Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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COMPLAINTE DES LANDES PERDUES - CYCLE 4 - T3
- Par asbl-creabulles
- Le 19/11/2023
Tome 3 . La folie Seamus
Scénario : Jean DUFAUX
Dessin : Paul TENG
Couleurs : Bérengère MARQUEBREUCQ
Dépot légal : Octobre 2023
Editeur :
Cycle 4 - Les Sudenne
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-505-11360-7
Nombre de pages : 56J’ai déjà écrit ici tout le bien que je pensais du cycle Les Sudenne dessiné par Teng pour La Complainte des Landes perdues scénarisée par Dufaux.
Ce n’est pas ce 3e volume qui va me faire changer d’avis.
Tout y est parfait.
Les traits si purs, si attirants d’Aylissa ou de Sioban.
La force de leurs regards, leurs yeux véhiculant tant d’émotions diverses.
Les ambiances sombres.
Les couleurs et les éclairages de Bérengère Marquebreucq.
Les éléments fantastiques.Une arme terrible, le Fitchell aux ordres du mental d’Aylissa.
Elle a envoûté Seamus mais ça ne suffit pas.
Elle veut la mort de ce Chevalier du Pardon.
Sioban parviendra-t-elle à le sauver?
L’aide du Cryblood annihilera-t-elle la Magie Noire utilisée par Aylissa?
Teng est vraiment à l’aise dans cet univers.
Son dessin a tellement de force dans les scènes inquiétantes nimbées de magie térébrante, dans les scènes d’action.
Comme pour les traits et les positions des personnages qui vivent, souffrent, espèrent… devant nos yeux.
M.Destrée
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Astérix - L’iris blanc
- Par asbl-creabulles
- Le 19/11/2023
Tome 40 - L'Iris blanc
Scénario : FABCARO
Dessin : Didier CONRAD
Couleurs : Thierry MEBARKY
Dépot légal : 26 octobre 2023
Editeur : Hachette
Format normal 228 x 294
EAN/ISBN : 978-2-01-400133-4
Nombre de pages : 48Comme tous les deux ans désormais semble-t-il, le nouvel album des aventures d’Astérix, "L’iris blanc", vient de sortir, toujours avec Didier Conrad aux dessins, mais cette fois, après 5 albums, Jean-Yves Ferri cède la place à Fabcaro au scénario. Fabcaro, c’est un peu le touche à tout de la culture, à la fois scénariste de BD, auteur de romans, musicien et même illustrateur de jeux de société. Pas forcément celui qu’on attendait pour prendre en charge les tribulations du petit gaulois et de son village. Il s’en tire cependant relativement mieux et aurait même tendance à rehausser le niveau général de la série. Mais nous y reviendrons.
Alerte à Rome ! Les légions de César n’ont plus de motivation pour combattre, en particulier les irréductibles ! César ne sait plus à quel saint se vouer. Intervient alors le médecin-chef des armées, Vicévertus, qui prône la méthode de l’iris blanc, censée lutter contre le négativisme ambiant à grands coups de maximes et de sentences, et en favorisant le bien-être personnel. Mal convaincu, César donne sa chance à son médecin en l’envoyant au camp de Babaorum, pour soumettre le village gaulois. L’entreprise semble sur le point de réussir, les gaulois prompts à se battre se laissent mollir, ils trouvent même des circonstances atténuantes à Assurancetourix le barde. Il trouve en particulier une oreille attentive en la personne de Bonnemine, la femme du chef. Heureusement, Astérix veille au grain… Un peu comme dans le Devin ou la Zizanie, l’Iris Blanc met en scène une forme de péril pour le village gaulois, un péril intérieur venu de l’extérieur. Mais ici, ce n’est pas la bagarre qui fait loi, plutôt la pensée positive. Vicevertus, bien plus malin et sympathique que celui dont il est inspiré, BHL, montre aussi les limites de son enseignement.
Didier Conrad est parfaitement à l’aise dans la reprise des personnages au point qu’il devient difficile désormais de faire la différence entre ses traits et ceux du Maître Uderzo. À noter cependant que son César m’a semblé un peu différent des précédents, les traits plus ascétiques, un petit quelque chose en moins ou en plus.
