Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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MATRIX Résurrections
- Par asbl-creabulles
- Le 10/01/2022
Film MATRIX RESURRECTIONS
22 décembre 2021 en salle
Durée : 2h 28min
Genre : Science fiction, Action
De : Lana Wachowski
Par : Lana Wachowski, David Mitchell
Avec : Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss, Yahya Abdul-Mateen IIJe croyais être déçu et c’est l’inverse.
Je suis enthousiaste !
Je ne rejoins pas tous ceux qui critiquent ce film.
Le point de départ est très intéressant et interpellant.
La matrice est devenue un jeu développé par Thomas Anderson (Neo), son associé et son équipe.
L’humanité prisonnière de la Matrice se divertit en jouant avec son univers et pour tous ces hommes, ces femmes, ces enfants, il est inconcevable que ce monde existe vraiment mais ce jeu est devenu omniprésent dans leur vie. (C’est le serpent qui se mord la queue).
Je viens aussi de me rendre compte que les enfants sont quasi inexistants dans ce monde.
Neo vit à nouveau dans le monde factice et les soubresauts de sa mémoire sont annihilés par des séances chez le psy et des pilules bleues.Mais il y a encore des rebelles…
J’apprécie beaucoup la façon dont Lana Wachowski et ses collaborateurs ont incorporé les éléments des scénarios des films précédents pour réaliser celui-ci.
Tout se tient et on comprend mieux le mécanisme de la Matrice.
Elle a ressuscité Neo et Trinity, oui et c’est plausible. L’explication est dans le film et elle est excellente.
Celui-ci est peut-être le plus intelligent des quatre.
Toutes les nouveautés sont surprenantes mais aussi dans l’ordre des choses.C’est jubilatoire de suivre les raisonnements humains et leurs interactions avec les mécanismes de la Matrice grâce à des alliés inattendus mais aussi inévitables.
Pour l’apprécier, il faut revoir le premier avant.
Il faut aussi aimer les romans SF, ici on touche à la "hard SF".
Et être romantique.Certains n’aimeront pas la belle histoire d’amour qui rend invincible.
Oui, les femmes sont fort présentes et les hommes sont maltraités. Retour de manivelle.
Pas tous quand même.Et si tout cet univers trouvait son explication dans le fait que l’esprit (les esprits) d’une (de deux) femme(s) étai(en)t prisonnier(s) dans le corps d’un (de deux) hommes ?
En tout cas Lana ne se gêne pas de critiquer les réseaux sociaux et même son film. Écoutez bien les répliques criardes et énervantes du Mérovingien Lambert Wilson de retour tout dépenaillé.
Je suis impatient de le revoir pour continuer à réfléchir sur toutes les pensées et réflexions sur notre monde que suscite ce film en moi.
Film très intelligent, je le répète.
On pourrait passer des heures à l’analyser sans jamais en faire le tour.M.Destrée
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LE DERNIER ESPADON
- Par asbl-creabulles
- Le 10/01/2022
Tome 28 - Le Dernier Espadon
Scénario : Jean VAN HAMME
Dessin : Teun BERSERIK & Peter VAN DONGEN
Couleurs : Peter VAN DONGEN
Couverture : Teun BERSERIK
Préface : Jean VAN HAMME
Dépot légal : Novembre 2021
Editeur : Blake et Mortimer
Grand format
ISBN : 978-2-87097-285-4
Nombre de pages : 66J’ai acheté Le Dernier Espadon pour retrouver cette étonnante invention du professeur Mortimer visible pour la première fois dans les pages du journal Tintin en 1949 sans doute.
Je l’ai retrouvé, ah oui… sur une bonne dizaine de cases mais souvent en morceaux ou inerte et sans aucune évocation de puissance supersonique.
Olrik prend la place d’un major (on sait tout de suite que c’est lui) qui doit se rendre à Makran, base où ont été conçus les Espadons (relire Le Secret…).
Mortimer retrouve Nasir qui pilote l’hélicoptère qui les amène retrouver le fameux major.
