Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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SPIROU et FANTASIO 56 LA MORT DE SPIROU
- Par asbl-creabulles
- Le 01/09/2022
Tome 56 - La mort de Spirou
Scénario : Sophie GUERRIVE et Benjamin ABITAN
Dessin : Olivier SCHWARTZ
Couleurs : Alex DOUCET
Dépot légal : Août 2022
Editeur :
Format normal
ISBN : 978-2-8001-7383-2
Nombre de pages : 57Spirou, Fantasio et Spip remballent leurs affaires après avoir passé une nuit dans un camping situé à Champignac, non loin du domaine du comte, sous une tente inventée par Fantasio. Ils décident de passer saluer le comte avant de rentrer chez Dupuis où se poursuivent les préparatifs de la fête devant commémorer en grandes pompes le 100e anniversaire des éditions Dupuis. Sur la route, Spirou décide de lire la presse sur sa tablette et tombe sur l’enquête spéciale réalisée par Seccotine sur la cité sous-marine de Korallion. Rapidement, Spirou soupçonne qu’il se passe quelque chose d’étrange. Seccotine n’aurait jamais écrit un texte de cette nature. Il s’agit clairement d’une pub pour attirer les touristes. Ce n’est pas du tout son genre. De plus, Fantasio croit reconnaître Zorglub sur une photo. En fait il s’agit d’un certain Buzz Lorg, présenté comme consultant en technologies émergentes. Et même si Zorglub est censé être parti à la conquête de l’espace, Spirou n’en démord pas, c’est bien lui sur la photo. Avec l’aide inopinée de Champignac et surtout de certaines de ses inventions, Spirou et Fantasio décident de se rendre au plus vite à Korallion pour tirer l’affaire au clair…
Mon avis : Si dans le comics US, les auteurs ont pris l’habitude de faire (et les lecteurs de voir) mourir les super-héros – par exemple Superman ou le Phénix, mais aussi Wolverine et même dernièrement Wonder Woman – puis de les faire (les voir) revenir à la vie plusieurs mois ou années plus tard, c’est vraiment un grand coup que Benjamin Abitan et Sophie Guerrive ont voulu marquer en proposant aux lecteurs de Spirou un récit s’inspirant de la mort de Superman. En outre, il est tout à fait en phase avec notre époque : préoccupations écologiques, impact des réseaux sociaux, fausses informations, etc. mais aussi présence de la plupart des objets et outils modernes, smartphone, tablette, voiture électrique, etc.
Pour leur première aventure de Spirou et Fantasio, le nouveau duo Abitan et Guerrive s’en sort plutôt bien.
Très énergique, sans aucun temps mort, le récit nous transporte avec une légèreté déconcertante dans l’aventure avec un grand A.
Certains diront peut-être qu’il est ciblé jeunesse/ados mais je pense que les "jeunes" adultes… et certainement bien au-delà n’en perdront pas une miette.
Il fallait oser écrire une histoire où le héros principal va mourir alors qu’il s’agit d’une nouvelle équipe d’auteurs supposés avoir une démarche cohérente avec le style de la série et ses personnages pour ne pas les dénaturer, en réussissant à assimiler l’énorme cahier des charges légué par Franquin. Ils ont relevé le défi et ont même réussi à rendre hommage à leurs prédécesseurs.
Pour le moment, ils font le tri des idées qui ont germé dans leurs têtes pour nous proposer rapidement la fin de ce diptyque et qui sait... d'autres aventures !.Côté dessin, Olivier Schwartz déjà sollicité pour illustrer trois tomes de la collection "Spirou vu par..." (connue aussi sous les titres Une aventure de Spirou et Fantasio par… puis Le Spirou de …) se retrouve propulsé à la réalisation de son premier album dans la série-mère. Un album qu’il fallait terminer cette année, car c’est le centenaire de Dupuis !
Pour la ville sous-marine, Schwartz disposait de deux références dans les albums de Franquin: "Le repaire de la murène" (1957) et "Spirou et les Hommes-Bulles" (1964).
Ses illustrations allient modernisme et respect de la tradition.
