Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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AMOURS FRAGILES 9
- Par asbl-creabulles
- Le 13/09/2023
Tome 9 - Crépuscule
Scénario : Philippe RICHELLE
Dessin : Jean-Michel BEURIOT
Couleurs : DOMNOK
Dépot légal : Septembre 2023
Editeur : Casterman
Grand format
ISBN :9782203236714
Nombre de pages: 80Lyon, été 1944. La fin de la guerre est proche. Bien que la ville soit en zone libre, certains y règlent déjà leurs comptes. Plus globalement, à mesure que le pays va se libérer, les règlements de comptes vont se multiplier impliquant résistants et collaborateurs y compris tous ceux qui sont considérés comme tels quel que soit leur camp. Avant même la capitulation officielle du Troisième Reich, dans des villes en ruines certains ne trouvent rien de mieux à faire que d'ajouter encore un peu plus d'horreur à l'horreur. Dans un décor de destruction et de pauvreté généralisée, dénonciations et lynchages se multiplient et comme si cela ne suffisait pas, certains tirent profit de la misère des gens. Tout au long de son voyage de retour vers sa ville natale, Martin ne peut que constater cette situation. Son seul but est de reprendre contact avec ses proches en espérant qu’ils soient toujours en vie.
Mon avis : Pour ce dernier album, le cheminement vers la fin de la guerre aurait pu être l'occasion de nous faire entrevoir la Libération et l'amorce d'un retour à une vie normale. Mais cela aurait été trahir la véracité du récit tenu intelligemment jusqu'ici par Richelle. L'après-guerre a donné lieu à des situations dures et impitoyables, d'innombrables combats urbains qui ont encore aggravé la ruine de nombreuses villes, beaucoup d'espoirs anéantis avec autant de disparitions… Et même si Martin et d'autres sont particulièrement motivés et ont à cœur de faire de leur mieux, la réalité est là, terrible, profonde et douloureuse.
Jean-Michel Beuriot s'attache comme il l'a fait jusqu'ici à rendre cette narration tout à fait plausible, sans en faire trop, juste ce qu'il faut. Les illustrations s'appuient sur une documentation très complète pour les personnages mais aussi les milieux urbains et/ou ruraux. Le lecteur est dans la ville en ruine, au moment des retrouvailles pour certains, de la misère et de la solitude pour d'autres. Le tout est dessinée avec son trait si reconnaissable, élégant et détaillé.
Les couleurs de Domnok accompagnent parfaitement le style clair et précis.
Une très bonne série réaliste et de qualité.
SDJuan
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Enfants fantômes
- Par asbl-creabulles
- Le 05/09/2023
Enfants fantômes, le destin extraordinaire de Ibou et Arane
Scénario : Michel WELTERLIN
Dessin : Daniel NGASSU
Couleurs : Daniel NGASSU
Dépot légal : juin 2019
Editeur : Michel LAFON
Format: 20cm x 28cm
ISBN: 978-2-7499-4908-6
Nombre de pages : 112Parfois, lorsqu’on ouvre les pages d’une bande dessinée, ce n’est pas seulement pour la richesse du texte et la beauté des illustrations. Cela peut-être aussi, et avant tout, parce que l’histoire qu’elle raconte, inspirée de faits réels, est poignante, qu’elle prend aux tripes.
Cette histoire ici, est celle de Arame et Ibou, deux enfants sans état civil, sans véritable identité, entre Sénégal et Mali, comme il en existerait 90 millions en Afrique Subsaharienne. Or, sans identité, pas de reconnaissance, pas d’étude, pas de travail, ou alors comme esclave, entre maltraitance et abus en tous genres.
Scénariste, producteur et réalisateur de nombreux documentaires pour la télévision, Michel Welterlin connaît bien la situation en Afrique pour y avoir séjourné à maintes reprises. Il nous offre ici sa plume pour un récit qui se veut à la fois dense et complexe, mais aussi abordable pour tout un chacun. Il en ressort un texte riche, peut-être pas forcément facile d’accès de prime abord. Ne perdons pas de vue qu’il s’agit d’une BD pas tout à fait comme les autres.