Les cinq Espadons qui restent doivent être transportés jusqu’à la base de Scaw-Fell (relire…)
Pendant ce temps, les nazis complotent avec des membres de l’IRA pour faire sauter le Palais de Buckingham.
Le capitaine Blake va essayer de déjouer leur plan.
Et Olrik essaye de s’emparer d’un Espadon…Quelle déception!
Des décors en carton-pâte, des personnages parfois complètement ratés (page 29, case 6) et c’est cette dame qui va donner une info primordiale à Blake en jouant les Mata Hari, laissez-moi rire.
Et la case 9, page 32 (il a le front solide).
Juste après vient le coup de théâtre : oh le major! C’était Olrik!
Page 61, sa majesté Georges VI ressemble à un pantin de bois.
Reste Mortimer assez réussi mais ses mouvements, ses positions, ses expressions me laissent une impression de déjà-vu.
Van Hamme aligne les éléments de son scénario pour arriver au bout de l’histoire avec l’éclatement de son pétard mouillé. Quelle grosse farce! Un vrai Vaudeville!
Aucune émotion, aucune tension, aucun suspense!
Tout ce que j’ai retrouvé intensément en relisant les deux volumes de la réédition en fac-similés des pages parues dans le journal Tintin.
Les différences sont nombreuses avec l’édition normale en album.
Surtout pour le tome 1 qui avait déjà eu l’honneur de paraître en version Tintin grâce Aux Amis de Jacobs.
Par contre, j’avais oublié que Jacobs demandait souvent au lecteur de lire les phylactères dans les cases en commençant par celui du bas…
Le tome 2 contient des pages mémorables. Toutes les 3-4 pages vous vous retrouvez dans des ambiances différentes au décor si maîtrisé et dont l’intensité profonde est amenée par les acteurs de papier. Du grand art.
Relisez le passage dans l’océan digne de Jules Verne, certainement source d’inspiration pour Edgar P. Jacobs.Messieurs, vous pouvez continuer à éditer les aventures de Blake et Mortimer, ce sera sans moi.
Ils ont perdu leur âme, leur épaisseur psychologique.
Ne reste qu’un produit qui rapporte.M. Destrée
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LE LOUP M'A DIT T2
- Par asbl-creabulles
- Le 10/01/2022
Scénario : Jean-Claude SERVAIS
Dessin : Jean-Claude SERVAIS
Couleurs : Raives
Dépot légal : Octobre 2021
Editeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
Grand format
ISBN : 979-10-34753-39-0
Nombre de pages : 88Comme je le supposais à la fin de la chronique du tome 1, ce récit est linéaire. Il nous raconte le passé d’Ambre et ses rencontres actuelles.
Nous apprenons pourquoi elle vit seule dans une cabane dans les bois.
Nous comprenons pourquoi elle recherche désespérément tous les os du loup tué par un industriel qui a eu un rôle important dans sa jeunesse.
Quelques pages didactiques et écologiques ne dérangent pas la lecture. Au contraire, elles apportent plus de force au combat mené par les personnages de l’histoire pour rétablir une harmonie dans la Nature.
Nous retrouvons Adèle, notre jeune pétrologue qui ira à la rencontre d’Ambre.
râce à la magie que Loba lui a transmise, celle-ci réussira l’impossible.
Cette histoire a une fin positive.
Nous espérons que le combat mené par l’auteur et les habitants de sa région contre un parc d’éoliennes, combat qui est à l’origine de cette histoire, verra une conclusion aussi heureuse. Mais la magie étant très rare de nos jours, espérons au moins un accord accepté par les deux parties.
Jean-Claude Servais nous offre de beaux dessins de cette campagne et de cette forêt qu’il aime tant et des loups qui y vivent en liberté.
Il sait aussi rendre l’atmosphère propre à ces petits villages typiques.
Tout comme il démontre très bien l’agression d’une industrie polluante ou d’une éolienne gigantesque.