On apprécie l’aisance de Schwartz à réaliser ce mélange particulièrement bien dosé entre le style traditionnel de l’école de Marcinelle de Franquin et autres Hergé, etc. comme cet uniforme de groom (même si Spirou ne l’est plus depuis longtemps) et un environnement, des décors, une atmosphère générale colorés et modernes si typiques de notre quotidien.
N'oublions pas l’écureuil Spip lui aussi bien présent.
J’apprécie beaucoup ce que fait Schwartz, son style de dessin, sa façon d’encrer, son trait souple et surtout l’énergie qu’il dégage.
Même si je l’attendais sur le troisième tome d’Atom Agency (avec Yann), ou sur un Spirou vu par … avec ce même Yann et si je pensais plutôt retrouver le duo Vehlmann et Yoann sur la série-mère, je suis enchanté et séduit par son travail sur cet épisode de la longue série des Aventures de Spirou et Fantasio.Un récit bien construit, une intrigue captivante, des scènes d’action efficaces et beaucoup d’idées neuves tant à l’écriture qu’au dessin et une très belle couverture qui accroche l’œil.
Cette série mythique de chez Dupuis a de beaux jours devant elle.Suite et fin de cette mort de Spirou dans le prochain tome !!!
SDJuan
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LES BÂTISSEURS Tome 1 Viollet-Le-Duc
- Par asbl-creabulles
- Le 30/08/2022
Tome 1 - Viollet-le-duc - L'homme qui ressuscita Notre-dame
Scénario : Salva RUBIO
Dessin : Eduardo OCAÑA
Couleurs : Mazi
Lettrage : Philémon CHAILLEUX
Dépot légal : avril 2022
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-413-03773-6
Nombre de pages : 62Monument prestigieux, la cathédrale Notre-Dame a pourtant connu bien des vicissitudes. Dans les premières décennies du 19e siècle, elle sera même vouée à l’oubli, à l’abandon voire à la démolition vu son état de délabrement. Heureusement, Victor Hugo (dont le roman historique Notre-Dame de Paris paru en 1831 va la remettre sur le devant de la scène) est déterminé à sauver la cathédrale coûte que coûte. Il en discute avec Prosper Mérimée qui, outre la littérature, s’intéresse beaucoup à l’histoire. Ils sont tous deux résolus à sauver le monument parisien mais encore faut-il trouver l’homme de la situation et, surtout, batailler contre tous les opposants et détracteurs du style gothique jugé démodé et dépassé... Nommé inspecteur général des monuments historiques en 1834, Mérimée a bien quelqu’un en vue. Il faut agir vite car le gothique est en danger de mort partout en France. En 1838, à Narbonne, Eugène Viollet-le-Duc s’affaire sur le chantier de restauration de l’église. C’est son oncle, Étienne-Jean Delécluze, peintre et historien de l’art, qui lui a permis d’obtenir ce travail. Rentré chez lui à Paris, c’est son oncle, une nouvelle fois, qui va mettre Eugène en contact avec Mérimée, l’un de ses amis, qui a un emploi à lui proposer. Au cours de la rencontre, Mérimée qui a suivi les travaux d’Eugène depuis longtemps déjà, lui propose de diriger la restauration de l’église La Madeleine de Vézelay, joyau d’art roman et gothique qui, elle aussi, tombe en ruine. Eugène aura à sa disposition une équipe de tailleurs de pierres, des maîtres d’œuvre et des architectes. Mais avant toute chose, ils vont devoir convaincre ceux-là même qui haïssent le gothique et se déclarent prêts à détruire les monuments mais dont l’approbation est indispensable pour obtenir les financements nécessaires. C’est à une église de Vézelay en ruine et prête à s’écrouler qu’Eugène va faire face à partir de 1840. Un travail titanesque l’attend et sa carrière est en jeu avant même d’avoir débutée. Convaincu par cette restauration réussie qui frôle le miracle, Mérimée lui propose de restaurer Notre-Dame de Paris. Mais avant toute chose, il va devoir, s’il accepte, se mesurer à des architectes de renom comme Danjoy et Arveuf, en présentant un projet solide et moins coûteux. Rien n’est encore joué. Au final, sa détermination, sa persuasion, son amour du gothique vont être favorables à son projet et lui donner la victoire lors du concours. Avec l’architecte Jean-Baptiste Lassus et les sculpteurs Victor Geoffroy-Dechaume et Jean-Baptiste Millet qui partagent le même amour du gothique, Eugène Viollet-le-Duc peut se lancer dans le gigantesque projet de restauration de Notre-Dame. Vingt ans de sacrifices pour Viollet-le-Duc, dont le projet sera confronté à pas mal d’écueils et de difficultés, mais qui aura le bonheur de vivre la nouvelle consécration de la cathédrale le 31 mai 1864 par l’archevêque de Paris, Mgr Georges Darboy, cette date commémorant également le 8e centenaire de la cathédrale dont la première pierre fut posée en 1163.
