Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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CASSANDRA DRAKE
- Par asbl-creabulles
- Le 01/05/2019
CASSANDRA DARKE
Scénario : Posy Simmonds
Dessin : Posy Simmonds
Traduction de l’anglais : Lili Sztajn
Collection : Denoël Graphic
Dépôt légal : avril 2019
Editeur : Denoël
Nombre de pages : 90Selon les dictionnaires, un(e) Misanthrope est une personne qui hait le genre humain, qui a une opinion défavorable, pessimiste de l'humanité (ou de la vie) OU une personne de caractère renfermé, d'humeur sombre, qui fuit les rapports humains, se complaisant dans la solitude.
L’odieuse, cynique, obèse Cassandra Darke de Posy Simmonds correspond parfaitement à la définition, ci-dessus !
En délicatesse avec la justice, après avoir mené une escroquerie dans la gestion de la galerie d’art de son ex-mari qui a été diagnostiqué Alzheimer, Cassandra est mise au ban de la société et de son milieu. Mais s’accorde très vite le pardon, au prétexte qu’«à côté de tous ces meurtriers récidivistes, on se sentirait presque comme Blanche-Neige». La septuagénaire ne pense qu’à elle-même et se complait dans le confort et la solitude de sa maison de Chelsea. …hélas, dans son sous-sol, une ex-locataire, la jeune et naïve Nicki, fruit des amours de l’ex-époux et de la sœur de Cassandra, «a laissé une surprise qui pourrait bien s’accompagner de violence et d’au moins un cadavre… »Entre conte, polar et bande dessinée, Posy Simmonds, revisite Charles Dickens et plus précisément le personnage acariâtre d’Ebenezer Scrooge dans «Un chant de Noël ».
Raconté en flash-back, le récit oppose deux générations de femmes émancipées sur fond de fractures sociales et morales.
La talentueuse auteur britannique, Posy Simmonds nous compose avec son brio habituel (Gemma Bovery, Tamara Drewe) une caustique et touchante chronique tragi-comique. Le dessin est brillant et précis. La bd foisonne de détails et la mise en page très imaginative.C’est mordant, souvent cruel mais l’empathie nous guette très vite pour cette anti-héroïne à chapka à pans rabattus. Le plaisir de lecture est réel. L’auteur nous offre un parcours hybride et unique dans un style « patchwork » entre livre d’images, bd et roman graphique (à la sauce polar).
La lecture en est très fluide, vous verrez, et magiquement réjouissante ! Faites-vous plaisir et n’hésitez pas à vous procurer le Cassandra Darke de Posy Simmonds.Michel
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CANDY & CIGARETTES 1
- Par asbl-creabulles
- Le 29/04/2019
Tome 1
Scénario: Tomonori Inoue
Dessin: Tomonori Inoue
Couleur: N&B
Souple - Couleur - Broché
Format: 13.4 x 18.2 cm
Editeur:
Dépot légal: 27 mars 2019
ISBN : 9782203172364
Nombre de pages : 192En retraite, largement méritée au terme de sa remarquable carrière de policier, Raizo reste obligé à 65 ans de faire des petits boulots pour arrondir ses fins de mois. Un jour, il apprend que son petit-fils Shôta est atteint d'une maladie rare nommée "encéphalite léthargique de Chesterton", une sorte de maladie du sommeil qui n’est malheureusement pas couverte par la sécurité sociale. Or, la facture pour les soins de Shôta s'élève à 900.000 yens, somme que la famille n'a pas évidemment. Raizo ne sait plus trop quoi faire quand il tombe sur l’annonce d'une certaine "Agence SS" qui recherche des hommes ayant une bonne maîtrise des arts martiaux et des armes à feu. Il y a un million de yens à la clé. Raizo se présente le jour indiqué et sa candidature est retenue. Il ne lui reste plus qu’à passer un test d’aptitude. En fait, il est chargé de faire le nettoyage, cadavres, taches de sang, empreintes, etc. après le passage de Miharu, une tueuse atypique puisqu’il s’agit d’une gamine âgée d'à peine 11 ans !
