Chroniques

Tome 11 : 1955 - 1956
Scénario : Maurice TILLIEUX
Dessin : Maurice TILLIEUX
Dépot légal : Octobre 2020
Editeur : Éditions de l'Élan
Collection : Félix
ISBN : 978-2-931072-01-1
Planches : 190

Une belle aventure se termine avec ce nº 11 de l’intégrale des récits des aventures de Félix parus dans Héroïc-Albums en 1955 et 1956.

Daniel Depessemier a tenu sa promesse.
Pendant 5 ans, régulièrement il nous offrait un album de toute beauté.
Bruno Senny, le réalisateur graphique (un véritable orfèvre, un remarquable enlumineur) a travaillé sur toutes les pages parues dans la revue voilà plus de 70 ans pour nous offrir des planches uniques sans défaut.
Jamais elles n’ont été aussi belles. Merci !
Dans ce 11e volume, un épais dossier présente chaque histoire (écrit comme d’habitude par Daniel Depessemier). Ensuite Étienne Borgers signe "Félix globe-trotter".
Et enfin comme François Walthéry avait repris le scénario d’une des histoires pour dessiner un album d’Ange Signe, c’est son interview avec D.D. et E.B. qui clôture ces 35 pages passionnantes.Place à l’intégrale Félix proprement dite qui commence avec les Programmes non-stop (strip de 2 ou 3 cases) mettant en scène les personnages et permettant de patienter comme les récits ne paraissaient pas chaque semaine dans la revue.
Ensuite la belle couverture couleur en fac-similé de l’édition originale.
Et le récit "Le phare de la mort" du mercredi de la 34e semaine de l’année 1955 : sur 12 pages et demie.
Le capitaine de la Mouette en amenant deux gardiens au phare des trépassés pour la relève découvre les deux gardiens précédents pendus.
Félix, Allume-gaz et Cabarez passeront une nuit sur le phare pour résoudre ce mystère.
Et c’est dans le numéro de la 38e semaine que l’enquête du phare sera clôturée.
Chaque album présentait 6 histoires.
Celui-ci étant le dernier en contient 7 et aussi 14 pages de programmes non-stop (un vrai récit) entre les deux dernières.
Un bon gros volume pour notre plaisir.
Quelle évolution dans le dessin depuis le premier récit de 1949 dont le trait était influencé par Hergé et ce dernier dessiné en même temps que le premier Gil Jourdan.
Félix, Allume-gaz et Cabarez devenaient Gil, Libellule et Croûton et seraient les héros du chef-d’œuvre de Tillieux mais c’est une autre histoire.
La mise en situation, le problème et la résolution devant se contenter de 12 pages pour les enquêtes de Félix, il était souvent difficile pour Tillieux de terminer en un seul épisode et l’histoire se continuait quelques semaines plus tard d’où les strips intermédiaires qui étaient souvent propices pour des gags mettant en scène Allume-gaz et Cabarez.
Les explications sont nombreuses dans ces aventures et les phylactères remplissent parfois presque toute la case. Heureusement, un grand dessin apparaît parfois.
Les intrigues sont proches des films noirs de l’époque. Trafics, vols, contrebande... Comme Héroïc-Album était destiné à un public plutôt adolescent, Tillieux ne se gênait pas pour illustrer des scènes presque gore, macabres, sensationnelles où la mort était souvent présente.
Ces aventures ont entraîné nos héros un peu partout dans le monde.
Personnellement, je préfère celles se passant en France.
En tout cas, il est évident que c’est un classique de la BD belge qui vient de trouver là un admirable écrin.
Tous ces dos aux couleurs différentes orneront nos bibliothèques et s’y reposeront entre nos relectures nombreuses.
Merci aux ÉDITIONS DE L’ÉLAN!

M. Destrée

Entretiens : Christelle et Bertrand PISSAVY-YVERNAULT & Philippe FRANCQ
Dessin : Philippe FRANCQ
Couleurs : Philippe FRANCQ
Dépot légal : Octobre 2020
Editeur :
ISBN : 979-10-34753-59-8
Nombre de pages : 168