Nouveau venu dans l’univers des Gaulois, Fabcaro s’en tire admirablement malgré un cahier des charges que l’on imagine très lourd au vu de cette BD au tirage gargantuesque, 5 millions d’exemplaires. On y trouve donc quelques scènes savoureuses, comme cette Société Nouvelle des Chars et du Foin, toujours en retard de plusieurs sabliers en raison d’incidents sur la voie, la clarinette et le charri’lib, clin d’oeil au vélib, le musée de Kébranlix, le pot-pourri des chansons d’Assurancetourix, mais aussi quelques citations cinématographiques ou politiques qui ont fait date, comme les sesterces de dingue (un pognon de dingue), on ne peut pas tremper mille fois mille personnes (clin d’oeil à la Cité de la peur), Que la force soit avec vous, et l’esprit sain dans un porcin… Il y en a bien d’autres à découvrir. Une des scènes les plus savoureuses reste sans doute celle où les sangliers deviennent eux aussi adeptes de la pensée positive et se comportent comme des chats devant Obélix au point que celui-ci en perd presque le goût de la chasse, ou les Romains qui se félicitent presque de se faire taper dessus. Depuis le combat des chefs, on n’avait également pas vu Abraracourcix prendre une telle place dans un album. La conclusion reviendra à Panoramix qui, sans condamner la méthode, pense qu’elle conviendra peut-être aux générations futures…
L’Iris Blanc se referme avec la satisfaction d’avoir pu lire un bon album d’Astérix, une histoire originale, qui sort un peu des classiques sans vouloir diminuer le mérite de Ferri. Fabacro réussit son entrée en jouant parfaitement sur les thèmes imposés et en y apportant une touche personnelle dans la réflexion et la modernité. Quatre ans après la mort d’Uderzo, et 46 ans après celle de Goscinny, Astérix n’a donc pas dit son dernier mot.
Richard Colombo
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LA BÊTE 2
- Par asbl-creabulles
- Le 08/11/2023
Tome 2
Scénario : ZIDROU
Dessin : Frank PÉ
Couleurs : Elvire DE COCK
Dépot légal : Octobre 2023
Editeur : Dupuis
Format : Autre format
EAN/ISBN : 979-10-34738-22-9
Nombre de planches : 200Résumé:
Que le Kraken me croque…
Le Marsupilami débarque en Belgique via le port d’Anvers. Mis en cage par l’Homme, il a traversé l’océan non sans encombre. Le navire a eu 20 jours de retard pour cause d’avarie. Le temps fut long pour les animaux coincés dans les cales sous 40 degrés minimum, sans eau ni nourriture. Il y a pourtant un survivant…
Franz est un petit garçon courageux et débrouillard. Il grandit avec sa maman dans une ménag… une maison où la vie n’est pas toujours facile. Franz se fait appeler François. Ça sonne mieux, surtout 10 ans après la Seconde Guerre mondiale. Tiens, 10 ans c’est son âge. Eh oui, le petit François a pour papa un soldat allemand… Il ne le connaît pas, il sait juste que son papa a gagné une médaille aux jeux olympiques de 1936 ! Le jeune homme lui voue un culte mais la réalité est tout autre: son père était marié avant la guerre et a deux petites filles.
La maison de François, c’est l’arche de Noé ! Il y ramène tous les animaux et souvent des animaux blessés, mal en point ou avec des caractéristiques inhabituelles : un dindon qui se prend pour un coq, un sanglier qui se prend pour un chien et j’en passe.
La vie de François n’est pas simple. C’est le fils d’un chleuh. Après une altercation musclée avec des camarades de classe, tondu comme une femme ayant couché avec l’ennemi, la coupe est pleine…François fugue et va faire une rencontre qui va changer sa vie ! Un marsupial inconnu mais bien connu des fans du neuvième art.
Une espèce inconnue dans les rues de Bruxelles c’est plutôt inhabituel. Je vous laisse suivre les aventures de ce jeune garçon dans la capitale ! Entre menace pour les habitants et curiosité du monde scientifique, le Marsupilami va faire parler de lui !
Mon avis: Parler de chef-d’œuvre ne me paraît pas inapproprié. Frank Pé nous livre ici le travail de sa vie. On y retrouve tout ce qu’il aime ! Je dois bien avouer que les planches dans le Musée d’Histoire Naturelle avec une multitude d’animaux sont de loin mes préférées !