Mon avis: Cet album complètement déjanté qui se déroule sur un rythme endiablé dès les premières pages fait la part belle à l'émotion même si on ne peut s'empêcher de se demander comment cette gamine Miharu a pu en arriver là. Si beaucoup de réponses nous sont données dès ce premier tome, bien d'autres interrogations viennent se greffer tout au long d’un récit qui se lit d’une traite. Les personnages sont attachants et on se surprend à avoir de l'empathie (ce qui est voulu évidemment) pour les deux héros que tout devrait opposer, Raizo l'ancien flic et Miharu, la petite tueuse de sang-froid.
Le dessin typiquement dans le style manga est bourré d'énergie et on fond tout de suite devant le regard espiègle et en même temps innocent de la gamine. Raizo le grand-père n'est pas en reste non plus avec ses émotions très bien rendues. On vit les scènes de colère, d'étonnement, de tristesse et de tendresse aussi. Le tout accompagné de belles scènes d'action, parfois assez violentes, de courses-poursuites ainsi que d’illustrations d’ambiance aux décors bien fournis.
Un premier volume qui promet une série très dynamique.
SDJuan
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AVANT
- Par asbl-creabulles
- Le 26/04/2019
Tome 1 - Mumu la bâtarde
Scénario : Yann
Dessin : Jérôme Lereculey
Couleurs : Usagi
Dépot légal : mars 2019
Editeur :
Format : Grand format
ISBN : 978-2-8001-7457-0
Nombre de pages : 48Souricette, de son vrai nom Musaraigne, alias "Mumu la bâtarde" comme s’amuse à l'appeler son père – ce qui bien sûr ne manque pas de la mettre en rogne à chaque fois – est une gamine intelligente et rusée. Certes, un peu tête de linotte, mais elle sait ce qu'elle veut. C'est déjà un exploit quand on est la fille de Smilodon, chef de la tribu du même nom, et de la terrible Goana. Smilodon est un homme à femmes. Alors qu'il a déjà trois compagnes, il n'hésite pas à s’enticher d’une quatrième avec qui il passe la majeure partie de son temps dès qu’il rentre de la chasse. C’est d’ailleurs à leurs risques et périls car Goana ne l'entend pas ainsi. Quant à Mumu, en plus d’être délaissée par son père, elle n'en peut plus des cancans, jalousies et autres chamailleries continuelles des femmes pour toutes sortes de futilités car, du coup, personne ne l'écoute même lorsqu'elle veut prévenir la tribu qu'un grand danger la menace.
Mon avis: On connaissait déjà Rahan, Tounga ou Kazar pour ne citer qu’eux. Désormais, il faudra compter avec... MUMU !! Yann se déchaîne dans cet album d’aventure préhistorique totalement déjantée. Car si le scénariste a l'air de bien s'amuser, il nous en fait largement profiter. Une maisonnée confrontée à toutes sortes de problèmes familiaux, on connaît, mais comment étaient-ils perçus à l’époque? Ne cherchez plus car Yann nous donne les réponses! En fait, ils n'étaient pas si différents de ceux d’aujourd’hui, même s’il faut y ajouter ceux d'une famille polygame, une gamine qui sait ce qu'elle veut, quand elle ne l'oublie pas en chemin, et des animaux dangereux dotés de dents de sabre par exemple. Bref, une histoire plutôt folle et drôle.
Au dessin, Jérôme Lereculey met en scène les péripéties de cette famille atypique de manière plutôt cocasse. Il maîtrise parfaitement ses personnages, poilus ou non, dotés de faciès tous bien reconnaissables, sans oublier les animaux hors normes qui peuplent une région à la végétation luxuriante. Sans entrer dans la caricature, Lereculey nous fait passer un très bon moment de lecture. Un nouveau genre (l'humour à l'état pur) qu’on ne lui connaissait pas mais qui fonctionne très bien. L’ensemble bénéficie de l’agréable mise en couleurs d’Usagi qui donne du volume et de la vie à ce récit déjà bien survolté conçu par un trio d’auteurs plutôt étonnant. Et même si l’album vise plutôt la jeunesse, il est idéal pour passer un bon moment.
