le français François Combe s’est installé non loin de Nogales dans la vallée de la Santa Cruz River avec son épouse Victoria et son fils Paul, mais aussi Kay sa secrétaire… et maîtresse et une employée de maison mexicaine nommée Estrellita. Si l’écriture occupe la plupart de ses journées, il sait aussi prendre du bon temps car il est plutôt homme à femmes. Dès qu’il le peut, il se rend de l’autre côté de la frontière au Cielito Linto, une maison de plaisir de luxe situé dans la zona roja, le quartier chaud de la ville mexicaine de Nogales dans l’État de Sonora. Officiellement, il s’y rend pour recueillir de la documentation pour ses romans. Ce jour-là, avec Kay, ils croisent une jeune et belle prostituée nommée Raquel mais également son ami Jed Peterson, un riche fermier de la région. Au petit matin, la police vient à son domicile dans le cadre de l’enquête qui vient d’être ouverte après le meurtre d’une prostituée nommée Raquel. Le dernier à l’avoir vu vivante est justement son ami Jed. Lorsque le corps dénudé de Marilu Manguel est ensuite retrouvé sauvagement assassiné côté américain, l’étau semble se resserrer autour de Jed. Pour élucider une affaire qui semble de plus en plus sombre et sauver son ami, François décide de mener sa propre enquête et charge Estrellita d’obtenir un maximum d’infos auprès des prostituées de la zona roja.
Mon avis: Jean-Luc Fromental mène ce polar avec brio. A noter que l’histoire est librement inspirée de la vie du belge Georges Simenon parti s’installer aux États-Unis non loin de la frontière mexicaine après la Seconde Guerre mondiale. Le scénariste nous rend spectateurs d’une histoire racontée et commentée par Estrellita, sans jamais trop en dévoiler pour que l’intrigue dure jusqu’au bout, mais suffisamment toutefois pour que nous devinions que les coupables des meurtres perpétrés sur ces belles prostituées mexicaines ne sont pas ceux que tout semble accuser. Il nous donne du temps pour mieux cerner François Combe et son monde ordinaire, donnant ainsi de l’épaisseur aux personnages. Tant dans la Santa Cruz Valley que de l’autre côté de la frontière où vont s’encanailler les riches américains, l’atmosphère est pesante. L’intrigue est solide et le suspense fonctionne parfaitement jusqu’au bout.
Difficile de lâcher l’album tant qu’on n’a pas la réponse d’autant que sa lecture est un réel plaisir pour les yeux. Car Philippe Berthet nous régale d’un dessin toujours aussi élégant donnant l’impression d’être dans l’un des grands polars de l’époque du Noir hollywoodien: superbes décors naturels et urbains des années 50 et, bien sûr, de très belles femmes magnifiques aux courbes sensuelles dont il a le secret pour une lecture fluide et agréable. Et comme toujours, une grande diversité de plans et cadrages pour dynamiser le récit. Un très bel album donc qui bénéficie de la belle mise en couleurs de Dominique David très à l’aise pour établir les ambiances. En fin d’album, une notice documentaire de Fromental sur Nogales et ses "célébrités" de passage.A ne pas rater !
SDJuan
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JAKOB KAYNE 2
- Par asbl-creabulles
- Le 02/03/2020

Tome 2 - Le maître de l'oubli
Scénario : Sylvain RUNBERG
Dessin : Mateo GUERRERO
Couleurs : Javi MONTES
Dépot légal : Février 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-8036-7311-7
Nombre de planches : 56On se souvient que Jakob, le Mange-Mémoire, et son frère Samuel, l’alchimiste-guérisseur, les deux derniers survivants des Hippocrates – ce peuple ayant la particularité de venir au secours de toute personne ayant besoin d'aide – ont failli échouer à sauver la famille Marcheda dans la cité d’Isabela. Aujourd’hui, ne tenant pas compte des conseils de son frère, Jakob est bien décidé à venir en aide à sa bien-aimée Victoria qui a été piégée et enfermée au harem du sultan omeykhim Soleman-le-Puissant. Torquemada et ses inquisiteurs ayant fui Isabela en emportant avec eux les trésors accumulés et incendié la cité, les Omeykhims ont le champ libre pour s’emparer de la région et espèrent retrouver le Grand Inquisiteur et ses hommes, mais au palais de nombreux janissaires menés par Akan ne reconnaissent plus en Soleman un sultan digne de ce nom et sont prêts à le renverser. De son côté, pour aider Jakob à retrouver Victoria, Samuel lui a préparé de nouveaux parfums à base d’essences rares. Jakob peut donc se mettre en route vers le marché d’Izmir qui rassemble des marchands de tous les continents. Se faisant passer pour un parfumeur batave, il réussit à rencontrer l’eunuque responsable du harem avec l’espoir d’y retrouver Victoria même si, pour sa part, elle pourrait bien ne pas se souvenir de son visage.
