Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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The KONG CREW
- Par asbl-creabulles
- Le 03/10/2019
Tome 1 : Manhattan Jungle
Scénario : Eric HERENGUEL
Dessin : Eric HERENGUEL
Couleurs : Eric HERENGUEL
Dépot légal : octobre 2019
Editeur :
ISBN: 979-1-03-351127-4
Nombre de planches : 681947. A bord de leur hydravion bimoteur, le biologiste Jonas Parker et le journaliste Irvin Stone se sont approchés et posés au plus près de la "zone interdite", l’île de Manhattan désormais appelée "Manhattan Jungle". Depuis 1933, en effet, tous les habitants ont été évacués après la victoire de Kong sur l'armée. L’île est devenue "son" territoire, une sorte de jungle hostile pour l’homme dans laquelle vivent désormais d’étranges créatures préhistoriques. Le jeune Virgil s'est engagé comme pilote dans la "Kong Crew", une unité d'élite de l'US Air Force chargée de sécuriser les abords de l’île, car son plus grand souhait est de pouvoir approcher au plus près la bête de onze tonnes. Les écologistes mais aussi la femme du président Truman fraîchement réélu militent en faveur de la protection de l'animal dans Manhattan Jungle. L’arrivée de Parker et Stone a vite été repérée par le service de renseignements de Montauk à Fort Hancock qui a confirmé leur présence dans la zone interdite. La Kong Crew est chargée de les localiser sans toutefois pénétrer dans la zone et, surtout, elle a interdiction formelle de s’y poser. Évidemment rien ne sera fait dans les règles et les choses vont prendre une tournure plus que dangereuse pour ces aventuriers plutôt kamikazes.
Mon avis: Dès la prise en mains la couverture accroche notre regard puis c’est l’album, dès ses premières pages, qui nous plonge dans un style rétro particulièrement réussi. Le trait, l’encrage, la couleur m'ont fait penser à des maîtres de la BD d’aventure de cette époque comme Milton Caniff. Une énergie folle se dégage de ce récit qui s’appuie sur une intrigue simple mais pleine de dynamisme et absolument passionnante où l’on trouve aussi de l'humour notamment grâce aux scènes avec Spit le teckel, de la tendresse et de jolies "pin up" comme l’infirmière Betty, sans oublier le sujet essentiel, le célèbre et exceptionnel gorille géant qui a marqué nos mémoires. Ce premier tome intitulé "Manhattan Jungle" a d’abord existé en format comics à tirage limité (1200 ex.) sous forme de deux chapitres publiés respectivement en janvier 2018 et janvier 2019 lors du Festival d’Angoulême en noir et blanc (à l’exception des couvertures) et en version anglaise.
Éric Hérenguel s'est retiré du "marché" de la BD pour s'y consacrer entièrement. Deux années de travail à l'écart de toute influence ou remarques qui auraient pu troubler sa détermination à faire cet album entièrement seul. Le résultat est là, et c’est vraiment du bon qui en est sorti. J'en redemande ! Et en plus cette BD a vraiment fière allure: 72 pages, dos toilé, belle couverture, suppléments à profusion avec descriptifs détaillés et belles illustrations en fin d'album pour un prix plus que démocratique pour un tel objet ! Bravo à l'auteur ! Et bravo à Ankama ! On peut dire qu’Éric Hérenguel ne se moque pas de ses fans ! A noter qu’une version collector N&B grand format enrichie de bonus est également prévue. Coté dessin, c'est du très haut niveau. Hérenguel a adopté un look vintage pour les décors, costumes et véhicules mais ne vous y trompez pas, il a également insufflé une touche moderne à ses illustrations: une grande variété de cadrages qui soulignent le dynamisme, des cases soignées et richement travaillées, des personnages très expressifs voire charismatiques, sérieux ou mystérieux, drôles, et même sexy, une mise en couleurs harmonieuse et largement orientée dans la modernité. Ce premier tome augure du meilleur pour cette série très originale.