SDJuan
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DÉTOX
- Par asbl-creabulles
- Le 25/04/2019
Détox, tome 1 "Le déni"
Scénario: Jim
Dessin: Jim et Antonin Gallo
Couleurs: Antonin Gallo
Dépôt légal: 27/03/2019
Editeur: Bamboo, collection Grand Angle
Nombre de planches: 70 + 4 pages supplément Genèse et album Canal BD (en haut à droite)Paris huitième. Il s’appelle Matthias d’Ogremont, marié, deux enfants, une femme, DG à la tête d’une société d’acquisition d’entreprises en cessation. "On rachète, un petit coup de peinture et on revend." Matthias n’arrête jamais, vit à deux cents à l’heure. Il a une putain de bagnole, des amis géniaux, de quoi payer des vacances bien comme il faut à sa femme et ses enfants. Il démarre tôt ses journées jusqu’à très tard le soir. Il fait du fric, aime l’adrénaline que sa vie lui procure et, plus que tout, le sentiment de bouffer la vie par tous les bouts.
Matthias d’Ogremont surfe sur la crête de l’AVC permanent et ne compte surtout pas, malgré les conseils de son médecin, mettre le pied sur le frein. Mais un jour la foudre ne tombe pas loin …
Détox raconte l’histoire d’un parisien ultra-connecté, ultra-stressé qui va s’inscrire à un stage détox. Le récit d’une décélération, d’une purge forcée …interrogeant notre rapport à la vitesse, dressant le portrait de gens en quête de sens ne sachant pas exactement dans quelle direction chercher. Mais il n’est pas simple de se désintoxiquer de la ville. Et que reste-t-il de l’urbain sans l’urgence, sans le trop-plein de tout ce qui nous remplit de vide? Bref … c’est comment qu’on freine?"Déni" est le premier volume du diptyque "Détox" qui sort aujourd’hui dans la collection Grand Angle de Bamboo. Jim (Thierry Terrasson) en a écrit le brillant scénario et dessiné les personnages. Antonin Gallo quant à lui en a fait les décors et une mise au gris très riche. Le scénario est inspiré par un ami de Thierry qui est allé faire un stage détox, sans ordinateur ni téléphone pendant dix jours en pleine cambrousse loin des villes.
Mon avis: Brillant, inspiré, amusant, interpellant, humain, authentique, cynique, intelligent et une très bonne mise en images + un accessit pour le travail des décors et la mise en couleurs.
Michel
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SMART GIRL
- Par asbl-creabulles
- Le 24/04/2019
Tome 1
Scénario : Fernando Dagnino
Dessin : Fernando Dagnino
Couleurs : N&B
Dépot légal : mars 2019
Editeur :
Nombre de pages : 124
ISBN : 979-1093603377Tome 2
Scénario : Fernando Dagnino
Dessin : Fernando Dagnino
Couleurs : N&B
Dépot légal : juillet 2019
Editeur :
Nombre de pages : 100
ISBN : 979-1093603407En 2028, l’ère de l’I.A. a franchi un grand pas donnant naissance aux premiers robots androïdes. Désormais, rien ne sera plus pareil.