Le visage d’Ambre malgré son âge nous offre une beauté sage. Ses yeux s’ouvrent sur une sérénité intérieure.
Elle méritait les trois bonheurs qu’elle va vivre dans cette ode à la nature.M.Destrée
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GO WEST Young Man
- Par asbl-creabulles
- Le 10/01/2022
Scénario : Tiburce OGER et Hervé RICHEZ
Dessin : Steve CUZOR, Benjamin BLASCO-MARTINEZ , Michel ROUGE, Paul GASTINE, Ralph MEYER, Christian ROSSI, Hugues LABIANO, Ronan TOULHOAT, Dominique BERTAIL Michel BLANC-DUMONT, François BOUCQ, TaDuc, Félix MEYNET, Patrick PRUGNE, Éric HÉRENGUEL
Couleurs : Corentin TOUGE, Steve CUZOR, Tom Serial Color, Ronan TOULHOAT, Paul GASTINE, Jérôme MAFFRE, Éric HÉRENGUEL, Ralph MEYER, Jack MANINI, Christian ROSSI, TaDuc, Félix MEYNET, Patrick PRUGNE, Dominique BERTAIL
Couverture : Enrico MARINI
Préface : Tiburce OGER
Dépot légal : Novembre 2021
Editeur : Bamboo Édition
Collection : Grand Angle
Grand format
ISBN : 978-2-8189-8320-1
Nombre de pages : 112Tiburce Oger (avec la collaboration d’Hervé Richez) s’est fait et nous fait plaisir.
Son scénario sur la conquête et l’histoire de l’Ouest suit une montre en or qui passe de main en main. Il est dessiné par 16 ténors de la BD western.Tournons la couverture illustrée par Marini.
La note d’intention nous éclaire sur la genèse du livre.
GOLDEN WATCH (Nouveau-Mexique. 1938) : une page d’introduction par Paul Gastine au dessin somptueux et si précis.
Nous découvrons la montre et son histoire peut commencer.1763. Pennsylvanie. DEUX PAROLES par Patrick Prugne qui dessine à l’aquarelle et au crayon. Avis personnel mais je n’aime pas trop son style.
Nous découvrons les Indiens, les Français et les Britanniques ainsi que le premier propriétaire de la montre.1825. Yellowstone River. MALHEUR RIVER par Olivier Taduc qui soigne son court récit. Il est aussi magnifique que son dernier album de Chinaman
La vie d’un trappeur et sa jeune femme indienne.1842. Missouri. CONESTOGA par Benjamin Blasco-Martinez dont je ne connaissais pas le dessin.
Ce récit a pour thème le racisme. Très beau.1860. Utah. PYRAMID LAKE WAR par Ralph Meyer dont Undertaker me laisse indifférent bien que je puisse apprécier son dessin.
Un épisode sanglant du Pony Express.1863. Fairfax. NE MEURS PAS par Félix Meynet.
J’applaudis ce dessinateur qui montre des scènes d’affrontements entre Nordistes et Sudistes qui ont dû lui demander quelques heures de dessins. Bravo!
Un court récit plein de tension.1875. Texas. LES SŒURS AUSTIN par Dominique Bertail.
Il m’impressionne autant ici qu’avec Madeleine où il utilisait toutes les nuances du bleu. Ici c’est le brun pour cette histoire sur des captives d’indiens.1879. Territoire indien. J’AI CONNU WILD BILL par Hugues Labiano et aux couleurs, Jérôme Maffre.
Voilà un dessinateur dont je n’ai aucun album. Ici, son dessin est de toute beauté et m’impressionne. Quelle précision! Quelle finesse!
Un Marshall conduit un voleur à sa sentence.
Récit âpre très bien mis en scène.1881. Montana. L’OURS par François Boucq et aux couleurs Jack Manini.
Un dessin rapide mais percutant pour un épisode de la vie très très rude d’un trappeur.1882. Kansas. THE GIRLS AND THE DOC par Éric Hérenguel.
