Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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SEXYSUN 3
- Par asbl-creabulles
- Le 30/08/2019
Scénario : Bruno Di Sano, Mythic et Didgé
Dessin : Bruno Di Sano et François Walthéry pour la p27
Couleurs : F. Levy, R. Mangeat, O. Dekeyser et F. Brihaye
Dépot légal : juin 2019
Editeur : BDLabo
Nombre de pages : 32Tout comme les deux précédents tomes parus respectivement en avril et octobre 2018, le présent album (tome 3 de la série) est une compilation de divers travaux du dessinateur Bruno Di Sano. Si certaines planches sont issues des séries "Alys et Vicky" et "Blagues Coquines", l’album inclut également des planches inédites, des cartoons, ex-libris et diverses illustrations réalisées au cours de ces 30 dernières années dont certaines ont été reproduites en poster, et même des étiquettes de vin ou de champagne.
Bruno Di Sano a travaillé en tant qu’auteur complet, mais aussi illustrateur sur des scénarios de Mythic ou de Didgé, à diverses histoires courtes tournant autour de jeunes femmes plutôt coquines – libertines diront certains – en tout cas très libres, mais toujours avec une bonne dose d'humour ou parfois de cynisme. Oui, c’est osé mais jamais graveleux.
Grâce à son trait assuré, Di Sano (qui a travaillé sur les derniers tomes de Rubine aux côtés de François Walthéry et sur beaucoup d’autres séries) montre une parfaite maîtrise des formes et rondeurs de jolies demoiselles en tenue sexy très légère (voire absente), de la volupté du corps féminin, sa beauté, sa sensualité, sans pour autant négliger les décors et autres personnages évoluant autour des héroïnes. Cette série de "gags polissons", selon ses propres termes, agréablement mise en couleurs par lui-même et d’autres coloristes, constitue un bon moment de distraction.
Comme il s’agit d’un tirage limité à 300 exemplaires numérotés, avis aux amateurs !
SDJuan
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NAINS 15
- Par asbl-creabulles
- Le 29/08/2019
Tome 15 : Oboron du Bouclier
Scénario : Nicolas Jarry
Dessin : Nicolas Demare
Couleurs : Digikore Studio
Dépot légal : juin 2019
Editeur :
Collection: Héroïc Fantasy
ISBN : 978-2-302-07663-1
Nombre de pages : 51Oboron se retrouve étendu au fond d’un ravin, transpercé de flèches et d’une lance qui auraient dû lui être fatales. Mais, étrangement, il est bien vivant même s’il ressent d’atroces douleurs. Il ne comprend pas ce qui lui arrive d’autant que ses souvenirs ne reviennent que par bribes. Il est encore plus surpris de se retrouver enchaîné par les siens face à l’aumônier Faradum. C’est lors d’un combat mortel face à des elfes qu’il s’est retrouvé dans cet état. Oboron avoue qu’il a toujours su qu’il y avait quelque chose de sombre et machiavélique en lui, une force qui ne demandait qu’à sortir et qui lui a déjà valu pas mal de mésaventures. Mais jamais il n’aurait jamais pu imaginer une telle puissance capable de résister à la mort. Voulant juste retrouver et sauver les siens, Oboron va devoir lutter contre les funestes projets que Maître Faradum a prévus pour lui. Et la première chose à faire est certainement de fuir…
Mon avis: Chaque tome de cette série constituant une histoire complète, ce nouvel album cible plus particulièrement Oboron du Bouclier et nous en apprend davantage sur la malédiction qui le frappe. Nicolas Jarry nous tient en haleine tout au long de ce récit dans lequel il intercale, par le biais de flashes-back, les nombreux souvenirs qui reviennent à la mémoire d’un nain plutôt déboussolé qui ne sait plus trop ce qui lui arrive. Comme toujours, la construction fait preuve d’efficacité, ne laissant passer aucun détail et dévoilant à petites doses l’intrigue qui se joue sous nos yeux.
Les dessins de Nicolas Demare (déjà aux commandes des tomes 5 et 10 de la série) font le reste, c'est-à-dire nous proposer de belles illustrations pour nous faire partager cet univers de fantasy plutôt sombre. On ressent la tension que vit le nain, sa douleur, sa rage de vivre. Les planches sont riches en décors, en scènes de combat et dégagent une belle énergie mais le dessinateur veille à ne pas étouffer les cases de détails pour bien guider notre regard à l'essentiel. Ajoutez un découpage dynamique réussi, une belle mise en couleurs de Digikore Studios et vous obtenez un très bel ensemble.
