Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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LA DERNIÈRE REINE
- Par asbl-creabulles
- Le 29/12/2022
Scénario : Jean-Marc ROCHETTE
Dessin Jean-Marc ROCHETTE
Couleurs : Jean-Marc ROCHETTE
Lettrage : Fanny HURTREL
Dépot légal : octobre 2022
Édition :
Format : 19.4 x 27 cm
EAN/ISBN : 978-2-203-20835-3
Nombre de pages : 240Édouard Roux a grandi dans le Vercors, le plus souvent à part des autres, quasi marginalisé car on s’est souvent moqué de lui à l’école et dans le village. Sa mère, une fille-mère selon le terme de l’époque, elle aussi a connu une existence difficile. Tous deux ont été mis à l’écart par des villageois qui les ont rejetés et considérés comme des créatures du diable. En 1898, Édouard est le témoin direct de la mise à mort du dernier ours du Vercors. Non seulement, l’ours a été abattu mais sa dépouille a été exposée au centre du village. Quand il a exprimé tout haut son désaccord, une bagarre a éclaté et il a fini par être arrêté par la police. Devenu adulte, Édouard s’est retrouvé soldat d’infanterie sur le front de la Somme en 1914. Au cours de l’année 1917, seul survivant de son unité décimée par les bombes allemandes, il sera très gravement blessé. Mais s’il réussit à survivre, la guerre l’a laissé complètement défiguré. Dans les années 20, il finit par revenir au pays. Il s’installe à Grenoble où il dissimule sa "gueule cassée" sous un sac. Après le décès de sa mère qu’il n’a jamais revue, il noie son chagrin et rumine son amertume dans l’alcool. Lorsqu’il rentre chez lui, un gamin l’aide à ouvrir sa porte et lui conseille d’aller voir son oncle, lui aussi victime de la guerre, qui connaît une femme qui pourra l’aider, Jeanne Sauvage, une sculptrice animalière douée pour rendre aux gueules cassées un visage humain. Elle vit à Paris, sur la Butte Montmartre. Édouard se met aussitôt en route. Jeanne non seulement va lui reconstruire un visage, mais vu sa stature, près de 2 mètres, va lui demander s'il veut bien lui servir de modèle pour faire une sculpture représentant Hercule. Tandis qu’elle lui fera part de son amour de la nature et découvrir le milieu de la sculpture animalière à Paris, Édouard n’aura plus qu’une envie, lui faire découvrir sa région natale, le Vercors.
Mon avis :le peintre, sculpteur et dessinateur Jean-Marc Rochette n’a cessé de nous surprendre par son atypisme qui tend à un certain éclectisme. Mais quel que soit le genre qu’il aborde, la qualité est toujours au rendez-vous. Comme beaucoup, j’ai découvert Rochette il y a quelques années lors de la republication de la BD de Jacques Lob et Jean-Marc Rochette à l’occasion de la sortie du film Snowpiercer, Le Transperceneige en 2013. Déjà, j’avais été frappé par la beauté de son graphisme, l’utilisation des ombres et des mouvements. Dès lors, il s’est très vite imposé comme un des plus importants dessinateurs de notre époque. En relisant plusieurs de ses derniers titres, en particulier Le loup et Aile froide , je note son attachement plein de respect à la nature, la montagne et son point de vue clairvoyant sur l’espèce humaine.
Dans La dernière reine, nous voyageons à travers le temps en suivant l’évolution des mentalités et comportements humains, ceux-là mêmes qui ont été à l’origine de la disparition de l'ours dans certaines régions ou d’un manque total de respect envers la nature.
On se laisse emporter par l’histoire d’amour presque immédiate entre Édouard Roux et Anne Sauvage. À leurs côtés, grâce au récit qu’Édouard fait de son vécu puis auprès d’Anne enchantée de découvrir le milieu naturel de la région natale de son ami, nous pénétrons dans cette nature sauvage, celle où l’homme n’est pas intervenu. Une histoire intense, dure parfois, mais aussi une histoire d’amour puissante autour de quatre personnages forts: Édouard, Jeanne, l'ourse et la montagne qu'il affectionne tant.Rochette accompagne parfaitement son récit par son dessin, son encrage, ses ombrages, ses couleurs si caractéristiques. Rochette remet l'homme à sa place face à Mère Nature, un homme qui a perdu toute conscience du respect qu'il lui doit. A travers ses récits et ses planches, il nous fait partager son amour de la nature.