Mon avis : Un scénario d’une grande richesse, certainement pas aisé à bâtir pour éviter l’écueil d’un récit trop lourd à digérer compte tenu de l’abondance d’éléments disponibles. On peut dire que Salva Rubio s’en sort très bien en allant à l’essentiel, en évitant un aspect trop pédagogique risquant de décourager certains lecteurs tout en soulignant les difficultés de tous ordres, y compris financier, rencontrées et surmontées, bref en rendant le récit attractif et plaisant à lire.
Côté dessin, Eduardo Ocaña a lui aussi réalisé un gros travail sur les décors vu le nombre de bâtiments évoqués sans oublier les innombrables chantiers de rénovation. Des décors très travaillés, avec un soin tout particulier apporté aux sculptures, à l’architecture, au travail de la pierre. Costumes, décors urbains, accessoires témoignent aussi d’un gros travail de recherche documentaire. La mise en page, les cadrages, les perspectives soulignent bien, là où il le faut, la nature titanesque des travaux.
Belle mise en couleurs de Mazi.
Un premier tome prometteur pour cette série historique qui devrait séduire les passionnés d’architecture.
L’album est enrichi d’un dossier de 6 pages intitulé "Objectif : Sauver Notre-Dame... À nouveau !" écrit par Salva Rubio évoquant les nombreuses autres restaurations dues à Viollet-le-Duc et, bien sûr, le terrible incendie de 2019.SDJuan
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LA KAHINA
- Par asbl-creabulles
- Le 27/08/2022
Tome 1 . La reine berbère
Scénario : Simon TREINS
Dessin : Dragan PAUNOVIC
Couleurs : SCARLETT
Dépot légal : juin 2022
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-413-03762-0
Nombre de pages : 54Dans sa capitale de Kairouan, le puissant émir omeyyade Abou Al-Mouhajir Dinar est persuadé qu’il va pouvoir soumettre les tribus berbères rebelles. À la tête de son armée, il se met en route et parvient jusqu’aux gorges des Aurès ignorant le piège qui va se refermer sur lui. En effet, l’exarque Koceïla, qui représente les empereurs chrétiens d’Orient, l’attend de pied ferme dans ce passage qui n’a qu’une seule issue. Il lance l’attaque du haut des parois de ce passage étroit, obligeant l’émir et ses troupes à se précipiter vers … le roi berbère Tabeta et ses guerriers djerawa qui les attendent à la sortie. Au terme d’un combat acharné, l’émir et ses troupes sont massacrées tout comme le roi Tabeta qui a rempli avec honneur sa dernière mission. Sa fille Dihya, qui a développé des capacités divinatoires en communiquant avec le feu, a ressenti la mort de son père et décide de rassembler ses amazones djerawa pour rejoindre l’exarque Koceïla à Kairouan afin d’y regrouper les tribus locales contre les Musulmans. Ayant conscience que ni les Chrétiens d’Orient, ni les Berbères accepteront d’être dirigés par une femme, elle doit conclure une alliance. Elle se résigne à épouser le roi berbère djerawa Aberkan. Un mariage qui ne va pas faire long feu si elle veut que justice soit faite. A présent connue comme Kahina, la prêtresse, Dihya qui a aussi perdu son premier allié Koceïla se lance seule dans une lutte acharnée contre l’envahisseur musulman.