Au dessin, Daniel NGassu, diplômé des Beaux-Arts de Dakar, propose des personnages attachants aux traits volontairement naïfs, presque des aquarelles un peu à la façon de Farel, comme pour adoucir la dureté de l’histoire. Certaines planches donneraient presque envie de les agrandir pour les encadrer.
On pourrait reprocher éventuellement aux auteurs de rendre le parcours du jeune Ibou du Sénégal au Mali un peu trop facile, mais ce n’est pas l’objectif de cette bande dessinée qui se veut autant instructive que distrayante.
Edité chez Michel Lafon, sous le parrainage de l’Unicef, Enfants Fantômes offre une vision d’un des plus grands drames de l’Afrique en l’abordant sous une forme moins académique qu’un roman.
À conseiller évidemment pour ceux que l’histoire humaine intéresse.
Richard Colombo
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ZAROFF T1 & T2
- Par asbl-creabulles
- Le 04/09/2023
Tome 1 . Zaroff
Scénario : Sylvain RUNBERG
Dessin : François MIVILLE-DESCHÊNES
Couleurs : François MIVILLE-DESCHÊNES
Dépot légal : mai 2019
Editeur :
Collection : Signé
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-8036-7228-8
Nombre de pages : 88Tome 2 - La vengeance de Zaroff
Scénario : Sylvain RUNBERG
Dessin : François MIVILLE-DESCHÊNES
Couleurs : François MIVILLE-DESCHÊNES
Dépot légal : mai 2023
Editeur :
Collection : Signé
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-8036-7825-9
Nombre de pages : 96J’ai tellement attendu pour écrire la chronique du deuxième tome…
En effet, je voulais un texte d’une qualité égale à la BD qui est d’un niveau très supérieur aux productions courantes.
… mais avant de l’écrire, je devais relire les deux tomes car le scénario est si construit et si dense avec de nombreux personnages et des actions si nombreuses.
Patience donc…
Mais je peux déjà remercier François Miville-Deschênes et Sylvain Runberg, tous deux au scénario et créant des scènes l’un aussi bien que l’autre qui nous offrent une bande dessinée si parfaite ou tout est maîtrisé… les espaces, les ambiances, les costumes, les matières, les décors, l’action, les sentiments, les traits des nombreux personnages, leurs regards, leurs faiblesses, leurs émotions…
Après avoir si bien représenté la nature sauvage dans le premier volume, voilà que François Miville-Deschênes nous offre les armées en plein combat dans une Russie enneigée pendant la seconde guerre mondiale avec des scènes de nuit inouïes.
Où s’arrêtera ce dessinateur si doué ?
Mais il n’a pas encore fait le tour de son talent pour se lasser et les surprises réjouissantes seront encore nombreuses…Livre 1 : ZAROFF
1932.
Une île au large du Brésil.
Deux hommes blessés, exténués en fuite devant des molosses sanguinaires.
Dans le brouillard apparaît le chasseur, le comte Zaroff, noble russe.
Lui et ses serviteurs ont fui la révolution de 1917.
Il règne en maître et en chasseur impitoyable sur l’île.
Il provoque des naufrages, donne 3 jours aux naufragés pour s’échapper sinon c’est leur mort qui les délivrera.
Un jour, Sanger Rainsford chasseur américain de renommée mondiale est la proie.
Il parvient à s’échapper en laissant le comte dans l’enclos de ses chiens affamés.
Quelques mois plus tard, Zaroff avec ses hommes a restauré un fort sur une île au large du Venezuela.
Il se désole de la situation en Russie sous le joug de Staline.
L’envie de la chasse l’a quitté.