Mon avis: C’est avec habileté que Sylvain Runberg nous relate le vol au secours de la belle Victoria par celui qui en est tombé amoureux même si Samuel déplore la décision de son frère. En effet, Jakob ayant usé de son pouvoir – plutôt une malédiction dans le cas présent – sur Victoria, celle-ci ne se souvient certainement plus de lui et n’a donc pas demandé son aide comme l’exige la tradition des Hippocrates. Néanmoins nos deux frères Kayne se lancent corps et âme dans leur quête face à un ennemi puissant et redouté puisque c'est bien leur rôle de venir en aide aux personnes en détresse. Le scénariste se sort donc haut la main de cette embûche pour nous offrir un récit plein de rebondissements, mêlant scènes de combat acharné et moult intrigues sur fond de fantasy, sans oublier cette touche de romanesque qui vient ajouter du piquant à l’aventure.
Pour la partie illustration, Mateo Guerrero nous offre d'entrée de jeu des personnages hauts en couleurs, notamment une pléiade de belles femmes puisqu'il s’agit d’organiser la fuite de la belle Victoria du harem du Sultan, mais aussi de superbes pages agrémentées de très beaux paysages et décors foisonnants. Cela contraste avec une deuxième partie d'album davantage dédiée à l’action, domaine où il excelle également. Les couleurs de Javi Montés donnent de la profondeur au dessin, en particulier aux nombreux décors, et soulignent par des tons plus sombres l'ambiance propre aux scènes de nuit ou l’atmosphère plus dure des scènes d’affrontement. A noter la très belle et originale couverture à dominante rouge (celle du premier tome était bleue).SDJuan
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LA COUR DES MIRACLES 2
- Par asbl-creabulles
- Le 02/03/2020

Tome 2 : Vive la reine !
Scénario : Stéphane Piatzszek
Dessin : Julien Maffre
Couleurs : Laure Durandelle
Dépot légal : Le 22 janvier 2020
Editeur : Soleil Productions
Collection : Quadrants
ISBN: 978-2-302-07902-1
Nombre de pages : 61Sur ordre de Louis XIV, les autorités ont fait le ménage dans la Cour des Miracles. Le roi Anacréon est tombé, son fils a été tué et sa fille, alias La Marquise, arrêtée. Le lieutenant La Reynie qui a enfermé Anacréon à la prison du Chatelet n’a aucun doute sur le fait qu’un nouveau roi va bientôt prendre sa place. C’est pourquoi il décide de frapper fort tant que la Cour des Miracles d’Anacréon est affaiblie. Il mène une série d’actions musclées contre tous les espaces de non-droit qui subsistent à Paris et s’efforce de les raser définitivement. Mais une cour résiste encore, celle de la rue Saint-Sauveur. En effet, la fille d’Anacréon qui a réussi à s’échapper en tuant un ancien mousquetaire est de retour. Elle a déjà recruté des hommes et entrepris de faire renforcer les murs de la Cour d’Anacréon pour mieux résister aux assauts des hommes du Lieutenant La Reynie. Elle veut surtout aller au Poitou où doit avoir lieu l’élection du nouveau roi, le quatre-vingt-cinquième Grand Coësre, nom donné au roi commandant à tous les mendiants, filous, voleurs et autres prostituées de ce Paris des bas-fonds.