SDJuan
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L'AGENT
- Par asbl-creabulles
- Le 28/08/2019
Tome 1 : Initiation
Scénario : Mathieu Gabella
Dessin: Fernando Dagnino et Carlos Morote
Couleur : Carlos Morote
Dépot légal : Juin 2019
Editeur :
Collection: Grindhouse
ISBN : 978-2-344-02315-0
Nombre de pages : 144Paris, métro République. Jeune lieutenante aux stups, dont le meilleur atout est de travailler "à l'instinct", Rhym file le train à un homme censé la conduire, elle et son équipe, à un trafiquant de drogue auprès duquel il vient s’approvisionner. Mais la filature va vite tourner à l’échec. Ayant repéré la manœuvre, le dealer n’hésite pas à faire feu dans la foule et son tir abat l’homme servant d’informateur malgré lui à Rhym. Quant au dealer, il réussit à filer non sans avoir auparavant jeté en l’air une poignée d’herbe qui rend les voyageurs complètement déboussolés et amnésiques à l’exception de Rhym qui, étrangement, se souvient de tout. De son côté, Sébastien Ferrant, agent spécial de la DGSI, est le témoin direct d’un pétage de plombs, sans raison apparente, d’un de leurs meilleurs ingénieurs spécialistes des drones dotés d'IA. Apparemment, il a été victime d’un artéfact de malédiction. Point commun entre les deux affaires: la magie noire. Quant à Rhym, elle se révèle être une puissante sorcière.
Mon avis: Une enquêtrice à la brigade des stups, un agent secret de la DGSI mais surtout un dealer qui non seulement détient une substance ayant la capacité de désorienter les gens et d’effacer toute trace de son passage mais aussi une arme tirant des balles atteignant leur cible à tous les coups. Tout ça n'a rien d'habituel. Normal, car il y a de la magie dans l’air, de la magie noire avec des rituels vaudou, des enchantements, des sortilèges et autres maléfices aussi puissants les uns que les autres. On retrouve là les sujets de prédilection de Mathieu Gabella: agents secrets et sorcellerie, ce qui lui permet de nous proposer un thriller/polar noir très efficace mais pimenté d’une bonne dose de magie pour mieux nous captiver. La chasse à l'"homme" se révèle très énergique et ne quittera plus l'histoire de bout en bout avec de multiples scènes d’action superbement illustrées par Fernando Dagnino. L’évocation des origines de Rhym annonce bien la couleur pour la suite de l’aventure. En bonus, des dossiers classés secrets, croquis, couvertures et interview des auteurs en fin d'album.
Au dessin, on retrouve donc avec plaisir Fernando Dagnino qui nous offre déjà en tant qu'auteur complet la superbe mini-série Smart Girl (voir chronique ici) située dans l'univers des IA. On le retrouve donc ici tout aussi à l’aise dans un polar policier mêlé de sorcellerie. Un dessin réaliste, des pages dynamiques où dominent l'action – courses- poursuites dans le métro et dans les rues de Paris – mais également la magie noire avec de superbes illustrations de sorciers tout droit sortis de l'Orient mystique. Un découpage plein d’énergie, des scènes d’action spectaculaires, des personnages hauts en couleurs confèrent à cet album une prodigieuse puissance d’envoûtement. En plus de sa belle contribution aux décors, Carlos Morote nous offre une agréable mise en couleurs qui fait bien ressortir l’ambiance menaçante, lugubre parfois même oppressante.
Un album à ne pas rater !