SDJuan
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GAGNER LA GUERRE 2
- Par asbl-creabulles
- Le 02/10/2019
Tome 2 : Le royaume de Ressine
Scénario : Frédéric Genêt
Dessin : Frédéric Genêt
Couleurs : Frédéric Genêt et Annelise Sauvêtre
Adapté de : Jean-Philippe Jaworski
Dépot légal : Septembre 2019
Editeur :
Nombre de planches : 56Tandis que la guerre fait rage dans l’archipel du royaume de Ressine, Benvenuto Gesufal – le meilleur tueur à gages de la république de Ciudalia – prend du bon temps avec ses amis dans une taverne. Chargé de mener l’assaut contre les Ressiniens dans la cité portuaire de Cyparissa, le régiment Burlamuerte, fort de ses 6000 soldats, était censé recevoir l’appui maritime du podestat Cladestini mais celui-ci a essuyé une défaite cuisante. Toute son escadre a été détruite lors d’une attaque surprise et lui-même y a laissé la vie. Le podestat Ducatore décide alors de riposter avec une nouvelle flotte et invite Benvenuto à se joindre à lui. Lors de l’assaut, la stratégie de Don Mastiggia bien que bravant toutes les règles établies va s’avérer payante. Cette fois, Ciudalia remporte nettement la victoire, ce qui devrait contraindre le Chah Eurymaxas à capituler. À bord du navire amiral en route vers Ciudalia pour y annoncer la victoire, Benvenuto toujours en proie aux nausées est en pleine conversation avec Don Mastiggia quand, soudain, ils aperçoivent trois voiles qui semblent les suivre. Le plus étrange est que ces navires ressiniens sont en train de les rattraper alors qu’ils naviguent contre le vent. Alors que Benvenuto évoque la présence d’un, sinon deux, sorciers à leur bord pour aller aussi vite, ce qui devait arriver, arriva: l’abordage, la capture, la prison. Quel rôle Benvenuto joue-t-il en réalité? Et arrivera-t-il à déjouer les plans machiavéliques de Don Ducatore ?
Mon avis: On se souvient que le premier album était l'adaptation de la nouvelle de Jean-Philippe Jaworski intitulée "Mauvaise Donne", prologue au roman "Gagner la Guerre". Dès ce tome 2, nous plongeons dans les premières pages du roman proprement dit. Et la collaboration entre les deux auteurs se poursuit pour notre plus grand plaisir, Frédéric Genêt travaillant sous l’œil attentif mais tout à fait confiant du romancier pour l'adaptation BD de son oeuvre. On monte clairement d'un cran dans l'action et l'aventure tout au long d’un récit où la ruse et la perfidie vont croître. La guerre entre Ressiniens et Ciudaliens est, comme toutes les guerres, sanglante et aura d’importantes répercussions pour la région qui devra faire face à de nouveaux enjeux. Benvenuto abat ses cartes l’une après l'autre mais se retrouve face à de nouveaux protagonistes tout aussi rusés qui viennent étoffer l’intrigue. Frédéric Genêt égrène habilement les ambitions claires ou sournoises et les noirs desseins qui animent et que nourrit chacun pour nous tenir en haleine.
Le cadre et les ambiances (maritimes cette fois) sont toujours aussi fascinants. Et alors que l'on croit en savoir assez pour attendre le prochain album, il termine avec un cliffhanger plus que surprenant pour nous tenir en suspens. Intenable ! Côté dessin, Genêt fait très fort. Action, rythme et énergie dominent la plupart des pages qui profitent pleinement d’un découpage et de cadrages à couper le souffle. Il accompagne notre regard pour le mener là où il veut que notre œil s’attarde. Si les cases sont fournies en détails, décors et personnages, l’album est loin d’être surchargé car Frédéric Genêt s’est appliqué à ce qu’il reste clair et très lisible. Cela reste de la pure fantasy mais dans un décor inspiré de la Renaissance hispano-italienne. La mise en couleurs à deux mains (Annelise Sauvêtre et Frédéric Genêt) est élégante et apporte volume et lisibilité aux illustrations. A ne pas rater.
Une version N&B à tirage limité avec carnet de croquis est également prévue comme pour le tome 1.