Encore une fois Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault nous offrent un beau livre de qualité. Ils se sont entretenus du 17 au 19 janvier 2020 avec Philippe Francq.
Et il en résulte ces 168 pages d’entretiens très complets.
En le lisant vous connaîtrez tout, ou à peu près tout, sur cet auteur si méticuleux.
De ses débuts avec Des villes et des femmes et Léo Tomasin" à la consécration avec Largo Winch.
Vous aurez même la surprise de découvrir une page terminée du 23e album.
Vous suivrez ses influences, ses techniques, ses collaborations avec ses scénaristes et surtout vous apprendrez tout sur sa façon de travailler, qui est exceptionnelle de précision et de recherche.Les auteurs ont eu la bonne idée d’insérer les documents au fur et à mesure de la conversation. Ainsi vous pouvez mieux comprendre les interventions sans devoir feuilleter les 22 albums à chaque commentaire d’une case, d’une planche ou d’un livre.
L’iconographie est très agréable et variée. Ce livre se lit avec plaisir sans aucune lassitude.
Personnellement, je comprends mieux pourquoi un album de Largo Winch est si beau. La réponse est dans ce volume. Deux indices : la luminosité et le choix des couleurs.

M. Destrée

Scénario : Patrick PRUGNE
Dessin : Patrick PRUGNE
Couleurs : Patrick PRUGNE
Edition : Daniel MAGHEN
ISBN : 978-2-356-74086-1
Dépot légal : Août 2020
Nombre de pages : 96

Juin 1758, en pleine Guerre de Sept Ans qui oppose l’Angleterre et la Prusse à la France et une coalition d’alliés sur le sol européen mais aussi aux Indes et sur les territoires du Nouveau Monde. Le milicien canadien Jean Malavoy s’est mis sous le commandement de l’armée française pour défendre le Fort Carillon (au cœur du conflit entre la colonie britannique de New York et la colonie française du Canada ou Nouvelle-France), face à une armée anglaise bien décidée à conquérir la région. Mais Malavoy a une motivation bien plus forte: la vengeance depuis qu’un grizzly a tué sa mère il y a quelques années déjà. Aussi lorsqu’il apprend que l’animal a été récemment aperçu, il choisit de déserter malgré les conséquences que son geste pourrait avoir auprès d’autres soldats. Il connaît bien ces territoires et se lance aussitôt sur la piste de l’animal… sauf qu’ils sont aussi le théâtre d’une guerre et surtout ceux des Amérindiens dont certaines tribus sont très hostiles. Alors qu’il progresse dans cette forêt, les Iroquois ralliés aux Anglais déciment sous ses yeux une patrouille française à l’exception d’un soldat que Malavoy va réussir à sauver de l’attaque surprise. Mais il sait qu'il ne doit pas perdre de vue son but: traquer le grizzly.Mon avis : Patrick Prugne nous fait vivre une nouvelle fois, pour notre plus grand plaisir, une grande aventure, essentiellement humaine, sur fond d'histoire avec un grand H puisqu'il s’agit de la Guerre de Sept Ans. La tension entre les troupes combattantes est bien présente à travers ce choc des cultures que Patrick Prugne maîtrise parfaitement.
Les principaux protagonistes sont de véritables forces de la nature, soldats anglo-écossais et leurs alliés Iroquois sans pitié; Jean, ce trappeur aguerri et "coureur des bois" (indépendant pratiquant le commerce avec les Amérindiens); et enfin ce grizzly qui revient dans la région comme pour défier cet humain auquel il s’est confronté en tuant un membre de sa famille.
Patrick Prugne se libère du récit historique, qu’il évoque en introduction et dans un gros cahier graphique en fin d’ouvrage relatant la bataille de Fort Carillon de juillet 1758, pour mieux se concentrer sur Jean et sa quête personnelle.
Un récit complet passionnant, une belle aventure confirmant la passion de l'auteur pour une nature d’exception et les Amérindiens.Mais s'il y a bien une chose qui frappe et séduit chez Patrick Prugne, ce sont ses albums, ses couvertures, ses pages, ses cases, autrement dit sa marque de fabrique, sa griffe. Chaque case, chaque page, chaque double page est une petite merveille en soi. Et d’ailleurs, un simple regard n’est pas suffisant. Une fois la lecture achevée, je vous conseille de prendre le temps de refeuilleter l'album pour contempler et scruter ses illustrations.
Personnages, occidentaux ou amérindiens, et leurs costumes, paysages et décors naturels forestiers, de montagne, de rivière, même les scènes plus dures ou d’action, tout est travaillé, détaillé et colorié à l’aquarelle ou au lavis avec un léger contour en trait fin. Tout est fait pour éviter la monotonie, les couleurs changent, les brumes, les effets de lumière dont il a le secret, les flous nous forcent à modifier notre regard.
Les animaux sont magnifiquement représentés, de manière naturelle et vivante. C’est très convaincant, notamment lorsque le grizzly attaque.
Un rendu de toute beauté auquel il nous a souvent habitués avec ses précédents albums notamment Canoë Bay en 2009, Frenchman en 2011, Pawnee en 2013, Iroquois en 2016, Vanikoro en 2018 pour un merveilleux moment de lecture.
Pour tous les amateurs de beaux livres et de récits combinant aventure, histoire et art.De plus, pour ceux qui sont passionnés par l'histoire des Amérindiens, vous pourrez trouver quelques superbes illustrations de Patrick Prugne dans le Figaro Histoire n°51 intitulé "Dans l'engrenage des guerres indiennes, l'affrontement sans merci".
A lire. 