Juillet 2085. Yuki, en réalité l’unité 7117, est une "smart droïde" conçue pour obéir au doigt et à l’œil de son propriétaire, Hiroshi Tonazzi, l’un des principaux ingénieurs d’IMAI Tech. Prodige de l’intelligence artificielle, Yuki est à la fois son garde du corps, sa secrétaire, son ordinateur personnel et sa partenaire sexuelle. Depuis sa conception il y a deux ans déjà, Yuki assume son rôle à la perfection. Tout semble aller pour le mieux jusqu’à ce que surgisse au sein du conseil de l’entreprise un projet visant à créer de nouveaux smart droïdes de sécurité. Cette innovation va bousculer les habitudes et – chose impensable jusque-là – inciter les membres fondateurs qui avaient de grands projets bien plus humanistes à prendre la direction de la sortie. Yuki quant à elle souffre depuis quelque temps de bugs et de toutes sortes d’anomalies et de micro-coupures dans son fonctionnement. Elle doit se réinitialiser de plus en plus souvent. Elle fait même des rêves étranges pour lesquels elle ne trouve aucune explication. Ce problème est connu chez IMAI. Au terme de deux ans d’existence, les smart droïdes commencent à penser par eux-mêmes, causant des soucis à leurs propriétaires. C’est le cas d’Hiroshi qui ne supporte plus l’attitude de Yuki et décide d’acquérir une nouvelle Smart Girl, Séverine, à la pointe de la technologie et du progrès. Mais avant de se débarrasser de Yuki, il doit récupérer toutes ses données personnelles archivées dans la mémoire du droïde. Très attachée à Hiroshi, Yuki est jalouse mais également offensée et révoltée. Elle décide de se rebeller et de s’enfuir malgré les ordres donnés par son "maître". Hiroshi ne peut qu’en rendre compte à sa supérieure et lancer une traque sur Yuki. Une Smart Girl ne s’était jamais à ce point émancipée et rebellée. Yuki compte à tout prix comprendre ce qui lui arrive. Mais elle aura besoin d’aide et va faire des découvertes surprenantes la concernant.
Mon avis: Fernando Dagnino a toujours caressé le projet de publier ses propres histoires en tant qu’auteur complet. Le résultat qu’il nous propose avec Smart Girl est ... bluffant ! Un scénario intelligent mêlant les genres anticipation, science-fiction et polar noir, le tout mêlé d’une touche de super-héros. Il réunit le meilleur de Blade Runner, Alita, Westworld, Real Humans et bien d’autres films ou séries TV pour nous offrir un récit dynamique, rythmé et bourré de rebondissements. Surtout, il réussit à nous surprendre alors qu’on aurait pu craindre une énième version d’un sujet déjà largement traité. Eh bien non. Il parvient à faire quelque chose d’original d’un sujet devenu courant. Au final, Dagnino a gagné son pari de tout arrêter pour nous livrer cet opus, véritable petit bijou à ne rater sous aucun prétexte. Cela lui permet de soulever des questions pertinentes concernant les I.A., de plus en plus présentes dans nos vies au quotidien. Une I.A. peut-elle prétendre avoir une conscience ou même une âme? Peut-elle faire preuve de sentiments, d’altruisme? Smart Girl se situe dans un avenir proche mais nous donne l’impression d’être un témoignage solide et palpable de ce qui nous attend avec tous les progrès de la cybernétique, un monde qui se déshumanise à grand pas pour laisser place à la robotique, à l’automatisation à outrance, bref à l’intelligence artificielle.
Côté illustration, l’auteur a une nouvelle fois frappé très fort. Les scènes d’action sont spectaculaires, le dessin attrayant et captivant, magnifiquement découpé, la lisibilité hors du commun, malgré un format (en VF) un rien trop petit à mes yeux pour parfaitement se rendre compte de la qualité du travail effectué. A noter également que le tome 1 de la VF reprend les trois premiers chapitres de la version espagnole (qui en compte cinq au total). Fernando Dagnino a beaucoup travaillé pour le comics US (Batman | the Outsiders, Wonder Woman, Teens Titans, Suicide Squad, Tarzan on the Planet of the Apes, etc) dont la Galerie Passerelle Louise à Bruxelles expose les planches jusqu’au 30 avril (lien vers expo ici). Cela se ressent nettement dans son style. Avec Smart Girl, il nous propose un album en noir et blanc avec divers tons de gris renforçant les ombres et donnant du volume au dessin, qui est digne des plus grands auteurs du genre. Les personnages sont tous reconnaissables et particulièrement expressifs. Certains sont plutôt truculents. Les décors urbains sont bien mis en valeur et évidemment, tout ce qui a trait à la domotique et plus généralement aux techniques de l’intelligence artificielle, est très bien rendu. "Smart Girl" est à lire, à dévorer au plus vite (le second tome en VF est annoncé pour le 27 juin).