SDJuan
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LES TRAQUEURS 3
- Par asbl-creabulles
- Le 27/08/2019
Tome 3 : La dernière chasse
Scénario : David Muñoz
Dessin : Tirso
Couleurs : Tirso & Javi Martín
Dépot légal : Août 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-344-02630-4
Nombre de planches : 56Enceinte de Jonas, la jeune indienne Mara est rentrée en Angleterre avec la créature aztèque connue sous le nom de "Cerbère des dieux", dont elle seule a désormais le contrôle. Mais pour cela elle a dû trahir tout le monde, Jonas d’abord mais aussi son mari, Toledano, en échange de quoi sa peuplade – les Cocomes – a pu recouvrer la liberté. Pour le roi d'Angleterre, le cerbère est avant tout l’arme de guerre absolue et d’ailleurs il s’empresse de l’utiliser contre la flotte hollandaise qui est anéantie jusqu’au dernier navire. Cette victoire totale annonce d’autres attaques contre d’autres ennemis de l'Angleterre. Mais comme le pensait l'oncle de Jonas, en accouchant Mara perdra le contrôle de la créature. Jonas, jeune botaniste et naturaliste qui lui aussi avait la capacité de contrôler la bête, se voit proposer par les Anglais qui l’ont fait prisonnier de reprendre le contrôle du cerbère. Son oncle est même prêt au moyen de certains rituels de l’aider à récupérer son pouvoir et de devenir un traqueur comme son père avant lui. Mais tandis que Mara donne naissance à son bébé, Jonas refuse catégoriquement…
Mon avis: Suite et fin de ce très bon triptyque sur fond de grandes explorations, mythes et légendes largement agrémenté de fantastique. Un troisième tome dans lequel les rebondissements ne manquent pas et qui nous apporte toutes les réponses. David Muñoz aura réussi à nous tenir en haleine jusqu’au bout. Un scénario efficace qui aura donc tenu toutes ses promesses. Au dessin, Tirso Cons nous entraîne dans ce grand voyage d’explorations et de guerres maritimes avec élégance. Une ambiance forte, oppressante et sombre sur certaines cases avec des personnages forts et une bête transformée en arme de destruction massive. A noter de beaux arrêts pleine page dans l’espace-temps comme cette vue depuis les profondeurs de l’océan sur le naufrage du navire et de son équipage surplombé par la créature qui semble en suspension au-dessus. Très spectaculaire! Les scènes en intérieur et en extérieurs sont particulièrement réussies et dynamiques et bénéficie d’une mise en couleurs de Tirso et Javi Martín qui leur apporte un surcroît de volume et d’énergie.
A découvrir en fin d’album de très beaux hommages de la part de Jaime Calderón, Rubén Pellejero, Chuma Hill, Gabriel Hernández Walta, Stefano Carloni, Timothé le Boucher, Lolita Aldea et Enrico Marini !
SDJuan
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LA FIN DU MONDE EN TRINQUANT
- Par asbl-creabulles
- Le 24/08/2019
La fin du monde en trinquant
Scénario : Krassinsky, Jean-Paul
Dessin : Krassinsky, Jean-Paul
Couleurs : Krassinsky, Jean-Paul
Dépot légal : Août 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-203-16161-0
Nombre de planches : 232Saint-Pétersbourg, 1774, laboratoire d’astronomie de l’Académie impériale des sciences. Le chancelier Nikolaï Troubeskoy se présente accompagné du jeune Ivan Zaporoszakovitzkayovitch Polansky, qui n’est autre que le fils de sa maîtresse. Nikolaï rend visite à son ami, le professeur Nikita Petrovitch Simonov, dans l’espoir qu’il prenne Ivan sous son aile. Nikita doit bien cela au chancelier qui l’a toujours soutenu, même s’il aura vite fait de comprendre qu’il a affaire à un jeune homme plutôt stupide et maladroit et "incompétent au-delà de l’imaginable". Pendant ce temps, l’un des membres de l’équipe de Nikita occupé sur le téléscope du laboratoire d’astronomie découvre dans l'immensité céleste qu’une comète se dirige tout droit vers la Terre, plus précisément une région habitée de Sibérie, Vanavara. Ses démarches auprès des autorités ayant échoué, Nikita obtient un rendez-vous avec l’impératrice Catherine II en personne qui ne le prend pas davantage au sérieux. Pire, pour se débarrasser de lui, il est personnellement désigné pour partir en Sibérie avec son apprenti afin de prévenir les populations menacées par la chute de l’astéroide. Et c’est ainsi qu’en janvier 1774, en pleine forêt de la Toungouska, en route vers le village de Vanavara, Nikita et Ivan se font détrousser par des bandits de grand chemin avant de se retrouver prisonniers de ceux qui les ont agressés – et qu’ils sont paradoxalement censés sauver – pile au village sur lequel la comète doit s’écraser en causant des dégâts dévastateurs dans un rayon de 100 km. Contre toute attente, il semble que le jeune Ivan soit leur seul et dernier espoir de survie.
Mon avis: Dès la couverture, on ne peut s'empêcher de faire le lien avec l’une des scènes devenues cultes du film "La Grande Vadrouille" et ensuite, ce sont de multiples quiproquos caricaturaux, grotesques ou touchant au cartoonesque qui vont s’enchaîner pour notre plus grand plaisir. Krassinsky fait évoluer ses héros – des animaux anthropomorphes – à l’époque de l’Impératrice Catherine II dite la Grande. Si le voyage en pleine forêt sibérienne qui dérape en véritable attrape-nigauds quand Nikita et Ivan viennent sauver ceux-là même qui les ont dépouillés est au cœur du récit, c’est l’ensemble de l’aventure qui se révèle passionnante avec autant de personnages tous plus charismatiques les uns que les autres et très révélateurs de notre société. Cette fable cynique, parfois cruelle, un rien paillarde mais aussi tendrement drôle à d’autres moments, suscite l’intérêt et l’enthousiasme de bout en bout.
