Créabulles, Expositions, Dédicaces, Rencontres.

Chroniques

Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture. 

  • ORCS et GOBELINS 6

    Orcs gobelins 6Tome 6: Ayraak
    Scénario : Nicolas Jarry
    Dessin : Jesús Hervás Milán
    Couleurs : Nanjan J.
    Couverture : Bertrand Benoît, Jesús Hervás Milán et Olivier Héban
    Dépot légal : Mai 2019
    Editeur :
    Soleil
    Collection: Heroic Fantasy
    ISBN : 978-2-302-07645-7​
    Nombre de pages : 54

    Elfes et Gobelins se sont affrontés dans une guerre sans merci. Et malheureusement pour Ayraak et ses compagnons mercenaires, une trêve et un accord ont été obtenus les empêchant de donner le coup de grâce à l’ennemi. A présent, Ayraak a reçu une nouvelle mission contre la promesse d’une énorme récompense. Il doit exfiltrer le fils du chef adverse retenu en otage par les Elfes sur leur territoire. Étrangement, les Elfes ne seront par le plus gros obstacle à la réussite de la mission d’Ayraak et de son équipe de choc que beaucoup nommeraient suicidaire.

    Orcs et gobelins 6 plancheMon avis: Disons-le tout de suite, des mercenaires orcs qui discutent et réfléchissent autant, j'ai du mal à m'y faire. Sans doute à cause de l'image qu'on nous a ancrée dans la tête depuis un certain temps à propos de ces êtres humanoïdes imaginaires. Une fois ce (gros) détail mis de côté et embarqué aux côtés de la "compagnie du Croc de Fer", on profite du récit. On est vite pris par le rythme de cette aventure qui se révèle plutôt dynamique et entraînante. On a envie de connaître le fin mot de l'histoire. 

    Les dessins de Jesús Hervás Milán sont très fournis, parfois trop même, que ce soit en décors ou en personnages pouvant donner un aspect confus. Une chose est sûre, Jesús n’a pas ménagé ses efforts et nous offre des pages d’une grande richesse pouvant nuire à la précision compte tenu de la difficulté sur l'une ou l'autre case de distinguer les protagonistes. Cela peut arriver vu le nombre de personnages qu'il met en situation, même si je crois qu’on est capable de reconnaître facilement nos mercenaires ! Des scènes d'action à couper le souffle me restent en mémoire après avoir lu l'album. Les couleurs de J. Nanjan où dominent les teintes vert et brun apportent volume et clarté à l’ensemble et contribuent à focaliser notre regard au bon endroit. Pas sublime mais très correct.

    SDJuan

  • CHER CORPS

    Cher corpsScénario : Léa Bordier
    Dessinatrices: Mathou, Karensac, Eve Gentilhomme, Marie Boiseau, Cy, Sibylline Meynet, Mirion Malle, Anne-Olivia Messana, Daphné Collignon, Carole Maurel, Lucile Gomez, Mademoiselle Caroline

    Couverture : Eve Gentilhomme
    Dépot légal : mai 2019
    Editeur : 
    Delcourt
    Collection : Mirages
    ISBN : 978-2-413-01359-4​
    Nombre de pages : 54

    Voici un album peu commun, adaptation dessinée de plusieurs témoignages de femmes sur leur rapport au corps, autant de témoignages devant lesquels on ne peut rester insensible. Ainsi, Marie-Paule a dû patienter jusqu’à ses 70 ans pour s’accepter pleinement. Léna, 14 ans, découvre la puberté, constatant qu’elle devient femme beaucoup trop tôt. Emma qui n’était pas vraiment en phase avec son corps est victime d’un viol et doit absolument trouver un moyen de reprendre sa vie en main. Shonah dont la vie est gâchée par des rapports sexuels douloureux apprend enfin d’un médecin qu’il s’agit d’un "simple" trouble hormonal. Blaise, à la recherche de son identité, refuse que ses attributs physiques définissent son genre. Sophie, blessée au Bataclan et malgré une cicatrice visible sur sa jambe, veut faire la paix avec elle-même. Lucie, tatoueuse de profession, s’interroge sur la nature des tatouages que lui demandent ses clients, ayant elle-même une marque sur son corps. Mathilde, de corpulence forte, aimerait qu’on la laisse tranquille car elle se sent bien comme elle est. Aurélie, en proie à l’anorexie, témoigne de son combat au quotidien pour s’en sortir et Mayalan de la difficulté d’être noire dans un monde de blanches. Camille enfin a toujours vécue handicapée mais cela ne l’empêche pas d’être bien vivante et Mai reste perpétuellement à l’écoute de son corps.

