Créabulles, Expositions, Dédicaces, Rencontres.

Chroniques

Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture. 

  • BATMAN REBIRTH 6

    Batman rebirth 6Tome 6 - Tout le monde aime Ivy
    Scénario : Tom King
    Dessin : Joëlle Jones, Mikel Janín, Tony S. Daniel & Hugo Petrus
    Couleurs : Jordie Bellaire, June Chung & Tomeu Morey
    Encrage additionnel : Joëlle Jones, John Livesay, Sandu Florea & Danny Miki
    Couverture : Tony S. Daniel et Tomeu Morey
    Dépot légal : Janvier 2019
    Editeur :
    Urban comics
    Collection : DC Rebirth
    Format : Format comics
    Nombre de pages: 192

    Ce nouvel album qui contient les épisodes US Batman (2016) #39-43 et 45-47 se compose de trois histoires différentes.

    1) Il y a peu, Wonder Woman et Batman ont aidé le Gentil Homme à se battre contre des monstres venus de la région infernale de la Géhenne cherchant à pénétrer dans notre dimension. Aujourd'hui, celui-ci a pris contact avec Wonder Woman qui demande à Batman de le remplacer afin qu’il puisse avoir un moment de répit puisque cela fait une éternité qu’il garde ce passage sans jamais revenir dans notre dimension. Ayant pris sa place, Batman et Wonder Woman doivent affronter une horde continue de monstres qui les attaquent pour passer dans notre dimension. Mais le Gentil Homme qui pourtant leur avait promis de vite reprendre sa place décide de prolonger sa pause. Sauf que quelques minutes dans notre monde correspondent à des années dans l'autre dimension. 

    Batman rebirth 6 planche2) Poison Ivy qui s'était alliée au Sphinx en causant au passage plusieurs victimes humaines a décidé de prendre la situation en mains pour sauver la Terre. Elle estime qu’il y a trop de guerres, trop de misère, trop peu de respect pour la nature ce qui aggrave le dérèglement climatique. Elle prend donc le pouvoir, contrôlant désormais toute la planète, les plantes comme les animaux et les milliards d’humains qui la peuplent. Seuls Batman et Catwoman ont réussi à se soustraire à cette emprise grâce à un antidote. Mais que peuvent-ils bien faire à eux deux contre un monde sous le contrôle de Poison Ivy, y compris la JLA? L'affrontement s’annonce terrible !

    Batman rebirth 6 banner ivy3) Après un long voyage dans le passé, Booster Gold est revenu à notre époque avec ce qu’il pensait être un beau cadeau pour Batman et Catwoman mais il se rend vite compte que la situation n’est pas normale. Il a eu vent des méfaits commis par Poison Ivy et se devait de venir sachant qu'une menace approche. Sauf que les choses ne se déroulent pas comme il l’avait prévu. Bruce Wayne n'est pas Batman, Jason Todd (Robin) s'en donne à cœur joie même si ses gadgets de haute technologie sont mortels, Catwoman semble avoir perdu toute humanité et pris toutes les caractéristiques du chat, quant à Cobblepot (le pingouin), il est devenu l'actuel président, etc... Où est l'erreur ?

    Batman rebirth 6 banner catwomanMon avis: Nous retrouvons avec plaisir Tom King aux commandes pour nous faire vivre ces différentes aventures du Chevalier noir. Alors que Batman doit bientôt se marier avec Catwoman, Tom King n’hésite pas à l’envoyer dans une autre dimension se faire démolir par ses propres amis et, pire, ne jamais avoir vécu la vie que nous lui connaissons car son passé a été modifié. Il y a de quoi devenir fou. Sauf que Tom King tient bien les rênes et pilote parfaitement le récit. Intrigue et suspense sont bien présents dans chaque histoire et on accroche vite. Si j’ai bien aimé les trois histoires, l’une d’elles se distingue nettement, non seulement par le sujet abordé mais aussi par le dessin. Non pas que l'épisode à l’encrage plus lourd illustré par Joëlle Jones ou celui de Tony S. Daniel, de facture plus classique mais avec des cases et planches vraiment impressionnantes, m'aient déplu, mais c’est bien celui dessiné par Mikel Janin et mis en couleurs par June Chung qui m’a le plus frappé. Finesse du trait, visages de toute beauté, mouvements pleins de grâce, pleines pages superbes de Poison Ivy, scènes d'action réussies avec des couleurs tout en douceur au service du dessin et donnant de la clarté à l'ensemble. Un bel album Urban Comics enrichi d’un cahier graphique reprenant des couvertures et crayonnés encrés.