A noter les superbes illustrations de Smart Girl réalisées par d'autres dessinateurs prestigieux, notamment Sergio Davila, Cafu, Jorge Fornes, etc., disséminées tout au long de l’album.
SDJuan
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RETOUR À LA TERRE 6
- Par asbl-creabulles
- Le 19/04/2019
Scénario: Jean-Yves Ferri
Dessin: Manu Larcenet
Couleur: Dominique Thomas
Dépôt légal: mars 2019
Editeur:
Nombre de pages: 46 pages"Un jour, Mariette et moi on en a eu marre de la ville. Alors on a loué un camion pour mettre nos cartons et on est partis vivre aux Ravenelles… Les Ravenelles, c’est chouette, c’est la campagne et il y a des arbres, des fleurs et des oiseaux… À l’arrivée, nous attendait Monsieur Henri. Il nous a gentiment tendu les clefs …" Ainsi commençait, en 2002, signé par Ferri et Larcenet, "La Vraie Vie", premier volume de la série "Le Retour à la Terre". Nous découvrions, à l’époque, les premières péripéties d’un jeune couple, Manu "Larssinet" et Mariette, qui ayant quitté la ville s’installait dans le quotidien de la campagne profonde.
Six années ont séparé le premier album (2002) du cinquième (2008) et plus de dix années ont passé depuis… et, ô miracle aujourd’hui, le sixième opus de la série ("Les Métamorphoses") paraît pour notre plus grand plaisir. Je ne m’y attendais plus, voir n’y songeais plus du tout, tant la production de nos deux compères a été importante, riche et bluffante durant cette période. Ne citons déjà que l’extraordinaire histoire de BLAST (attention chef-d’œuvre !) de Larssinet, pardon Larcinet, et la reprise réussie d’ASTERIX par Ferri (la série ne m’avait plus fait rire depuis le décès de Goscinny, je l’avoue). Bref, je ne peux que me réjouir du "retour inattendu du Retour !" car il consacre pour moi le retour d’une série d’humour grand public qui ne laisse pas, comme c’est bien trop souvent le cas, la place à la vulgarité ou aux jeux de mots à 10 cents. Pour moi, l’humour c’est du sérieux ! C’est un art, une poésie zygomatique.Ceci dit, prenons maintenant la direction de Ravenelles…
Mariette attend un deuxième enfant et Manu, en plein déni, semble découvrir que sa femme Mariette est enceinte de 7 mois. La délicieuse Madame Mortemont apprend à utiliser son portable Samsong® et s’essaye à l’envoi d’emojis très déroutants. Loupiot, l’épicier, exerce ses étranges talents de voyance. Henri, le propriétaire de Manu, tombe amoureux de son aide à domicile … Et pendant ce temps, les patrons de Dargaud se mettent à douter sérieusement de la validité du très noir projet PLAST de Manu. Qu’il est bien loin le temps du charmant Retour à la Terre! Pensant avoir définitivement perdu Ferri ("qui travaille sur Astérix"), ils décident de relancer la carrière de Larssinet en lui proposant l’adaptation d’un "comix" américain et pour cela envoient l’éditeur Philippe en mission très aventureuse aux Ravenelles…Mon avis: Toujours aussi désopilant ! Regards sur le quotidien et autodérision. Découpage épuré des saynètes en six cases (principalement). Bon tempo et chutes. Le sens du théâtre de la vie, assaisonné de running gags drôles et de personnages truculents. C’est subtil et bourré de "clin d’yeux" à l’actualité (les migrants, la biodiversité et les inévitables technologies...)
