Créabulles, Expositions, Dédicaces, Rencontres.

Chroniques

Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture. 

  • NO BODY 5

    No body 5Saison 2 tome 1/3 : L'agneau
    Scénario : Christian DE METTER
    Dessin : Christian DE METTER
    Couleurs : Christian DE METTER
    Dépot légal : Novembre 2019
    Editeur :
    Soleil
    Collection: Noctambule
    ISBN : 978-2-302-07900-7
    Nombre de pages : 96

    Issue de la haute société romaine, Gloria, la fille du juge Agnelli, vient d’être kidnappée malgré les gardes du corps chargés de protéger la famille et une policière affectée à sa sécurité personnelle. Avec habileté, elle va parvenir à échapper à ses ravisseurs masqués et à s’éloigner suffisamment pour être hors de leur portée, mais dans sa fuite elle glisse sur un rocher, se brise une jambe dans sa chute avant de s’évanouir de douleur. Tout a commencé quelques jours plus tôt. Alors qu’elle était en voiture avec son grand-père et la policière affectée à sa protection rapprochée, leur véhicule a été heurté par une camionnette. Sur les lieux, les ravisseurs déguisés en ambulanciers n’ont pas hésité à tirer, tuant la policière et laissant son père sans connaissance après la collision. La famille aussitôt contactée ne devait prévenir ni la police ni la presse. Une enquête a toutefois été lancée et deux policiers chargés de retrouver Gloria. Ce qui semble être un kidnapping tout à fait banal va vite se transformer en fiascos successifs avec la fuite de Gloria…No body 5 plancheMon avis: Si Christian de Metter situe ce deuxième cycle dans l’Italie des années dites de plomb (fin des années 60 - début des années 80) marquées par des violences de rue, la lutte armée et des actes de terrorisme, bien loin donc de l’ambiance américaine du premier cycle qui lui avait valu en 2017 le prix Polar de la meilleure série francophone au Festival Polar de Cognac, on retrouve avec plaisir l’ambiance typique des polars bien noirs. Tout est là pour nous offrir un récit captivant et surprenant: une ambiance sombre, des gangsters, l’enlèvement de la fille d’un juge, des courses poursuites, une enquête policière qui démarre, etc. De Metter installe de manière efficace et bien construite les éléments d’une intrigue à l’atmosphère oppressante dans laquelle il fait évoluer des personnages fortement typés, certains même plutôt inquiétants, qui forment une belle galerie de gueules charismatiques. Côté illustration, fidèle à lui-même, il nous propose d’une main de maître un dessin empreint d’originalité qui nous fait vivre l’aventure dans un style très fluide grâce à un découpage et des cadrages qui servent parfaitement l’histoire. Sa mise en couleurs vient encore souligner des effets graphiques soignés. Premier tome introductif d’une trilogie prometteuse.

    SDJuan

  • LEOPOLDVILLE 60

    Leopoldville 60Léopoldville 60
    Scénario : Patrick WEBER
    Dessin : Baudouin DEVILLE
    Couleurs : Bérengère MARQUEBREUCQ
    Dépot légal : octobre 2019
    Editeur : Anspach