SDJuan
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LAOWAI 3
- Par asbl-creabulles
- Le 30/09/2019
Tome 3 : La chute du palais d'été
Scénario : ALCANTE et Laurent-Frédéric BOLLÉE
Dessin : Xavier BESSE
Couleurs : Xavier BESSE
Préface: Jean-François KLEIN
Dépot légal : Août 2019
Editeur :
Collection: Grafica
ISBN : 978-2-344-02655-7
Nombre de pages : 62Officiellement, les motivations politiques et diplomatiques des Occidentaux concernent de nobles causes comme la liberté du culte, l'établissement d’ambassades à Pékin, etc. En fait, la réalité est tout autre. Il s’agit de maintenir la route de la soie mais et surtout de garder le contrôle sur le marché de l’opium. François qui a perdu ses illusions sur la nature de l’action de la France a malgré tout repris sa place au sein du régiment et prend part à la prise des forts de Dagu avec son ami Jacques Voisin, qui a découvert qu’il est le fils illégitime du général Montauban. Pour se rapprocher de lui, il participe activement au conflit et est même prêt à se sacrifier pour que son père le reconnaisse enfin et soit fier de lui. François, lui, vit toujours aussi mal cette expédition. Convaincu qu’il faut trouver une issue pacifique à cette guerre sanglante, il n’a que peu d’alliés et doit faire face à la folie meurtrière du sergent Marais qui défend bec et ongles son trafic d’opium. Quant à Valentine Préau, elle n’a plus qu’une idée en tête, révéler au monde la dure réalité des faits dans son reportage. Dans le camp des Chinois, le général Sengge Linqin, oncle de l'Empereur, ne sait comment arrêter le massacre qui s’annonce d’autant que depuis le début de l’affrontement c’est une évidence pour lui que l’armée des Européens et de leurs alliés est bien supérieure en force et en nombre aux effectifs chinois. Mais quel rôle peut bien jouer Jia-Li dans cet échiquier mondial ?
Mon avis: Avec ce troisième tome, les auteurs (Alcante et Laurent-Frédéric Bollée) concluent en beauté cette série qu’ils ont pilotée avec brio depuis le début en relatant ce que les "civilisés" ont pu faire sous la bannière de la "droiture" et de la "justice". Car s’il y a bien une part de fiction, les faits historiques sont respectés, la France et l’Angleterre ayant sciemment avancé des motifs infondés afin de justifier une guerre économique visant à protéger le marché de l'opium permettant de se fournir sur le marché de la route de la soie aux prix les plus bas, et n’hésitant pas, en cas d’échec, à tout détruire derrière eux. Un récit bien équilibré donc, un déroulement efficace et rythmé, des personnages attachants et un contexte politico-économique particulièrement dramatique de par les conséquences sérieuses qu’il a eues. On sait que devant l’avancée rapide des alliés occidentaux, l’empereur Xianfeng quittera Pékin laissant à son frère, le prince Kong, la responsabilité des négociations de paix. Si les alliés n’occuperont jamais la ville, en revanche le Palais d’été situé à quelques kilomètres, sera incendié et mis à sac. Le prince finira par signer le Traité de Pékin en octobre 1860. Par ce traité, la Chine doit verser de fortes indemnités aux Occidentaux et ouvrir à leurs commerçants le bassin du Yangzi Jiang (Yang-tsé-Kiang) et à leurs missionnaires l'ensemble de l'empire. Elle accorde des concessions à plusieurs puissances étrangères et confirme la concession des colonies de Hong-Kong aux Britanniques et Macao aux Portugais. Les Européens présents en Chine se voient même accorder le privilège de l'extraterritorialité. La série s’achève en laissant le plaisir d’avoir lu une très belle aventure épique d’autant que ce récit constitue une bonne introduction à la découverte d’un pan de notre histoire peu ou mal connu (voire ignoré dans les manuels scolaires) et qu’il est l’occasion de s’interroger sur le sens des mots "barbare" et "civilisé".
