Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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HEROES IN CRISIS
- Par asbl-creabulles
- Le 17/02/2020
Scénario : Tom KING
Dessin : Clay MANN, Mitch GERARDS, Jorge FORNES, Travis MOORE et Lee WEEKS
Couleurs : Tomeu MOREY & Arif PRIANTO
Couverture: Ryan SOOKS
Dépot légal : Novembre 2019
Editeur :
Collection : DC Rebirth
Format : Format comics
ISBN : 9791026816768
Nombre de pages :240
Contenu vo : Heroes in crisis # 1 à 9Quelque chose de terrible s’est produit au "Sanctuaire", ce refuge construit grâce à la technologie fournie par Superman, amélioré par Batman et nourri de compassion par Wonder Woman. Superman sera le premier à découvrir les cadavres d’amis sur le chemin le menant vers cet espace voulu comme un havre pour le corps et l’esprit, un lieu de répit et de convalescence pour les super-héros qui ont subi un traumatisme, qu’il soit physique ou psychologique. Aussitôt prévenus, Batman et Wonder Woman le rejoignent et ce qu’ils découvrent à l’intérieur est une véritable scène de massacre. Tous ceux présents ont été tués, et parmi eux Flash et Arsenal. Non loin de là, Booster Gold et Harley Quinn l’un comme l’autre en plein délire et n’hésitant pas à s’affronter évoquent publiquement les événements survenus au Sanctuaire. Alors que tout semble démontrer qu’ils y sont pour quelque chose, la question se pose de savoir si ce sont eux les véritables responsables de ce massacre ?
Mon avis: C’est après avoir vécu un moment traumatisant ayant nécessité une thérapie que Tom King en est venu à produire ce thriller à dominante psychologique dans lequel on entre brutalement avec la découverte du massacre de plusieurs super-héros, et pas des moindres ! Pour cette aventure, Tom King mêle enquête policière pour découvrir le meurtrier, scènes complètement déjantées (Harley Quinn oblige, mais pas seulement), mais aussi occasion de voir et d’entendre des super-humains se confier et dévoiler leurs peurs, leurs craintes, etc.
Il en résulte un rythme plutôt irrégulier pouvant perturber la lecture du moins le temps de se plonger complètement dans l’intrigue. Car sur le fond, le récit se révèle très original et particulièrement prenant lorsque, chacun à son tour, nos super-héros viennent nous révéler leur intimité, leurs points faibles, bref se confier à nous lors d’une sorte de psychanalyse virtuelle. Que ceux qui aiment la baston se rassurent, il y en a, mais cet album se démarque vraiment des autres récits de super-héros par ce côté humain de combattants qui s’en prennent plein la figure toute l’année et qui, eux aussi, ont besoin de décompresser et se remettre sur pied en reprenant des forces physiques et morales dans un lieu comme ce "sanctuaire".
Coté dessin, c’est du pur régal. Clay MANN sait y faire que ce soit dans les scènes d’action ou les plans se déroulant à huis clos. S’il nous plonge littéralement dans l’ambiance dramatique de l’assaut contre le sanctuaire, il est parfait pour restituer le ressenti et les émotions des personnages qu’il dessine avec un trait précis et fin. Il nous régale de superbes planches, avec des décors soignés et des personnages à profusion sans que cela nuise à la lecture. Il est rejoint par d'autres dessinateurs, Mitch GERARDS, Jorge FORNES, Travis MOORE et Lee WEEKS qui ont gardé ce haut niveau ainsi que Tomeu MOREY & Arif PRIANTO pour les couleurs.
Un album volumineux au contenu inédit et différent de tout ce que l’on a pu lire jusqu’ici.
SDJuan
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LE MUR 1
- Par asbl-creabulles
- Le 13/02/2020
Tome 1 : Homo Homini Lupus
Scénario : Mario ALBERTI
Dessin : Mario ALBERTI
Couleurs : Mario ALBERTI
Adapté de : Antoine CHARREYRON
Dépot légal : Janvier 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-344-03363-0
Nombre de pages : 68Solal et sa jeune sœur Eva sont deux orphelins obligés de survivre dans un monde qui leur est hostile au plus haut point. Dans ce futur post-apocalyptique, le monde en effet n’est plus que chaos, ruines, désolation et violence. La loi du plus fort règne en maître, même de la part d’animaux domestiques affamés qui vont, indirectement, leur venir en aide en leur fournissant un moyen de se déplacer. Débrouillard et bon mécanicien, Solal n'a qu'une idée en tête, atteindre le gigantesque "Mur" protégé par d'immenses robots armés jusqu'aux dents car derrière, dit-on, ce serait le paradis et, surtout, il pourrait y trouver le médicament dont Eva a besoin pour respirer normalement. Son don pour la mécanique va l’aider à poursuivre son chemin vers le mur mais bien des obstacles vont se dresser sur sa route et va-t-il seulement y arriver ?