    Cher corps plancheMon avis: Alors que nous vivons dans une société où le paraître est plus important que l'être, saluons cette initiative partie de divers témoignages initialement diffusés sur le vidéo blog "Cher corps" auquel la BD ajoute deux inédits. Cette version papier sous forme de roman graphique est un hymne à l'acceptation de soi et à la tolérance, en commençant par soi-même. Vaste débat en effet que celui du rapport au corps car on touche à des questions personnelles et très intimes, à ce qui se passe dans la tête ou dans le cœur. Chaque cas en dit long sur la difficulté à s'accepter à cause de son aspect physique, de son âge, d’une pathologie ou d’un drame vécu et le chemin qu’il faut (parfois) parcourir pour le surmonter et reprendre sa vie en main. Des récits très sobres, toujours intéressants, émouvants et même parfois douloureux. 

    Léa Bordier s’est chargée de coordonner le travail d’illustration de 12 auteures auquel elle a donné toute liberté pour s’exprimer. A chaque récit une illustratrice qui lui donne vie dans un style très personnel permettant ainsi à chaque intervenante de montrer sa particularité, sa différence. Le défi était risqué mais a été relevé haut la main et de toute beauté. Une amitié sincère s’est même établie entre témoins, illustratrices et scénariste et les personnes ayant travaillé pour ce beau projet. 

    Un album fort à mettre entre toutes les mains sans hésiter.

    SDJuan

  • BUCK

    BuckLe Chien Perdu
    Scénario : Adrien Dumont
    Dessin : Adrien Dumont
    Couleurs : Adrien Dumont
    Dépot légal : Mai 2019
    Editeur :
    Soleil
    Collection Métamorphose
    Format à L'italienne
    ISBN : 978-2-302-07641-9
    Nombre de pages : 64

    Buck aurait dû devenir chien-berger si sa vie n’avait pas été bouleversée de façon aussi radicale. En effet, tout petit, il a vu ses parents partir pour ne plus jamais revenir. S’il a eu la tentation de sortir pour les retrouver, il a toutefois préféré attendre et attendre encore. A tel point qu’il n’est jamais sorti. En fait, il voyage par l’esprit et, pour lui, les nuages sont des moutons partant au loin. Jusqu’au jour où une tempête va l’emmener au gré du vent avec sa niche sur la tête. 

    Buck plancheDans ce récit sans parole, Adrien Demont nous revient avec son chien Buck qu’il a mis en scène dans "La nuit des trolls" parue en 2016 dans cette même collection Métamorphose chez Soleil qui par le biais de livres jeunesse, bandes dessinées et livres illustrés "aborde des thématiques philosophiques, poétiques, fantastiques, portées par une narration inspirée du style fin de siècle, victorienne, gothique…" Dans cette nouvelle histoire, Buck qui a été abandonné par ses parents, se retrouve seul, en proie à son agoraphobie, face à un monde qui lui fait peur, avec comme seul compagnon extérieur ce pivert qui l’aide comme il peut. Adrien Demont nous entraîne dans l’imaginaire du canidé qui voit tout prendre vie autour de lui, les arbres comme les nuages, etc. et qui conçoit aussi des monstres en la personne de ce hibou ou de la tempête. Les dessins sont somptueux, parfois impressionnants de terreur mais également empreints de poésie... donnant toute liberté au lecteur d’interpréter l’une ou l’autre image à sa propre guise. 