Ce dernier tome vient confirmer le talent de Xavier Besse. Tout au long de la série, il a su maintenir le rythme et rendre l'aventure vivante avec des cadrages énergiques, de superbes scènes d'action et de guerre et de magnifiques décors colorés. Ses personnages ont du caractère et se démarquent bien les uns des autres pour rendre cette aventure encore plus fluide et très agréable à lire. La mise en couleurs est lumineuse, raffinée et dynamique. Une très belle réussite.
SDJuan
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LAOWAI 2
- Par asbl-creabulles
- Le 27/09/2019
Tome 2 : La bataille de Dagu
Scénario : ALCANTE et Laurent-Frédéric BOLLÉE
Dessin : Xavier BESSE
Couleurs : Xavier BESSE
Préface: Jean-François KLEIN
Dépot légal : Janvier 2018
Editeur :
Collection: Grafica
ISBN : 978-2-344-01054-9
Nombre de pages : 48François Montagne et ses compagnons d’arme découvrent enfin la Chine mais aussi une réalité brutale et bien différente de ce qu’ils pensaient. Même le sergent-instructeur Marais n’a pas hésité à tirer sur François lorsque ce dernier menaçait de dénoncer son implication dans le trafic d’opium. Un paysan chinois victime lui aussi de la violence militaire sauvera in extremis François de la noyade, le soignera et le ramènera à la concession française pour qu’il ne soit pas considéré comme déserteur. Là, François rencontre Valentine Préau, l'envoyée spéciale du journal "Le Siècle", amie de Victor Hugo et plutôt proche de ses idées et opposée à l’intervention française, venue avec son photographe, Antoine Cartier, pour couvrir les événements. Mais François doit prendre la fuite lorsque des soldats le prennent en chasse. Dans sa précipitation, il se réfugie dans une fumerie d'opium en promettant de payer pour ne pas être dénoncé. Incapable de tenir sa promesse, le propriétaire l’oblige à goûter de l’opium avant de le laisser partir mais cette expérience va très vite entraîner addiction et dépendance chez François. Encore lucide, il décide d'aller demander de l'aide à la belle Jia-Li mais les choses vont rapidement aller de mal en pis. Dans le même temps, la guerre fait rage entre les Chinois qui défendent les forts de Taku (Dagu) et les forces navales de l’alliance Européens-Japon à l’embouchure du fleuve Peiho (Hai He), la voie d’accès vers Tientsin (Tianjin). Le but inavoué de l’intervention est bien de mettre la pression sur les Chinois afin qu'ils acceptent toutes les conditions imposées par les Français et les Anglais car l’enjeu est de taille: maintenir le commerce de l’opium en Chine. Quel rôle François va-t-il pouvoir jouer dans le dénouement qui approche?
Mon avis: Après un premier tome qui a bien posé et présenté les bases et les acteurs du récit, ce deuxième album monte clairement en puissance. La dure réalité s’impose à François, le laowai - l'étranger, tout à fait à l’opposé de sa motivation personnelle et révélant le mensonge d’État et la sale guerre qui s’annonce meurtrière à Dagu. Son personnage est bien développé, notamment les doutes et scrupules qui le taraudent, et nous fait côtoyer de nouveaux intervenants qui enrichissent un récit une nouvelle fois dense et rythmé, dominé par le trafic de l’opium et ses enjeux, qui réussit à nous tenir en haleine de bout en bout.
Les planches de Xavier Besse sont toujours aussi belles et bien construites, en particulier dans les scènes de bataille débordant de dynamisme. En dépit d’un sujet très dur, on retrouve avec plaisir la splendeur et les beautés de la Chine à travers des décors et personnages féminins typiques d’un univers qu’il apprécie beaucoup et qui constituent un agréable dépaysement.
On attend de lire avec impatience le troisième et dernier tome de ce récit épique et historique passionnant et bien construit.