SDJuan

Tome 2 : La Serpe d'Or
Scénario : René GOSCINNY
Dessin : Albert UDERZO
Couleurs : <Quadrichromie>
Dépot légal : novembre 2020
Editeur : Hachete
ISBN 978-2-01-400123-5 
Nombre de pages : 84

Les Astérix doivent être les albums que j’ai le plus lu.
Et à chaque fois, le charme opère.
Il me semble avoir découvert celui-ci dans l’arrière-salle d’un café de mon village d’enfance, chez une cousine éloignée.
On papotait, des copains et copines passaient et il y avait La Serpe d’Or...
J’avais 10 ans je pense.Et le voici dans la collection Luxe au prix très démocratique.
Cette collection offre en grand format le récit avec les couleurs de la grande collection, un dossier très épais avec des inédits mais parfois complaisant dans les analyses sémantiques et enfin ce qui m’attire le plus : toutes les planches en fac-similé.
Déjà le 7e volume de cette collection du duo Goscinny-Uderzo.Un petit résumé :Panoramix casse sa serpe!
Catastrophe! Il ne pourra rejoindre l’assemblée annuelle des druides dans la forêt des Carnutes.
Astérix se propose d’aller en acheter une à Lutèce chez Amérix, le meilleur fabricant de serpes.
Comme c’est un petit cousin d’Obélix, celui-ci est du voyage.
Parcours agrémenté de quelques brigands et barbares avant de pénétrer dans Lutèce où Amérix est introuvable.
Nos deux amis commencent une enquête pleine de rebondissements et de gags.Si le dessin d’Uderzo est déjà mieux maîtrisé que dans le premier album, on constate qu’il est toujours à la recherche du dessin idéal (comme preuve, les nombreuses taches de crayon sur les fac-similés qui en font le charme d’ailleurs).
Mais il acquerra très vite le trait précis et minutieux qui fera que les planches originales seront sans aucun défaut par la suite.
Goscinny, lui est déjà le meilleur scénariste d’humour de l’époque, et le scénario des albums suivants sera chaque fois d’un cran supérieur.

Je termine en vous confiant que c’est dans mes vieux albums originaux que j’ai le plus de plaisir à relire les aventures d’Astérix et Obélix. (Il en manque trois, hélas).

M.Destrée

Tome 2 : Les Marguerites de l'hiver
Scénario : Xavier DORISON
Dessin : Félix DELEP
Couleurs : Félix DELEP
Edition : 
ISBN : 978-2-203-17250-0
Dépot légal : Novembre 2020
Nombre de pages : 55