    Une BD en format à l'italienne à consommer à tout âge.

    SDJuan

  • AIRBORNE 44 Tome 8

    Tome 8: Sur nos ruines Airborne 44 tome 8
    Scénario : Philippe Jarbinet

    Dessin : Philippe Jarbinet 
    Couleurs :  Philippe Jarbinet
    Dépot légal : mai 2019
    Editeur : 
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    ISBN : 978-2-203-13382-2
    Nombre de pages : 56 dont 6 pages graphiques en fin d'album

    Si les Alliés progressent, la guerre n’en demeure pas moins une réalité. L’espionne Solveig et le nazi repenti Aurélius ont été chargés d’organiser la fuite des ingénieurs aéronautiques allemands tant que leur statut leur garantit la vie sauve. Parmi eux, Stadler, qui, tout comme Werner von Braun, est convoité par les Américains. Rejoints par Jörg, Aurélius et Solveig espèrent aussi retrouver les deux enfants juifs, Nathan et Nadia, dans la plaine grâce au plan que leur a laissé Aurélius. Malheureusement le village est en feu et reste occupé par les Allemands. Recherchés et en possession de faux papiers, Aurélius, Solveig et Jörg poursuivent malgré tout leur mission à bord d’un camion volé dans lequel ils transportent également des lingots d’or dérobés aux SS. Alors qu’ils aperçoivent les enfants, ils se retrouvent face à un barrage en travers de la route. Ils vont devoir inventer une histoire solide pour pouvoir les récupérer. La guerre n’est pas vraiment finie, c’est le moins qu’on puisse dire…

    Airborne 44 8 pageMon avis: Philippe Jarbinet nous livre ce quatrième diptyque avec toujours autant de réalisme. Le travail de recherche et de documentation effectué transparaît clairement aussi dans cet épisode où les destins se (re)croisent, s'entremêlent ou s'éloignent. Les échappées de tous bords, souvent risquées, rythment l'album: scientifiques qui passent du côté américain, soldats allemands transfuges, sans oublier les nazis pure souche qui doivent fuirent au plus vite. Un scénario bien construit et bien pensé qui nous tient de nouveau en haleine tout au long de l’album. 

    Airborne 44 8 pages suiteSes dessins en couleur directe me font penser à ceux de Servais ou de Hermann dans des tons majoritairement pastel qui sont toujours aussi minutieux et contribuent largement au réalisme du récit. Une belle réussite avec de beaux décors particulièrement soignés imposant l'ambiance dure et cruelle de la guerre mais également quelques belles scènes de répit pour les divers personnages. Un découpage agréable, des cases harmonieuses et, cerise sur le gâteau, l’évocation de la conquête spatiale en fin d’album, notamment des vues de l’espace, de fusées et des premiers pas de l'homme sur la lune qui coïncident avec l'anniversaire (le 20 juillet) de ce moment historique pour l'humanité!

    SDJuan1

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  • MAGES 1

    Mages 1Tome 1: Aldoran
    Scénario : Jean-Luc Istin
    Dessin : Kyko Duarte
    Couleurs : J. Nanjan
    Dépot légal : Juin 2019
    Editeur : Soleil
    ISBN : 978-2-302-07662-4
    Nombre de pages : 48

    À 12 ans, la jeune Shannon n’a peur de rien. Sa vie se déroule paisiblement à Castlelek, un village indépendant et qui compte bien le rester malgré l’insistance du roi Gerald qui propose sa protection contre une "petite rémunération". Agacé par le refus persistant de la cité, le roi n’a plus aucun scrupule à utiliser d’autres moyens peu louables. Il envoie des mercenaires semer la terreur chez les habitants – parmi lesquels plusieurs victimes seront à déplorer – afin de les faire plier et les contraindre à demander sa protection. Tyrom, un vieil homme au gabarit hors normes qui a perdu la mémoire réussit à protéger Shannon de l’assaut d’un mercenaire sans vraiment comprendre comment sont apparus les pouvoirs qui lui ont permis de sauver la fillette. Toutefois, lors de l’attaque, la jeune Shannon n’a pu, malgré ses efforts, empêcher son père d’être mortellement touché et de rendre son dernier souffle dans ses bras.