    SDJuan

  • CONSTANCE D'ANTIOCHE - Les Reines de Sang

    Reines de sang constance d antioche 1Tome 1
    Scénario : Jean-Pierre Pécau
    Dessin : Gabriele Parma
    Couleurs : Dimitri Fogolin
    Dépot légal : Janvier 2019
    Editeur : Delcourt 1
    Format : Grand format
    Nombre de planches : 54

    À l'âge de trois ans, la petite Constance qui vient de perdre son père Bohémond II, prince de Tarente et d'Antioche, est désormais l’héritière de la principauté d’Antioche. Mais trop jeune pour régner, la régence de la principauté revient à sa mère Alix, princesse d'Antioche et de Laodicée, fille du Roi Baudouin II d’Édesse (un comté chevauchant l’actuelle frontière entre la Turquie et la Syrie). Prête à tout pour garder le pouvoir, Alix fait aussitôt enfermer la petite Constance dans un couvent. Devant le Conseil d'Antioche, elle décide même de s'allier avec des émirs plutôt qu'avec le pape, confirmant le profond désaccord qui l’oppose à son père Baudouin II, entretemps devenu Roi de Jérusalem. Au fil des complots, des alliances, des plans secrètement établis contre sa fille, Alix conforte sa place dans l’espoir de devenir princesse d'Antioche sans se douter que Constance, elle aussi, a des alliés. Et la surprise sera d’autant plus inattendue que Raymond de Poitiers avec lequel elle croyait se marier épousera en fait Constance pourtant âgée d’à peine 10 ans. C’est ce mariage qui va donner à Constance le pouvoir de faire valoir ses droits de princesse d’Antioche. 

    Reines de sang constance d antioche t 1 p2Mon avis: Nouvelle histoire dans la série des Reines de Sang consacrée à Constance d’Antioche de Hauteville, princesse d’Antioche jusqu’à sa mort en 1163 à l’âge de 36 ans. Dans ce premier tome, Jean-Pierre Pécau pose le cadre général d’un récit qui s’annonce prometteur puisqu’il est sous-titré "La princesse rebelle". Pour le moment, nous découvrons surtout l’enfance et le contexte général du drame qui se joue autour d’une gamine destinée à devenir princesse, dont le père a été tué, le grand-père absent car occupé par ses devoirs en tant que Roi de Jérusalem et qui se retrouve mise à l’écart, enfermée et malmenée par une mère assoiffée de pouvoir pendant les longues années de sa régence. Un véritable calvaire pour cette enfant confrontée à de multiples conjurations et manipulations qui ont certainement influencé son caractère d’adulte. On est témoin de l'évolution de Constance, d’abord simple spectatrice puis devenant acteur principal et protagoniste de son destin. Un premier tome plutôt dynamique sur un scénario clair, construit de manière chronologique, qui pose bien le cadre de cet univers riche en péripéties et rebondissements.

    Reines de sang constance d antioche t 1 p4Le dessin de Gabriele Parma, net et précis et plutôt réaliste, illustre de belle manière le récit. Les planches sont riches en paysages orientaux typiques, points de vue sur les villes, décors urbains, intérieurs somptueux, avec des personnages tous expressifs et un découpage soigné. L’album bénéficie d’une belle mise en couleurs dans des tons à dominante chaude de la part de Dimitri Fogolin. Un premier tome qui augure bien de la suite. 