SDJuan
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LAOWAI 1
- Par asbl-creabulles
- Le 26/09/2019
Tome 1 : La guerre de l'opium
Scénario : ALCANTE et Laurent-Frédéric BOLLÉE
Dessin : Xavier BESSE
Couleurs : Xavier BESSE
Préface: Jean-François KLEIN
Dépot légal : Janvier 2017
Editeur :
Collection: Grafica
ISBN : 978-2-344-00504-0
Nombre de pages : 461859. Depuis que son parrain, le père Chapdelaine, a été cruellement exécuté en Chine en 1852, François Montagne, fantassin dans l'infanterie de Marine, n'a qu'une idée en tête, se venger. Les événements vont lui en donner l’occasion car la France et l'Angleterre se préparent à envoyer des forces navales en Chine dans le cadre d’une expédition punitive suite à la mort du prêtre mais aussi parce que l’Empire n’aurait pas respecté toutes les clauses du traité de Tientsin (Tianjin) signé en 1858. Auparavant, François doit d’abord remporter des épreuves éliminatoires. En présence du général Charles Cousin-Montauban, il s’agit de sélectionner les hommes appelés à former le contingent qui sera envoyé en Chine. Si François remporte l'épreuve au terme d’un long et dur entraînement, ce n’est pas le cas de son ami, Jacques Jardin. En usant de ruse auprès du Sergent Marais, Jacques finira lui aussi par se faire engager en promettant au sergent d’illustrer ses exploits tout au long de l’expédition grâce à ses dons de dessinateur. A bord du navire en route vers la Chine, François est désigné pour nettoyer la chambre d'un étrange diplomate français dont la jeune épouse chinoise, Jia Li, ne semble guère l'apprécier. Bien des secrets sont encore dissimulés et rien ne va se passer comme prévu au cours de cette expédition vers la Chine.
Mon avis: D'emblée on plonge dans l'action grâce à un scénario savamment construit, puis on se laisse emporter dans une aventure qui ne va plus s'arrêter pour finalement nous mener vers ce qui semble inévitable, la guerre, une guerre qui sera prétexte à bien d’autres développements de la part des auteurs. L’idée de raconter la guerre de l'opium trottait par la tête d’Alcante à la suite d’un voyage en Chine où elle reste un traumatisme.
Avec la complicité de Bollée, il a donc construit cette fiction bien documentée (prévue en trois tomes) qui s’appuie sur des personnages et faits réels venant en consolider les bases. Allant à l’essentiel, le récit nous permet de découvrir une période peu ou mal connue (voire ignorée dans les manuels scolaires) de l’histoire de France, révélant les véritables enjeux et la nature davantage économique de la présence occidentale en Chine dans une guerre qui sera ensuite qualifiée de guerre de la honte du fait même qu’elle ne visait qu’à protéger et favoriser le commerce de l’opium. Entretenant des relations plutôt difficiles, les principaux protagonistes alimentent le suspense tout au long d’un récit dynamique, fluide et captivant qui se déroule sur fond de guerre sale et de marché de la drogue.
Dessinateur et coloriste de la série, Xavier Besse apporte son savoir et son expérience en art asiatique (pour lequel il a un goût marqué) dans l’illustration de cette série essentiellement située en Chine. Lui aussi s’est largement documenté afin de nous proposer des illustrations fiables et fidèles. Un trait précis et soigné pour un dessin tout en finesse et élégance, en particulier pour les décors et maisons traditionnelles chinoises. Ajoutons un découpage varié, de nombreuses scènes d’action et de combat, de superbes décors maritimes et une grande variété et richesse des tenues, costumes ou uniformes des soldats en présence. L’ensemble bénéficie d’une très belle mise en couleurs. Début plus que prometteur pour cette aventure fort attachante.
SDJuan
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BUZZKILL
- Par asbl-creabulles
- Le 19/09/2019
One Shot
Scénario : Donny Cates, Mark Reznicek
Dessin : Geoff Shaw
Couleurs : Lauren Aff
Dépot légal : Août 2019
Editeur :
Collection : Contrebande
ISBN : 978-2-413-01661-8
Nombre de pages : 88Ruben est un super-héros peu ordinaire, ce qui lui apporte bien des problèmes. En effet, il n’acquiert ses "super"-pouvoirs qu'en absorbant de l'alcool ou de la drogue et, du coup, beaucoup de personnes le considèrent comme un danger public, notamment ses collègues super-héros qui ne veulent plus de lui dans leurs rangs. Son plus gros souci est qu'une fois imbibé de drogue ou d'alcool il perd tout contrôle et, de surcroît, une fois les effets estompés il oublie tout ce qui a pu se passer. C’est lui-même qui se confie aujourd’hui lors d’une séance aux Alcooliques Anonymes. Et comme si cela ne suffisait pas, son père n'est pas vraiment ce que l'on peut appeler un père modèle mais bien plutôt un meurtrier sans foi ni loi.