Mon avis: Crédible et impressionnante cette histoire de gamins qui parviennent à survivre dans un tel univers apocalyptique nous touche particulièrement. A l’origine du projet, Antoine Charreyron, scénariste et réalisateur spécialisé en motion capture et animation, rêvait d’un film mais au vu de l’investissement financier à prévoir, la BD a semblé être mieux appropriée. Manquait alors l’auteur en mesure de mener à bien le projet. C’est Olivier Jalabert (aujourd’hui directeur éditorial chez Glénat Comics) qui va finalement trouver en l’italien Mario Alberti la personne à même de relever le défi de faire l’adaptation du scénario et d’illustrer cette histoire. Alberti en tant qu'auteur complet fonctionne à merveille et nous offre un album superbe (premier d’une trilogie). On est happé par cette histoire violente qui préserve un espoir pour nos deux jeunes héros.
Ses dessins détaillés et au trait nerveux sont efficaces pour restituer un monde dévasté où règne l'anarchie la plus totale derrière chaque pan de mur en ruine, chaque pont délabré, chaque porte. Beaucoup d’énergie, beaucoup de mouvement dans chaque page. Au fil des événements, les personnages prennent de l'ampleur et de la consistance. Un très beau résultat qui bénéficie en outre d’une agréable mise en couleurs.
A noter une très intéressante introduction d'Antoine Charreyron en début d’album et plusieurs pages contenant de très beaux suppléments, illustrations et storyboards en fin d'album.
SDJuan
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LA PEAU DE L'OURS 2
- Par asbl-creabulles
- Le 11/02/2020
Scénario : ZIDROU
Dessin : ORIOL
Couleurs : ORIOL
Dépot légal : janvier 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-505-07215-7
Nombre de pages : 62Tout s’annonce à merveille pour le jeune Andrea Montale âgé de 15 ans, en balade avec ses parents sur la route de la falaise en cette fin de mois d’août. Puis soudain, tout dérape. Andrea assiste impuissant au meurtre de son père par deux hommes armés qui ensuite le forcent à les regarder violer sa mère qui, écrasée de honte, se jette dans le vide sans qu’il ait eu le temps d’intervenir. Rattrapé alors qu’il cherche à la suivre, Andrea se retrouve enfermé dans le coffre de leur voiture, puis il entend des coups de feu. Lorsqu’il est délivré, il découvre un homme qu’il remercie d’avoir tué les assassins et violeurs de ses parents. Il ignore encore qu’il s’agit d’un certain Damiani, un chef mafieux sans pitié surnommé "Orso", l'ours, qui avait chargé deux de ses hommes d'aller "simplement sermonner" son père bookmaker qui se sucrait au passage. Les choses ayant complètement dérapé, Orso décide de recueillir Andrea et le conduit chez lui où il est accueilli comme un nouveau membre de la famille. Tout de suite, c'est le coup de foudre, Andrea en pince pour Aurelio, le fils d'Orso, tandis que Natalia sa sœur est tombée amoureuse d'Andrea. Tout semble aller comme sur des roulettes jusqu'au jour où ...
Mon avis: Cet album est une réelle et belle surprise. Ayant beaucoup aimé le tome 1 paru en juin 2012, rien ne laissait présager l'histoire qui nous est aujourd’hui proposée. En effet, d'entrée de jeu on n'est pas épargné, c'est pur, c’est dur, c’est violent. Ensuite on est étonnamment surpris de la tournure des événements, voire pris au dépourvu au fur et à mesure que l'on tourne les pages et que Zidrou développe les rapports humains de ses personnages. On retrouve dans ce one shot des points communs comme l’Italie, la mafia, la violence mais si le contenu va très vite nous surprendre, le message est clair, dans l’air du temps. A partir de là, on va de rebondissements en rebondissements, c'est bluffant tout simplement.
Côté dessin, disons plutôt illustration ou même peinture, on retrouve avec plaisir le savoir-faire d'Oriol. Avec un trait brut et proche de l’esquisse et peu de couleurs, ses cases constituent des petits tableaux, souvent durs parfois violents mais toujours superbes. De la peinture au service de l'histoire et ça fonctionne tout de suite dans l’expression des sentiments, des tensions des personnages que la couleur rend palpables. J'ai beaucoup aimé ce tome 2 et le recommande sans modération, mais âmes sensibles ou intolérantes, s'abstenir svp.
