Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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Solo 2
- Par asbl-creabulles
- Le 11/02/2016
Tome 2: Le coeur et le sang.Scénariste : Oscar Martín.
Illustrateur : Oscar Martín.
Coloriste : Oscar Martín.
Editeur: Delcourt.
Dépot légal: Janvier 2016Histoire:
Solo espérait bien achever sa vie en paix dans cette nouvelle communauté auprès de ses congénères et surtout en compagnie de Lyra. Mais voici qu’arrive Grand, un ami d'enfance de Lyra. Tout naturellement, celle-ci l’invite chez eux puisqu’il n’a nulle part où loger au village. Dès cet instant, la vie de Solo, qui ne voit pas d'un bon œil l'arrivée de celui qu’il estime être un rival, va s’en trouver bouleversée. Lyra ne sort plus chasser avec lui, préférant partir avec Grand. Souvent, elle rentre plus tard que prévu. Solo, qui a passé la plus grande partie de son existence à survivre, redoute que la rage qu’il a accumulée en lui au fil du temps ne déferle sur ses proches, sur Lyra. Grand est jeune et musclé et Solo sait déjà qu’il ne tardera pas à lui "rentrer dedans". Aussi, au lieu de faire souffrir Lyra, il préfère s'en aller et errer seul comme avant. Pendant ce temps, les humains tissent leur toile selon un plan machiavélique ciblant les rats. Après chacun de leurs passages meurtriers, c’est une véritable hécatombe. Mais pourquoi kidnapper uniquement les femelles ? Le danger vient aussi d’autres races comme ces chats noirs agressifs et invisibles qui attaquent en général la nuit ou ceux que l’on nomme "goinfres sur pattes" qui continuent à faire des ravages partout où ils passent.

Mon avis: Oscar Martin nous démontre une nouvelle fois sa parfaite maîtrise de cet univers post-apocalyptique dans lequel vivent Solo et ses proches. Alors que la survie est le maître-mot dans ce monde ultra violent où le danger rôde dans chaque recoin et derrière chaque pierre, l’auteur parvient malgré tout à susciter chez le lecteur un peu d’espoir en faveur de cette race éternellement pourchassée. Dans ce monde où domine la dureté, chaque parcelle de gentillesse ou de tendresse est perçue et vécue comme de la faiblesse car il ne reste que très peu de place pour les sentiments. Une leçon de vie ou de survie ? Solo risque de l'apprendre à ses dépens. Chacun trouvera son compte dans cette aventure dont Oscar Martin maîtrise chaque trait, chaque expression, chaque action avec brio. Le soin apporté au cadre et aux décors est saisissant. L’univers est ici bien plus sévère et acharné que dans "La Guilde" parue chez Casterman, un premier essai déjà surprenant qui avait suscité beaucoup d’intérêt auprès du lecteur que je suis. Oscar Martin ne maîtrise pas seulement à merveille l’art anthropomorphique.
Pour vraiment se rendre compte de quoi il est capable, il suffit de parcourir ses sketchbooks et artbooks pour découvrir son univers de Tom et Jerry, mais aussi ses autres œuvres et projets. Ne ratez pas ce nouvel opus avant de connaître la conclusion des aventures de Solo prévue dans le tome 3 ! En bonus, l’album contient des fiches techniques détaillant les caractéristiques de chaque race ainsi que de courtes aventures en fin d'album ainsi qu'un superbe ex-libris offert avec la première édition. On en a pour son argent et plus encore.SDJ
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Harmony
- Par asbl-creabulles
- Le 10/02/2016
Tome 1: Memento..Scénariste : Mathieu Reynès.
Illustrateur : Mathieu Reynès.
Coloriste : Mathieu Reynès et Valérie Vernay.
Editeur: Dupuis.
Dépot légal: Janvier2016Histoire:
Il semblerait que certaines personnes possèdent des pouvoirs et ce depuis des temps immémoriaux. C’est notamment le cas d’Harmony, qui semble posséder un don de télékinésie. Étant revenue à elle, Harmony découvre qu’elle est enfermée au sous-sol d’un certain Nita mais aussi qu’elle a perdu la mémoire. L’homme ne l'a pas maltraitée. Au contraire, il semblerait même qu'il lui a sauvé la vie en la récupérant après qu'elle fut blessée à la tête en chutant. Mais plus encore que sa situation, Harmony s’inquiète de cette vieille femme à l’allure bizarre toujours accompagnée d’un chien-loup blanc et de ces voix qu'elle entend dans sa tête. Car ces voix la connaissent et essayent de la mettre en garde contre un danger imminent.

