Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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CRÉATURES 2
- Par asbl-creabulles
- Le 23/11/2021
Tome 2 ; La grande nuit
Scénario : Stéphane BETBEDER
Dessin : DJIEF
Couleurs : DJIEF
Dépot légal : Août 2021
Editeur :
Format normal
ISBN : 979-10-34749-16-4
Nombre de pages : 70Rien ne va plus. Chief, la Crado, la Taupe et Testo se sont séparés tandis que la brume se répand de plus en plus. La Taupe et Testo font croire aux autres qu'ils ont été kidnappés par Vanille. En fait, ils ont passés un accord avec le vieux savant fou qui, à leurs yeux, a toute sa tête et sait très bien ce qu’il fait. Testo va même devoir jouer un grand rôle taillé sur mesure. Vanille, en fait, s'est réveillée enfermée dans le coffre d'un taxi abandonné sur un pont où passent les "baveux", suivis de près par cette brume qui transforme les gens en serviteurs zombies. Elle veut à tout prix s’en échapper pour retrouver son petit frère Minus capturé et emprisonné par l'ennemi avec d'autres enfants aux pouvoirs annihilés par les barreaux d'une sorte de cage. Elle sait qu'elle va avoir besoin d'aide pour sauver son frère et vaincre un ennemi qui a pris la forme de tête de pieuvre ainsi que la créature mystérieuse qui les dirige dissimulée dans la brume.
Mon avis : Stéphane Betbeder lève un peu plus le voile sur cet univers fantastique où les gamins sont les héros, du moins ceux ayant réussi à passer à travers les mailles du filet et à échapper à la brume démoniaque qui se referme sur la ville.
Leur seul moyen de survie, la débrouillardise.
On en apprend un peu plus sur chacun, sur sa personnalité, ses motivations.
Il est clair que nos héros risquent de perdre la partie s’ils ne s’unissent pas.
L’action est une nouvelle fois au rendez-vous, le suspense persiste...Au dessin, Djief illustre et met en couleurs ce récit avec beaucoup de force, de punch.
Un univers post-apocalyptique mystérieux bien rendu par des couleurs majoritairement sombres, des décors lugubres, d’étranges créatures tapies dans l’ombre… et au milieu, des personnages bien campés, bien reconnaissables aux bouilles plutôt sympathiques.
Un artiste au talent très divers si l’on se réfère à ses autres travaux, Tokyo Ghost, Le Crépuscule des Dieux, Broadway, Les Liaisons dangereuses (objet d’une expo Créabulles en juin 2020 voir ici) pour ce citer que quelques-uns d’entre eux.SDJuan
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ALICE GUY
- Par asbl-creabulles
- Le 23/11/2021
Scénario : José-Louis BOCQUET
Dessin : CATEL
Couleurs : <N&B> Marie-Anne DIDIERJEAN pour le gris / planche
Dépot légal : Septembre 2021
Editeur :
Collection :L es clandestines de l'Histoire
Format 17.5 x 23.8 cm
ISBN : 978-2-203-17165-7
Nombre de pages : 400D’étape en étape, nous parcourons la vie d’Alice Guy depuis sa naissance ce 1er juillet 1873 à Saint-Mandé où la famille séjourne après avoir provisoirement quitté le Chili en raison d’une épidémie de variole. Alice est le cinquième enfant du couple que forment Émile et Marie Guy. Ayant décidé de rentrer au Chili, les parents confient Alice à la grand-mère maternelle qui vit en Suisse à Carouge. En 1876, Marie revient chercher Alice. Après un très long voyage en bateau depuis Bordeaux jusqu’à Valparaiso via le détroit de Magellan, Alice découvre enfin le Chili et son père Émile. La vie semble paisible et souriante pour Alice mais les activités d’Émile périclitent et en 1879, il perd le soutien des banques. Il décide qu’Alice rejoindra ses sœurs au pensionnat du couvent de Bois-Salève à la frontière franco-suisse. Il se chargera de l’y mener