Mon avis: Ce nouvel album de la collection des Reines de Sang donne vraiment envie d'en savoir davantage sur cette reine guerrière berbère, juive selon les uns, chrétienne selon d'autres.
C'est la première femme, reine et plutôt féministe au sens où nous l’entendons aujourd’hui, qui a résisté à l'invasion musulmane et même infligé une défaite à l'envahisseur lors de leur premier affrontement.
Ce premier tome nous apprend qu'elle est considérée comme une prêtresse ou une sorcière, signification arabe du surnom "Kahina".
On découvre comment elle a pris la tête d’un regroupement de plusieurs tribus berbères chrétiennes, juives ou animistes et d’un certain nombre de Byzantins.
Au fil des événements, les agissements de ses semblables ne vont faire qu’exacerber son sens de la justice.
Au scénario, Simon Treins nous offre un récit certes linéaire mais des plus captivants.Les dessins du serbe Dragan Paunovic restituent parfaitement les ambiances et la dureté des événements avec beaucoup de scènes de bataille et de combat tant stratégique en plaine ou en zone montagneuse qu’au corps à corps.
Les tenues et costumes, berbères ou autres, sont particulièrement soignés et détaillés.
L’héroïne nous apparaît dans toute sa splendeur.
Paunovic dresse avec brio le portrait héroïque de cette femme guerrière et de ses amazones.
Beau travail sur le découpage qui insiste sur la dureté des situations.
Très agréable mise en couleurs de Scarlett venant notamment souligner l’intensité des nombreuses scènes d’action de l’album.
J'attends la suite avec beaucoup d'impatience.SDJuan
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DEUX VIES EN DESSINS TOME & JANRY
- Par asbl-creabulles
- Le 27/08/2022
Une vie en dessins - TOME & JANRY
Scénario : TOME & JANRY
Dessin : TOME & JANRY
Couleurs : divers
Introduction : Charles-Louis DETOURNAY
Dépot légal : juin 2022
Editeur ;
Collection : Champaka Brussels
Format : 320mm (H) / 235mm (L)
ISBN : 978-2-390-41036-2
Nombre de pages : 256
Poids : 1584 gAprès François Walthéry (mars 2019), Yves Chaland (octobre 2019), Frank Pé (octobre 2020), Marcel Gotlib (novembre 2021), Victor Hubinon (janvier 2022) et Batem (janvier 2022), autant d’auteurs de renom publiés dans la collection de beaux livres "Une vie en dessins" coéditée par Dupuis et Champaka Brussels, voici venue l’heure de découvrir le magnifique parcours d’un duo hors normes : Tome et Janry, d’où l’adaptation du titre de la collection en "2
unevies en dessins" pour saluer ces deux auteurs aux noms inséparables.Je ne me lasse pas de parcourir avec admiration et curiosité – il n’y a pas d’autres mots – ces beaux ouvrages au contenu de qualité. On croit connaître chaque auteur, en réalité c’est l’occasion d’en apprendre beaucoup sur lui, sur son parcours personnel et son ascension artistique tout en se régalant visuellement de l’énorme travail documentaire réalisé sur ses illustrations, ses planches, ses couvertures, ses dessins…
Cette fois, ce n’est donc pas donc une vie, comme indiqué sur la couverture, mais bien "2
unevies en dessins" qui nous sont contées : Philippe Vandevelde, plus connu sous son pseudo Tome, et Jean-Richard Geurts, alias Janry, ont commencé ensemble et ils ne se sont plus quittés jusqu’à la triste disparition de Tome le 5 octobre 2019.Nés tous les deux en 1957, ces deux amis font connaissance à des cours du soir de bandes dessinées. Ensuite, plusieurs rencontres vont s’avérer déterminantes pour leurs carrières respectives, notamment Dupa, Stéphane De Becker (alias Stuf), André Geerts mais aussi Turk, de son vrai nom Philippe Liégeois, et Bob De Groot, etc. , sans oublier évidemment le maître : Franquin.