Mon avis : La lenteur apparente du récit est trompeuse. Loin d’être tirée en longueur, l’histoire se met en place de manière efficace en nous donnant le temps de nous plonger dans une situation proche du thriller fantastique et d’en cerner les principaux personnages, Harmony et Nita.

Les dessins sont de belle facture et en raviront plus d'un. Un subtil mélange entre manga, bd franco-belge et un soupçon de "comics" aboutissant à un dessin dynamique, visuellement agréable et attirant. Mathieu Reynès en charge du scénario, du dessin et en collaboration avec Valerie Vernay aux couleurs est à suivre de près. Bonne opinion générale sur ce premier tome d’un premier cycle prévu en trois volumes déjà plein de promesses.
A noter: il existe une version tirée à 1500 exemplaire enrichie de 16 pages graphiques, un exlibris numéroté et signé ainsi que 8pages N&B du tome 2. -
Gloria Victis 3
- Par asbl-creabulles
- Le 10/02/2016
Tome 3 Némesis.Scénariste : Juanra Fernández.
Illustrateur : Mateo Guerrero.
Coloriste : Javi Montes.
Editeur: Le Lombard.
Dépot légal: Janvier 2016Histoire:
Après avoir traversé une profonde remise en question et vécu un nouveau drame, Aelio Hermeros a quitté Valeria en Hispania Citerior Tarraconensis, galopant à bride abattue en direction de Gallia Narbonensis (Gaule narbonnaise). Il arrive épuisé et inconscient sur les terres de Marcus Lacanio auquel il doit remettre un objet que lui a confié le gladiateur Catulix. Pour lui exprimer sa gratitude, Lacanio propose à Aelios de l’héberger et de lui prêter ses chevaux pour poursuivre son entraînement. Une course de chars doit avoir lieu à Arelate (Arles) réunissant plusieurs auriges parmi lesquels le fameux Victor et un nouveau venu d’origine phénicienne nommé El Ishat. Grâce aux conseils avisés d'Aelio, El Ishat, renonçant à la victoire, réussit à empêcher Victor, le fils de Pluton, d’emporter la course. Aelio que le destin a mis sur le chemin de Dioclès son ancien maître se retrouve en présence de l'empereur Lucius Aurelius Verus. Celui-ci n’hésite pas à lui confier son meilleur cheval issu de la descendance du célèbre Bucéphale, la monture d’Alexandre Le Grand, pour la course du lendemain. Rien que cela ! Une occasion rêvée pour Aelio de redorer le nom de sa famille, d’assouvir sa vengeance et de conquérir Rome.

Mon avis: Troisième tome de cette saga au cœur de l’Hispanie et de la Gaule romaines dans l'univers des jeux du cirque, combats de gladiateurs mais aussi courses de chars dont les héros sont les auriges, ces conducteurs de chars prêts à tout pour la gloire et le spectacle. Juanra Fernández introduit dans ce drame un suspense soutenu, bien orchestré et haletant dont on attend le dénouement avec impatience et une revanche tant attendue.