Dans cet album en grande partie situé dans le massif du Vercors, on ressent bien l’intensité de cette nature impressionnante et imposante.Un récit prenant, mystique et bouleversant disponible en version couleurs et dans un format plus grand en noir et blanc de toute beauté et encore plus impressionnant.
SDJuan
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ANA MIRALLES
- Par asbl-creabulles
- Le 28/12/2022
Ana Miralles
Textes : Ana MIRALLES, François LANDON
Dessins : Ana MIRALLES
Couleurs : Ana MIRALLES
Autres : Emilio RUIZ, Juanjo GUARNIDO
Dépot légal : Novembre 2022
Editeur : Daniel MAGHEN
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-356-74091-5
Nombre de pages : 176Daniel Maghen est connu comme galeriste d’art (illustrations et planches d’auteurs de bande dessinée) mais également comme éditeur. On lui doit de très nombreux ouvrages, des albums BD, des biographies d’auteurs et des livres d’art.
En cette fin d’année 2022, Daniel Maghen nous régale avec la parution d’un très bel artbook de 176 pages consacré à Ana Miralles (Eva Medusa, Corps à corps, À la recherche de la licorne, Djinn, Mano en mano, Muraqqa’, Waluk). Selon ses termes, cet ouvrage "reprend le travail de la dessinatrice et peintre espagnole depuis ses premiers succès et donne la part belle à ses célèbres portraits de femmes. Ana s’y raconte avec beaucoup de sincérité, depuis son histoire familiale à la difficulté d’exister en tant que femme artiste dans le milieu masculin de la BD. Crayon, encre de Chine, aquarelle, ou encres de couleurs, le livre reproduit les dessins les plus connus d’Ana Miralles, les esquisses de ces illustrations, et un très grand nombre d’illustrations inédites, réalisées pour son plaisir ou pour des expositions. Tous les textes de l’ouvrage sont signés par François Landon."
François Landon a non seulement écrit les textes qui accompagnent les illustrations mais réalisé un long entretien avec Ana Miralles chez elle dans son atelier en Cantabrie. Dans cet entretien, précédé de deux avant-propos signés le premier de Juanjo Guarnido et le second de Jean Dufaux, Ana Miralles se livre avec authenticité. Elle parle de son enfance, évoque sa passion pour le dessin et son besoin de dessiner partout et tout le temps dès sa prime jeunesse, elle parle de sa famille, de ses études aux Beaux-Arts de Valence, de son approche à la bande dessinée, de son parcours, de ses rapports avec ses éditeurs et scénaristes, de l’évolution de son style, et surtout de son rapport avec son art. François Landon nous accroche tout de suite avec des mots justes et on en apprend énormément sur Ana Miralles.
Le livre est abondamment illustré, crayonnés, dessins encrés ou en couleurs ou à l’aquarelle, des inédits, des couvertures évoquant ses différents albums, dont plusieurs sont accompagnés d’une légende explicative.
Ana Miralles est réellement une autrice à la personnalité incroyable, exceptionnelle et forte qui se ressent dans son art, ses œuvres, ses mises en couleur d'une grande finesse, d'une incroyable harmonie et ses représentations de la femme exceptionnelles de beauté,
Vous l'aurez compris, cet album d'art doit absolument figurer dans toute collection digne de ce nom.
Une très belle monographie commentée grand format qui vient compléter la collection Maghen d’ouvrages dédiés à Jean-Pierre Gibrat (L’hiver en été), Jean-Marc Rochette (Vertiges) ou Benjamin Lacombe (Curiosities).