    ISBN : 978-2-9602104-6-0
    Nombre de pages : 52

    Après sa belle prestation d’hôtesse à l’exposition universelle de Bruxelles en 1958, Kathleen Van Overstraeten fait désormais partie du personnel de bord (PNC pour personnel navigant commercial comme on dit aujourd’hui) de la Sabena en tant qu’hôtesse de l’air affectée aux longs courriers. Son premier vol est à destination de Léopoldville, capitale du Congo belge où elle rend visite à son ancienne collègue Monique chez ses parents. Plus tard, au restaurant, elle aura l’occasion de revoir un passager du vol, Frans Vermeulen, qui avait eu un comportement plutôt désagréable à bord. Mais c’est surtout le climat anxiogène régnant sur place qui la préoccupe elle et tous les ressortissants belges établis au Congo. Le désir d’indépendance du Congo "belge" se fait sentir à chaque instant désormais et l’inquiétude voire la peur grandissent parmi les colons. Les puissances étrangères négocient déjà en sous-main la part du gâteau qu’elles espèrent obtenir. Kathleen qui a déjà vécu à l’expo 58 des moments de tension sera d’une grande aide dans le processus de décolonisation qui vient de débuter… ce qui ne l’empêchera pas de mener sa propre enquête sur les magouilles de certains pour s’approprier illégalement les richesses du Congo.Leopoldville 60 planche 1Mon avis: Dans ce nouvel album, Patrick Weber nous entraîne au Congo belge de 1960, période de troubles qui verra son indépendance faisant suite à la montée d’un mouvement nationaliste né en 1958 qui s’est progressivement radicalisé et accompagné d’une agitation dans tout le pays en 1959. Si Kathleen est au centre de cette nouvelle aventure, au cœur de Léopoldville, les relations entre la Belgique et le Congo constituent l’essentiel du récit. Patrick Weber nous propose une description plutôt vivante et pittoresque de la réalité historique, des travers et défauts de la colonisation, privilégiant l’aventure au fil d’une intrigue bien ficelée où l’on retrouve les mêmes ingrédients que dans le récit précédent même si le contexte historique est cette fois davantage présent. Il s’agit bien d’une BD historique, sans prise de position, sans jugement, une sorte de témoignage certes succinct mais bien documenté sur un événement majeur de l’histoire de la Belgique, une première approche que chacun a tout loisir d’approfondir et un bon moyen de découvrir ce qu’a été l’époque coloniale pour un lectorat plus jeune qui néglige souvent les cours d’histoire à l’école ou au collège. Leopoldville 60 planche suiteCôté dessin, Baudouin Deville nous régale de nouveau de belles illustrations dans ce même style ligne claire qui nous avait fait apprécier Sourire 58. Il nous transporte dans le temps et nous faire vivre l’aventure tant à Bruxelles qu’à Léopoldville. Les planches sont soignées, détaillées et bien documentées. On sent qu’il a effectué un gros travail de recherche pour nous offrir de très belles cases riches en décors urbain et/ou champêtre, objets de la vie courante, véhicules, aéronefs de la Sabena (Douglas DC-5 ou DC-7 et Boeing 707), costumes, tenues et coiffures des très nombreux personnages présents mais tous aisément reconnaissables. Une lecture très agréable grâce à l’excellente mise en couleurs de Bérengère Marquebreucq. A noter en fin d’album un cahier graphique très instructif sur le Congo belge et Léopoldville.

    Attachez bien vos ceintures car cet album, fiction oblige, constitue une aventure bien fournie en rebondissements pour passer un agréable moment de lecture. On ne peut que souhaiter qu’il connaisse le même succès que Sourire 58 (vendu à 22000 exemplaires et objet de 4 éditions).

    SDJuan

    SDJuan

  • CORTO MALTESE Le jour de Tarowean

    Corto maltese le jour de taroweanCoup de coeur 1Tome 15 Le jour de Tarowean
    Scénario : Juan DIAZ CANALES
    Dessin : Ruben PELLEJERO
    Couleurs : Ruben PELLEJERO et SASA
    Dépot légal : novembre 2019
    Editeur : 
    Casterman 1
    ISBN: 978-2-203-18588-3​
    Nombre de planches : 80