personnellement en lui promettant au moment de la quitter de revenir bientôt… très bientôt… En fait, il réapparaît seulement en 1885, annonçant qu’il reste en France. Il va s’occuper d’une librairie à Paris où l’accompagneront Julia et Henriette, les deux plus grandes sœurs d’Alice, auprès de leur frère Louis et de leur mère Marie. Marguerite et Alice vont alors entrer dans un nouveau pensionnat moins coûteux à Fernay. En 1890, Alice a enfin rejoint les siens à Paris dans un appartement de la rue Saint-Sulpice où elle rêve de devenir actrice malgré le refus persistant de son père. Mais la famille va connaître de grands malheurs, d’abord le décès brutal de Louis d’une crise cardiaque à l’âge de 17 ans, puis la disparition d’Émile en janvier 1891. Allant vers ses 18 ans, Alice doit désormais travailler et choisit de suivre des études de sténographie. En 1893, elle fait ses débuts comme secrétaire dactylographe dans la société "Les Vernis Ducaron" où sa force de caractère en surprendra plus d’un. Puis elle obtient un nouveau poste dans la société "Richard - Comptoir de la photographie" où son talent convainc aussitôt un certain Léon Gaumont, alors fondé de pouvoir de l’entreprise. De fil en aiguille, Alice va s’initier aux mystères de la photographie puis du cinéma, d’abord auprès de Frédéric Dillaye puis de Léon Gaumont devenu le nouveau patron de la société Richard qu’il vient de racheter avec deux associés. C’est cette rencontre avec M. Léon Gaumont, industriel et chef d’entreprise pourtant davantage intéressé de faire prospérer ses activités en vendant ses matériels photographiques et/ou cinématographiques qui va enclencher la carrière d’Alice Guy. C’est à lui d’ailleurs qu’elle avouera son désir le plus cher : réaliser elle-même des films…
Mon avis : Alice Guy, pionnière du féminisme avant l'heure, sans vraiment s'en rendre compte mais qui s’y est ralliée tout naturellement, femme déterminée, femme passionnée par un cinéma naissant et majoritairement masculin où elle va néanmoins réussir à se frayer un chemin.
Elle a eu (ou provoqué) la chance de faire ce qu'elle aimait, ce à quoi elle voulait et pouvait accéder tout en restant attachée à l’humanisme.
Elle s’est battue avec intelligence, elle a fait preuve de finesse pour concrétiser ses idées modernistes dans ses engagements y compris dans le cinéma où elle a abordé un peu tous les genres.
Ses nombreux contacts à des moments opportuns incroyables lui ont permis de prendre une part active aux origines du cinéma.
Un scénario de José-Louis Bocquet fluide, agréable, bien documenté.
Cerise sur le gâteau, on y croise des personnages célèbres, Léon Gaumont, Gustave Eiffel, Charlie Chaplin, etc.Le dessin de Catel est aisément reconnaissable : encrage puissant, gros travail de recherche pour restituer les nombreux décors d’époque, soin et précision du détail, mélange efficace de traits horizontaux, verticaux, obliques, courbes, etc. pour créer le mouvement, maîtrise du noir et blanc à l’encre de Chine ou même au bic, agrémenté de touches de gris, par Marie-Anne Didierjean, pour l’évocation du cinéma.
Un dessin faussement simple, très plaisant, très efficace.Résumé FPcas
Avis SDJuan -
LE CRABE AUX PINCES D'OR, Les aventures de Tintin
- Par asbl-creabulles
- Le 22/11/2021
Le Crabe aux pinces d'or - éditions spéciale 80ans
Scénario : HERGÉ
Dessin : HERGÉ
Couleurs : Quadrichromie
Dépot légal : Novembre 2021
Editeur :
Format normal
ISBN : 2-203-00108-9
Planches : 62Cette aventure est parue dans le supplément du Soir en 1940, Le Soir-Jeunesse qui succédait au Petit Vingtième pour la publication des aventures de Tintin.