    SDJuan

  • COMPLAINTE DES LANDES PERDUES C3 T2

    Complainte des landes perdues cycle 3 tome 2 couvertureCoup de coeur 1Cycle 3 tome 2 - Inferno
    Scénario : Jean Dufaux
    Dessin : Béatrice Tillier
    Couleurs : Béatrice Tillier
    Lettrage : Jean-Marie Minguez
    Dépot légal : Janvier 2019
    Achevé d'imprimer : 12/2018
    Editeur :
    Dargaud
    ISBN : 978-2-505-06399-5
    Nombre de pages :56

    La sorcière Brynia a convoqué ses consœurs dans le but de les convaincre de ramener le démon Tête Noire à la vie. Mais la réunion qu’elle pensait maîtriser ne va pas se dérouler comme elle l’aurait souhaité. En effet, elles ont bien compris que Brynia cherche surtout à consolider son pouvoir auprès de la reine Jamaniel en l’aidant à installer son fils Elgar sur le trône. Parlant au nom des autres sorcières, Sanctus explique qu’elles ont toutes vu l'insigne Inferno Flamina porté par Vivien, le bâtard du roi et non par Elgar. C'est donc lui qui doit monter sur le trône. En profond désaccord avec Brynia, Sanctus joint alors l’acte à la parole et la tue froidement. Animée par l’esprit de vengeance, la sœur de Brynia, qui réside au château du roi Brendam, va s’efforcer d’éliminer Vivien pour accomplir le projet de sa sœur: écarter le roi au profit de son fils Elgar. Pour cela, il faut ramener Tête Noire à la vie et d’abord retrouver ses restes. Sous les traits de la reine Jamaniel dont elle a pris possession, elle approche Dame Ceylan qui seule connaît le lieu où ils se trouvent car elle a eu une fille nommée Oriane avec le démon. Dame Ceylan ne résistera pas longtemps et dévoilera l'emplacement des ossements de Tête Noire. Une course effrénée s'engage alors pour devancer la reine/sorcière et empêcher ce terrible démon de revenir à la vie. Mais à quel prix ? 

    Complainte des landes perdues cycle 3 tome 2 plancheMon avis: Disposant les pions sur un échiquier contrôlé par des sorcières, Jean Dufaux nous démontre une fois de plus son savoir-faire sur une série qui a connu de nombreux rebondissements répartis sur plusieurs époques. Ce nouveau cycle – déjà le troisième – consacré aux sorcières, en est le préquel. Et ce deuxième tome est de nouveau une réussite. Dufaux nous tient en haleine et nous captive grâce à des personnages qui ont pris du volume et un scénario toujours aussi efficace. L’enjeu est immense puisqu’il faut éviter une guerre et empêcher la "résurrection" de Tête Noire. A noter que ce cycle avec la présence des sorcières, d’Oriane l’héroïne, de sa mère et de la reine revêt un caractère bien plus féminin que les précédents et ce pour notre plus grand plaisir. 

    Complainte des landes perdues cycle 3 tome 2 planche autreD’autant que l’album bénéficie de l’élégant dessin de Béatrice Tillier avec qui Jean Dufaux a déjà travaillé sur "Le Bois des Vierges". La mise en page et le découpage sont soigneusement étudiés, alternant des cases qui constituent en quelque sorte des pauses, immédiatement suivies par un regain d’action. Le lecteur est ainsi judicieusement guidé dans sa lecture, en particulier son regard afin qu’il porte sur certains éléments plutôt que d'autres. Si le dessin au trait fin et léger capte notre attention au gré du positionnement des objets et/ou personnages sur chaque page, la mise en couleurs dans des tons plutôt pastel est également importante en accentuant certains éléments, de même que le jeu d’ombres et de lumière. Un soin minutieux est donc apporté à l’illustration, tant en ce qui concerne les personnages hauts en couleur (c'est le cas de le dire) que les décors, extrêmement travaillés et riches. Mes visites à plusieurs de ses expositions confirment que Béatrice Tillier est une grande artiste qui par son talent s’est imposée comme l'une des valeurs centrales du monde de la BD. Après un premier cycle illustré Complainte des landes perdues cycle 3 tome 2 couverture tlpar Grzegorz Rosinski et un deuxième par le regretté Philippe Delaby, Béatrice Tillier confirme avec Jean Dufaux que cette saga du genre Heroic Fantasy (médiévale-fantastique en bon français) fait partie des incontournables de la BD.