Ils sont vite remarqués par Alain de Kuyssche, à l’époque rédacteur en chef du journal Spirou, pour y animer la rubrique de jeux hebdomadaires Jeurêka. Désormais, Tome et Janry, noms inspirés des dessins animés Tom & Jerry d’Hanna-Barbera, vont réaliser des histoires courtes de Spirou. Ils font rapidement se faire remarquer et, profitant aussi un peu des bisbilles entre d’autres auteurs, ils se verront proposer de travailler sur la série et de rejoindre les grands noms qui l’animent alors, Franquin, Jijé, Nic, Fournier, Jo Almo, Maurice Rosy, Greg, Jean Roba, Peyo, Gos, Raoul Cauvin, etc.
L’album célèbre donc le 40e anniversaire de la publication de "Virus", leur première histoire de Spirou et Fantasio, d’abord parue dans le journal Spirou à partir de juin 1982 puis sous forme d’album (n° 33) en juillet 1984.
Cela fait donc 40 ans qu’ils ont publié cette première histoire complète (44 planches) qui sera suivie de très nombreux albums inoubliables parmi lesquels "Le réveil du Z" (septembre 1986), "Spirou à New York" (septembre 1987), "La Vallée des Bannis" (novembre 1989), "Le Rayon Noir" (avril 1993) pour ne citer que ceux-là, autant d’histoires qui leur ont donné la possibilité de faire évoluer les personnages dans des genres et sur des sujets qui étaient un peu limités. Déjà en 1987, l’album 38, "La jeunesse de Spirou", annonçait la naissance en 1990 de la série "Le petit Spirou" dans laquelle Tome et Janry ont pu enfin s’en donner à cœur joie et transgresser un peu les codes jugés trop rigides de la série.
Leur binôme assurait tant le dessin que le scénario partageant toutes leurs idées. Pour des raisons financières, ils ont d’abord conservé ces titres de scénariste et dessinateur mais chacun ayant trouvé sa voie puis Tome ayant commencé à travailler sur d’autres titres deviendra officiellement scénariste et Janry dessinateur. Même si les auteurs ont évolué, leur amitié indéfectible assurait les échanges d’idées, les remarques sur la manière de travailler au profit d’une belle complicité qui se ressent parfaitement dans leurs albums.
Fidèle à la collection, l’album réunit sur plus de 250 pages la biographie des auteurs largement complétée par d’innombrables reproductions d’originaux, planches et/ou illustrations, qui en font de sa lecture un réel plaisir.
Charles-Louis Detournay nous fait vivre, à travers ce livre d’exception, leur quotidien, agrémenté de diverses anecdotes. Il nous fait partager leurs aventures personnelles, nous fait découvrir leurs vies, leurs rencontres, évoquant leurs peurs, leurs doutes mais aussi leur audace, leur franchise, leurs envies, leur courage de relever un sacré défi avec succès nous donnant l’occasion de vivre des moments inoubliables de la bande dessinée.
Ce gros volume passionnant des éditions Dupuis/Champaka Brussels est vendu au prix de 55 €, mais vu la qualité et la quantité de son contenu, cela vaut vraiment la dépense.