SDJuan
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Château des Animaux T3
- Par asbl-creabulles
- Le 22/12/2022
Tome 3 . La Nuit des justes
Scénario : Xavier DORISON
Dessin : Félix DELEP
Couleurs : Félix DELEP
Dépot légal : Novembre 2022
Editeur :
Grand format
ISBN : 9782203222953
Nombre de pages : 60La ferme vient de vivre une situation grave. Retour en arrière. Se présentant comme garant de la justice, le président Silvio a offert la gratuité pour le bois de chauffage mais, en vérité, refusant de reconnaître sa défaite, il a jeté N°1, le chef haï et détesté de sa milice canine, en pâture aux animaux. Et contre toute attente, alors même qu'ils partageaient la non-violence prônée par Miss B, les animaux se sont quasi tous acharnés à mort contre N°1. Mais en agissant comme leurs ennemis, ils se sont rabaissés. La situation à la ferme est donc tragique. La violence et l’esprit de vengeance que Miss B a constaté chez ses partisans les rapprochent trop du président Silvio et de sa milice de chiens, leurs cruels tortionnaires. Et ce n'est pas N°2 fraîchement promu au rang de numéro 1 qui pourrait dire le contraire alors même qu'il vient d'être mis au parfum par Silvio sur ce qu’il advient des dépouilles des victimes de sa milice. Aux côtés d’une Miss B en plein égarement, César le lapin sait qu'il faut tenir bon et poursuivre dans la voie qu’elle a choisie mais elle refuse d’être responsable d'une nouvelle mort. Le mouvement pacifiste des marguerites a permis de passer l'hiver et de survivre mais à quel prix ! Pour César le lapin et Azélar le rat, tout abandonner serait donner raison et libre cours à une tyrannie qui n'a que trop duré. Miss B doit poursuivre la résistance à la tête de son mouvement pacifiste. Avec eux, elle aura d’autres moyens à proposer aux animaux du Château pour résister et s’opposer à la dictature du président Silvio.
Mon avis : La magie opère dès la prise en mains de l’album. En découvrant une Miss B attristée derrière des barreaux en couverture, on craque tout de suite ! C’est de toute beauté à l’image de l’ensemble de la série. Et dès que l'on se replonge dans le récit, tout nous revient instantanément à l’esprit. La déception fut et reste grande puisque la révolution non-violente recommandée par Azélar le rat n’a pas eu le résultat escompté. Malgré cet échec et les doutes qui l’assaillent, Miss B garde espoir. C’est donc le retour aux vraies valeurs pour notre héroïne avec les multiples dangers que cela comporte. Les nouveaux rebondissements concoctés par Xavier Dorison ne manqueront pas de surprendre le lecteur avec en prime l’évocation des origines de .... pas de spoiler ici :-).
Dorison maintient le suspense à son comble et chaque personnage, Miss B évidemment mais aussi Azélar le rat et César le don juan de ces dames, occupent une place prépondérante dans un récit toujours aussi haletant. Face aux nouvelles restrictions imaginées par le dictateur Silvio, il ne tient qu'aux animaux de la ferme de trouver de nouvelles solutions pacifistes.
Dorison réussit à rendre ce troisième tome aussi palpitant que les précédents.Côté dessin, Félix Delep ne cesse de nous régaler, à l’image des deux premiers tomes dont tout le monde s’accorde pour dire que c’est extraordinaire.
La qualité est omniprésente et on ressent même une sorte de maturité naissante et grandissante avec cet album.
Le trait est fin, les couleurs soulignent les différentes ambiances et émotions. Des tons clairs sur les scènes extérieures froides et dures où dominent des bouilles tristes, apeurées ou en colère, toutes saisissantes de réalité. Des couleurs plus vives, des tons plus chauds chez le président Silvio à l’intérieur du château, soulignant l’ambiance chaleureuse autour des amis du tyran.
Du grand art !Une très belle série qui ne cesse de nous captiver et de nous attendrir.
A ne pas rater
SDJuan
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BOB MORANE T2 Les prisonniers du temps
- Par asbl-creabulles
- Le 14/12/2022
Tome 2 - Les prisonniers du temps
Scénario : Christophe BEC & Eric CORBEYRAN
Dessin : Paolo GRELLA
Couleurs : Sébastien GERARD & Sebastián FACIO
Dépot légal : Décembre 2022
Editeur : Jean Wacquet/Soleil Productions
Grand format
ISBN :978-2-302-09521-2
Nombre de pages : 48Après "Les 100 Démons de l’Ombre Jaune", retour du "vrai héros de tous les temps", Bob Morane, avec ce "prisonniers du temps", toujours sous la houlette de la même équipe : Christophe Bec et Éric Corbeyran au scénario, et Paolo Grella au dessin (les couleurs particulièrement réussies sur certaines grandes images, sont de Sébastien Gérard et Hugo Sebastián Facio).