Au dessin, on retrouve Mateo Guerrero au mieux de sa forme. Il nous livre un péplum épique, savoureux et visuellement efficace et plaisant. Les courses de chars et scènes de combats sont particulièrement impressionnants et les principaux acteurs, personnages et chevaux, du récit sont très réussis. On sent une évolution de l'auteur vers davantage de réalisme et de détails. Un auteur qui ne devrait pas avoir de difficulté à trouver de nouveaux et bons scénaristes pour faire évoluer sa carrière et, le cas échéant, progresser vers la réalisation de ses objectifs. Pour couronner le tout, les couleurs de Javi Montes sont très réussies donnant du volume et un très bon résultat final à cet album, cette série qui vaut vraiment le détour.
SDJ
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L'homme qui ne disait jamais non
- Par asbl-creabulles
- Le 10/02/2016
Scénariste : Tronchet.
Illustrateur : Olivier Balez.
Coloriste : Olivier Balez
Editeur: Futuropolis.
Dépot légal: janvier 2016Histoire:
Exerçant le métier d’hôtesse de l'air, Violette a entrepris une formation en psychologie car elle ambitionne de travailler comme "profiler" dans un aéroport. Dans l’avion qui la ramène de Madrid à Lyon, elle s'amuse avec une collègue à découvrir le profil psychologique des passagers, mais malgré ses efforts elle n'arrive pas à cerner l’un d’entre eux. En fait, Étienne Rambert est dans un état tout à fait anormal. Sans un sou en poche, il se montre complètement désorienté et semble avoir perdu la mémoire. Violette décide de lui venir en aide. Elle lui conseille de se comporter comme s'il n'avait pas perdu la mémoire afin de provoquer un choc qui pourrait l’aider à retrouver ses souvenirs : retourner dans son appartement, revoir ses collègues et même répondre aux avances de sa maîtresse présumée. Mais rien n'y fait, rien ne semble fonctionner à tel point qu'Étienne en vient à douter de sa propre identité qui lui semble étrangère. Pour Violette, la seule explication vient du fait qu’Etienne ne sait pas dire non ! Il dit oui à tout le monde sachant que cela fera plaisir aux personnes qu’il croise, quitte à faire dire et accepter ce que lui n'aime pas uniquement pour leur faire plaisir.

Mon avis : Un ton drôle et délirant pour cette enquête menée sur une personne toujours prête à s'effacer devant les autres et ne disant jamais non pour faire plaisir à son entourage. Nous connaissons tous ce genre de personnes se dévouant corps et âme pour autrui. Le scénario qui met en jeu un amnésique aidé par une hôtesse de l'air prévenante, douée et cocasse est entraînant et séduit rapidement, aboutissant à une histoire à la fois humaine, parfois dérangeante tout en restant amusante.
Les dessins de Balez s’accordent parfaitement au récit donnant à nos deux héros un côté sympathique et enthousiaste qui leur colle bien à la peau. On prend du plaisir à déambuler avec eux dans les quartiers de Lyon mais aussi à Quito, à découvrir des paysages, des lieux de passage ou touristiques sensés aider Étienne à retrouver un passé complètement oublié, enfoui dans sa tête. Un album qui met de bonne humeur grâce au traitement intelligent et drôle d’un sujet sérieux.
SDJ
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L'Homme de l'Année
- Par asbl-creabulles
- Le 10/02/2016
Tome 11: 1886 - La Muse qui inspira la statue de la Liberté.Scénariste : Céka
Illustrateur : Senad Mavric et Filip Andronic
Coloriste : Thorn
Editeur: Delcourt Histoire & Histoires.
Dépot légal: Janvier 2016Histoire:
Auguste Bartholdi a toujours rêvé de créer une œuvre de grande taille, une œuvre titanesque, en quelque sorte la huitième merveille du monde. Il y est presque parvenu en Égypte en 1869 avec son projet de colosse féminin, en réalité une statue-phare nommée "l’Égypte éclairant l'Orient" installée à l’entrée du futur canal de Suez en cours de percement sous la direction de Ferdinand de Lesseps. Malheureusement, son projet présenté au khédive Ismaël Pacha dans son palais royal de Ras El Tin à Alexandrie n’aura pas le succès escompté et ne verra jamais le jour. A Paris des années plus tard, il poursuit son idée avec "Miss Liberty" qui doit célébrer l'indépendance des Etats-Unis. Mais les difficultés s’accumulent. Au plan politique, la France ne s'est pas encore ouverte à une véritable démocratie pour sceller l’amitié avec celle d’outre-Atlantique. Les multiples vérifications et calculs savants effectués sur sa prochaine sculpture avec l’aide de Viollet-le-Duc démontrent qu’elle serait bien trop lourde pour tenir debout, ce qui obligera finalement Bartholdi à se tourner vers Gustave Eiffel, maître incontestable de l'acier pour des œuvres gigantesques. Mais ce qui lui manque surtout, c'est un visage ayant une âme, un beau visage apaisant, protecteur, rassembleur. Où trouver un tel visage?