Pour cause d’occupation allemande, Hergé avait préféré commencer une nouvelle histoire que de continuer Au Pays de l’Or Noir qui aurait été certainement interdit.
Cette édition anniversaire offre une couverture alternative, un très beau papier mettant en valeur l’impression et un dossier de 8 pages.
Je rappelle que cet album est celui qui amène Tintin à rencontrer le fameux capitaine Haddock. Un personnage qui devait être secondaire et qui deviendra l’égal de Tintin pour beaucoup de lecteurs. Son caractère le rendra plus proche.
Un enfant, un adolescent et un adulte liront cet album d’une manière toute différente.
L’enfant aime Milou, rigole avec les Dupondt, pleure avec Haddock, cherche le crabe aux pinces d’or, ne comprend pas tout sur le trafic d’opium. Je pense surtout à l’enfant des années 40-50 et 60.
L’adolescent comprend tout et en 2021 va trouver cette histoire trop simple, je pense. Trop datée aussi.
Une étude serait intéressante.
Et l’adulte que je suis, influencé par la "cancel culture" et autres ligues de (petite vertu) n’a pas pu s’empêcher de s’interroger sur l’impact de l’alcool plébiscité par les Dupondt et Haddock surtout.
Autant cela me faisait rire enfant, autant je m’interroge sur la raison de l’alcoolisme si marqué du capitaine dans une BD destinée aux enfants.
Hergé voulait-il déjà en montrer les méfaits ?
Le capitaine ivre est responsable d’actes dangereux qui se terminent bien, heureusement.
Mais fi de toutes ces réflexions.
Quand une œuvre amène tant de réflexions, c’est le signe de sa richesse.
Quel plaisir de relire et de regarder toutes ces cases qui font rire. 16 pour la première page.Les retrouvailles de Tintin et des Dupondt dans un café en 19 cases (à partir de la 5e case page 2) sont la preuve du génie narratif d’Hergé.
Toutefois la couleur souligne une erreur non visible en noir et blanc.
1ère case, les deux verres de bière des Dupondt sont déjà entamés.
4e case le verre de droite, ok mais le verre de gauche est plein.
7e case, les deux verres des Dupondt sont pleins.
On remarquera aussi que le fond des cases est souvent sobre, parfois une simple couleur.
Ce n’est qu’avec la création du studio, qu’Hergé demandera à ses collaborateurs d’étoffer les décors.
Ici, seuls l’histoire, les personnages et l’humour importaient.
J’arrête, je préfère que vous relisiez l’album.M.Destrée
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PINARD DE GUERRE
- Par asbl-creabulles
- Le 21/11/2021
Scénario : Philippe PELAEZ
Dessin : Francis PORCEL
Couleurs : Francis PORCEL
Dépot légal : septembre 2021
Editeur : Bamboo Édition
Collection :
Grand format
ISBN : 978-2-8189-7913-6
Nombre de pages : 64Homme peu scrupuleux et vénal, Ferdinand s’est fait un nom en vendant son vin de piètre qualité à l’armée. Pour ne pas faire partie des combattants en première ligne, il n’a pas hésité à simuler une blessure. Malgré tout, il va se retrouver au front où il continuera de vanter les qualités de son vin qui stimule les soldats. De fait, avec l’accord de l’État-Major, le vin coule à flot dans les tranchées, agissant comme un stimulant bienfaisant de la force morale. C’est au front que Ferdinand va être amené à accomplir un geste courageux salué par ses compagnons d’arme et qui lui vaudra le respect de tous. Il sauve la vie du soldat Sacha Morvan, danseur de ballet de son métier, qui sous l’effet du vin a cru pouvoir sortir de sa tranchée et narguer l’ennemi...
Mon avis: Le personnage principal, Ferdinand Tirancourt, est aussi le narrateur de cette histoire.