    Tout commence ce 1er novembre 1912, jour de la Toussaint, sur l’île de Tasmanie, située à 200 km au sud-est de l’île principale de l’Australie. C’est le jour traditionnel de Tarowean ou jour des surprises selon la tradition aborigène. Engagé par le Moine pour une mission, Corto fait appel au pirate Raspoutine et à quelques autres de ses connaissances. Ils doivent se rendre dans l’ancien pénitencier de Port Arthur, un lieu désormais abandonné qui malgré sa sinistre réputation attire des touristes. Là, ils doivent libérer l’un des derniers prisonniers, un jeune homme nommé Calaboose, et le ramener sur l'île d'Escondida, dans le Pacifique Sud. On ne sait pas très bien si Calaboose est maintenu prisonnier à Port Arthur ou s’il a lui-même pris la décision de ne pas quitter son trou. En revanche, en tant qu’aborigène samoan, ce "détenu" pourrait bien être la clé de tous les conflits dans la région. Il va sans dire qu'au cours du voyage qui va ensuite les mener jusqu’à Bornéo, Corto, Raspoutine et le jeune Calaboose vont faire des rencontres qui vont s’avérer cruciales pour la réussite ou non de leur mission.Corto maltese 15 plancheMon avis: Plus de 50 ans après la parution de l’histoire d’Hugo Pratt où apparaît pour la première fois Corto Maltese, Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero nous donnent l’occasion avec ce troisième album qu’ils ont signé de découvrir les origines d’une image qui a marqué bon nombre de fans de la série: Corto trouvé en pleine mer sur un radeau, là même où a commencé l'aventure du héros dans l'album d’Hugo Pratt intitulé "La ballade de la mer salée" (publié en italien dès 1967 puis en français à partir de 1974 avant de faire l’objet d’un album Casterman N&B en janvier 1975). L'aventure se déroule en partie dans les îles du Pacifique, où Corto va devoir faire face à un conflit dont l’enjeu est le latex d’hévéa opposant les autochtones à des puissances internationales. On y retrouve avec plaisir quelques-uns des personnages du premier tome signé Pratt, occasion pour Díaz Canales et Pellejero de lui rendre un bel hommage. Corto maltese planches suiteLe récit développe diverses intrigues sur fond de conflit politico-économique tout en y ajoutant du romantisme, un peu de magie et du fantastique, mais aussi du rêve avec un Corto plus jeune, peut-être plus franc, plus pirate, en tout cas toujours prêt à se lancer dans l'aventure avec un grand A. Tous les ingrédients qui ont fait la réussite du personnage sont bel et bien présents dans ce troisième opus concocté par le duo infatigable que forment Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero, jamais à court d'idées et dont on peut réellement dire qu’ils se sont parfaitement appropriés le personnage de Corto Maltese sans jamais le dénaturer. Leur tandem fonctionne à merveille car ils font partie de ces auteurs qui travaillent vraiment ensemble, presque main dans la main, et non pas chacun isolé de son côté. Leur collaboration aboutit à la conception d’albums qui, du coup, réussissent à nous surprendre à chaque fois. Bravo !Corto maltese 15 planche suiteCoté illustration, Rubén s'est complètement approprié le personnage de Corto en adoptant une manière de le travailler qui respecte l’œuvre de Pratt tout en y apportant sa touche personnelle, son style si particulier: les personnages, les cases, les pages sont ainsi plus dynamiques, plus nerveuses, plus actuelles et, au final, cela fonctionne à merveille, du moins c’est ce que je ressens en lisant ce très bel album de Corto Maltese. Belles couleurs, travaillées à quatre mains avec sa fille Sasa, tout aussi respectueuses de l'univers de Corto Maltese ! 

    Un must !

    SDJuan

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  • SAMURAI LÉGENDES T6

    Samurai legendes 6Tome 6: Reiko
    Scénario : Jean-François DI GIORGIO
    Dessin : Cristina MORMILE
    Couleurs : Christian DENOULET
    Dépot légal : Octobre 2019
    Editeur : Soleil
    ISBN : 
    978-2-302-07756-0​
    Nombre de pages : 46