Mon avis: Donny Cates (scénariste de comics "classiques" mais aussi de récits plus sombres et plus complexes beaucoup moins grand public) et Mark Reznicek se sont associés pour écrire le scénario dur mais largement empreint d'humour (noir évidemment) de ce one shot. L'alcool n'est pas un thème nouveau dans le comics, loin de là, mais cet album en parle très ouvertement avec comme point de mire le choix pour Ruben de rester sobre par amour ou de continuer à en consommer – ainsi que d’autres drogues – pour activer ses pouvoirs et contrer la menace dévastatrice qui arrive. Un scénario captivant de bout en bout et très bien construit, soulignant les tentations et hésitations du héros face à l’imprévu, avec de bonnes scènes d’action et une bonne dose de flashes-back explicatifs sur la vie de notre anti-héros qui, au final, va devenir plutôt attachant même s’il est aux antipodes du super-héros bien propre sur soi.
Les dessins de Geoff Shaw, très nerveux et percutants, donnant parfois une impression de confusion voulue par l’auteur, illustrent parfaitement ce récit violent et noir. On se laisse très vite prendre par l'énergie qu'ils dégagent. Les couleurs soulignent l'ambiance sombre qui se dégage de l'album. Une très bonne surprise.
SDJuan
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TEEN TITANS Rebirth 1
- Par asbl-creabulles
- Le 18/09/2019
Tome 1: Damian, le petit génie
Scénario : Benjamin Percy
Dessin : Jonboy Meyers, Diogenes Neves et Khoi Pham
Couleurs : Jim Charalampidis
Encrage : Ruy José, Sean Parsons et Wade Van Grawbadger
Couverture : Khoi Pham et Jim Charalampadis
Dépot légal : Août 2019
Editeur :
Collection : DC Rebirth
Format : Format comics
Nombre de pages : 144
ISBN : 9791026817840
Contenu vo : • TEEN TITANS #1-5 + TEEN TITANS Rebirth #1Même s’il en a le patronyme, Damian Wayne n’a pas été élevé par son père, Bruce Wayne. Né d’une liaison un rien forcée entre Batman et Talia al Ghul, c’est la Ligue des Assassins dirigée par Ra's al Ghul, le père de Talia et donc le grand-père de Damian, qui s’est chargée d’élever le gamin, de lui donner une éducation et une formation et de l’entraîner. Depuis qu’il est devenu Robin aux côtés de Batman, il ressent le besoin de démontrer aux yeux de tous qu’il est le meilleur des Robin. Il s’est également mis en tête de prendre la tête d'une nouvelle équipe dénommée "Teen Titans" – la précédente se faisant à présent appeler Titans – comprenant de nouveaux membres tels que Kid Flash et Aqualad, mais aussi quelques plus anciens comme Beast Boy (ancien Changelin), Raven et Starfire. Fatalement et bien malgré eux, ces Teen Titans vont devoir affronter le grand-père de Damian en personne, le célèbre super-vilain Ra's al Ghul et sa nouvelle "Ligue des Assassins" au sein de laquelle apparaît une ancienne rivale de Damian prête à tout pour prendre la tête de la Ligue, sa cousine Mara al Ghul !!!
Mon avis: La présence de Damian a donné du piment à la série Batman, grâce à la rivalité qu’il a suscité entre tous ceux qui ont revêtu le costume de Robin mais surtout parce qu’il ne cesse de s'autoproclamer le meilleur de tous en tout. Cette fois, il s’efforce de prendre une certaine distance avec son père et de prouver qu’il est capable lui aussi de former une nouvelle équipe et d’en prendre la tête. Le scénario plutôt dynamique de Benjamin Percy souligne ce désir d'indépendance du fils de Batman décrit comme un être arrogant et impétueux – d’où le titre "Damian, le petit génie" de ce premier tome – et sa volonté de diriger l’équipe alors que d'anciens membres auraient été un choix plus judicieux pour la mener. Mais les événements vont rapidement les contraindre à travailler ensemble.
