Chroniques

Tome 5 : Black Calavera
Scénario : Yann
Dessin : Félix MEYNET
Couleurs : Félix MEYNET
Dépot légal : 5 février 2020
Editeur : 
ISBN : 978-2-203-05773-9
Nombre de pages : 178

Matamoros (Mexique), aux abords du Rio Bravo, là même où lors du dernier assaut des Américains le capitaine Félix Sauvage et ses compagnons d'arme ont bien failli y rester. C’est l’arrivée in extremis des uhlans australiens qui leur a sauvé la vie. Sans l’intervention de ces cavaliers armés, leur compte était bon. Depuis la fin de la guerre civile, les Américains aux ordres du général Sherman à Brownsville de l’autre côté de la frontière n'auraient dit-on qu'une idée en tête: chasser les Français du Mexique. Et pour le faire "officiellement", ils font tout pour en avoir le prétexte en s’efforçant de forcer les Français à commettre une erreur qui provoquerait un incident diplomatique. Il est donc impératif pour ces derniers d'en savoir davantage sur les intentions de l’ennemi en envoyant deux espions qui connaissent bien la langue. Évidemment, Sauvage et Hugon sont désignés d'office pour cette mission périlleuse. Arrivés à Brownsville, ils se séparent pour aller espionner les soldats américains mais Hugon est vite repéré à cause de son accent et se retrouve emprisonné. Tandis que Félix entreprend de le libérer, Esmeralda de son côté, déguisée en garçon, est poursuivie par trois Mexicains après avoir essayé de voler un poulet. Les choses vont rapidement dégénérer.Mon avis: L’aventure se poursuit sur base d’un scénario dynamique et truffé de rebondissements avec comme fond tout un pan de l'histoire du Mexique. On retrouve avec plaisir nos héros qui avancent, chacun de son côté, de façon ferme et décidée mais dont les routes vont pourtant se croiser là où l’attend le moins. Agissant avec plus d’assurance, Sauvage prend de plus en plus les choses en main au lieu de les subir au sein de l'armée. En revanche, Esmeralda s'en prend toujours plein la figure mais n’en est-elle pas en grande partie responsable ? Il est clair que Yann s'amuse avec ses personnages tout au long d’un scénario bien mené. Au dessin, on reconnaît tout de suite le trait de Félix Meynet. Son dessin est toujours aussi efficace, de magnifiques paysages, des scènes de bataille dynamiques et cette griffe si caractéristique dans le rendu de la plastique des pin-up. Une très agréable mise en couleurs qui donne de la vie à l’ensemble et de la chaleur aux personnages.

Un album qui promet une suite assez mouvementée et décisive peut-être.

SDJuan

Tome 20: Mise à jour
Scénario : Jean David MORVAN et Philippe BUCHET
Dessin : Philippe BUCHET
Couleurs : Philippe BUCHET
Dépot légal : novembre 2019
Editeur : 
Collection: Neopolis
ISBN : 978-2-7560-7831-1
Nombre de pages : 46

Au cours d’une opération de transfert de prisonniers, un métamorphe réussit à s’évader avec l’aide d’un autre métamorphe qui a réussi à s’infiltrer en prenant la place du conducteur du fourgon. L’agent Bessachy chargée de leur escorte est gravement blessée lors de cette spectaculaire évasion. Bouclant une affaire en cours, Nävis se téléporte pour secourir sa collègue et attraper les fugitifs qu’elle retrouve en train de fouiller une salle d’archives secrètes de Sillage. Parmi les objets qu’ils ont dérobés, Nävis découvre une clé USB portant son nom. Elle décide de faire appel aux compétences de hackeuse de son amie Juliette pour accéder au contenu de cette clé qui va lui réserver bien des surprises. Ailleurs sur un vaisseau, un fait très étrange vient de se produire: une supra dévote se serait suicidée et, contrairement à toute logique, tout semble corroborer la thèse du suicide...Mon avis: Un scénario agréable à lire axé sur l’aventure intergalactique de Sillage. Surtout, cet album nous en apprend un peu plus sur l’héroïne et l’univers dans lequel elle essaye de préserver un certain ordre ou du moins la justice. Comme toujours, Morvan nous régale d’une intrigue passionnante qui a en outre le mérite de mettre sur la table une masse d’informations que beaucoup attendaient. En effectuant un vaste retour sur le passé, cette aventure plaira certainement aux fans de la série mais aussi la rendra (plus) accessible à de nouveaux lecteurs pouvant ainsi prendre le train en route sans trop se prendre la tête. Au dessin, Philippe Buchet est égal à lui-même en nous proposant une illustration globalement dynamique et des planches bourrées d’énergie. Très bon choix de couleurs vives et plaisantes pour une lecture agréable. A noter la très belle couverture enrichie d’un vernis sélectif mettant bien en valeur le personnage de Navis.