Il existe aussi une version collector : tirage de tête à 699 ex. avec frontispice numéroté et signé, et couverture variante (voir ci-dessus).SDJuan
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ED GEIN - Autopsie d'un tueur en série
- Par asbl-creabulles
- Le 27/08/2022
Ed Gein - Autopsie d'un tueur en série
Scénario : Harold SCHECHTER et Eric POWELL
Dessin : Eric POWELL
Couleurs : Eric POWELL
Traduction : Lucille CALAME
Dépot légal : avril 2022
Editeur :
Format comics
ISBN : 978-2-413-04642-4
Nombre de pages : 174Edward Gein est né dans une famille pas vraiment des plus accueillantes. Un père alcoolique et violent, une mère autoritaire et envahissante, elle-même battue par son mari, une mère surtout déçue d’avoir donné naissance à un second garçon après Henry alors qu’elle espérait tant une fille pour l’aider. Ed n’était donc pas le bienvenu dès sa naissance dans cette famille installée dans une ferme isolée du Wisconsin. Ne pouvant fréquenter qui il voulait, Ed s’est vite retrouvé isolé des autres enfants à l’école. Et à la maison, sa mère lui matraquait à longueur de temps qu’aucune femme n’était digne de confiance. Malgré tout, Ed va développer une adoration totale pour sa mère, encore plus après la mort de son père. Et quand son frère Henry va commencer à dire du mal de leur mère et prendre la décision de quitter le foyer familial, comme par hasard il sera retrouvé mort. Désormais seul avec sa mère, Ed est fier de s’en occuper, de l’accompagner durant sa maladie et ce jusqu’à sa mort. Mais cette perte va déclencher quelque chose dans la psyché du jeune Ed. Quelque chose d’irréversible, d’innommable…
Mon avis : Harold Schechter s'y connaît en tueurs en série et le démontre avec cet album où l’on côtoie l'un des plus terrifiants des États-Unis.
On suit le cheminement de ce gamin dominé par une mère bigote, étouffante et envahissante, maltraité par ses camarades de classe. Puis on vit son évolution malsaine et inquiétante à souhait.
Le récit prend la forme d’une enquête journalistique enrichie d’explications sur la santé mentale d’Ed Gein et d’évocation d’événements passés dans un style narratif essentiellement descriptif que certains pourront juger aride et peu distrayant.
Le sujet est dur, le ton du récit plutôt réaliste, pas de surprises, pas d’imprévu, on suit l’évolution d’Ed Gein vers ce qui sera son destin, il est difficile de comprendre ce qui peut transformer un gamin de prime abord faible et dominé en un malade mental et un tueur en série, en proie à des obsessions sexuelles déviantes, capables d’actes qui nous inspirent la plus grande répulsion.
La littérature et le cinéma d’horreur empruntent beaucoup au réel et ont ainsi donné naissance aux célèbres personnages de Norman Bates dans Psychose, le tueur nomme Buffalo Bill dans Le Silence des Agneaux ou encore Leatherface dans Massacre à la tronçonneuse.Au dessin, Eric Powell, aussi présent sur le scénario, restitue à la perfection cet univers oppressant, violent et dérangeant.
Beau travail sur l'évolution du personnage au fil des années qui passent, des premiers événements et des actes odieux qui vont suivre.
Les faciès sont impressionnants.
Powell arrive presque à rendre palpable le personnage du tueur que l’on côtoie et que l’on accompagne au plus près.
On retrouve avec plaisir la griffe, la marque de fabrique d’Eric Powell notamment dans son travail sur les gris pour la mise en couleur.
Un album impressionnant de réalisme de 210 pages incluant 8 pages de dossier et 17 pages de croquis.