Même si Miss B ne cesse de travailler dur en cette période hivernale pour gagner le droit d’acheter du bois qui permettra à ses enfants d’être au chaud, sa situation ne fait qu’empirer. Au château, ce sont les plus faibles et les plus petits qui doivent littéralement se saigner pour espérer survivre. La dernière révolte initiée par le rat Azélar auprès du petit peuple s'est terminée dans le sang. Azélar a bien failli y laisser sa peau. Miss B est déterminée à poursuivre sa petite révolution quitte à la mener seule face à la dictature du taureau Silvio et de son impitoyable milice canine toujours prête à la capturer pour la conduire devant leur Président. Alors que sa situation est devenue des plus préoccupantes, Miss B va finir par trouver du soutien auprès d’autres animaux. C’est ainsi que va naître le mouvement des Marguerites qui se veut non violent. Pour cela, elle va astucieusement leur faire comprendre que si Silvio et ses sbires s’acharnent à enfermer les "petits" et les faibles, qui se chargera de rapporter du bois au château ? Comment feront-ils pour survivre sans toutes ces petites mains ? Une révolution douce, sans violence est en route...Mon avis : Au scénario, Xavier Dorison nous offre une narration travaillée, réservant son lot de surprises et de rebondissements.
La "gentille" mais efficace petite révolution engagée et entretenue par Miss B et ses amis face à la tyrannie de Silvio commence à porter ses fruits.
On retrouve avec plaisir cet habile mélange de manipulations et de traîtrises, d’alliances et de désunions, d’affrontements, le tout agrémenté d’une bonne dose d’esprit de famille et d’amitié qui font de cette série un véritable enchantement.
Notre empathie est de plus en plus sollicitée à mesure que l'on tourne les pages et on ne peut que s'attacher à Miss B et aux animaux oppressés derrière lesquels on devine une belle critique des régimes dictatoriaux, largement inspirée de La Ferme des Animaux de George Orwell ! Mais dans cette dystopie ce ne sont pas les humains qu'il faut chasser mais bien d'autres animaux.
A noter pour ce deuxième tome, une nette amélioration du lettrage qui en adoptant une taille raisonnable rend la lecture beaucoup plus aisée.Côté dessin, on sent une belle évolution dans le travail de Félix Delep qui nous avait déjà fait une bonne impression sur le tome 1.
Il travaille davantage ses traits d'encrage et ses couleurs et on le sent plus à l'aise dans le choix de ses cadrages. 
Et toujours de très beaux décors moyenâgeux ainsi qu’un très bon rendu des ambiances et des émotions à travers les poses, les attitudes, les visages des animaux.
La tension est presque palpable tout au long de l'album. 
Casterman et Dorison ont eu du flair (c’est normal !) en confiant l’illustration de ce Château des Animaux à Delep. 

Très belle histoire, très belle couverture et très beau dessin pour une série à mettre entre toutes les mains. 

SDJuan

Tome 9 : Le Sonomètre
Scénario: François CORTEGGIANI
Dessin: Dirk STALLAERT
Couleurs: Quadrichromie
Editions Standaard
Collection : Classic Blue
ISBN : 978-90-02-02667-6
Dépot légal : novembre 2020
Nombre de pages : 54
A noter :  cahier de 8 pages présentant la genèse par Willy Vandersteen.

Enfant, je découvrais Lambique, Bob et Bobette dans un recueil du journal Tintin au milieu de l’aventure intitulée "Le gladiateur mystère".
Pas de début, pas de fin. Je devrai attendre une vingtaine d’années pour lire enfin l’histoire complète.
Entretemps, j’avais appris à mieux connaître cet univers que j’aimais beaucoup au travers des albums rouges.
Ah, Jérôme et Lambique, mes personnages préférés.
Actuellement, j’avoue que j’ai difficile à en relire un.

Willy Vandersteen publia les aventures de ses personnages dans le magazine Tintin.
Mais les ordres d’Hergé étaient stricts: pas de Sidonie ni de petit Jérôme, un dessin plus réaliste et un scénario plus sérieux.
Ces aventures feront partie de la fameuse collection bleue.
Il y en aura 8.
Vandersteen avait dessiné quelques cases d’une neuvième histoire: "Le sonomètre".
60 ans plus tard, la voici en album, imaginée par François Corteggiani.
La genèse de cette aventure est expliquée dans un dossier illustré des fameuses cases, en fin de récit.
Le livre est très agréable à feuilleter. Quel beau papier épais d’excellente qualité pour le rendu des couleurs et du noir. Nos voisins du Nord pourraient le conseiller à tous ces éditeurs qui continuent à publier des albums sur du papier fin, transparent aux couleurs ternes et noirs délavés.
Dirk Stallaert s’applique à s’approcher du style du maître mais quand on compare avec les fameuses cases...L’histoire :
Un facteur distrait apporte à Lambique, un colis destiné à un certain professeur Tellenbol.
Bob et Bobette qui rendent visite à leur ami l’accompagnent pour restituer le paquet.
Et nous découvrons un savant qu’on pourrait croire sortir d’une aventure de Tintin (ce qui n’était pas le cas avec l’original).
Il a inventé un appareil capable de capturer les sons.
Mais cette invention est venue aux oreilles de certains ressortissants asiatiques.
Et l’inventeur sera capturé.
Nos amis font le voyage jusqu’au Japon pour retrouver le professeur.
Étrange affaire Tournesol (oups Tellenbol).
Je ne me suis pas beaucoup amusé avec ce sonomètre, même plutôt ennuyé avec ces longues explications scientifiques dignes d’un Blake et Mortimer.
Pas certain qu’un enfant y trouvera son bonheur.