SDjuan
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TEEN TITANS 2
- Par asbl-creabulles
- Le 10/02/2020
Numéro 2 . le sang de la Manta
Scénario : Benjamin Percy
Dessin : Pop Mhan et Khoi Pham
Couleurs : Jim Blond Charalampidis
Storyboard : Phil Hester
Encrage : Wade Von GrawbadgerTrevor Scott, Pop Mhan, Vicente Cifuentes et Craig Yeung
Couverture : Khoi Pham et Jim Blond Charalampidis
Dépot légal : Janvier 2020
Editeur :
Collection : DC Rebirth
Format : Format comics
Nombre de pages :168
Contenu vo : • TEEN TITANS #6-7, 9-11 & 13-14Robin, autrement dit Damian Wayne, le fils du célèbre Bruce Wayne, est désormais à la tête de la nouvelle équipe plus ou moins contrainte et forcée des Teen Titans. Après avoir combattu Deathstroke qui cherchait à s'emparer des deux Wally West – Flash et Kid Flash – pour utiliser la force véloce afin d’aller sauver son fils dans le passé, l’équipe supporte mal l’autorité que lui impose son nouveau chef autoproclamé jugé un peu trop arrogant. Ainsi, Beast Boy, doté de la capacité de prendre n’importe quelle forme animale, est tenté de partir. Kid Flash aussi se heurte à l'autorité de Robin qui finalement va l’éjecter de l’équipe des TT même si les membres fondateurs des Teen Titans – Raven, Starfire et Beastboy – souhaitent qu’il soit intégré à l'équipe. Heureusement, il hésite encore à rejoindre les rangs du groupe formé par Deathstroke qui avait bien failli le tuer. Jackson Hyde lui aussi s’interroge. Ayant la capacité de contrôler l'eau sous toutes ses formes, il voudrait en savoir davantage sur ses origines, sa famille, ses pouvoirs, mais surtout savoir pourquoi sa mère refuse de lui parler de son père. Lorsqu’il découvre qu’il s’agit du super-vilain Black Manta, l'ennemi juré d'Aquaman, il décide de devenir le nouvel Aqualad. Et pour couronner le tout Robin, toujours lui, veut faire entrer dans l'équipe la demi-sœur de Green Arrow, Amiko Queen, alias Red Arrow.
Mon avis: Benjamin Percy s’appuie sur le jeune âge des nouveaux membres de l’équipe pour nous offrir avec ces Teen Titans une série moins destinée aux "adultes" que la version Titans, même si Starfire et Raven ne sont plus vraiment "jeunes" (ayant fait partie de l’équipe version années 1980 de Marv Wolfman et Georges Perez), sans parler de Beast Boy qui est encore plus ancien. Il n'empêche que l'aventure va bon train et qu'on accroche très vite. Contrairement aux anciennes équipes de Titans ou Teen Titans, ces nouveaux Teen Titans rassemblent les "jeunes descendants" de super-vilains: Kid Flash est le fils de Nega-Flash, Aqualad celui de Black Manta, même Damian est le petit-fils de Ra’s al Ghul, pareil pour Raven et Red Robin. S’il s’agit d’un choix délibéré, cela pourrait donner lieu à pas mal d'aventures obscures compte tenu de leurs hérédités. Les hésitations, les rivalités, les états d’âme de chacun donnent au final un récit rythmé qui fait passer un moment très agréable.
Mais je regrette encore et toujours que les séries Titans n'aient pas droit à leurs propres albums avec couverture cartonnée comme Batman, Suicide Squad, Green Arrow ou autres séries DC et qu’elles soient réduites à paraître comme des annexes aux récits complets Batman, Suicide Squad ou Justice League. A croire qu’Urban estime qu’elles ne constituent pas un thème porteur. Car côté dessin, la présence de Khoi Pham et Phil Hester (au story-board) est gage d’une très bonne qualité d'illustrations. Dans la plus pure tradition des comics actuels avec une touche de manga, les cases s’enchaînent et/ou se chevauchent de façon très dynamique, multipliant les cadrages bluffants et vues les plus audacieuses, très appréciés par les habitués et amateurs du genre. D’autant que la mise en couleurs de Jim Charalampidis est également de qualité, respectueuse du dessin. Un album "DC presse" à couverture souple pour cette mini-série qui comme bien d’autres mériterait vraiment d’être publiée sous son propre titre en format cartonné.