Côté dessin, plusieurs artistes se sont partagé le travail pour un résultat plutôt efficace. Jonboy Meyers avec un trait très fin, des cases et un découpage énergiques, un peu plus dans le style manga, laissant du coup une large place aux couleurs de Jim Charalampidis. Dans un style plus traditionnel "comics", on retrouve Diógenes Neves et Khoi Pham, assistés à l'encrage par Ruy José, Sean Parsons et Wade Van Grawbadger sur des cases bourrées de testostérone, des découpages plutôt bluffants avec des personnages hauts en couleurs.
Jusqu’ici Urban distillait ça et là, notamment dans Batman puis dans Justice League récit complet, etc., des épisodes mettant en scène ces jeunes super-héros alors qu'aux States la série a toujours tenu le coup et revient même en force ! Alors saluons ce premier album cartonné des Teen Titans car, oui, il était grand temps qu’Urban leur consacre toute l’attention qu’ils méritent !
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GUNFIGHTER
- Par asbl-creabulles
- Le 11/09/2019
Scénario : Christophe BEC
Dessin : Michel ROUGE
Couleurs : Corentin ROUGE
Dépot légal : Août 2019
Editeur :
Collection: Graphica
ISBN : 978-2-344-01011-2
Nombre de pages : 54Colorado. L’orage menace en cette fin de journée de l’automne 1886. Dans la nuit, la foudre s’abat près du troupeau de longhorns des Cotten. Un mouvement de panique affole les bêtes qui fuient en tous sens. Au matin, la famille Cotten constate que beaucoup sont mortes mais, surtout, les animaux ont fait de gros dégâts sur les clôtures en barbelés placées par le baron Wallace pour délimiter ses terres. Mais durant cette même nuit un homme a été pris en chasse et laissé pour mort. Alors qu’ils rassemblent leurs bêtes rescapées, l’un des Cotten découvre un corps inanimé au bord de la rivière. Récupéré gravement blessé mais vivant, l’homme est ramené au ranch pour y être soigné et remis sur pied. Tandis que Wallace est désormais convaincu que les Cotten, déjà bien empêtrés dans les ennuis et les difficultés financières, vont finir par lui céder leurs terres, la chance va-t-elle enfin sourire à cette famille "méritante" car celui qu’ils ont sauvé, Craig Bellamy, est un "gunfighter", autrement dit le bras armé d’un homme puissant et donc un as de la gâchette. Quel rôle va-t-il jouer dans cet échiquier et pourquoi était-il pourchassé?
Mon avis: Au scénario, Christophe bec nous offre un western dans la pure tradition des principaux codes du genre, gage d’un bon moment de lecture, puisque son scénario se déroule dans des paysages et décors tout à fait caractéristiques – terres de pâturages et troupeaux de longhorns – et met en scène des cow-boys, des fermiers en difficulté, sans oublier l’arrivée du chemin de fer avec les bouleversements que cela va occasionner. Du traditionnel certes mais bien ficelé avec son lot de surprises et de rebondissements et laissant (déjà) présager de beaux développements. Le cadre est posé et les personnages bien définis. Leurs vies vont se croiser et être sans aucun doute bouleversées. Un premier tome plein de promesses.
Au dessin, on retrouve avec plaisir Michel Rouge, déjà habitué aux westerns (Comanche, Marshal Blueberry, etc.). Dans cette nouvelle série, son trait confirme l’impression de western classique, très réconfortante pour tous les amateurs du genre. On apprécie la qualité du trait, soigné et précis, et de la mise en scène grâce à un découpage efficace. Plusieurs cases sont superbes, scènes sous la pluie, décors du grand ouest américain sans oublier les chevaux et le bétail particulièrement bien rendus. Corentin Rouge apporte son savoir-faire pour une mise en couleurs qui met bien en valeur le dessin de son père.
Du bon western à l’ancienne et de qualité !
SDJuan