SDJuan

Tome 4 : La dernière fois que j'ai prié
Scénario : Yves H
Dessin : HERMANN
Couleurs : HERMANN
Dépot légal : Janvier 2020
Editeur : ​
ISBN : 978-2-8036-7577-7​
Nombre de pages : 54

Après l’assassinat de Mildred, l’épouse de son frère, Duke a réglé la question à sa manière en allant abattre les Briggs chez eux. Le shérif n’a d’autre solution que de se lancer à sa poursuite avec quelques hommes. L’arrestation se déroule sans problème à la nuit tombée alors que Duke s’est assoupi, le shérif et ses hommes décidant de rester ensuite sur place pour la nuit. Sauf qu’au petit matin seul Duke est vivant, tous les autres ont été assassinés autour de lui. Sans trop s’inquiéter, Duke fonce retrouver son frère Clem avec les 100.000 $ qu’il transportait à Sacramento pour le compte de Mullins qui vient d’apprendre que le filon de sa mine d’or s’épuise et que sa production a déjà baissé de 30%. Lorsque Duke annonce à Clem que sa femme Mildred a été tuée, celui-ci n’hésite pas à tirer sur Duke et à filer avec l’argent. Mais c’est sans compter sur l’opiniâtreté de Duke et sa fuite sera de courte durée. De son côté, Peg, la petite amie de Duke, a été enlevée et, pour le moment, des hommes armés l’emmène vers une destination inconnue ligotée dans un cercueil. Que peut faire Duke face à tant d’emmerdes ?Mon avis: Au fil des albums, Yves H développe la personnalité de chaque personnage, n’hésitant pas à donner aux rôles secondaires assez de profondeur pour nous tenir en haleine et à nous distiller des informations sur le passé sombre de Duke. Les affaires se corsent pour Morgan "Duke" Finch et son entourage si bien que l’on ne sait jamais qui va rester en vie ou se prendre une balle. Les rebondissements ne manquent pas et l'histoire maintient notre attention en éveil. Les dessins/illustrations d'Hermann sont de toute beauté, en particulier ses paysages de l'Ouest américain qui ne cessent de nous étonner tant ils sont réussis avec une superbe palette de couleurs. Entre ses mains, les décors prennent une place presque aussi importante que les personnages et en deviennent quasiment un à part entière. Les cases et/ou pages sans bulles mais bourrées d’effets en tous genres sont à cet égard particulièrement éloquentes. Le résultat est là, éblouissant et impressionnant. Sa nouvelle technique d’encrage des contours donne encore plus de profondeur et de puissance à son dessin. Hermann prend clairement plaisir à essayer de nouvelles techniques et à se renouveler sans cesse. C'est toujours un plaisir d'ouvrir un album de ce grand auteur ! 

Yves H et Hermann: une histoire de famille qui fonctionne !