À ne surtout pas rater.SDJuan
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GOD OF HIGH SCHOOL 1
- Par asbl-creabulles
- Le 27/08/2022
Tome 1
Scénario : Yong-Je PARK
Illustrateur : Yong-Je PARK
Dépot légal : Mars 2022
Editeur :
Collection : Kbooks
Format : 14.9 x 21 x 1.7 cm
ISBN : 978-2-382-88020-3
Planches : 240Âgé de 17 ans, Jin Mo-Ri est un grand adepte du taekwondo, cet art martial sud-coréen qu’il pratique assidûment. Il a d’ailleurs gagné la plupart des combats auxquels il a participé. Un jour, sur le chemin du retour, il est approché par un homme qui se présente à lui en tant que membre du comité exécutif d’une organisation nommée "God of High School". Il invite Jin à participer à leur prochain tournoi d’arts martiaux qui présentera différents styles de combat. Le gagnant recevra comme récompense la réalisation d’un vœu, quel qu’il soit. Le jour venu, il y a autant de participants que de raisons différentes de concourir dans le tournoi et quelques altercations surviennent avant même le début de la compétition. Jin Mo-Ri n’hésite pas à intervenir pour aider l’un ou l’autre à se sortir d’un combat, disons, un peu inégal. C’est ainsi qu’il fera la connaissance de Mi-Ra Yu, une jeune fille qui pratique l’art de l’épée Wolfwang. Mais l’un des combattants pose d’emblée problème, un certain Kang Man-Seck qui n’hésite pas à défier tous ceux qu’il croise avant le tournoi…
Mon avis : En promettant la réalisation de n'importe quel vœu au gagnant d’un tournoi de free-fight (ou MMA) organisé pour les plus grands champions en puissance, cette sorte de fable moderne cherche à nous en mettre plein la vue. Qui refuserait une telle opportunité, comme c’est le cas ici pour l’un de soigner un membre de sa famille, pour un autre de devenir riche, ou simplement pour être reconnu comme le plus grand, le plus fort des champions toutes catégories ? On accroche tout de suite, même s’il faut clairement attendre que chacun ait pris position et dévoilé un peu plus ses secrets avouables ou non pour cerner les personnages et leurs motivations. Petit à petit, le lecteur accompagne Jin Mo-Ri dans sa découverte des véritables intentions des mystérieux organisateurs du tournoi mais le scénariste veille à ne pas trop en dévoiler pour garder le mystère. Pour Jin Mori et ses nouveaux amis, la tâche s’annonce compliquée et ils vont devoir se serrer un peu plus les coudes face à un champion qui écrase tous ses adversaires avec une facilité déconcertante et qui aime les défier hors tournoi, sachant pourtant que c'est strictement interdit. Le rythme de parution (tome 2 sorti en juin 2022, tome 3 annoncé début septembre) permet de suivre cette aventure d’ados boostés à bloc avec plaisir et intérêt.
Les dessins sont tout aussi énergiques que l'histoire et ses personnages. Dans le plus pur style manga, que ce soit pour les postures, les visages, les grimaces, les vêtements, les coiffures ou le découpage et la mise en page, tout y est et ça déménage. Les couleurs flashy accompagnent parfaitement l'ambiance plus que vivante et dynamique.
SDJuan
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TRESE
- Par asbl-creabulles
- Le 27/08/2022
Tome 1
Scénario : Budjette TAN
Dessin : Kajo BALDISIMO
Couleurs :<N&B>
Dépot légal : mars 2022
Editeur :
Collection : Contrebande
Format comics
ISBN : 978-2-413-04496-3
Nombre de pages : 274Manille, archipel des Philippines. Lorsqu’Alexandra Trese arrive en tant que consultante sur les lieux d’un crime, il est presque certain qu’elle va tomber sur un détail qui a échappé à la police. Le capitaine Guerrero de la police de Manille n’hésite pas à faire appel à ses services pour toutes les affaires ayant un rapport avec le surnaturel ou le fantastique mais le plus souvent avec l’horreur. Cette fois, c’est une trace au sol, d’un goût salé, qui interpelle Trese. Après s’être renseignée auprès d’une créature vivant sous terre, elle oriente l’enquête vers des ossements pilés de sirène qui vont mener tout droit au territoire des Aswang, terribles chasseurs aux dents et griffes acérées se nourrissant de sang. Trese va rapidement découvrir que c’est une femme qui en a acheté en échange de son bébé qu’elle a donné en pâture à ces créatures sanguinaires. Tout semble converger vers une Dame Blanche qui apparaît sur le boulevard Balete… sauf que cette femme qui entretenait des liens avec les bas-fonds de Manille et les royaumes de l’au-delà serait morte il y a plusieurs années déjà.
Mon avis : Le duo d’auteurs philippins, Budgette Tan au scénario et Kajo Baldisimo au dessin, nous propose cet album d’aventures largement teintées de fantastique et d’horreur et déjà multi récompensées aux Philippines.
Trese se situe entre les enquêtes du B.P.R.D. (Hellboy) avec cette femme ayant la capacité de faire face aux créatures étranges dont elle reçoit les enquêtes et X-Files ou autres contes étranges abordant des phénomènes relevant du surnaturel et du paranormal dont certains tirées de légendes urbaines philippines.