Côté dessin, les personnages anthropomorphes sont drôles et particulièrement réussis, sans aucun doute par le choix de Krassinski de les rendre caricaturaux notamment en poussant les expressions jusqu’à l'exagération ce qui donne des scènes pleines de vie, de joie, de rage ou même de folie pure. Le tout bénéficie d’une très belle mise en couleurs à l'aquarelle venant renforcer les personnages tout en offrant de très beaux décors et en égayant encore plus cette histoire originale.
Un gros album de 232 pages qui se dévorent d’une traite chaudement conseillé pour passer un très bon moment.
SDJuan
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COMME DES BÊTES
- Par asbl-creabulles
- Le 23/08/2019
Tome 1
Scénario : Stéphane Lapuss'
Dessin : Goum
Dépot légal : Juin 2019
Editeur :
ISBN : 979-1-03-473892-2
Nombre de pages : 48Que peuvent bien faire vos animaux domestiques lorsque vous quittez la maison? Après le succès du film sorti en juillet 2016 et précédant d’un mois la sortie du deuxième volet, "Comme des bêtes" a débarqué en format BD chez Dupuis en ce mois de juin 2019… dans le même graphisme tendre, énergique et amusant, très proche de l’image de synthèse vue sur les écrans de cinéma pour ne pas être dépaysé. Il ne nous manque que les voix, l’imagination faisant le reste.
La joyeuse ménagerie n’a rien perdu de sa folie contagieuse. Max évidemment, Liam, Duke, Chloé, Ozone, Pompon, Gidget et les autres nous dévoilent une fois de plus leurs vies secrètes, l’entraînement à la survie, l’amour passion, ravageur qui ne demande qu’à sortir mais pas au point de se dévoiler, la gourmandise, l’audace, l’aventure ...
Tout y est pour passer un moment de lecture drôle et trépidant mais aussi relaxant et déstressant tel le ronronnement de nos amis les chats d’autant que pour ces aventures dérivées du film d’animation, Lapuss’ nous régale d’aventures originales sous forme de gags d'une ou deux pages au maximum. L'illustration confiée à Goum est fidèle à l'animation de la production des studios Illumination. Son dessin est soigné et très expressif et agréablement mis en couleurs. On retrouve donc avec plaisir nos fidèles et attendrissants compagnons avec leurs qualités et leurs petits défauts pour un bon moment de détente.
SDJuan
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M.O.R.I.A.R.T.Y. 2
- Par asbl-creabulles
- Le 22/08/2019
Tome 2: Empire mécanique 2/2
Scénario : Jean-Pierre Pécau et Fred Duval
Dessin : Stevan Subic
Couleurs : Scarlett Smulkowski
Dépot légal : juin 2019
Editeur :
Collection: Neopolis
ISBN : 978-2-7560-9925-5
Nombre de pages : 62Rien ne va plus à Londres, en cette année 1899, depuis que la formule du sérum transformant le Dr Jekyll en Mr Hyde a été dérobée. En effet, une multitude de Hyde dévastent Londres et l’armée a dû intervenir. Ces "Hyde Men" ont même réussi à pénétrer dans le palais de sa majesté, la poussant à fuir. Le piège machiavélique concocté par le terrible Moriarty, le pire ennemi de toujours de Sherlock Holmes, semble se refermer inexorablement. Il ne reste plus que Mycroft, le frère de Sherlock, et Winston Churchill pour tenter de limiter les dégâts. Mais Sherlock a disparu. Avant que tout espoir ne soit perdu, il leur faut absolument le retrouver au plus vite pour organiser la riposte.
Mon avis: Fred Duval et Jean-Pierre Pécau sont plutôt prolifiques ces temps-ci (tomes 36 et 37 de la série "Jour J" et "Nevada" dont la chronique est ici). Hasard des plannings ou pas, la qualité n’en souffre pas. Et il le fallait car la concurrence est assez redoutable sur le segment Sherlock Holmes. Prolongeant l'univers du plus célèbre détective, les auteurs développent une intrigue bien ficelée, largement influencée par le genre steampunk, sans avoir peur d'y inclure d'autres mythes comme Winston Churchill ou le Dr Jekyll/Mr Hyde. On peut dire que la sauce prend très bien avec une avalanche d'événements qui se succèdent à bon train pour nous maintenir en haleine jusqu’à un dénouement plus que surprenant.