SDJuan

Scénario : MAKYO
Dessin : Frédéric BIHEL
Couleurs : Frédéric BIHEL
Dépot légal : novembre 2019
Editeur : 
ISBN : 978-2-7560-9591-2​
Nombre de pages : 121

Février 1950. Jean Malaurie en mission de recherche pour le compte du CNRS effectue des relevés de mesure de gélifraction à près de 3000 mètres d’altitude dans la montagne volcanique du Tahat près de Tamanrasset. C’est là qu’il reçoit un télégramme l’autorisant enfin à se rendre au Groenland, une autorisation extrêmement difficile à obtenir. Rempli d’enthousiasme, Jean Malaurie décide de se mettre en route au plus vite et dès le 1^er juillet 1950 il embarque à Copenhague sans même attendre les crédits du CNRS prévus six mois plus tard. C’est le début d’un long voyage vers ce territoire isolé où son périple va le mener jusqu’à la communauté d’esquimaux polaires des Inughuit à Thulé, au nord-ouest de l’île, ce comptoir fondé en 1910 par Knud Rasmussen. Là, il va faire la rencontre du chaman Uutaaq auquel Malaurie explique qu’il veut comprendre avec eux le message des minéraux, de la glace, la parole des falaises, etc. – ce n’est pas pour rien que Malaurie sera surnommé "l’homme qui parle avec les pierres" – mais aussi effectuer des prélèvements, des mesures et cartographier la région de Qaaqqutsiaq en réalisant au passage un recensement de la population. Durant cette mission au pôle nord, il va devoir non seulement faire face à une nature qui peut se rendre impitoyable mais aussi se faire accepter par les Inuit, un peuple menacé de disparition entre autres pour des raisons de consanguinité. Rien n’est facile pour cet homme blanc qui va devoir faire preuve de détermination, de jugement, de souplesse et d’habileté pour se faire accepter.

Mon avis: Pour son scénario, Makyo est parti d’une histoire vraie et exceptionnelle, l’expédition de Jean Malaurie et de l’esquimau Kutsiqitsoq au Groenland en traîneau à chiens qui va ainsi les mener au pôle géomagnétique nord (le 29 mai 1951) et à la localité de Thulé (aujourd’hui appelée Qaanaaq). Le récit nous plonge sans modération dans cet univers extraordinaire pour mieux nous faire vivre les difficultés vécues par ces deux hommes tout au long d’un périple difficile réalisé avec courage et détermination. Très peu de dialogues dans ce journal de voyage au profit d’une narration descriptive limpide et claire qui en rend la lecture accessible à tous (heureusement bien au chaud pour nous !). Un scénario fort qui nous tient en haleine qu’il s’agisse de la découverte des paysages polaires d’une nature extrême mais aussi de celle du peuple inuit, de son mode de vie et de ses rituels grâce à un homme qui leur a consacré une grande partie de sa vie. En 1955, Jean Malaurie a publié le récit de son expédition d’une année dans le nord-ouest du Groenland sous le titre "Les derniers rois de Thulé" (adapté par Makyo pour le présent album BD) afin de révéler au monde la vie quotidienne des esquimaux polaires, livre qui sera suivi de nombreux autres témoignages jusqu’à cet appel paru en 2015 sous le titre "Lettre à un Inuit de 2022".Les dessins de Bihel servent parfaitement cette grande aventure en particulier la confrontation avec une nature qui peut s'avérer très hostile pour l'homme. Telles des esquisses, ses illustrations souvent à dominante blanche, grise ou légèrement verdâtre vont à l’essentiel, restituant parfaitement ces immensités polaires aux conditions de vie difficiles. Mais la couleur est également bien présente notamment lors des rencontres et échanges avec les inuits. Le découpage nous offre des pages impressionnantes de beauté. On ressent presque cette froideur omniprésente.

S’appuyant sur les travaux de Jean Malaurie, à la fois explorateur, chercheur et humaniste, mais aussi écrivain et cinéaste, ce bel album, enrichi d’un dossier documentaire, constitue un excellent moyen de découvrir l’univers du Grand Nord et son peuple autochtone inuit.