Une des proies était le chef le plus puissant du plus craint des clans irlandais de Boston et sa fille Fiona Flanagan veut le venger.
lle capture la sœur de Zaroff avec ses trois enfants et les lâche sur l’île.
Ou le comte les sauve, ou elle et ses truands les tuent.
François Miville-Deschênes va offrir au lecteur des planches d’une efficacité redoutable et inouïe tant par les perspectives envisagées que la forme, la dimension, le nombre de cases qui s’enchaînent pour captiver le regard et instiller de nombreuses émotions. Le ressenti de ces personnages de papier est énorme.La qualité du dessin est à toute épreuve (le réalisme du félin page 27) et la jungle (pages 30, 32), les visages, les statures… Époustouflant !
En voyant cette végétation grasse et ces arbres aux troncs moussus, aux branches noueuses et entrelacées s’aventurant à la conquête de l’espace, je ne peux m’empêcher de penser à Frank Frazetta et comprends mieux les deux clins d’œil à cet artiste dans le deuxième volume.
Le travail sur les couleurs, les nuances et la luminosité est aussi exceptionnel et très expressif.
Que dire aussi de l’intensité des émotions si sensible au travers des regards, des traits et des gestes des nombreux acteurs au service d’un scénario sans faille.
Je vous laisse vous plonger dans la lecture de cette incroyable aventure car je vous en ai déjà trop dit.
Je vous retrouve pour la suite dans…Livre 2 : LA VENGEANCE DE ZAROFF
1941, Louisiane.
Près de 10 ans après le premier récit, nous découvrons la mère de Zaroff.
Son fantastique regard déterminé (case 7, page 7) nous fait mieux comprendre d’où vient l’énergie de son fils.Elle a recueilli les trois enfants de sa sœur.
Le dessin de Francois Miville-Deschenes est encore plus beau, plus précis, plus réaliste si c’est possible. Fabuleux!
Cette somptueuse maison coloniale page 6 en est la preuve.Observez aussi les visages de chaque personnage sur ces trois premières pages. C’est inouï !
Page 8, des policiers, des militaires sur la piste d’un français qui vit dans une vieille propriété dans les montagnes.
Le shérif ne croit pas un ivrogne ayant vu un homme avec 4 chiens et armé d’un arc étrange, menacer son ami.
Les militaires, oui.
Approche de la propriété.
En silence.
Toute la troupe victime des nombreux pièges en dehors et à l’intérieur.
Scènes d’action percutantes !
C’est bien Zaroff le maître des lieux qui retrouve ainsi Sanger Rainsford, le grand chasseur devenu capitaine.
Rainsford a un marché à lui proposer :
Participer à la plus excitante chasse qui soit et retrouver sa mère qu’il croyait morte.
Zaroff accepte.
Des bureaux à Washington D.C.
Le marché se précise.
L’armée américaine veut construire la super bombe avant les Allemands.
Pour cela, une seule solution.
Convaincre Ludmilla Sergueïevna Doubrovskaïa, brillante physicienne à continuer ses recherches pour l’Amérique.
Zaroff a eu une liaison avec elle et c’est le seul à pouvoir la convaincre.
En échange : immunité complète et les retrouvailles avec sa famille.
Il fait partie d’un commando parachuté dans les environs de Moscou.
Il ne vous reste plus qu’à vous ruer chez votre libraire préféré pour découvrir la suite de cette extraordinaire aventure.
Les combats dans la Russie enneigée.
Zaroff et Ludmilla.
Zaroff et sa famille.
Oui, Zaroff est un tueur sanguinaire, mais c’est aussi un chasseur.Il a le sens des valeurs familiales.
C’est un fin stratège.
Un héros du côté sombre.
Un personnage de BD solide.
Un héros négatif peut-être mais un héros quand même.
Il cite Marc-Aurèle.
Ces citations semblent lui montrer la voie de ses actes quand il hésite ou probablement aussi quand il perçoit leur impitoyabilité.