SDJuan
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LES DOMINANTS
- Par asbl-creabulles
- Le 07/02/2020
Tome 1 : La grande souche
Scénario : Sylvain RUNBERG
Dessin : Marcial TOLEDANO
Couleurs : Marcial TOLEDANO
Dépot légal : Janvier 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-344-02644-1
Nombre de pages : 54Le virus épidémique "Grande Souche" a dévasté la terre et réduit l'humanité à seulement 20% de sa population. Et comme si cela ne suffisait pas, des extraterrestres sont venus s'installer sur la planète. D’apparence variée, ils ne sont pas à proprement parler hostiles, d’ailleurs ils ne cherchent pas le contact, mais leur simple présence provoque des réactions diverses chez les humains. Certains provoquent "seulement" des nausées, d'autres des migraines qui peuvent s'avérer fatales, etc. Cette situation a conduit les humains survivants à se diviser: les uns résistent de toutes leurs forces et obligent tous ceux qu’ils croisent à les rejoindre; d’autres sont persuadés qu’il s’agit de créatures divines; d’autres encore s’efforcent de s’adapter pour continuer à vivre normalement aux côtés des extraterrestres. L’américain Andrew Kennedy a survécu à l’épidémie mais pas sa famille. Il a rejoint d’autres survivants au sein d’une communauté pacifique et pour atténuer sa douleur et tenir le coup, il s’est mis en tête de visiter les musées à la recherche de peintures représentant des scènes familiales heureuses qu’il dérobe, mais sa dernière virée a bien failli lui coûter la vie. En route vers Los Angeles pour une nouvelle journée de récolte, les choses vont vite prendre une tournure inattendue. Une surprise l'attend et pas des moindres.
Mon avis: On pourrait se dire de prime abord que Sylvain Runberg en fait un peu trop en ajoutant une invasion d’extraterrestres à une situation déjà gravissime puisque l’humanité a frôlé la fin du monde. En fait non, car le récit s’attarde davantage sur les rapports humains en période de crise plutôt que sur ces envahisseurs, même si leur arrivée a un impact certain sur les survivants. Runberg cherche à savoir quel pourrait être le pire ennemi de l'humanité alors qu'elle vient d'être presque décimée par un virus mortel et que des extraterrestres s'approprient son espace vital. Il réussit à nous bluffer par un scénario de science-fiction bien mené qui nous interpelle, nous lecteurs. Quel clan rejoindrions-nous face à une telle situation même si on n'en sait encore peu sur ceux qui vénèrent les envahisseurs ? En tout cas, il est clair que ces événements mènent à la violence, aux excès, à la perte de toute morale.
Au dessin, on retrouve avec plaisir Marcial Toledano qui nous a déjà offert deux belles séries, Ken Games et Tebori, avec son complice José Robledo. On reconnaît tout de suite son trait à l'encrage fort pour les personnages, les contours et décors rapprochés et un travail sur les couleurs accompagné de traits beaucoup plus légers pour les plans généraux et éloignés. Il donne ainsi de la profondeur à son dessin et guide le regard du lecteur, et n’hésite pas à varier les cadrages, plongées, contre-plongées, plans rapprochés, scènes d’action le tout donnant une belle énergie à ses planches. Les personnages bien que très nombreux sont aisément reconnaissables ce qui facilite la lecture du récit. Un tome 1 très convaincant, le second arrive en septembre 2020 et le troisième est prévu en janvier 2021 !
A noter: l'album s’ouvre et s’achève sur deux articles du San Francisco Daily et comporte également deux pages de croquis et de personnages à la fin.
SDJuan
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SHI 4
- Par asbl-creabulles
- Le 06/02/2020
Livre 1
4 : Victoria
Scénario : ZIDROU
Dessin : Josep HOMS
Couleurs : Josep HOMS
Dépot légal : Janvier 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-505-08096-1
Nombre de pages : 54La traque continue et se resserre autour de Jennifer (Jay) et Kita. Sans le savoir, la petite Pickles va tomber dans le piège du Chef de la police, l’impitoyable Mr Ulysse Kurb. Elle finira par trop parler le menant tout droit vers le bateau où se sont réfugiés ses cibles. Ne reculant devant aucune fourberie ou atrocité pour arriver à ses fins, Kurb en fait une nouvelle victime. Mais lorsqu’il s’en prend à Senseï en le précipitant dans l’eau, Kurb va faire une grossière erreur en sous-estimant ce qu’il est capable de faire avec son tatouage. Et il va aussi sous-estimer Kita et Jennifer qu’un mystérieux monstre marin soudainement surgi de l’eau est venu sauver. En effet, l'heure de la revanche est là et elles vont trouver de l'aide au sein du gang de gamins "Dead Ends" dont elles connaissent déjà quelques membres sans même le savoir. Pendant ce temps, la reine Victoria qui se prépare à déclencher une offensive sanglante contre l’Amérique du Nord est en visite sur le chantier de construction de ses nouveaux navires de guerre.