SDJuan

Tome 1 : Calamity Jane
Scénario : Thierry GLORIS
Dessin: Jacques LAMONTAGNE
Couleurs : Jacques LAMONTAGNE
Dépot légal : Janvier 2020
Editeur : 
ISBN : 979-10-34731-02-2​
Nombre de pages : 54

Dans l'Ouest américain, tout paraît toujours beau et paisible mais derrière cette façade idyllique, la violence et l'injustice ne sont jamais très loin. Ainsi, l'arrivée du chemin de fer va placer Tsé Bii' Ndzisgaii, nom navajo de l’immensité mythique de Monument Valley dans l'Utah, au centre de toutes les convoitises. Rapidement devenue orpheline, Martha Cannary a trouvé refuge dans un bordel comme domestique. Jusqu’ici alors qu’elle n’a que 16 ans, elle n'a pas trop eu à se plaindre. Elle a même songé à se rapprocher de Buck Calahan, l'homme de main de Mr Hicks, le patron sans pitié de la boîte. Mais de nouveau, lorsque l’on croit que tout va bien, tout bascule. Une nuit elle est agressée puis violée en pleine rue par Lou Cooper, l’un des clients du bordel dont elle a refusé les avances plus tôt dans la soirée. Buck les surprend et tue le violeur, bien décidé dorénavant à protéger Martha. Mr Hicks, lui, estime que le fait d’avoir fait disparaître le corps de la victime et d’avoir fait soigner et remplacer Martha dans ses tâches domestiques a un prix et n’hésite pas à la forcer à se prostituer pour rembourser sa dette. L’arrivée en ville d'un célèbre chasseur de primes venu récupérer son dû, Hickok surnommé Wild Bill, va indirectement faire ressortir des vérités qui vont complètement transformer la vie de Martha Cannary.Mon avis: La vie de Martha Cannary a été une source d’inspiration et on a tous déjà entendu ou lu une partie de l’histoire de la future et célèbre Calamity Jane. Mais comment en est-elle arrivée là ? C'est ce que Thierry Gloris et Jacques Lamontagne nous racontent à leur manière, dure, sans concession, c'est le moins qu'on puisse dire. Il faut dire qu'ils savent y faire et le tout est bien ficelé et crédible. D'entrée de jeu, on est plongé dans cette réalité qui s'avère des plus violentes et sans aucune pitié: le Far West dans toute sa cruauté où l'homme est prêt à tout pour obtenir ce qu'il veut. Un récit dur soutenu par un suspense habilement attisé mais aussi par la splendeur du dessin réaliste de Jacques Lamontagne, qui nous offre de magnifiques paysages tels qu'on les imagine, véritable invitation au voyage pour tous ceux qui n’y sont jamais allé, et des personnages hauts en couleurs souvent mis en valeur par des plans très rapprochés sur les visages. Un dessin soigné, détaillé qui restitue bien une violence verbale et physique omniprésente, de beaux décors jusque dans des ruelles lugubres et des coins sombres, bref un Ouest sauvage (Wild West) parfaitement rendu par l'illustration et la mise en couleurs de Jacques Lamontagne au plus haut de sa forme. 

Si j’avais déjà beaucoup apprécié son style sur Aspic et/ou Shelton & Felter, ce nouvel album contribue largement, s’il en était encore besoin, à mettre en valeur tout son talent. Un premier tome impressionnant rien que par sa couverture !

SDJuan

Livre 1
Scénario : Stephen DESBERG
Dessin : Hugues LABIANO
Couleurs : Jérôme MAFFRE
Dépot légal : Janvier 2020
Editeur : ​
ISBN : 978-2-205-07815-2​
Nombre de pages : 56