    Mages 1 planche 1Mon avis: Nouvelle série dans laquelle Jean-Luc Istin s'empare du destin des Mages sur les terres d'Arran. En fait, toutes les races qu’il évoque dans ses diverses séries ont des liens à la fois étroits et différents. Ainsi les Mages depuis le désastre causé par Lah'sa ne sont plus libres de faire ce qu'ils veulent. Ils doivent prêter allégeance à un seigneur humain. Pour ce premier cycle prévu en quatre tomes, Jean-Luc Istin et Nicolas Jarry vont nous raconter diverses aventures en reprenant le principe de catégorisation utilisé pour les Elfes (bleus, blancs, etc.) par le biais de quatre magies différentes: élémentaliste, runique, nécromancienne et alchimiste. Dans ce premier tome intitulé Aldoran du nom d’un mage ayant refusé l’allégeance et donc contraint de vivre caché, Istin brouille un peu les pistes pour mieux nous surprendre au fil du récit. On y découvre Tyrom et Shannon et on retrouve tous les ingrédients d’un récit déjà captivant, la découverte de l'autre, le défi aux règles, les trahisons, les manigances ainsi qu’une touche de mystère. Bref, un bon divertissement avec de l’action, du suspense et un scénario solide.

    Mages 1 planches autreCôté dessin, on retrouve avec plaisir, comme pour le premier tome des Elfes, les superbes illustrations de Kyko Duarte. Son dessin précis et soigné s’exprime à merveille dans de somptueux décors, diverses scènes d’action et une galerie de personnages tous expressifs et hauts en couleurs. Il maîtrise parfaitement les différents angles de vues, premiers plans, plans d’ensemble, plongées, contre-plongées. La mise en couleurs de Nanjan est globalement agréable, peut-être un rien trop écrasante sur quelques scènes d'ombres.

    Un très bon départ pour le dernier-né de l’univers de plus en plus riche de Jean-Luc Istin.

    SDJuan

  • NEVADA 1

    Nevada t1Tome 1 : L'étoile solitaire
    Scénario : Jean-Pierre Pécau et Fred Duval
    Dessin : Colin Wilson
    Couleurs :  Jean-Paul Fernandez

    Dépot légal : mai 2019
    Editeur : 
    Delcourt
    ISBN : 978-2-413-01059-3
    Nombre de pages : 54

    Dans l’univers cinématographique hollywoodien naissant, Nevada Márquez est l’homme de la situation lorsqu’il s’agit de sauver la mise de producteurs et de réalisateurs. Il est expert en récupération de "stars" en plein égarement comme Miss Melody, cette jeune et belle actrice qui a soudainement quitté le lieu de tournage pour aller assouvir ses pulsions sexuelles dans un saloon discret du côté de la frontière mexicaine. Sitôt dit sitôt fait, Márquez récupère la jeune égarée et la ramène au studio sur sa moto. Plus tard à Beverly Hills, lors d’une réception chez la productrice Louise Hathaway, l’équipe de tournage apprend que Mc Nabb dit l’Étoile Solitaire, la star du film, est parti faire une virée à Tijuana en compagnie d’un cascadeur porté sur l’alcool. Il faut à tout prix le récupérer car si le tournage ne reprend pas au plus vite, c’est le financement du film qui sera menacé et la production sombrera dans la banqueroute. Heureusement Nevada est l’homme capable de résoudre ce problème. À peine arrivé sur place, il sait déjà qu’ils sont descendus au "Sed de Mal", une boîte de nuit où les patrons du Parti national révolutionnaire se rencontrent.