Cette fois, les auteurs envoient Morane au crétacé, par l’intermédiaire d’une faille temporelle qui se matérialise dans les sous-sols de son manoir dordognais. Alors qu’il converse avec Sophia Paramount, Bob voit apparaître des dinosaures dans son habitation. Il fait appel à Natacha Illevitch, personnage rencontré dans le roman "Les géants de la Taïga" afin d’explorer ce vortex. Accompagné de Sophia et d’une équipe de soldats, Bob s’enfonce dans l’inconnu…
"Les Prisonniers du Temps" confirme le chemin pris lors du premier opus : nous avons droit à une œuvre plus adulte, plus mature, et, toute comparaison gardée, plus proche d’un opus de William Vance époque "L’Empereur de Macao" ou "L’Empreinte du Crapaud" que d’un Forton dans "Le secret des 7 temples" (et qu’on ne s’y méprenne pas, ce "secret" est une de mes BD préférées depuis toujours). La trame du roman s’inspire des chasseurs de dinosaures, avec l’intervention du Colonel Graigh – devenu Craigh avec un C – et de sa patrouille du temps. Ici, point de Time Patrol chère à Poul Anderson, mais une section Eon qui revient au même, et un personnage dont les traits louchent du côté de Clark Gable. Bob est Bob, d’un point de vue physique.
Paolo Grella a réussi à faire sien le portrait des dessinateurs précédents avec une grande fidélité aux traits de William Vance, n’en déplaise aux nostalgiques de la coupe en brosse. Par contre, Bill Ballantine paraît plus jeune, plus Forton et Follet, un parti pris qui peut dérouter sur le moment mais qui n’a rien de choquant. On souhaiterait par contre le voir plus agressif, plus fonceur. Ici son côté sidekick le rend plutôt gentillet comme dans le tome 1. Sophia Paramount est plus blonde que rousse, mais les traits sont là et le caractère aussi (pas facile lorsqu’on sait combien Vance avait pu la sublimer !). Comme dans le tome 1 où Grella avait su donner à monsieur Ming un visage redoutable, il s’attaque ici à une autre figure incontournable de l’univers Vernien, le docteur Xhatan, très "raspoutinien" pour le coup.
Une bonne BD, comme un bon film ou un bon roman, n’est jamais aussi réussie qu’avec un méchant convaincant. Pour ma part, j’aurais aimé le voir un peu plus, mais sans spolier, il est évident qu’il n’a pas dit son dernier mot. Bec et Corbeyran prennent le parti pris de faire se connaître Xhatan et Craigh. Xathan qui, par ailleurs, connaît Morane mais qui semble inconnu de Bill. Et il s’agit de la première rencontre entre Craigh et Morane. Un bouleversement par rapport aux romans, qui va sûrement faire hurler quelques puristes à cheval sur une certaine "cohérence"… mais n’oublions pas qu’il s’agit d’une adaptation de l’œuvre d’Henri Vernes. Adapter sans trahir l’esprit, telle est la tâche à laquelle s’est attelée la nouvelle équipe.Pour ma part, ce second opus m’aura convaincu, sans doute davantage que le premier, et me rassure sur la pérennité du personnage en BD. Espérons que le public sera au rendez-vous, mais le contraire serait étonnant.
R. Colombo
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TERRES D'OGON T1
- Par asbl-creabulles
- Le 03/12/2022
Tome 1 . Zul Kassaï
Scénario : Jean-Luc ISTIN
Dessin : Kyko DUARTE
Couleurs : NANJAN, J.