    A noter: "Inferno" est également paru dans une édition noir et blanc collector numérotée. 

    Voir notre chronique du tome 1 Complainte des landes perdues cycle 3 tome 1

    SDJuan

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  • VALOIS 2

    Valois 2Coup de coeur 1Tome 2 - Si deus pro nobis, quis contra nos ?
    Scénario : Thierry Gloris
    Dessin : Jaime Calderón
    Couleurs : Felideus
    Dépot légal : Janvier 2019
    Editeur : Delcourt 1
    Collection : Histoire & Histoires
    Format : Grand format
    ISBN : 978-2-413-00535-3
    Nombre de pages : 48

    Château de Ravaldino en Émilie-Romagne. Grâce à l’action de la troupe de mercenaires que commande le célèbre condottiere Vitellozzo Vitelli et qui compte désormais dans ses rangs Henri Guivre de Tersac et Blasco de Villallonga, la signora Sforza est désormais en lieu sûr, à l'abri des Borgia. Alors que Blasco passe la plupart de son temps à lire principalement des ouvrages consacrés à l'art de la guerre dans la riche bibliothèque du château – ce qui réjouit beaucoup Vitellozzo – Henri supporte mal sa rupture brutale avec la signora Sforza. Le calme étant revenu, décision est prise de lever le camp. Dans le même temps à Milan, le roi Charles VIII s’attache à préserver son alliance avec Ludovic Sforza, l'oncle de Jean Galéas qui a épousé Isabelle, la fille du Roi de Naples, Alphonse II. Malgré tout, leur première rencontre ne va pas être des plus diplomatiques, d’autant qu’Isabelle a donné rendez-vous dans le plus grand secret au roi pour lui demander son aide. A Gênes, alors que les vaisseaux napolitains sont prêts à débarquer pour lancer l’attaque sur la région, Vitellozzo parvient à arracher au nez et à la barbe des condottieres Alviano et Colonna un contrat en or auprès de Louis d'Orléans (le futur roi Louis XII), cousin de Charles VIII, pour se faire engager, lui et sa troupe de mercenaires aguerris, dans les rangs de l'armée française. Leur bravoure à combattre les Napolitains pour sauver Rapallo à une trentaine de kilomètres de Gênes vaudra d’ailleurs à Henri d'être fait chevalier pour avoir sauvé la vie de Louis d'Orléans. L'affrontement est proche, les forces inégales, mais Rome n'a pourtant pas dit son dernier mot.

    Valois 2 plancheMon avis: L’épisode des guerres d’Italie, en pleine Renaissance, constitue un cadre privilégié pour Thierry Gloris qui fait vivre à nos deux héros une grande aventure au cœur d’événements historiques majeurs. En tant que mercenaires, Henri et Blasco peuvent en effet passer d’un camp à l’autre, un jour français, un jour italiens, avec beaucoup d’aisance. Cela nous offre plusieurs points de vue et c'est plutôt ingénieux pour décrire une époque où chacun place ses pions pour vaincre et/ou déjouer l'adversaire. Thierry Gloris réussit à capter toute notre attention pour ne rien perdre des multiples enjeux politiques et stratégiques qui se croisent sous nos yeux… d'autant plus que la France et l'Espagne veulent également leur part du gâteau. Amateurs d’histoire et autres, Valois est bien l’une des meilleures séries à suivre actuellement. 