Au fil des pages, sa personnalité se précise et l’on découvre les raisons qui l’ont poussé à devenir un homme dur, profiteur, lâche et violent mais peu à peu tout cela va se déchirer…
Philippe Pelaez distille savamment les indices qui vont lever le voile sur sa véritable nature tout en nous donnant l’occasion de découvrir le contexte et les conditions de vie des soldats durant la guerre des tranchées sur les lignes de front au cours de la Première Guerre mondiale.
L’alcool faisait office de potion magique, donnant courage et détermination à des hommes épuisés et démoralisés.
Un scénario documenté et riche pour une fiction très réaliste qui ne peut laisser indifférent. En tout cas, ce premier tome accroche.Décidément, Francisco Porcel n’en finit pas de nous étonner depuis ses débuts avec Reality Show. Par la suite, Les Folies Bergère, Bouffon, Le Chevalier Brayard, Dans mon village on mangeait des chats, etc. ont régulièrement montré qu’il est à l’aise dans tous les genres avec une constante, l’efficacité de son trait sur les attitudes, les visages, les émotions des personnages…
Pour ce récit historique, on sent un gros travail de documentation sur les costumes et uniformes, les décors, les engins et véhicules d’époque.
La mise en page est soignée, le trait accroche notre regard, les illustrations humanisent le côté atroce de cette guerre.
On notera aussi une sobriété efficace de la mise en couleurs agrémentée de taches couleur vin évidemment …
L’album est enrichi d’un dossier documentaire illustré de 8 pages intitulé "Pourvu qu'on ait l'ivresse" réalisé par Philippe Pelaez.SDJuan
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COMPLAINTE DES LANDES PERDUES (La) Cycle 4 T1
- Par asbl-creabulles
- Le 20/11/2021
Cycle 4, tome 1 : Lord Heron
Scénario : Jean DUFAUX
Dessin : Paul TENG
Couleurs : Bérengère MARQUEBREUCQ
Préface : Jean DUFAUX
Dépot légal : Octobre 2021
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-505-08268-2
Nombre de pages : 62Le long voyage entrepris par Sioban accompagnée de Seamus pour rendre visite à son oncle est sur le point de s’achever. Elle exprime toutefois le souhait de passer par le lac de Nortfangh pour vérifier si la Porte des Gardiens existe réellement. Non seulement elle la voit de ses propres yeux mais constate aussi que des hommes n’hésitent pas à passer marché avec le gardien pour assouvir leur soif de détenir le pouvoir qui se cache derrière la porte en tentant de la franchir par tous les moyens… Plus étrange encore est la révélation que le gardien fait à Sioban sur ses origines, bien plus anciennes que celles des Sudenne sur lesquels pèse une malédiction depuis tant d’années. Et justement, son oncle lui aussi a beaucoup à dire sur ces origines. Il parle à Sioban de son père, le roi Asfar, qui était atteint de folie ainsi que du Cryptos, une créature effrayante enfermée dans les sous-sols d’une tour pleine d’âmes égarées et torturées, attendant la venue du Loup Blanc, le père de Sioban, pour déployer enfin ses ailes. Ce Cryptos appartient à l’ancienne complainte, non pas celle des Sudenne, mais celle des origines, beaucoup plus anciennes... Sioban fait aussi la connaissance de sa cousine Aylissa qui, d’après Seamus, n’a pas toute sa tête. Malgré tout, elles partent ensemble se promener à cheval. Soudain, Aylissa lance son cheval pour sauter par-dessus un profond ravin, la faille de Pathmoor. Elle encourage Sioban à en faire de même mais celle-ci rate son coup et tombe au fond du ravin où le passé va rattraper la Sudenne qu’elle est…
Mon avis : Avec ce nouveau cycle, que l’on peut lire indépendamment des précédents même s’il prolonge le premier, Jean Dufaux nous replonge dans l’univers familial de Sioban, la reine des Sudenne.
Quelle est cette malédiction planant sur la famille sudenne qui semble remonter bien plus en amont, aux toutes premières origines ?
Deux cycles de la même série évoluent donc parallèlement puisque celui illustré par Béatrice Tillier n’est pas encore terminé.