Lettrage : Laurence ISTIN
Dépot légal : Novembre 2022
Editeur :
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-302-08957-0
Nombre de pages : 60Le jeune Ubu et sa famille de la tribu Kulu ne s'attendaient certainement pas à pareil déferlement de violence. Alors qu’ils profitent ensemble d’un moment de bien-être et de bonheur familial, mangeant et riant auprès d’un bon feu, ils sont soudainement interpellés par des guerriers Tog et leur impitoyable prince Aggor. Celui-ci va s’en donner à cœur joie. Après le massacre des parents, Aggor tel un prédateur excité par la chasse décide de se lancer seul à travers la forêt à la poursuite des enfants kulu ralentis par les petites jambes d’Ubu et le poids du bébé que porte sa grande sœur. L’inévitable se produit quand le groupe se retrouve piégé sur une falaise surplombant la rivière. Aggor le tog massacre les deux grandes sœurs d’Ubu sous ses yeux et s’empare du bébé qu’il tient à bout de bras au-dessus du vide. Son grand frère ayant détourné l’attention d’Aggor au prix de sa vie, Ubu va s’échapper en se jetant du haut de la montagne dans la rivière glacée, laissant Aggor frustré de n’avoir pu le tuer de sa main. Grandement motivé et déterminé à venger sa famille, Ubu va réussir à s’extirper de la rivière. Sur le point de mourir de froid, il va aussi bénéficier d’un coup de pouce de la part de centaures ikatoés qui vont même le rapprocher de sa destination, le volcan karakenn où vivent les dieux rouges, les Zul Kassaï. Car Ubu n'a plus qu'une idée en tête, les convaincre d’accéder à ses prières de vengeance pour qu’enfin Justice soit rendue !
Mon avis : Pourquoi changer une équipe qui gagne ! Jean-Luc Istin et Kyko Duarte n'en finissent plus de nous surprendre en élargissant toujours un peu plus l’univers du Monde d’Aquilon. S’inspirant de l’univers de Tolkien, Jean-Luc Istin et Nicolas Jarry nous ont entraîné avec le succès que l’on connaît dans les terres imaginaires d’Arran où cohabitent elfes, humains, orcs, gobelins mais aussi mages, nains et même dragons.
Place à présent aux Terres d’Ogon et, comme à chaque fois, à de nouveaux personnages toujours aussi charismatiques ! Mais attention, même s'ils nous sont sympathiques au point de devenir attachants, ils risquent à tout moment de tomber sous les coups des méchants. Et quels coups ! C’est ici le cas de la famille d’Ubu de la tribu kulu très rapidement confrontée à des Togs, grands singes hominoïdes au comportement très agressif. Leur rencontre va se révéler ultra-violente mais la préhistoire n’était-elle pas déjà un monde de violence ! Heureusement, il y a un survivant dont nous allons certainement découvrir ce que sera son avenir, entouré de nouveaux personnages hauts en couleurs comme ces elfes rouges qui vont faire office de trait d’union dans ces nouvelles aventures orchestrées par Istin et illustrées par Duarte. Action, combats, émotions et rebondissements sont toujours au rendez-vous de cette nouvelle histoire grâce aux qualités de narrateur d’Istin qui imprime sa patte à chaque nouvel album.Côté dessin, Kyko Duarte, travailleur acharné et infatigable est sur tous les fronts. Non seulement il assure avec talent l’illustration de ses albums (comme ce tome 1 des Terres d’Ogon) mais il travaille aussi sur les storyboards et la recherche de personnages pour les autres albums des Nouvelles Terres d'Ogon, sur les albums, les storyboards et/ou couvertures de la série parallèle Mages et également d’autres séries comme Conquêtes (scénario de Jean-Luc Istin), Hero Corp ou Medicis, etc. Il est aussi bon sur les nombreux décors que sur les personnages, en particulier ici les puissants et très impressionnants guerriers Tog en particulier dans les nombreuses scènes d’action.
Un premier album particulièrement énergique et dynamique bénéficiant d’une très belle mise en couleurs de J. Nanjan. Le savoir-faire de Kyko Duarte qui, rappelons-le travaille toujours aussi avec son inséparable partenaire Miki dans le dessin de presse au quotidien, est devenu une véritable identité. Le jeune Ubu lance un nouveau chapitre qui s'annonce épique et passionnant.À noter la parution quasi simultanée en tirage limité d’une version N&B au format légèrement plus grand que la version couleur enrichie, en fin d'album, d’un cahier graphique de 7 pages en couleurs intitulé "Recherches de Kyko Duarte". Cet album permet davantage d’apprécier le travail incroyable réalisé par Kyko Duarte et surtout la qualité de son dessin.