Certaines cases constituent des planches à tomber par terre ! Une luminosité bestiale, un angle parfait et La Bête est devant nous pour le plaisir de nos yeux ébahis ! Merci à Elvire de Cock pour son fantastique travail et son rendu d’ambiance !
Le scénario est complet, avec des registres pour chaque personnage et il fallait bien 300 pages pour ne rien éluder et donner un énorme plaisir aux lecteurs. Merci à Zidrou pour cette aventure !
Le petit plus de cet album est double. Il est savoureux de retrouver du Bruxellois dans les cases avec des expressions bien connus comme "Lange staart" ou "Ket". Cela rend le Marsupilami encore plus Belge !
Le second petit plus sont les clins d’œil à la Belgique avec Tintin ou Spirou via Seccotine.
Il faudrait une année entière pour savourer ces deux albums à leur juste valeur, épiant les détails, le jeu d’ombres afin de ne rien rater de ce chef d’œuvre qu’est La Bête.
Une édition spéciale avec coffret existe chez Slumberland BD World. Les cahiers graphiques et explicatifs sont très intéressants afin de suivre ce que Frank Pé désirait insuffler à cette aventure.
Merci aux trois personnes de l’ombre pour ce fantastique moment de lecture !
Jordan Maenhout
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LA FAUNE SYMBOLIQUE T1
- Par asbl-creabulles
- Le 07/11/2023
Tome 1 . Renard rusé
Scénario : Jean-Claude SERVAIS
Dessin : Jean-Claude SERVAIS
Couleurs : RAIVES
Préface : Tanguy DUMORTIER
Dépot légal : Octobre 2023
Editeur :
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-8085-0273-3
Nombre de pages : 80Comme le Beaujolais qui arrive, le Servais nouveau, lui est déjà là.
Ce Renard Rusé est le premier album d’un nouveau cycle qui sera consacré aux animaux sauvages proches de nous.
Ce n’est pas un long récit mais plusieurs histoires courtes.
12 exactement de pagination différente, de 2 à 11 pages.Elles ont pour acteur principal, le renard évidemment qui parcourt des récits légendaires, des contes de fée, des comptines…
Juliette est aussi plus longuement présente dans des rôles différents ainsi qu’Arnaud le vagabond qui vit en symbiose avec la nature.
Certaines de ces histoires mises en images sont nées en Afrique, en terre amérindienne, au Japon, en Chine et plus près, en France.
Ce qui les pare d’une universalité bienvenue.
Évidemment, les personnages n’ont pas le temps d’émouvoir le lecteur comme dans les longs récits habituels de Jean-Claude Servais.
Mais dans ce livre, la nature y est si belle.
La forêt, les sous-bois, les clairières sont si réels qu’ils donnent envie de s’y promener et de s’enivrer de leurs senteurs.Que dire de la faune? Servais se serait-il encore surpassé?
Mais les yeux de son (ses) renard(s) sont si vivants, si pénétrants.
Les autres animaux ne sont pas en reste. Quelle beauté ils dégagent. Leur plumage, leur pelage semblent réels.
Un regret quand même, que s’est-il passé à la page 47? Une distraction?
Je pense qu’à la case 7, les oreilles du renard devaient rester droites. Ici elles tombent trop et on dirait un chien.
J’avoue aussi que je n’ai pas pu lire le texte d’Adrien de Prémorel (trop daté pour moi) qui termine en postface ce magnifique album.