Vous ne pouvez pas imaginer tout ce que ce livre procure comme plaisir de lecture et d’émotions diverses en symbiose avec les personnages.
Un chef-d’œuvre !Aussi fort qu’un film pour les amateurs de film de guerre, de truands, d’action !
Bonne lecture.
Merci aux deux auteurs qui accepteront certainement le fait que j’aie repris certaines phrases de leur scénario.
Texte: M.Destrée
Mise en page: SDJuan -
HAWKMOON 1 & 2
- Par asbl-creabulles
- Le 03/09/2023
Tome 1 & 2
Scénario : Jérôme LE GRIS
Dessin : Benoît DELLAC
Couleurs :Tatti, Bruno TATTI, Greg LOFÉ, ARANCIA STUDIO & Angelina RODRIGUES
D'après l'oeuvre de Michael MOORCOCK
Dépot légal : Septembre 2022 et mai 2023
Editeur : Glénat
Grand format
ISBN : 9782344027905 et 9782344027905
Note: il existe une édition spéciale Fnac du tome 1 avec couverture alternative.L'Europe n'est plus. L'un après l'autre, duchés et royaumes sont tombés sous les coups des Granbretons avec à leur tête le cruel roi-empereur Huon. Au simple énoncé de ces noms, même les terres les plus lointaines tremblent de terreur. Certaines ont tenté en vain de résister aux assauts des armées de ce sinistre Empire. Comme la puissante cité de Köln qui a fini elle aussi par tomber, sans doute l'une des dernières qui maintenait l'espoir de contrer l'Empire de Granbretanne. Le seigneur de la cité, le duc Dorian Kawkmoon, a été fait prisonnier et jeté dans les geôles de Londra. Désormais, seul le royaume de Kamarg que dirige le comte Airain semble encore résister. Certes la cité est bien protégée derrière ses hautes tours et dispose d'une technologie puissante mais pourra-t-elle vraiment supporter une attaque de l'Empire ? Pendant ce temps à Londra, faisant appel à des sciences tout droit sorties des ténèbres, le baron Kalan de Vitall, savant au service du roi-empereur mais aussi du Mal, a implanté un joyau noir sur le front de Dorian Hawkmoon. Cela permet de connaître tous ses faits et gestes et de le contrôler. Hawkmoon, désormais manipulé par le Baron Meliadus qui a juré de se venger du comte Airain qui lui a apporté son aide, est envoyé comme espion à Aigues-Mortes, dans le royaume de Kamarg, pour kidnapper Yisselda, la fille du comte. L'affrontement semble inévitable …
Mon avis: Après nous avoir proposé Elric, l'adaptation en bande dessinée de la saga de fantasy de l'auteur britannique Michael Moorcock (4 tomes entre 2013 et 2021), Glénat nous invite depuis septembre 2022 à découvrir la nouvelle série Hawkmoon (tome 1 en septembre 2022 et tome 2 en mai 2023), également adaptée d'une saga de fantasy (La Légende de Hawkmoon) du même auteur. Lourde tâche, presque un défi, pour les scénaristes d'adapter de tels romans-fleuves ! En ce qui concerne Hawkmoon, la lecture des deux premiers tomes confirme les ressources du talent de Jérôme Le Gris (Horacio d'Alba, Serpent Dieu, Les Âges perdus, Lord Gravestone, Pendragon) dans le travail d'adaptation d'une œuvre littéraire qui compte sept romans. Le récit BD qu'il nous propose est impressionnant, tout comme doit l'être la saga de Michael Moorcock.
La narration est fluide et une fois situé le cadre, présenté les personnages, les rapports de force et de pouvoir entre les É֧tats dans cette Europe déchirée, on embarque dans un récit épique et sombre fertile en rebondissements. La tension ne retombe jamais et le lecteur est continuellement tenu en haleine.
Le récit est bien construit et les personnages bien développés.