SDJuan
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NOIR BURLESQUE 1 & 2
- Par asbl-creabulles
- Le 01/12/2022
Tome 1 & Tome 2
Scénario : Enrico MARINI
Dessin : Enrico MARINI
Couleurs : Enrico MARINI
Dépot légal : Novembre 2021 et Novembre 2022
Editeur : Dargaud
Format normal
ISBN : 978-2-505-08373-3 & 978-2-505-11399-7
Nombre de pages : Tome 1 : 95 & 125 pour le tome 2Le tome 1 de Noir burlesque est paru il y a un an.
Je l’avais feuilleté.
Mais pas acheté.
Le tome 2 vient de paraître.
Je l’ai feuilleté.
Et j’ai acheté les deux.
Et j’ai bien fait !
Ainsi le film est plus long.
Bravo M. Marini pour votre interprétation remarquable des films américains de gangsters des années 50 !
Les belles carrosseries, les jolies pépées, les gueules patibulaires, les flingues, le héros ténébreux, la mafia, les buildings, les chapeaux, les costards cravates…tout y est.
Ce traitement au lavis est de toute beauté. Avec une seule touche de couleur, le grenat éclairci qui recouvre certains éléments des dessins.
Une véritable chorégraphie des cases qui s’alignent sur les pages pour donner du rythme à l’histoire ou pour permettre au lecteur de contempler l’ambiance.
Des grandes cases, quand ce n’est pas un dessin sur une double page tout simplement.
Le film commence…Une case seule sur fond noir présentant deux pieds féminins en escarpins noirs et en mouvement.
Une double page montrant un décor sombre et inquiétant. La femme à la silhouette élégante longe un mur où stationnent des poubelles et son ombre allongée la précède vers un quartier misérable.
L’impressionnante calandre d’une oldsmobile semble délimiter le chemin qu’elle va prendre.
Elle rentre dans un hôtel borgne où l’attend Terry (le héros).
Elle, c’est Caprice la femme fatale, la pin-up, la chanteuse de cabaret.Lui c’est Slick, le gangster honnête et intègre. Mais aussi brutal et très rapide.
Ils se connaissent.
On retrouve Slick en pleine attaque de bijouterie avec la complicité de la jolie vendeuse.
Puis au night-club où Caprice est la reine du spectacle.
Où les sbires du patron le dénommé Rex, sont nombreux tel Punch, le nabot qui déteste Slick ou l’armoire à glace, Butcher. Sans oublier Sharky, le minable neveu.
Slick a une dette envers Rex.
Et comme il ne veut pas travailler pour lui, il va avoir affaire à son ramassis de truands.
Caprice lui viendra en aide.
L’idylle entre eux va-t-elle renaître ?
Va-t-il échapper à toutes les tentatives d’assassinat à son encontre ?
Un autre personnage apparaît, un ami d‘enfance de Terry, l’inspecteur Connelly.
Ce premier tome se termine avec Slick mal en point amené à Rex.
Le tome 2 présente aussi une seule case en introduction.
La main de Terry (Slick) tenant un verre de whisky.
Sur une double page, la grosse villa du boss dans un parc et en surimpression Slick assis.
Il n’aura pas d’autre choix que de voler un tableau auquel Don Zizzi, patron d‘une mafia tient comme à la prunelle de ses yeux.C’est le rival de Rex qui veut l’anéantir par ce vol.
Slick n’a pas le choix sinon ils toucheront à sa sœur et à son neveu.
L’excitante Caprice apaise ses ennuis.
Mais le voilà sur place avec Sharky, Butcher, Punch et le très inquiétant Crazy Horse.
Le vol du tableau est un morceau d’anthologie.
De plus, Marini tire encore quelques personnages intéressants de son chapeau comme la jolie Pearl Zizzi ou Capo dont l’apparition est un choc artistique.
Je vous laisse découvrir la suite à l’écran ou plutôt dans ces deux magnifiques volumes.
Vous y trouverez de l’érotisme romantique, de l’action, de l’action et encore de l’action.Un véritable plaisir de lecture.