Pour rappel, la série comprend désormais quatre cycles dont deux sont achevés, celui de Grzegorz Rosinski ("Sioban" débuté en 1993) et celui de Philippe Delaby et Jérémy ("Les Chevaliers du Pardon", débuté en 2004).
Restent celui de Béatrice Tillier ("Les Sorcières" entamé en 2015) et celui de Paul Teng ("Les Sudenne"), autant d’artistes de grand talent pour une série hors normes.
Du pur Dufaux au mieux de sa forme, de nouveau confirmé avec ce nouveau cycle dessiné par Paul Teng qui devrait nous apporter des réponses très attendues.
Un tout nouvel album très prometteur pour ce nouveau cycle.
L’intrigue débute fort avec l’évocation de cette porte et de son gardien mais pas seulement.
Dufaux mêle avec habileté créatures maléfiques, magie blanche et sorcellerie, chevaliers de tous poils et personnages distillant mystère et ambiguïté.
Nombre de secrets sont encore bien cachés et les lever va en coûter plus qu’il n’en faut.
On est heureux de retrouver cette saga née il y a près de 30 ans et devenue une pièce maîtresse de la BD franco-belge d’heroic fantasy qui devrait combler un public tout acquis.En charge de la partie graphique, Paul Teng que je découvre à chaque fois dans des styles différents n’arrête plus de m’épater.
Il avait déjà attiré mon attention avec la série historique Shane à la fin des années 90. Plus récemment, j’avais pu apprécier son travail d’auteur complet sur la série western Delgadito entièrement illustrée en N&B et tout dernièrement j’ai apprécié son retour à l’histoire avec Le Pape et le Peintre, ce qui m’a permis de revoir le beau travail des couleurs de Dina Kathelyn.
Le voici donc aux côtés de Jean Dufaux sur un nouveau style de BD. Et il a relevé le défi d’une manière positive.
Il a su s’imprégner des personnages avec ses propres traits, son propre style sans chercher à copier Rosinski.
On peut dire que chacun des dessinateurs de la série y aura apporté sa griffe, et quelles griffes !L’album est éloquent car le résultat est bien là, à travers un beau travail de recherche vestimentaire, des paysages naturels (voir la troisième planche d’illustration ici) et des décors soignés et travaillés, de belles scènes de combat, des chevaux particulièrement réussis et une créature … mais n’en dévoilons pas trop.
Le dessin est largement mis en valeur et en lumière par les couleurs de Bérangère Marquebreucq.
L’album comporte une longue préface de Jean Dufaux qui constitue un résumé des autres tomes parus jusqu’à présent.SDjuan
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WEST LEGENDS 5
- Par asbl-creabulles
- Le 19/11/2021
Tome 5 : Wild Bill Hickok, Forty Bastards
Scénario : JARRY
Dessin : LACI
Couleurs : NANJAN J.
Dépot légal : Octobre 2021
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-302-09196-2
Planches : 58Cette fois, Wild Bill Hickok a décidé de raccrocher. Le départ vers un havre de paix et de repos est imminent. L’ancien shérif quitte enfin le Kansas à bord d’un train mais dès le départ, la tension est tangible entre plusieurs voyageurs même si certains se connaissent déjà. Tous ont une raison personnelle de faire ce voyage. Au moment où les choses deviennent explosives entre deux passagers qui en sont venus aux mains, des vitres se brisent sous l’impact de balles. Mais le pire est encore à venir… Soudain le train déraille et bascule dans le talus. Les survivants se retrouvent livrés à eux-mêmes dans une région hostile. Pour survivre ils vont devoir se serrer les coudes. Certains s’efforcent de s’organiser pour se protéger contre le froid et les animaux sauvages, des loups et des ours entre autres. De plus, il n'est pas bon de rester sur place à attendre que les secours arrivent lorsqu’on est ainsi isolé en territoire indien. Mais surtout, parmi eux se trouve Wild Bill Hickok … que les hommes du Capitaine Custer ont pris en chasse pour une histoire de vengeance, bien décidés à le tuer ainsi que tous ceux qui se trouveraient sur leur chemin…
Mon avis : Le frère du bien connu général George A. Custer veut en découdre avec Wild Bill Hickok.