    Valois 2 planche suiteCôté dessin, force est de constater que Jaime Calderón est au plus haut de sa forme. Il nous livre un album somptueux, travaillé d’une manière des plus efficaces. Chaque case est une petite merveille de dessin réaliste. Soin du détail et précision dans les décors qui sont époustouflants. Cadrage et découpage aux effets impressionnants grâce à l’utilisation habile de plans larges, plongées, contre-plongées. Visages de toute beauté aux expressions tout simplement à couper le souffle. Scènes de guerre et de combat parfaitement restituées. Jaime Calderón est un maître du dessin réaliste et il est vivement conseillé de prendre le temps d’admirer chaque case, chaque planche comme elle le mérite, plans en extérieur, scène du banquet, point de vue sur l’armada napolitaine, etc.. car tout est simplement impressionnant. La décision de prendre des acteurs, des sportifs ou des amis comme modèle pour les personnages se révèle également très plaisante.

    Valois n b couleurs 1 On apprécie également la très belle mise en couleurs de Felideus qui souligne un peu plus le soin apporté aux détails et donne du volume aux personnages, aux voiles des bateaux, aux forteresses, etc. Le duo Calderón/Felideus donne un album littéralement éblouissant. Valois, une série historique ayant sa place parmi les musts de la BD franco-belge et que chacun se doit d’avoir dans sa bibliothèque !

    SDJuan

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  • ANDROÏDES 5

    Androides 5Tome 5 - Synn
    Scénario : Stéphane Louis
    Dessin : Stéphane Louis
    Couleurs : Sébastien Lamirand
    Dépot légal : Janvier 2019
    Editeur :
    Soleil
    Collection : Anticipation
    Format : Grand format
    Nombre de planches : 52

    Synn est un robot androïde hyper sophistiqué de dernière génération capable en cas de dégât de s’auto-régénérer à partir de n'importe quelle source de vie, robotique ou organique, atteignant ainsi une sorte d'immortalité. Lors d’une mission vers une planète inconnue, son vaisseau qui a dû se frayer un chemin à travers une nuée d’astéroïdes finit par s’écraser. S’il est totalement irrécupérable pour repartir, ses pièces vont être utiles à Synn pour se régénérer, se réassembler et redevenir la belle androïde qu’elle a toujours été. Mais curieusement, cette fois, il lui faudra plusieurs minutes avant de retrouver son état initial. Malgré tout, les créatures très proches des humains qui vivent sur cette planète vont la considérer comme une déesse, ce qui ne va pas manquer de l’inciter à essayer de comprendre leur système de vie... et de mort, cette mort qu’elle a très brièvement effleurée. Il semble que pour ces créatures la mort ne soit pas le point ultime de la vie, mais seulement un passage. Fortement intriguée, Synn n’hésite plus à prendre des risques dans l’exploration de la planète, souvent blessée, brisée pour passer de l'autre côté, mourir, ce qui est impossible pour son système d'exploitation et de survie. Après plusieurs essais infructueux, elle est amenée à découvrir une autre émotion qu'elle ne semble pas connaître, l'amour et, ce qui semble en découler, faire l'amour. Avec Krit, un robot qu'elle a amené à la vie à partir de débris et de la mémoire du vaisseau, Synn veut absolument découvrir cette nouvelle sensation jusqu’ici inconnue pour elle.

    Androides 5 synn plancheMon avis: Ce nouvel album (numéroté cinq dans la série) débute un nouveau cycle qui commence très fort. Stéphane Louis au scénario et au dessin nous livre dans ce nouveau one shot un récit autour des doutes, des questionnements que se pose l'androïde Synn sur la vie et la mort. Que devient l'âme après la mort? Y-a-t-il une vie après la mort? Qu’est-ce que l'amour absolu et unique? Des questionnements étrangement humains – Synn se demandant à quoi cela sert de vivre sans la mort, sans l'amour – chez des androïdes conçus pour être presque indestructibles voire éternels, avec les qualités des humains mais sans leurs défauts. On va donc suivre avec intérêt et plaisir l'évolution de cette androïde ayant même essayé le suicide pour connaître la mort et l'au-delà puis cherchant de la compagnie et l’amour auprès d’un compagnon régénéré à partir de la mémoire de son vaisseau crashé sur cette planète habitée par des créatures "humanoïdes". Une nouvelle intrigue solide pour cette belle série, accompagnant une réflexion sur les robots et la notion de transhumanisme en lien avec les progrès de l’intelligence artificielle.