Marini doit avoir vu tous les films de gangsters pour parvenir à créer une telle histoire, de telles scènes, de tels personnages et saupoudrer le tout de traits d’humour irrésistibles (d’où le burlesque du titre).
Un véritable sans-faute.
Il mérite le prix d’Angoulême.M.Destrée
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BLAKE ET MORTIMER (Les aventures de) T29
- Par asbl-creabulles
- Le 28/11/2022
Tome 29 : Huit heures à Berlin (édition bibliophile reliée)
Scénario : José-Louis BOCQUET, Jean-Luc FROMENTAL
Dessin : Antoine AUBIN
Couleurs : Laurence CROIX
Autres : BrunoTATTI et Philippe GHIELMETTI
Dépot légal : Novembre 2022
Editeur : Blake et Mortimer
Grand format
ISBN 2505118434
Nombre de pages : 60Le 26 juin 1963, le président Kennedy se rend à Berlin pour y prononcer son célèbre discours "Ich bin ein Berliner !" C’est dans ce contexte que le duo de scénaristes Bocquet et Fromental place le récit du dernier opus en date de Blake et Mortimer. Dans ce contexte, l’histoire débute avec un homme qui franchit le mur de Berlin, grièvement blessé, il prononce un mot avant de mourir : "dopplegänger". Ce mot allemand des mythes et légendes germaniques a été popularisé par les frères Grimm, il signifie double ou sosie. Dans le même temps, Mortimer, en voyage dans l’Oural sur l’invitation d’une amie, est amené à étudier des cadavres fraichement découverts, la peau du visage arraché. Il soupçonne aussitôt un chirurgien allemand spécialiste de la manipulation cérébrale, d’être derrière ses atrocités. Mais dans quel but ? De son côté, le capitaine Blake, qui supervise la partie anglaise de la sécurité berlinoise pour la venue de Kennedy, est victime d’un attentat qui le met sur la piste de l’homme tué en passant le mur.
Comme il s’agit d’un épisode de Blake et Mortimer, personne ne sera surpris d’y retrouver l’incontournable colonel Olrik, toujours ulcéré de ne pas avoir pu triompher avec Bassam Damdu, et qui prépare un plan hallucinant qui risque de changer définitivement la face du monde.
On sait que Jacobs n’avait jamais donné de détails chronologiques aux aventures de ses héros, même si certains petits points pouvaient les situer, comme la notion de l’ONU au début de l’espadon. Ici, la situation chronologique est nette : entre juin et novembre 1963. Ce qui globalement, avec l’Affaire du Collier et l’aventure immobile mise à part, en fait une des péripéties les plus récentes de nos deux héros. Si l’Espadon date d’après 1945, 20 ans plus tard les deux résidents du 99bis Park Lane ont toujours bon pied bon œil !
L’histoire en elle-même est riche en rebondissements, largement au-dessus de ce qu’avait pu être le diptyque Septimus, dont le tome 2, Le Cri du Moloch, n’avait soulevé chez moi qu’un intérêt poli. Ici, nouveau duo de scénaristes, Bocquet et Fromental trouvent bien leur place et parviennent à maintenir le rythme d’une histoire assez touffue. Nous sommes dans une ambiance propre aux romans d’espionnage de John le Carré et Graham Greene.Au dessin, on retrouve Antoine Aubin, qui après le tome 2 de la malédiction des Trente Deniers et justement L’Onde Septimus, s’était fait discret dans l’univers Jacobsien. C’est pourtant à mon avis un de ceux qui s’y illustrent le mieux. Comme pour le personnage de Williams Gibbons dans La Vallée des Immortels, un nouveau petit clin d’œil à l’univers Tintin se trouve ici avec l’hôtel Cornavin où réside Blake, comme la chute dans le lac qui rappelle celle de Tintin et Haddock. Une aventure certes plus actuelle et plus politique mais qui ne nuit pas à la crédibilité de Blake et Mortimer.Si je n’avais qu’un regret à formuler, ce serait que, à l’instar des successeurs d’Henri Vernes avec l’Ombre Jaune, ou d’Axel Borg dans la série Lefranc, Olrik soit omniprésent, et je rêve de la naissance d’une nouveau méchant particulièrement bien ficelé. L’édition bibliophile s’enrichit d’un carnet de croquis d’une dizaine de pages au début de l’ouvrage, ainsi que d’un ex-libris représentant Blake flottant entre deux eaux.