MDestrée
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ARROWSMITH Intégrale cycle 1
- Par asbl-creabulles
- Le 06/11/2023
Tome 1 - Si élégants dans leurs jolis uniformes
Scénario : Kurt BUSIEK
Dessin : Carlos PACHECO
Couleurs : Alex SINCLAIR
Encrage : Jesús MERINO
Couverture : Carlos PACHECO, Rafa FONTERIZ et José VILLARUBIA
Dépot légal : Novembre 2023
Editeur :
Collection : Contrebande
Format comics
EAN/ISBN : 978-2-413-08028-2
Nombre de pages : 210L’assassinat de François-Ferdinand à Sarajevo en juin 1914 va enclencher la Première Guerre mondiale. Très vite, l'Europe va se retrouver à feu et à sang et l'Amérique finira par s’engager dans le conflit. En avril 1915, à Herbertsville dans le Connecticut, États-Unis de Columbia, le jeune Fletcher Arrowsmith ne rêve que d’une chose, aller se battre aux côtés des Alliés. Il est littéralement fasciné par les affiches placardées par l’Unité d’élite aérienne. Un jour, il croise des soldats de l'Unité avec qui il échange quelques mots qui le confortent dans sa décision. Il n'en démord plus. Il veut, il doit s'engager dans cette unité d'élite basée dans la ville voisine d’Acadia quel qu’en soit le prix, contre la volonté de son père Martin Arrowsmith, forgeron de métier, qui a des idées bien arrêtées à propos de la guerre, et contre l'avis de son ami Rocky, un troll de pierre, qui ne cesse de lui dire qu'il n'y a rien de noble dans la guerre. Fletcher quitte le domicile familial en vue de rejoindre Acadia avec son ami Jonathan Kerry. Leur but : apprendre à voler, apprendre la magie, se battre pour une bonne cause. Au départ, Fletcher se réjouit d'apprendre à voler avec les dragons grâce à la magie. C’est un élève sérieux, concentré et prometteur. Il rencontre la jeune Grace avec qui il compte bien faire sa vie. Elle, en tant que conductrice d’ambulance volontaire, et lui en tant que combattant aérien iront sur le champ de bataille où ils seront assez vite confrontés à la dure réalité de la guerre et au coût humain à payer pour aider les amis de Gallia et de Lotharingia contre les agressions de l’ennemi de Prussia, Bavaria, Swabia et Tyrolia Hungary.
Mon avis : Disons-le tout de suite, voilà une magnifique série même s’il aura fallu attendre 20 ans pour en connaître la suite puisqu’elle a été publiée (en VF) en 2004 par les Éditions USA dans deux albums regroupant chacun trois épisodes de la version US (une "intégrale" regroupant ces deux albums a également été publiée en 2005 par les Éditions USA).
Aujourd’hui, c’est Delcourt qui nous propose une réédition enrichie de cette même intégrale contenant les 6 épisodes d’Arrowsmith plus un récit de 8 planches paru initialement dans Astro City / Arrowsmith flipbook. L’album contient également une postface de Kurt Busiek, un cahier de 28 pages présentant le monde et les protagonistes de l’aventure, une galerie de couvertures (7 pages) et enfin 4 pages montrant les différentes étapes de la réalisation des dessins. Pour être complet, notons que Delcourt propose une édition spéciale limitée, avec couverture variante, de cette même intégrale en collaboration avec Central Comics et Excalibur Comics.Je me rappelle qu'à l'époque j'avais adoré cette histoire. À sa relecture aujourd'hui, la BD n'a vraiment rien perdu de sa superbe. Le récit s’appuie sur un scénario solide et l’intrigue est superbement bien amenée. Le mélange histoire, fiction et magie fonctionne à merveille. Dans cette uchronie, la magie remplace en quelque sorte notre évolution mécanique, technologique et nucléaire, le tout très naturellement, tout comme la présence des créatures de nos mythes et légendes. Fletcher, notre sympathique héros, va découvrir la discipline, l'entraide, la solidarité, l'amitié et même l'amour mais aussi les horreurs de la Grande Guerre qui nous sont rapidement dévoilées au fil du récit.
La qualité de l’écriture est bien au rendez-vous et il n’y a rien d'étonnant à cela puisque le scénariste n'est autre que le grand Kurt Busiek, l’un des meilleurs scénaristes US. Busiek a déjà travaillé avec Carlos Pacheco sur "Avengers Forever", un autre petit chef-d'œuvre de ces deux auteurs, mais aussi avec Alex Ross pour nous offrir "Marvels", et il nous a régalé avec bien d'autres séries, notamment Astro City. Autant de preuves du talent du scénariste et d’un travail largement documenté.
Les dessins de Carlos Pacheco font mouche, clairs, limpides, élégants, fluides et en même temps bourrés d'énergie… et bien qu'on le connaisse davantage par son travail sur l'univers des comics de super héros, avec Arrowsmith Carlos Pacheco est au sommet de son art. Les décors sont somptueux et bien détaillés, tout comme les différents costumes d'époque.