Quand un vieux docteur défend les gentilles dames d’une maison close.
Dessin parfait.LA LETTRE. Une seule page de Michel Blanc-Dumont et une de Steve Cuzor avec Tom Cuzor comme coloriste pour les deux.
Dommage…c’est peu. Mais c’est du détail minutieux pour Blanc-Dumont. Et Cuzor, quel génie du dessin choc!1885. Arizona. LA MONTAGNE QUI PARLE par le talentueux Christian Rossi qui a trouvé un style unique qui nous éblouit encore une fois pour ce récit sur les Indiens Chiricahua et Geronimo.
1894. Wyoming. CATTLE KATE par Michel Rouge et son fils Corentin aux couleurs.
Un habitué des westerns qui est efficace comme d’habitude pour cette histoire d’une femme chef d’une bande de voleurs de bétail.1916. Région de Chihuahua. VIVA VILLA par Ronan Toulhoat.
Je ne connais pas ce dessinateur mais son dessin convient très bien à Pancho Villa.La montre finit son histoire avec la conclusion en une page de l’introduction et toujours par Paul Gastine.
Bravo à Tiburce Oger qui a eu cette bonne idée de nous montrer différentes facettes de l’Ouest illustrées admirablement par tous ces dessinateurs.
Une véritable réussite!
Chronique : M. Destrée
Mise en page : SDJuan -
LONESOME 1 & 2
- Par asbl-creabulles
- Le 07/01/2022
Tome 1 . La piste du prêcheur; Tome 2 : Les Ruffians
Scénario : Yves SWOLFS
Dessin : Yves SWOLFS
Couleurs : Julie SWOLFS
Dépot légal : Janvier 2018 (T1); Octobre 2019 (T2)
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-8036-7104-5 (T1); 978-2-8036-7286-8 (T2
Nombre de pages : 561854, des raids meurtriers sont menés sur la frontière entre le Nebraska et le Kansas. Deux camps s’opposent. D’un côté les abolitionnistes et de l’autre les esclavagistes. Cela ferait plaisir à une certaine frange de la population s’il pouvait y avoir une petite guerre civile… Il y a du pognon à se faire, une société à reconstruire, de nouveaux idéaux à inculquer puis ne dit-on pas que le malheur des uns fait le bonheur des autres?
C’est dans ce contexte que Markham, le prêcheur, sévit entre les deux États. Il a une façon cruelle et personnelle de remettre les gens sur le droit chemin : une femme fouettée à mort, un drapeau sudiste et une croix renversée. Sympa comme tableau. Markham espère mettre le pays à feu et à sang et imposer sa vision des choses.
Oui mais voilà, il y a toujours un héros un peu perturbé, ayant eu une enfance difficile, ayant un petit pouvoir en plus, qui débarque pour mettre tout le monde d’accord à grand coup de Smith & Wesson. Et ce héros sans peur et sans reproche s’appelle… ben j’en sais rien. Personne ne connaît son prénom. Alors on l’appelle Lonesome. (Avouez, vous avez la chanson de fin de Lucky Luke en tête… moi aussi)
Lonesome a été recueilli par les indiens après la mort de ses parents. Il était là, il a tout entendu, caché dans la calèche. Il se souvient des hurlements de sa chère mère. Vous vous en doutez, c’est Markham qui est l’auteur de ces horribles crimes. Une balle entre les deux yeux pour le père et des heures de torture pour la mère. C’est une affaire personnelle pour Lonesome. Il veut le tuer de ses propres mains.
Lorsqu’il arrive à Holton, Lonesome reconnaît assez vite la trace du passage de Markham : une grange calcinée, une femme nue et fouettée et le drapeau. Cependant, sortant de la grange, un enfant exténué raconte tout à notre héros. La description ne laisse planer aucun doute : le prêcheur !