    Androides 5 planche suiteLes dessins sont toujours aussi dynamiques grâce à des mises en scènes et des cadrages restituant bien les mouvements et contribuant au tonus du récit. Un dessin clair en particulier sur les personnages, dont Synn évidemment, toujours aussi élancée et agréable à regarder, mais également sur les androïdes, robots et vaisseaux aux fuselages fins et élégants pour cette belle aventure d'anticipation. Saluons également le travail réalisé sur les couleurs par son ami Sébastien Lamirand avec qui il a travaillé sur plusieurs séries, qui donnent de la clarté à l’ensemble tout en soulignant l’ambiance futuriste du récit. 

    SDJuan

    Chronique du tome 1 ici: Androides 1

  • BABYBOX

    BabyboxCoup de coeur 1BABYBOX
    Scénario : Jung
    Dessin : Jung
    Couleurs : Jung
    Dépot légal : Septembre 2018
    Editeur :
    Soleil
    Collection : Noctambule
    Nombre de planches :136

    Loin de la Corée qu’elle a quittée à l’âge de 4 ans, Claire Kim s'est construit une vie à Paris où elle travaille aux côtés de ses parents dans le restaurant familial. Tout va bien et avec son ami, ils ont décidé d'avoir un enfant. Son petit frère Julien voue une admiration sans borne au personnage de William Wallace depuis qu'il a vu le film Braveheart de Mel Gibson. Comme lui, il veut l'indépendance de l'Écosse au point d’aller à l'école en kilt. Un soir, leurs parents ont un grave accident, leur mère est tuée sur le coup et leur père se retrouve dans le coma. Accablée par une profonde tristesse, Claire se laisse envahir par les souvenirs comme celui du jour où sa mère avait voulu lui parler de quelque chose d'important puis y avait renoncé sans raison. C’est en rangeant ses affaires qu’elle découvre dans une boîte parmi d’autres objets un papier officiel coréen qui lui apprend qu'elle n'est pas celle qu’elle a toujours cru être mais qu'elle a été adoptée. Très vite, elle décide d’aller en Corée avec son petit frère Julien pour connaître la vérité sur ses vrais parents et savoir pourquoi sa mère l'a abandonnée. Sur place, sa rencontre avec un garçon nommé Min-ki va l’aider dans sa quête.

    Babybox plancheMon avis: Nouveau récit pour Jung qui nous accroche dès les premières pages. On ne peut s’empêcher de penser à la série drôle et touchante "Couleur de Peau: Miel" dans laquelle il nous avait raconté sa jeunesse d’enfant coréen adopté par une famille belge. Avec "Babybox", voici l’histoire d'une jeune fille soudainement confrontée à une succession de chocs. Un tragique accident, un père dans le coma, une mère décédée, la découverte qu’elle n’est pas leur enfant mais qu’elle a été adoptée et que ses véritables parents coréens l’ont déposée dans une "babybox" à Séoul avant qu’elle soit confiée à un orphelinat. S’ensuit alors un départ en Corée à la recherche de ses origines, de son identité, la découverte de ce pays qu'elle ne connaît pas, d’une langue qu'elle parle à peine et la rencontre avec ceux qui l'ont prise en charge. Une histoire où dominent les émotions, la joie comme la tristesse, beaucoup de tendresse mais aussi les doutes, les incertitudes et parfois les déceptions. Un récit très fort.