Le travail sur la mise en scène des apprentissages des futurs "aériens" est de toute beauté. La dureté et les horreurs de la guerre sont également bien exprimées graphiquement ainsi que la folie humaine.
Bien qu'ils n'aient jamais arrêté de travailler pour le marché américain du comics, Busiek et Pacheco avaient à cœur de terminer cette magnifique série, encore plus après avoir entendu dans un épisode de la série télévisée The Big Bang Theory un libraire et Neil Gayman en dire beaucoup de bien.
Cette création personnelle va donc (enfin) connaître son dénouement en français dans les mois qui viennent (à noter qu’en Espagne, l’intégrale 2 en castillan est déjà disponible).
Fait marquant, le regretté Carlos Pacheco, dans son testament, a demandé que ses cendres soient incorporées à l’encre ayant servi à imprimer cette seconde intégrale (oui, c’est possible en Espagne !).
Vous l'aurez compris, cette série est un incontournable de la BD, et le fait d’avoir dû patienter vingt ans pour lire la suite ne change rien à mon jugement.C'est vraiment du très bon et c’est une chance pour nous lecteurs que Carlos Pacheco ait pu la terminer avant de s'en aller vers d'autres cieux le 9 novembre 2022. J'espère qu'il repose en paix.
Depuis sa mort, plusieurs hommages lui ont été rendus à travers toute l'Espagne. Créabulles a tenu également à saluer ce grand dessinateur et lui témoigner son admiration en présentant à la Galerie Passerelle Louise du 27 octobre au 11 novembre une vingtaine de dessins hommages réalisés par des auteurs amis ou confrères l’ayant côtoyé ou appréciant beaucoup son travail (voir le lien en cliquant sur l'image ci-dessous). À noter que le bénéfice de ces ventes sera versé à l’Association européenne contre les leucodystrophies, des maladies génétiques rares comme la maladie de Charcot qui a emporté Carlos Pacheco bien trop tôt.SDJuan
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Sigi
- Par asbl-creabulles
- Le 31/10/2023
Tome 1 - Opération Brünnhilde
Scénario : Erik ARNOUX
Dessin : David MORANCHO
Couleurs : David MORANCHO
Storyboard : Erik ARNOUX
Dépot légal : Août 2023
Editeur :
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-344-03550-4
Nombre de pages : 62Allemagne, fin des années 20. Sigi, de son vrai nom Sigrid Hässler, est pilote de course professionnelle, métier alors quasi réservé aux hommes. Malheureusement pour elle, lors d’une course sur le circuit du Nürburgring, un accident coûte la vie à un pilote. Non seulement elle se retrouve accusée et exclue à vie des courses automobiles, mais tous ceux qui la soutenaient jusque-là vont lui tourner le dos. Qu’à cela ne tienne ! Elle annonce sa décision d’entreprendre un tour du monde en voiture, moyen pour elle de démontrer que les femmes sont capables de faire aussi bien que les hommes. Mais là encore un obstacle va se dresser sur son chemin. Sa famille pourtant fortunée lui refuse tout soutien financier jugeant son idée totalement folle. Les semaines d’échecs et de désillusions se succèdent et Sigi est au bord du découragement quand, enfin, une ancienne copine d’école lui propose de rencontrer son amant, un certain Herr Geyer qui va rapidement financer son projet avec ses associés. L’expédition Sigrid Hässler est désormais sur les rails. Elle doit démarrer aux États-Unis. L’équipe a présent constituée rejoint le port du Havre pour embarquer à bord du paquebot Île-de-France pour une traversée de cinq jours à destination de New York. Toute à son bonheur de réaliser son projet, Sigi ne voit pas ce qui se trame dans son dos. Geyer s’efforce de prendre en main l’expédition allant même jusqu’à éliminer le mécanicien qui devait faire partie du voyage. À quelles fins ? Le temps le dira mais bien d’autres problèmes, souvent de taille, vont se poser mettant des bâtons dans les roues de Sigi alors même qu’elle ignore que son mécène occupe un poste important dans la hiérarchie du parti nazi.
Mon avis : L’idée est née du reportage que David Morancho a vu sur la première femme pilote, Clärenore Stinnes, à avoir réalisé un tour du monde en 1927.