    Nevada planche 1Mon avis: Un western situé dans le milieu du cinéma est le point de départ de cette aventure, sauf que le cow-boy cette fois se déplace en Harley Davidson. L’intrigue qui demeure classique est très contemporaine et de déroule dans les décors somptueux des grandes plaines américaines. Le scénario original de Fred Duval et Jean-Pierre Pécau met un certain temps à poser l'intrigue mais une fois engagée, celle-ci se révèle efficace en y mêlant tous les ingrédients du Far West. On discerne vers où les auteurs vont nous mener, même s’ils ne dévoilent pas tout, et on accroche à l’histoire. Le héros est plutôt sympathique mais au passé encore énigmatique, l’action plaisante à suivre.

    Nevada planche suitCôté dessin, Colin Wilson est passé maître en la matière depuis bien longtemps déjà. Les États-Unis n’ont aucun secret pour lui. La première page est splendide mais ne reflète pas vraiment le contenu, sinon pour l'ambiance générale, mais il est un fait que Colin Wilson nous régale d’un très bel album. De splendides décors intérieurs comme extérieurs tant ouest-américains que mexicains. Un découpage efficace, une atmosphère poussiéreuse bien rendue, divers personnages typiques et ces ravissantes "pin up" de l’univers cinématographique hollywoodien. Le tout bénéficie d’une belle mise en couleurs de la part de Jean-Paul Fernandez.

    Un premier tome accrocheur mêlant polar, bagarres et autres rebondissements laissant augurer de belles perspectives pour la suite.

    SDJuan

  • RAOWL

    RaowlTome 1- La Belle et l’Affreux
    Scénario : TEBO
    Dessin : TEBO
    Couleurs : TEBO et Anne-Claire Thibaut-Jouvray
    Dépot légal : juin 2019
    Editeur :
    Dupuis 1
    Nombre de pages : 70

    Il était une fois, une princesse qui attendait désespérément un beau prince charmant qui viendrait la secourir...enfin pas n’importe quel prince: "Un blond avec des muscles et pas trop de moustache…ça file des boutons quand on s’embrasse". Pas de chance: Raowl, malgré un costaud CV de sauveur de princesses et exterminateur de dragons qui puent, est loin de répondre aux critères sévères de sélection de la belle princesse.

    Dans sa famille, on n’est ni charmant, ni blond: on naît en Bête. Alors, pour les bisous de princesses, c’est pas gagné !

    Il est vrai aussi que, quand le Raowl se met à "sauver de la princesse", il aurait plutôt tendance à les soigner les dragons et autres monstres en tout genre. Notre ami est du genre à leur faire une ordonnance, à les éparpiller aux quatre coins, par petits bouts façon puzzle. Quand on lui fait trop, il correctionne plus, il explose, il disperse et ventile.

    Raowl planche

    COOL LE RAOWL… mais cela tâche la belle robe des princesses.

    Heureusement pour lui, comme dans tout conte de fée qui se respecte, la Bête tombe finalement, et ce après bien des coups d’épée, sur une ravissante blonde. La princesse  possède un caractère bien trempé et le duo semble fait pour s’entendre.

    La bête vient-elle de rencontrer sa ravissante "Belle". Nous voici déjà au Happy End et bisous ? Bien évidemment … mais non. Belle se fait enlever et l’Affreux se précipite dans un piège.

    Raowl page 32 bandeau

    Et spoiler : Raowl le héros, s’il n’a semble-t-il, peur de rien, à son talon d’Achille (aie !): dès qu’il éternue il se transforme en prince charmant …lâche et veule !

    Tebo nous a fabriqué un conte de fée Fantasy d’une grande richesse et complètement délirant. Avec Raowl "La Belle et l’Affreux", Tebo met le turbo. Beaucoup de gnons, d’humour, de dragons, de délires et de tendresse. Cela part dans tous les sens, mais avec l’habile Tebo aux manettes, l’action est parfaitement maîtrisée.