    Archère hors pair capable de prouesses extraordinaires, Reiko est follement amoureuse de Tadamochi. L’arrivée prochaine de la fête du Setsubun qui célèbre le passage de l’hiver au printemps va lui donner l’occasion de rejoindre son petit ami. Prenant prétexte de se rendre à la fête, elle accepte, pour rassurer ses sœurs ainées Furiko et O-Kane, d’y aller accompagnée par leur ami Ota puisque leur voyage les oblige à traverser les rizières noires réputées dangereuses. À peine arrivée à destination, Reiko s’esquive discrètement pour rejoindre Tadamochi. Après une nuit de rêve durant laquelle les deux amoureux se donnent l’un à l’autre, au petit matin Reiko se réveille à côté d’un cadavre: Tadamochi est mort empoisonné et son corps est couvert de pustules. Reiko est très vite suspectée du meurtre du jeune homme et c’est grâce à l’aide de ses sœurs qu’elle échappe à une mort certaine. Qu’est-il arrivé à Tadamochi et comment nos trois Sœurs de l’Ombre vont-elles échapper à leurs poursuivants mais aussi à ce qui a tout l’air d’être une malédiction ?Samurai legendes 6 plancheMon avis: Jean-François Di Giorgio sait comment accrocher l’attention du lecteur. Si l’aventure commence dans la bonne humeur, la légèreté et les joies de la vie vécues par Reiko, la plus jeune des trois sœurs, la situation tourne vite au cauchemar tout au long d’un récit plutôt dynamique. Les ennuis arrivent alors en cascade, les secrets qui entourent les personnages s’écroulent l’un après l’autre et les révélations vont bon train, le surnaturel venant en plus corser l’histoire. Samurai legendes 6 planche autreLes dessins bien maîtrisés de Cristina Mormile servent parfaitement l’histoire, tour à tour drôles, sérieux, coquins, violents. L’ensemble dégage une belle énergie, notamment dans les superbes scènes de combat, et bénéficie d’un découpage et d’une mise en page efficaces ainsi que d’une très agréable mise en couleurs confiée aux soins de Bertrand Denoulet. Un récit toujours aussi dépaysant et plaisant à lire. Les fans de la série ont encore de beaux jours de lecture devant eux. 

    SDJuan

  • MAUDIT SOIS-TU

    Maudit sois tuCoup de coeur 1Tome 1/3 : Zaroff
    Scénario : Philippe PELAEZ
    Dessin : Carlos PUERTA
    Couleurs : Carlos PUERTA
    Dépot légal : septembre 2019
    Editeur :
    Ankama
    ISBN: 1-03-350978-7​
    Nombre de planches : 64

    Une chasse à l’homme a lieu dans les égouts de Londres. Une chasse organisée par le milliardaire russe Nicholas Zaroff, qui ne laisse aucune chance à ses futures victimes. Le cadavre que retrouvent les inspecteurs a été tué d’une flèche à plusieurs pointes dans la gorge qui a ensuite été violemment arrachée comme le confirme le médecin légiste.  D’autres chasses sont d’ores et déjà prévues et cette fois dans un seul but : la vengeance. Les futures victimes ? Les descendants des quatre personnes – Richard Burton, Mary Shelley, Emily Brontë et Charles Darwin – qui, il y a plus de 150 ans, ont fait interner son aïeul, le Comte Piotr Vassili Zaroff, dans un asile de fous, ce qui a enclenché une malédiction sur tous ses descendants. Plus grave, ils seraient également mêlés de près à la mort du docteur Moreau. Aujourd’hui en 2019, Charles Moreau et Nicholas Zaroff sont déterminés à venger leurs aïeux et à reprendre le flambeau. Maudit sois tu planche 1Mon avis: Philippe Pelaez m'a beaucoup surpris avec ce premier album d'une trilogie qui s’annonce des plus sombres, mêlant roman, ciné et faits réels avec savoir-faire. Un récit bien rythmé au suspense palpitant et agrémenté d’une touche de fantastique qui le rend encore plus fascinant. Comme dans le film "Les chasses du comte Zaroff", les chasses à l'homme organisées par le descendant du comte, un riche et bel aristocrate russe raffiné, sont hors normes, cruelles et sans pitié. Cette alliance avec le descendant du docteur Moreau du 19e siècle ajoute encore à l'horreur du récit qui tourne autour d'une vengeance aussi implacable que démesurée, le tout dans une ambiance des plus suffocantes, parfaitement rendue par le dessinateur et illustrateur espagnol Carlos Puerta qui nous plonge d'entrée de jeu dans un univers oppressant, sombre et des plus angoissants. Maudit sois tu planche 2Ses pages, son découpage, sa maîtrise de la mise en scène dans un style très cinématographique, son habileté à restituer les expressions, tout nous immerge dans cette atmosphère de violence qui nous attend jusqu'à la dernière page de ce premier tome très prometteur. Puerta use d’un trait et de couleurs qui rendent l'album hyper réaliste, parfois proche de la photo, ce qui le rend encore un peu plus effrayant. Le premier tome se situe à notre époque en 2019, le second intitulé "Moreau" à paraître en 2020 se situera en 1848 et le troisième "Shelley" (prévu en 2021) se déroulera en 1816. Une très belle et originale adaptation de la courte nouvelle de Richard Connell intitulée "The most Dangerous Game" (1924) ayant servi de base au film sorti en 1932 sous le même nom (titre français "Les Chasses du Comte Zaroff").