Après avoir soumis une ébauche à Érik Arnoux, le projet a rapidement pris forme, les deux auteurs ayant choisi de modifier les dates et le décor pour nous raconter sous la forme d’une fiction un peu romancée l’histoire d’une femme forte face à un monde sexiste jusque dans sa propre famille.
Le récit fait la part belle à Sigi, au récit de son aventure et de ses rencontres sur fond d’émancipation féminine mais pas vraiment féministe. Car bien que forte, Sigi s’attire tout un lot de soucis et même de catastrophes mais n’a pas vraiment conscience des véritables motivations d’un nazisme émergeant.
Un album plein de surprises et de rebondissements bien pensés et bien amenés qui nous fait voyager de Berlin aux States mais qui nous plonge aussi dans la période de la Grande Dépression économique des années 30. Un récit à suspense plutôt captivant… et ce n’est que le premier tome !Une nouvelle fois David Morancho nous gâte par son dessin tout en finesse et précision. Déjà dans sa série Sara Lone coproduite avec Érik Arnoux, il nous avait offert une belle immersion dans l’Amérique des années 50-60 avec ses voitures si typiques et ses décors fascinants.
vec Sigi, il nous entraîne dans les années 20-30 d’une manière tout aussi spectaculaire.
Sa narration visuelle est riche et efficace.
Pour les personnages dont certains sont de vraies figures historiques, tous bien mis en situation mais et surtout pour les regards, autant chez Sigi et son amie que chez les autres personnages qu’ils soient importants ou secondaires.
Pour les ambiances bien sûr, pour les décors aussi et ils sont nombreux, bateaux, voitures, environnements urbains d’époque, paysages naturels des lieux évoqués (Berlin et États-Unis).
Tout est précis, détaillé, efficace.
On sent que les illustrations s’appuient sur un immense travail de recherche documentaire.
Le tout bénéficiant d’une très belle mise en couleurs. Si la couverture accroche le regard, le contenu de l’album vaut tout autant le détour. Encore une série à ne pas rater.À noter l’initiative très louable et intéressante de Glénat qui publie en parallèle un tirage N&B grand format avec dos toilé et dossier de 16 pages limité à 1000 exemplaires qui donne vraiment l’occasion d’apprécier tout le talent de David Morancho.
SDJuan
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CHRONIQUES DIPLOMATIQUES 2
- Par asbl-creabulles
- Le 11/10/2023
Tome 2 - Birmanie 1954
Scénario : Tristan ROULOT
Dessin : Christophe SIMON
Couleurs : Alexandre CARPENTIER
Dépot légal : septembre 2023
Editeur :
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-8082-0263-3
Nombre de pages : 54Depuis l’album de Corentin dessiné par Christophe Simon, je ne rate plus un seul de ses albums.
En effet, ce dessinateur a du talent et c’est avec plaisir que j’ai lu ce deuxième volume des Chroniques diplomatiques.
Après l’Iran pour le premier, le lecteur va découvrir la Birmanie en 1954 au travers des aventures de l’ambassadeur de France, Jean d’Arven et de son ami Jacques.
Nous les retrouvons à Paris où Jacques essaye de convaincre Jean de remplacer avec satisfaction un ambassadeur malade à Rangoon.
Sur place, ils rencontreront l’énigmatique Damien Vayssier, un attaché militaire dont ils ne se méfient pas suffisamment.
Également le premier ministre et le ministre des armées.
Ainsi qu’une ancienne propriétaire terrienne dépouillée de ses biens depuis l’invasion japonaise et qui veut les récupérer.
Sans oublier le père Bazin, représentant de l’église catholique et d’autres encore…Tous ces personnages prennent vie sous la plume du scénariste Tristan Roulot et le pinceau de Christophe Simon pour nous offrir un récit passionnant dans cette Birmanie à la merci de tous.
En plus de la tournure politique et historique du récit, nos deux auteurs y ajoutent une recherche de coffres chargés de jade et cachés en 1945 par un capitaine japonais sur le sol birman.
Mais peut-être n’est-ce qu’une histoire enjolivée… qui donne un côté aventurier à ce récit sérieux.