Mon avis: Une mère envahissante et autoritaire, l’échec d’un premier projet en Égypte, un autre qui s’éternise, et enfin un visage manquant pour finaliser "Miss Liberty", Bartholdi a bien failli tout perdre même si, comme tout le monde le sait, le succès sera au rendez-vous puisque sa statue enfin terminée se trouve à New York. Jouant sur le suspense, le scénario situé dans le monde artistique de la fin du 19è siècle évoque de grands artistes aujourd’hui reconnus et confirmés. Filip Andronik et Senad Mavric nous proposent un dessin réaliste et précis, mais assez statique en raison d’une répétition de poses et cadrages directement liés au métier du héros, la sculpture et de certaines réceptions mondaines. On se sent proche des personnages dans une sorte de huis clos, un peu comme au théâtre lorsqu’on regarde les acteurs évoluant sur scène. Le récit étant surtout centré sur la question du visage, ceci explique sans doute cela. L’ensemble n’en demeure pas moins agréable et intéressant en faisant découvrir ce que peu de personnes savent au sujet du visage de la Statue de la Liberté. -
Neska
- Par asbl-creabulles
- Le 04/02/2016
Tome 1: Les Anges de Nostradamus.Scénariste : Louise Joor
Illustrateur : Louise Joor
Coloriste : Louise Joor
Editeur: Delcourt dans la collection Terres et Légendes.
Dépot légal: Janvier 2016Histoire:
Depuis toujours le peuple des "deux-pattes" du Clan du Lierre vit avec les escargots qui lui procure les ressources indispensables à sa survie. Pour pérenniser cette alliance, il leur fournit un mélange dont la recette, connue de ceux qu’on appelle les "appeleurs", contient un ingrédient qu’on trouve uniquement dans la zone interdite. Seule appeleuse encore en vie après la disparition de Tabsié, Maélisse emmène sa fille Neska de l’autre côté du mur pour lui apprendre son futur rôle d’appeleuse, là où se trouve la plante servant à confectionner le mélange destiné à appâter les escargots. Mais elle l'emmène aussi là où vivent les "Immenses", des êtres qui pour Neska n’existent que dans d’anciennes légendes. Neska dont un pouvoir vient de se manifester attire l'attention d'un Immense qui a aussitôt fait de les découvrir. Malgré leurs efforts pour s'échapper, l'Immense s’empare de Maélisse. Neska se retrouvant seule rentre prévenir son peuple de la disparition de sa mère, mais du coup elle ignore tout du rôle d’appeleuse indispensable à sa survie et celle de son peuple.

Mon avis: Dans ce premier tome, Louise Joor met en place le cadre et les divers personnages – "deux-pattes", insectes, Immenses, etc. – de ce qui s’apparente à un conte au sens propre du terme, c’est-à-dire un récit d’aventures imaginaires. L'histoire se lit avec plaisir et nous entraîne dans un monde à l’échelle des insectes. Au dessin, Louise Joor nous avait déjà agréablement surpris avec Kanopé, son précédent album paru en 2014. Il en va de même avec Neska du Clan du Lierre où l’on retrouve ses illustrations dynamiques et précises, revêtant un aspect quasi documentaire et d’inspiration écologique, avec des personnages toujours aussi charismatiques et bien dessinés, le tout agrémenté de couleurs chatoyantes.

Original et bien mené, ce récit en ravira plus d'un, y compris parmi le public adulte aimant ce genre d’univers original et inhabituel. Perçus comme des dieux par tous ces petits êtres, les Immenses nous intriguent et l’on attend quelques éclaircissements à leur sujet. Le tome deux devrait nous apporter son lot d’explications, alors rendez-vous bientôt pour la suite.
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Polar
- Par asbl-creabulles
- Le 30/01/2016
Venu du froid..Scénariste : Victor Santos.
Illustrateur : Victor Santos.
Coloriste : Victor Santos.
Editeur: Glénat Comics.
Dépot légal: Janvier 2016Histoire:
Meilleur espion au monde, Black Kaiser est considéré comme une légende. Quand l'agence envoie une équipe l'éliminer, elle aurait dû d’emblée choisir la plus apte pour s’en charger, même si les hommes envoyés étaient censés faire l'affaire ainsi que la belle Katia qui, telle une veuve noire, tue ses amants durant l'acte sexuel au moyen d’une lame de rasoir qu’elle dissimule dans sa bouche. Mais, malheureusement pour l'agence, ce n'est pas pour rien que Black Keiser est considéré comme le meilleur, comme il l’a encore démontré en échappant à ses poursuivants. Mais cette fois, il a décidé de se lancer aux trousses des commanditaires de son assassinat programmé, en l’occurrence l'agence Damoclès, et plus précisément Mademoiselle Vian qui a entrepris de "nettoyer" l’agence des agents pouvant représenter un danger pour ses activités.