    Babybox planchesCoté dessin, Jung nous fait vivre cette histoire en noir et blanc mais avec toutes les nuances de gris et plusieurs notes de gaieté sous forme de pointes de rouge, ce rouge que Claire affectionne depuis qu'elle a vu ce champ de coquelicots à perte de vue. Un trait délicat pour de superbes scènes restituant de manière symbolique les multiples émotions qui se dégagent du récit comme l’amour de Claire envers son petit frère Julien. Une histoire tellement prenante qu’on dévore ce one shot d’une traite même s’il contient 154 pages. Un très beau moment de lecture que je recommande vivement.

     

    SDJuan

  • SOLO 4

    Solo 4Coup de coeur 1Tome 4 - Legatus
    Scénario : Oscar Martín 
    Dessin : Oscar Martín 
    Couleurs : Oscar Martín 
    Dépot légal : Janvier 2019
    Editeur :
    Delcourt 1
    Collection : Contrebande
    Nombre de planches : 76

    Fils adoptif du défunt Solo qui l'a élevé et éduqué, Legatus se retrouve bien seul et livré à lui-même mais bien décidé à poursuivre sur la voie tracée par son père. Il doit d’abord commencer par parfaire son éducation dans ce monde hostile. C’est l’attitude pacifique et bienveillante d’une autre créature qui le suivait depuis un certain temps qui va l’inciter à aller au-devant d'autres âmes seules et perdues qui, tout comme lui, ne veulent pas tuer juste pour tuer et encore moins par pur plaisir, mais qui désirent venir en aide aux plus faibles et aux plus démunis et s'unir pour mieux se protéger en essayant de former une communauté. Tout au long du chemin, Legatus va progressivement s'entourer de nouveaux "adeptes" voyant en lui un sauveur. Des créatures de toutes races vont se joindre à lui, finissant par constituer une petite armée de disciples et de fidèles qui adhèrent et croient à son idéal d’apporter un peu de paix dans ce monde brutal et sans pitié où chacun doit perpétuellement chasser pour manger et tuer pour son territoire. Mais en faisant parler de lui, ce groupe commence à faire peur aux humains qui y voient un danger et une menace qui prennent de plus en plus d'ampleur. 

    Solo 4 plancheMon avis: Nouveau personnage pour la série Solo. En effet le rat guerrier nous a quitté, cédant la place à son fils adoptif, le chien Legatus, pour ce premier tome du deuxième cycle de la série. Si Oscar Martín nous plonge une nouvelle fois dans son monde post-apocalyptique pour notre plus grand plaisir, on s’aperçoit vite qu’il met davantage l’accent sur les valeurs nobles qui anime ce nouveau venu. Les rebondissements s’enchaînent mais si l’aspect guerrier et violent du premier cycle demeure bien présent il l’est de manière un peu plus sous-jacente. Tout en se situant dans la lignée de son père adoptif, Legatus va s’efforcer de développer son désir de vivre autrement. Des groupes continuent de se former pour chasser et se défendre de manière plus efficace, mais d’autres, comme celui de Legatus, apparaissent pour essayer de changer le monde et de vivre en paix, en transmettant et en propageant au maximum un message de paix et d’amour. Si Legatus est vu par ses adeptes comme un messie, lui préfèrerait que chacun s'émancipe et aille propager la "bonne parole" à des êtres aspirant eux aussi à changer ce monde cannibale.

    Solo 4 planchesLes dessins d'Oscar Martín sont toujours de très bonne facture et du plus bel effet. Il sait s’y prendre pour accrocher le lecteur. Le trait est clair, précis, énergique tant pour ses magnifiques décors apocalyptiques que pour les scènes d’action explosives bourrées de testostérone. Oscar Martín est à l’aise pour dessiner des personnages zoomorphes. D’ailleurs tous ses personnages, humains ou non, sont charismatiques à souhait, avec des visages exprimant toutes sortes d’émotions: tristesse, joie, violence, peur ou rage. Le découpage et les cadrages dans un style très cinématographique viennent renforcer l’énergie qui émane de son dessin. La mise en couleurs tout en dosage rend l’album visuellement très agréable. Sans aucun doute l’une des meilleures séries apocalyptiques qu'il m'ait été donné de lire. 