Pour ce nouvel épisode qui retrace une tranche de vie de notre héros du jour, Nicholas Jarry nous met directement dans l’ambiance de la vie à la grande époque de l’Ouest américain, au milieu du 19e siècle.
Une vie difficile dans des contrées souvent hostiles et où tout ne tenait souvent qu’à un fil, le mélange des classes sociales et des origines ne faisant qu’aggraver les tensions au sein des communautés humaines.
Le scénariste a parfaitement travaillé les rapports sociaux.
Il capte notre attention dès les premières pages et la retient en multipliant les rebondissements et retournements de situation.
Une poursuite infernale s’engage qui va se poursuivre tout au long d’un album nerveux et captivant faisant de la série West Legends l’une des plus intéressantes du marché, à coup sûr pour tous les amoureux et fervents admirateurs du western.
Au dessin, Laci nous offre de belles illustrations grâce à son trait fin, soigné et globalement dynamique.
De très beaux décors de l’Ouest américain y compris sous la neige, des personnages – en grand nombre – bien typés (costumes, classe sociale, race, etc.), expressifs et facilement reconnaissables pour une lecture fluide.
Un bon choix de plans et cadrages.
Un bel équilibre des cases et des pages.
Un soin particulier apporté aux détails.
Bref, un travail de qualité comme il sait nous en offrir.SDJuan
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ROBILAR OU LE MAISTRE CHAT 3
- Par asbl-creabulles
- Le 19/11/2021
Tome 3 : Fort Animo
Scénario : David CHAUVEL
Dessin : Sylvain GUINEBAUD
Couleurs : LOU
Dépot légal : Septembre 2021
Editeur :t
Collection : Conquistador
Grand format
ISBN : 978-2-413-03789-7
Nombre de pages : 64C’est l’exaspération parmi les animaux de la ferme. Ils ne supportent plus d’être considérés uniquement comme de la viande pour le prince et son peuple. La révolte est en route menée par le cochon Justin et le canard Vincent Charles, alias V.C. Il est hors de question de continuer à finir dans les assiettes des hommes. De plus, ils s’estiment méprisés car leurs noms d’animaux servent d’injure ou d’insulte. Ils sont à bout de nerfs. Et s’il faut faire des prisonniers humains, eh bien soit ! Et c’est ainsi que le père Riblon et son épouse se retrouveront pris en otage. Certains sont même prêts à prendre les armes pour se défendre... De son côté, le prince n’en peut plus d’être réduit à ne manger que des fruits et légumes. Il ne supporte pas ce régime végétarien et va donc charger le chambellan Robilar d’aller raisonner les animaux de la ferme au plus vite et de trouver une solution à cette crise!
Mon avis : Même si par son aspect plus sombre ce troisième tome nous fait penser à une certaine révolte des animaux de la ferme dans un château…, je dois dire que je me suis régalé, pas des animaux évidemment, mais de l’humour corsé de Chauvel tout au long des aventures rocambolesques de notre ami Robilar, alias le Maistre Chat, qui nous quitte avec ce dernier tome.
Dommage, je m’attachais de plus en plus à ce chat jouant le rôle de "Monsieur bons offices" entre les hommes et les animaux et auquel tout pouvait arriver.
Chauvel nous a offert une version plus noire et complexe d’un conte bien connu, soulignant les travers et défauts des hommes tout en conservant à son récit un côté plaisant par le biais de dialogues piquants et de situations réjouissantes.
Une lecture divertissante et enrichissante durant laquelle l’empathie fonctionne… on en deviendrait presque végétarien…
Sylvain Guinebaud illustre ce monde animalier avec brio.