Christophe Simon est un dessinateur classique dans le bon sens du terme, j’en veux pour preuve ces deux cartes représentées aux pages 6 et 7.
Pas de numérique ici et le lecteur ainsi est bien ancré dans les années du récit.Merci.
Quelle évolution depuis l’écurie Martin.
Bravo !
Avant de vous laisser partir trouver une librairie pour vous offrir ce beau livre, j’ajouterai que vous aurez la surprise d’y voir Charlotte Rampling et Noël Roquevert (mais lui je ne peux pas le certifier).
Bonne lecture.
Merci Tristan et Christophe, grâce à vous je connais l’histoire de la Birmanie.
Dans ma chronique, je n’ai pas voulu entrer dans des considérations politiques, militaires et économiques.
C’est un autre débat dont l’actualité nous prouve sans arrêt que quelques ignobles individus décident de la mort de peuples entiers au nom de leur idéologie, soif de pouvoir, appât du gain et religion.M.Destrée
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LE NOM DE LA ROSE
- Par asbl-creabulles
- Le 11/10/2023
Livre premier
Scénario : Milo MANARA
Dessin : Milo MANARA
Couleurs : Simona MANARA
Adaption d'Umberto ECO
Dépot légal : septembre 2023
Editeur :
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-344-04975-4
Nombre de pages : 60Très belle adaptation par Manara de ce roman très connu depuis le film de Jean-Jacques Annaud.
Le dessinateur a voulu aussi montrer au travers de ce qui ne semble être qu’une enquête toute la symbolique du roman d’Umberto Ecco.Les trois premières pages présentent les recherches de l’écrivain qui l’amèneront à l’élaboration de son œuvre.
Vient une grande case dans le style gravure puis des dessins didactiques qui situent l’époque avant d’entrer réellement dans la BD.
La plupart des planches ont des teintes pâles comme effacées par le temps.
Nous commençons avec des gris et des bruns.
Guillaume et Adso (l’enquêteur et son assistant), à dos de mulets, sont écrasés par la masse gigantesque qui soutient le monastère, tout aussi impressionnant.
C’est le moine cellérier tout dodu qui sera le premier présenté.
Il y en aura d’autres tout aussi inquiétants et impressionnants dans leurs traits, leur allure et leur physique.
Vue magnifique du domaine sous la neige et protégé par une muraille.Manara tant pour les personnages et les décors a soigné son travail. On perçoit tout le plaisir qu’il a eu à réaliser tous ces dessins.
Un peu de couleurs dans le cloître.
Ce travail sur la couleur est vraiment lié aux ambiances et aux lieux visités.
L’homme est souvent tout petit devant de grands espaces, de grands bâtiments. L’absence des couleurs gaies est un véritable langage signifiant une vie monotone, de privations et de recueillement, écrasée par la grandeur des espaces.
L’infiniment grand règne dans le monastère.
Le diable aussi.
La perversion, la tentation…Et Manara parvient à installer un climat trouble et inquiétant.
Le lecteur accompagne vraiment les personnages et souvent, est tout aussi impressionné en tournant les pages.
Si l’enquête sur les meurtres est le fil conducteur, il se perd dans les phylactères énonçant des paroles ambiguës ou amenant les héros dans des endroits plus interpellants les uns que les autres.
Mais tout aussi passionnants pour le lecteur qui tout à sa réflexion oublie le fil.
Il admire, contemple, tressaille, s’interroge…
Manara utilise d’autres procédés de dessin pour les chromos historiques et les enluminures qui elles sont bien colorées.
Il a employé également l’outil numérique pour certains effets lumineux.
Le fantastique semble aussi présent au travers des couloirs sombres et des escaliers menant vers l’inconnu ou des passages secrets aboutissant à la bibliothèque labyrinthique.
Mais ce monastère si froid, si sombre et peuplé par des êtres voués à Dieu mais marqués par une vie solitaire et rituelle cache aussi d’innommables secrets qui semblent vouloir montrer leurs faces diaboliques au grand jour.
Guillaume de Baskerville et Adso bravent les interdits pour essayer de comprendre ce qui se cache dans les écrits des moines copistes et les amène à ces actes cruels.
Ce premier tome se referme sur une apparition dont la nudité divine (sic) subjugue Adso tellement sa beauté est éblouissante.M.Destrée