M. Destrée

Tome 6 - Shalin (deuxième partie)
Scénario : Fabrice DAVID et Eric BOURGIER
Dessin : Eric BOURGIER
Couleurs : Eric BOURGIER
Editeur :
Dépot légal : Novembre 2020
ISBN : 978-2-302-09079-8
Nombre de pages : 65 

Mille ans après la fondation du royaume des Fils de la Terre, la tension est à son comble dans la cité de Shalin, perdue en plein désert. C’est là que tout va se jouer. Les diverses troupes n’en peuvent plus d’attendre. L'affrontement entre Adek et Terdak-Le-Sec est devenu inévitable alors même que leur alliance était leur force. La sècheresse qui sévit n'arrange rien tant du côté d’Othar de Vériel qui veut accélérer l’attaque contre les Fils de la Terre, que de celui du roi Riben d’Arkanor qui va devoir forcer ses troupes à se déplacer, malgré la menace des Mounths, sachant qu'il y aura de lourdes pertes humaines en chemin. Fl'Ar, Anda et les Fils de la Terre doivent tenir bon malgré les attaques répétées de l’ennemi et unir leurs forces pour cette ultime bataille. Le destin des Iccrins, des renégats Drekkars, des esclaves Riddraks, des Fils de La Terre, sans oublier celui de Kiriel, Fl'ar et Riben et du royaume tout entier se joue ici. Toutes ces troupes de guerriers s’apprêtent à donner leur dernier effort car il faut à tout prix protéger le roi Riben. Et il ne peut plus être question de servitude alors que les renforts risquent bien de ne pas arriver à temps. Tout va donc se jouer à Shalin.Mon avis : "Servitude" est bien l’une des meilleures séries qu'il m'ait été donné de lire ces dernières années… car même si ce dernier volume me semble beaucoup moins épique que le précédent (à l’origine prévu pour être le dernier de la série), c’est sûr et certain "Servitude" sort largement du lot.
Proposer une série d'heroic fantasy où le lecteur ne fait qu'entrapercevoir les dragons et les êtres supérieurs était un pari risqué mais il s’agit d’un choix voulu dès le début par les créateurs Fabrice DAVID et Éric BOURGIER. Et cela a marché !
Le titre s’est aussitôt révélé efficace, accrocheur, presque addictif … malgré une "longue" attente entre chaque album… son (gros) point faible et en même temps son gage de qualité – deux années entre le premier tome paru en 2006 et le deuxième en 2008, puis trois années pour les suivants, c'est dur, très dur de s'y replonger sans devoir tout relire … – c'est peut-être voulu ainsi.
Ce dernier tome achève donc cette grande aventure de manière toujours aussi bien menée, avec cette même qualité, cette même richesse qui ont fait le succès de la série dès le début. Côté dessin : chaque case est une merveille de réalisme. On est ébloui par le choix des angles de vue et l’excellence de la mise en page qui s’apparente à l’art cinématographique. La puissance, l’énergie qui se dégagent des dessins m’ont toujours littéralement bluffé.
J’avais déjà été fortement impressionné par la première collaboration de David et Bourgier sur "Live War Heroes", et savoir la série Servitude terminée me fait m’interroger sur ce qu’ils pourraient nous offrir à présent, car la barre a vraiment été placée très haut.
Saluons aussi la qualité de la mise en couleurs indissociable de la réussite du projet tant en ce qui concerne les très nombreux personnages que les magnifiques décors.
Vous l'aurez compris, je suis fan de leur travail et ne peux que vous conseiller la série. De plus, pour les fêtes qui arrivent, elle est actuellement disponible sous forme de deux coffrets ! Bande de chançards. 

SDJuan

Tome 2 : Petit Hanneton
Scénario: YANN
Dessin: Olivier SCHWARTZ
Couleurs: HUBERT, Isabelle MERLET
Editions
ISBN : 979-10-34737-98-7
Dépot légal : Octobre 2020
Nombre de pages : 54