Mon avis: Victor Santos nous démontre sa maîtrise du visuel, de l'image. La mise en scène est spectaculaire et le graphisme, d’un niveau rarement atteint, se suffit à lui-même pour raconter l’histoire. Les cases, empreintes de violence et d’effets impressionnants, sont si expressives que le texte semble superflu et d’ailleurs utilisé à dose homéopathique, ce qui ne gâche en rien le plaisir de la "lecture".
Entre Frank Miller sur Sin City et le célèbre Kill-Bill de Tarantino, Victor Santos nous plonge dans cet univers glacial en noir et blanc, plus exactement en noir et rouge, telle une giclée de sang à la manière japonaise. Une excellente surprise et une réussite grâce à un graphisme impeccable qui le place au rang des plus grands du genre.
SDJ
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Arthus Trivium
- Par asbl-creabulles
- Le 29/01/2016
Tome 1: Les Anges de Nostradamus.Scénariste : Raule
Illustrateur : Juan Luis Landa
Coloriste : Juan Luis Landa
Editeur: Dargaud
Dépot légal: Janvier 2016Histoire:
Médecin, astrologue mais aussi medium, Nostradamus, auteur des célèbres Prophéties, s'est donné corps et âme à son combat contre la peste noire au XVIe siècle, n'hésitant pas à quitter sa famille pour aller de ville en ville aider à endiguer ce fléau, sauvant ainsi des milliers de personnes. Mais à son retour, ce sont ses trois enfants qui viennent de décéder. Profondément meurtri et en proie à un sentiment de culpabilité, il était bien décidé à les rejoindre si son mentor César Scalinger, n'avait été présent à ses côtés pour le soutenir et l'empêcher de passer à l'acte. Ce n’est que bien des années plus tard, vers 1560, qu’il se souvient qu'il a eu une vision: le mal allait bientôt s’incarner sur Terre et il ignore comment empêcher cette monstruosité de se réaliser. Mais d'autres affaires étranges réclament son attention car pour nombre de personnes il semble être le seul à pouvoir les résoudre de par sa stature ou en raison de leur caractère surnaturel. Ayant fondé une nouvelle famille, il a également formé trois disciples, Angélique Obscura, Angulus Dante et Arthus Trivium, qui ont toute sa confiance. Ayant reçu son enseignement, ils sont vite devenus ses représentants d’autant qu’il est à présent trop âgé et trop fragilisé pour mener à bien de nouvelles enquêtes dans le monde de l'étrange, de l'occulte et de la religion, là où aucune autre personne n'ose ou n'a le droit de s'aventurer.

Mon avis: Raule ne cesse de nous surprendre, alternant des univers très différents, tantôt urbain avec Jazz Maynard, tantôt mythologique en plein Japon médiéval avec Isabellae et à présent historique teinté d’occultisme avec les révélations de Nostradamus. À chaque fois, il relève le défi avec aisance et brio. Le scénario est solidement structuré autour de l’univers de Nostradamus et nous tient en haleine au fil des pages tout en évoquant ses épouses, ses enfants, ses disciples, ses liens avec la royauté, la religion, le monde de la voyance et tout ce qui va en découler. Mais ce qui caractérise aussi Raule, c'est aussi son extraodinaire capacité à dénicher des dessinateurs hors pair comme Roger, Gabor et, plus généralement, tous ceux avec lesquels il travaille en Espagne.
C’est encore le cas ici avec Juan Luis Landa pour ce petit bijou somptueusement illustré dans lequel il mélange avec une aisance déconcertante les genres cape et d'épée et surnaturel, en donnant à certaines pages un effet de livre ancien. Il maîtrise parfaitement son travail d’encrage et les nuances de couleurs au point de nous donner l’impression qu’il fait appel aux effets spéciaux tant à la mode au cinéma. Pas étonnant dès lors qu’Enrico Marini fasse son éloge en première page. Une petite merveille, rien que ça !

A noter que cet album fait l'objet d'un tirage spécial Canal BD avec dos toilé et suppléments !