Kenya, 1920. Le jeune colon anglais John Wallace a tout pour être heureux, une ravissante fiancée, une belle maison près de Nairobi et beaucoup d’argent. Une partie de chasse va tout chambouler. Lors de son arrestation, Wallace ne cherche même pas à se défendre. Il est le principal suspect du meurtre, plutôt du massacre vu la violence avec laquelle ils ont été poignardés à plusieurs reprises, de deux Africains. Condamné aux travaux forcés sans même avoir été jugé, il est interné dans une prison aux conditions de détention très difficiles en plein désert kenyan. Là, il partage sa cellule avec quatre autres détenus. La particularité de cette prison? Chaque fin de mois, il ne reste qu’un seul survivant sur les cinq prisonniers enfermés par cellule. Wallace va malgré tout réussir à s’échapper mais sera poursuivie par la jeune et belle sorcière qui apparemment est à l’origine de ses problèmes.Mon avis: D’entrée de jeu, le récit se révèle sans concession. Stephen Desberg nous plonge dans l’action dès les premières pages, le drame de ce couple d’aristocrates, les chasses africaines puis l’enfer carcéral. Desberg s’attarde sur le pourquoi et le comment en distillant les indices avec parcimonie et à bon escient, notamment sur le passé de cet aristocrate anglais, en tout cas juste ce qu’il faut pour maintenir l’intérêt et la tension et nous mettre l’eau à la bouche sans oublier d'y intégrer envoûtement et une chasse au trésor.Hugues Labiano nous offre un dessin au trait d'encrage fort et puissant enrichi de cadrages dans un style très cinématographique. Il souligne la personnalité de ses personnages par de vraies "gueules" qui les rendent très souvent impressionnants. On a parfois l'impression d'être derrière la caméra d’un mini drone survolant les scènes, les magnifiques paysages africains, les actions, allant même jusqu'à frôler les visages des personnages. La mise en couleurs de Jérôme Maffre vient encore renforcer cette impression générale. Un bel album d’auteurs confirmés autour de la dextérité d’un homme décidé à récupérer coûte que coûte sa vie, qui est aussi l’occasion de faire un beau voyage en Afrique sur fond de colonialisme, de chasse au trésor et de sorcellerie. 

SDJuan

Scénario : Miguelanxo PRADO
Dessin : Miguelanxo PRADO
Couleurs : Miguelanxo PRADO
Dépot légal : 15 janvier 2019
Editeur : 
Collection: Terres et Légendes
ISBN : 978-2-7560-9903-3
Nombre de pages : 178

Quelque chose s’est réveillé au cœur de la "Lubre", cette forêt de chênes sacrée où se tenaient jadis les cérémonies des druides. Comme par magie, des signes runiques sont apparus gravés sur les troncs de jeunes chênes où sont venues se poser des lucanes cerfs-volants tandis que deux créatures, Griam le Pur et Xamain le Démon, se réveillaient soudainement. Un pacte conclu avec les humains prévoyait leur retour à la vie lorsque ces derniers auraient retrouvé d’eux-mêmes l’harmonie avec la nature, avec la Terre. Mais force est de constater que ce n’est pas le cas. Pire, l’homme est devenu un fléau. Avec la fée avec laquelle ils forment une triade spirituelle ils vont devoir décider du sort de l’humanité. Au même moment, un étudiant qui prépare son doctorat en histoire tombe sur les travaux du professeur d’archéologie Ancares Diaz intitulés "De la survivance de l’ordre magique" consacrés à un ordre ancien peuplé d’anges et de démons. Il y est notamment question d’un talisman sur lequel est gravé un symbole celtique à trois branches, un triskel qui serait la clé pour retrouver l’endroit où se trouvent les autres anges et démons qu’il va falloir réunir pour réinitialiser le monde. Problème: Griam, Xamain et la fée constatent avec effroi que le triskel qui avait été confié au professeur Ancares Diaz a disparu.Mon avis: Lors de la prise en main de cet album, il faut absolument faire abstraction de la beauté des illustrations de Miguelanxo Prado pour se concentrer sur le récit, et ce n’est pas du tout évident lorsque chaque case se présente comme un véritable tableau. Par le biais d'une enquête digne des meilleurs thrillers, Prado nous entraîne dans une aventure pleine de surprises qui va multiplier les rebondissements sur fond de mysticisme et de magie, de mythes et légendes celtiques mêlant fée, anges, démons, symboles runiques, mais aussi largement teintée d’écologisme. Les hommes n’ont pas respecté le pacte conclu et ne vivent pas du tout dans le respect de la nature. Au lieu d’utiliser à bon escient des ressources naturelles qui ne sont pas inépuisables, ils n’ont cessé de les exploiter, de les piller et le monde se dirige tout droit vers la catastrophe. En lien avec notre actualité, Prado nous incite à nous interroger sur le rôle que nous jouons sur la planète, protecteur ou destructeur de cette nature fragile, et sur notre impact sur l’équilibre naturel des choses. Les êtres magiques évoqués font penser à ces druides qui exerçaient des responsabilités certes religieuses mais aussi politiques et même pédagogiques. Côté dessin, l’ensemble est de toute beauté. Chaque case constitue un tableau que l'on prend plaisir à s’attarder à contempler. Les personnages sont hauts en couleurs, parfois même impressionnants et bourrés d'énergie ce qui colle parfaitement au récit. Le découpage et les cadrages des plus efficaces. Les illustrations à l’acrylique/aquarelle restituent bien l’univers féérique et offrent un rendu coloré des plus agréables. Un très beau et instructif moment de lecture de près de 106 pages à ne rater sous aucun prétexte.