Mon avis: Avec ce deuxième tome, le rythme s'accélère et ne laisse plus aucune minute de répit. Tout se met en place pour remplacer le roi selon la devise "Le roi est mort, Vive le Roi!". Les personnages de Stephane Piatzszek prennent de plus en plus d'ampleur et on sent que tout peut arriver. On retrouve avec plaisir le mélange faits historiques et fiction pour cette épisode encore plus relevé que le premier. Tragédies en cascade, trahisons, rivalités, détermination sont les mots clés de cette aventure captivante aux dialogues au naturel marqué. Les dessins de Julien Maffre nous plongent littéralement dans le Paris de l'époque: la ville, ses beaux quartiers, ses ruelles sordides, d’une manière générale les décors urbains magnifiquement restitués ainsi que le rendu de l’ambiance. Les personnages sont expressifs et malgré leur nombre important bien reconnaissables ce qui permet de les suivre aisément au fil des pages, l’ensemble étant agréablement mis en valeur par les couleurs de Laure Durandelle. Un très bon moment de lecture.SDJuan
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UN PEU DE TARTE AUX ÉPINARDS 2
- Par asbl-creabulles
- Le 27/02/2020

Tome 2 : Les épinards sont éternels
Scénario : Philippe PELAEZ
Dessin : Javier SÁNCHEZ CASADO
Couleurs : Florent DANIEL
Dépot légal : février 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-203-17249-4
Nombre de pages : 48Dans son village de Machy dans l’Aube, Marie-Madeleine Madac Miremont a largement démontré son savoir-faire en improvisant une réaction face au danger des trafiquants de drogue. Et finalement son action a réussi à mener à leur arrestation. Recrutée par le renseignement français, elle est envoyée au siège du MI6 à Londres afin de mettre sur pied une opération d’infiltration au sein d’une organisation criminelle géorgienne ayant des liens avec la mafia russe. Elle se retrouve engagée dans l’un de leurs restaurants comme cuisinière. Rapidement, elle noue une certaine complicité avec un taximan belge. Plus tard sa fille Sarah viendra même l’aider. Mais si ses nouveaux patrons sont tout de suite ravis de l’avoir en cuisine et apprécient les effets de sa tarte aux épinards, cela suffira-t-il pour faire face à des personnes qui sont avant tout des truands tatoués et ultraviolents?
Mon avis: Comme précédemment, une ambiance très agréable se dégage de ce deuxième tome grâce au talent de ses auteurs. En charge du scénario, Philippe Pelaez nous entraîne dans l’univers des trafiquants et des milieux mafieux. C’est bien construit avec une bonne dose d’originalité et d’humour, en particulier lors des embrouilles et bagarres dans un style faisant penser à l’acteur Jean Gabin. La paire de baffes détonne toujours autant mais c’est un moyen énergique de calmer le jeu.
Côté dessin, Javier Casado a pleinement restitué en image cet univers complètement déjanté. On retrouve son trait clair et énergique en particulier dans la représentation des personnages, quasi tous dynamiques et truculents. La mise en page et les cadrages sont vivants et réussis. Un nouvel auteur espagnol à suivre de très près !Du beau et bon travail de la part de ce duo d’auteurs étonnant mais efficace ainsi qu'une mise en couleurs de Florient Daniel des plus réussies
SDJuan
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WALUK
- Par asbl-creabulles
- Le 26/02/2020

Scénario : Emilio RUIZ
Dessin : Ana MIRALLES
Couleurs : Ana MIRALLES
Dépot légal : février 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-505-08327-6
Nombre de pages : 46Jeune ourson polaire, Waluk se retrouve seul abandonné par sa mère dans sa tanière. Affamé, il se décide enfin à sortir pour trouver de la nourriture. N’ayant pas été initié à la chasse par sa mère, il doit se contenter de poissons morts et d’algues, bref de tout ce qui peut ressembler à de la nourriture jusqu’à ce qu’il tombe sur les œufs d’une colonie d’oiseaux et là c’est un véritable bonheur jusqu’à ce qu’un ours adulte le déloge brutalement. Son destin va changer lorsque son chemin croise celui d’Esquimo, un vieil ours édenté et à moitié sourd qui voit en Waluk un moyen de survivre et qui s’efforce de l’initier à la pêche ou à la chasse au phoque non sans difficulté. Esquimo projette surtout de faire de Waluk un chasseur hors pair, aussi fort et puissant que le légendaire Nanuq – nom inuit de l’ours – investi de la mission de sauver l’espèce et de pouvoir survivre à son pire ennemi, à savoir l’homme.