R.Colombo
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AIRBORNE 44 T10
- Par asbl-creabulles
- Le 21/11/2022
Tome 10 . Wild Men
Scénario : Philippe JARBINET
Dessin : Philippe JARBINET
Couleurs : Philippe JARBINET
Dépot légal : Octobre 2022
Achev. impr. : Août 2022
Editeur :
Cycle 5
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-203-23757-5
Nombre de pages : 60Ardennes belges, région de Saint-Vith non loin de la frontière allemande. Isolés, loins de leurs unités, au milieu des lignes ennemies, Virgil et Jared (Jay) tentent de rejoindre les leurs à bord de leur jeep. Lorsque leur route croise celle d’un petit groupe de compagnons d’armes, Virgil est vite pris à partie. De par ses origines, il sait que l'ennemi n'est pas le seul à lui poser des problèmes. Une fois de plus, c’est le cas lorsque l’un d’eux lui fait comprendre qu’étant black il peut continuer à pied. Sauf que c’est lui le mécano. Et la jeep qu’il a déjà bricolée a tôt fait de retomber en panne. Dépités, les soldats secourus ne vont pas faire de cadeau à Jay non plus. Ils l’abandonnent sur la route en lui prenant presque tout ce qui lui restait de nourriture. De son côté, Virgil a trouvé de l’aide auprès d'un père et de sa fille Edith. Cherchant à sauver leurs moutons, ils lui proposent de le rapprocher de ses lignes dans leur camionnette. Peu après les avoir quittés, Virgil retrouve Jay et la jeep en panne. Leurs retrouvailles sont plutôt froides et tendues, Virgil n’ayant pas du tout apprécié la non-intervention de Jay lorsque ses "nouveaux potes" l’ont insulté. Finalement, ils reprennent leur route. Obligés de rebrousser chemin pour éviter un champ de mine, leur jeep renverse accidentellement la jeune Edith que Virgil a croisé plus tôt dans la journée. Ils décident de la transporter jusqu’à la ferme de sa famille qu’ils ont aperçue plus haut. Arrivés sur place, il est trop tard. Les "boches" sont passés et ont massacré tout le monde, même Loli, la petite chienne d’Edith. Rien ne va plus et l’ennemi semble surgir de tous côtés. Virgil et Jay vont devoir réagir vite et faire des choix cruciaux.
Mon avis : Dans la seconde partie de ce dyptique, les désaccords entre Virgil et Jay passent au second plan, supplantés par les propos et attitudes xénophobes d’autres soldats. Leurs différends vont du coup prendre une tout autre forme pour se transformer en quelque chose de bien plus fort et plus solide : l'amitié. Le cheminement de leurs sentiments est savamment amené par Philippe Jarbinet qui évite les clichés. Il serait en effet difficile de croire qu'un simple événement va transformer des propos sur les "différences", en clair un racisme bien ancré parmi les soldats US, en une belle histoire féérique. N’oublions pas que la fiction s’appuie sur une histoire bien réelle. L’évolution des personnages découle des circonstances, de toute la suite des événements liés à cette guerre impitoyable, en particulier ses victimes collatérales ou non, aggravés par des conditions hivernales glaciales.
On est toujours impressionné par les superbes illustrations que nous offre Jarbinet Le rendu est réaliste et d’une qualité visuelle bluffante sans oublier une mise en page très poussée. Page après page, on ressent le froid, au fil des routes enneigées où les flocons recouvrent les traces de pas ou de pneu des roues des rares véhicules. Dans cette nature blanchie par la rudesse de l’hiver, chaque pointe de couleur tranche encore plus fortement.
A noter la qualité des couleurs ultraréalistes sur les véhicules, les vêtements des personnages, les uniformes des soldats donnant l’impression qu’il s’agit de photos.Un grand bravo à Philippe Jarbinet pour la qualité de son travail d’auteur complet.
Quelle évolution formidable depuis ses débuts ! On l’encourage à garder ce cap, vers l’excellence.SDJuan