L'idée de vengeance fait son chemin dans la tête de Dorian mais la pierre noire l'empêche de bâtir des plans à court terme. Ne sachant comment faire pour neutraliser ses effets, il doit faire preuve de stratégie et d'anticipation pour cerner son adversaire. Tâche d'autant plus difficile que la famille qu'il doit trahir à présent a bien connu la sienne dans le passé et l'idéal auraient été qu'elles s'allient face à un tel ennemi.Les dessins de Benoît Dellac accompagnent avec brio cette narration épique et nous donnent ce que peut offrir de mieux la fantasy.
De belles pages impressionnantes lors des combats mais aussi beaucoup d'émotion et de réserve de la part des protagonistes face au danger que représente l’arrivée imminente et dévastatrice des Granbretons.
Beau travail de recherche graphique sur des personnages à la personnalité bien développée et tous aisément reconnaissables.
On sent la tension.
La pression est presque palpable même lorsqu'il n'y a pas d'action. Le découpage est très efficace.
Si les événements se déroulent dans de magnifiques décors moyenâgeux, le côté fantastique et les éléments futuristes comme les armes de l’ennemi face aux protections du royaume de Kamarg sont eux aussi bien présents.
Les couleurs complètent ce récit dur et violent de manière idéale dès les couvertures.À ne pas rater pour les fans du genre mais pas seulement !
SDJuan
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LEFRANC 34
- Par asbl-creabulles
- Le 28/08/2023
Tome 34 - La route de Los Angeles
Scénario : François CORTEGGIANI
Dessin : Christophe ALVÈS
Couleurs : BONAVENTURE
Dépot légal : Septembre 2023
Editeur :
Format normal
EAN/ISBN : 978-2-203-22860-3
Nombre de pages : 56Travaillant au journal "Le Globe" comme Guy Lefranc, le journaliste people Bob Garcia est dans tous ses états. En effet, il s'apprête à partir pour Los Angeles pour un reportage sur l'actrice mondialement connue Margareth Morrison. Du moins, il l'espère car il admet avoir usé d'une combine pour partir. En réalité, il se rend à Los Angeles en tant qu'ami de la starlette d'origine française Estelle Roma qu'il a rencontrée à Paris quelques années auparavant et qui est devenue la doublure officielle de Margareth Morrison. Il espère ainsi pouvoir rencontrer la vraie star. Mais sur place, les choses ne se passent pas exactement comme il l'avait imaginé. Ce qui s'annonçait comme une "promenade de santé" est en train de virer au cauchemar. En effet, son amie Estelle a disparu. Paniqué, Bob téléphone à Guy depuis sa chambre d'hôtel pour lui expliquer la situation. Soudain, en pleine conversation il est interrompu par un homme se faisant passer pour un employé de l'hôtel, qui n'hésite pas à faire feu. Pour l'instant, Bob a réussi à s'en sortir vivant en sautant par la fenêtre mais il sait qu'il va devoir fuir. Guy qui a entendu les coups de feu au téléphone alors que Bob l'appelait est très inquiet pour son collègue. Il ne lui reste plus qu'à voler à sa rescousse de toute urgence.
Mon avis : Avec ce dernier scénario en route avant sa disparition brutale en septembre 2022, François Corteggiani nous fait justement voyager vers les Anges de Los Angeles.
À noter, le bel hommage qui lui est rendu en fin d'album dans un cahier spécial documenté et illustré de photos et clichés du manuscrit du scénario (texte et storyboard en vignettes).Souvenir de Créabulles
Pour cette nouvelle aventure de notre célèbre journaliste Guy Lefranc, ce qui commence comme un récit appelant à la rêverie vu le contexte d'Hollywood et de ses stars et comme un reportage classique consacré à l'actualité des célébrités, plus précisément à la star hollywoodienne Margareth Morrison, va très vite se transformer en un véritable sac d'embrouilles avec traquenards, disparitions et même meurtre. Corteggiani fait habilement monter la tension au fil des pages. Rapidement, nous comprenons qu'il s'agit d'une affaire confuse manigancée par la star en personne, profitant de la parfaite ressemblance de sa doublure et impliquant pas mal de personnes de la haute société. L'arrivée inopinée de Bob est le grain de sable qui va enrayer le déroulement du projet. On va de surprise en rebondissement mais même lorsque l'on croit entrevoir la solution, François Corteggiani réussit habilement à tout chambouler et à diriger l'enquête dans une tout autre direction pour nous surprendre une nouvelle fois et maintenir le suspense. Une belle surprise donc.