Cependant, Markham compte beaucoup de soutiens là où il passe. Ce sera le cas ici aussi. Lonesome passe la nuit en prison et il sait que le lendemain, il sera un témoin gênant. Il lui faudra fuir et ce sera chose faite grâce à la belle et jolie Lucy. Une seule condition exigée : partir avec Marcus, un journaliste un peu trop curieux…
Marcus n’a pas le temps de fuir mais avant de passer l’arme à gauche, il donne à Lonesome un carnet reprenant les principaux commanditaires du coup d’état. Toutes ces personnes veulent la guerre civile pour une bonne raison.
Le carnet et les différentes enquêtes de Lonesome pointent du doigt un seul et même homme : le sénateur Dawson.
La vengeance de Lonesome sera l’apothéose du second tome : il tue Markham et venge enfin ses parents… Les yeux sont maintenant rivés sur le sénateur Dawson, que Markham, dans un dernier souffle, désigne comme le commanditaire de la mort de ses parents et de l’attaque de la calèche.
La suite est à découvrir dans le tome trois, déjà chroniqué par l’équipe Créabulles!
Jordan Maenhout
Autres chroniques de la série sur Créabulles
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LES AILES DE L'ESPÉRANCE
- Par asbl-creabulles
- Le 29/12/2021
Tome 2 : Démons
Scénario : Wander ANTUNES
Dessin : Thomas DU CAJU
Couleurs : Thomas DU CAJU
Dépot légal : septembre 2021
Editeur : Paquet
Collection : Cockpit
Grand format
ISBN : 978-2-88932-569-6
Nombre de pages : 48Tout pourrait être paisible dans cette histoire. Ça pourrait tout simplement être une histoire d’amour entre un soldat anglais, Vic, et une jeune et jolie villageoise au doux prénom : Ruby. Ils tomberaient amoureux pendant la guerre et le monde pourrait s’écrouler – hum, hum ! – que leur amour resterait intact. Oubliez tout cela.
La base militaire où se trouve Vic est en ébullition ! En effet, une fille du village est retrouvée morte aux abords du site militaire. La colère gronde au sein du village et certains se disent que c’est un militaire qui a fait le coup.
De son côté, Ruby tient son rôle à la perfection : elle soutire aux gradés anglais des informations secrètes qu’elle donne ensuite aux nazis. Nous ne sommes pas là pour juger mais il est vrai qu’élever un enfant seule n’est pas simple en temps de guerre et que chaque information se marchande à prix d’or.
On pourrait croire que l’histoire s’arrête là pour Vic et Ruby. Un élément va venir troubler la vie des protagonistes : le fils de cette dernière trouve la mort. L’histoire prend alors une tout autre tournure et Ruby va se transformer en démon…
Je vous laisse découvrir la suite dans l’album !Mon avis:
Thomas Du Caju est un excellent dessinateur et je trouve qu’il est sous-estimé. Les dessins qu’il arrive à produire sont de très bonne facture mais c’est souvent le scénario qui pose problème.
Je suis assez surpris par la fin du diptyque. Elle est trop rapide, bâclée mais on ne s’y attend pas. C’est peut-être le seul point positif.