Aux Editions Dupuis, je suis déjà fan d’un autre détective, Jérôme K . Jérôme Bloche (Alain Dodier), pour ne point le nommer.
Voici bien des années, je l’avais déjà été, toujours chez le même éditeur, de Gil Jourdan (Maurice Tillieux), j’y reviendrai.
Et me voici tombé en extase, si je puis m’exprimer ainsi, devant une nouvelle série mettant en scène un jeune détective et sa sémillante agence, dans le Paris d’après-guerre, le Paris exaltant des années 50.
Si Jérôme et Gil sont des détectives français, Atom Vercorian, comme son nom nous le laisse supposer, est d’origine arménienne.
Son père, Tigran, commissaire à la Police judiciaire, ancien résistant, ancien de la 2e DB, est un membre éminent de la diaspora (communauté) arménienne dont les auteurs nous font découvrir les us et coutumes, les traditions hautes en couleurs, au travers de fêtes familiales truculentes.
Cette série est véritablement jubilatoire, elle mêle Histoire, fin du Second Conflit Mondial, aventures policières dans un Paris bouillonnant et populaire, où l’on retrouve les zincs des bistrots, où l’on revit, où l’on fait ribouldingue, où, dans les quartiers chauds comme Pigalle, on tente d’oublier les années de plomb qui viennent de défiler.Capitale française de la guerre des polices, entre P.J. et Sûreté de l’État, des marlous et des fleurs de pavé, de la guerre que se livrent entre eux les truands pour marquer leur territoire, où se mêlent des destins qui se sont croisés puis honnis au gré des événements et des personnalités des protagonistes.
Tigran Vercorian, le commissaire et Paulo Leca, le truand, par exemple, ont été amis dans le Maquis mais ont pris des chemins bien divergents… quoique…
Atom, le fils adoré de son père, est respectueux des traditions et de sa culture d’origine mais souhaiterait malgré tout pouvoir choisir la compagne qu’il aimera, qu’elle soit arménienne ou non !
Il dirige une fine équipe, avec une jolie secrétaire, Mireille (Mimi) dont le chatoyant langage argotique fait irrémédiablement penser à Arletty et un ancien catcheur, Jo « La Toupie », quelque peu diminué par les nombreux combats qu’il a pu disputer mais qui en a gardé tout de même une belle force de frappe et de persuasion.
Atom a deux petites sœurs, deux pestes, deux furies, autant adorables qu’exténuantes.

Je l’ai écrit plus haut, cette série, cet épisode, sont jubilatoires, alliant un savoureux mélange de réalité et de joyeuse fiction, ponctués d’une foule de clins d’œil et de détails que les auteurs s’amusent à nous faire deviner. Quel plaisir d’y retrouver, dans des flashbacks drôlement bien incrustés, des personnages tels que Jean Moncorgé (Gabin) et Jean Alfred Villain-Marais (Jean Marais) qui, jeunes comédiens, ont réellement combattu chacun à leur manière.
Quelle joie aussi de découvrir des figures intégrées à l’enquête mais qui furent des mythes de la BD franco-belge, l’Inspecteur Croûton en Krutonian, mais aussi Gil Jourdan et Libellule aperçus au détour d’une case et même les fameux Pieds Nickelés !
 
Les dialogues mêlant français, argot, jurons ou expressions arméniens sont délectables à souhait, littéralement savoureux.
Le dessin d’Olivier Schwartz est sec, au couteau, ses tronches sont ciselées, mais ses femmes de petite vertu sont délicieusement et coquinement croquées et Mimi, à qui il ne faut pas en conter, est bien troublante.
Le scénario de Yann est riche, foisonnant, et multiplie les références, encore faut-il les découvrir.
Dans un épisode, pas toujours rigolo en soi, au vu du contexte, on parvient pourtant à rire de gags savamment saupoudrés, gags visuels surtout, l’ensemble est drôlement bien charpenté, on rit, on tremble et parfois on aurait même envie de pleurer.
Je ne saurai sans doute jamais si ce fut volontaire de la part du scénariste, mais on y trouve même une coquille ! Pour tester notre acuité visuelle, notre concentration ??
Nos héros interrogent un personnage qui fut l’amie du « Petit Hanneton » disparu.
Cette jeune femme est devenue guide au Musée de l’Armée.
Elle fait référence à un « soldat américain capturé » et qui a fait des confidences au sujet de la disparue, on peut aisément s’imaginer qu’il s’agissait en fait d’un « soldat allemand ».
Corneguidouille !!
En résumé, un album décapant, décoiffant, développant mille trouvailles, réussissant le mix parfait aventures policières, faits de guerre, humour, tendresse et vacheries, humanité et son contraire.

A recommander, à lire et à relire si vous possédez déjà le Tome 1 (Les Bijoux de la Bégum).

Pour Créabulles asbl  

Bernard Defrère

Info Créabulles: Album également disponible en édition spéciale (dos toilé rouge, couverture inédite, tirage limité à 700 ex.) dans les librairies La Parenthèse (Liège), Brüsel (Bruxelles) et Krazy Kat (Bordeaux).