L’album se présente sous la forme d’un recueil de plusieurs enquêtes courtes mais pertinentes car bien menées grâce à des scenarii intelligents et solides.Les dessins de Kajo Baldisimo illustrent parfaitement ces histoires dans un style polar fantastique très efficace.
La lecture est très fluide grâce à des personnages bien reconnaissables dans l’équipe des "gentils" rapidement confrontés à des êtres impressionnants pour les uns ou monstrueux pour les autres du côté des "méchants".
Le noir et blanc est tout à fait adapté à ce genre d’histoires dans lesquelles les enquêteurs rencontrent des rituels magiques sur le terrainSDJuan
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L'ENFER POUR AUBE
- Par asbl-creabulles
- Le 27/08/2022
Tome 1 - Paris Apache
Scénario : Philippe PELAEZ
Dessin : Tiburce OGER
Couleurs : Tiburce OGER
Dépot légal : mars 2022
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-302-09439-0
Planches : 54Paris, 1903. Il ne fait pas bon pour les bourgeois s’aventurer hors des remparts qui entourent la ville, même en métro, car tous savent à présent qu’un l’homme mystérieux portant un grand chapeau et une écharpe rouge rode, et qu’il n’hésite pas à tuer. Et c’est bien ce qui vient de se produire pendant l’inauguration d’une ligne de métro de la compagnie Nord-Sud. On ne comprend pas bien comment il a pu monter dans la rame mais surtout en sauter en marche après avoir jeté une grenade sous le plancher qui a fait dérailler le train. Parmi les victimes, on compte plusieurs personnalités politiques. L’enquête s’annonce périlleuse pour l’inspecteur Gosselin et son adjoint Eugène Flaquier chargés d’élucider les circonstances de l’attaque. Leur seul indice se limite pour l’instant à un Louis d’or retrouvé par terre dans le wagon accidenté. D’autres pièces en or seront retrouvés sur d’autres victimes du tueur mystérieux comme l’avocat Charles Brunel ou le banquier d’affaires Albert Letessier. Agit-il seul, fait-il partie des Apaches, des voyous du quartier populaire de Belleville, ou des ouvriers Bretons ? L’enquête le dira mais encore plus hors des remparts qu’à l’intérieur, tout peut arriver…
Mon avis : Après Frank Miller qui avait utilisé entre autres un mix N&B et couleur rouge dans Sin City, ou bien des auteurs de comics pour Wolverine et Harley Quinn récemment et tout dernièrement Elektra, j’apprécie beaucoup le choix fait par Tiburce Oger pour illustrer cette aventure. Le résultat est bluffant.
Inspiré d’un poème de Victor Hugo, le récit nous entraîne à la découverte d’un Paris en pleine transformation, en pleine modernisation mais aussi une ville dangereuse et violente, où ceux que l’on surnomme les Apaches, les voyous de ce début de 20e siècle, terrorisent les "bonnes gens".
On suit avec plaisir cette aventure riche en rebondissements mêlant habilement la fiction et l’histoire avec un grand H.
Le récit est en effet abondamment documenté comme en témoignent les nombreux flashes-back qui évoquent l’histoire de Paris.
Philippe Pelaez nous conte une intrigue dans laquelle plusieurs schémas narratifs se superposent et se fondent pour former un ensemble très dynamique.
Attention toutefois à bien identifier les nombreux personnages hauts en couleurs pour profiter pleinement de cette histoire riche en action.Au dessin, Tiburce Oger nous régale de pages très documentées, abondamment fournies en personnages et en décors.
Il nous entraîne dans ce Paris tourmenté et impressionnant de crédibilité à un rythme plus que soutenu.
C’est du dessin comme j’aime, expressif, dynamique. L’ensemble bénéficie d’une colorisation sur tons de gris où la couleur rouge semble guider notre regard.
Très belle couverture ornée d’enluminures dorée et au vernis sélectif dont l’illustration retient vraiment l'attention.
Et ce n’est que la première partie…SDJuan