SDJuan

Scénario : MARYSE et JEAN-FRANCOIS CHARLES
Dessin : Jean-François CHARLES
Couleurs : Jean-François CHARLES
Dépot légal : 15 janvier 2019
Editeur : 
ISBN : 9782203172289​
Nombre de pages : 64

Ce deuxième tome de China Li se concentre sur notre héroïne dans les années 30 à Paris. Li qui a enfin trouvé un logement poursuit ses études et se trouve une nouvelle passion pour la photographie. A Paris, elle va aussi découvrir l’amour auprès d’un jeune peintre, Antoine, dont elle est tombée amoureuse malgré son penchant pour l’alcool. Mais si tout semble aller pour le mieux, elle ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour son père adoptif, Monsieur Zhang Xi Shun, eunuque mais surtout l’un des leaders du trafic de l’opium à Shangaï, qui ne répond pas à ses nombreuses lettres. Et lorsqu’il le fait, les nouvelles ne sont pas bonnes: la famine sévit en Chine, le trafic d’opium, le jeu, la prostitution ont attiré de nouveaux truands très loin des hommes d’honneur d’auparavant et l’instabilité politique règne. Lorsqu’elle apprend par la presse que la situation en Chine s’est soudainement aggravée avec l’invasion de la Mandchourie par un Empire du Japon nationaliste et expansionniste, elle décide de mettre sa passion au service du journalisme. Au même moment, elle se voit contrainte de quitter le logement qu’elle partageait avec une amie et échappe de peu à la rue en se réfugiant chez Antoine.Mon avis: Maryse et Jean-François Charles nous plongent dans cette Chine d'avant la seconde guerre mondiale par l’entremise de Li désormais installée à Paris. La Chine va très mal et le scénario comme toujours solidement documenté nous fait (re)vivre les événements de la grande Histoire, comme nous y ont habitué les Charles dans leurs précédentes séries. Ce gros travail de recherche documentaire est accompagné d’une bonne dose de fiction et d’aventure notamment grâce à cette jeune Li intrépide et bien déterminée à retrouver son père adoptif auquel elle doit tant. Ses inquiétudes recoupent la période sombre et triste qui commence pour la Chine – la guerre civile chinoise, les guerres sino-japonaises en lien avec l’invasion de la Mandchourie par le Japon, la montée continue des communistes jusqu’à la proclamation de la République populaire de Chine en 1949 – mais elle-même n’est pas à l’abri des difficultés dans ce Paris d’avant-guerre. La série se poursuit avec ses personnages profonds, complexes et bien définis dans des environnements souvent dépaysants comme les Charles en sont coutumiers pour notre plus grand plaisir. Les illustrations à l'aquarelle de Jean-François Charles sont toujours aussi impressionnantes, un travail délicat et de qualité. On retrouve son savoir-faire pour sublimer la beauté des jeunes femmes mais aussi dans les décors souvent majestueux notamment lorsqu'il les déploie pleine page. Le trait fait penser à des estampes chinoises (évidemment). Des personnages expressifs, des décors d’époque richement travaillés, là aussi on sent que la recherche documentaire a porté ses fruits.

Un second tome tout aussi passionnant qui nous laisse entrevoir un final haletant.

SDJuan