    SDJuan

     

  • APRÈS L'ENFER

    Apres l enferCoup de coeur 1Tome 1/2 : Le jardin d'Alice
    Scénario : Damien MARIE
    Dessin : Fabrice MEDDOUR
    Couleurs : Fabrice MEDDOUR
    Dépot légal : juin 2019
    Editeur :Bamboo

    Collection : 
    Logo gd angle
    ISBN : 978-2-8189-6689-1
    Nombre de pages : 54

    La guerre de sécession qui s’est achevée par la défaite des troupes confédérées a laissé un sud humilié, en ruines et dévasté après quatre années de pillages, massacres et viols qui ont été le lot quotidien de beaucoup d’habitants. Dorothy a ainsi vu sa mère se sacrifier et subir les pires sévices et atrocités pour qu’elle ait la vie sauve et la ferme familiale entièrement pillée. Aujourd’hui la voici décidée à se lancer avec son chien Toto sur les traces des bourreaux et assassins de sa mère pour obtenir vengeance et justice. Sa route va croiser celle d’une autre victime, la jeune Alice, qui s’est réfugiée dans un monde qu’elle s’est créé pour échapper à cette dure réalité, un monde qu’elle connaît bien puisqu’il s’agit de celui d’une autre Alice, le Pays des Merveilles. De leur côté, trois anciens soldats sudistes, Hunk, Zeke et Hickory, eux aussi traumatisés par cette guerre fratricide, se rendent compte qu’il ne reste plus rien chez eux. Ils décident de prendre la route vers l’ouest... ou ailleurs et pourquoi pas vers le trésor que le général Sherman, dit-on, aurait amassé. Le destin va tous les réunir mais à quelles fins?Apres l enfer plancheMon avis: Damien Marie nous livre un scénario sans concession, dur, sombre et violent comme il se doit pour décrire les méfaits et atrocités perpétrés par les soi-disant vainqueurs d'une guerre fratricide. Et très habilement, il y inclut des allusions claires au Magicien d'Oz (dans lequel évolue une héroïne nommée Dorothy) ou à Alice au pays des Merveille, des références qui, sans aucun doute, soulignent le traumatisme psychologique et physique subi par ces deux jeunes filles à présent en quête de justice, chacune affrontant le drame à sa manière, par la violence ou par le silence, mais assurément animées par un besoin viscéral de vengeance. Apres l enfer planche 5En charge de l'illustration, Fabrice Meddour fait très fort. Ses dessins à l’aquarelle sont superbes. Les émotions sont presque palpables, la tristesse, la rage, l'introversion, etc., mais les silences le sont tout autant, violents et parfaitement ressentis grâce aux expressions à fleur de peau magnifiquement restituées par Fabrice Meddour qui excelle en la matière. Les décors de la Louisiane ne sont pas en reste, tout l'album étant structuré en séquences colorées, tantôt dans les tons beiges ou ocrés/orangés, tantôt dans les tons verts ainsi que pour les flashes-back, ce qui rend la lecture fluide et bien compréhensible. La mise en page, le découpage, tout est bien calculé pour nous captiver de la première à la dernière case. Un très bon premier tome qui augure une suite et fin peu banale. A suivre de près donc.