Côté dessin, très respectueux de l'univers de Lefranc, Christophe Alvès nous offre un travail précis et soigné sur des planches riches en détails, découpées en de nombreuses cases parfois de taille assez petite mais sans que cela nuise à la qualité de la narration visuelle. Presque un exploit en soi !
Les couleurs sont dans un style très classique tout à fait adapté à la série et apportent du volume et de la clarté à l'ensemble.
SDJuan
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DUKE 1 à 7
- Par asbl-creabulles
- Le 23/08/2023
Tomes 1 à 7
Scénario : Yves H.
Dessin : HERMANN
Couleurs : HERMANN
Dépot légal : 2017 à 2022
Editeur :
Grand formatJe viens de relire les 7 albums de DUKE, un western crépusculaire de Hermann et son fils Yves Huppen pensant les revendre après.
J’en ai déjà fait la chronique album par album, année par année. Chronique négative.
Je parlais d’un récit brouillon, avec des flashs-back incompréhensibles et des personnages inconnus.
Je retire absolument tout ce que j’ai écrit !Quand on lit l’intégralité de DUKE, on est face à l’histoire d’un homme et de ses liens avec son frère, une prostituée et ses rencontres.
Une histoire solide, ancrée dans un western âpre, sanguinaire et torturé.
Morgan Finch et son frère Clémence après un drame familial sont confiés à un orphelinat où règne un directeur chassant les jeunes qui ont le regard qui tue pour en faire des tueurs.
Ce sera Morgan et plus tard Manolito.Le récit commence par le vol de pépites d’un ouvrier de la compagnie Mullins.
Morgan est assistant du shérif.
Pendant ce temps, une diligence se fait sauvagement attaquée par des hors-la-loi.
Duke verra sa vie secouée tout au long des récits.
Il rencontrera des hommes aux mœurs rudes et parfois des créatures hantées par une vie misérable.
C’est un homme solitaire rongé par ses actes et ses démons intérieurs.Toutes les pièces s’assemblent pour créer un univers impitoyable mais d’une force narrative indestructible
Yves Huppen a écrit un scénario très adulte et supérieur à celui de Greg pour Red Dust, j’ose l’écrire.
Le seul regret… si seulement ce récit avait été dessiné il y a 20 ans…Je vais les remettre dans la bibliothèque
MDestrée
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LES BÂTISSEURS Tome 2 Bartholdi
- Par asbl-creabulles
- Le 20/08/2023
Tome 2: Bartholdi - La statue de la Liberté
Scénario : Salva RUBIO
Dessin : Eduardo OCAÑA
Couleurs : Maz!