Mon avis: Ciblé jeunesse, cet album écrit en 2010 par Emilio Ruiz est aujourd’hui tout à fait dans l’air du temps et atteint un public bien plus large. Dure et attendrissante dès les premières pages, l’histoire de cet ourson voué à la mort évolue de manière intelligente. L’ourson grandit sous nos yeux et devient un prétexte pour nous faire découvrir la vie des ours polaires. Aujourd’hui plus que jamais, ils doivent s’adapter au sort de leur habitat, la banquise, qui se réduit en été et se fragilise en hiver sous l’effet du changement climatique. Nouvel environnement mais aussi nouvelles habitudes alimentaires, nouvelles tactiques et modes de chasse pour survivre en prenant le risque de s’attaquer aux dangereux éléphants de mer et de s’approcher de plus en plus des humains. Cette belle aventure se veut sérieuse sans jamais être moralisatrice et est largement agrémentée de passages très drôles. Avec ce beau récit, Emilio Ruiz et Ana Mirallès nous démontrent pleinement qu’ils sont de fervents défenseurs de la nature et des animaux.
Au dessin, Ana Mirallès nous régale de son savoir-faire en alternant les images enchanteresses des bonnes bouilles de Waluk et du vieil ours avec des scènes sérieuses ou dures sans toutefois choquer pour mieux faire passer le message auprès des plus jeunes lecteurs. Les cases offrent de très belles mises en scène et de beaux cadrages sur la glace ou dans l'eau, des paysages divers et variés, de splendides aurores boréales et des héros très expressifs, par exemple lorsque Waluk savoure son plaisir au milieu de dizaines d’œufs cassés. Une mise en couleurs globalement très agréable.
Un récit didactique et d’aventure à mettre entre toutes les mains.A noter qu’il s’agit de la réédition au format BD standard d’une histoire dont les 23 premières pages ont été publiées chez Delcourt en novembre 2011 dans un format à l’italienne plus petit et donc mieux adapté aux albums pour enfants. Dargaud nous propose un récit plus long couvrant 46 pages qui se poursuivra et s’achèvera dans un second tome.
SDJuan
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Les MENTORS 2
- Par asbl-creabulles
- Le 18/02/2020
Tome 2/2 : Seydou
Scénario : ZIDROU
Dessin : Francis PORCEL
Couleurs : Francis PORCEL
Dépot légal : Janvier 2020
Editeur : BAMBOO
Collection
ISBN : 978-2-81896-819-2
Nombre de pages : 48Comme bien d’autres femmes ayant connu la même situation, Ana a survécu lorsque son bébé a été extrait de force de son ventre. Elle a momentanément trouvé auprès de Joye un moyen de l’aider à retrouver la trace des enfants. Elles y sont finalement parvenues non sans mal avant que leur route se sépare de nouveau, Ana ayant été enlevée et transportée en un lieu inconnu où elle a rejoint d’autres femmes et enfants ayant subi le même sort. C’est là qu’elle retrouve son fils qui se fait appeler Seydou. Elle découvre une étrange communauté dirigée par un homme qui lui parle d’une île "sanctuaire" réservée à des hommes et femmes exceptionnels. Elle apprend que tous les enfants ici présents auraient été conçus sans rapport sexuel, un homme ayant annoncé aux mères qu'elles étaient enceintes simplement après avoir posé la main sur leur tête. Tandis qu’Ana se demande si cette île sanctuaire est un paradis ou une prison, en Espagne Joye, qui a été hospitalisée après l’explosion de la maison d’Ana, apporte son aide à la police afin de comprendre ce qui est arrivé à Ana grâce à une clé USB qu’elle a pu récupérer de justesse.
Mon avis: Avec ce deuxième tome, le récit change de rythme. On a quitté l’intrigue policière et dramatique des enlèvements et le temps est venu des explications, du moins en partie, par le biais de nombreux flashes-back. Les enfants ont été retrouvés, le mystère entourant leur conception et leur naissance levé, Ana vit désormais auprès de son fils au Sanctuaire, et Joye est toujours en quête de vérité. Mais Zidrou maintient toutefois un certain flou autour des Mentors et de cet univers mi-paradis mi-prison laissant le champ ouvert à toute éventualité.
Adaptant son trait au nouveau rythme de cette aventure teintée de surnaturel, Porcel nous régale d’un dessin simple globalement plus doux, toujours aussi efficace tant dans le rendu des décors que l’expressivité de tous les protagonistes de cette aventure à tout le moins inattendue. Des couleurs très réussies qui varient selon l'ambiance et les flashbacks.SDJuan