    SDJuan

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  • CHEZ ADOLF

    Chez adolfChez Adolf  - 1933 (1/4)
    Scénario : Rodolphe
    Dessin : Ramón Marcos
    Couleurs : Dimitri Fogolin
    Dépot légal : mai 2019
    Editeur : 
    Delcourt
    Nombre de pages : 54

    Chez Adolf? L’ADOLF? Titre volontairement très accrocheur et ce pour une nouvelle série qui se démarque de façon très intéressante de la production BD massive, consacrée au nazisme et à la Seconde Guerre mondiale.

    Attention: Il ne s’agit certainement pas d’un simple ouvrage de plus sur le sujet !

    Nous sommes le 30 janvier "1933" (premier opus de la série "Chez Adolf"). Hitler est devenu chancelier du Reich et dans l’immeuble un autre Adolf, tenancier du bar du rez-de-chaussée, change son enseigne pour devenir "Chez Adolf". Un double hommage certes, mais pour le moins opportuniste en ce qui concerne le nouvel élu: il est en effet bon pour les affaires de se montrer accueillant à l’arrivée du chancelier et du symbole d’ordre, de renouveau et d’espoir qu’il représente. Le professeur Karl Stieg habitant de l’immeuble, quant à lui, commence la rédaction de son journal: "Pourquoi ce jour-là ? Je n’en sais rien… était-ce le pressentiment qu’il allait se passer des choses nouvelles, importantes et que le monde alentour allait brusquement changer ?".

    Mais ce n’est encore pour lui qu’un pressentiment … Tandis que tout un peuple adhère au parti nazi, Karl Stieg ne s’intéresse guère à la politique. Il a sa vie au collège et une liaison avec Rosa, sa voisine mariée.Chez adolf 1A travers la chronique de la vie quotidienne des locataires d’un immeuble, nous suivons l’inéluctable progression de la vague de haine, de fureur qui va bientôt tout bouleverser. Les portraits du chancelier fleurissent dans les vitrines des magasins, le "Heil" remplace rapidement les formules de salutation, les uniformes se multiplient en classe et dans la rue, la peur s’insinue dans les ménages, les internements d’opposants augmentent, la discipline se mue en supériorité ethnique…

    Le professeur Karl Stieg, principal témoin et protagoniste d’une époque, est au départ un homme sans engagement, un homme passif. Un réaliste qui a ses doutes, ses hésitations, ses peurs et ses courages.

    "Qu’on le veuille ou non, on se retrouvera embringué dans leur foutu système ! Alors je me disais que plutôt que d’y être forcé d’y participer, on aurait peut-être intérêt à y adhérer de notre propre gré." Et peut-être lutter de l’intérieur?

    Cette BD nous interpelle en nous présentant les accommodements au quotidien et la passivité d’une population. Éducative, elle nous pousse au questionnement: Et nous, qu’aurions-nous fait, si nous avions été allemand? Ce n’est pas facile, à la relecture objective des événements, d’y répondre!

    "La révolution nazie avait aboli l’ancienne séparation entre la vie politique et la vie privée, et il était impossible de la vivre comme un événement politique. Elle ne se produisait pas uniquement dans le domaine politique, mais tout autant dans la vie de chaque individu; elle agissait comme un gaz toxique qui traverse les murs. Si on voulait échapper à ses émanations, la seule solution était l’éloignement physique. L’exil. L’adieu au pays auquel on était attaché par la naissance, la langue l’éducation, l’adieu à tous les liens de la patrie" - extrait d’"Histoire d’un allemand – Souvenirs 1914-1933" de Sebastian Haffner (Actes Sud).Chez adolf 2Le premier volume de la série Chez Adolf s’intitule simplement 1933 et couvre l’investiture du chancelier Adolf Hitler, l’incendie du Reichstag, le vote des pleins pouvoirs à Hitler, le boycott des commerçants, médecins et avocats juifs, le début du limogeage des fonctionnaires non aryens et se termine par la mise en place d’un autodafé de tous les livres anti-esprit allemand dans l’établissement où travaille le "tiède" professeur Karl Stieg. "Chez Adolf", prévu en 4 volumes, nous emmènera ensuite en 1939, 1943 et 1945.