Dépot légal :06/2023 (Parution le 14/06/2023)
Editeur :
Collection : Histoire et Histoires
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-413-03774-3
Nombre de pages : 72Au milieu des années 1850, Auguste Bartholdi, originaire de Colmar, est un sculpteur qui voit grand. Il travaille d'arrache-pied à une statue en bronze du général Rapp qui doit être exposée dans le tout nouveau Palais de l'industrie et des Beaux-Arts construit sur les Champs-Élysées pour l'Exposition universelle de 1855. Mais une simple erreur de dimension empêche la statue d'être présentée dans l'une des salles du palais. Finalement exposée à l'extérieur, c'est un véritable succès. Bartholdi recevra même une médaille des mains du comte de Nieuwerkerke, lui-même sculpteur mais, surtout, Intendant des beaux-arts de l'empereur Napoléon III. Le comte invite Bartholdi à accompagner le peintre et sculpteur Jean-Léon Gérôme en Égypte où il a été chargé de dessiner et photographier les monuments anciens. C'est ce voyage qui va déclencher chez Bartholdi l'envie de créer une statue pharaonique, aussi gigantesque que le Colosse de Rhodes. D'autant que plus rien d'aussi monumental n'a été réalisé depuis près de 2000 ans ! Bartholdi a alors la vision d'une statue qui serait la plus grande au monde. Quelques années plus tard, il soumet à Ferdinand de Lesseps un projet de statue monumentale à l'entrée du port et du canal de Suez représentant une paysanne égyptienne le bras levé tenant une torche (l'Égypte éclairant l'Orient). Mais son idée heurte l'égo de Lesseps qui refuse net le projet, tout comme le vice-roi d'Égypte Ismaïl Pacha. Bien que contraint et résigné à réaliser de simples bustes, Bartholdi rêve toujours d'une statue gigantesque. Le déclic sera l'assassinat du président américain Abraham Lincoln en 1865 et le hasard d'une rencontre avec le juriste et homme politique Edouard Laboulaye, farouche défenseur de la démocratie et des idéaux de liberté et surtout grand admirateur de l'Amérique et de sa Constitution. Il propose à Bartholdi d'honorer ce pays meurtri et de sceller l'amitié de la France par un monument conjoint dédié à la liberté construit par les deux pays. Après la guerre franco-prussienne de 1870, Laboulaye et Bartholdi estiment le temps venu de concrétiser leur projet. La statue sera réalisée en France et offerte aux États-Unis pour sceller l'amitié franco-américaine. Mais il va falloir trouver les soutiens financiers et politiques nécessaires pour la construire. La grande aventure ne fait que commencer…
Mon avis : C'est au retour d'un voyage à New-York et d'une visite de la Statue de la Liberté que le scénariste Salva Rubio a eu l'idée de faire cette BD, deuxième tome de la série historique Les Bâtisseurs dont le premier tome était consacré à Viollet-le-Duc et la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Le lien est bien présent puisque Bartholdi a d'abord pensé à Viollet-Le-Duc pour la structure de son monument mais ce dernier étant mort en 1879, c'est auprès de Gustave Eiffel que Bartholdi va se tourner notamment pour l'ossature de sa statue.
Dans un style clair et fluide, Salva Rubio nous entraîne au fil d'un récit très documenté dans cette incroyable aventure qui multiplie les rebondissements là où on ne les attend pas… ou plus, qui nous fait croiser la route de nombreuses célébrités de l'époque et qui nous fait voyager en France, en Egypte, en Italie et, bien sûr, en Amérique.
C'est surtout l'occasion de découvrir Auguste Bartholdi, un homme passionné, sculpteur obstiné, résolu et déterminé à mener à bien son projet aidé par son ami et collègue Simon mais aussi par son entourage proche et plus lointain, notamment par le Président américain Ulysses Grant en personne. Et même avec le soutien du président, Bartholdi devra se battre des années durant pour concrétiser son projet.
Le récit ne fait pas l'impasse sur les difficultés de tous ordres qu'il a rencontrées et qu'il a dû surmonter et nous explique le pourquoi du choix de l'emplacement dans la baie de New York...Côté dessin, Eduardo Ocaña nous offre grâce à son trait fin, précis et plaisant au regard une narration visuelle convaincante.
Là aussi, il s'agit d'un travail bien documenté, tant les monuments, leurs perspectives, leur environnement, les difficultés liées à leur réalisation que, plus globalement, le contexte historique ainsi que les ambiances et atmosphères des lieux évoqués.
Sans oublier les très nombreux personnages qui animent le récit, tous bien reconnaissables.