    C’est décalé, inattendu et poilant mais jamais vulgaire ! Une BD grand public pour tous les âges (le lecteur choisissant lui-même son niveau de rigolade).

    Un casting de personnages aux bouilles truculentes, un découpage qui roule (Raowl) et des couleurs soigneusement choisies, confortent la lecture d’un scénario qui décoiffe même les chauves.

    Curieux, je ne connaissais pas (eh oui) les œuvres de Tebo et paf, me voilà en train de tourner les pages de "La Jeunesse de Mickey".

    A plus tard !

    Michel

  • PICASSO s'en va-t-en guerre

    Picasso s en va t en guerreCoup de coeur 1Scénario : Daniel Torres
    Dessin : Daniel Torres
    Couleurs :  Daniel Torres
    Traduction : Thomas Dassance
    Dépot légal : mai 2019
    Editeur :
    Delcourt 1
    ISBN : 978-2-413-01742-4
    Nombre de pages : 142

    Bordeaux, 1953. Francisco Torres – Paco pour son épouse, ses amis et connaissances – est un jeune dessinateur espagnol installé à Bordeaux qui signe ses BD sous le nom de Marcel. Un jour, il reçoit un appel de son éditeur qui lui annonce qu’un certain M. Ruiz vivant à Vallauris aimerait le rencontrer à propos d’un projet d’album dont il désire lui confier la réalisation. Sans hésiter, Paco enfourche sa moto direction la Côte d’Azur. Sur place, quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il arrive à la villa La Galloise de se retrouver en face du célèbre Pablo Ruiz Picasso. Républicains tous les deux et ayant fui l’Espagne en guerre, Pablo Picasso avait 55 ans en 1936 et Paco 9 ans seulement. Picasso lui expose son souhait d’être mis en scène dans un album dont l’action se situerait durant la guerre civile à laquelle il n’avait pas pu participer parce qu’il avait été refusé en raison de son âge.

    Picasso s en va t en guerre plancheMon avis: Un album original car construit en deux parties. La première se concentre sur la rencontre entre les deux artistes en mal de n'avoir pu participer à la longue et meurtrière guerre civile qui a sévi en Espagne, de juillet 1936 à mars 1939. Une histoire prenante, sorte de révolte inassouvie exprimée par la BD de l'auteur Daniel Torres. La rencontre est animée du fait de leurs caractères bien trempés, Picasso souhaitant se forger un passé de combattant et "Marcel" restant attaché aux codes de la BD. Heureusement, la collaboration entre les deux hommes va s’apaiser pour déboucher sur une sorte de passion pour ce qu’ils vont faire ensemble. Cette aventure avec un grand A est prenante dès leur première rencontre, captivante même. On y croit et on ne lâche plus l'histoire. La seconde partie se veut plus biographique, plus didactique pour resituer les faits dans leur époque, leur contexte, des faits si riches en événements et en personnages qu’on peut regretter une présentation parfois trop brève même s’il est certain qu’aller au-delà aurait sans aucun doute rendu l’ensemble trop pesant. D’autant que Torres met également à profit cette section de l’album pour interpeller ses lecteurs sur des questions plus graves comme la propagande ou le rôle de l'art dans nos vies et ce que l'on peut en faire. En lisant la BD que l’auteur réalise à la demande de Picasso, on découvre un récit très riche, aux marges de la fiction et de son pouvoir de transformer la réalité.

    Les dessins de Daniel Torres reconnaissables entre tous collent parfaitement au récit. Du pur Torres classique, dans le style ligne claire, pour la première partie, dans une bichromie mêlant blanc et vert gris, et un peu plus déstructuré pour la seconde partie en couleurs sépia. Le trait est réaliste, soigné, bien adapté aux différentes ambiances évoquées et très expressif s’agissant des personnages. 

    Une très belle surprise de la part d’un grand auteur espagnol bien trop absent sur le marché franco-belge alors qu'il continue à publier de très bons titres en Espagne.

    SDJuan