Mon avis: Ce quatrième tome vient clore le premier cycle sur de nouveaux drames et de multiples rebondissements mettant en scène tous les personnages croisés jusqu’ici, bref un récit sans temps mort, agrémenté d’une bonne touche de fantastique, bien mené par un Zidrou toujours en forme. Ce tome nous apporte son lot d'éclaircissements sans toutefois nous fournir toutes les réponses espérées. Zidrou laisse toujours certaines interrogations en suspens pour nous tenir en haleine et n'hésite pas à ouvrir de nouvelles pistes pour commencer certainement fort avec le deuxième cycle. La voix off a bien joué son rôle de questionnement, d'explication ou d'observation liant parfaitement l'histoire tout au long des tomes déjà publiés.Au dessin, Josep Homs nous régale de ses illustrations pleines d'énergie, de tonus mais aussi d’émotions avec un travail sur les couleurs de toute beauté. Toujours aussi à l'aise quels que soient l'angle choisi, les décors ou l'action, Homs participe de beaucoup à la réussite de la série. Il restitue à merveille l'époque victorienne avec son atmosphère pesante et son brassage de classes sociales que tout oppose mais aussi l’aspect fantastique du récit, sans oublier des personnages tous particulièrement expressifs et aisément reconnaissables au service de la lecture. Du très beau et bon travail.
SDJuan
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RIC HOCHET 4
- Par asbl-creabulles
- Le 05/02/2020
Série: Les Nouvelles Enquêtes de Ric Hochet T4 - Tombé pour la France
Scénario : Zidrou
Dessin : Simon Van Liemt
Couleurs : Cerminaro
Dépot légal : Janvier 2020
Editeur :
Nombre de pages : 54En s’obstinant à vouloir publier un reportage choc sur la "Commission de censure du 16 juillet 1949 (1)", Ric Hochet se retrouve victime d’une large campagne diffamatoire dans la presse. "Le journaliste Ric Hochet, le prétendu orphelin, est le fils d’un cambrioleur !"
Après ces révélations, Ric Hochet est viré de son journal et arrêté pour désertion. Jugé, il est expédié sous les drapeaux pour seize mois, à la caserne du 42e Régiment du Génie. "Voici donc le militaire le plus célèbre de France ! Vous avez eu tort de vouloir échapper au service, soldat Hochet, l'uniforme vous va à ravir." Ric Hochet, on le devine, n’a pas fini d’en baver !
(1) La loi de 1949 introduit dans le droit français de la presse de nouvelles dispositions contraignantes dont l’application est confiée à une Commission de surveillance et de contrôle. Elle examine non seulement les publications destinées à la jeunesse mais aussi les publications pour adultes. Elle a restreint la liberté d’expression de ces publications en les maintenant entre autocensure et censure
Exemple: la Commission a été à l'origine du refus d'importation de plusieurs albums belges de bande dessinée(Source Wikipédia):
- Ciel de Corée et Avions sans pilotes (tous deux de Buck Danny en 1954), l'action se déroulant pendant la Guerre de Corée;
- Le Piège diabolique d'Edgar P. Jacobs (1962);
- Billy the Kid, album de Lucky Luke de Morris et Goscinny fut également retoqué car on y voyait le bandit encore enfant sucer un revolver;
- la réédition de La Griffe Noire et la sortie des Légions perdues d'Alix eurent également des problèmes en 1965 car on y voyait des allusions à la guerre d'Algérie alors toute proche;
- Le Roi Dollar de Berck et Cauvin de la série Sammy en 1977, l'action montrant des policiers corrompus (à Chicago, dans les années 1930).