Les couleurs de Maz!, sobres, douces et lumineuses, épousent bien le travail de l'auteur et lui donnent encore plus de lisibilité.L’album est enrichi d’un dossier de 7 pages intitulé "Un défi vieux de deux millénaires" écrit par Salva Rubio qui complète très utilement l'album sur Bartholdi, la naissance de son projet et le long parcours de sa réalisation.
Une lecture vivement conseillée.
SDJuan
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RED HOOD SOURIEZ !
- Par asbl-creabulles
- Le 15/08/2023
Scénario : Chip ZDARSKY
Dessin : Eddy BARROWS, Scot EATON, Diogenes NEVES, Jesus MERINO, Marcus TO
Couleurs : Adriano LUCAS
Encrage : Scot EATON, Diogenes NEVES, Jesus MERINO, Marcus TO, Julio FERREIRA, Oclair ALBERT; Eber FERREIRA
Couverture : Yasmine PUTRI
Dépot légal : Juin 2023
Editeur : Urban Comics
Collection : DC Infinite
Format comics
ISBN : 9791026828457
Nombre de pages : 152Jason Todd, plus connu sous le nom de Red Hood, succédant à Dick Grayson dans le costume de Robin auprès de Batman, est de retour à Gotham. Il découvre une ville en proie au fléau d'une nouvelle drogue qui procure à ceux qui en consomment un sentiment de bonheur et de joie intense allant jusqu'à l'hallucination. Cette drogue pouvant conduire à la mort ressemble étrangement à celle de l’Épouvantail de par sa dangerosité. Alors qu'il enquête pour trouver l'un ou l'autre dealer, Jason croise un gamin, Tyler, dont la mère est tombée dans le coma après en avoir consommé. Il pense lui éviter d'être mis en foyer d'accueil en retrouvant son père. Mais lorsqu’il met la main dessus, le père se révèle pire que le mal et constitue plutôt un danger pour le gamin. Se retrouvant responsable de Tyler, Red Hood se sent dépassé par la situation. Sa seule certitude est qu'il doit mettre fin à ce trafic. Il demande l’aide d’Oracle mais le chevalier Noir est également sur l'affaire. Et comme on le sait, entre ces deux justiciers les méthodes d'action différent beaucoup. Cette différence a même souvent été un motif de discorde des plus violents entre eux. Vont-ils parvenir à se mettre d’accord pour stopper au plus vite ce fléau ?
Mon avis: Avec Red Hood, on peut s’attendre à des méthodes radicales et expéditives. Dans cet album, il mène son enquête sur cette nouvelle drogue en restant plus ou moins dans les clous alors qu'il nous a habitué à bien pire et bien plus violent. Mais à mon goût, son "petit écart" − Red Hood vient tout de même de tuer un homme même si c'était une pourriture − passe presque comme un fait négligeable aux yeux de Batman !
Le récit nous replonge dans le passé commun des deux justiciers qui a été largement évoqué dans "Un deuil dans la famille". Il n’apporte pas vraiment d’éléments nouveaux sinon que le thème de la drogue est évoqué pour rappeler que les liens entre nos deux héros n’ont pas toujours été au beau fixe et que Jason Todd digère toujours aussi mal d’avoir été abandonné par son mentor.La partie graphique a été confiée à plusieurs dessinateurs. Parmi eux, Eddy Barrows et Marcus To dont les styles bien reconnaissables permettent de bien différencier les époques évoquées. Sur le passé, les dessins de Marcus To sont efficaces, soulignant bien le côté émotionnel du récit, mais il nous offre aussi quelques scènes spectaculaires assez violentes qui collent bien au personnage de Red Hood. Eddy Barrows assure quant à lui la plupart des séquences relatives à l'enquête en cours dans un style globalement très dynamique.
À noter aussi un beau travail sur les couleurs d'Adriano Lucas qui collent à l’ambiance sombre du récit sans toutefois trop perdre de détails.SDJuan