A ranger précieusement sur vos rayons, parmi vos Gaston et autres antidépresseurs !Michel
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CONAN le CIMMERIEN T5
- Par asbl-creabulles
- Le 12/04/2019
Tome 5 - La Citadelle écarlate
Scénario : Luc Brunschwig
Dessin : Etienne Le Roux
Couleurs : Hubert
Autre : Patrice Louinet
Adapté de : Robert E. Howard
Dépot légal : mars 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-344-02253-5
Nombre de pages : 68Roi des Aquiloniens, Conan, à la tête de son armée de près de cinq mille hommes, part prêter main-forte au roi Amalrus d'Ophir. Mais sur place, il doit se rendre à l’évidence. Les barbares annoncés ne sont pas là et en réalité Ophir lui a tendu un piège. Ce sont pas moins de 30.000 hommes qui attendent Conan sous les ordres du roi Ophir allié au roi Strabonus et soutenu par le sorcier Tsotha-Lanti. Les soldats ophiriens et kothiens et la garde rapprochée du sorcier viennent vite à bout de Conan et de ses cinq mille Aquiloniens. Seul Flavio, le ménestrel de Conan, en réchappe, certain d'avoir vu le dernier guerrier aquilonien tomber sous l’un des coups en traître du redoutable sorcier. Ce qu’il ignore, c'est que Conan a été capturé au moyen d’un sortilège. Le sorcier et les rois complices sont prêts à payer Conan pour qu’il quitte la région. Ce dernier, fou de rage, refuse. Convaincu qu’il pourra réduire à néant la volonté du cimmérien, le sorcier fait jeter Conan dans une geôle de la Citadelle écarlate car, il en est convaincu, Conan acceptera une fois qu'il aura affronté la peur. Tout un programme!
Mon avis: Cinquième récit de Conan le Cimmérien d’après les textes de Robert E. Howard écrits en 1932, ce nouvel opus nous conte l'épopée de Conan roi d’Aquilonie. Luc Brunschwig s'est approprié cette aventure de belle manière pour nous offrir un récit épique marqué par de grandes batailles en début et fin d'album mais aussi par le combat plus personnel de Conan face à cette peur qu'un terrible sorcier a suscité chez lui au cœur d'une montagne diabolique. Le récit est dur car si on découvre un Conan en habit de roi, il n’hésite pas un instant sur le champ de bataille à donner libre cours à sa sauvagerie, sa bestialité, sa rage de guerrier prêt à mourir. Il se bat aussi contre l’injustice refusant le chantage des nobles qui ne pensent qu'à prendre sa place pour profiter du pouvoir et des richesses en laissant le peuple mourir de faim et vivre en esclave.
Un nouveau récit d’auteurs franco-belges de talent mêlant tous les ingrédients ayant fait la notoriété de Conan le Barbare – sorcellerie, bêtes féroces, surnaturel, félonie, batailles homériques – mais surtout lui redonnant vie d’une manière plus fidèle aux nouvelles de Robert E. Howard. En effet, l’illustration bénéficie du trait classique, efficace et puissant d’Etienne Le Roux qui nous régale d’un Conan dans la plus pure tradition (la barbe en plus). Le roi Conan se tient droit et fier et nous impressionne à cheval. Puis, nous le découvrons tel une bête enragée posant sur les cadavres des hommes qu’il vient de terrasser. Les scènes d'action, de violence, d’horreur des combats et blessures sont très bien rendues mais également les monstres et autres animaux sauvages ainsi que les très nombreux décors. Son dessin exprime parfaitement la tension qui anime Conan lorsqu’il est enchaîné et emprisonné. La mise en couleurs réalisée par Hubert est comme de coutume de très bonne qualité.
L’album est enrichi de plusieurs suppléments, l’analyse du récit de Robert E Howard par le spécialiste Patrice Louinet et la superbe galerie d’illustrations de Laurent Hirn, Stephane Perger, Cecil, Olivier Taduc, Dimitri Armand et Vincent Froissard. Rien que ça!