Ses animaux sont réussis, particulièrement expressifs, quasi humains dans leur comportement, leurs attitudes, leurs réflexions, etc., ils prennent vie sous nos yeux.
On retrouve toutes ces émotions chez Robilar tantôt fier, tantôt drôle puis soudainement dépité.
Ajoutons une richesse des costumes et décors tous soignés et travaillés, l’ensemble bénéficiant de la part de Lou d’une mise en couleurs très plaisante donnant de la vie et de la consistance au récit.
Une très belle série animalière.SDJuan
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CAROLINE BALDWIN "Entre 16&17"
- Par asbl-creabulles
- Le 17/11/2021
(Tome 20) "Entre 16&17" : Double Dames
Scénario : Johanna et André TAYMANS
Dessin : André TAYMANS
Couleurs : André TAYMANS
Dépot légal : Septembre 2021
Editeur : Éditions du Tiroir
Format normal
ISBN : 978-2-931027-35-6
Nombre de pages : 48Haute-Savoie, aux environs de Lullin et Bellevaux. Officiant comme guide accompagnatrice en randonnée, Roxanne est impatiente de revoir Caroline … mais c’était sans compter avec les caprices de la météo, en l’occurrence une tempête de neige sur Montréal. Aucun avion ne pouvant décoller ou atterrir, son amie est empêchée de la rejoindre comme prévu. Son rendez-vous du jour ayant été annulé, Roxanne décide malgré tout de chausser ses raquettes pour une balade sur les dernières neiges de printemps. Au détour d’un chemin, elle croit reconnaître Carlos, l’un de ses deux clients. De retour à l’hôtel, la police annonce que le corps de Félix Marchand, un homme célibataire et sans enfant a été repêché dans le lac de Vallon. Roxanne est d’autant plus surprise que cet homme, son second client, s’était présenté comme le père de Carlos. Plus étrange encore, un habitant du coin parle de choses étranges au fond du lac durant la nuit. Il affirme y avoir vu des lumières sous-marines, près des ruines englouties…
Mon avis : Après une longue interruption, suivie d’une reprise chez Paquet, André Taymans nous propose un album original dans son contenu et sa numérotation "Entre 16&17" intitulé Double Dames.
C’est avec plaisir que l’on retrouve Caroline Baldwin même si cet album met davantage en avant son amie Roxanne.
Caroline nous a manqué.
En fait, elle n’avait pas complètement disparu car André Taymans nous montrait çà et là quelques pages de projets en cours.
Ayant enfin récupéré auprès de Casterman tous ses droits sur la série, il a pu avec l’aide de sa fille Johanna reprendre quelques histoires jusqu’ici restées en suspens.
En fin d’album, il explique lui-même l’origine de cette collection atypique "Entre deux".
Le premier de ces récits s’intercale donc entre les tomes 16 et 17.
Le lien avec le 16 est bien amené et l’intrigue peut commencer.
De fil en aiguille, Roxanne, la meilleure amie de Caroline, se lance à la recherche d’un disparu et les investigations vont aller bon train, sans jamais laisser de temps mort, avant même l’arrivée de Caroline. Mais va-t-elle arriver à temps ?
Une enquête claire, sans prises de têtes et qui fait mouche.
Chaque pierre est apportée à l’édifice, sans oublier le coup de théâtre final bien amené.
On reconnaît tout de suite l’univers de Caroline à travers le trait si caractéristique de son dessinateur.
André Taymans a imposé sa griffe, une ligne claire et précise dans les traits de ses personnages, les décors nombreux et variés et la mise en scène de l’histoire.
Un dessin clair et net bénéficiant d’une mise en couleurs parfaitement adaptée aux divers propos et situations. On attend avec impatience les prochains "entre deux" qui se situeront entre les tomes 6 et 7.Album également disponible en deux tirages spéciaux avec couverture inédite et frontispice numéroté et signé représentant Caroline (l’un réservé aux contributeurs Ulule tiré à 300 exemplaires et l’autre à 1000 exemplaires).
SDJuan