J’espère que Thomas Du Caju trouvera un jour un scénario à la hauteur de son talent. Peut-être dans une reprise, chose très à la mode ces temps-ci.Maenhout Jordan
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FAUNE
- Par asbl-creabulles
- Le 29/12/2021
Contes grivois et autres diableries
Scénario : Maryse et Jean-François CHARLES
Dessin : Jean-François CHARLES
Couleurs : Jean-François CHARLES
Dépot légal : novembre 2021
Editeur :
Format : 240 x 320 mm
ISBN : 978-2-380-75574-9
Nombre de pages : 126Quelque part dans le sud du Royaume de France en des temps moyenâgeux. Un groupe de pèlerins mêlant nobles et manants, pauvres et puissants chemine depuis pas mal de temps vers la chapelle Saint-Aimable. L’édifice a été construit sur le lieu même où un homme ayant refusé d’abjurer sa foi a été décapité. Dans la chapelle, les pèlerins viennent se recueillir par dévotion, pour demander une grâce ou remercier le saint homme et martyr d’une grâce obtenue…
Longue et difficile a été leur marche, sous la pluie et le vent, en proie à la faim et la soif, souffrant de douleurs et blessures aux pieds. À la nuit tombée, ils se sont réfugiés dans une auberge et rassemblés autour du "cantou", la cheminée monumentale constituant le cœur de chaque maison. Là, ils tuent le temps en racontant chacun à son tour une histoire pieuse. Très vite, dès la première prise de parole, les récits deviennent plus légers, lestes, grivois…Mon avis : Sous-titré "Contes grivois et autres diableries", Faune ne laisse planer aucun doute quant à son contenu. Quant à la forme, Maryse confirme que l’album a été pensé dans l’esprit des Contes de Canterbury, cette série de 24 histoires écrites par Geoffrey Chaucer à la fin du XIVe siècle où une trentaine de pèlerins d’origines diverses se retrouvent dans l’auberge Tabard Inn, point de départ de leur pèlerinage à Canterbury pour se recueillir sur la tombe de l’archevêque Thomas Becket. L’aubergiste leur propose un concours, chacun devant raconter quatre histoires, deux à l’aller, deux au retour, la meilleure étant récompensée d’un repas gratuit. Avec Faune, point de récompense mais un recueil de récits dits "légers", ce terme recouvrant deux de ses nombreuses acceptions : élégant et grivois.
Lors de la prise en main, on remarque le bel habillage extérieur, à l’ancienne, relié façon cuir brun, orné de dorures et autres enluminures.
L’intérieur imprimé sur du papier de qualité ne cesse de nous surprendre car l’album se libère des exigences du format uniformisé des bandes dessinées.
Il alterne des illustrations pleine page, des planches plus standard garnies de cases variant les plans, des estampes dans le style "image d’Épinal" illustrant chaque histoire dont le texte apparaît sous forme de légende au bas des images.
Cela témoigne d’un gros travail de mise en page.Les six pèlerins sont longuement décrits dans des récitatifs pleine page faisant l’objet d’un soin tout particulier.
Chacun est décoré de lettrines et d’enluminures très colorées mais surtout très grivoises lorsqu’on y regarde de plus près…Parmi ces pèlerins figure un peintre – Jean-François Charles ? – celui-là même qui "fit le dessin du faune" que l’on va retrouver d’histoire en histoire.
Sur des textes de Maryse ayant nécessité un gros travail de recherche documentaire de même que leur adaptation en ancien français pour laquelle elle n’a pas hésité à créer son propre lexique, Jean-François Charles confirme ici son talent d’illustrateur et de peintre.
On sent qu’il s’est amusé à réaliser cet album hors du commun et, surtout, qu’il s’est vraiment fait plaisir. Et le résultat vient le prouver.
La beauté des paysages ou des intérieurs riches en décors se conjugue aux histoires.Et l’on retrouve surtout ces femmes omniprésentes dans nombre des BD qu’ils ont publiées.
Belles, désirables, sensuelles, jamais vulgaires. Mais ici un cran supplémentaire a été franchi… L’érotisme d’une pose, d’une tenue ne peut plus échapper au regard.
Il s’agit bien d’un vrai conte polisson et grivois dont les images vont bien au-delà de la simple histoire égrillarde.
Un beau livre qui sort des sentiers battus et apporte un peu de légèreté dans ce monde qui justement en manque en ce moment.On notera que la première édition contient un "jeu de l’oie grivois" encarté dans l’album.
FPatrick & SDJuan
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Très prochainement Créabulles aura le plaisir d'accueillir Maryse et Jean-François Charles à la Galerie Passerelle Louise pour une exposition !