SDJuan
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LE DERNIER ATLAS
- Par asbl-creabulles
- Le 11/04/2019
Tome 1
Scénario : Gwen De Bonneval & Fabien Vehlmann
Dessin : Hervé Tanquerelle
Couleurs :Laurence Croix
Design : Fred Blanchard
Dépot légal : Mars 2019
Editeur :
Format : Autre format
ISBN : 978-2-8001-7116-6
Nombre de pages : 232Ismaël Tayeb sait se faire respecter des membres de son milieu qui, il faut le dire, n’est pas très net. Sous les ordres d’un certain "Legros", il fait le tour des bars de la région nantaise où les machines d’anciens jeux d'arcades devraient rapporter bien plus que certains patrons de bar le prétendent, préférant de loin arrondir leurs fins de mois. C'est Ismaël qui est chargé de leur mettre les "poings" sur les i. L’arrivée en France de Legoff, leur patron, inquiète Ismaël qui sait d’avance que ça ne va pas être de tout repos. Lors d’une sortie en discothèque, la situation dégénère et Ismaël doit même calmer et neutraliser Legoff mais lui brise accidentellement un doigt. Forcés de quitter les lieux, Legoff réussit à fuir tandis qu’Ismaël se fera interpeller par la police. Le temps passe jusqu’au jour où Ismaël et "Legros" sont convoqués à Oran. Si Legros est renvoyé en France avec un doigt en moins (pour compenser le doigt cassé de Legoff), Ismaël doit rester en Algérie avec Legoff pour s’occuper d’un deal d'armes et de drogue au sud du pays. C'est là qu’Ismaël se retrouve à côtoyer des Maliens djihadistes à la recherche de substances radioactives. Legoff et Ismaël proposent de leur fournir ce qu’ils demandent mais, pour cela, ils doivent dérober une pile nucléaire qui se trouve au cœur du dernier Atlas, le dernier de ces immenses robots utilisés par les Français en Algérie sur les chantiers de construction jusque dans les années 70. Ce robot surnommé Georges Sand est le dernier de cette main-d'œuvre gigantesque depuis qu’elle a été retirée du service et démantelée après la catastrophe survenue à Batna. Mais sa carcasse se trouve à présent en Inde. Dans le même temps, des événements des plus étranges sont en train de se produire non loin de là dans le parc naturel de Tassili où une multitude d'oiseaux migrateurs habitués du parc ne cessent de tournoyer sur place sans vraiment se décider à repartir.
Mon avis: Ce premier tome constitue en quelque sorte l’intégrale couleur des dix fascicules initialement parus en N&B et en nombre limité de juin 2018 à mars 2019. Aux commandes, on compte pas moins de quatre auteurs prestigieux, Fabien Vehlmann et Gwen De Bonneval au scénario, Hervé Tanquerelle au dessin et Fred Blanchard au design. L'intrigue, qui commence sur les chapeaux de roue, démontre la dextérité et l'efficacité avec lesquelles Ismaël fait face à toutes les situations, lui permettant de très vite devenir le bras droit de Legoff et de gravir les échelons. Le scénario est construit avec beaucoup de soin pour nous offrir un thriller solide dont le suspense fonctionne parfaitement et dans lequel évoluent des personnages bien écrits ayant de l’épaisseur. Ce récit réaliste explosif multiplie les intrigues en abordant plusieurs thèmes, notamment l'écologie. Les deux prochains tomes (volumineux) qui formeront une trilogie apporteront sans aucun doute leur lot de réponses au mystère de la catastrophe écologique annoncée. Les auteurs réécrivent l'histoire pour en faire une uchronie mélangeant habilement thriller, écologie et fantastique qui va nous mener de France en Algérie et même en Inde autour de ce robot géant qui a fait la grandeur de la France.
Au dessin et au design Hervé Tanquerelle et Fred Blanchard donnent toute sa force au récit avec un trait énergique voire nerveux, des personnages charismatiques et un découpage et une mise en page bien ficelées qui rendent la lecture captivante. La mise en couleurs de Laurence Croix est tout à fait adaptée, respectueuse des volumes en noir et blanc et plus généralement du dessin auquel elle donne de la profondeur.
Un récit fascinant qui va en surprendre plus d'un et dont le succès semble déjà assuré.
SDJuan