    Mon avis: J’ai trouvé le scénario que nous a concocté Rodolphe intelligemment bien construit et documenté. C’est très subtil, dosé et découpé de main de maître. Il entraîne irrévocablement le lecteur au fil des pages dans le quotidien de civils allemands. Il nous met en situation, nous fait sentir les événements, observer l’évolution des idées et sentiments d’humains embourbés dans une vague de haine et de peur. C’est également très bien écrit: c’est fluide, clair et la plume est belle.

    Au dessin, Ramón Marcos sert très bien le récit en nous offrant un dessin de facture classique et réaliste. Son trait est simple mais expressif. Il nous propose une belle palette d’expressions de visage: bonhommie de "braves gens", surprise, peur, colère et joie. Les décors, les immeubles et les actions sont parfaitement illustrés. Quant à la mise en couleurs de Dimitri Fogolin, elle apporte incontestablement la touche années 30 indispensable à la crédibilité de l’histoire.

    DMichel

  • CHRONIQUES D'UNDER YORK (Les)

    Chroniques d under yorkTome 1/3 : La malédiction
    Scénario : Sylvain RUNBERG
    Dessin : Mirka ANDOLFO
    Encrage : Carmelo ZAGARIA (Arancia Studio)
    Couleurs : Piky HAMILTON(Arancia Studio)
    Dépot légal : Mars 2019
    Editeur : 
    Editions glenat logo
    Collection: Log-In La collection Young Adult
    ISBN : 978-2-344-03229-9
    Nombre de pages : 80

    New York, de nos jours. Travaillant la journée dans un "food-truck", Alison Walker, également jeune artiste encore méconnue de 19 ans, vient de recevoir une réponse positive de la prestigieuse Galerie First Look à New York pour y exposer ses peintures, savant mélange de deux univers, l’un réaliste et l’autre tout à fait métaphorique. Le vernissage de son exposition se déroule à merveille, les visiteurs saluent son talent et elle aura même la surprise de recevoir la visite du candidat démocrate à la mairie de New York: Aaron Stenford! Mais les choses vont subitement déraper lorsqu’un sortilège dont elle ignore encore l’origine transforme l’exposition en cauchemar sanglant. Les personnages de ses toiles ont pris vie sous la forme de créatures infernales qui s’attaquent aux invités du vernissage. Alison qui est aussi une jeune sorcière ne parvient pas à s’opposer au sortilège et son passé semble bien lui revenir en plein visage. Elle qui a une réelle phobie des sous-sols va devoir affronter l’autre réalité, celle de l’Under York.Chroniques d under york page 1Mon avis: Voici un album de Sylvain Runberg dont le thème – un subtil mélange de suspense, magie et sorcellerie – lui tient à cœur. Ce premier tome s’annonce prometteur avec une mise en place agrémentée de nombreux rebondissements et mettant en scène de nombreux personnages charismatiques qui brouillent savamment les pistes. Mais le cap est donné pour nous tenir en haleine: un monde parallèle existe sous la forme d’une ville sous la ville, Under York sous New York, centre névralgique de familles de sorciers représentant tous les courants de la sorcellerie (vaudou africain, irlandais, chinois, mexicain et amérindien) et les pratiques dangereuses qu’ils impliquent.Chroniques d under york planche suiteLe tout est très bien rendu en images par Mirko Andolfo qui maîtrise parfaitement cet univers ayant longtemps, malgré son jeune âge, travaillé pour le comics US. L’album bénéficie d’une mise en page et d’un découpage dynamiques qui servent parfaitement le récit. Un encrage de Carmelo Zagaria très réussi et des couleurs de Pika Hamilton donnant de la vie, du volume à l'ensemble. Les personnages sont bien reconnaissables et expressifs. Le tout est fluide, vivant et intense. Chroniques d under york planche autrePour en savoir davantage sur le pourquoi et le comment de cette mini-série (prévue en trois tomes), rendez-vous en fin d’album pour y découvrir une très intéressante interview des deux auteurs.

    SDJuan

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