Au dessin, on retrouve Stevan Subic dans un style plutôt réaliste. Son trait est fin et nerveux avec un encrage assez appuyé. L’ensemble est inégal, peut-être en raison de ce trait nerveux, passant du très bon à des formes parfois exagérées. C'est voulu je suppose, mais cela pourrait déconcerter certains lecteurs. A noter plusieurs scènes d'action remarquables voire même époustouflantes. La mise en couleurs très réussie de Scarlett Smulkowski fait ressortir les personnages, concentrant le regard à l'essentiel et offrant une ambiance adéquate à l'ensemble.
Ces pages bourrées d'énergie font de ce diptyque nerveux un bon moment de lecture.
SDJuan
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TORPEDO 1972
- Par asbl-creabulles
- Le 21/08/2019
Scénario : Enrique Sánchez Abulí
Dessin : Eduardo Risso
Couleurs : Eduardo Risso
Dépot légal : Mai 2019
Editeur :
Collection: Turbulences
ISBN : 978-2-7493-0906-4
Nombre de pages : 46Reporter au Wall Street Journal, James Holliday travaille à un article sur la famille Caputo. Il s’intéresse surtout à la mort du célèbre mafieux Piero Caputo. De fil en aiguille, il réussit à entrer en contact avec Rascal, l’ancien garde du corps de Luca Torelli, alias Torpedo, le fameux tueur qu’on soupçonne d’avoir assassiné beaucoup de monde dans les années 30, peut-être même un certain Piero Caputo. Moyennant une petite rétribution, Rascal accepte de mettre James en contact avec Torpedo. James se rend au rendez-vous accompagné de sa fiancée Wendy Durban chargée de prendre des photos pour l’article. Torpedo a bien vieilli et ne roule plus vraiment sur l’or. Prêt à tout pour gagner le moindre dollar, il accepte de révéler le nom du véritable assassin de Caputo en échange de 500 dollars. Il est même prêt, contre une rallonge de 300 dollars, à balancer le nom de celui qui a tué l’assassin, puis l'assassin de l'assassin, etc. En fait, la situation va très vite déraper lorsque Torpedo s’en prend à Wendy restée seule avec lui pour la séance photos.
Mon avis: Après 15 ans d'absence Enrique Sánchez Abulí nous revient avec Torpedo, ce gangster sans foi ni loi! Torpedo a vieilli. Atteint de la maladie de Parkinson, il doit utiliser une canne pour se déplacer. Mais ne vous y trompez pas, s'il n'a plus les mêmes réflexes, s'il n'inspire plus autant la peur et n'a plus son sex appeal irrésistible de l'époque, il n'en reste pas moins toujours aussi dangereux. A la moindre escarmouche les balles fusent, si une femme ne le traite pas avec un minimum de respect (même si lui ne fait pas toujours preuve du plus grand respect envers la gent féminine) elle risque bien de s'en mordre les doigts (et pas que). Il ne craint pas non plus de balancer les autres gangsters, surtout ceux qui sont déjà morts… il n'est pas fou ! Après 18 albums publiés de 1983 à 2004, Abulí prend plaisir à faire revivre son personnage et cela se ressent. Il a même enrichi l’album d’un prologue et d’une histoire courte de trois pages sous forme de dialogues.
Au dessin, c’est le prolifique dessinateur Eduardo Risso, lui aussi maître du noir et blanc, qui succède à Jordi Bernet. Ils deviennent trop rares à mon goût, c'est dommage! Si son trait est plutôt expressif et semi-réaliste, le découpage un rien plus américain nous fait directement penser aux mises en scène des films noirs et autres polars de l'époque où domine une ambiance sombre et oppressante. Je suppose qu'il a été choisi par Abulí pour sa maîtrise de l'encrage, typique des traits forts et puissants. Pour vraiment l’apprécier, je conseille de se procurer la version N&B de l'album.
Eduardo Risso va à l'essentiel, maîtrise parfaitement le jeu des ombres et lumières plutôt que de charger les cases de décors "inutiles", par ailleurs bien présents et efficaces tout au long de l’album. Les couleurs, comme pour tous les albums de Risso (voir la chronique de Hit-Girl ici), atténuent légèrement l’impression d’oppression du N&B en apportant une certaine douceur au dessin. A voir en fin d’album un cahier de recherches et d'esquisses de sept pages.
Une histoire simple mais efficace. Certes, ce n’est plus Jordi Bernet mais Eduardo Risso s'est très bien approprié le personnage emblématique de Torpedo créé en 1980 par Enrique Sánchez Abulí.
SDJuan