Ne ratez pas notre interview lors de la sortie de China Li tome 3 (ainsi que sa chronique ici)
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L'ART DE MÉZIÈRES
- Par asbl-creabulles
- Le 27/12/2021
L'art de Jean-Claude Mézières
Scénario : Christophe QUILLIEN
Dessin : Jean-Claude MÉZIÈRES
Dépot légal : Septembre 2021
Editeur :
Format : 275 x 297 mm
ISBN : 978-2-205-07800-8
Planches : 240Il aura fallu attendre 2021 pour voir enfin paraître une monographie sur un géant de la bande dessinée de science-fiction, Jean-Claude Mézières : L’art de Mézières sur plus de 230 pages.
Une préface de Pierre Christin (scénariste qui a donné vie à Valérian et Laureline, héros d’une des meilleures BDd de SF) introduit les six chapitres richement illustrés de photos, reproductions d’originaux et illustrations.1. Itinéraire d’un dessinateur.
Les notes biographiques, les débuts, les influences, les préférences…2. Jean-Claude avant Mézières.
Les premières bandes dessinées inspirées d’Hergé (une aventure d’un Tintin musclé) ou de Franquin.
Des westerns, des enquêtes policières qui sont très en vogue à l’époque et même déjà une histoire futuriste paraissent dans Fripounet et Marisette au milieu des années 50 et Mézières étant né en 1938, son dessin n’est pas encore celui que nous connaissons.
En 1958, il est aux Arts appliqués où il rencontre Pat Mallet et surtout Jean Giraud qui deviendra un ami et l’introduira à Pilote.
En sortant du service militaire, il travaillera pour Hachette sur l’histoire des civilisations.
Il fera aussi du travail publicitaire au studio créé par Benoît Gillain, un des fils de Jijé.
Ce parcours varié mettra en place petit à petit son trait si personnel.
Mais avant, comme l’ami Giraud, il ira vivre en Amérique, rêvant de devenir cowboy.3. Il était une fois mon Amérique.
En 1965, il est à Salt Lake City chez Pierre Christin qu’il connaît depuis 1944.
Encouragé par Giraud, ils enverront un récit de six planches au journal Pilote, ce qui sera leur toute première bande dessinée dans l’hebdomadaire.
Valérian est proche mais avant il dessinera pour un bimestriel éphémère : Total journal.
Et de plus en plus pour Pilote.
Son style s’affirme.4. Vers Valérian et au-delà.
Le chapitre le plus illustré évidemment.
Il est peut-être temps que je vous apprenne que le dessinateur commente les notes de l’auteur des textes, Christophe Quillien et surtout tous les dessins.
Sa mémoire est infaillible et ses anecdotes savoureuses.
Vous apprendrez tout sur cette fantastique saga, sur la méthode de travail de Mézières, comment il s’approprie les scénarios de Christin pour construire des planches de toute beauté.
Des décors spatiaux incroyables, des vaisseaux inoubliables, des extra-terrestres si variés et étonnants (n’est-ce pas Mr Lucas?). Sans oublier le jeu subtil ou fantasque entre une Laureline si dynamique et un Valérian parfois flegmatique.
Non, je n’oublie pas les couleurs irremplaçables de la sœur de l’artiste, Evelyne Tranlé.5. De l’autre côté de l’écran.
Si Georges n’a jamais avoué l’influence de Valérian, Luc Besson lui, demande l’aide de Mézières pour le Cinquième Élément et ce chapitre montre les très beaux travaux préparatoires.
Et d’autres projets inaboutis comme souvent au cinéma.6. Les extras de Mézières.
Les collaborations avec d’autres magazines comme Métal Hurlant, (À Suivre), des illustrations, Lady Polaris avec Christin, des affiches, des timbres et en 2004, Le Chemin des Étoiles pour Lille et les dernières réalisations hors BD avant que Mézières ne prenne sa retraite voici quelques années.
J’espère que tous les amoureux du dessin de Mézières si ce n’est déjà fait s’empresseront d’acquérir ce beau volume. Et pourquoi pas sous le sapin…
Je n’ai qu’un regret.
Que chaque album de Valérian ne soit pas commenté comme l’avait fait en son temps Franquin pour Spirou et Fantasio dans le micro de Numa Sadoul.M.Destrée