En 2015, Ric Hochet, le héros légendaire du duo Duchâteau–Tibet, nous revenait dans Les Nouvelles Enquêtes de Ric Hochet scénarisées par Zidrou et mises en images par le dessinateur Simon Van Liemt. En flirtant intelligemment entre l’hommage et la parodie, les auteurs sont parvenus jusqu’à présent à faire plaisir à une majorité de fans tout en intéressant le lecteur d’aujourd’hui. Personnellement, enthousiasmé par la reprise et le Ric Hochet 2.0, je me suis lancé dans l’achat des huit premières intégrales de la série originale. Certains personnages ont bien évidemment été modernisés ou ont reçu un nouvel éclairage. Nadine, notamment, la nièce du Commissaire Bourdon, passe ainsi du statut de personnage secondaire décoratif, propre à l’époque, à celui d’un personnage incontournable pour la nouvelle série.
"Tombé pour la France" paru en janvier 2020, est le quatrième opus de la série. A noter l’histoire se déroule fin 1968.
Mon avis: Bien que fan de la nouvelle mouture Ric Hochet 2.0, j’avoue avoir été assez désorienté par la construction du scénario. Si la lecture est agréable, la mise en place de l’histoire me semble un peu poussive. Le thème de l’article choc "20 ans de censure en marge de la loi" évoqué et élément capital pour la compréhension du début du récit n’est, par exemple, nulle part développé. Le manque de fluidité du scénario se ressent également dans la mise en images: le nombre de cases et de strips par pages est en nette augmentation comparativement aux opus précédents. Le récit en lui-même est riche en thèmes abordés: censure politique, harcèlement, homosexualité (2) …
Pour conclure, une BD plaisante à lire où notre ami Ric Hochet tombe sa légendaire veste pied de poule pour le vert bidasse et où Nadine se retrouve également en première ligne !
(2) En 1968, la France adopte la classification de l'OMS classant l'homosexualité dans les maladies mentales (et ce jusqu’en 1981).
Michel
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CYBERWAR 2
- Par asbl-creabulles
- Le 04/02/2020
Tome 2 : Chaos
Scénario : Daniel PECQUEUR
Dessin : DENYS
Couleurs : Jean-Paul FERNANDEZ
Dépot légal : novembre 2019
Editeur :
Collection : Neopolis
ISBN : 978-2-413-01333-4
Nombre de pages : 48L’attaque mondiale de dizaines de cyberterroristes recrutés par un mystérieux commanditaire a plongé l’Amérique dans un chaos général en provoquant une gigantesque panne d’électricité et la rupture de tous les canaux d’information. Acculé, le Président Andersen a décidé de se replier à Ottawa avec son état-major et les meilleurs cyber spécialistes pour contrer cette attaque. Mais très vite il doit fuir ailleurs car le Canada est à son tour menacé s’il apporte son aide à l’Amérique. Dans le même temps, Jack a été arrêté pour violence envers policier. Durant son transfert entre le bureau du FBI du Maryland et la prison, l’avion de l’astronaute Nora Parks vient percuter leur véhicule créant de gros embarras de circulation. Nora profite de ce que la police est occupée à gérer la situation pour bondir dans la voiture et s’enfuir avec Jack, direction Los Angeles où elle doit retrouver et protéger ses enfants restés seuls face à tant de personnes rendues nerveuses par ces multiples cyberattaques. C’est durant leur cavale que Jack va se trouver nez à nez avec les deux types ayant violé et tué sa femme la veille de son arrestation. À Amsterdam, un groupe de cyberterroristes est surveillé par la police française qui va aussi discrètement que possible tenter le tout pour le tout pour les déloger.
Mon avis: Les événements s'accélèrent et commencent à se recouper. L'apocalypse provoquée par cette cyberwar prend une forme de plus en plus concrète sous la plume de Daniel Pecqueur qui utilise habilement divers "trucs" du métier pour piloter son récit de manière très dynamique et nous mener au cœur de l'action. Car de l'action il y en a, qu’il s’agisse de Jack, de l'équipe du président ou de cette belle rescapée (miraculée) de la station spatiale. Le puzzle prend forme alors que les cybercriminels ont réussi à semer le chaos, ce qui peut faire froid dans le dos à une époque où nous-mêmes pourrions être les victimes d’attaques de ce genre.
Par le biais d’un dessin à l’encrage plutôt marqué, Denys nous offre des planches efficaces allant à l'essentiel. L’ensemble est énergique et riche en scènes d'action et les cadrages très réussis. Les personnages servent parfaitement le récit. La mise en couleurs de Jean-Paul Fernandez accentue la profondeur et la lisibilité du dessin. Deuxième épisode réussi d’un thriller dont on attend les prochains développements avec impatience.
SDJuan