    A noter la parution fin mars 2019 du premier tome de la série "Solo: chemins tracés", sur un scénario d’Oscar Martín et une illustration d’Álvaro Iglesias. 

    SDJuan

  • DAS FEUER

    Das feuerDas Feuer
    Scénario : Patrick Pécherot
    Dessin : Joe Pinelli
    Couleurs : <N&B>
    Dépot légal : Octobre 2018
    Editeur :
    Casterman 1
    Collection : écritures
    Nombre de pages : 200

    Des hommes de plusieurs générations, de toutes races, de toutes confessions et idéologies, sont obligés de trouver le plus vite possible un refuge ou de creuser une tranchée et d’y rester cachés dans la terre, dans la gadoue sous la pluie, trempés jusqu'aux os de suées froides, au mieux exténués mais très souvent blessés physiquement mais aussi au plus profond de leur âme, affamés et assoiffés, horrifiés ou complètement dépassés, paniqués, les adjectifs viennent à manquer. Le tout sous le fracas des tirs de fusils et de mitrailleuses ou d’artillerie, sous une pluie d'obus, sous les bombardements incessants qui laissent les hommes déchiquetés ou mutilés comme pour souligner cette torpeur, cette impuissance. Une guerre sans nom, assourdissante, meurtrière et bien trop longue. 

    Das feuer planche 1Mon avis: L’action se situe du côté allemand durant la Grande Guerre de 14-18, qui n'a de grande que le nom tellement elle ressemble à tant d'autres par son atrocité et cette monotonie de l'horreur et de la souffrance. On se rend vite compte avec cette adaptation BD du récit de guerre "Le Feu" (sous-titré "Journal d’une Escouade") écrit par Henri Barbusse en 1916 que l'ennemi n'est pas seulement l'adversaire mais aussi les éléments naturels du paysage: sols, modelés, végétation, climat. Lorsque l'eau vient se mêler à la terre, le sol se transforme et devient presque mouvant et, horreur suprême, mêlé de sang et de corps déchiquetés. L'horreur est partout et toutes les difficultés du monde s’additionnent et se dressent contre l’homme. Le scénario, présenté sous forme de chapitres et d'étapes destinés à nous faire vivre chaque instant, alterne texte et illustrations quasiment sans dialogues. Il commence par des énumérations qui soulignent le contexte de l’horreur annoncée: "Nous sommes treize millions deux cent vingt mille hommes mobilisés, un million cent cinquante-deux mille huit cents prisonniers", puis l’auteur présente et dépeint quelques-uns de ces hommes aux mines lugubres avant de reprendre, comme si cela ne suffisait pas, son énumération qui glace le sang. "Nous sommes un million cent cinquante-deux mille huit cents prisonniers, quatre millions deux cent mille et cinquante-huit blessés". Et pour bien souligner et faire comprendre l'horreur, il y a les morts: "Deux millions trente-trois mille sept cents morts et disparus". Un récit glaçant sur les horreurs et atrocités d’une guerre mais qui peut s’appliquer à n’importe quel autre conflit de par le monde. 

    Das feuer plancheLes dessins en noir et blanc à dominante grise et sombre restituent au mieux la vie terriblement triste et effroyable des soldats mais surtout l'horreur et la noirceur de la guerre. L’auteur utilise des traits hachurés, faussement gribouillés pour dépeindre des visages gris presque défigurés qui ressemblent plus à ceux d’hommes morts, des masses humaines informes, des paysages monotones et semblables, ondulés, détrempés, jonchés de cadavres et de blessés au milieu d'êtres certes vivants mais vidés de toute force, découragés et sans espoir aucun. La survie est le seul ressort qui les soutient. Les dessins se répètent à l’image de la répétition des mêmes gestes et actions de survie comme celui de sauter dans un trou pouvant servir de tranchée et d’abri. Les dessins sont uniformes et pas très beaux visuellement mais atteignent leur objectif en exprimant parfaitement la dure réalité de la guerre. 

    SDJuan